Défrichement

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Le défrichement (ou défrichage) est la destruction naturelle (glaciations quaternaires, tempêtes, gel, incendies : défrichement naturel)<ref>Modèle:Article</ref> ou humaine (défrichement anthropique) d'espaces boisés, de forêts (ou étymologiquement) de « friche », quand il s'agit de mettre fin à l'état boisé, généralement pour convertir la parcelle forestière en un autre usage (cultures, prairies, vignes, habitat…). La friche désigne ici Modèle:Incise une forêt en début de régénération naturelle, un taillis ou une lande, etc. Il se fait par coupe rase suivi de dessouchage, ou par le feu<ref>Un défrichement se différencie d'une coupe forestière : dans le premier cas, l'opération interrompt la continuité forestière ; dans le second cas, elle ne change pas la vocation forestière du sol.</ref>. Sa définition juridique est en France<ref>Code forestier (art. L. 341-3)</ref> Modèle:Citation.

Les premiers défrichements significatifs remontent, au moins en Europe, au milieu du Néolithique et ils pourraient être bien antérieurs dans certaines zones de Chine, Mésopotamie, Moyen-Orient.

Quand Jules César envahit la Gaule, il y a un peu plus de Modèle:Unité, il ne se dit gêné par la forêt qu'en « Belgique » (zone qui correspondrait aujourd’hui aux Pays-Bas, à l'actuelle Belgique et au Nord et à l'Est de la France).

Les grands défrichements du Moyen Âge central témoignent de l’augmentation des surfaces cultivées (ager) aux dépens des terres incultes (saltus), forêts, landes et marais ; le recul généralisé de la forêt en Occident atteint son apogée aux {{#switch: et

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}}. Mais les rythmes et les modalités de ces déboisements dépendent de contextes pédologiques, écopaysagers, sociopolitiques et géopolitiques variées, que reflète une documentation inégale.

Les grands défrichements qui se poursuivent à un rythme régulièrement accéléré dans les forêts équatoriales et tropicales depuis le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ont un impact écologique majeur sur les sols<ref name=Roose84>Roose E (1984). Impact du défrichement sur la dégradation des sols tropicaux. Mach Agric Trop, 87, 24-36</ref>, sur les cycles biogéochimiques et sur la biodiversité.

Causes et chronologie

Déboisements antiques

Les auteurs et chroniqueurs anciens évoquent maints exemples de déboisements qu'ils jugent excessif généralement engendrés par les besoins du pouvoir (construction de palais, de vastes enclos...) et des guerres ;

Déboisement de l'Anatolie

  • De [[Sésostris Ier|Sésostris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] à Mehmet II, l'urbanisation progressive, la mise en culture et en terrain d'élevage de l'Anatolie se sont faites conjointement à une succession de guerres et de reconstructions, respectivement très destructrices de forêts puis consommatrices de bois ;
  • Ces terres sont déjà jugées en grande partie déboisées par Strabon, lequel décrit par exemple à propos de l'Assyrie comment on continue de déboiser les montagnes pour les besoins des villes : Modèle:Citation<ref>Strabon, Liv. XIII, Modèle:P., trad. de Miot</ref>. Modèle:Citation.
  • [[Xerxès Ier|Xerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] pour rejoindre la Thrace et l'Attique doit traverser la Lycaonie aujourd’hui aride, mais qu'Hérodote ne décrit pas comme telle. Par contre selon lui, l'armée de Xerxès était si grande (un million sept cent mille hommes selon Hérodote, plus vraisemblablement Modèle:Nombre selon des historiens modernes) qu'elle absorbait les ressources des pays qu'elle traversait, jusqu'à l'eau des petites rivières.
  • Xénophon décrit des forêts couvrant la plaine de Much (où ne poussaient au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle plus que quelques buissons).
  • Selon Procope de Césarée<ref>Procope, de AEdificiis, 6, v. 2.</ref>, [[Justinien Ier|Justinien {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] fit abattre les forêts et détruire les joncs du torrent appelé Draco, qui coule à côté de l'ancienne Hélénopolis. Elles n'ont jamais repoussé dans cette partie de la Bithynie.
  • Les forêts d'Anatolie ont été détruites par Modèle:Citation, les Modèle:Citation et probablement achevées par Modèle:Citation<ref>Description de l'Asie Mineure, Modèle:2e partie, climatologie, par M. Tchihatcheff</ref>.

Déboisement de la Grèce antique

Déboisement antique du Moyen-Orient

La région de la Palestine et en particulier la contrée de Chanaan décrite par la Bible hébraïque, comme le pays le plus fertile de l'univers s'est désertifiée, peut-être à la suite de la destruction de ses forêts. De même pour les forêts de cèdres du Liban également décrites par la Bible ; Modèle:Citation peut on lire au chapitre IV, du livre des Rois, mais il ne reste qu'un sol aride là où poussait jadis la forêt d'Éphraim ; lieu d'une bataille avec les Éphraïmites, que les textes ont mémorisé (Modèle:Citation<ref>XIII, 6 Livre des Rois</ref>.

  • Les chroniqueurs nous disent que lors du siège de Tyr, le Liban fournit à Alexandre le Grand le bois nécessaire à la construction d'une digue et de tours qu'il fit construire pour prendre la ville (Quinte-Curce).
  • D'autres forêts, ayant pu avoir existé, sont présentes dans la Bible dont celles de Kharethes et de Khoreha
  • Jules Oppert, lors d'une expédition scientifique en Mésopotamie, décrit la Babylonie comme suit<ref>Expédition scientifique en Mésopotamie, tome Modèle:1er, p. 2o2)</ref> ; du haut de la colline d'Abraham on jouit d'une Modèle:Citation. Les marais étaient autrefois plus proches de Babylone, mais l'Euphrate semble avoir progressivement perdu son eau ; Modèle:Citation

Déboisement antique de l'Afrique

  • Plusieurs zones aujourd’hui sahariennes et désertiques abritaient des zones humides et une riche faune, et probablement quelques zones boisées. La part de l'Homme dans leur régression est encore mal comprise.
  • La déforestation de l'Afrique de l'Est (là où existaient des forêts) date au moins de l'époque biblique.
  • Les forêts de rivages ont presque toutes été abattues de la Libye jusqu'aux ruines de Carthage.
  • Selon Becquerel, Modèle:Citation.

Déboisement de l'Europe antique

  • L'Empire romain après avoir rapidement consommé une grande partie des forêts italiennes, s'est reporté sur d'autres pays, et notamment sur la forêt d'Espagne (pour les besoins de la métallurgie notamment).
    L'Italie n'a conservé que de faibles reliques des forêts décrites par des historiens et chroniqueurs romains, dont la célèbre forêt Ciminienne et les forêts Mœsia et la forêt d'Albe ou encore la forêt d'Aricie, où l'armée de Posthumius fut entièrement détruite, a disparu. Naples, l'ancienne Campanie ont aussi perdu les forêts qui selon les anciens y poussaient, tout comme la Sicile. Seule la Sardaigne conservait encore au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle un sixième de sa superficie boisée, et la Corse, mais avec un boisement de maquis souvent chétif et dégradé par les incendies et les défrichements.
  • Quand les Romains partirent de Massilia pour conquérir les Gaules, ils trouvèrent de vastes étendues de bois, s'étendant à l'ouest jusque dans les Cévennes<ref>Histoire des grandes forêts de la Gaule, Alfred Maury, Modèle:P..</ref>.
  • Selon Jules César, les Gaulois sont un peuple agricole, mais leur pays n'en renferme pas moins un nombre considérable de forêts, de lacs, de marais et de marécages qui rendent difficiles les communications entre les diverses parties de cette vaste contrée. Pour pénétrer dans les Gaules avec ses armées, et y établir ses campements César dit être régulièrement obligé de faire des abattis.
  • Depuis, il y a eu peu de période de paix, et le progrès technique agricole et la démographie n'ont pas cessé (hormis durant la grande peste) de faire reculer la forêt, parfois au profit de landes à bruyères ou de marécages.
  • Les grands défrichements médiévaux datent de périodes différentes selon les régions et parfois les sources historiques précises manquent, ou plusieurs vagues de défrichement ont pu se succéder dans une même région, voire sur un même site (par exemple après une période de repousse de la forêt lors d'invasions ou lors des grandes épidémies de peste).
    De grands défrichements sont attestés dès les années 950 en Flandre et en Normandie ; mais des études récentes montrent que dès l'époque de Charlemagne, la forêt a fortement reculé en Occident, tout particulièrement en Catalogne, là où elle n'avait pas déjà significativement régressé dès le Néolithique
    La forêt méditerranéenne, par ailleurs peut-être moins résiliente a été d'autre part fortement entamée dès l’Antiquité ; toutefois, de nombreux établissements sont datés de la fin du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIIe{{#if:|  }} }} et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
    Il faut tenir compte du fait que l'ager, les terres cultivées, peut reculer rapidement en cas d'abandon (en l'espace d'une génération). En ce cas, l'avancée de la forêt ou son recul dépendent généralement de la pression démographique elle-même liée au contexte de guerre, de famines et d'épidémies qui se sont succédé ou surajoutées au Moyen Âge.

Déboisements historiques en France

Fichier:Forets habitants France2.svg
Évolutions comparées de la surface forestière et de la population en France. Malgré le développement de l'Administration des Eaux et Forêts et des textes réglementaires, la surface forestière continue de diminuer jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ce recul est principalement dû aux défrichements pour la mise en culture en lien avec l'expansion démographique, l'implantation de communautés religieuses, l'urbanisation et la fourniture des matériaux de construction civile et navale, ainsi que du bois de chauffe.

Selon les textes de Jules César, le défrichement était déjà bien avancé dans le Sud et Sud-Ouest de la Gaule quand il y est arrivé.

Les défrichements médiévaux semblent avoir eu comme principales causes ou facteurs de facilitation :

  • l'amélioration du réseau routier à partir des voies romaines ;
  • les progrès techniques (utilisation croissante d'outils en fer) qui ont facilité le drainage et la destruction de forêts ;
  • une image assez négative des forêts et des zones humides qu'elles abritaient souvent. Les moines et leurs abbayes pratiquent l'essartage (ou sartage) et le drainage, et ils les encouragent, souvent dans le cadre d'un accord (dit contrat de pariage) passé entre un ecclésiastique et un seigneur propriétaire qui fournit une terre à déboiser. L'accord comprend souvent la construction d'une chapelle ou d'une église. Les forêts étant souvent refuge pour les populations difficiles à contrôler ou à évangéliser, le pouvoir politique et religieux ne la protègent pas, hormis pour les chasses royales ou impériales ;
  • une période de stabilité géopolitique et agricole : quand les défrichements sont à leur maximum, vers l'an mille, ils s'inscrivent dans une période où les invasions sur le territoire franc ont cessé et où les conditions climatiques se sont améliorées.

Ces différents facteurs ont pu donner confiance en l'avenir, encourager de grandes entreprises de défrichement et ont peut-être été en partie à l'origine d'une forte croissance démographique aux Modèle:S mini-, {{#switch: e

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La population européenne serait alors passée de 38 millions au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à plus de 75 millions au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Cette « ère des grands défrichements » (expression de Marc Bloch<ref>Marc Bloch, Les caractères originaux de l'histoire rurale française, Les Belles-Lettres, t.1, 1931, p. 5</ref>) qui est ouverte dans la plupart des régions à partir de 1050, semble avoir ralenti au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par exemple en Normandie et dans le Haut-Poitou et plus tardivement dans le Bassin parisien (vers 1230-1250) ainsi que dans les plaines germaniques (vers 1340). Ils n'ont néanmoins jamais cessé jusqu'à une période récente (sauf durant quelques décennies dans plusieurs régions ravagées par la peste noire ou la guerre de Cent Ans). Les défrichements monastiques médiévaux sont globalement mineurs, concernant essentiellement des espaces que les communautés rurales n’ont pas ouvert du fait de terrains difficiles, les cisterciens privilégiant notamment les fonds bourbeux et les vallées humides pour y installer des pâturages au sein de forêts dont l'ombrage des arbres profite au bétail<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les communautés paysannes sont confrontées à une première rupture de l'équilibre agro-sylvo-pastoral vers 1300<ref>Modèle:Citation. Cf Modèle:Ouvrage.</ref>. En raison du manque de prés, la surcharge pastorale est compensée par l'assolement triennal et la vaine pâture sur les chaumes et les jachères et, dans les paroisses les mieux dotées, sur les terrains usagers<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Une ordonnance de Colbert met ensuite un premier coup de frein au recul de la forêt royale et d’État, mais les défrichements se poursuivront jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, jusqu'aux pieds et flancs des montagnes.

La statistique des forêts de 1791 donnait un total de Modèle:Unité de forêt en France<ref name=BecquerelClimatForet1865>Antoine Becquerel, Mémoire sur les forêts et leur influence climatérique (exemplaire numérisé par Google) ; 1865</ref>, alors que celle de 1840 donne les chiffres suivants pour la France métropolitaine<ref name=BecquerelClimatForet1865/> :

Forêts Surface
Forêts de la couronne Modèle:Unité
Forêts de l'État Modèle:Unité
Forêts de l'État et des communes Modèle:Unité
Sol forestier Modèle:Unité
Soit un total de Modèle:Unité

À cette époque les cahiers de doléance du tiers-État et de nombreux courriers ou rapports des administrations forestières ou de préfets de départements montrent que nombre d'acteurs ont clairement conscience des dégâts collatéraux induits par ces défrichements.

Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, c'est la Grande-Bretagne qui dans l'Europe d'alors est la plus déboisée, alors que la Suède est la plus boisée, la France étant classée selon Becquerel dans une position médiane entre ces deux extrêmes<ref name=BecquerelClimatForet1865/>.

Les statistiques françaises de 1840 donnent pour la France métropolitaine Modèle:Unité hectares de pâtis, pâturages. Si l'on retranche de cette superficie Modèle:Unité de prairies naturelles et artificielles il reste donc Modèle:Unité ou 30,2 % de la superficie totale de la France en jachères, pâtures et pâtis, étendue considérable qui est à la disposition de l'agriculture, mais comme le pressent Becquerel, Modèle:Citation<ref name=BecquerelClimatForet1865/>.

Le recensement de 1850 (publié par Le Moniteur, mars 1851) donne (mais avec un mode de calcul et de classification différent)<ref name=BecquerelClimatForet1865/> :

Soit un total de Modèle:Unité et une perte de Modèle:Unité en soixante ans.

Concernant la forêt domaniale sa superficie qui était de Modèle:Unité en 1820 (statistique de 1821) a été réduite à Modèle:Unité en 1858<ref>Rapport de 1860, du directeur des forêts au ministre des Finances</ref>, soit une perte de Modèle:Unité en un peu moins de 40 ans (de 1820 à 1858)<ref name=BecquerelClimatForet1865/>.

Becquerel fait le calcul qu'au rythme de défrichement des années 1850, on aura défriché (en forêt privée en majorité, et pour l'agriculture essentiellement) en un siècle environ Modèle:Unité (sur un total de 8 804 550 subsistant à cette époque (soit 35 % du patrimoine national)<ref name=BecquerelClimatForet1865/>… alors même qu'étaient également disponible en France Modèle:Citation<ref name=BecquerelClimatForet1865/> et qu'à cette époque le rendement des cultures céréalières avait assez augmenté pour dépasser les besoins du pays<ref>La production du froment en France commence à dépasser les besoins selon le compte rendu de la séance du Modèle:1er avril 1865 de l'Académie des sciences</ref>.

Depuis 1860<ref>Loi du 28 juillet 1860</ref>, l'administration des forêts est également missionnée pour reboiser des terrains autres que les terrains domaniaux ou communaux soumis au régime forestier, mais Becquerel note qu'elle ne fait que des reboisements en montagne (pour lesquels des subventions sont accordées par l’État)<ref name=BecquerelClimatForet1865/>. Selon l'administration des forêts, il n'a été reboisé qu'environ Modèle:Unité en moyenne annuelle pendant que l’État avait autorisé le déboisement d'environ Modèle:Unité, soit moins de 30 fois ce qu'il aurait fallu pour compenser les pertes. De plus note Becquerel lors de ces boisements les graines et plants de résineux et bouleaux ont été fortement privilégiés au détriment du chêne et d'autres feuillus (par rapport au nombre d'arbres abattus) ; Becquerel déplore que Modèle:Citation<ref name=BecquerelClimatForet1865/>.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le code forestier, mais aussi ceux de l'urbanisme et de l'environnement et des impôts concourent à freiner le défrichement, et imposent des amendes ou des mesures compensatoires en cas de coupes respectivement illégales ou à la suite d'une déclaration d'utilité publique.

La législation défrichement à proprement parler est en France contenue dans le livre III du Code forestier. Le code de l’urbanisme contient le régime des « espaces boisés classés » (art. L. 130-1 et suiv.) qui complète le code forestier par des règles d’autorisation de coupe qui peuvent ne concerner qu’un seul arbre ; alors que le code forestier n’est applicable qu’à partir d’une surface variant par département et pouvant être comprise entre 0,5 et 4 ha (art. L. 311-2, c. for.). Il n'en reste pas moins que la législation du code forestier est le principal rempart contre le changement de destination des sols, la conversion du sol forestier en sol à bâtir apportant souvent une plus-value considérable qui est à l’origine depuis plusieurs décennies de très nombreux défrichements en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Conséquences des défrichements en France

Elles sont encore difficiles à mesurer pour la Préhistoire et l'Antiquité, mais des animaux forestiers comme l'élan, les cervidés, le bison, le lynx, le castor en ont inévitablement souffert. Le régime des eaux également.

Ces conséquences sont mieux documentées pour la Période historique et en particulier à partir de la Période révolutionnaire.

L'abolition des privilèges et le partage des bois et prés communaux encourage à cette époque de nombreux riverains à se servir anarchiquement dans ce qui reste de la forêt antique, restes qui sont rapidement dévastés, parfois brûlés pour en revendre la cendre comme engrais, quand on n’y prend pas également l’humus pour le mettre sur les champs.
Les paysans vont en nombre se servir en forêt au point qu’il serait dangereux de s'y opposer estime le préfet de l’Ariège. Le député (et membre du comité d'agriculture) Jean-Baptiste Rougier de La Bergerie a réuni et vainement relayé auprès de l’Assemblée les vives réclamations remontées par les administrateurs de presque tous les départements concernant les effets dramatiques du déboisement, sur l’agriculture, le régime des eaux, l'érosion, le climat et la santé, ou sur l’Économie. Ils prédisent une grave crise sociale, agricole, économique et dirions nous aujourd’hui « écologique » si rien n’est fait pour stopper l’arasement et le défrichement de forêts. Nombre de ces documents ont été réunis par Rougier de la Bergerie dans son ouvrage Des Forêts de la France publié en 1817 <ref>in M. Rougier de la Bergerie, Des Forêts de la France; 1817, page 73, et Modèle:P. pour les plaintes ou rapport envoyés à la Convention, en 1793 et 1794</ref>.
Ainsi, rapporte également A.C. Becquerel<ref name=BecquerelClimatForet1865P43>Becquerel (Antoine César, M.), Mémoire sur les forêts et leur influence climatérique (exemplaire numérisé par Google) ; 1865 voire pages 43 et suivantes</ref>, dès l'an II du calendrier révolutionnaire, les administrateurs de départements constatent un pillage des forêts et alertent le ministre de l'Intérieur et/ou les députés sur les dévastations de leurs forêts, notant que les défrichements entrainaient de brutaux changements de température, multipliaient et aggravait les inondations et sécheresse, faisaient manquer des récoltes.

Le Consulat édicte le 16 nivôse an IX une loi organique sur une nouvelle organisation forestière qui, selon Becquerel, Modèle:Citation.

Au tout début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la situation ne s'est pas améliorée : Le Play (polytechnicien formé par l'école des mines et classé parmi les sociologues paternalistes y voit un désastre social : ainsi écrit-il en 1901 : Modèle:Citation <ref>Le Play (1901); La Réforme sociale en France, Tours, Mame, 1901, huitième éd. tome II, Modèle:P.</ref>.

Peu après (en 1804) le général Sordiez (en tant que préfet des Basses-Pyrénées) écrit : Modèle:Citation<ref name=BecquerelClimatForet1865p53>Becquerel (Antoine César, M.), Mémoire sur les forêts et leur influence climatérique (exemplaire numérisé par Google) ; 1865 voir pages 53</ref>.

Quelles sont les traces des grands défrichements ?

La toponymie

Elle a conservé le souvenir de ces grands déboisements : Essarts, les Essarts (sens général), réduits à -sart, Sart, sars (nord de la France et Belgique)<ref>Ernest Nègre, Toponymie générale de la France (lire en ligne) [g4HQAQ&ved=0CD4Q6AEwAw#v=onepage&q=Ernest Nègre Ransart&f=false]</ref>, variante -xard, Xard (est) ; -tuit, Modèle:Page h' (Normandie)<ref>Åse Kari H. Wagner, Les noms de lieux issus de l'implantation scandinave en Normandie : le cas des noms en -tuit, in Les fondations scandinaves en occident et les débuts du duché de Normandie, actes publiés sous la direction de Pierre Bauduin [1]</ref>, les Rots, le Rot, le Roti(l), le Routil (nord de la France) ; Artigue, Artigues, Artigat, Lartigue, Artigue- (sud-ouest)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ; Sauveterre, Santerre.
Les types Rhodes, Rœulx, Rœux, Rouhe, Ruitz remontent au germanique ruda, riuti « défrichement »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Certains noms de villages alsaciens et lorrains se terminant par -rode, -rott révèlent des actions de défrichements.
Les toponymes en Saint- témoignent dans certains cas, lorsqu'ils sont concentrés dans une même région, des actions d'essartage menés par les grandes abbayes, notamment bénédictines.

Les textes

Pour les historiens, les sources les plus riches sont les textes (par exemple les chartes de défrichements), que peuvent notamment compléter les apports de la paléobotanique, l'analyse des pollens et des charbons de bois.

Les types de défrichement

Élargissement de terroirs existants

Ce type de défrichement est le fait d'ermites, de charbonniers et de paysans qui agissent de manière spontanée et isolée. Ce phénomène est très difficile à décrire faute de sources suffisantes. Il se pratique par grignotement progressif et régulier de la forêt, à la marge des terres cultivées. On estime cependant qu'il contribue pour une part importante aux grands défrichements.

Création de terroirs neufs

  • À l'initiative des seigneurs et des villes (en Italie par exemple), de nouvelles terres agricoles sont mises en valeur : il faut alors couper et brûler la forêt qui souvent entoure le village (écobuage). Le seigneur laïc ou ecclésiastique pourra ainsi prélever de nouvelles redevances sur les nouvelles terres. Parfois, un seigneur laïc s'associe avec un seigneur ecclésiastique (abbé, évêque) pour créer de nouveaux terroirs : ils signent un contrat de pariage ou de paréage ;
  • Les moines, à la recherche de lieux en marge du monde « civilisé » ont été à l'origine de nombreux défrichements durant tout le Moyen Âge : dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en Auvergne, la fondation de l'abbaye de la Chaise-Dieu fait reculer la forêt avec la création de clairières. Les cisterciens, en particulier, défrichent de nombreuses terres : les « granges » sont des systèmes d'exploitation agricole confiés au travail des frères convers, qui ne sont pas astreints aux obligations spirituelles des autres moines.
  • Les défrichements ont aussi accompagné les opérations de colonisation en Europe : la colonisation germanique vers l'Est du continent a été assurée en partie grâce aux hôtes : ce sont des paysans qui s'implantent dans une nouvelle région, auxquels le seigneur donne une terre à défricher. Le seigneur promet des avantages aux nouveaux venus, comme des redevances limitées et l'exemption des corvées. Lors de la Reconquista (reconquête chrétienne sur l'Espagne musulmane), de grands défrichements eurent lieu pour installer la nouvelle population.

Conquête du littoral

Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en Flandre et en Zélande, on assèche les marais afin de les transformer en terres arables. De grands travaux de polderisation continuent à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en France, en Flandre et en Angleterre.

Transformations du paysage occidental

L'incastellamento

Mis en évidence par Pierre Toubert, d’abord dans le Latium puis en Languedoc, il désigne l'habitat perché méditerranéen autour d'un château et d'une église. Les terres cultivées s'organisent en auréoles concentriques autour du village.

Genèse de l’openfield au nord-ouest de l'Europe

Elle a lieu à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et prend la forme de champs ouverts (openfield) au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, disposés autour d'un village central. L'assolement triennal et un parcellaire particulier s'impose un peu partout dans cette région.

Le bocage

Dans des régions à sols pauvres (îles Britanniques, Massif Armoricain, Allemagne du Nord) le bocage témoigne d'un certain individualisme agraire et d'un moyen de restaurer et conserver des sols initialement épuisés par les premiers labours sur de pauvres essarts. On y pratique notamment ou surtout l'élevage. La présence d'un bocage ne signifie pas que des forêts proches ne soient pas surexploitées voire pillées.

Nouveaux villages du Sud-Ouest français

De nombreux établissements sont datés du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ; on les appelle : sauvetés, Modèle:Page h'x, bastides

Disparition totale de la forêt au Moyen Âge ?

Il serait caricatural de dire que les grands défrichements des {{#switch: au

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   Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle

}}s ont fait complètement disparaître la forêt<ref>Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien. Déterminismes environnementaux et actions de l’Homme. Les défrichements anthropiques (pages 227-228)</ref>. En montagne, la forêt résiste mieux qu'ailleurs ; la forêt offre un complément important dans l'alimentation médiévale : on y emmène les porcs pour la glandée, on y récolte des baies, des champignons et du miel. Elles sont importantes pour le transfert de fertilité vers l'ager. Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les seigneurs fonciers, souvent propriétaires de la forêt (réserve) réagissent et tentent de protéger la forêt. L'organisation et la réglementation des espaces forestiers se fait dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : droits de pacage, droits d’usages (ramassage du bois, chasse par exemple) sont fixés.

Les défrichements ralentissent…

… Car la forêt apparait comme indispensable à la vie quotidienne et à l'industrie (forge, petite sidérurgie, verrerie notamment, qui sont très consommatrices de bois) ; on s'est rendu compte que le rendement des cultures faites sur certaines terres défrichées médiocres (sols autres que lœss) présentaient des rendements de plus en plus médiocres, ce qui a été source d'une invention agroécologique : le bocage de haies vives associant avec des paysans pratiquant une polyculture équilibrée par un élevage dont les déjections étaient utilisées comme engrais.

Avec les grandes crises du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (brutal et important déclin démographique provoqué par la peste noire et la guerre de Cent Ans), la forêt regagne du terrain, pour quelques décennies ou un peu plus d'une centaine d'années en Europe de l'Ouest et plus en Europe orientale. Les forêts royales et ecclésiastiques resteront en Occident relativement épargnées, même si elles ont souvent été surexploitées.

Les grands défrichements du Moyen Âge central restent un des symboles de l’expansion de l’Occident (colonisation germanique, Espagne).

Réglementation

La plupart des pays ont mis en place, parfois depuis plusieurs siècles ou millénaires des régimes d'autorisation de défrichement, afin de limiter les risques de déforestation totale ou de surexploitation des forêts.

En France, ces autorisations sont délivrées par les préfets et instruites par le ministère de l'Agriculture via les DDTM (services déconcentrés).

Une page dédiée à la mise en œuvre de cette règlementation forestière est accessible ici : Législation défrichement .

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini- siècleXIV

}} : approches qualitatives et repères quantitatifs] (université Nancy-II), document qui étudie les liens entre la croissance économique au Moyen Âge et les défrichements.

Bibliographie

  • Jean-Jacques Dubois, 1989, Espaces et milieux forestiers dans le Nord de la France. Étude de biogéographie historique. Thèse d’État, université Paris-I Panthéon-Sorbonne, 2 vol., 1 023 pages
  • Ferault C., 2019, Les landes en Mayenne : un état instable issu des défrichements, étroitement associé aux systèmes agricoles d'antan, Colloque Académie du Maine, 16 novembre, à paraître dans "Cahiers du Maine" n°28, consultable sur www.academie-agriculture.fr

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