Dictature du prolétariat

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La dictature du prolétariat est un concept central du marxisme désignant une phase transitoire de la société entre le capitalisme et le communisme.

Cette expression<ref>La dictature démocratique et la démocratie populaire. Oxymore et pléonasme… chez quelques marxistes, sur le site persee.fr</ref> employée à l'origine par Louis Auguste Blanqui<ref>Modèle:Citation, Maintenant, il faut des armes, Auguste Blanqui, textes choisis par Dominique Le Nuz, La Fabrique éditions, 2007 - 427 pages.</ref>, dans le droit fil de la pensée de Jean-Paul Marat et de Gracchus Babeuf<ref>Modèle:Citation {Gracchus Babeuf (1760-1797) et le Communisme, Alain Maillard, 2001, http://www.theyliewedie.org/ressources/biblio/fr/Maillard_Alain_-_Gracchus_Babeuf.html].</ref> et parfois employée par Karl Marx, est au cœur de vifs débats, notamment en ce qui concerne sa mise en œuvre et la nature que devrait prendre l'État durant cette phase.

Marx et Friedrich Engels conçoivent la dictature du prolétariat comme une phase transitoire de dictature révolutionnaire, supposée nécessaire pour abattre le pouvoir de la bourgeoisie. Sur le plan économique, elle se traduit par la suppression de la propriété privée des moyens de production, et donc par la mise en place du collectivisme économique et d'une démocratie au travail via un processus de socialisation des biens. Selon la théorie marxiste et léniniste, la période de dictature du prolétariat, phase Modèle:Citation du socialisme, conduira ensuite à un processus naturel de dépérissement de l'État et au passage à une société sans classes, [[phase supérieure de la société communiste|phase dite Modèle:Citation]] qui correspondra au communisme proprement dit<ref>André Piettre, Marx et marxisme, Presses universitaires de France, 1966, p. 79-91</ref>.

Après la révolution russe de 1917, le concept est repris par Lénine : les bolcheviks ont présenté leur gouvernement comme une « dictature du prolétariat », mais ce qualificatif est contesté par nombre de leurs opposants. Les adversaires du marxisme (y compris sociaux-démocrates, au sens actuel du terme) voient dans la notion de « dictature du prolétariat » un danger pour les libertés et pour la démocratie parlementaire, et arguent qu'en son nom, bureaucratie et nomenklatura ont accaparé le pouvoir de manière sanglante dans les régimes politiques se réclamant du marxisme.

Dictature

Modèle:Article détaillé

Modèle:Référence nécessaire.

Dans Le Capital, Marx définit le prolétaire comme « le salarié qui produit le capital et le fait fructifier »<ref>Karl Marx, le Capital, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste, note 1.</ref>.

Les deux termes dictature et prolétaires furent repris des révolutionnaires français par leurs héritiers politiques du siècle suivant, et parmi eux, les « communistes utopistes » chez qui Marx puisa une partie de son socialisme.

La définition de Marx et Engels

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Schéma des différentes phases conduisant à l'établissement de la société communiste.

C’est au lendemain du Printemps des peuples, qu’apparaît, sous la plume de Marx l’expression de Modèle:Citation<ref>Les luttes de classes en France. Du 13 juin 1849 au 10 mars 1850, K. Marx, sur marxists.org</ref>. Auparavant, Marx et Engels ne parlaient que du Modèle:Citation<ref>Manifeste du parti communiste, II. Prolétaires et communistes - Marx & Engels, sur marxists.org</ref>. Marx fera explicitement la liaison entre ces deux notions en 1850<ref>Déclaration dans œuvre, T. IV, K. Marx, p.567</ref>.

Chez Marx, le terme prolétariat ne signifie pas « les gens pauvres »<ref>Le terme latin Proletarii désignait les citoyens pauvres qui ne contribuaient en rien à l’État sinon en faisant des enfants (en latin Modèle:Lang signifie « lignée »).</ref> en général mais seulement ceux qui travaillent contre des salaires, c’est-à-dire la classe ouvrière.

La « dictature du prolétariat » fut donc, pour lui, l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière dans son ensemble, et dans son propre intérêt. Ce qui pour Marx impliquait une « démocratie politique complète » dans laquelle la classe ouvrière – la majorité dans la société capitaliste – gouvernerait. Il ne s'agit toutefois pas d'une démocratie au sens libéral du terme : les partis "bourgeois" n'ont plus leur place dans la cité, et doivent être réduits par la violence.

Dans Les Luttes de classes en France, Marx défend la Modèle:Citation<ref>les Luttes de classes en France, De février à juin 1848 - K. Marx, sur le site marxists.org</ref> et définit la Modèle:Citation et Modèle:Citation comme les deux mots d'ordre qui distinguent le communisme du socialisme petit-bourgeois<ref>les Luttes de classes en France, Du 13 juin 1849 au 10 mars 1850 - K. Marx, sur le site marxists.org</ref>. La même année, la Modèle:Citation est inscrite comme objectif de la société universelle des communistes révolutionnaires dans ses statuts<ref>Statuts de la société universelle des communistes révolutionnaires, Adam, J. Vidil, K. Marx, August Willich, F. Engels et G. Julian Harney</ref>. En 1852, Marx considère que ses réflexions sur la dictature du prolétariat font partie des trois contributions originales qu'il a apportées sur les historiens bourgeois : Modèle:Citation bloc

En 1871, la Commune de Paris ouvre de nouvelles perspectives politiques. Pour Engels, Modèle:Citation<ref>Introduction à la Guerre civile en France - F. Engels, sur le site marxists.org</ref>. Marx lui reproche toutefois de se montrer Modèle:Citation avec la réaction, de ne pas attaquer Versailles dès qu'elle en a l'occasion<ref>Lettre à Kugelmann, 12 avril 1871 - K. Marx, sur le site marxists.org</ref>, et d'être trop indulgente avec les comploteurs, les incendiaires et les espions contre-révolutionnaires : Modèle:Citation bloc

Pour Marx et Engels, la dictature du prolétariat s’identifie exactement à la démocratie révolutionnaire. Cependant, cette démocratie n’exclut ni la puissance économique, ni la force militaire de l’État. Ils écrivent à propos de la démocratie : Modèle:Citation bloc

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De la puissance économique de l'État : Modèle:Citation bloc

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Enfin, sur sa force militaire : Modèle:Citation bloc

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Dans les Luttes des classes en France, et plus encore dans la Guerre civile en France, Marx développe sa conception de l'alliance des ouvriers et des paysans sous la dictature du prolétariat. Dans le premier livre, il écrit : Modèle:Citation bloc

Dans le deuxième, Marx expose de nombreuses revendications susceptibles de lier les paysans à la Commune : exproprier la grande propriété foncière, déplacer la charge de la guerre sur les épaules de la bourgeoisie, élire les fonctionnaires et les rendre responsables devant le peuple, mettre Modèle:Citation, annuler les dettes hypothécaires. Marx estimait que trois mois seulement de libre communication entre Paris et la province auraient suffi à emporter les paysans dans la révolution. La Commune était pour Marx, non seulement le véritable gouvernement de la France, mais aussi un gouvernement ouvrier, et par là même, un gouvernement international, le gouvernement de tous les travailleurs<ref>la Guerre civile en France, chapitre 3, K. Marx</ref>.

En 1875, Karl Marx donne sa dernière appréciation de la dictature du prolétariat avant sa mort : Modèle:Citation bloc

Plusieurs auteurs soutiendront cependant que Marx n'évoque que peu de fois la dictature du prolétariat dans son œuvre<ref name="Boris Souvarine 1964, p. 9">Boris Souvarine, Le Stalinisme, Spartacus, 1964, Modèle:P.9.</ref>.

Modèle:Autres projets

Interprétations

Définition de dictature

Le terme « dictature » fut choisi pour souligner que le capitalisme consisterait en la « dictature de la bourgeoisie », celle d'une seule classe sociale qui détient tout le pouvoir politique et économique (que ce soit sous la forme politique du régime parlementaire ou de la dictature telle qu'on l'entend aujourd'hui). Pour renverser cette classe, la classe des gens d'aucune classe - les prolétaires - devait prendre dans un premier temps tout le pouvoir, pour supprimer la division de la société en classes.

Le mot dictature choque parfois aujourd'hui. Cependant, selon le philosophe et militant trotskiste Daniel Bensaïd, Modèle:Citation<ref>Daniel Bensaïd, Marx débordait son temps et anticipait sur le nôtre, site alencontre, janvier 2007.</ref>.

Une démocratie directe

Il y a toutefois deux spécificitésModèle:Refnec : la dictature du prolétariat nécessite une révolution prolétarienne préalable qui aboutit à la prise du pouvoir populaire. D'autre part, le pouvoir sera exercé par une seule classe sociale, le prolétariat.

Friedrich Engels voit la Commune de Paris comme une application de la dictature du prolétariat. Ainsi, avec cet exemple, cette dictature se présenterait comme organisée de façon démocratique avec des élus mandatés au suffrage universel et révocables.

Léninisme

Modèle:Voir aussi Lénine définit la dictature du prolétariat comme Modèle:Citation<ref name="universalis">Nicolas Werth, Modèle:Citation, Encyclopædia Universalis (lire en ligne) Consulté le 20 juillet 2013</ref>.

Chez Lénine, le concept de « dictature du prolétariat » joue un rôle central<ref>Charles Roig, La Grammaire politique de Lénine, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc.

Pour Charles Roig, on est là à Modèle:Citation.

Dans L'État et la Révolution (qui date de septembre 1917, avant la révolution d'Octobre), Lénine affirme sans ambages : Modèle:Citation bloc

En 1918, la constitution de la Russie révolutionnaire (future Union soviétique) se revendique comme étant une application pratique de la dictature du prolétariat. Modèle:Citation bloc

Applications et critiques

Modèle:Voir aussi L'expression « dictature du prolétariat » figure toujours dans l'article 2 de la constitution révisée de 1936<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Modèle:Refnec

Très tôt cependant, des théoriciens et militants des divers courants marxistes ont considéré que l'utilisation par Lénine puis par Staline du concept de « dictature du prolétariat » constituait en fait une trahison de Marx. Ils ont affirmé dès sa création que l'URSS n'était ni une dictature du prolétariat, ni un « État socialiste », mais une dictature sur le prolétariat, voire un capitalisme d'État.

L'historien et militant Boris Souvarine, opposant au stalinisme depuis les années 1920, estime ainsi que Modèle:Citation<ref name="Boris Souvarine 1964, p. 9" />.

La marxiste révolutionnaire Rosa Luxemburg écrit dès septembre 1918 que le pouvoir bolchevik est Modèle:Citation<ref>Rosa Luxemburg, La Révolution russe.</ref>.

En 1920, lors du Congrès de Tours, Léon Blum dénonce la politique léniniste, qu'il considère comme une trahison de l'idée de Marx. Blum souligne en effet que, pour Marx, la dictature du prolétariat est la Modèle:Citation, tandis que Lénine la conçoit comme Modèle:Citation, avec pour résultat la Modèle:Citation<ref>Michel Winock, Le Socialisme en France et en Europe, Seuil, 1992, p. 82-83</ref>.

Les communistes de conseils allemands (marxistes révolutionnaires) font de même dans les années 1920.

Le Cercle communiste démocratique dénonce en 1931 la « dictature sur le prolétariat » en URSS<ref>La Critique sociale Modèle:N°2, juillet 1931</ref>.

Pour le Groupe des Communistes internationaux (néerlandais) : Modèle:Citation. Modèle:Citation selon le marxiste conseilliste Otto Rühle<ref>Otto Rühhe, Fascisme brun, fascisme rouge, 1939, Spartacus, Modèle:P.65 ; voir aussi le chapitre « Dictature sur le prolétariat », p. 37-41</ref>.

Charles Rappoport dénonce dans ses Mémoires Modèle:Citation<ref>Charles Rappoport, Une vie révolutionnaire 1883-1940, MSH, Modèle:P.158</ref>.

Ces analyses sont corroborées par celles des marxistes mencheviks en exil : Salomon Schwarz dénonce le capitalisme d’État en URSS<ref>Salomon Schwarz, Le Combat Marxiste Modèle:N°12, 1934</ref> ; Théodore Dan parle de Modèle:Citation qui Modèle:Citation, ainsi que de Modèle:Citation, qui selon lui Modèle:Citation<ref>Modèle:Référence incomplète</ref>.

Ces analyses sont reprises par la suite par ces différents courants, et dans les années 1960 par de nouveaux courants marxistes comme l’Internationale situationniste.

En 1976, le concept de dictature du prolétariat cesse d'être utilisé par le Parti communiste d'Espagne (1976) et le Parti communiste français. Cette évolution a lieu dans le contexte de l'Eurocommunisme, auquel le PCE et le PCF participent avec le Parti communiste italien. Pierre Birnbaum souligne que Modèle:Citation : le contexte politique de l'époque favorise le recentrage des principaux partis communistes d'Europe de l'Ouest, dont le PCF qui, en proposant « l'Union du peuple de France », déborde l'Union de la gauche et en vient même à tendre la main aux gaullistes<ref name="Birnbaum2012">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le Parti communiste chinois, au pouvoir depuis 1949, se réclame de la dictature du prolétariat ; cependant, le terme ne figure qu'indirectement dans la Constitution de la république populaire de Chine de 1954. La Modèle:Lien intègre la Modèle:Citation. La Constitution de 1982 reprend dans son préambule les Modèle:Citation : voie socialiste, dictature du prolétariat, rôle directeur du Parti communiste chinois, marxisme-léninisme et pensée de Mao Zedong, tout en les combinant avec les principes de la réforme économique énoncés en 1978 par Deng Xiaoping et réintroduisant l'économie de marché<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Notes et références

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Liens externes

Modèle:Liens

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