Empire inca

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Modèle:2autres Modèle:Infobox Ancienne entité territoriale

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Expansion de l'empire inca (1438-1527)

L'Empire inca (appelé Modèle:Langue, Modèle:Langue ou Modèle:Langue en quechua, signifiant « quatre en un » ou « le tout des quatre parts »<ref group="N">La graphie « Tahuantinsuyo » est la transcription traditionnelle hispanisante du quechua ; « Tawantin Suyu » est une graphie moderne plus proche de la phonologie du quechua, qu'on doit alors écrire « kichwa ». Tawa signifie "quatre" et l'infixe -ntin- exprime la totalité, l'intégralité ; šuyu en quechua signifie "région" ou "partie" selon González Holguín (1608) : Vocabvlario de la lengua qquichua (vocabulaire de la langue quechua). Pour lui donner du relief, le terme est traduit par le chroniqueur Garcilaso de la Vega comme « les quatre parties du monde ». Tahuantinsuyu est traduit généralement en français par « l'empire des quatre quartiers » ; ce terme est particulièrement bien choisi, à condition de l'entendre dans le double sens accordé au mot "quartier" : d'abord au sens de partition en quatre, soit 4 provinces équivalentes en un empire unitaire, car 4/4=1 ; et aussi "quartier" au sens de zone bien identifiée et circonscrite dans une ville ; en effet, la capitale de l'Empire, le Cuzco, voyait justement sa zone d'habitat populaire divisée en quatre quartiers habités chacun par les ressortissants des quatre šuyu de l'Empire : voir notamment Modèle:Ouvrage.</ref>), également appelé Empire incaïque, fut, du {{#switch: au

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}}, un des États de la civilisation andine et le plus vaste empire de l'Amérique précolombienne. Son territoire s'est en effet étendu, à son extension maximale, sur près de Modèle:Unité de long, depuis le Sud-Ouest de l'actuelle Colombie (vallée de l'Ancasmayo<ref name="a" group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>, et même un moment au Río Patía, région de San Juan de Pasto), au nord, jusqu'au milieu de l'actuel Chili (au Río Maule), au sud, et comprenait la quasi-totalité des territoires actuels du Pérou et de l'Équateur, ainsi qu'une partie importante de la Bolivie, du Chili, et une fraction de l'Argentine du Nord-Ouest<ref>Modèle:Harvsp, Modèle:P..</ref>, soit une superficie de plus de trois fois celle de la France d'aujourd'hui<ref group="N">En fait, l'estimation de la superficie maximum de l'Empire Inca à son apogée varie, en fonction des sources, de Modèle:Unité (Modèle:Harvsp, Modèle:P.) à près de deux millions de kilomètres carrés, ainsi que le propose l'article du Wikipédia en espagnol.</ref>. Héritier des civilisations andines préexistantes, il était maillé par un important réseau de routes d'environ Modèle:Unité<ref>selon les sources et selon le niveau des chemins (primaire, secondaire ou tertiaire) pris en compte, voir notamment : Modèle:Harvsp, Modèle:P..</ref> convergeant vers sa capitale, Cuzco.

Organisation géographique et sociale

À la confluence des géographies physique et humaine

L'Empire inca a une forme très allongée. Il s'étendait en effet, à son apogée, sur près des deux tiers de l'immense Cordillère des Andes et de la côte Pacifique de l'Amérique du Sud.

Altitude versus latitude

Fichier:Písac-43.jpg
Une fontaine datant de l'époque incaïque à Písac, point d'aboutissement d'une canalisation ancienne taillée dans la pierre vive.

Beaucoup de contraintes sont cependant liées à cette forme, à cette étendue et à ce caractère montagneux : pente, froid, altitude, sans oublier les côtes pacifiques souvent désertiques.

Irrigation

Malgré leur climat, « ces immenses étendues désertiques […] étaient à cette époque [des Incas] des champs bien cultivés »<ref name="Karsten 1">Modèle:Ouvrage.</ref>, alors qu'elles sont souvent revenues au désert de nos jours. C'était grâce au « vaste système d'irrigation artificielle utilisé par les Incas, qu'ils n'avaient probablement pas inventé, mais qu'ils avaient développé »<ref name="Karsten 1" />. De la même manière que pour les côtes au climat désertique, la mise en valeur agricole des hautes terres dépend elle aussi en grande partie de l'irrigation, « en raison de la durée de la saison sèche et de la rapide évaporation des eaux pluviales »<ref name="Métraux 1" />. Car, malgré l'altitude qui tempère d'abord puis, plus haut, « continentalise » le climat, le cœur de l'Empire inca est entièrement inclus dans la zone tropicale de l'hémisphère sud, avec l'alternance des saisons sèche / humide. En revanche, le climat désertique des côtes pacifiques est dû aux courants océaniques froids qui remontent du sud (voir la section climat de l'article Pérou).

Ce savant système d'irrigation développé par les Incas comprenait un gigantesque « réseau de canaux pavés en pierre »<ref name="Karsten 1" /> ou sculptés dans le granit des cordillères, infiniment ramifié, ainsi que de grands réservoirs d'altitude cimentés dont on a découvert les restes<ref name="Karsten 1" />, et encore des barrages, des rivières endiguées, détournées<ref name="Métraux 1">Modèle:Ouvrage.</ref>, des « tunnels creusés dans des éperons montagneux »<ref name="Métraux 1" />, « des écluses permettant de contrôler le volume d'eau »<ref name="Karsten 1" />, et « un réseau d'aqueducs [en maçonnerie] qui fut étendu à de très vastes territoires »<ref name="Karsten 1" />, le tout malgré les difficultés considérables liées à l'environnement montagnard auxquelles se sont heurtés les ingénieurs incas. Ces canaux ont parfois donné lieu à une véritable virtuosité d'ingénierie ; par exemple : « à Cajamarca, un canal a été taillé dans la roche vive sur plus d'un kilomètre, et les ingénieurs ont donné à son cours une forme zigzagante pour ralentir le débit de l'eau. À Huandoval, deux canaux [et même trois selon Wiener] se croisent perpendiculairement entre deux montagnes »<ref name="Métraux 1" /> sur plusieurs étages ; souvent taillés à même le granit le plus dur et donc toujours en parfait état de nos jours, « les canaux construits par les Incas constituent l'un des nombreux « miracles » architecturaux de cette civilisation »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et la meilleure illustration du « génie »<ref group="N">« génie » dans son double sens de génie civil et d'ingéniosité.</ref> inca. L'ethno-anthropologue et archéologue Alfred Métraux partage cette admiration de Carmen Bernand pour les travaux hydrauliques des Incas, et reprend à son compte en fait, bien qu'avec un léger recul amusé, l'enthousiasme de l'Inca Garcilaso de la Vega : Modèle:Citation bloc

Certains de ces canaux et aqueducs Modèle:Refnec, plus de cinq cents ans après leur construction.

Cultures en terrasses

De même, dès le Sapa Inca VIII, Viracocha Inca, les Incas (et les Chimús avant eux) comprirent « combien il importait, dans un pays très montagneux, où la population était relativement dense, de mettre à profit le moindre endroit cultivable »<ref name="Karsten 1" />. D'où la mise en valeur des terres arides par l'irrigation, comme on l'a vu, mais aussi l'exploitation des pentes de montagne même les plus abruptes par la technique des cultures en terrasses (ou andenes)<ref name="Métraux 1" />, qui a donné lieu à des ouvrages monumentaux et spectaculaires comme on peut en voir par exemple sur les sites archéologiques de Písac et d'Ollantaytambo dans la Vallée sacrée des Incas, ainsi que sur les sites du Machu Picchu et de Choquequirao, terrasses et murailles parfois qualifiées de cyclopéennes<ref name="Weissen">Marcelle Weissen-Szumlanska, « A propos des Incas », in Notices et Mémoires de la société archéologique, historique et géographique du département de Constantine, Modèle:P., Éditions du Braham, Constantine, 1929, Modèle:Vol., 430 p.</ref>.

Fichier:Moray, Peru - Laslovarga (3).jpg
Terrasse incaïque sur le site archéologique de Moray, à cinquante kilomètres au Nord-Ouest de Cuzco, sur l'Altiplano à plus de Modèle:Unité juste à l'Ouest du village de Maras. Terrasse circulaire (parmi d'autres à différentes hauteurs) d'environ Modèle:Unité de profondeur, conçue ainsi afin d'optimiser au maximum l'ensoleillement et créer un microclimat permettant des cultures tropicales malgré la haute altitude, et peut-être aussi des expérimentations et innovations agronomiques<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; elle présente aussi un système d'irrigation complexe.
Étagement de l'agriculture et implications sociales

Autre fait remarquable : dans les Cordillères, on observe une conjonction de l'altitude et de la latitude ; toutes les altitudes (depuis le niveau de la mer jusqu’à la plus haute voisinant les Modèle:Unité, et ce sur une courte distance engendrant un puissant dénivelé et une barrière climatique) voisinent avec les latitudes tropicales et équatoriales, ce qui produit un échelonnement sans pareil des zones géographiques<ref name="Bernand1">Modèle:Ouvrage.</ref>. Ceci représente pour les peuples des Andes à la fois une contrainte et une opportunité qu’ils surent mettre à profit, car ils disposaient ainsi, dans l’espace relativement réduit d’une seule marka (territoire et terroir d’un ou plusieurs ayllu, communauté ethnique ou villageoise), à portée de marche, de toute une palette de climats favorisant une diversification de l’agriculture, à condition de savoir en tirer parti grâce à un étagement de l'agriculture communautaire.

En Équateur, par exemple, on trouve une forêt dense, inhabituelle à cette hauteur, entre 2800 et Modèle:Unité<ref name="Bernand1"/>. De même, au Pérou et en Bolivie, la zone où l’on trouve le climat le plus tempéré se situe plutôt entre 3000 et Modèle:Unité : c’est pourquoi celle-ci « était considérée comme la plus apte à l’habitation permanente par les Incas, qui y construisaient leurs villages à proximité des cultures de maïs »<ref name="Bernand1"/>, que les Indiens appelaient zara, et des cultures de quinoa (Chenopodium quinoa)<ref name="Karsten 1" />. (Sous nos latitudes, en France, cette zone n’est pas vraiment cultivable). La capitale de l’Empire, le Cuzco, se situe exactement au cœur de cette zone privilégiée à Modèle:Unité en moyenne.

De part et d’autre de cette zone habitée, les deux autres paliers écologiques étaient aussi exploités : au-dessus de Modèle:Unité, s’étend à perte de vue l’altiplano andin ; ce sont « les landes froides de la puna, destinées au pâturage et à la culture des tubercules »<ref name="Bernand1"/>. Ces plantes tubéreuses sont l'ulluku (chénopodiacée), la mashwa (Tropaeolum tuberosum)<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref> et « l’oca (Oxalis tuberosa) ainsi que [la plus connue ici] la pomme de terre appelée papa par les montagnards »<ref name="Karsten 1" />, dont « les indiens ont su sélectionner environ 700 variétés, appropriées à divers usages et à divers climats, en particulier aux hautes altitudes »<ref name="Métraux 2">Modèle:Ouvrage.</ref>. Cette vaste zone de steppes où poussent dru de courtes graminées d’altitude, se hausse jusqu’aux premières neiges persistantes, et restait en indivision à la libre disposition de chaque famille de l’ayllu pour élever leurs troupeaux de camélidés : lamas et alpacas, « dont la garde était confiée aux enfants ou aux adolescents. Car, de toute l'Amérique précolombienne, les Andes étaient la seule région dans laquelle l'élevage fut pratiqué »<ref name="autres Favre">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au-dessous de Modèle:Unité, en revanche, Modèle:Qui pouvait cultiver la coca rituelle, le coton et de nombreux arbres fruitiers. Ainsi que les « courges, piments, haricots, patates douces, manioc, arachide, tomates, avocats, pour ne mentionner que les plus importantes »<ref name="Métraux 2"/>. Modèle:Citation bloc

Cette nécessité de l'étagement agricole a d'ailleurs peut-être contribué au système andin original de gestion collective des terres cultivables (préincaïque, mais qui a continué à avoir cours dans l'Empire sous les Incas, le tribut communautaire coexistant avec le tribut impérial, l'un et l'autre sous forme de travail collectif) : en effet, chaque famille se voyait attribuer un lopin de terre proportionnel à la taille de la famille à chaque étage de culture. L'ensemble de ces parcelles constituait le lot attribué à la famille par l'ayllu (la communauté villageoise de base, de nature plus ou moins tribale) ; « son extension devait être suffisante pour assurer la subsistance du groupe familial auquel il correspondait »<ref name="autres Favre"/> ; ce lot était réévalué chaque année au cours d'une cérémonie rituelle, parfois « purement symbolique »<ref name="Métraux 2"/>, parfois réellement redistributive pour tenir compte des changements intervenus dans la communauté : mariages, naissances, décès, maladies, infirmités<ref group=N name="solidarité andine">en effet, lorsque le chef de famille et les cultivateurs étaient empêchés, soit qu'ils soient mobilisés par les grands travaux de l'Inca ou la guerre, ou encore blessés, malades ou décédés, le travail de leurs terres était pris en charge par le reste de la communauté pour assurer la subsistance de leurs familles. De même la marka, le terroir de la communauté, comprenait des friches incultes en réserve pour leur attribution aux couples récemment mariés [voir : Modèle:Ouvrage]. Et la maison des jeunes mariés « était construite par l'ensemble du village ». Enfin, « les familles voisines s'aidaient mutuellement à l'occasion des semailles et des récoltes » [voir : Modèle:Ouvrage]. [Ainsi que : Modèle:Ouvrage].</ref>… L'unité de mesure foncière de ces lopins de terre était le tupu<ref name="autres Favre"/> qui était comme l'arpent des terres andines : « Le tupu était en effet la superficie [agricole] nécessaire à l'entretien d'une personne »<ref name="autres Favre"/>. On ne connaît pas avec exactitude aujourd'hui la superficie de cette unité de mesure de surface agraire du tupu (même si on peut en donner une estimation<ref group=N name="Karsten 2">pour Rafaël Karsten par exemple : « l'étendue d'un tupu était probablement voisine d'une acre (40,5 ares, [soit Modèle:Unité]), mais on ne la connaît pas de façon certaine. » [[[:Modèle:Ouvrage]]]. D'autres sources rapportent le tupu aux unités de longueur de base des incas, rappelant que les mesures employées par les anciens Péruviens étaient une variété de la brasse et ses divisions, donc identique à notre propre mesure ancestrale inspirée par les dimensions du corps humain, soit « l’étendue des deux bras écartés ». Ainsi les Aymaras et les Quechuas appelaient « loca » la longueur du bras (une demi-brasse), soit 60 à 65 cm, et « vicu » la longueur mesurée entre le pouce et l'index (environ 15 cm, c'est-à-dire le quart de la loca). Alors le « tupu » était la superficie carrée de 100 locas de côté (valant donc à peu près entre 3600 et Modèle:Unité) [voir l'article consacré à Ollantaytambo].</ref>) : ainsi, elle varie selon les sources<ref group=N name="Karsten 2"/>, mais surtout elle était probablement variable dès son origine, dans son principe, puisqu'elle était rapportée non à une surface précise mais à une mesure humaine (surface, proportionnée à sa productivité agricole, capable de nourrir une personne pendant un an). Alors la surface du tupu varie selon la valeur agricole de la parcelle, et donc un tupu de terre riche et irriguée était plus petit qu'un tupu de terre sèche nécessitant une jachère importante par exemple<ref name="autres Favre"/>.

Communications

Mais au premier rang des contraintes liées à l'étirement géographique de l'Empire Inca, on conçoit la difficulté des communications au sein d'un empire constitué la plupart du temps par des guerres de conquête, et donc du contrôle des régions excentrées, celui-ci s'exerçant sur des ethnies nombreuses et bien différentes.

Cette nécessité a donné lieu à l'agrandissement et à l'intensification d'un réseau routier exceptionnel, le Qhapaq Ñan (« Chemin royal » ou Chemin de l'Inca), construit dans les conditions extrêmes d'un environnement de très hautes montagnes, au perfectionnement d'un savant système d'irrigation et de diverses innovations agricoles, ainsi qu'à la mise sur pied d'un quadrillage administratif systématique et remarquablement efficace<ref>Sur l'organisation de l'Empire, voir notamment : Modèle:Ouvrage.</ref>. L'organisation sociale ainsi administrée était fondée sur l'éthique de la réciprocité « positive »<ref>ce qui peut se simplifier ainsi : « je reçois individuellement parfois plus, en tant que de besoin, que ce que je donne au système, dans la mesure où le tout est supérieur à la somme de ses parties, par la synergie que permet leur solidarité ». Sur le système d'échange dans les Andes précolombiennes et sur le détournement du régime de la mita à leur profit par les colons espagnols, voir notamment : Modèle:Ouvrage.</ref> : travail communautaire (tribut sous la forme d'un système de corvée : la Mita, et aussi travail d’entraide volontaire collectif<ref group=N name="solidarité andine"/> : le Mingay<ref>voir notamment : Modèle:Ouvrage, qui cite lui-même les chroniqueurs espagnols des Modèle:S mini- et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : « Blas Valera, cité par Inca Garcilaso de la Vega, Comentarios reales : Modèle:Vol., Livre V, chap. 15 et 16. Cobo, Historia del nuevo mundo, Séville (1895), tome III, chap. 28. Polo de Ondegardo, Relación del lineaje de los Incas, (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), Modèle:P.. ».</ref> ou Minga, ou encore Ayni<ref group="N">l'Ayni est un échange de travail qui consiste en une aide passagère, rendue nécessaire par la tâche (comme la construction d'une nouvelle maison pour un jeune couple) ou par une indisponibilité temporaire, qui sera en principe « remboursée » par une aide comparable, de même nature ou de nature différente ; alors que la Minga est plus simplement un travail collectif récurrent, comme la récolte, gratuit et réciproque, à des fins d'utilité sociale, généralement occasion festive elle aussi ; elle peut se dire aussi Minka (voir l'article en espagnol sous ce titre), Mink'a en quechua, ou Mingaco au Chili.</ref>) ; silos à grains et Qollqa : « greniers publics construits dans tout l'empire […] pour parer aux sécheresses, mauvaises récoltes et famines »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; partage et propriété collective des terres. Ensemble de caractéristiques qui, Modèle:Style, prévalaient déjà souvent dans les antiques cultures andines pré-incaïques, mais qui furent conservées, répandues ou amplement développées par les Incas.

Un empire et quatre régions

Fichier:Inca Empire South America.png
Les provinces du Tawantinsuyu.

Le système des Ceques sépare le monde Inca. Chacune de ces « voies », partants du temple de Qoricancha, contient ses propre ayllus (communautés andines) et panacas (Ayllus royaux)<ref name=":0" group="N" />. Certains panacas et ayllus sont du Chinchay suyu, du nord, d’autres du Kunti suyu, de l’ouest, et d’autres encore du Qulla suyu (du sud) et de l’Anti suyu (de l’est). À Cuzco les panacas de Chinchay et kunti suyu sont Hanan (haut Cuzco) tandis que ceux de Qulla et Anti suyu sont Hurin (bas Cuzco)<ref name=":1" />. Ceci représente l’idée de division quadripartite et d’opposition (entre Hanan et Hurin) dans les Andes<ref name=":0" />.

Ainsi cet empire était partagé en ces quatre régions, supervisées par un apu (« gouverneur ») membre de la famille royale. À chacune de ces régions était associé un étendard<ref>Cet étendard était une sorte de représentation du calendrier agricole semi-lunaire.</ref> de Modèle:Nobr qui s'appelait l'achank'ara, une couleur et une hauteur (« haute » ou « basse »). Il y avait ainsi :

  • Les deux régions hautes (« hanan ») :
    • le Chinchay Suyu situé au nord et associé à la couleur rouge,
    • le Qulla Suyu situé au sud et associé à la couleur bleue ;
  • Les deux régions basses (« uris » ou « hurin ») :
    • l'Anti Suyu situé à l'est et associé à la couleur verte ;
    • le Kunti Suyu situé à l'ouest et associé à la couleur jaune.

Ces suyus étaient à leur tour divisées en « groupe d'humains » (sous-unités administratives) qui correspondaient souvent à d'anciens royaumes. À leur tour, ces huammanis étaient divisées en « groupe d'humains sauvages (ou naturels) » ou encore tribus, qui eux-mêmes étaient divisés en ayllus (familles ou feux) ayant chacun leur marka : village en territoires étagés communautaires, selon l'organisation sociale andine traditionnelle préincaïque.

Zones de production

Modèle:...

Capitales provinciales

Les incas établissaient régulièrement des centres administratifs tout au long de leur empire. Des expemples sont Huanuco Pampa et Vilcashuaman. Les incas édifiaient ces centres administratifs afin de subvenir aux besoins de la réciprocité. Là des festivités étaient organisées pour les seigneurs en échange d’une main d’œuvre<ref name=":3" />.

Vers la fin du règne de Huayna Capac, Quito devint une deuxième capitale impériale. Ceci était principalement dû au long séjour de Huayna Capac dans le nord et au fait que l’empereur naquit dans la région de Quito à Tomebamba. Certaines sources prétendent qu’Atahualpa serait né à Quito et que sa mère fut une Quiténienne<ref name=":4" />,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Chronologie

D’après María Rostworowski, la victoire contre les Chancas à lieu dans les premières années du XV siècle<ref>Modèle:Ouvrage</ref>:

Pachacutec 40 ans
Pachacutec et Amaru Yupanqui 5 - 6 ans
Pachacutec et Tupac Yupanqui 14 - 15 ans
Tupac Yupanqui 10 ans
Huayna Capac 50 ans

La chronologie selon l’historien péruvien José Antonio del Busto Duthurburu<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>:

Règne Commentaires
Fondation de Cuzco 1285 Manco Capac envahit la vallée de Cuzco
Période légendaire 1305 Mort de Manco Capac et début du règne de Sinchi Roca
Période protohistorique

ou monarchique

Hurin Cuzco 1320 Règnes de Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui
Hanan Cuzco 1370 Règnes d’Inca Roca, Yawar Waqaq, Viracocha Inca
Période historique

ou impériale

Pachacutec 1425 Co-règne d’Amaru Yupanqui en 1467
Tupac Yupanqui 1471
Huayna Capac 1488 Jusqu’à sa mort en 1528

La chronologie basé sur les chroniques suivantes: "Suma y Narración de los Incas" de Juan de Betanzos (1551) et "El Señorío de los Incas" de Pedro Cieza de León (1880)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>:

Ordre Sapa Inca Règne Ordre Sapa Inca Règne
I Manco Capac 1240-1260 VII Yawar Waqaq 1360-1380
II Sinchi Roca 1260-1280 VIII Viracocha Inca 1380-1400
III Lloque Yupanqui 1280-1300 IX Pachacuti 1400-1440
IV Mayta Capac 1300-1320 X Tupac Yupanqui 1440-1480
V Capac Yupanqui 1320-1340 XI Huayna Capac 1480-1523
VI Inca Roca 1340-1360 XII Inti Cusi Hualpa (Huascar) 1523-1532

La chronologie d’après "Miscelánea antártica" de Miguel Cabello de Balboa (1586)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Elle est extrêmement critiqué pour la durée de plusieurs règnes et parce qu’elle ne coïncide pas avec les études archéologiques. Ici est inclu la correction de Howland Rowe, accepté par Kauffmann Doig, Ann Kendall, Alden Mason, et Robert Deviller<ref>Biadós Yacovazzo, Bernardo V. (2009). Hiltunen y como hace sus críticas a Zseminsky de Habich y Ponce Sanginés Universidad San Francisco de Asís, La Paz. Digitized in 2015 by University of California.</ref>. Cette dernière est elle aussi extrêmement critiquée, malgré sa popularité, parce qu’elle ne tient pas compte des données archéologiques récentes.

Ordre Sapa Inca Règne Durée Révision Ordre Sapa Inca Règne Durée Révision
I Manco Capac 945-1006 61

ans

1200-1230 VIII Viracocha Inca 1386-1438 50

ans

1410-1438
II Sinchi Roca 1006-1083 77

ans

1230-1260 IX Pachacuti 1438-1473 35

ans

1438-1471
III Lloque Yupanqui 1083-1161 78

ans

1260-1300 X Tupac Yupanqui 1473-1493 20

ans

1471-1493
IV Mayta Capac 1161-1226 65

ans

1300-1320 XI Huayna Capac 1493-1525 32

ans

1493-1528
V Capac Yupanqui 1226-1306 80

ans

1320-1350 XII Huascar 1525-1532 7

ans

1528-1532
VI Inca Roca 1306-1356 50

ans

1350-1380 XIII Atahualpa 1532-1533 1

ans

VII Yawar Waqaq 1356-1386 30

ans

1380-1410

La fondation du Cuzco et l'origine des Incas

Cuzco est une ville d'altitude (environ Modèle:Unité), d'une taille modérée, avec environ Modèle:Unité aujourd'hui. L'étymologie toponymique du nom de Cuzco n'est pas certaine, et diffère selon les sources que l'on choisit (les chroniqueurs espagnols comme Modèle:Lien ou l'Inca Garcilaso de la Vega) ou selon qu'on le rattache à une origine quechua (Qosqo ou Qusqu : le « nombril (du monde) »), ou aymara (qusqu wanka : le « rocher de la chouette ») ; ou encore le mot pourrait signifier à l'origine « tas inculte de mottes de terre » selon l'anthropologue finlandais Modèle:Lien<ref>Celui-ci dit en effet : « l'étymologie du nom est incertaine, il paraît avoir signifié, à l'origine "un tas de mottes de terre", ou, d'une façon générale "une terre dure, non cultivée" » Modèle:Ouvrage.</ref>, notion en accord avec la mission civilisatrice prêtée par la légende à l'ancêtre fondateur Manco Cápac.

Mais Cuzco était en tout cas la cité rassemblant la confédération de tribus dont émergea la caste dominante des Incas, qui en prit bientôt le contrôle et en fit par la suite la capitale de l'Empire, d'où rayonnaient toutes ses routes principales, et aussi les lignes symboliques rituelles des « ceques »<ref group="N" name=":0">Les Ceques étaient des alignements géographiques et topologiques anciens et délibérés (ou fortuits, récents et reconstitués a posteriori) de sites sacrés, de sanctuaires, de tombeaux (artefacts donc), de panacas ou de huacas : les huacas (du quechua wak'a) sont un concept religieux andin original qui renvoie à de nombreux objets comme les momies des ancêtres ou des éléments naturels particuliers comme des roches singulières, des sources, des montagnes, un lac ou une grotte « matriciels », et jusqu'aux astres comme le soleil et la lune ; les temples peuvent aussi être considérés comme huacas. Ces objets sont investis d'une dimension ancestrale (cosmogonique) et spirituelle sacrée, dans une perspective polythéiste aux confins de l'animisme et du fétichisme : voir le culte rendu aux Huacas de l'article religions du Pérou précolombien.</ref>. Un peu comme la Rome antique, mais surtout comme les « cités-États », ou les foyers civilisationnels et sanctuaires (Caral-Supe, Chavín, Tiwanaku, Pachacamac…) qui l'ont précédée dans les Andes, Cuzco est la cité véritablement fondatrice de l'empire à venir.

Origine légendaire

Fichier:Voyage historique de l'Amerique Meridionale, 1752 Le premier Ynca Manco Capac et la Reine Coya Mama Oello Huaco son Epouse toux deux Enfans ou Soleil rassemblent les sauvages. (21083105528).jpg
Illustration de 1752, extraite du Voyage historique de l’Amérique Meridionale : fait par ordre du Roi d'Espagne / par Don Georges Juan, et par Don Antoine de Ulloa et qui contient une Histoire des Yncas du Pérou et les Observations Astronomiques et Physiques, faites pour déterminer la figure et la Grandeur de la Terre. - tome second. - Transcription de la légende manuscrite : « Le premier Ynca Manco Capac et la Reine Coya Mama Ocllo Huaco son Épouse tous deux Enfans ou Soleil rassemblent les sauvages. »
Fichier:Brooklyn Museum - Manco Capac, First Inca, 1 of 14 Portraits of Inca Kings - overall.jpg
Manco Cápac, le premier Sapa Inca, Brooklyn Museum, Tableau du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Traduction de la légende : « Aiarmango Capac, Premier Roi du Cuzco ». La symbolique qui l'environne ici appartient semble-t-il plus au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qu'à l'époque incaïque véritable.

Selon la légende mythique transmise par l'Inca Garcilaso de la Vega<ref group="N">chapitre XVI, intitulé Fundación del Cozco ciudad imperial [Fondation du Cuzco, cité impériale], de son grand’œuvre : Comentarios Reales de los Incas [Commentaires royaux sur le Pérou des Incas], traduction de René L. F. Durand, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 2000 Modèle:ISBN.</ref>, le premier Inca Manco Cápac et sa sœur-épouse Mama Ocllo, nés de l'écume du Lac Titicaca, suivirent le souhait de leur père le Dieu-Soleil Inti et vinrent sur le site de Cuzco où ils lancèrent à plusieurs reprises une javeline d'or (ou une crosse, ou une baguette, selon les sources), cherchant un endroit où elle s'enfoncerait jusqu'à la garde, indiquant que la terre y était suffisamment meuble, épaisse et donc fertile<ref group="N">Utiliser une javeline pour éprouver la qualité du sol est un geste agricole assez courant, venu de la révolution néolithique et décrit par Alfred Métraux : « […] là où une baguette d'or, qu'il lançait de temps à autre pour connaître la nature du sol, s'enfonça profondément dans la terre » : Modèle:Ouvrage.</ref>. Ils trouvèrent cette terre d'élection près de la montagne Modèle:Lien<ref group="N">Le mont Wanakawri, en graphie espagnole Huanacauri, Modèle:Unité, tout proche de Cuzco au sud-est, était une des huacas (site ou objet sacré) parmi les plus importantes des Incas, impliquée notamment dans les rites initiatiques des jeunes de la noblesse : voir notamment le chapitre XI intitulé « Le mariage et l'éducation des enfants » du livre de Modèle:Ouvrage. Ce rite initiatique, consistant en une sorte de course marathon de montagne, est aussi mis en scène dans le tome I : Princesse du soleil, chap. 8, du roman d'Modèle:Ouvrage.</ref>, aujourd'hui site archéologique péruvien important du district de San Sebastian<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; ils fondèrent là leur ville à l’endroit choisi par le dieu et la nommèrent Qusqu (Cuzco), ayant par ailleurs reçu de lui une mission civilisatrice (notamment pour des innovations agricoles —dont la culture du maïs, et artisanales : voir la section Légende de Manco Cápac et Mama Ocllo de l'article dédié à Manco Cápac). On trouvera une forme développée de cette légende, avec des alternatives, à la section "Inca" de l'article dédié aux récits originels.

Interprétations de la légende

En deçà de l’horizon légendaire, qui exprime souvent sous forme allégorique une part de vérité, on a bien sûr étudié le véritable processus d’occupation de la vallée du Cuzco, à partir des données archéologiques et anthropologiques. Un relatif consensus se dégage pour établir que l’effondrement du royaume de Tiwanaku<ref group="N">(grandeur passée et respectée par les Incas, dont témoigne le centre cérémoniel, haut-lieu archéologique bolivien proche du Lac Titicaca, justement, avec la célèbre Porte du Soleil, Inti Punku en quechua, et le temple de Kalasasaya).</ref> au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à cause des rivalités entre ethnies autour du Lac Titicaca (Uros, Aymaras, etc.) et l’invasion des Aymaras dans l'Altiplano andin<ref>Waldemar Espinoza, Los Incas, chez Amaru Editores, troisième édition 1997, Lima, Modèle:P..</ref>, donnant naissance aux royaumes aymaras des Kollas et des Lupacas, a engendré des déplacements de populations importants. Entre autres, les quelques centaines de membres de l’ethnie Taipicala-Tiahuanaco, après une période semi-nomade, se seraient établis peu à peu dans la vallée fertile du fleuve Huatanay, processus qui culmine avec la fondation du Cuzco. L’éventuel personnage historique à l’origine de ce mythe du premier Sapa Inca, Manco Cápac, aurait été le fils du chef (nommé Apu Tambo) de cette ethnie. Ce chef aurait dirigé l’exode de son peuple depuis la province du Collao (au sud-ouest du Titicaca, département de Puno, Pérou) jusqu’à Tampu tocco<ref group="N">(« l'auberge aux fenêtres » en quechua).</ref> une grotte à Pacaritambo<ref group="N">(ou Paqariq tampu, en quechua, « le lieu de l’aube »).</ref> (province de Paruro), juste au sud de Cuzco. Manco Cápac serait né au cours de cet exode au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans le village de Maucallaqta dont on retrouve des ruines dans le district de Paccaritambo à Modèle:Unité au sud de Cuzco<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Cette hypothèse sur l'origine de l'ethnie Inca est donc celle de la migration progressive depuis le lac Titicaca et les restes de la civilisation Tiwanaku. C'est l'hypothèse la plus communément admise. À l'appui de cette thèse on peut trouver l'une des cosmogonies incas présentant la création du monde comme le surgissement hors des eaux du lac Titicaca du dieu Con Tiqui Viracocha qui créa Inti le soleil à qui il commanda de se lever derrière une roche noire, l'île du soleil qui émergeait en même temps du lac Titicaca (voir la section Inca de l'article Récit originel et l'article Viracocha). De même on peut noter que la langue officielle et sacrée de l'Empire inca, selon Modèle:Lien (linguiste péruvien spécialiste des langues andines), sera l'Aymara, la langue parlée justement au sud du lac Titicaca, alors que le Quechua sera la lingua franca (ou langue véhiculaire) de l'Empire, et la plus répandue.

Mais il existe une hypothèse alternative à cette origine « lacustre », qui propose une origine amazonienne à l'ethnie inca, dans les controverses qui entourent la datation du site archéologique de Modèle:Lien<ref>Modèle:Lien web.</ref>, une antique cité agricole inca découverte en 1979 dans la région péruvienne de Madre de Dios, département du sud-est du Pérou entièrement recouvert par la haute forêt amazonienne. Toute la question est de savoir si ce site, dont la marge d'erreur dans sa datation s'établit dans une fourchette entre le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, est antérieur ou postérieur à la migration de l'ethnie inca dans la vallée du Cuzco [voir « l'hypothèse amazonienne » de la section Origines de l'ethnie inca de l'article dédié à la Civilisation inca]. D'autres sources argumentent l'hypothèse amazonienne de l'origine des Incas à partir de certaines parentés linguistiques : Modèle:Citation bloc

Fondation

Fichier:Tahuantinsuyu quatripartition.jpg
Quadripartition du Cuzco et de l'Empire Inca : plan de la cité au temps des Incas. On peut y distinguer la forme du Puma qu’elle était censée présenter alors, ainsi que le cours des trois rivières qui la baignent et structurent son espace urbain : du nord au sud, les ríos Tullumayu, Huatanay et Chunchulmayu. Sont aussi indiqués précisément l'Est et l'Ouest par les levers et couchers du soleil aux solstices d'hiver (juin) et d'été (décembre).
Fichier:Cuzco-antiguo.png
Schéma précisant la répartition des quartiers du Cuzco au temps des Incas. En rouge le quartier de Hanan Qosqo, en orange Hurin Qosqo (haut et bas Cuzco), qui se sont partagé les lignages des différents empereurs. En vert les quartiers populaires.
Fichier:Tahuantinsuyu.JPG
Représentation des quatre régions de l’Empire Inca (ou Tahuantinsuyo, en transcription hispanique), à partir du Cuzco sa capitale en forme de Puma.

On ne connaît pas avec certitude la date, même approximative, de la fondation du Cuzco, mais grâce aux vestiges archéologiques, on s’accorde généralement pour dire que l’emplacement où se situe la cité était déjà habité il y a Modèle:Nombre. Mais même en ne prenant en compte que la ville historique en tant que capitale de l’Empire Inca (deuxième moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), le Cuzco apparaît comme l’une des villes les plus anciennes de toute l’Amérique.

De même on pense que la restructuration du plan de la cité est l’œuvre du Sapa Inca IX Pachacútec. Le plan du Cuzco antique avait schématiquement la forme d’un puma (un des trois archétypes animaux sacrés des Incas avec le condor et le serpent géant<ref name="Perú Excepción">Modèle:Lien web.</ref>) : la place centrale Haucaypata comme poitrail du félin, sa tête se situant sur la colline où était solidement établie la forteresse de Sacsayhuamán gardant la cité.

Des chroniques anciennes comme celles de Pedro Sarmiento de Gamboa (1530-1592) affirment l’existence de groupes ethniques dans la vallée du Cuzco avant l’arrivée des Incas et l’avènement de l’Empire Inca. Il mentionne les Guallas, les Sahuasiray et les Antasayas comme les peuples les plus anciens, puis les Alcavistas, les Copalimaytas et les Culunchimas considérés comme des peuplements plus récents<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. De même on doit noter que les Ayarmaca (n’oublions pas que le premier nom de Manco Cápac était Ayar Manco<ref group="N">(d'ailleurs, il est probable, comme l'affirme l'article de Wikipédia en espagnol "Ayarmaca" à partir des ouvrages de María Rostworowski, qu'Ayar Auca, frère d'Ayar Manco dans Légende des frères Ayar, était le chef de la tribu des Ayarmacas).</ref>) habitaient eux aussi la région<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref> [voir la section Légende des frères Ayar de l'article dédié à Manco Cápac] ; ils étaient au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une survivance de l'Empire préincaïque Huari, et ils furent les seuls à n’être pas soumis par les Incas, devenant un temps leur principaux rivaux pour la domination de la contrée<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Cuzco fut la capitale et le siège du gouvernement de la Confédération cuzquénienne des tribus de la vallée puis du premier Royaume Inca (quand les incas prirent le contrôle de la Confédération), et elle l’est restée à l’époque impériale, devenant la ville la plus importante des Andes et de toute l’Amérique du Sud. Le centralisme de l’Empire, convergeant sur la personne de l’Inca suprême dont elle était le séjour majoritaire, a contribué à donner une aura à la Cité qui l’a amenée à son apogée et en a fait le principal foyer culturel et le grand axe, le carrefour du culte religieux, comme le cœur de la machine administrative de l’Empire.

Fichier:Sacsayhuamán Décembre 2006 - Vue Panoramique - Pleine résolution.jpg
Forteresse inca de Sacsayhuamán (décembre 2006 - Vue Panoramique). Les trois murailles successives en dents de scie sont censées représenter le museau et les dents du Puma dans le plan d'urbanisme pré-colombien de Cuzco. Le site a été le théâtre d'une grande bataille lors du soulèvement de Manco Inca et les ruines sont présentement un site touristique, mais aussi mémoriel et cérémoniel. La date exacte d'édification de ces murs ainsi que l'ajustement précis et le déplacement de blocs mégalithiques (peut-être jusqu'à Modèle:Nobr) représentent un mystère pour une civilisation n'ayant pas inventé la roue et ne connaissant pas les métaux durs.

Histoire

Contexte de formation de l'empire

À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres<ref group="Favre" name="Favre14">Modèle:Harvsp.</ref>. Ces petites puissances régionales s'affrontent dans des guerres locales. Les Incas participent à une confédération avec d'autres groupes en occupant dans un premier temps un rang subordonné et non dominateur<ref group="Favre" name="Favre14"/>. Ils adoptent la langue quechua, qui devient la lingua franca du plateau andin — ils la propageront ensuite sur tout le territoire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La confédération repose sur deux moitiés : le hanan, la moitié du haut, formée par les peuples originaires de l'endroit et le hurin, la moitié du bas dont font partie les Incas. Le hanan détient les pouvoirs politiques et religieux et le hurin les pouvoirs militaires. Cette répartition des pouvoirs explique en partie la montée en puissance par les armes du groupe inca<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Premiers souverains incas

Sous Sinchi Roca, puis Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui, ils renforcent leur position dans le bassin de Cuzco. Pour avoir pillé les villages aux alentours et repoussé les attaques adverses, on leur reconnaît un rôle prépondérant dans la confédération. Ainsi, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération, et les Incas imposent leurs lois à toutes les tribus<ref group="Favre" name="Favre18">Modèle:Harvsp.</ref>.

Son successeur, Yahuar Huacac, n'est pas aussi brillant et une conspiration met fin à son règne. Mais vers 1400, les Incas reprennent leur expansion avec Viracocha Inca. Malgré tout, leur territoire ne dépasse pas un rayon de quarante kilomètres autour de Cuzco<ref group="Favre" name="Favre18"/>.

Expansion de l'empire et règne de Pachacutec

Modèle:Article détaillé

Fichier:Pachacuti murua.jpg
Pachacutec, Sapa Inca IX (empereur), qui régna entre 1438 et 1471, ici dessiné par Martín de Murúa (chroniqueur espagnol du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).

Avec Viracocha, l'empire inca conforte sa domination sur la région et étend son territoire. Mais vers la fin de son règne, les Chancas, ethnie de tradition nazca, menacent l'empire. En 1438, ils envahissent les terres fertiles autour d'Abancay et marchent vers Cuzco<ref group="Favre" name="Favre18"/>. Viracocha abandonne la ville et se réfugie avec son fils héritier Urqu dans la citadelle de Calca. Mais un autre de ses fils, Pachacutec reste dans la cité et organise sa défense. Après l'échec d'un premier assaut (bataille de Carmenca), Pachacutec poursuit les Chancas, et, aidé par quelques tribus alliées, les met définitivement en déroute (bataille de Yahuar Pampa). Cette victoire amorce la véritable extension de l'empire inca, qui comprend désormais plus que les seuls territoires voisins de leurs localisation originelle<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Pachacutec, désormais empereur, reprend une à une les villes conquises par les Chancas. De 1445 à 1450, Pachacutec étend son territoire jusqu’au lac Titicaca (voir guerre inca-colla)<ref group="Favre" name=":0">Modèle:Harvsp.</ref>.

De plus, il envoie son frère et général Capac Yupanqui conquérir plusieurs états au nord de Cuzco, mais celui-ci va préparer un coup d’État pour renverser Pachacutec (voir guerre inca-huanca et guerre inca-cajamarca). C’est pourquoi Capac Yupanqui est exécuté aux ordres de Pachacutec<ref name=":0" group="Favre" />.

Corégne d’Amaru

Modèle:Article détaillé Pachacutec, vieillissant, décide de nommer successeur et co-régent son fils préféré, Amaru Yupanqui; mais ce dernier se montra incapable d’accomplir ses obligations militaires<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. L’empereur, alors attristé par ce fait, décide de faire la sourde oreille concernant les capacités militaires de son fils<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Mais à la suite d'une révolte dans le Collao qui montra d’avantage les défauts du prince héritier, Pachacutec prend enfin la décision de le remplacer<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cependant Amaru Yupanqui abdique par lui-même avant que cela ne peut arriver<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Apogée de l'Empire

Règne de Tupac Yupanqui

Modèle:Article détaillé

Fichier:Brooklyn Museum - Tupac Yupanqui, Eleventh Inca, 1 of 14 Portraits of Inca Kings - framed.jpg
Tupac Yupanqui, Sapa Inca X (et non onzième comme il est indiqué au frontispice de ce tableau du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), conservé au Brooklyn Museum.

En 1463, suivant l’abdication d’Amaru Yupanqui, Pachacutec lève une armée qu’il confie à son nouvel héritier, Tupac Yupanqui, afin de soumettre à l’autorité des Incas les immenses territoires séparant Cajamarca de Cuzco. Après les Anqara, les Huancas et les Wayla, les Chimús, dirigés par Minchansaman, tombent à leur tour (vers 1470 dans la guerre chimú-inca), sans opposer de résistance significative.

Les succès militaires s’expliquent par l’existence d’une caste de jeunes nobles très entraînés et par la constitution d’une armée permanente qui peut atteindre rapidement toutes les parties de l’empire en cas de troubles. Les populations hostiles sont déplacées à l’intérieur du pays et remplacées par des sujets loyaux envoyés en mitimaes (colons).

Les Incas intègrent les techniques chimú de métallurgie, de tissage et de céramique de masse. Ils bâtissent de nouvelles villes dans les territoires conquis pour régler les affaires économiques et militaires. Les administrateurs de l’Inca prélèvent environ 66 % de taxes sur les produits agricoles et manufacturés (tissus et bière de maïs par exemple) et exigent la corvée d’État (mit’a) pour l’exécution de grands travaux (routes, irrigation, drainage, terrassement agricole, carrières, mines, construction des forteresses et des villes nouvelles).

Tupac Yupanqui meurt assassiné en 1493 au terme de complots incessants. Son fils Huayna Capac lui succède<ref group="Favre" name="a" />.

Règne de Huayna Capac

Modèle:Article détaillé Huayna Capac doit faire face à d’incessantes révoltes dans l’extrême nord de l’empire, ou l’éthique de la réciprocité et les liens culturels qui lie les peuples des Andes peruvienne et de l’altiplano andin. Ainsi il soumet définitivement les Kara, ou Caranquis, les Quitus, les Pastos et les peuples du golfe de Guayaquil<ref name=":0" />. Rien ne peut arrêter l’expansion de l’empire qui s'étend jusqu’au sud de l’actuelle Colombie<ref name="a" group="Favre" />.

À son apogée, l'empire inca s'étend sur le Pérou (berceau originel), la Bolivie, l'Équateur et une partie de la Colombie, de l'Argentine et du Chili, soit plus de Modèle:Unité. Des objets incas sont retrouvés dans une grande partie de l'Amérique du Sud, jusqu'à la côte atlantique du Brésil<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Conquête espagnole, déclin et chute de l'empire

Fichier:Francisco Pizarro.png
Francisco Pizarro en 1528.

Modèle:Article détaillé Modèle:Article connexe

Premiers contacts avec les Espagnols

Les premiers contacts entre l'empire inca et les conquistadors espagnols menés par Francisco Pizarro et Diego de Almagro ont lieu entre 1526 et 1528 près de Tumbes, sur la côte nord de l'empire. Huayna Capac aurait même, selon certains historiens, reçu des nouvelles de l’arrivée des espagnols<ref name=":3" />. Mais Pizarro et ses hommes ne restent pas, et ce n'est qu'en 1532, après être retourné en Espagne, que Pizarro pénètre véritablement sur le territoire inca<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Guerre de succession

Modèle:Article détaillé Dès 1527, la variole apportée par les colonisateurs fait de nombreuses victimes. L'empereur Huayna Capac y succombe et meurt sans avoir choisi de successeur. Ses deux fils se disputent alors la succession et l'empire se divise en deux : Atahualpa au Nord et Huascar au Sud. La guerre civile fait rage et c'est finalement Atahualpa qui prendra le dessus<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} David T. Garrett, Shadows of empire: the Indian nobility of Cusco, 1750-1825, Cambridge University Press, 2005, Modèle:P..</ref>.

Retour des Espagnols et capture d'Atahualpa

Francisco Pizarro est de retour en 1532 à la tête de 180 Espagnols. Mais ils ne sont alors pas perçus comme une menace, au contraire : selon une légende inca, le dieu Viracocha devait revenir sur terre pour rétablir paix et prospérité dans l'empire. Pizarro est assimilé à ce personnage mythique et est accueilli sans crainte.

Fichier:Spanish and inca empires by 1531.png
Les Empires inca et espagnol à l’époque de la conquête

Le Modèle:Date, à l'issue de la prise de Cajamarca par les troupes de Pizarro, Atahualpa est capturé par les Espagnols<ref>Paul K. Davis, 100 Decisive battles: from ancient times to the present, Oxford University Press, 2001, Modèle:P..</ref>. Dès lors, les Incas n'osent pas les attaquer de peur de mettre en danger la vie de leur empereur-dieu. Alors qu'Atahualpa est aux mains des Espagnols, ses armées prennent enfin le contrôle de tout le territoire et réunifient l'empire<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais Pizarro alimente les querelles et encourage la rébellion des peuples dominés par les Incas : l'empire se morcelle. Toutefois, les Incas espèrent encore et souhaitent retrouver leur empereur. Pizarro propose une rançon : la pièce où est enfermé Atahualpa doit être remplie d'or. Les Incas obéissent mais Pizarro ne tient pas sa promesse et fait exécuter l'empereur déchu le Modèle:Date<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Les raisons de cette chute rapide sont divers. D‘un côté la guerre civile et la variole ont ravagés l‘empire. Il faut également tenir compte du manque de capacités militaires d‘Atahualpa. Mais la raison principale pour le déclin de l‘empire est le vœu de liberté des seigneuries locales. Malgré une volonté subconsciente d’unification et d’assimilation culturelles, les incas ne peuvent enlever le souvenir de liberté dans les populations des Andes. L‘empire Andin n‘a pas réussi à créer une véritable identité patriotique avant l’arrivée des espagnols. Ainsi, dans leur vœu de liberté, les seigneurs locaux, du moins ceux qui ont été soumis par les armes, s‘allient aux nouveaux venus. Certains seigneurs croient même pouvoir obtenir une encomienda en récompense. Cependant les seigneurs vont non seulement perdre leur supposée liberté mais leur culture et leurs peuples vont également être méprisés. Le sentiment de regret qui s‘en suit a pour résultat une certaine nostalgie pour les temps anciens<ref name=":3" />.

Dernières résistances

Les Espagnols se lancent alors à la conquête de tout le territoire, soutenus par les peuples rebelles. Arrivés à Cuzco le Modèle:Date, ils pillent la ville et mettent sur le trône le demi-frère de Huascar, Manco Inca. Celui-ci, à la solde des Espagnols, est totalement impuissant face à la dislocation de l'Empire inca<ref>The Cambridge history of the native peoples of the Americas, Cambridge University Press, 2000, Modèle:P..</ref>. Il essaye tout de même de lancer une insurrection en 1536, reprend une partie du pays, mais échoue à reprendre Cuzco puis Lima. La guerre dure jusqu'en 1545, date à laquelle Manco Inca est assassiné<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Rois de Vilcabamba

Modèle:Article détaillé Les Incas se replient alors sur Vilcabamba, une ville protégée de par sa position géographique dans la montagne. Un noyau de résistance inca y subsistera jusqu'en 1572, dirigé par Tisoc, Manco Inca, Sayri Túpac, Titu Cusi et Túpac Amaru successivement. Partout ailleurs, l'hégémonie espagnole est totale<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

La résistance aura un sursaut aux {{#switch: XVIII

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}}, le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’antique empire du Tahuantisuyu.

Conséquences humaines et sociales de la conquête

La conquête espagnole s'accompagne de pillages, d'apport de maladies qui déciment les populations, de la famine (ce que les Incas, un peuple prospère, n'avaient jamais connu du fait de l'utilisation de silos de réserve de nourriture pour faire face aux mauvaises années), de l'asservissement des Indiens et de l'évangélisation forcée de la population, intitulée par les nouvelles autorités religieuses : « extirpation des idolâtries »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, confiée dès les débuts du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à des « Visiteurs »<ref group="N">Les "Visiteurs" de la Vice-royauté du Pérou (ou Visitadores en espagnol) étaient probablement nommés ainsi par analogie avec les Visiteurs apostoliques envoyés par le Pape, et par distinction avec les Inquisiteurs.</ref> : juges ecclésiastiques<ref name="Métraux">Modèle:Ouvrage.</ref> qui, en tournées d'inspection dans les villages, avec notaires, assistants et force de police, traquaient sans pitié les pratiques « superstitieuses », poussaient à la dénonciation sous couvert de confession, et soumettaient les suspects à la torture à l'instar de la « question » pratiquée par l'Inquisition (qui pour sa part n'avait pas juridiction sur les Indiens d'Amérique du Sud<ref name="Métraux"/>). Les enquêtes et l'évangélisation forcée vont se faire essentiellement en langue quechua et certains peuples, jusqu'alors insoumis aux Incas, devront eux aussi apprendre cette langue qui est aujourd'hui encore parlée par sept millions de personnes en Amérique du Sud.

Fichier:Evolution Empire Inca.pdf
Courbes démographiques des populations amérindiennes des Andes de 1492 à 2010 (en rouge : Pérou, en bleu : Équateur, en vert : Bolivie).

La démographie indigène durant la colonisation est la suivante :

La terrible chute de population, enregistrée à partir de 1575, correspond à la « pacification » définitive du Pérou et à la généralisation du travail forcé dans les encomiendas<ref>(opus cité) : Modèle:Ouvrage.</ref> et les mines<ref>(opus cité) : Modèle:Ouvrage.</ref>, où près de cinq millions d'Indiens périrent en moins de vingt ans<ref>Rappel : sur le détournement à leur profit par les colons espagnols du régime de la mita inca (ou corvée "citoyenne", si l'on peut dire par anachronisme), voir notamment (opus cité) : Modèle:Ouvrage, où Carmen Bernand cite de larges extraits du livre de Nathan Wachtel : Modèle:Ouvrage, où celui-ci explique comment le tribut colonial a brisé le circuit redistributif que permettait le tribut inca.</ref>. La première phase d'effondrement de la population, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, était due tout d'abord aux massacres liés à la Conquista, mais aussi à l'intrusion de nouveaux virus apportés par les conquistadors contre lesquels les indigènes n'avaient pas développé de défense immunitaire, et qui ont donné lieu à des épidémies ravageuses de variole, de grippe et de rougeole. Enfin, « des famines résultant de la dislocation de la vie économique et sociale s'ajoutèrent aux horreurs de la guerre et de la colonisation », parce que « […] la conquête brisa l'équilibre de l'ordre économique et social de l'Empire inca. La distribution même de la population fut changée. […] Il en résulta un effondrement de tout ce qui contribuait à la cohésion des communautés »<ref>Voir notamment : Modèle:Ouvrage.</ref>.

Organisation politique et administrative

Gouvernement et administration

L'empire est divisé en quatre régions, Chinchasuyu, Antisuyu, Cuntisuyu et Collasuyu, de la même manière que la ville de Cuzco est divisée en quatre « districts ». D'après les chroniques, ces grandes zones sont elles-mêmes subdivisées en unités de Modèle:Nombre, subdivisées à leur tour en unités de mille, de cent puis de dix familles. Mais les historiens modernes estiment que cette division était d'abord comptable, la véritable structuration étant celle des chefferies et des ayllus<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'empereur est conseillé par quatre apu, représentant les quatre régions de l'empire. Au-dessous des apu se trouvent les gouverneurs de provinces, les tukriquq, représentant l'empereur localement. Ils sont entourés de kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des quipus<ref>Houdaille Jacques. « La population du Pérou depuis le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIe{{#if:|  }} }} siècle », in Population, Modèle:29e année, Modèle:N°, 1974, Modèle:P.. DOI : 10.2307/1530816. Modèle:Lire en ligne</ref>, des cordelettes de couleur dont les nœuds fondent un système de calcul. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Les chefs locaux dirigeant les chefferies s'inscrivaient en parallèle de cette organisation de l'administration impériale, même si les Incas essayèrent de les y intégrer. Ils étaient soumis à l'empereur dans un rapport plus personnel<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Par ailleurs Tupac Yupanqui créa un conseil de l'Empire, composé de seize conseillers venant des six régions de l’empire<ref>Modèle:Article.</ref>.

Relations politiques

Relations politiques entre la caste inca et ses sujets

Les relations entre les sujets de l’empire et la caste de nobles incas (appelé par les espagnols les « Orejones « , en français les oreillards) étaient basé sur la réciprocité et le mutualisme dans les Andes (voir Ayni, Mink’a et Mita). Ainsi, dans un empire qui n’avait pas de monnaie et où les marchés n’existaient pas, ces anciennes coutumes règlementaient la société<ref name=":1" />. La caste inca n’était pas directement lié aux peuples conquis mais à leur seigneurs. Chaque seigneur soumis entretenait des liens de réciprocité avec l’empereur inca. Ainsi, les souverains incas organisaient régulièrement des festivités, principalement à moyen de butin de guerre, pour les seigneurs locaux, et en retour ces derniers leur confiaient leur main d’œuvre, avec laquelle les incas pouvaient construire des auberges (Tampu), des entrepôts (Qollqa), et pouvaient se consacrer à l’amélioration des chemins Incas. Cette infrastructure était nécessaire pour l’empire, puisque les chemins étaient la seul chose qui unissait les multiples vallées dans les Andes<ref name=":1" />. Sans auberges sur les routes les armées et les habitants n’auraient pu parcourir de longue distance sur ces chemins si importants. Et ainsi la réciprocité était une obligation sans laquelle l’empire n’aurait pu se constituer, puisque Pachacutec, avant de s’engager dans ses premières campagnes militaires, agrandit ses liens réciproques en utilisant le butin de guerre Chancas pour montré sa « générosité » institutionnelle, puis de fair sa requête réciproque<ref name=":3">Modèle:Ouvrage</ref>.

Les seigneurs locaux avaient quand à eux des liens réciproques avec leur sujets, c’est à dire les différents ayllus (communautés andines) qui les composaient<ref name=":2" />. En effet, dans le communalisme des Andes, une personne n’étaient pas entière avant qu’elle ne fasse partie de l’une de ces communautés. En plus de cela les huacas (sanctuaires, divinités, objets sacrés) et les souverains Inca étaient également liés par des liens de réciprocité<ref name=":2" />.

Relations politiques au sein de la caste inca

Les relations entres les différents panacas étaient également basés sur la coutume de réciprocité, mais de manière non-institutionnelle. Par ailleurs les relations entres ces clans si puissants au sein du gouvernement inca étaient extrêmement tendues, chaque panaca voulant conquérir le pouvoir. Les souverains incas décédés étaient, sous forme de momies, dans les mains de leur panacas respectives, et c’est leur panacas qui détenaient de facto les terres que les souverains incas, même morts, détenaient de jure. Ainsi les intrigues de cour étaient très fréquentes. Des exemples sont la venu au pouvoir de Pachacutec, qui, d’après María Rostworowski, n’était pas le fils de Viracocha, mais appartenait au lignage (panaca) d’Iñaca Panaca; ou encore le coup d’état échoué de Capac Huari contre son frère Huayna Capac, ainsi que la guerre de succession inca<ref name=":1" />.

Économie

Politique économique impériale

L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.

Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.

Corvées et mobilisation de la main d'œuvre

Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, faite sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.

Les travaux agricoles étaient divisés en trois :

  • la part de l'Inca et de la famille royale;
  • celle de chaque détenteur de lopin de terre, pour subvenir aux besoins de sa famille;
  • celle qui appartenait au village, afin de subvenir aux besoins des plus démunis. Un système d'entraide entre les familles était très développé. En plus des terres collectives, il existait des réserves qui permettaient de pallier le manque en cas de famine, ou quand venait une délégation de l'Inca.

Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.

Réciprocité et redistribution

Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.

La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes et des centres administratifs.

Organisation militaire

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Volonté de conquête permanente

Selon certaines sources, les Incas justifiaient leurs conquêtes en invoquant une mission civilisatrice, comme les Espagnols le feront ensuite avec eux. Ils affirmaient apporter aux « tribus barbares » les bonnes mœurs, des techniques agricoles et la pacification<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref>. Toutefois les Incas ne semblent pas avoir été particulièrement belliqueux. Henri Favre<ref group="Favre" name="Favre29">Modèle:Harvsp.</ref> estime que c'est plus un concours de circonstance qui engendra l'impérialisme inca : leur victoire inattendue sur les Chankas perturba l'équilibre militaire local. Les Incas montant en puissance, les tribus voisines s'en inquiétèrent, furent défaites à leur tour, et l'empire Inca grandit ainsi, les conquêtes provoquant les guerres qui engendraient à leur tour de nouvelles conquêtes<ref group="Favre" name="Favre29"/>.

En revanche, María Rostworowski estime que la réciprocité avait aussi un rôle important dans l’expansion de l’Empire Inca. Selon elle, la solution directe pour subvenir aux besoins de la réciprocité, c’est à dire aux obligations qui liaient les empereurs incas avec les seigneurs locaux, était la conquête de nouveaux territoires afin de les exploiter. Mais à long terme cela créait plus de liens réciproques. Et cela provoquait plus de conquête. Et ainsi de suite<ref name=":3" />. Le maintien d'expéditions de conquête au-delà des frontières joua par ailleurs encore un autre rôle de cohésion sociale fondamental dans l'empire. Ces guerres répétées facilitèrent l'intégration et unirent tous les peuples soumis par les Incas dans une même entreprise commune<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>, l’adhésion à l’armée du Tahuantinsuyu.

Infrastructures impériales

Voies de communication

Réseau routier

Modèle:Article détaillé

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Le maillage du réseau routier des Incas, le Qhapaq Ñan ou chemin royal, aujourd'hui Modèle:Citation.

Les Incas améliorèrent le réseau laissé par la civilisation Huari, qui leur permit de sillonner l'ensemble de l'empire rapidement malgré le terrain accidenté. Le plus célèbre exemple de ces routes est le « Qhapaq Ñan » (« chemin royal » en quechua, appelé « Chemin de l'Inca » en français) : c'était l’axe principal du projet économique et politique de l’empire inca, long de plus de Modèle:Unité. Son tracé principal joint les villes de Pasto en Colombie, Quito et Cuenca en Équateur, Cajamarca et Cuzco au Pérou, l’Aconcagua en Argentine et Santiago du Chili. Cet axe principal, essentiellement montagnard, était redoublé d'un deuxième axe qui longeait la côte pacifique, les deux étant joints par des chemins de traverse.

Fichier:Chasqui3.JPG
Chasqui ou messager de l'empereur avec sa trompe d'alerte en coquillage (le pututu), et tenant à la main les quipus (ou écheveau de cordelettes à nœuds) qui portent le message chiffré du courrier, et un qipi (sac) sur son dos pour porter les objets à livrer.

C'était un élément majeur pour le contrôle de l'empire et les déplacements militaires. Des auberges (tambos) tous les 20 ou Modèle:Unité —relais incas parfois plus importants de type caravansérails, mais aussi des postes de garde et des ponts se trouvaient le long de ces routes, larges parfois de Modèle:Unité et parfois pavées. Un réseau secondaire de routes transversales, long de près de Modèle:Unité, reliait le Qhapaq Ñan à la côte et au bassin amazonien : « L’Empire Inca dans son ensemble était interconnecté par un réseau routier de quelque Modèle:Unité en tout qui, en tant que prouesse d’ingénierie, égalait ou même surpassait tout ce qui était connu en Europe [à la même époque, Modèle:Ndt] »<ref>Traduit de : Modèle:Harvsp, page 3.</ref>.

Système de messagers

Modèle:Article détaillé Les incas avaient installé, le long de ces voies de communication, des tambos ou caravansérails, prêts à accueillir à tout moment les voyageurs. Grâce à un système de « coureurs à relais », les chasquis, ils envoyaient des messages avec une rapidité étonnante aux points les plus éloignés de l'empire. On estime ainsi qu'il fallait moins d'une semaine à un message pour aller de Cuzco à la frontière nord de l'empire, distante de plus de Modèle:Unité<ref group="Favre">Modèle:Harvsp.</ref>.

Ouvrages militaires

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Symboles et devise

La devise de l'empire était : ama sua, ama quella, ama llulla signifiant « ne pas voler, ne pas paresser, ne pas mentir »<ref>La indianidad: the indigenous world before Latin Americans Par Hernán Horna, p. 61</ref>. Le Wiphala ou Huipala, drapeau arc-en-ciel à sept bandes, est considéré comme le symbole de l'empire Inca ; il est au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle utilisé comme symbole d'identification nationale et culturelle par les peuples andins d'origine indigène.

Hommages

Notes et références

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Notes

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Références

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  • Autres références :

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Annexes

Articles connexes

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Bibliographie

Liens externes

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