Théorème de Taylor

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
(Redirigé depuis Formule de Taylor-Lagrange)

Modèle:Voir homonymes

Fichier:Taylor approximation of natural logarithm.gif
Représentation de la fonction logarithme (en noir) et des approximations de Taylor au point 1 (en vert).

En mathématiques, plus précisément en analyse, le théorème de Taylor (ou formule de Taylor), du nom du mathématicien anglais Brook Taylor qui l'établit en 1715, montre qu'une fonction plusieurs fois dérivable au voisinage d'un point peut être approchée par une fonction polynomiale dont les coefficients dépendent uniquement des dérivées de la fonction en ce point. Cette fonction polynomiale est parfois appelée polynôme de Taylor.

Définition

Formulation standard

De manière plus précise, soit :

Alors pour tout nombre réel <math>x</math> appartenant à <math>I</math>, on a la formule de Taylor-Young Modèle:Infra :

<math>f(x) = f(a)
+ \frac{f'(a)}{1!} \, (x - a)
+ \frac{f^{(2)}(a)}{2!} \, (x - a)^2
+ \cdots
+ \frac{f^{(n)}(a)}{n!} \, (x - a)^n
+ R_n(x)</math>

ou de façon équivalente :

<math>f(x) = \sum_{k=0}^n \frac{f^{(k)}(a)}{k!} \, (x-a)^k + R_n(x)</math>

où le reste <math>R_n(x)</math> est une fonction négligeable par rapport à <math>(x-a)^n</math> au voisinage de <math>a</math>.

Autre formulation

Par simple changement de variable de <math>x</math> en <math>a + h</math>, la formule de Taylor-Young peut aussi s'exprimer sous la forme :

<math>f(a + h) = f(a)
+ \frac{f'(a)}{1!} \, h
+ \frac{f^{(2)}(a)}{2!} \, h^2
+ \cdots
+ \frac{f^{(n)}(a)}{n!} \, h^n
+ R_n(a+h)</math>

ou de façon équivalente :

<math>f(a + h) = \sum_{k=0}^n \frac{f^{(k)}(a)}{k!} \, h^k + R_n(a+h)</math>

où le reste <math>R_n(a+h)</math> est une fonction négligeable par rapport à <math>h^n</math> au voisinage de 0 (c'est-à-dire pour <math>h</math> petit).

Expressions et estimations du reste

En présentant cette formule en 1715<ref>Taylor, Methodus incrementorum directa & inversa, Prop.VII, theo. III, Modèle:P..</ref>,<ref>L'article consacré à Taylor précise que : Modèle:Citation</ref>,<ref>Dans son ouvrage Calcolo differenziale e principii di calcolo integrale (1884), p. XVII, Giuseppe Peano signale qu'en 1694, Jean Bernoulli donna une formule équivalente à la formule de Taylor. cf. Jean Bernoulli, Additamentum effectionis omnium quadraturarum & rectificationum curvarum per seriem quandam generalissimam, Opera Omnia, Modèle:Tome, Modèle:P..</ref>, Taylor propose ainsi une méthode de développement en série<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Brook Taylor (trad. Ian Bruce), Methodus incrementorum directe et inversa, proposition VII, théorème III, Corollaire II, Londres, 1715, Modèle:Lire en ligne.</ref>, mais sans se préoccuper du reste <math>R_n(x)</math>. En effet, pendant tout le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les mathématiciens n'établissent pas encore de différence entre développement limité et développement en série entière. C'est Joseph-Louis Lagrange qui, en 1799, soulignera le premier la nécessité de définir rigoureusement ce reste<ref>Jean-Luc Chabert & al. Histoire d'algorithmes, du caillou à la puce, Belin, (1993), p.455</ref>,<ref>Joseph-Louis Lagrange, Leçons sur le calcul des fonctions, 1799, réédité en 1806, leçon neuvième, p. 88 : « Tant que ce développement ne sert qu'à la génération des fonctions dérivées, il est indifférent que la série aille à l'infini ou non ; il l'est aussi lorsqu'on ne considère le développement que comme une simple transformation analytique de la fonction ; mais, si on veut l'employer pour avoir la valeur de la fonction dans les cas particuliers, comme offrant une expression d'une forme plus simple […], alors, ne pouvant tenir compte que d'un certain nombre plus ou moins grand de termes, il est important d'avoir un moyen d'évaluer le reste de la série qu'on néglige, ou du moins de trouver des limites de l'erreur qu'on commet en négligeant ce reste. »</ref>. Les propriétés de celui-ci s'énoncent différemment selon les hypothèses sur la fonction.

Formule de Taylor-Young

Cette formule porte le nom de William Henry Young.

Si la fonction <math>f</math> (à valeurs réelles ou complexes, ou même dans un espace normé) est dérivable en <math>a</math> jusqu'à l'ordre <math>n \geq 1</math> , alors la fonction <math>R_n(x)</math> est négligeable devant <math>(x-a)^n</math> :

<math>{R_n(x)} = o({(x-a)^n}).</math>

La formulation suivante est équivalente :

<math>\lim_{x \to a \atop x \ne a} \frac{R_n(x)}{(x-a)^n} = 0.</math>

L'énoncé se démontre par récurrence simple, à l'aide d'une « intégration » terme à terme d'un développement limité<ref name="Wikiversité">Modèle:Note autre projet</ref>, ou encore par application itérée de la règle de l'Hôpital<ref>Modèle:Note autre projet</ref>.

Formule de Taylor-Lagrange

Cette formule porte le nom de Joseph Louis Lagrange.

Si la fonction <math>f</math> est à valeurs réelles et est dérivable sur <math>I</math> jusqu'à l'ordre <math>n+1</math>, alors, pour tout <math>x\in I\setminus\{a\}</math>, il existe un nombre réel <math>\xi</math> strictement compris entre <math>a</math> et <math>x</math> tel que

<math>R_n(x) = \frac{f^{(n+1)}(\xi)}{(n+1)!} \, (x-a)^{n+1}.</math>

Cette relation s'appelle également la forme de Lagrange. L'existence de <math>\xi</math> se déduit directement<ref name=Wikiversité/> du théorème de Rolle (ou de sa variante, le théorème des accroissements finis<ref name=Burnol/>).

Le nombre <math>\xi</math> est parfois noté <math>a + (x-a) \theta</math>, et la condition qu'il soit compris entre <math>a</math> et <math>x</math> s'écrit alors <math>0 < \theta < 1</math>.

Inégalité de Taylor-Lagrange

S'il existe <math>M</math> tel que

<math>\forall y \in I \quad | f^{(n+1)}(y) | \le M,</math>

alors, pour tout <math>x\in I</math> :

<math>|R_n(x)| \leq \frac{M|x-a|^{n+1}}{(n+1)!}.</math>

Formule de Taylor-Cauchy

Cette formule porte le nom d'Augustin Louis Cauchy.

C'est une variante de la formule de Taylor-Lagrange<ref name=Burnol>Formules de Taylor, cours de Jean-François Burnol.</ref>,<ref>Modèle:MathWorld.</ref>. Si la fonction <math>f</math> est à valeurs réelles et qu'elle est dérivable sur <math>I</math> jusqu'à l'ordre <math>n+1</math> alors, pour tout <math>x \in I \setminus \{ a \}</math>, il existe un nombre <math>\xi</math> strictement compris entre <math>a</math> et <math>x</math> tel que

<math>R_n(x) = \frac{f^{(n+1)}(\xi)}{n!} \, (x - a) \, (x - \xi)^n.</math>

Formule de Taylor avec reste intégral de Laplace

Du nom de Pierre-Simon de Laplace.

Si la fonction <math>f</math> est de classe <math>\mathcal C^{n+1}</math> sur <math>I</math> et à valeurs dans un espace de Banach réel, alors, pour tout <math>x \in I</math> :

<math>R_n(x) = \int_a^x \frac{f^{(n+1)}(t)}{n!} \, (x-t)^n \, \mathrm{d} t.</math>

Cet énoncé se démontre par récurrence, à l'aide d'une intégration par parties<ref name=Wikiversité/>.

Remarques

  • Formule de Taylor-Maclaurin : lorsque <math>a</math> = 0, la formule s’écrit
<math>f(x) = f(0)
+ \frac{f'(0)}{1!} \, x
+ \frac{f^{(2)}(0)}{2!} \, x^2
+ \cdots
+ \frac{f^{(n)}(0)}{n!} \, x^n
+ R_n(x).</math>
  • Contrairement à la formule de Taylor-Lagrange, les théorèmes de Taylor-Young et de Taylor-Laplace sont vrais pour des fonctions <math>f</math> à valeurs complexes ou dans un espace vectoriel normé, complet pour pouvoir parler d'intégrale (de Bochner) pour le second.
  • Pour une fonction à valeurs réelles, l'inégalité de Taylor-Lagrange est un corollaire immédiat de la formule de Taylor-Lagrange. Pour une fonction à valeurs dans un espace vectoriel normé, on ne dispose pas de cette formule mais on peut déduire l'inégalité de Taylor-Lagrange de l'inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles.
  • La formule de Taylor-Lagrange pour <math>n=0</math> est le théorème des accroissements finis.
  • La formule de Taylor avec reste de Laplace est une généralisation du second théorème fondamental de l'analyse.
  • Pour certaines fonctions <math>f</math>, le reste <math>R_n(x)</math> tend vers zéro lorsque <math>n</math> tend vers l'infini ; ces fonctions peuvent ainsi être développées en série de Taylor dans un voisinage du point <math>a</math>. Si cette propriété se vérifie en tout point du domaine de définition, la fonction est dite analytique.

Formule de Taylor pour les fonctions de plusieurs variables

La formule de Taylor est extensible aux fonctions de plusieurs variables.

Modèle:Théorème

Modèle:Exemple

On a également une inégalité de Taylor-Lagrange dans les espaces vectoriels normés<ref>Modèle:Harvsp.</ref> qui, développée « en coordonnées » dans le cas particulier <math>E = \R^p</math> et <math>F = \R</math>, donne :

Soient <math>O</math> un ouvert de <math>\R^p</math> et <math>f</math> une fonction <math>n+1</math> fois différentiable de <math>O</math> dans <math>\R</math>. Alors pour tout <math>\left[ a,x \right] \subset O</math> :

<math>f(x) = \sum_{|\alpha|=0}^n \frac{1}{\alpha!} \, \frac{\partial^\alpha f(a)}{\partial x^\alpha} \, (x-a)^\alpha
+ \sum_{|\alpha|=n+1} R_{\alpha}(x) \, (x-a)^\alpha</math>

où les sommes portent sur les multi-indices <math>\alpha</math>, et où le reste vérifie l'inégalité

<math>|R_{\alpha}(x)| \le \sup_{y \in \left[ a,x \right]} \left| \frac{1}{\alpha!} \, \frac{\partial^\alpha f(y)}{\partial x^\alpha} \right|</math>

pour tous les <math>\alpha</math> tels que <math>| \alpha | = n+1</math> (si <math>f</math> est de classe <math>\mathcal{C}^{n+1}</math>, le majorant ci-dessus est fini).

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Modèle:Portail