Humour
L'humour, au sens large, est une forme d'esprit railleuse « qui s'attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité, dans le but de faire rire ou de divertir un public. »<ref>Humour sur Dictionnaire Larousse. Consulté le 7 janvier 2010.</ref>.
L'humour est un état d'esprit, une manière d'utiliser le langage, un moyen d'expression. L'humour peut être employé dans différents buts et peut, par exemple, se révéler pédagogique ou militant. Protéiforme, il se retrouve dans un nombre abondant de discours et de situations. Sa forme, plus que sa définition, est diversement appréciée d'une culture à l'autre, d'une région à une autre, d'un point de vue à un autre, à tel point que ce qui est considéré par certains comme de l'humour peut être considéré par d'autres comme une méchante moquerie, une insulte ou un blasphème. Toutefois, rire est bon pour la santé.
L'humour permet aux humains de prendre du recul sur ce qu'ils vivent, comme le remarque Joseph Klatzmann dans son ouvrage L'Humour juif<ref>L'Humour juif de Joseph Klatzmann, Modèle:Éd. PUF, Modèle:Coll. Modèle:N°.</ref> en souhaitant « rire pour ne pas pleurer ». Beaumarchais écrivit Modèle:Citation<ref>Figaro dans Le Barbier de Séville, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr. En ligne : [[s:Le Barbier de Séville/Acte I|Modèle:Nobr sur Wikisource]].</ref>. Plus pessimiste, Nietzsche affirme « L'homme souffre si profondément qu'il a dû inventer le rire », se rapprochant du cynisme. De même, pour Fred Kassak, grand maître du roman noir humoristique, « l'humour [...] est une tonalité de l'ironie »<ref>"Entretien avec Fred Kassak", in: Emmanuel Legeard, Entretiens inactuels, Mallard, 2017</ref>.
Étymologie
Le mot humour provient de l'anglais humour, lui-même emprunté du français «humeur»<ref name="cnrtl">Modèle:CNRTL.</ref>. L'humeur, du latin Modèle:Lang (liquide), désignait initialement les fluides corporels (sang, bile…) pensés comme influençant sur le comportement. L'humour a ainsi longtemps été associé à la théorie des humeurs avant d'être relié à l'histoire de la subjectivité à l'âge moderne et contemporain<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Vers 1760, les Anglais utilisent le terme humour dans le sens « tempérament enjoué, gaîté, aptitude à voir ou à faire voir le comique des choses » pour se vanter de posséder un certain état d'esprit, actuellement nommé humour britannique. À la même époque, le sens du mot français « humeur » suit une évolution semblable<ref name="cnrtl"/>. Les « humeurs » et l'« humour » lubrifient la vie.
Le mot «humour» est attesté pour la première fois en français au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, entré en France grâce aux liens qu'entretenaient les penseurs des Lumières avec les philosophes britanniques. « La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri. », selon Nicolas de Chamfort<ref>Maximes et pensées, Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, éd. Larousse, 1928, chapitre I (« Maximes générales »), page 24.</ref>. Modèle:Qui estiment que la première occurrence du terme humour dans la langue française se trouve dans une lettre adressée par Voltaire à Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet, dit l'abbé d'Olivet, le 20 août 1761. Voltaire écrit ceci :
«Les Anglais ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité, ces saillies qui échappent à un homme sans qu'il s'en doute; et ils rendent cette idée par le mot humeur, humour, qu'ils prononcent yumor ; et ils croient qu'ils ont seuls cette humeur ; que les autres nations n'ont point de terme pour exprimer ce caractère d'esprit. Cependant c'est un ancien mot de notre langue, employé en ce sens dans plusieurs comédies de (Pierre) Corneille.»
À la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, quand les auteurs français s'interrogeaient encore sur le sens exact de l'humour anglais, Félix Fénéon définissait ainsi celui de Mark Twain : Modèle:Début citationL'humour est caractérisé par une énorme facétie (émergeant parfois d'une observation triste) — contée avec la plus stricte imperturbabilité, avec toutefois un dédain très marqué de l'opinion du lecteur ; ses moyens favoris sont le grossissement forcené de certaines particularités, — l'inopinée jonction de deux très distantes idées par l'opération d'un calembour ou par un jeu de perspective littéraire, — l'accumulation patiente de détails allant Modèle:Lang dans le baroque, mais déduits avec une logique rigoureuse et décevante<ref>Œuvres plus que complètes, Modèle:II, Modèle:P..</ref>.Modèle:Fin citation
Définition
Pour Henri Bergson, le rire est avant tout proprement humain : un objet ou un animal font rire uniquement quand ils ont une expression ou une attitude humaineModèle:Sfn.
Avoir le sens de l'humour, ou simplement avoir de l'humour, c'est mettre les difficultés de la vie à distance, les atténuer par un mot d'esprit. Cette forme d'indifférence a été décrite par Joseph Addison en distinguant le vrai du faux humour : Modèle:CitationModèle:Note,Modèle:Sfn.
Modèle:Citation, ou une victime s'il le blesse. Modèle:Citation.
Modèle:Citation. Cette dernière Modèle:Citation.
Registre humoristique
Dans son sens strict, l'humour est une nuance du registre comique qui vise « à attirer l'attention, avec détachement, sur les aspects plaisants ou insolites de la réalité »<ref name="cnrtl"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Toutefois, dans le langage courant, le sens du terme s'est élargi pour désigner le comique, c'est-à-dire l'ensemble des procédés visant à susciter le rire ou le sourire<ref name="fabula">Bernard Gendrel, Patrick Moran, Atelier de théorie littéraire : Humour : panorama de la notion, site Fabula la recherche en littérature, 24 mai 2007. Consulté le 8 janvier 2009.</ref>,<ref>Paul Aron, Denis Saint-Jacques, Alain Viala dir., Dictionnaire du littéraire, notice « Humour », Modèle:Éd. PUF, Modèle:Coll., 2002 ; rééd., Modèle:Éd. PUF, Modèle:Coll., 2004.</ref>.
L'humour est indissociable du comique, c'est-à-dire de « ce qui est propre à faire rire » ; le comique est, parmi les registres littéraires, ce qui permet l'humour ; il en existe principalement Modèle:Unité (situation, mots, gestes, caractère, mœurs, répétition). En sorte, l'humour utilise nécessairement une forme de comique, mais toute manifestation comique n'est pas forcément humoristique.
Auparavant, il était question de trait d'esprit dans le domaine littéraire. Le trait d'esprit se définissait plus comme une forme d'ironie acide et pince-sans-rire, constaté chez des auteurs du siècle des Lumières comme Voltaire, Diderot ou Crébillon fils. Sigmund Freud a étudié le trait d'esprit (Modèle:Lang) dans Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient (1905). L'humour pratiqué par les Britanniques se révélait cependant plus proche d'une forme de regard absurde et détaché sur les événements, sans forcément conduire à la malveillance vers laquelle tendait souvent l'esprit français.
Pour Paul Reboux (1877-1963), l'humour consiste tout simplement à « traiter à la légère les choses graves, et gravement les choses légères ».
CertainesModèle:Lesquelles formes d'humour peuvent utiliser l'ironie ou le sarcasme.
Ainsi, l'humour reste-t-il une notion floue, à la croisée d'autres concepts proches tels que le comique, le trait d'esprit, l'ironie ou le burlesque. Il est d'autant plus difficile à saisir qu'on le retrouve presque partout : ainsi, Dominique Noguez a suggéré qu'il est « comme Dieu [...] : ici et là, partout, nulle part<ref>Modèle:Article</ref> ».
Formes
Les apparitions les plus connues de l'humour se font dans les histoires amusantes, qualifiées de « drôles », désignées fréquemment sous le vocable de blagues. Il se manifeste cependant de manières très diverses et n'est pas toujours explicite (c'est le cas de l'ironie, de la pointe, de la remarque pince-sans-rire) ; des gestes même peuvent être comiques. Si l'humour est toujours volontaire, un individu peut être comique sans le vouloir.
Ayant pour but de souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité, l'humour peut se présent sous de nombreuses formes (voir {{ #ifeq: minuscule | majuscule | C | c }}atégorie « Forme d'humour »).
- le registre comique : ensemble d'éléments propres à distraire et à amuser un public
- comique de gestes : utilisation du corps, des mouvements, expressions physiques (grimaces, mimiques, coups de bâton, chutes, habits et accessoires extravagants...)
- comique de situation : événement inattendu, coincidences, quiproquos, confusion (le mari trompé rencontre l'amant, déguisement trompeur)
- comique de répétition : répétition d'une action, d'un geste, d'une phrase ou d'un motif
- comique de mots ou de langage : jeu sur les mots, les sonorités, la prononciation, les polysémies, les jargons, la manière de parler
- comique de caractère : traits de personnalité exagérés, des défauts comiques, des stéréotypes (grande avarice, obsession particulière)
- comique de mœurs : moquerie des comportements, des coutumes, des conventions sociales ou des caractéristiques spécifiques d'une époque, d'une culture ou d'un groupe de personnes
- le registre satirique : c'est une critique moqueuse, plus ou moins virulente d'une personne ou d'un événement (voir : droit à la satire)
- la parodie : imitation moqueuse qui peut prendre une forme burlesque ou héroï-comique
- l'ironie / Le sarcasme : figure de style où l'on dit le contraire de ce qu'on veut faire entendre (Exemple : « « Tu fais encore un petit peu plus de bazar ? » dit par une mère qui souhaite que son enfant range sa chambre. »)
- la caricature : dessin ou un texte qui exagère certains traits, dans des genres comique ou satirique
- l'exagération : amplification volontaire des événements, des faits, dans le but de faire rire
Humour noir
L'humour noir est une forme d'humour qui s'appuie sur des éléments tristes ou désagréables et les tourne en dérision et « rire jaune » un rire forcé et amer. De fait, l'humour n'est pas nécessairement lié à la joie et au bonheur Modèle:Article détaillé
Humour pince-sans-rire
L'humour pince-sans-rire est une forme particulière d'humour, caractérisée notamment par l'air sérieux de la personne qui en fait preuve. Modèle:Article détaillé
Humour d'observation
L'humour d'observation est une forme d'humour se basant sur la caricature de situations du quotidien. C'est la forme d'humour la plus répandue dans le domaine du Modèle:Lang, particulièrement dans le Modèle:Lang. Modèle:Article détaillé
Humour en photographie
Les photographes français René Maltête et Robert Doisneau ont beaucoup donné dans le genre.
Le magazine Life a publié pendant plusieurs années des photographies humoristiques de ses lecteurs.
Recherches
Modèle:Article détaillé L'étude de l'humour et ses effets (gélotologie) entre dans le champ disciplinaire de la psychologie, de la philosophie, de la linguistique, de la sociologie, de l'histoire, de la littérature et de la médecine.
Origine et rôle
Les origines et les fonctions du rire engendré par l'humour sont difficiles à cerner mais il est reconnu depuis l'Antiquité comme ayant une fonction cathartique.
Pour Modèle:Qui<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, le rire, constaté chez certaines races de singes, est avant tout le rictus, c'est-à-dire un soulèvement des lèvres afin de montrer les dents ; il pourrait donc être une forme de violence détournée, une inclination à l'agression résumée en une grimace. Vu sous cet angle, l'humour permettrait d'évacuer cette violence, née de la frustration et de la souffrance associées à la fonction cathartique. Le lien avec une sensation de malaise peut se vérifier si la gêne est ressentie par l'auditoire et l'orateur lorsque celui-ci rate un trait d'esprit et ne parvient pas à faire sourire.
L'humour est aussi souvent un moyen pour un groupe ou une personne soumis à de fortes pressions sociales ou à de fortes contraintes de s'en échapper. L'exemple le plus frappant en est sans doute l'humour juif.
Thérapie
Il est empiriquement reconnu que l'humour et son effet direct, le rire, a des effets positifs sur la santé. La science contemporaine a découvert que l'humour et le rire participaient, entre autres, à la décontraction des muscles, à la réduction des hormones de stress, à l'amélioration du système immunitaire, à la réduction de la douleur<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Paul E. McGhee, Modèle:Lang, Holisticonline.com, 1999. Consulté le 8 janvier 2010.</ref>.
L'humour est également un outil à part entière de l'hypnose ericksonienne. Il permet au thérapeute une communication à plusieurs niveaux : au-delà du sens premier perçu consciemment, une seconde possibilité, voire un champ de possibilités peut être perçu inconsciemment<ref>Olivier Lockert, Hypnose, 2003, Modèle:P..</ref>, et donc envisagé. Mettant sur la voie du changement, l'humour génère ainsi du recadrage.
Pédagogie
L'humour peut se révéler être un outil intéressant pour l'enseignement<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Randy Garner, Modèle:Lang, Modèle:Lang, 2005 Modèle:ISSN.</ref>. Des études ont montré que l'utilisation de l'humour, accompagné d'analogies et de métaphores, permet de mieux mémoriser l'information<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Glenn, R. (2002) Modèle:Lang. Modèle:Lang, 21(6), 1-2.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hill, D. (1988). Modèle:Lang. Charles C. Thomas, Modèle:Lang, Il. </ref>.
Philosophie
On ne saurait enfin, bien sûr, passer sous silence son rôle en philosophie, à la fois proche et distinct de celui de l'ironie. Sans même remonter à Hippocrate et surtout aux cyniques grecs, il faudrait se référer à Soeren Kierkegaard. À sa suite, Henri Bergson et Vladimir Jankelevitch ont critiqué l'esprit de sérieux (mais non le sérieux lui-même) dont se couvrent parfois les penseurs<ref>M.Politzer (avec Hugues Lethierry) est intervenu à ce sujet au séminaire du CHSPM de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (dirigé par Jean Salem) le 14 mars 2014, sur l'humour et l'ironie chez Politzer et Lefebvre.</ref>.
Psychanalyse
Freud traite le sujet de « l'humour » au cours de son ouvrage sur Le trait d'esprit et sa relation à l'inconscient (1905) dans le cadre théorique de la première topique et dans un bref texte plus tardif intitulé « L'humour » (1927) dans le cadre de la seconde topique.
Notes et références
Voir aussi
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Bibliographie
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- L'humour (1927)
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- Moussa Nabati, L'humour-thérapie, éditions Bernet-Danilo ; rééd. Le Livre de Poche, 2010²
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- Pascal Montlahuc, Le Pouvoir des bons mots. « Faire rire » et politique à Rome du milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à l'avènement des Antonins, École française de Rome, 2019.
Articles connexes
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} HumorResearch.org - vue d'ensemble de la recherche sur l'humour
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Association pour le développement des recherches sur le comique, le rire et l'humour
- Faire rire est tout un art, les ficelles de l’humour sur Balises, magazine de la Bibliothèque publique d'information.