Logique de Port-Royal

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:À sourcer Modèle:Infobox Ouvrage

La Logique de Port-Royal est le nom habituellement donné à l'ouvrage d'Antoine Arnauld et Pierre Nicole, intitulé La Logique ou l'art de penser et publié pour la première fois en 1662, à Paris sans nom d’auteur. On l'appelle Logique de Port-Royal, bien qu'aucune mention de la fameuse abbaye ne soit portée sur son titre, ce qui peut notamment servir à éviter de confondre cette œuvre avec celle de Condillac parue à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sous un titre assez semblable (La logique ou les premiers développements de l'art de penser, 1781).

Le contexte janséniste de Port-Royal

Modèle:Loupe Port-Royal était le centre spirituel du jansénisme. Mais ce fut aussi un lieu de réunion où de grands écrivains et philosophes comme Blaise Pascal pratiquaient leurs études sur la logique, la grammaire, la théologie et la traduction des textes de religion chrétienne, notamment à partir du grec et de l’hébreu.

En 1660, les grammairiens de Port Royal, Antoine Arnauld et Claude Lancelot, avaient publié une grammaire fondée non sur la conformité à l’usage jugé le meilleur, mais sur la raison. Cet ouvrage, connu aujourd'hui sous le nom de Grammaire de Port-Royal, portait le titre complexe Grammaire générale et raisonnée contenant les fondemens de l'art de parler, expliqués d'une manière claire et naturelle, « générale » parce qu'elle s'occupe du langage en général, et non d'une langue particulière, et « raisonnée » parce qu’elle explique le fonctionnement du langage à travers la raison. Il peut être considéré comme l’antithèse du « bon usage » prôné dans le Remarques sur la langue française de Vaugelas.

Soutenant que chaque langue exprimerait dans son propre système des mécanismes logiques universels, la Grammaire de Port-Royal marqua profondément la naissance de la linguistique moderne, en particulier du courant chomskyen. Tout comme ce dernier, elle postule en effet l'existence d'une grammaire universelle.

La Grammaire de Port Royal s'inscrivait dans le cadre varié des travaux entrepris à Port-Royal, où fut notamment élaborée une nouvelle traduction de la Bible, dite « de Port-Royal ». Pascal, Robert Arnauld d'Andilly, Nicole et Pierre Thomas du Fossé y ont travaillé, sous la direction de Louis-Isaac Lemaître de Sacy. Selon le commentateur Philippe Sellier, ce serait « la plus belle [traduction de la Bible] jamais réalisée en France » Modèle:Refnec. Cette édition s'y est élaborée entre 1657 et 1696. Son style a influencé la création littéraire de grands écrivains français, tels que Voltaire, Victor Hugo, Flaubert, et Arthur Rimbaud.

La Logique de Port-Royal

C'est aussi dans ce contexte qu'a été écrite La logique de Port Royal qui sera jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une référence centrale dans les domaines de la philosophie du langage. Arnauld et Nicole y élaborent une théorie classique du signe et de la représentation<ref>Voir brève présentation d'un extrait de la Logique par Pascal Ludwig, dans l'anthologie Le langage, GF Corpus, Paris, Flammarion, 1997.</ref>. Selon leur conception, le langage a une fonction d'expression de la pensée via les mots, qui sont les signes des pensées, et les écrits qui sont les signes des mots<ref name="L14" />. La conception du signe de Port-Royal est aussi frappante en ce que, si elle opère une typologie des différents signes, elle embrasse aussi bien les signes linguistiques, c'est-à-dire les paroles ou les écrits, que les signes dits « naturels » (la fumée est le signe du feu) ou encore les signes théologiques (le pain est le signe, dans l'eucharistie, du corps du Christ)<ref name="L14" />. Logique, langage, épistémologie et théologie sont ainsi intrinsèquement liés dans cet ouvrage, sorte de compendium de l’épistémologie cartésienne et de Pascal, structuré selon les quatre aspects de la pensée rationnelle : comprendre, juger, déduire, ordonner Modèle:Refnec ,

Toutes nos connaissances ont lieu à travers des idées qui reflètent les choses Modèle:Refnec, et le jugement porté sur ces choses s’exprime dans des propositions grammaticales constituées par un sujet et un prédicat Modèle:Refnec. La validité des propositions obtenues par déduction dépend du respect des règles syllogistiques. Enfin, l’ordonnancement des jugements et conclusions conduit à la science par le biais de la Modèle:Page h' (analyse et synthèse) Modèle:Refnec.

C'est aussi une étude du raisonnement passionnel : Modèle:Citation bloc

La théorie des signes

La Logique élabore, au chapitre IV de la première partie, une théorie du signe en tant que dédoublement entre la chose représentée et la chose qui représente : Modèle:Citation bloc. Or, la chose qui représente (le signifiant en termes modernes) peut toujours s'opacifier, et devenir lui-même chose : ainsi, on peut regarder un tableau ou une carte en tant que signe représentant quelque chose, ou on peut inspecter la matière brute du tableau ou de la carte, sans penser à ce à quoi ils renvoient<ref name=L14/>. Modèle:Citation<ref name=L14/>.

François Recanati (1979) explique cette théorie par le biais de la métaphore du reflet dans la vitre ou le miroir : Modèle:Citation bloc

Les logiciens élaborent en outre une typologie des signes. Ils distinguent par exemple entre les « signes certains », techmêria (en grec), Modèle:Citation<ref name=L14/>, et les signes « probables », sêmeia (en grec), Modèle:Citation<ref name=L14/>. La plupart des erreurs, disent-ils, proviennent d'une confusion entre ces deux espèces de signes, Modèle:Citation<ref name=L14/>. Aussi, la théorie du signe est liée à la philosophie de la connaissance et à la conception du principe de causalité : l'effet est comme le signe de la cause.

Une autre Modèle:Citation concerne les « signes naturels » (l'image dans le miroir est le signe naturel de celui qu'elle représente<ref name=L14/>) d'un côté, et les signes Modèle:Citation<ref name=L14/> (conventionnels en termes modernes), tels que les mots, qui Modèle:Citation<ref name=L14/>.

Enfin, cette théorie du signe n'est pas qu'épistémologique, mais contient aussi des résonances théologiques : Modèle:Citation<ref name=L14/>

Interprétations de la Logique de Port-Royal

Louis Marin a beaucoup travaillé sur la Logique ou l'art de penser, dans différents ouvrages (dont Utopiques : jeux d'espaces, 1973). Dans sa thèse, La Critique du discours, il analyse de façon croisée la Logique et les Pensées de Pascal, affirmant que ce dernier mène une critique interne au jansénisme de Port-Royal de la théorie du signe explicitée dans la Logique.

Le philosophe Michel Foucault, dans Les Mots et les Choses<ref>Michel Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966, pp. 70, 75 et 79</ref>, estime que la logique de Port-Royal a contribué, avec d'autres œuvres, à façonner une nouvelle représentation, qu'il appelle épistémè (conception du monde). Cette représentation s'est mise en place en deux étapes :

Restrictions de cette logique

Cette logique relève du calcul des prédicats mais n'utilise quasiment que des prédicats unaires ; elle relève donc seulement de la logique monadique du premier ordre.

Parmi les règles usuelles du calcul des prédicats, élaboré au début de Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui ne sont pas utilisées par la logique de Port-Royal, figure la règle : Si tout objet a une certaine propriété, alors il existe au moins un objet qui a cette propriété. Cette règle contemporaine est conventionnelle et simplifie les raisonnements, elle implique que tout domaine d'objets considéré est non vide. Une telle convention n'était pas appliquée par la logique de Port-Royal.

Bibliographie

  • Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La logique ou l’art de penser, édition critique par Pierre Clair et François Girbal, Paris : Librairie philosophique J. Vrin, 1981.
  • Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La logique ou l’art de penser, Paris : Editions Gallimard, 1992.
  • Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La logique ou l’art de penser (dite Logique de Port-Royal), édition critique par Dominique Descotes, Paris : Champion, 2011.
  • Joël Biard, « La sémiologie de Port-Royal. Signes, idées, langages », Archives de philosophie, 2015/1 (Tome 78), Modèle:P.. DOI : 10.3917/aphi.781.0009. Modèle:Lire en ligne
  • Joël Biard, Martine Pécharman, « Pour un Port-Royal contrasté. Sémiologie, philosophie de la connaissance et théologie », Archives de Philosophie, 2015/1 (Tome 78), Modèle:P.. DOI : 10.3917/aphi.781.0005. Modèle:Lire en ligne
  • Marc Dominicy, La naissance de la grammaire moderne : langage, logique et philosophie a Port-Royal, Bruxelles : Mardaga, 1984.
  • Louis Marin, La critique du discours : sur la "Logique de Port-Royal" et les "Pensées" de Pascal, Paris: Les Editions de Minuit, 1975.

Notes et références

Modèle:Références

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Palette Modèle:Portail