Marcel Boussac

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Marcel Boussac, né le Modèle:Date de naissance à Châteauroux et mort le Modèle:Date de décès à Dammarie-sur-Loing (Loiret), est un industriel français du textile, propriétaire de l'entreprise Boussac et un éleveur et propriétaire de chevaux de course.

Biographie

Les débuts

Son père, Louis Boussac, est un confectionneur aisé et Marcel Boussac connaît une enfance dorée. Mais sa mère quitte le foyer familial pour aller vivre à Paris avec le poète Catulle Mendès<ref name ="Les Echos">Portrait "Marcel Boussac", par Patrick Laam, Les Échos, 6 août 1999.</ref>. Ayant raté son baccalauréat<ref name ="Les Echos"/>, il entre à 16 ans dans l’entreprise de confection paternelle. Puis, à 18 ans, il s’installe à Paris dans le négoce du tissu, aidé par la caution de son père pour souscrire un important crédit<ref name ="Les Echos"/>. Il a l’intuition de miser sur le fait que beaucoup de femmes aiment s’habiller avec des couleurs gaies. Sûr de lui, il dessine une collection audacieuse, commande des centaines de milliers de mètres de tissu et proclame en 1911 la « révolution dans les fanfreluches ».

Première Guerre mondiale

Marcel Boussac se fait réformer mais la Première Guerre mondiale va être un tremplin pour sa carrière<ref name ="Les Echos"/>. S'il rate la commande par l’armée de l’uniforme bleu horizon, il obtient le marché de la toile d'avion. Il va aussi faire fabriquer, dans des usines des Vosges, toiles de tente et masque à gaz pour les poilus<ref name ="Les Echos"/>. Georges Clemenceau devient son ami.

La réussite est fabuleuse, et trois ans plus tard, il s’offre son premier cheval de course.

Entre-deux guerres

À la fin de la guerre, Marcel Boussac rachète plusieurs usines, notamment dans les Vosges, et une gigantesque filature en Pologne (cette dernière sera confisquée par le pouvoir en 1935). Il se trouve alors à la tête de plus de Modèle:Nombre<ref name ="Les Echos"/>.

En 1919, contre l'avis de son entourage, il achète à bas prix tous les surplus de toile d'avion et, avec ce tissu inusable, il confectionne des blouses, chemises à col souple, et invente le pyjama. Personne ne croyant à son idée, il monte ses propres magasins, « A la Toile d'avion », qui rencontreront le succès<ref name ="Les Echos"/>.

Sa réussite lui permet de monter, sur les conseils avisés du comte Gaston de Castelbajac, une des plus importantes écuries de course au monde dont la casaque orange et la toque grise remporteront les plus prestigieuses épreuves internationales. Modèle:Article détaillé Il rencontre à cette époque la cantatrice belge Fanny Heldy, qu'il épousera<ref name ="Les Echos"/>.

Il noue également de sérieuses relations politiques (André Tardieu, Pierre-Étienne Flandin, Vincent Auriol...)<ref name ="Les Echos"/>.

Lorsque la crise frappe les entreprises en 1929, il parvient à baisser suffisamment ses coûts pour diminuer ses prix tout en continuant à faire des bénéfices, ce qui lui permet d'étendre son empire. Ses amitiés politiques le servent aussi. Ainsi son groupe est un temps menacé par les difficultés de la banque BNC, mais Flandin, alors ministre des Finances, apportera la garantie de l'État à la BNC, lui évitant la faillite.

Il sent tout, vérifie tout, contrôle tout. C'est un patron qui connaît chacune de ses usines, débarque tous les ans au débotté pour des visites d'inspection, étudie minutieusement le fonctionnement des métiers à tisser. Sans cesse, il houspille les ouvrières, les contremaîtres et ses directeurs pour que les malfaçons soient détectées et corrigées. Un tissu Boussac, pense-t-il, doit être impeccable, et dire une signature, une garantie.

Seconde Guerre mondiale

Sous l'Occupation, Marcel Boussac est un temps membre du Conseil national instauré par Vichy. Ses bonnes relations avec nombre d'officiers supérieurs allemands et avec le ministre de la Production industrielle de Vichy, Jean Bichelonne, lui permettent de sauver ses usines, et les Allemands décident même de les équiper de métiers à tisser flambant neufs. À l'instar de Mandel Szkolnikoff, il fournit ainsi la Kriegsmarine : 110 millions de mètres de tissus provenant de ses usines<ref>Benoît Collombat et David Servenay, Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, Paris, 2009, page 41. Modèle:ISBN</ref>. Ses bonnes relations trouvent leurs limites : il est impuissant à lutter contre la convoitise des nazis pour Pharis, son plus bel étalon, qui est enlevé par un commando durant l'été 1941, ni ne pourra sauver sa championne Corrida, probablement tuée par des soldats du Reich en 1944.

Mais selon sa biographe Marie-France Pochna « dans le même temps, il entretient avec soin ses antennes du côté des Alliés, de même qu'il saura se garantir, le moment venu, des cautions dans les milieux de la Résistance»<ref name ="Les Echos"/>.

Après-guerre

Une instruction pour collaboration est ouverte à la Libération, mais elle sera close sans suites le Modèle:Date-. Ainsi, Marcel Boussac n'est pas inquiété par l'épuration, notamment grâce aux remerciements des rescapés de la déportation qui découvrent que leurs salaires ont été versés consciencieusement à leurs familles. Comme lors de la Première Guerre mondiale, ce conflit l'aura enrichi<ref name ="Les Echos"/>. Il dirige alors un groupe de Modèle:Nombre personnes<ref name ="Les Echos"/> et est considéré comme l'homme le plus riche de France<ref name ="Les Echos"/>.

Il engage Christian Dior en 1946 pour relancer sa maison de couture, Philippe et Gaston. Finalement Dior le convainc de le laisser créer sa propre maison sous le nom de Dior et la première collection sort en 1947<ref name ="Les Echos"/>. Par la suite Marcel Boussac aura le flair de décliner en différentes licences cette nouvelle marque Dior qui rencontre le succès<ref name ="Les Echos"/>. Il participe ainsi grandement à ce que Paris redevienne la capitale de la mode.

Alors leader mondial de l'industrie cotonnière, le magazine américain Fortune publie en 1952 un reportage sur lui sous le titre « Boussac : tycoon »<ref name ="Les Echos"/>.

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74, boulevard Maurice-Barrès, Neuilly-sur-Seine : immeuble<ref>Marie-France Pochna, Christian Dior, Flammarion, 2004 Modèle:ISBN.</ref> dans lequel Marcel Boussac possédait un duplex de Modèle:Unité<ref>« Une énorme fortune difficile à évaluer », Le Monde, 22 juin 1978.</ref>.

Il s'offre le château de Mivoisin, une superbe propriété de chasse de Modèle:Unité, dans le Loiret près de Chatillon-Coligny, où il recevra avec sa femme Fanny tous les ténors de la politique, sauf Charles de Gaulle. Il est reçu à la Maison-Blanche par Truman et au Kremlin par Nikita Khrouchtchev<ref name ="Les Echos"/>.

Au début des années 1950, il s'offre les journaux L'Aurore et Paris-Turf. Dans L'Aurore, via la « chronique de M. Dupont » qu'il rédige (et qui inspirera plus tard le « Café du commerce » de Marcel Dassault), il livre ses idées politiques, principalement pour un État économe<ref name ="Les Echos"/>. Il s'oppose également à la décolonisation et au marché commun<ref name ="Les Echos"/>.

Il acquiert également les machines à laver le linge Bendix, dont il offre un exemplaire à chacune de ses ouvrières pour qu'elles puissent se reposer. Mais cette diversification dans l'électro-ménager sera un échec<ref name ="Les Echos"/>.

En 1952, il rachète les haras de Jardy et l'hippodrome de Saint-Cloud, marchant ainsi dans les traces de son illustre prédécesseur, Edmond Blanc, dont il s'inspira. L'hippodrome est radicalement réaménagé sous sa direction<ref>Mylène Sultan, « Les métamorphoses de deux villes », lexpress.fr, 13 novembre 2008.</ref>.

En 1960, le Sunday Times le classe parmi les six hommes les plus riches du monde<ref name ="Les Echos"/>.

Mais il n'a plus sous la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:République| République }} }} gaullienne les mêmes relais politiques qu'il avait sous les {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:|  }} }} et {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:République| République }} }}s<ref name ="Les Echos"/>.

Marcel Boussac dirige de manière autocratique et paternaliste<ref name ="Les Echos"/>. L'ensemble de son groupe est contrôlé par une simple SARL où ne siègent que des membres de sa famille se réunissant rarement<ref name ="Les Echos"/> et il est le seul à connaître le détail financier de ses multiples sociétés<ref name ="Les Echos"/>.

Opposant à la décolonisation

Son quotidien L'Aurore soutient avec insistance la guerre d'Indochine. Marcel Boussac reçoit à déjeuner les journalistes de droite comme de gauche et attend leur soutien<ref>On ne peut pas être heureux tout le temps par Françoise Giroud, aux Editions Fayard en 2001 Pierre%20Lazareff%20boussac&f=false</ref>.

Au Maroc, il obtient ainsi une influence sur Francis Lacoste, le résident général de France, dont le mandat ne sera finalement écourté qu'en juin 1955 par le président du Conseil Edgar Faure<ref>Juin - Le maréchal africain par Guillaume Denglos, en 2019, dans la Collection Portraits - Librairie Decitre [1]</ref>. Dans son livre Ma mission au Maroc, Gilbert Grandval raconte qu'il a assisté à des déjeuners où Marcel Boussac et le président du conseil Edgar Faure avaient de longues discussions, le second prenant trois heures pour tenter de convaincre le premier que le retour du sultan du Maroc, alors en exil à Madagascar, était nécessaire, et espérait ensuite, malgré y avoir échoué, pouvoir quand même amadouer le patron de presse, ce dont s'indigne dans un livre publié un an plus tard le romancier Auguste de Montfort<ref>La force des temps modernes, Auguste de Montfort , Editions IRC, en 1957 [2]</ref>. En 1956, l'activiste Jacques Soustelle crée l'USRAF (Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française), dont le siège est installé dans les locaux du journal L’Aurore, locaux mis gracieusement à sa disposition par le propriétaire Marcel Boussac et le directeur du journal, Robert Lazurick, au 9 rue Louis-le-Grand<ref>"Histoire de la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:République| République }} }} volume V : la République des tourmentes", par Georgette Elgey [3]</ref>.

Lorsque la situation se détériore dans le protectorat du Maroc, dont le souverain Mohammed V est exilé à Madagascar et où les attentats du parti d'opposition de l'Istiqlal font de nombreuses victimes<ref name="maître"/>, d'autres grands patrons de presse sont en liaison étroite avec le président du conseil Edgar Faure et son directeur de cabinet Jacques Duhamel<ref name="maître"/>, ainsi qu'avec Antoine Pinay, ministre des Affaires étrangères<ref name="maître"/>. C'est le cas de Pierre Lazareff, patron de France-Soir, qui leur conseille d'envoyer Modèle:Nombre militaires pour conserver ce protectorat<ref name="maître"/>, une pression qui amène Edgar Faure à hésiter ; l'écrivain François Mauriac le compare, dans son Bloc-notes à un « myope qui s'empêtre dans ses combinaisons »<ref name="maître">Modèle:Lien web.</ref>.

Années 1960 : le début du déclin

La décolonisation lui fait perdre ses marchés protégés, l'apparition des fibres synthétiques réduit ses marchés, comme la concurrence des produits du tiers monde : ses profits baissent et ses déboires financiers s'accélèrent. Mais plutôt que déléguer ses pouvoirs, Marcel Boussac continue de vouloir tout contrôler et maintenir un modèle industriel dépassé avec l'intégration verticale, le primat à la production et des stocks importants<ref name ="Les Echos"/>. Il refuse également d'implanter des usines à l'étranger pour conquérir de nouveaux marchés ou de moderniser ses usines, voire d'en fermer, car il refuse de licencier du personnel<ref name ="Les Echos"/>.

Dès 1962, le Crédit lyonnais demande que Marcel Boussac se porte caution personnelle sur les emprunts de son groupe<ref name ="Les Echos"/>. Il va les années suivantes de plus en plus piocher dans sa trésorerie personnelle pour combler les trous de trésorerie.

Années 1970 : fin du groupe Boussac et maladie

En 1974, à la suite d'une nouvelle crise de trésorerie, les banques et Michel d'Ornano, alors ministre de l'Industrie du nouveau président Giscard d'Estaing, imposent Claude-Alain Sarre, un jeune manager qui vient du groupe Prouvost, comme directeur général du groupe Boussac<ref name ="Les Echos"/>. Mais Marcel Boussac, qui craint un découpage de son groupe, l'écarte rapidement au profit de son neveu Jean-Claude Boussac mais dont le plan de redressement échoue<ref name ="Les Echos"/>. Les pertes s'accroissent : Modèle:Unité en 1976, 100 en 1977 et 160 annoncés pour 1978. Avec les législatives qui s'annoncent et un chômage déjà important, le sujet devient politique avec Modèle:Nombre menacés<ref name ="Les Echos"/>. Le gouvernement Barre pousse les banques à renégocier leurs prêts et accorde des délais pour le paiement des cotisations sociales<ref name ="Les Echos"/>.

Mais après les élections, le Modèle:Date-, le groupe dépose le bilan. Affaibli par un cancer de l'estomac<ref name ="Les Echos"/>, Marcel Boussac voit son groupe racheté quelques jours plus tard par « ses ennemis », les frères Willot, qui seront eux aussi obligés de le revendre en 1984 à Bernard Arnault, qui le démantèlera.

Mort

Marcel Boussac meurt ruiné le Modèle:Date- à Modèle:Unité, alors qu'il avait été l'homme le plus riche d'Europe. Ses obsèques sont célébrées à l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine le 25 mars<ref name ="Les Echos"/>.

Depuis 1980, le critérium des Pouliches est rebaptisé Prix Marcel Boussac.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

  • Comment ils ont fait fortune, Merry Bromberger, Plon, 1954
  • Bonjour, monsieur Boussac, Marie-France Pochna, Robert Laffont, 1980
  • La France de la Quatrième République, Jean-Pierre Rioux, Points-Seuil, 1983

Articles connexes

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Liens externes

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