Guerre d'Indochine

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Conflit militaire

La guerre d'Indochine ou guerre d'indépendance d'Indochine, également désignée au Viêt Nam comme la guerre de résistance antifrançaise ou encore la première guerre d'Indochine dans le monde anglo-saxon, est un conflit armé qui se déroule de 1946 à 1954 en Indochine française (ou Fédération indochinoise) : actuels Viêt Nam, Laos, et Cambodge.

Opposant l'Union française au Việt Minh, organisation politique indépendantiste et paramilitaire vietnamienne, créée en 1941 par le Parti communiste vietnamien, le conflit est précédé par une reconquête française des terres occupées par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale, débutée l'été 1945 marquée par une terrible famine dans le nord qui fit un million de morts selon le gouverneur général Jean Decoux, le double selon Hô Chi Minh<ref name="Brocheux">Modèle:Ouvrage</ref>, les Japonais ayant réquisitionné la récolte du Sud qui traditionnellement comblait la jointure entre récoltes au nord.

Le conflit a connu deux phases historiques : entre 1946 et 1949 une lutte de décolonisation sous forme de guerilla, puis une guerre de plus en plus directe et frontale de 1949 à 1954, avec l'aide matérielle et logistique des Américains, face à un ennemi qui a mis sur pied une véritable armée conventionnelle et formée avec le soutien de la Chine communiste depuis 1949.

En France métropolitaine, malgré la propagande et la censure, une partie de l'opinion s'oppose à la guerre, tandis que le Mouvement républicain populaire (MRP), seul parti qui la soutient inconditionnellement, est laminé dans les urnes dès 1951 et confronté au sceptiscisme de plusieurs de ses élus prestigieux.

Peu après la défaite française à Diên Biên Phu, à la suite des accords de Genève, la fin de la Fédération indochinoise donne lieu à la partition du territoire vietnamien en deux États : république démocratique du Viêt Nam et Sud-Viêt Nam.

La guerre d’Indochine fit plus de Modèle:Unité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Un an après sa fin, des hostilités reprennent progressivement, qui deviennent la guerre du Viêt Nam (1955-1975), opposant le Sud-Vietnam appuyé financièrement et militairement par les États-Unis au Nord-Vietnam communiste soutenu par la Chine et l'URSS dans le contexte de la guerre froide. Ces hostilités culminent au début des années 1970 et s'achèvent par la Chute de Saïgon en avril 1975. Le Viêt Nam est réunifié en 1976 sous l'autorité du régime communiste de l'ancien Nord-Vietnam.

Contexte général

L'Indochine durant la période coloniale

Fichier:French Indochina 1900-1945-fr.svg
L'Indochine française entre 1900 et 1945.

En 1884, la France réunit la Cochinchine, l'Annam et le Tonkin (qui composent maintenant le Viêt Nam), ainsi que le Laos et le Cambodge au sein de l'Indochine française.

Lors de la Première Guerre mondiale, les « Annamites », nom donné aux Vietnamiens par les métropolitains jusqu’en 1945, aidèrent à l'effort de guerre sur la ligne de front et dans les usines françaises.

Dans les années 1920 et au début des années 1930, avec la révolte de Vinh et la mutinerie de Yên Bái (évoquées en 1992 dans le film français Indochine), les bagnes, comme le bagne de Poulo Condor, ont contribué à développer des nationalismes de tendances très diverses :

  • les royalistes de la Cour de Huê, comme la famille de Ngô Đình Diệm : son père fonda l’École nationale « Quoc Hoc » de Huê fréquentée par Ngo Dinh Diem et le futur Hô Chi Minh. Le premier d'entre tous est certainement le prince Vinh San (1899-1945) intronisé sous le nom dynastique d'« Empereur Duy Tân » en 1907, détrôné en 1916, exilé à La Réunion par les autorités coloniales et mort mystérieusement le Modèle:Date- dans un accident d'avion en Afrique centrale, peu après la déclaration d'indépendance du Viêt Nam du Modèle:Date- ;
  • les pro-Japonais, qui fondèrent le parti « Dai Viêt » à la suite de l’intellectuel nationaliste Phan Bội Châu, pionnier du nationalisme vietnamien du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, exilé au Japon par l’administration coloniale française. Les Japonais soutenaient le prince Cuong pour devenir empereur du Vietnam à la place de Bao Dai ;
  • les pro-Chinois du parti nationaliste VNQDĐ (Việt Nam Quốc Dân Đảng), proches du Kuomintang de Sun Yat-sen et Tchang Kaï-chek, qui lancèrent la révolte ratée de Vinh et la mutinerie de Yên Bái dans les années 1920 et 1930 ;
  • les pacifistes de Phan Châu Trinh (grand-père de Nguyễn Thị Bình) ;
  • les communistes du parti communiste indochinois (PCI) fondé en 1930 par Nguyen Ai Quoc (futur Hô Chi Minh) à Hong Kong. Au Viêt Nam, le PCI était le plus important des groupes nationalistes.

L'Indochine pendant la Seconde Guerre mondiale

Modèle:Article détaillé Durant la Seconde Guerre mondiale, l'occupation par l'empire du Japon montra aux Vietnamiens les faiblesses de leur colonisateur : l'administration française, directement liée au gouvernement de Vichy, collabora avec le Japon impérialiste par de multiples concessions économiques et militaires. En effet, la faiblesse de la situation des forces françaises en place et leur isolement face aux Japonais ne laissaient guère le choix : négocier, se démettre ou se lancer dans un affrontement qui ne laissait aucun doute quant à l'issue Modèle:Refnec.

Cela contribua au développement du nationalisme vietnamien, qui luttait à cette époque contre les Japonais aux côtés des Alliés Modèle:Incise, et à la déclaration d'indépendance de septembre 1945, après la révolution d'Août et la capitulation japonaise.

À l'époque de l’Armistice de 1940 et de la création du régime de Vichy, l’Indochine française était administrée par le général Georges Catroux (nommé en Modèle:Date-), qui tentait de régler les problèmes avec le Siam et le Japon. Mais ses choix déplurent au nouveau gouvernement Modèle:Incise et il fut remplacé par l'amiral Jean Decoux. Finalement, étant complètement coupé de la France, avec des forces militaires insuffisantes sur l'ensemble de la péninsule, le nouveau gouverneur général de l'Indochine finit par céder, lui-aussi, de plus en plus aux Japonais. Ainsi, les armées japonaises furent autorisées à circuler librement de la frontière de Chine jusqu’au Siam (renommé Thaïlande en 1939). Le général Catroux rejoint le général de Gaulle sur son chemin de retour en France.

En Modèle:Date-, l'administration vichyste, qui était toujours en place, et l'armée française d'Indochine furent attaquées par les Japonais dans une opération appelée le coup de force du 9 mars 1945. Les postes militaires français à travers toute l'Indochine (Viet Nam, Laos, Cambodge) furent touchés. Les troupes japonaises prirent, par exemple, les citadelles d'Hanoï et de Langson et en massacrèrent les Européens et les troupes annamites malgré les promesses faites en cas de reddition. Certaines unités réussirent à se dégager et à entreprendre une remontée vers la Chine (la colonne Alessandri par exemple) ou à tenir la jungle (des hommes des Jedburghs ou de la Force 136, parachutés pour monter des maquis anti-japonais et entraînés par les Britanniques en Inde et en Birmanie, certains de ces hommes reprirent plus tard les villes de Vientiane et Savanaketh au Laos). Le gouvernement américain interdit à ses troupes basées en Chine d'intervenir. Seul le général Claire Lee Chennault, dirigeant les fameux Tigres volants, tentera, contre les ordres reçus, d'aider les troupes en retraite. Les civils français et les « Indochinois » sympathisants furent enfermés dans des camps de détention dirigés par la Kenpeitai (police ou gendarmerie militaire japonaise), torturés pour nombre d'entre eux, affamés et abandonnés. Les Japonais proclamèrent l'indépendance du Viêt Nam le Modèle:Date, en maintenant l'autorité de l’empereur Bảo Đại et en maintenant Pham Quynh à la tête du gouvernement, puis, en le remplaçant quelques jours plus tard par Trần Trọng KimModèle:Refnec.

Par ailleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major allié (américain) en Asie avait décidé en 1942 de séparer l'Indochine en deux zones géographiques de combat, étant entendu que le Nord du Modèle:16e parallèle sera occupé par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-chek et le Sud du Modèle:16e parallèle par les Britanniques. Cette séparation, approuvée ensuite par l'URSS, fut entérinée par les accords de Potsdam.

À la fin du conflit mondial

En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit avec l’empire du Japon aboutit à la désorganisation complète de l’administration coloniale française en Indochine. Le Việt Minh, mouvement nationaliste fondé par le parti communiste indochinois, en profite pour prendre le contrôle d'une grande partie du territoire vietnamien à la faveur de la révolution d'Août qui aboutit à la proclamation par Hô Chi Minh, chef du parti, de l’indépendance de la république démocratique du Viêt Nam le Modèle:Date.

Le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) reprend progressivement le contrôle de l’Indochine. L’État français repense ensuite le statut de la fédération au sein de la nouvelle Union française. Un conflit larvé se poursuit avec le gouvernement indépendantiste vietnamien, tandis qu’une solution diplomatique est recherchée en vain (conférence de Fontainebleau). Le haut commissaire d’Argenlieu suscite en Modèle:Date- l’autonomie de la Cochinchine ; c’est une entorse aux accords Hô-Sainteny.

En Modèle:Date- éclate l’affaire de Haïphong ; ce sont des affrontements liés à un contrôle douanier. Le bombardement du port par l'artillerie de l'Armée de terre française et ses trop nombreuses victimes civiles<ref>De 300 selon l'État-Major français à 6 000 selon l'amiral Battet, chiffre mis en cause par le général Gras en raison de la puissance de feu insuffisante, Histoire de la guerre d'Indochine, Modèle:P..</ref>. Cet épisode sera considéré par les historiens comme le début de la guerre et à sa suite plusieurs années de guérilla opposent alors le Corps expéditionnaire à l’Armée populaire vietnamienne, force armée du Việt Minh, qui passe progressivement à une guerre de mouvement de plus en plus audacieuse.

Déroulement détaillé du conflit

Retour des forces françaises (1945-1946)

Décision politique (mars 1945 - septembre 1945)

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Commando du C.L.I. (Corps léger d'intervention) défilant en Indochine occupée par les Japonais après la capitulation du Japon. Ces derniers leur rendant les honneurs militaires
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Un parachutiste utilise un FM 24/29 durant une embuscade (mai 1952).
Fichier:French indochina 1952 05 2.png
Colonne de paras coloniaux dans les hautes herbes (mai 1952).
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Soldats français utilisant un canon sans recul de Modèle:Unité contre de l'artillerie Việt Minh pendant l'opération Mouette (novembre 1953).
Les Bearcat de l'Armée de l'Air larguent du napalm sur la Division 320 du Viet Minh pendant l’Opération Mouette (novembre 1953).
Les Bearcat de l'Aéronavale larguent du napalm sur la division 320 du Việt Minh pendant l'opération Mouette (novembre 1953).
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Combattants du Việt Minh en 1954.

Le Modèle:Date, le gouvernement provisoire de la République française déclara vouloir créer une Fédération indochinoise au sein de l'Union française. Il envoya dès le début de 1945 trois émissaires (Pierre Messmer, Jean Sainteny et Paul Mus) en Indochine, encore sous le contrôle de l'administration pétainiste. Largués en parachute par les Britanniques de Colombo, seul Paul Mus réussit à s'échapper au Yunnan, les deux autres étant faits prisonniers par les Japonais.

Le Modèle:Date-, le Japon signe officiellement sa capitulation. La conférence de Potsdam avait confié le désarmement japonais, en Indochine, aux Chinois nationalistes de Tchang Kaï-chek pour la partie Nord, et à la Grande-Bretagne pour la partie Sud. La France doit agir vite pour réaffirmer sa présence. Le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, nomme l'amiral Thierry d'Argenlieu, Haut Commissaire de France et commandant en chef et le général Leclerc, commandant supérieur des troupes, avec pour mission de rétablir la souveraineté française sur l'Indochine libérée, mais, en faisant « du neuf », c'est-à-dire en construisant une Fédération indochinoise autonome au sein de la nouvelle Union française. La Marine est chargée de convoyer en Indochine les forces armées placées sous les ordres du général Leclerc.

Le Modèle:Date, à Hanoï, sur la place Ba Dinh, en une cérémonie au rituel confucéen avec tous les corps constitués, Hô Chi Minh lut la déclaration d'indépendance, dont le préambule est copié sur la Déclaration d'indépendance des États-Unis et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen<ref>Déclaration d'indépendance de la république démocratique du Viêt Nam (Hanoi, 2 septembre 1945).</ref>. L’empereur Bao Dai « choisit » de s'associer en tant que « conseiller spécial » du premier gouvernement de la république démocratique du Viêt Nam, assurant ainsi la continuité du pouvoir vietnamien et la légitimité de ce gouvernement. Ce geste vaudra à Bao Dai d'être exilé à Hong Kong par les autorités françaises, avant que ces mêmes autorités ne le ramènent de cet exil, peu de temps après, pour lui confier, à Saïgon, la création de l'État du Viêt Nam « indépendant ».

Débarquement français de septembre 1945

Les premiers débarquements alliés ont lieu à Saïgon du 5 au Modèle:Date-, avec la Modèle:20e division indienne du général Douglas David Gracey, complétée d'un détachement français symbolique, sous uniforme britannique, le Modèle:5e RIC, ex-Corps léger d'intervention.

La reconquête française commença vers la fin de l'été 1945, saison marquée par une terrible famine dans le nord qui fit un million de morts<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Les Japonais avaient réquisitionné toute la récolte de riz. Traditionnellement, le riz du Sud venait combler les carences entre deux récoltes au nord. Les destructions et le pillage des Japonais d'une part, et la pénurie des moyens de transport d'autre part ne permirent pas de faire venir le riz en provenance du Sud en quantité suffisante.

Octobre 1945 : Leclerc et d'Argenlieu sont à Saïgon

Quatre mois plus tard l'autorité française est rétablie au protectorat du Cambodge et dans la colonie de Cochinchine (Sud du Viêt Nam actuel). Pour établir les bases de la Fédération indochinoise voulue par la France, il reste à reprendre le contrôle du Laos, de l'Annam (Viêt Nam central) et surtout du Tonkin (Nord du Viêt Nam), où Hô Chi Minh a proclamé à Hanoï le Modèle:Date- la république démocratique du Viêt Nam. Modèle:Refnec de la convention signée le Modèle:Date-, à sa demande, par Jean Sainteny avec Hô Chi Minh, en plein accord avec le général Leclerc (accords Hô-Sainteny).

Les troupes françaises débarquèrent au port de Haïphong et entrèrent dans Hanoï sous la conduite du général Leclerc sans tirer un seul coup de feu, grâce aux négociations avec Hô Chi Minh qui avait été préconisées par Leclerc, qui alla jusqu’à recommander à la France d'utiliser le mot « indépendance » (Doc Lap). Hô Chi Minh a accepté cet accord pour se débarrasser de l'armée chinoise de Tchang Kaï-chek qui pillait le Tonkin et aurait vraisemblablement fini par supplanter le Việt Minh<ref>Apocalypse, la guerre des mondes, épisode 1</ref>.

En juillet 1946, Leclerc rentre en France

Voici son diagnostic lucide sur la situation : Modèle:Citation bloc

Rupture politique et militaire (novembre - décembre 1946)

Après le bombardement de Haïphong le Modèle:Date par la marine française, qui marque un revirement total de la politique menée jusqu'alors par le gouvernement français vis-à-vis de la république démocratique du Viêt Nam, il apparaît clairement qu'Hô Chi Minh ne jouera plus l'option de la Fédération indochinoise. Le Modèle:Date, l'insurrection de Hanoï marque le début de la guerre : le gouvernement de la république démocratique du Viêt Nam déclenche des hostilités dans tout le nord du Viêt Nam, et entre dans la clandestinité.

Déroulement « local » de 1946 à 1949

Modèle:Article connexe

Les Modèle:Unité du bombardement de Haïphong

Modèle:Article détaillé

Fichier:Dan cong tho luong thuc.jpg
Colonne de vélos supportant la logistique du Việt Minh en 1954.

Le Modèle:Date- marque le début de la guerre d'Indochine au lendemain du bombardement du port de Haïphong le Modèle:Date par la marine française.

D'après Paul Mus, conseiller politique d'Emile Bollaert Haut- Commissaire de mars 1947 à octobre 1948, citant l'amiral Robert Battet qui a mené l’enquête huit jours après, le nombre de morts se chiffre à Modèle:Unité, estimation la plus reprise<ref name="Haiphong 2011">"Haiphong, Shelling of". Encyclopedia of the Vietnam War: A Political, Social, and Military History. Ed. Spencer C. Tucker. Santa Barbara: ABC-CLIO, 2011. Credo Reference. Web. 17 Feb. 2016.</ref>,<ref name="masscol">Massacres coloniaux: 1944-1950 : la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} République et la mise au pas des colonies françaises, Chapitre 4 Le bombardement de Haïphong, Yves Benot, La Découverte, 2013 </ref>, principalement des civils<ref name="repillu">Histoire de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} République: La République des illusions (1945-1951), Georgette Elgey, Fayard, 2014 </ref>.

Bataille de Hanoï

Modèle:Article détaillé Le Việt Minh, dirigé par Hô Chi Minh, réagit à ce bombardement massif par le lancement d'une offensive ayant pour but la "libération" de la ville de Hanoï. À Modèle:Nobr, une explosion dans la centrale électrique de la ville annonce le début de l'insurrection. Des ressortissants français sont massacrés et des maisons pillées. C'est le lancement de la bataille de Hanoï en décembre 1946. Ho Chi Minh appelle tout le peuple vietnamien à se soulever contre la présence française :

Modèle:Citation bloc

Demande infructueuse d'un soutien américain à la décolonisation (Nord)

Hô Chi Minh chercha alors le soutien des États-Unis par un télégramme à Harry S. Truman, mais celui-ci marquait un arrêt dans la politique de décolonisation de Roosevelt. L'Union soviétique ne disposait pas encore de l'arme nucléaire, et la Chine restait sous la férule de Tchang Kaï-chek. L’Indochine française de 1946 s'est alors retrouvée dans les prémices de ce qui participera plus tard à la guerre froide. C’est dans ce contexte local que les États-Unis ont été, petit à petit, impliqués en Indochine.

Aguerrie dans la guerre du peuple, l’armée populaire vietnamienne se fondait sur la mobilité des dispersions d’évitement et concentrations de frappe pour compenser sa faiblesse matérielle. C’était Modèle:Citation annoncé par Hô Chi Minh : le tigre tapi dans la jungle allait harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, se viderait de son sang et mourrait d’épuisement.

Cette fluidité permettait à la jeune armée populaire l’initiative du refus ou de l’acceptation des combats, de fixer ici et déplacer là les troupes françaises qui n’occupaient que les villes, les axes routiers, les voies d’eau et la ligne du chemin de fer trans-indochinois. Les pertes françaises devenaient de plus en plus grandes dans les attaques de convois de ravitaillement, de postes isolés et d’épuisantes patrouilles à la recherche d’un ennemi qui apparaissait et disparaissait comme des fantômes. Souvent, l’attaque d’un poste avait pour but la sortie d’une colonne de secours à détruire.

L’Armée populaire vietnamienne était à la base constituée des troupes locales d’autodéfense des hameaux et villages. Ces troupes locales étaient à la fois l’académie militaire et l’école de guerre, dont les membres méritants rejoignaient les troupes régionales qui opéraient dans des districts plus vastes. Une concentration de troupes locales pouvait prêter main-forte à un élément des troupes régionales, qui pouvaient également se disperser en troupes locales.

Le tournant de 1949 : la Chine s'implique pour soutenir le Nord

Modèle:Article détaillé La France fonde en 1949 l’État du Viêt Nam, gouvernement central vietnamien proposant une alternative politique à Hồ Chí Minh, et le dote d'une force militaire, l’Armée nationale vietnamienne, afin de Modèle:Citation le conflit. Le Laos et le Cambodge sont également concernés par le conflit, le Việt Minh soutenant des mouvements indépendantistes moins importants, le Pathet Lao et les Khmers issarak. Les États-Unis, préoccupés par la victoire communiste en Chine et surtout en 1950 par guerre de Corée apportent à partir de 1949 un soutien matériel à la France, tandis que la république populaire de Chine aide officieusement le Việt Minh à partir de 1949 aussi.

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Arrivée du général Blaizot à Saïgon. De gauche à droite : le général de Perier, le général Salan, le général Blaizot et l'amiral Battet.

La création de l'État du Viêt Nam par la France au Sud

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Une patrouille de légionnaires interroge un suspect se cachant dans la jungle.
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Un médecin franco-vietnamien donne les premiers soins à un blessé Việt Minh à Hung Yen.

En 1949, la France, voulant créer un contrepoids politique à la république démocratique du Viêt Nam proclamée à Hanoï en 1945 et au Việt Minh, créé à Saïgon un État du Viêt Nam « indépendant » sous la direction de l'empereur Bảo Đại ramené à cet effet de son exil de Hong Kong. La guerre de reconquête coloniale se transforme alors progressivement en une guerre civileModèle:Passage non neutre.

L’empereur Bao Dai a signé les accords franco-vietnamiens de décembre 1947 et juin 1948, négociés par le Haut-Commissaire Emile Bollaert, avec son nom civique « Vinh Thuy », n’engageant que lui-même en tant que citoyen, et non avec son nom dynastique « Bao Dai » qui pouvait engager tout le pays dont il était le souverain.

Un changement majeur en Chine devenue communiste

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Une patrouille de légionnaires en zone contrôlée par les Viêt Minh. Le M24 Chaffee a été fourni par les Américains.

Lorsque le Parti communiste chinois de Mao Zedong prend le contrôle de la Chine continentale, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek se réfugiant à Taïwan, la Chine devient un allié de la république démocratique du Viêt Nam et du Việt Minh.

Les immenses camps américains du Sud de la Chine deviennent des centres de détention, d'armement et d'entrainement des troupes du Việt Minh qui multiplie ainsi les divisions armées, alors que les gouvernements français envoient des renforts au compte-goutte.

L’arrivée de Mao Zedong à Pékin met fin à l'isolement diplomatique et militaire du Việt Minh et amplifie la menace communiste ressentie par les États-Unis.

La France concède théoriquement à l'État du Viêt Nam une souveraineté en matière de diplomatie, et crée une « armée nationale » sous commandement français et agissant comme force supplétive des forces françaises d'Indochine. La France accorde leur indépendance aux royaumes du Laos et du Cambodge, de la même façon qu'elle l'a accordée au Viêt Nam.

Le conflit au Viêt Nam s'amplifie

Avec l'expérience acquise au combat, l'Armée populaire vietnamienne inflige une série de revers aux troupes françaises dans la haute région de Cao Bang et Lang Son (bataille de la RC 4). Le projet initial de « reconquête coloniale » s'est épuisé dans un interminable enlisement, a entraîné une grande lassitude dans l'armée française d'Indochine et dans le gouvernement français, ainsi qu'une opposition croissante de l'opinion publique française à une guerre dont les enjeux étaient de moins en moins clairs, dès lors que le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge étaient, au moins en théorie, devenus indépendants. La « reconquête coloniale » sortit des objectifs politiques.

À compter de 1950 : l'enlisement à grande échelle

À compter de 1950 et dès le début de l'année, le conflit est contesté par des actions violentes lors de la grève des dockers de 1949-1950 en particulier à Marseille mais aussi dans de nombreux ports de France. En Modèle:Date-, le Việt Minh lance l'offensive dans le Nord-Est du Vietnam ; c'est la terrible défaite française de la route coloniale no 4 (RC 4) dans les calcaires de Dong Khé, où l'armée française perd Modèle:Unité, tués, disparus et prisonniers, et une énorme quantité de matériel. La guerre d'Indochine a en fait été perdue en Modèle:Date-, car les troupes françaises évacuèrent toute la région bordant la frontière chinoise et ne contrôlèrent plus au Tonkin que le delta du fleuve Rouge et quelques gros postes. La panique s'empara alors du gouvernement français à Paris. Le général de Lattre de Tassigny est envoyé en Indochine pour redresser la situation mais doit immédiatement faire face à des offensives Việt Minh. Il parvient à vaincre trois fois ses ennemis, notamment aux batailles de Vinh yen et de Mao khê, écartant définitivement toute menace sur Hanoï, mais ne peut les anéantir. Ayant assuré la construction d'une ligne de défense, de Lattre commence à chasser les Việt Minh du delta du fleuve Rouge et décide de lancer une contre-offensive dans la région de Hoa Binh, qu'il pense pouvoir être décisive mais, atteint d'un cancer de la hanche, il doit repartir pour la France. Sous l'égide de son successeur Raoul Salan, cette offensive, concluante au début (Giap échoue lors de la bataille de Na San, un camp fortifié français sur la route Hanoi-Diên Biên Phu que Giap essayait de couper), s'épuise d'elle-même : Hoa Binh doit être évacué en catastrophe. Elle doit être arrêtée sans résultat décisif. En France, de Lattre, qui doit défendre son projet d'envoyer des renforts en Extrême-Orient, voit sa santé se dégrader et meurt en Modèle:Date-.

Une guerre contre le communisme

Modèle:Article détaillé

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Vietnamiens catholiques fuyant une zone occupée par les Việt Minh.
Fichier:Vietnamese refugees board LST 516 during Operation Passage to Freedom, October 1954 (030630-N-0000X-001).jpg
Les marines française et américaine ont évacué Modèle:Nombre vietnamiens fuyant la zone nord, où la souveraineté de la république démocratique du Viêt Nam a été rétablie (octobre 1954).

Avec la guerre de Corée qui a focalisé l’anti-communisme vers l’Extrême-Orient, la France tente alors de transformer une guerre de reconquête coloniale dont elle a elle-même reconnu l'échec en proclamant l'indépendance du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge, en croisade anticommuniste, cette fois-ci pour la Modèle:Citation. Dès lors, la France fait en Indochine une guerre avec les dollars américains et les soldats des troupes françaises et coloniales. Le président Harry S. Truman signe avec l'État du Viêt Nam des accords d’aide militaire, que la France se charge de mettre en œuvre. Ainsi, les États-Unis, pourtant profondément anti-colonialistes, mais agissant maintenant dans le cadre de la guerre froide, mettent le doigt dans un engrenage qui s’avérera fatal (cette aide militaire continuera d'ailleurs après le départ des Français en 1955). Avec l’afflux de matériels militaires des deux côtés, les combats se sont évidemment intensifiés.

Avec l'argent et le matériel américains, mais aussi des légionnaires, en grande partie des Allemands de la Légion étrangère française dans la guerre d'Indochine, et aussi de nombreuses troupes d'Afrique, la France continue à mener une guerre s'inscrivant maintenant dans le cadre de la guerre froide, dans une suite de « scandales » et « d'affaires », dont certains ont aussi une dimension financière et d'enrichissements personnels, comme l'affaire des piastres<ref>"La piastre et le fusil : Le coût de la guerre d’Indochine. 1945-1954" par Hugues Tertrais, aux IGDPE Editions publications, en 2002

[1].</ref>,<ref>Présentation du livre consacré à l'affaire par Hugues Tertrais, agrégé d’histoire et docteur en histoire contemporaine, est maître de conférences à l’université de Paris I - Panthéon-Sorbonne. [2].</ref>.

Modèle:Citation bloc

En 1952, l’armée populaire vietnamienne lance des attaques contre les fortins de la « Ligne De Lattre » derrière laquelle se sont retranchées les troupes françaises. Tout en continuant les coups de main et les embuscades, l’armée populaire se retire pour se préparer à des opérations à une plus grande échelle.

L'aide des États-Unis à la France ne suffit pas

En attendant que le général Dwight Eisenhower, du Parti républicain, devienne président des États-Unis en janvier 1953 et devienne le premier à avancer la « théorie des dominos » pour la défense de l'Indochine contre le communisme, dès Modèle:Date-, les États-Unis avaient créé le Modèle:Lien (MAAG) pour regrouper les demandes d'aide française, conseiller en stratégie et entraîner les soldats vietnamiens<ref>George C. Herring, America's Longest War, Modèle:P..</ref>. L'aide américaine s'accroît considérablement cette année-là, tant en proportion des dépenses totales qu'en valeur absolue. Pour l'année fiscale américaine 1951-1952, le financement américain se montait à Modèle:Nobr de dollars, soit 20 % du coût de la guerre. En 1953-1954, ce financement monta à Modèle:Unité soit 41 % de l'effort de guerre. En tout, entre 1951 et 1954, les États-Unis déboursent Modèle:Nombre de dollars<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> (Modèle:Inflation milliards actuels).

Il y eut également des discussions entre les Français et les Américains sur la possibilité d'utilisation de trois armes nucléaires tactiques, bien que les rapports sur le niveau de probabilité, et sur qui en a fait la proposition soient vagues et contradictoires<ref name="Ten Thousand Day War 1981, page 57">Michael Maclear, Vietnam The Ten Thousand Day War, Thames, 1981, Modèle:P..</ref>,<ref>Vietnam at War: The History: 1946–1975 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Une des versions du plan proposé - Modèle:Lien - prévoyait d'envoyer 60 B-29, B-36 et B-47 depuis des bases américaines, appuyés par 150 chasseurs lancés depuis des porte-avions de la septième flotte pour bombarder les positions du commandant Việt Minh Võ Nguyên Giáp, avec l'option d'utiliser jusqu'à trois armes atomiques. L'amiral Arthur W. Radford, chef d'état-major des armées des États-Unis, donne son accord à l'option nucléaire<ref name="AirForceMagazine">« Dien Bien Phu », Air Force Magazine vol. 87 no 8, August 2004.</ref>.

Le statu quo militaire

De son côté, la menace sur les centres importants étant écartée, le général Salan entreprend de prendre l'initiative. Il lance une série d'offensives, et ne connaît guère de défaites tactiques Modèle:Refnec, mais le CEF doit systématiquement se replier faute de moyens et d'avoir pu porter un coup décisifModèle:Refnec.

Le général Navarre rapporte au gouvernement français qu’il n’y a pas de possibilité d’une victoire militaire étant donné la faiblesse des moyens du CEF, mais promet une grande offensive avec l’opération Castor, qui consiste à occuper l’ancienne piste d’aviation japonaise de Diên Biên Phu pour verrouiller le passage au Laos de l’armée populaire, opération militaire qui avait pour but politique de permettre à la France de négocier à Genève la fin de la guerre en position de force.

Malgré la présence du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient et de l’Armée nationale vietnamienne, la bataille de Diên Biên Phu est perdue en Modèle:Nobr. Les combats continuent avec intensité pendant trois mois.

Annonce des accords finaux

Le nouveau gouvernement, dirigé par Mendès France, promet alors de conclure les accords de Genève au plus tard au mois de Modèle:Date-, ce qui advient le Modèle:Date-.

Le général Gras conclut au sujet de Diên Biên Phu : Modèle:Citation bloc

La guerre d'Indochine vue de France

Modèle:Article détaillé La difficulté du grand public à se faire une opinion sur la guerre d'Indochine est importante. Vus de la métropole française, les faits rapportés sont souvent tributaires des censures, pressions et intimidations vécues par les médias, au sein desquels une propagande officielle très optimiste tranche avec l'opposition brutale manifestée dans la rue à partir de 1950 par le PCF et les syndicats, opposés à la guerre, tandis que le MRP, seul parti qui la soutient inconditionnellement, laminé dans les urnes dès 1951, est confronté aussi bien au scepticisme d'une partie importante de ses sympathisants qu'au départ de quelques élus prestigieux.

La presse majoritairement opposée

Les grands engagements de la presse française pour la cause anticolonialiste dataient de bien avant la Guerre d'Indochine, avec les premiers articles au début des années 1930 des grands reporters Andrée Viollis, du Petit Parisien et Pierre Herbart dans l’hebdomadaire Monde. Ils vont influencer les journalistes, qui écrivent contre la Guerre d'Indochine, malgré les pressions de l'armée, créent de nouveaux journaux ou inventent des statuts protégeant l'indépendance des titres existants.

Dans l'autre camp, malgré un puissant Modèle:Citation, ce dernier n'eut Modèle:Citation<ref name=rioux/> et Modèle:Citation, la fin de la présence française en Indochine<ref name=rioux/>. Même s'ils sont bien renseignés par les militaires, les quotidiens de droite échouent ou répugnent à mobiliser la sympathie de leur lectorat, ce qu'Henri Amouroux, grand reporter à Sud Ouest et à L'Aurore, résumera par Modèle:Citation<ref>"Violence et colonisation: pour en finir avec les guerres de mémoires" par Claude Liauzu -Editions Syllepse 2003</ref>.

La perception en métropole est obscurcie par l'espoir d'une majorité de politiques de négocier avec Hô Chi Minh<ref name=bouche/>. Cet espoir sera conservé jusqu'à la fin de l'été 1947<ref name="bouche">"Les communistes français et la guerre d'Indochine, 1944-1954" d'Alain Ruscio, publication de la thèse de 1984, fiche de lecture par Denise Bouche dans la Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine [3].</ref>, malgré la responsabilité personnelle de Thierry d'Argenlieu dans les Modèle:Nombre vietnamiennes<ref>Selon les archives officielles</ref> du Bombardement de Haïphong le Modèle:Date-<ref name=bouche/>. Motivé par un simple contrôle douanier, ce bombardement visait à s’emparer de ce port, essentiel dans l’activité économique, comme le montrent les cartes du temps du colonialisme. D'Argenlieu qualifie, en privé, de Modèle:Citation les accords Hô-Sainteny du Modèle:Date. Aux termes de ces accords, Modèle:Citation et proclame une république de Cochinchine le Modèle:Date. Hô Chi Minh est alors en France avec le général Raoul Salan, pour des négociations que d'Argenlieu réussira à entraver, après avoir provoqué le départ en Modèle:Date du général Leclerc, présent depuis le 5 octobre en raison de leur brouille au sujet de ces négociations avec Hô Chi Minh<ref name=figaro>Modèle:Article.</ref>.

L'espace médiatique sera aussi dominé par l'interventionnisme d'un autre général De Lattre de Tassigny, qui en octobre 1951 voyage jusqu'à Rome pour convaincre personnellement le pape Pie XII de recadrer les évêques et notables catholiques du Viêt-nam, qu'il juge trop indulgents envers le Vietminh<ref name=latour/>, après avoir mis en place à Saïgon un contrôle envahissant des médias.

Deux généraux portés sur la communication

En l'absence de consensus dans la classe politique, et même entre partis au pouvoir, des militaires improvisent et imposent très vite un agenda médiatique calqué sur leurs propres priorités, d'abord l'amiral d'Argenlieu, fermement opposé à l'Indépendance et au Vietminh puis de Lattre.

À peine arrivé en octobre 1945, d'Argenlieu demande à Jacques Fischbacher<ref>"La République et son armée face au péril subversif: guerre et action psychologiques en France, 1945-1960" par Paul Villatoux et Marie-Catherine Villatoux, aux Editiond Indes savantes, 2005</ref>, un ex-planteur de caoutchouc qui avait animé localement la "France Libre" avec Pierre Boulle, futur auteur du film Le Pont sur la rivière Kwai<ref>"Une vie pour la Chine. Mémoires, 1937-1989" par Jacques Guillermaz Laffont, Paris, 1989 [4].</ref> de relancer l'ancienne Agence radiotélégraphique de l'Indochine et du Pacifique (ARIP) liée à l'agence de presse Havas et au monde colonial, avec son émetteur exploité par la CSF, diffusant jusqu'en Australie<ref name="Frédérix p360">« Un siècle de chasse aux nouvelles : de l'Agence d'information Havas à l'Agence France-presse (1835-1957), par Pierre Frédérix, page 360</ref>. C'est l'ancienne Radio Saïgon, déjà relancée en mai 1939 par Jacques Le Bougeois, dans le sillage de la "voix de la France" du Poste colonial<ref>"La politique française en Extrême-Orient, 1936-1938" par Roger Lévy, aux Éditions Paul Hartmann, 1939</ref> créé lors de l'exposition coloniale de 1931 puis fermé le 9 mars 1945 par les Japonais<ref>« Ici Radio Saïgon ! 1939 - 1945 » par Jacques Le Bourgeois: 1985, France-Empire Editions</ref>. Passée sous le contrôle du Vietminh quelques semaines, elle a été reprise par le colonel Jean Cédile<ref>[5].</ref>. Le 9 décembre 1945, d'Argenlieu y fait une allocution de Modèle:Nobr, sous des applaudissements mis en scène dans la rue tandis que sont embauchés des reporters liés à l'armée, comme Brigitte Friang, cofondatrice du RPF en 1947, attachée de presse d'André Malraux et Jacques Chancel, qui a fini son service militaire en Indochine, où son oncle l'a confié à William Bazé, grand propriétaire terrien<ref>Le Point du 21 novembre 2013 [6].</ref>,<ref>"Jacques Chancel se souvient de l'Indochine" par Astrid De Larminat dans Le Figaro du 4 décembre 2013 [7].</ref>. Après avoir animé une émission de dédicaces aux militaires, il devient correspondant de guerre<ref>"Pourquoi partir Journal 2011-2014" par Jacques ChancelFlammarion [8].</ref>.

Mais au Nord, La Voix du Vietnam émet déjà clandestinement depuis septembre 1945 pour le Viet Minh, les Français l'accusant d'avoir récupéré son matériel auprès des Japonais<ref>"Quelles radios émettaient au Vietnam avant le départ des Français ?" octobre 2017 [9].</ref>. Il faudra attendre une convention franco-vietnamienne de 1949 pour scinder Radio Saïgon en deux : « Radiodiffusion du Vietnam », moins coloniale, et Radio France-Asie, qui emploie Modèle:Nobr et recourt cette fois à des signatures prestigieuses de la presse écrite: Yves Desjacques du Figaro et Max Clos du Monde.

Dès la fin de 1946, le directeur du cabinet de d'Argenlieu tente d'étendre son influence à la presse écrite : il convoque René Dussart, correspondant de Paris-Presse après une dépêche du 20 décembre décrivant des bavures « commises par des militaires français sur la personne d'Annamites du Viêt-minh » qui avait entraîné un éditorial au vitriol de Franc-Tireur, mentionnant la lettre d'un soldat français comparant les faits au massacre d'Oradour-sur-Glane. Nathan Bloch, de la presse australienne a également couvert l'affaire et son article été reproduit par l'Associated Press américaine. D'Argenlieu, dont il est l'une des bêtes noires, reconnaîtra avoir reçu des instructions du nouveau ministre des Colonies Jacques Soustelle, inquiet de l'impact sur l'opinion publique<ref name="neville">"Britain in Vietnam: Prelude to Disaster, 1945–46" par Peter Neville, aux éditions Routledge, [10].</ref>. L'année suivante, en 1946, c'est le grand quotidien américain Chicago Tribune qui compare ces exactions à celles des nazis<ref name=neville/>,<ref name="Argenlieu">"Chronique d'Indochine, 1945-1947 " par l'Amiral Thierry d' Argenlieu, aux Editions Albin Michel, 2013 [11].</ref>, tandis que la presse belge souligne que la Légion envoie en Indochine des Allemands, les anciens de l'Afrikakorps<ref name=lanneau/>.

La volonté d'influencer les médias pour gagner l'opinion publique recourt à tous les procédés : censure, pression, mais aussi soutien appuyé, par divers moyens, y compris matériels, à des journalistes "amis", qui donnent écho au discours des généraux. Lucien Bodard, un ancien de la section presse-information du gouvernement provisoire chargé de l'Extrême-Orient<ref>Lucien Bodard dans l'Encyclopedia Universalis.</ref> est recruté parFrance-Soir en 1948. Avec Max Olivier-Lacamp, passé au Figaro, il forme un duo que les conseillers militaires accueillent Modèle:Citation et dont ils saluent les écrits<ref>Synthèse des écrits de Lucien Bodard par l'association Saïgon-Vietnam [12].</ref>. Il a ses entrées chez l'état-major du corps expéditionnaire et l'empereur Bảo Đại. Le reporter Jean Lartéguy, futur Prix Albert-Londres (1955)<ref>"Les écrivains d'Indochine - 2 - Les journalistes" Le 9 août 2016 [13].</ref>, est aussi un ex-militaire devenu correspondant de Paris-Presse. Comme Bodard, il devient très proche du général De Lattre<ref name=bodard/>, arrivé fin 1950, qui pense que le conflit Modèle:Citation et créé donc un "camp de presse"<ref name=isa/> où Modèle:Citation<ref name=isa/>, qui Modèle:Citation<ref name=isa/>. Certains journalistes s'indignent, les anglo-saxons en particulier<ref name=isa/>, que le commandement militaire y mène Modèle:Citation<ref name="isa">Article publié le 31 juillet 1954 dans la revue mensuelle illustrée "Indochine Sud-Est Asiatique", édité par la "Société Asiatique d'Éditions". [14].</ref>,<ref name=bodard/>. Lucien Bodard y place un de ses amis, le jeune pigiste Robert Aeschelmann, et le général met un appartement à disposition de son épouse Mag Bodard<ref name="bodard">"Lucien Bodard" L'EXPRESS le 01/12/1997 [15].</ref>, qui écrit sur la vie urbaine à Saïgon et Hanoï<ref>"L'Indochine, c'est aussi comme ça", par Mag Bodard, en 1954 dans la Collection de « l'Air du temps » chez Gallimard.</ref>,<ref>"Éditeurs et éditions pendant la guerre d'Algérie, 1954-1962" par Nicolas Hubert - 2012 [16].</ref>,<ref>Compte-rendu dans Le Monde du 30 novembre 1954 [17].</ref> et devient la maîtresse du patron de France-Soir Pierre Lazareff<ref name=chancel/>, qu'elle épousera après la guerre, comme le révèlera le patron des deux palaces locaux, "Le Continental" et "Le Majestic"<ref name=chancel>"La nuit attendra" par Jacques Chancel aux Editions Flammarion en 2013</ref>,<ref group="Note">Enrichi par l'Affaire des piastres.</ref>. Lors de sa nomination au haut-commissariat à l'Indochine, en 1951, le radical Albert Sarraut, lit aux journaliste un sermon de Modèle:Nobr sur leur métier<ref>L'historien communiste Alain Ruscio a dans un passage d'un article de 1991 comportant une erreur factuelle, cité André Géraud, de son nom de plume « Pertinax », écrivant dans France-Soir Modèle:Citation, mais cette citation, par ailleurs ambigüe, date d'une période où la situation est encore peu claire et France-Soir encore émergent</ref>.

En mai 1953, Henri Navarre devient le septième commandant en chef en Indochine, censé Modèle:Citation, salué par un article-fleuve du général Georges Catroux dans Le Figaro 21 juillet 1953<ref name="Rusciochrv">"La fin de la guerre d’Indochine (1953-1954) vue par L'Humanité, article de Alain Ruscio en 1993 dans Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [18].</ref>. D'autres journaux sont au contraire accusés d'avoir fait fuiter des informations: c'est l'inculpation de Roger Stéphane, de L'Observateur et la saisie de L'Express du 29 mai<ref name="dicgi">"Dictionnaire de la Guerre d'Indochine: 1945-1954" par Jacques Dalloz, aux Editions Armand Colin, 2006 [19]</ref>. La proximité entre généraux et médias va les entrainer dans un désastre commun.L’Aurore du 23 salue l'arrivée des parachutistes à Diên Biên Phu, qui Modèle:Citation<ref name="ruscio20e"/> tandis qu'Étienne Anthérieu écrit peu après dans Le Figaro « dans l’ombre des réguliers Viet-minh, endoctrinés et fanatiques, combien d’indécis, d’attentistes ? » puis annonce fin janvier Modèle:Citation<ref name="Hubert_le_Roux"/> en faveur de la France alors que l'inverse se produira juste après<ref name="ruscio20e"/>.

De nouveaux statuts pour l'AFP et Le Monde

L'indifférence d'une partie de l'opinion en France est renforcée par les difficultés à se faire un opinion, sur fond de pressions sur la presse émanant des deux camps, qui ne génèrent pas la confiance du public. L'Agence France-Presse se met dès 1950 à la recherche d'un statut d'indépendance, qui aboutira en 1955-1956, après avoir subi censures et intimidations du gouvernement français pour sa couverture de la guerre. En octobre 1945 un ancien de l'Office français d'information (OFI), Michel Peutin, ouvre le bureau de Saïgon<ref name=ulmann/>, avec Jean Hertrich et Jacques Dauphin, ex-résistant gaulliste emprisonné sous l'Occupation à Long Xuyen, réintégré ensuite dans l'armée, puis arrêté et torturé par les Japonais en 1945<ref name="ulmann">"A.F.P. : une histoire de l'Agence France-Presse (1944-1990)" par Bernard Ullmann, Jean Huteau 1991 [20]</ref>.

Dès le 18 avril 1947, Gilles Martinet, rédacteur en chef depuis août 1944, est écarté par le directeur général Maurice Nègre<ref name=ulmann/>,<ref name=montane/> à la demande de l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu, depuis septembre 1945 commandant en chef pour l'Indochine, et malgré le soutien de ses collègues journalistes<ref name=ulmann/>,<ref name=montane/>, après avoir refusé de censurer les déclarations et communiqués du Viêt-Minh<ref name=ulmann/>. Il est ensuite élu au comité d’entreprise de l'AFP<ref name=montane/> puis anime avec Claude Estier la Revue internationale, très critique de la guerre d’Indochine<ref name=montane/>. En 1947, D'Argenlieu obtient aussi le renvoi en France de Jacques Dauphin, après lui avoir reproché des dépêches pas assez valorisantes pour l'armée<ref name=ulmann/> puis celui du directeur du bureau Pierre Norgeu, au prétexte d'une erreur du desk parisien dans une dépêche sur ses projets personnels<ref name=ulmann/>, qui aurait pu gêner celui de créer un service en anglais sur l'Indochine, finalement jamais abouti. Des dépêches de Pierre Guillain, un des rares Occidentaux à avoir passé la Seconde Guerre mondiale à Tokyo, au service de l'AFP, ensuite auteur de plusieurs scoops annonçant les difficultés françaises<ref name=ulmann/>, ne sont diffusées qu'aux clients étrangers<ref name=ulmann/> et il part couvrir la décolonisation de l'Inde, où il se fait embaucher par Le Monde<ref name=ulmann/>.

Mal vue par certains généraux<ref name=baron/> puis par le Viet Minh, qui finit par refuser d'accréditer un correspondant<ref name=baron/>, l'AFP n'a droit qu'à quelques communiqués, parfois à survoler des champs de guerre<ref name="baron">"Le monde en direct : De Charles-Louis Havas à l'AFP, deux siècles d'histoire" par Xavier Baron, aux éditions La Découverte, 2020 [21].</ref>. Le quotidien catholique belge La Gazette de Liège juge ses dépêches partisanes et préfère celles de la rivale américaine Associated Press<ref name="lanneau">"Contre-propagande sur l'Indochine. La France officielle face à l'anticolonialisme en Belgique francophone (1946-1950)" par Catherine Lanneau dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains en 2011 [22].</ref>. Dès 1947, son patron a préféré « un Belge qui connaît parfaitement » le Vietnam et défend le Viet Minh, car l'AFP Modèle:Citation<ref>Joseph Demarteau, patron de La Gazette de Liège le 16 janvier 1947, cité par Catherine Lanneau [23].</ref>. Plusieurs clients français de l'AFP<ref>Le Monde le 8 juin 1954 et Combat le lendemain, cités par Barbara Vignaux, dans la revue d'histoire Vingtième Siècle en 2004 [24].</ref> s'indigneront en 1954 d'autres pressions sur l'AFP, quand Gustave Aucouturier et son adjoint, Georges Bitar sont écartés de la direction<ref name=vignaux/> pour avoir diffusé un extrait d’un article de L'Express consacré au rapport, jugé pessimiste, des généraux Ely et Salan sur l’avenir de l'Indochine<ref name=vignaux/>. Les sources diplomatiques préfèrent, elles, donner les informations sensibles à la britannique Reuters<ref>"Vers une coordination franco-britannique en Indochine et en Malaisie", Le Monde du 06 août 1948 [25].</ref>. L'AFP subit dès 1951 la concurrence de l'ACP, créée par deux groupes de presse de gauche. Président de la presse française<ref>Fédération nationale de la presse française (FNPF)</ref>, Albert Bayet multiplie alors les dénonciations d'une « agence d’État »<ref name="vignaux">"L'Agence France-Presse en guerre d'Algérie" par Barbara Vignaux, dans la revue d'histoire Vingtième Siècle en 2004 [26].</ref> dont le statut via une loi garantissant l'indépendance ne sera voté qu'en 1956. Dès 1949, un projet signé de François Mitterrand, imagine une taxe spéciale pour la financer. Puis en 1954, sous Pierre Mendès France, Jean Marin est nommé président de l'AFP : il met sur pied deux groupes de travail comprenant la plupart des fédérations de la presse française et déclare à ses reporters : Modèle:Citation<ref>L'arrivée de Jean Marin à la tête de l'AFP.</ref>. Le Modèle:Date, Pierre Mendès France est renversé. La veille de son départ, il crée la commission Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, il est prêt puis plébiscité fin août par un référendum auquel participent 83 % des Modèle:Nombre inscrits. Puis c'est le Parlement qui l'adopte à son tour à l'unanimité. La Presse quotidienne régionale, qui a réclamé ce statut, en profite au cours des dix ans qui suivent, gagnant un million d'exemplaires quand celui de la Presse quotidienne nationale stagne<ref>Archives en ligne du Ministère de la Culture</ref>,<ref name="griset">"Georges Pompidou et la modernité: les tensions de l'innovation, 1962-1974", par Pascal Griset 2006 [27].</ref>.

Au quotidien Le Monde, Jacques Guérif, embauché en octobre 1945 comme spécialiste des questions coloniales, signe dès l'été 1946 des articles Modèle:Citation rêvée par l'Amiral d'Argenlieu<ref name="eveno">"Histoire du journal « Le Monde » 1944-2004" par Patrick Eveno 2015 [28].</ref>. Pour lui comme pour le directeur Hubert Beuve-Méry, l'Indochine ne peut être conservée dans l'Empire colonial<ref name=eveno/>, mais Le Monde cultive tout d'abord une forme de pluralisme, publiant aussi un éditorial de Rémy Roure, journaliste chevronné issu du MRP, allant dans le sens inverse<ref name=eveno/>.

Pour consolider son anticolonialisme, Hubert Beuve-Méry publie l'hebdo Une semaine dans le Monde, d'avril 1946 à septembre 1948<ref name=eveno/>. Son opposition à la guerre d'Indochine le prive de Martial Bonis-Charancle, secrétaire général administratif, qui avait joué un rôle-clé dans la naissance du Monde<ref name="alceste">«Le Monde» de Beuve-Méry ou le Métier d'Alceste, par Jean-Noël Jeanneney, Jacques Julliard, aux Éditions Seuil essais en 1979 [29].</ref>, qui sort de son bureau en lançant: Modèle:Citation<ref name=alceste/> puis claque la porte en décembre 1947<ref name=alceste/>.

Hubert Beuve-Méry est le premier à évoquer « Une guerre sale » dans Le Monde du 17 janvier 1948, expression reprise comme "sale guerre" Modèle:Nobr après dans L'Humanité. Son engagement contre la guerre provoque aussi le mécontentement de certains ministres<ref name=alceste/> puis début de 1948 et début 1950<ref name=alceste/>, quand la polémique sur la guerre s'avive, des projets de créer un quotidien concurrent.

Le projet émerge dès 1948<ref name=alceste/>, sous la houlette de Paul Cheminais, PDG de la Société d'études économiques et sociales<ref name=alceste/>, des articles mentionnant en 1950 qu'il pourrait utiliser le nom de l'ancêtre du Monde jusqu'en 1944, Le Temps dont plusieurs ex-dirigeants sont sollicités, leurs noms apparaissant dans la presse. Le projet ne reprendra qu'en novembre 1954<ref name="heures">"Les grandes heures de la presse", Jean-Noël Jeanneney publié aux Editions Flammarion en 2019 [30].</ref>, quand Philippe Boegner, cofondateur de Paris-Match est convoqué<ref name="alceste" />,<ref>«Le Monde» de Beuve-Méry ou le Métier d'Alceste", par Jean-Noël Jeanneney et Jacques Julliard, sommaire détaillé [31].</ref> par Antoine Pinay, ex-président du conseil<ref name=nécromonde/>. Lors de deux entretiens, il lui demande de créer un concurrent au Monde et le projet se concrétisera à la mi-avril 1956<ref name=alceste/> mais capotera après deux mois et demi. C'est le quotidien Le Temps de Paris, partisan de l'Atlantisme et l'Algérie française<ref name="Eveno">"1944-2004, Histoire du journal « Le Monde »" par l'historien Patrick Eveno, en 2004 aux Editions Albin Michel [32].</ref>,<ref name="Giansily">"Pinay l'indépendant" par Jean-Antoine Giansily, en 1995 aux Editions Denoël [33].</ref>, financé par une nébuleuse proche de la Banque Worms et du patronat de Clermont-Ferrand. Le premier numéro sort mi-avril 1956, en pleine aggravation de la guerre d'Algérie par le Président du Conseil Guy Mollet, contesté par Le Monde<ref name="nécromonde">"Mort de Philippe Boegner" dans Le Monde du 17 octobre 1991 [34].</ref>. Les affiches du Temps de Paris y font allusion : « Les défaitistes ne lisent pas le Temps de Paris ». Il tire à Modèle:Nombre les premiers jours, en débauchant quatre journalistes du Monde dont il triple le salaire, puis s'effondre après quelques semaines.

Entre-temps, Hubert Beuve-Méry a œuvré à protéger aussi de l'intérieur l'indépendance du journal, devenu clairement anticolonialiste. En 1951, la Société des rédacteurs du Monde est créée, pour veiller à l'indépendance journalistique, avec 28 % des parts de la SARL Le Monde<ref>Modèle:Ouvrage, page 239.</ref> et la totalité des droits de vote. Dès 1956, Le Monde devient propriétaire de son immeuble rue des Italiens et en 1960 sa diffusion s'envole, triplant en Modèle:Nobr pour atteindre Modèle:Unité en 1971, puis près de Modèle:Unité à la fin des années 1970<ref>Laurent Martin, La presse écrite en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, éditions Le Livre de poche.</ref>. Entre-temps, ses journalistes font preuve de clairvoyance: Jacques Fauvet estime en 1953 que « Cette guerre, sans issue militaire, devient sans solution politique »<ref name=ruscio20e/> et Pierre Guillain le 7 mai 1954, qu’en cas d’élections libres, « Ho Chi Minh recueillerait dans toute la partie nord du Vietnam entre 80 et 90 % des voix, même si ailleurs les suffrages seraient moins inégalement partagés<ref name=ruscio20e/>.

Naissance des hebdos d'actualité L'Obs et L'Express

Franc-Tireur soutient la cause anticolonialiste via les articles de Madeleine Jacob<ref>Article de Madeleine Jacob dans Franc-Tireur du 10 avril 1948 [35].</ref> et Claude Bourdet<ref name=dicgi/>, mais la diffusion qui était encore de Modèle:Unité chute, quand ils partent avec une partie de la rédaction fusionner avec Libération, plus investi dans l"anticolonialisme, également soutenu par Témoignage Chrétien etCombat<ref name=folin/>, où Bourdet a été désigné en mai 1947 par Albert Camus pour lui succéder comme éditorialiste<ref name="Maitronbourdet">Notice biographique Maitron de Claude Bourdet [36]</ref>. L'Indochine va l'y opposer à l'ex- capitaine d'état-major Henri Frenay, l'un des premiers chefs de la Résistance, cofodateur de ce quotidien à Modèle:Nombre<ref>Article d'EUGÈNE MANNONI dans Le Monde d [37].</ref>, où famine et répressions en Indochine des années 1930 ont été rappelés dès l'hiver 1944-1945 par les éditoriaux Pierre Herbart, grand reporter qui les avaient révélées à l'époque<ref>"Pierre Herbart, journaliste engagé" par Claude Gillet, revue Roman en 2006 [38].</ref>.

Fin 1949, Bourdet signe aux côtés d'André Gide et Louis Jouvet<ref name=Gelder/> une pétition réclamant des négociations de paix<ref name=Gelder>Modèle:Lien web.</ref>. Et début 1950, la question de l'Indochine l'amène à traiter de « néofasciste » Henri Frenay<ref name=Ajchenbaum/>. En février 1950, François Mauriac lui reproche des articles soutenant le refus des cheminots de charger du matériel militaire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'anticolonialisme de Bourdet était pourtant public, depuis ses articles dans Octobre<ref name=Ajchenbaum/>,<ref>Thèse de Philippe Tétart, "France observateur" : 1950-1964 : histoire d'un courant de pensée intellectuel</ref> puis sous sa plume dès 1947, dans Combat<ref name=Ajchenbaum>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Il en alors appelle aux lecteurs de Combat, dans deux numéros successifs, les 6 et 9 février 1950<ref name=Maitronbourdet/>, pour fonder avec une partie de la rédaction l'hebdomadaire anticolonialiste L'Observateur politique, économique et littéraire<ref>"L'observateur engagé" par Gilles Martinet, éditions Lattès 200</ref>,<ref name="montane">"L’AFP, une entreprise unique, des origines à l’histoire de son statut d’exception, 1832-2015" par Jade Azzoug-Montane, Thèse de doctorat de l'Université Paris-Saclay préparée à l’Université de Versailles, Saint-Quentin-En-Yvelines [39].</ref>. Grâce à leurs souscriptions financières et à l'argent de la mère de Roger Stéphane<ref name="Laurentin">De France Observateur au Nouvel Observateur : Modèle:Nobr d'histoire, par Emmanuel Laurentin, le Modèle:Date- sur France Culture [40].</ref>, le premier numéro, le 13 avril 1950, est tiré à Modèle:Unité, avec des articles de Gilles Martinet, Claude Bourdet, Hector de Galard, et la collaboration de Jean-Paul Sartre. Combat, qui a renvoyé Bourdet et perdu peu après la moitié de ses lecteurs, le poursuit en Justice<ref>"Le procès Claude Bourdet contre Combat est plaidé devant la Modèle:1re chambre" dans Le Monde du 22 décembre 1950 [41].</ref>.

Les titres d'articles publiés de 1950 à 1953 par le nouvel hebdo annoncent la couleur: Modèle:Citation, souligne Claude Bourdet, tandis que Gilles Martinet dénonce le Modèle:Citation et Roger Stéphane Modèle:Citation<ref>Philippe Baudorre, La plume dans la plaie. Les écrivains journalistes et la guerre d'Algérie, Bordeaux, Presses de l'Université de Bordeaux, 2003. [42].</ref>. L'équipe inclut des journalistes SFIO anti-colonialistes, Claude Estier, exclu du Populaire pour un article titré « Jules Moch, assassin », et Maurice Laval, maire adjoint de Montrouge, présent avec Bourdet à Octobre dès 1947<ref>Notice biographique Le Maitron de Maurice Laval [43].</ref>,<ref>Notice Le Maitron de Claude Estier [44].</ref>. L'hebdo se repbatise L'Observateur Aujourd’hui en 1953 puis France Observateur en 1954Modèle:Refsou.

Ce succès lui attire un concurrent L'Express, créé le 16 mai 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber, dont la famille avait fondé Les Échos, engagé à Modèle:Nobr par Le Monde comme éditorialiste en politique étrangère pour sa bonne connaissance des États-Unis, qui lui permet de se spécialiser sur la guerre froide<ref name="L_Exporess_3juin1999"/>. Depuis 1951, il fréquente son futur beau-frère Pierre Mendès France, après avoir applaudi son discours de deux heures sur l'indépendance future de l'Indochine<ref name="L_Exporess_3juin1999">"Françoise Giroud: "L'Express est insubmersible", dans LEXPRESS du 3 juin 1999 Modèle:Lien web.</ref>. C'est pour l'aider dans cette cause que JJSS créé L'Express, rejoint par Françoise Giroud, jeune directrice de la rédaction d'Elle. Le tirage augmente rapidement, la maquette offrant une large place à la photographie<ref name=ency/>. Les difficultés financières de ces deux hebdomadaires n'apparaitront qu'après l'été 1962: la fin des guerres coloniales fait perdre des lecteurs<ref name=ency/>. Jean Daniel et d'autres de L'Express négocient leur fusion avec France-Observateur<ref name=ency/>, qui le 12 novembre 1964 se rebaptise Nouvel Observateur, pour un tirage revenu à Modèle:Nombre<ref name="ency">Encyclopédia universalis [45].</ref>, sauvé par le financier, Claude Perdriel<ref name=ency/>. D'autres journalistes de L'Express créeront le magazine Le Point en 1972.

Difficultés de L'Aurore et Paris-Presse, virage de Paris-Match

Paris Match, fondé en 1949 par Philippe Boegner et Paul Gordeaux, qui permet à l'industriel Jean Prouvost de revenir dans la presse<ref>Philippe Boegner, Presse, argent, liberté, Fayard, 1969 [46].</ref>, apporte à la couverture de la guerre des reportages photos riches et nombreux. Comme Le Figaro ou L'Aurore, il est un des piliers de l'orchestration de campagnes d'opinion martelant que la France y défend la liberté<ref name="Vaïsse">"L'armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954): adaptation ou inadaptation?" par Maurice Vaïsse, aux Editions Complexe, en 2000 [47].</ref> et relaie le lobbying civil, financier et militaire à chaque fois qu'il réclame un renforcement de l'effort de guerre<ref name=Vaïsse/>. Parmi ses grands reporters, le grand résistant, Joël Le Tac, ex-capitaine de l'armée en Indochine avant d'intégrer en Modèle:Date- le bataillon français de l'ONU, combattant dans les batailles de Kumwha, du triangle de Fer et de T Bone de la Guerre de Corée.

Face à France Observateur et L'Express, Paris Match se remet cependant en cause. Son directeur Philippe Boegner ne supporte plus les correspondants de guerre habituels<ref name=chasseur/>. Pour obtenir « des images différentes » ou inattendues<ref name=chasseur/> il envoie aussi en Indochine Willy Rizzo, célèbre photographe des stars, qui innove en pénétrant dans un camp de prisonniers Vietminh<ref name=chasseur/> ou par des photos de tranchées, jusque là évités pour pas faire penser à la Première Guerre mondiale<ref name=chasseur/>. Elles seront interdites de diffusion<ref name="dubreuil">« La Guerre d'Indochine de Willy Rizzo. Un photographe à contre-emploi » par Stéphane Dubreuil, article dans la revue Guerres et Histoire le 27 décembre 2017 [48].</ref>. Le général Salan déclare même: « Si je revois Rizzo en Indochine, je l'encule devant mon bataillon », car le photoreporter réussi à montrer que la France menait « une guerre et pas une opération de police »<ref name=chasseur/>.

Plus arrangeant, son comparse Philippe de Baleine avait écrit maladroitement, fin 1952, que Le Huu Tu, ex-conseiller de Ho Chi-Minh<ref name=necro/> en froid avec lui, est le « meilleur allié des Français »<ref name="latour">"Le général gambiez et les catholiques vietnamiens pendant la guerre d'Indochine" par Francis Latour, article de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains en 2010 [49].</ref>,<ref name="cairn.info">Philippe de Baleine et Willy Rizzo, « Dans Na-Sam assiégée », Paris Match, no 194, 29 novembre-6 décembre 1952. [50].</ref>, alors qu'il a en réalité souvent caché des concentrations de troupes viêt-minh dans son évéché<ref name=latour/> et que Modèle:Citation<ref name="necro">Nécrologie dans Le Monde du 25 avril 1967 [51].</ref>. Une maladresse qui ne peut s'expliquer que par l'Modèle:Citation ou une Modèle:Citation, selon le spécialiste de l'histoire des relations internationales contemporaines, Francis Latour. Tous deux inspireront à Hergé en 1962 les personnages de Walter Rizotto et Jean-Loup de la Batellerie, envoyés de Paris-Flash à Moulinsart, après un reportage photo à Milan sur Maria Callas<ref name="chasseur">"Willy Rizzo, chasseur de stars et pionnier de "Paris Match", par Michel Guerrin dans Le Monde du 28 février 2009 [52].</ref>,<ref>Article du Monde repris et illustré par couvertures fictives de Paris-Flash [53].</ref>. À Diên Biên Phu en 1954, Joël Le Tac et Michel Descamps ramènent non seulement des photos de la situation très attendues en Métropole<ref>"Les Modèle:Nobr de Paris-Match [54].</ref> mais aussi l'information que pour les soldats français, Modèle:Citation<ref>"Bataillon Bigeard : Indochine, 1952-1954, Algérie, 1955-1957" par Erwan Bergot, en 1977 [55].</ref>. Modèle:Citation, Paris Match s'en désintéresse après la défaite<ref>"La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saigon 1940-1956" par Ivan Cadeau, en 2015 aux Editions Tallandier [56].</ref>. Par la suite, subissant la concurrence des nouveaux hebdomadaires, sa diffusion sera divisée par trois en seize ans, passant de Modèle:Unité en 1958 à 550 000 en 1975<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

À Paris, au contact d'une opinion métropolitaine réticente ou indifférente, les éditorialistes sont souvent plus mesurés que les envoyés spéciaux. D'autres journaux soutenant la guerre amorcent eux aussi un virage sur sa fin. La France Modèle:Citation pour une Modèle:Citation et Modèle:Citation, écrit ainsi le 22 octobre 1953 André Guérin, rédacteur en chef de L'Aurore, pourtant journal le plus favorable à la guerre<ref>"De toute façon la France devra s'en aller" par André Guérin, rédacteur en chef, dans L'Aurore du 22 octobre 1953, reprise dans Le Monde [57].</ref>.

Le quotidien a été acheté en 1951 par l'industriel textile Marcel Boussac, première fortune française, qui joue Modèle:Citation en faveur de la guerre<ref name=Margairaz/> car c'est l'un des patrons engagés en politique et pour les guerres coloniales<ref name=Margairaz>"Pierre Mendès France et l'économie: pensée et action". Actes du colloque de l'Institut Pierre Mendès France des 11 et 12 janvier 1988, par Michel Margairaz, Institut Pierre Mendès France, aux Editions Odile Jacob en 1989</ref>, même s'il n'est pas représentatif de l'ensemble<ref>"DECOLONISATION : DEUX PATRONS EN AVANCE D'UNE GUERRE" par Jacques Marseille le 07/04/199 [58].</ref>,<ref name=Margairaz/>. Grand négociant dans les colonies<ref>"Comment ils ont fait fortune" par Merry Bromberger aux éditions Plon, 1954</ref>, il dispose de comptoirs ouverts dès 1918 en Indochine, Les maîtres de la presse, une brochure de 160 pages Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} "The Study of Politics", par Maurice Duverger, aux Editions Springer Science & Business Media, 2012 [59].</ref>,<ref name=Voyenne/>, malgré son ton polémique<ref name="Voyenne">"Guide bibliographique de la presse", par Bernard Voyenne en 1958, en page 11</ref> publiée en janvier 1956 par le Mouvement de libération du peuple, du syndicaliste chrétien Henri Longeot<ref>"Le Mouvement de Libération du Peuple" par Meixin Tambay, Institut Tribune socialiste en mars 2019 [60].</ref>. L'Aurore tirait en 1952 au-dessus de Modèle:Nombre et grimpe à Modèle:Nombre en 1956<ref>Claude Bellanger, Jacques Godechot, Perre Guiral et Fernand Terrou, Modèle:Opcit, Modèle:P.267.</ref>, l'année d'une innovation, l'illustration en couleur<ref>Claude Bellanger, Jacques Godechot, Perre Guiral et Fernand Terrou, Histoire générale de la presse française, Presses universitaires de France, 1976, Modèle:P.222 et suivantes.</ref>, mais c'est surtout grâce à la fusion en 1954 avec Ce matin<ref>"Journal du septennat, 1947-1954: 1953-1954, éditée par Jacques Ozouf, 1970</ref>, qui tirait encore à Modèle:Nombre en 1952<ref>"Une fiscalité pour la croissance: La direction générale des impôts et la politique fiscale en France de 1948 à la fin des années 1960" par Frédéric Tristram, Institut de la gestion publique et du développement économique, 2013 [61].</ref>. En baisse ensuite, il perd un tiers de ses lecteurs, pour retomber à Modèle:Nombre en 1960.

De son côté, la Librairie Hachette acquiert France-Soir en 1949. Les économies d'échelle permettent d'être le mieux placé pour couvrir l'actualité internationale : France-Soir franchit le cap du million d'exemplaires dès 1953<ref>« Chronologie : Des années fastes au déclin ». sur le site de Paris-Presse, consulté le 7 avril 2010.</ref> Modèle:Référence nécessaire. Modèle:Référence nécessaire lorsqu’un évènement le justifie<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>, étendant la méthode qui avait réussi avant la guerre à Paris-Midi puis Paris-Soir.

La presse communiste pro indépendance

Les intimidations des hebdomadaires communistes Regards<ref name=penillaut/> et France d'abord<ref name="menjoulet">Images et Archives de militants, Carnet de Jeanne Menjoulet CHS Réalisation audiovisuelle. CNRS [62].</ref>, par des perquisitions et interpellations dès février 1949<ref name="penillaut">Le Monde du 28 février 1949 [63].</ref>, puis le 14 juillet 1949<ref>"Punir les opposants - PCF et procès politique (1947-1962)" par Vanessa Codaccioni, aux Editions du CNRS, 2013</ref> précèdent une radicalisation sur ce thème: par sa presse et ses actions dans les entreprises et les transports, le PCF, alors premier parti de France avec un quart de l'électorat, va prendre systématiquement à témoin l'opinion publique, à partir de 1950, contre la guerre.

L'Humanité ne consacre d'abord qu'une colonne au Bombardement de Haïphong du 23 novembre 1946, pourtant réel départ de la guerre<ref name="daixlaffont">"J'ai cru au matin", par Pierre Daix, Editions Robert Laffont 1976 [64].</ref>. Et quand Charles Tillon est écarté de son ministère en janvier 1947, Maurice Thorez intime aux parlementaires du PCF d'aplaudir la déclaration du Président du conseil qui rend hommage aux militaires responsables de ce bombardement.

Mais le 22 mars 1947, le jeune résistant René L'Hermitte<ref>Biographie Le Maitron de René L'Hermitte [65].</ref>, envoyé spécial de L'Humanité à Saïgon cite un officier dénonçant des tortures contre des prisonniers Viet-minh<ref name=Rusciochrv/>. Quelques semaines après le PCF est chassé du gouvernement. Le 18 septembre 1949, c'est le quotidien breton Ouest-Matin, fondé dix mois plus tôt par des chrétiens de gauche, qui publie à son tour la lettre d'un soldat accusant les troupes françaises d'atrocités<ref name="ouestcondamné">Le Monde du 18 mars 1950 [66].</ref>,<ref name="ouestcondamné2">Le directeur de Ouest-Matin est condamné à six mois de prison avec sursis et Modèle:Unité d'amende pour diffamation envers l'armée française, dans Le Monde du 25 mai 1950 [67].</ref>, sur fond de vif débat dans l'opinion en métropole sur les « atrocités françaises »<ref>"Indochine S.O.S" par Andrée Viollis Préface d'André Malraux. Modèle:Coll., Gallimard. Parution : 16-08-1935 puis fin 1949</ref>,<ref name="viollis">« Andrée Viollis et la question coloniale » par Anne Renoult, diplômée d’études approfondies [68].</ref>, et René L'Hermitte couvre fin 1949 les premières manifestations de rues et des refus de chargement d’armes, à Dunkerque et Marseille, qui débouchent sur une longue grève des dockers.

Le quotidien populaire du PCF Ce soir a recruté Andrée Viollis, ex-grand reporter du Petit Parisien, qui avait témoigné de la famine et des répressions lors la visite en 1932 de Paul Reynaud, ministre des Colonies, venu tenter de rassurer les colons, puis dans son livre de 1935 "S.O.S. Indochine", réédité fin 1949 sans la préface d'André Malraux<ref>Notice biographique Le Maitron d'Andrée Viollis [69].</ref>,<ref>Extraits - réédition de 1949 [70].</ref>,<ref>Couverture de SOS Indochine par la presse coloniale des années 1930 [71].</ref>. Le 2 juillet 1946, elle présente Hô Chi Minh, venu négocier la conférence de Fontenaibleau, à sa jeune collègue, la résistante Madeleine Riffaud<ref>"TOUS LES COMBATS DE MADELEINE RIFFAUD", dans L'Humanité du 22 août 2014 [72].</ref>, qui se passionne pour la cause indochinoise<ref name="mons">"Madeleine Riffaud: L'esprit de résistance" par Isabelle Mons, 2019 [73].</ref> et reçoit régulièrement jusqu'en 1949 Tran Ngoc Danh, membre de la délégation vietnamienne<ref name=mons/>

Malgré ces deux plumes prestigieuses, Ce soir, qui dès la fin des années 1930 souhaitait donner la priorité à la lutte anti-fasciste sur l'anticolonialisme<ref name=viollis/>, couvre peu la Guerre d'Indochine. Le quotidien disparait début 1953 alors qu'il tirait encore à un demi-million d'exemplaires en 1946. Andrée Viollis y avait pourtant signé Modèle:Nobr sur le sujet dès 1945<ref name=viollis/> puis préfacé la brochure du PCF La Vérité sur le Viêt-Nam, militant à l'hiver 1947-1948 pour libérer Vietnamiens emprisonnés<ref name=viollis/>, avant d'être envoyée par Ce soir en Afrique du Sud et à Madagascar<ref name=viollis/>. Elle poursuivra dans La Marseillaise la dénonciation de « la sale guerre » en Indochine<ref>L'Humanité du 28 août, 2012 [74].</ref>, tandis que Madeleine Riffaud n'exprimera cette passion que dans la Vie ouvrière, journal de la CGT.

La presse communiste s'aprovisionne alors auprès de l'Union française de l'information qui sert 20 quotidiens et 91 hebdomadaires, mais dont la crédibilité vient d'être affaiblie par le soutien public du PCF aux purges staliniennes de la fin 1949, via la censure d'une déclaration du bulgare Traïcho Kostov soulignant que ses aveux ont été extorqués<ref name="bioex">Biographie sur "Les ex-PCF" [75].</ref> ou même de la couverture d'un match décisif pour la qualification française pour la Coupe du Monde de football 1950 au Brésil, au motif que l'adversaire est la Yougoslavie du Maréchal Tito. Ces censures causent la démission du directeur de l'UFI début 1950 et affaiblissant les journaux clients, qui avaient au même moment, entre 1949 et 1952, massivement couvert les actions parfois violentes du PCF contre la Guerre d'Indochine qui est alors en passe, avec l'aide américaine, de devenir une guerre contre le communisme plus qu'une guerre coloniale. Les 20 quotidiens communistes ne sont plus que 14 en 1953, et leur tirage a été divisé par deux. En 1955-1956, quand la constestation anti-colonialiste reprendra, cette fois sur l'Algérie, plusieurs de ceux qui avaient combattu la guerre d'Indochine sont déjà asphyxiés financièrment.

L'Humanité, plus investi dans la question indochinoise, au lectorat plus militant et moins populaire, a mieux résisté que ces journaux et surtout que Ce soir. Elle diffuse toujours Modèle:Nombre en 1954, devant Le Monde (Modèle:Nombre)<ref name=rep>Répertoire pratique de la presse, Écho de la presse et de la publicité, Paris 1955</ref>, malgré la crise générale de la presse française en 1952, qui l'a vue tomber à Modèle:Nombre, et la fonte d'un tiers des effectifs militants du PCF entre 1951 et 1953. Le journal Libération, animé par un grand résistant proche du PCF, Emmanuel d'Astier de La Vigerie, qui combat fermement la guerre a encore [[Union française de l'information#Le cas de L'Humanité et de Libération|mieux résisté et reste proche de Modèle:Nombre]].

À partir de 1950, les principaux dirigeants du PCF écrivent dans L'Humanité contre la guerre d'Indochine: Étienne Fajon, Marcel Cachin<ref name=Rusciochrv/>, Jacques Duclos et le numéro trois André Marty, grand spécialiste des questions coloniales au PCF jusqu'à son éviction, en 1952<ref name=Rusciochrv/> comme d'autres grands résistants anticolonialistes, Auguste Lecœur qui organisa des manifestations régionales dès juin 1949<ref>Aragon au pays des mines par Lucien Wasselin et Marie Léger, Le Temps des Cerises éditeurs, 2007.</ref>,<ref>Aragon et la grève des mineurs de mai-juin 1941 par Lucien Wasselin, dans Faites entrer l'Infini de juin 2011.</ref>, Georges Guingouin, qui avait refusé de partir en mission en Indochine<ref>Modèle:Lien web.</ref> comme beaucoup d'officiers issus de la Résistance FTP que l'armée pressait d'accepter<ref>Interview du FTP Louis Gendillou, par Vincent Goubet pour son film « Faire quelque chose » [76].</ref> et Charles Tillon, qui avait tenté d'accueillir plus chaleureusement le Vietminh en 1946<ref name=daixlaffont/>.

L'Humanité publie presque chaque jour un article sur l'Indochine de Pierre Durand<ref name=Rusciochrv/>. Le jeune André Stil, promu rédacteur en chef en avril 1950 juste après sa nouvelle sur les dockers de Dunkerque, le chef du service international Pierre Courtade, qui séjournera discrêtement dans les maquis Viet minh<ref name=Rusciochrv/>, fin 1952 début 1953, d'où il ramènera un numéro spécial de 80 pages<ref name="maitroncourtade">Biographie Le Maitron de Pierre Courtade [77].</ref>, son adjoint et successeur Yves Moreau<ref name=Rusciochrv/> y consacrent aussi de nombreux articles et livres, certains accusant Paris de complaisance à l’égard des « ex-nazis de la Légion étrangère » envoyés en Indochine<ref name=maitroncourtade/> sur les missions les plus difficiles : sur les 72833 légionnaires qui y servirent, près de 12 % périrent soit le pire taux de pertes humaines<ref>Amicale de Saïgon-Vietnam.</ref>.

Les partis politiques et l'Église

En 1953, un an avant la fin de la guerre, la question de la guerre d'Indochine est très présente dans le débat politique.

Le MRP, seul parti vraiment investi

Le MRP est le seul parti politique français à faire son cheval de bataille de cette guerre<ref name=rioux/>, au point que les historiens en parlent comme Modèle:Citation<ref name=dalloz/>, et en paie le prix car elle a renforcé Modèle:Citation<ref name=rioux/> et l'a éloigné de Modèle:Citation auparavant proches du MRP<ref name=rioux/>. Les sondages montrent que dès mai 1953 environ 41 % des électeurs MRP sont partisans de négocier et de retirer les troupes.

Alors que le partenaire socialiste au sein de la majorité ne cesse de déplorer la rupture des contacts avec Hô Chi Minh et de critiquer la réinstallation au pouvoir de Bao Daï, ces réticences troublent les militants MRP de la fédération de la Seine. Dans ce parti catholique, l'opinion générale n'apprécie guère les mœurs de Bao Daï, « l'empereur des casinos »<ref name=dalloz/>. André Denis, député de la Dordogne et ex-rédacteur en chef du journal catholique de Limoges, La Liberté du Centre, dirigé par Robert Schmidt, avait plaidé dès 1949 pour des négociations dans son journal, La Gazette du Périgord<ref name=dalloz/>.En 1950 se manifeste pour la première fois, au sein de ce parti un courant d'opposition important à la guerre<ref name="dalloz">"L'opposition M.R.P. à la guerre d'Indochine" par Jacques Dalloz, dans la Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine en 1996 [78].</ref>, d'autant que le syndicat CFTC, traditionnellement proche du MRP, prend lui aussi ses distances avec la politique indochinoise<ref name=dalloz/>. Syndicalisme, journal de la CFTC, condamne les violences du PCF et de la CGT contre la « sale guerre » au début de 1950, mais réclame aussi un règlement négocié<ref>Syndicalisme, journal de la CFTC du 8 février 1950</ref>,<ref name=dalloz/>? tandis que Jacques Madaule, maire d'Issy-les-Moulineaux, réunit le 19 février 1950 des catholiques pour la paix en Indochine dont des MRP<ref name=dalloz/>, parmi lesquels André Denis. Trois députés, l'abbé Pierre, le professeur Paul BouletModèle:Lequel et le marquis Charles d'Aragon, membre du comité directeur, critiquent la dérive droitière et la dérive guerrière du MRP<ref name=dalloz/> et quittent le parti<ref name=dalloz/>, avant son congrès de Nantes (18-21 mai 1950) qui entérine la politique indochinoise du gouvernement<ref name=dalloz/>. Charles d'Aragon fonde dans la foulée la "Gauche indépendante" en 1951.

Le MRP est alors l'épine dorsale, sur la question indochinoise, de la "Troisième Force" qui l'associe aux radicaux et à la SFIO, mais toujours sur la défensive sur l'Indochine, ces trois partis ne se Modèle:Citation<ref name=rioux/>. La Loi des apparentements, importante réforme électorale permettant à la "Troisième Force" de ses maintenir au pouvoir malgré sa baisse importante lors des élections législatives françaises de 1951 n'autorise cependant pas les dissensions en son sein à aller au-delà de simples changements de tête à la direction de l'exécutif.

En 1953, 28 % aussi des électeurs RPF sont partisans de négocier et de retirer les troupes<ref name=ruscio20e/>. C'est également le cas de 38 % des « modérés », 43 % des électeurs RGR, 61 % des socialistes et la totalité au PCF<ref name=ruscio20e/>. En 1952, deux ans avant la fin, seuls les électeurs RPF sont majoritairement (52 %) pour continuer l'effort de guerre mais en mai 1953<ref name=ruscio20e/>, il n'y a plus un seul électorat favorable à la guerre: c'est le cas de seulement 18 % des électeurs SFIO, 28 % des RGR, 30 % des MRP, 29 % des « modérés » et 46 % des RPF. Selon Alain Ruscio, seuls quelques dizaines de milliers de Français ont milité pour l'Indochine française, dont Modèle:Nombre via l'Association des anciens du CEFEO.

L'Église de France et d'Indochine divisée

Les partisans de l'Indochine française au sein du monde catholique ont tenté de mobiliser l'opinion publique mais se heurtèrent à d'autres catholiques, de France comme d'Indochine, et aux principes édictés par le pape Benoît XV (1914-1922) d’abandonner progressivement la logique colonialiste<ref name=latour/>. Dès l'époque des portugais venus de Goa, le Vietnam a vécu une influence catholique et le missionnaire français Alexandre de Rhodes a au siècle suivant inventé un alphabet vietnamien à caractères latins<ref name=latour/>. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, environ 10 % de la population se déclarait déjà catholiques et les gouverneurs encourageaient cette religion<ref name=latour/>, mais dès les années 1920, un clergé vietnamien se développe, qui le 2 septembre 1945 soutient en grande partie la proclamation d’indépendance par Hô Chi Minh<ref name=latour/>. Trois semaines plus tard, quand la France reprend Saïgon dans l'espoir d'une reconquête, les quatre évêques vietnamiens s'y opposent, écrivant au pape pour qu’il reconnaisse l’indépendance du nouveau pays<ref name=latour/>. Au cours de l'année 1945, l'évêché tonkinois de Le Huu Tu et celui de Bui-Chu, juste à côté, sont des môles de résistance à la pénétration française<ref name=latour/> et que Modèle:Citation<ref name="necro" />. Hô Chi Minh était désireux de négocier avec la France jusqu’en 1947 et la Guerre posait la question de l’indépendance. Mais après 1947, il devient plus difficile aux chrétiens modérés de le soutenir car il apparait plus comme un communiste<ref name=latour/> et plusieurs s'éloignent<ref name=latour/> mais l'espoir de l'armée, relayé par la presse, d'un fidèle soutien à la France restera illusoire<ref name="latour2">"Le général gambiez et les catholiques vietnamiens pendant la guerre d'Indochine" par Francis Latour, article de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains en 2010 [79].</ref>,<ref name="cairn.info"/>.

Les milieux chrétiens de droite accusent souvent l’Église d’encourager la décolonisation<ref name=latour/>. François Méjan, conseiller d'État (1960-1978), conseiller juridique de l'Église réformée de France, et président de la Société de l'histoire du protestantisme français (1978-1982)<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref> écrivit même que le clergé travaillait « à la sécession totale de la France d’outre-mer » et « favorisait les revendications nationalistes d’indépendance totale »<ref>"Le Vatican contre la France d’outre-mer" par François Méjean, Librairie Fischbacher, 1957 [80].</ref>. Ces critiques eurent de l'écho, paradoxalement, chez une frange d'anticléricaux socialistes partisans de l'Indochine française, qui évoquèrent le « Vaticform » par allusion au Kominform<ref name=latour/>. En octobre 1951, le général de Lattre tenta de convaincre le pape Pie XII, par un voyage à Rome d’intervenir en faveur de la France auprès des évêques et des notables catholiques du Viêt-nam<ref name=latour/>. Il obtint la nomination d'un délégué apostolique au Vietnam, Monseigneur Dooley, mais sans influence réelle sur le cours des choses<ref name=latour/> malgré un soutien à l'empereur Bảo Đại<ref name=latour/>, qui dès 1947 était prêt à remonter sur le trône<ref name=latour/> et y est parvenu en 1949 à l'instigation des Français en 1949 alors qu'il est un héritier de monarques qui avaient jadis persécuté les chrétiens<ref name=latour/>. En Modèle:Date, le journal Témoignage chrétien publie le récit de Jacques Chegaray sur l'utilisation de la torture par l'Armée<ref>Modèle:Lien web.</ref> et deux mois après c'est le nouveau quotidien breton Ouest-Matin, fondé peu avant par des chrétiens de gauche, qui fait d'autres révélations, suscitant l'animosité d'une bonne partie des chrétiens contre la guerre.

Au même moment, une Modèle:Citation se développe en Belgique<ref name=lanneau/>, où la gauche est rejointe par un monde catholique qui Modèle:Citation<ref name=lanneau/>. Le quotidien catholique bruxellois La Libre Belgique est ainsi très en pointe dans la critique de la guerre<ref name=lanneau/>. Même si la Flandre est moins concernée que Bruxelles et la Wallonie<ref name=lanneau/>, une influence déteint sur les catholiques français, d'autant qu'elle est relayée par des journaux de province de gauche mais sans liens politiques comme Indépendance, quotidien de Charleroi proche des milieux de la Résistance, à la ligne anticolonialiste également affirmée<ref name=lanneau/>.

La SFIO et le RPF souvent critiques

Au RPF, qui voit peu à peu affluer les partisans de la guerre, le leader De Gaulle a exclu tout meeting sur le sujet<ref name=rioux/> et salué Modèle:Citation<ref name=rioux/> en 1954-1955 par Pierre Mendès France. Entre-temps, le RPF est passé de 3% à 21,75% des voix lors des élections législatives françaises de 1951, tandis que le MRP est tombé à 12% contre près de 26% en 1946. Au RPF, pendant la Guerre, les gaullistes Modèle:Citation<ref name=folin/>.

Le quotidien du Parti socialiste belge, Le Peuple, ouvre ses colonnes à des socialistes français de toutes tendances<ref name=lanneau/> sur la question de l'Indochine. Dès le 20 décembre 1946, Grégoire Koulischer, son chroniqueur de politique étrangère titre « Vers l’indépendance des empires coloniaux »<ref name=lanneau/>.

Il observe que l'armée française emploie, via la Légion étrangère, Modèle:Citation<ref name=lanneau/>, les Allemands de la Légion étrangère française dans la guerre d'Indochine. La semaine suivante, il Modèle:Citation dont les socialistes anglais et français, alors au pouvoir, doivent selon lui faciliter le déroulement, de manière pacifique<ref name=lanneau/>, et son influence déteint sur les socialistes français, ce qui inquiète l’ambassadeur de France à Bruxelles, Raymond Brugère<ref name=lanneau/>, ce dernier affirmant même que Victor Larock, le directeur du quotidien, lui aurait donné des instructions ne plus laisser passer d’informations<ref name=lanneau/>.

La SFIO reste peu unie sur la question indochinoise. En perte de vitesse, mais moins que le MRP, aux législatives de 1951, elle a vu Modèle:Nobr avant son leader historique Léon Blum signer en 1948 un article dans le grand quotidien du parti Le Populaire pour demander des négociations avec le Việt Minh<ref name="folin">" Indochine 1940-1955 : la fin d'un rêve" par Jacques de Folin ; préface d'Olivier Todd aux Editions Perrin en 1993 Franc-Tireur%20%201948%20%20indochine&f=false.</ref>. Un ton qui tranche avec celui, dans le même journal trois ans plus tôt, de l'ex-député, ingénieur militaire et commissaire à l'Indochine française Jean Bourgoin<ref>Le Populaire du 2-3 septembre 1945 [81].</ref>, selon qui 'Indochine, Modèle:Citation. Le 17 janvier 1949 Guy Mollet, insiste auprès du gouvernement sur la nécessité de traiter avec Ho Chi Minh<ref name=monde1949/> et dénonce l'accord passé la veille avec Bao Daï<ref name=monde1949/>, pourtant une chance " bien fragile " de résoudre ce conflit, selon Robert Verdier, dans Le Populaire, quotidien socialiste<ref name="monde1949">Le Monde le 10 mars 1949 [82].</ref>.

Fin 1950, un nouvel article de la presse socialiste belge, qui compare la réussite du Gouvernement travailliste anglais en Inde et les échecs de la politique française en Indochine est critiqué par l’ambassadeur de France à Bruxelles, Raymond Brugère<ref name=lanneau/>.

Le PCF très engagé à partir de la fin 1949

Le Parti communiste français, Modèle:Citation<ref name=rioux/>, mais son action Modèle:Citation<ref name=rioux/>, que ses militants paient par des morts et blessés graves, de lourdes peines de prisons et des centaines de révocations, lors de la longue grève des dockers de novembre 1949 à mai 1950, n'a pas mobilisé au-delà de ses Modèle:Citation, selon Jean-Pierre Rioux. À partir de 1948, après discussion, le PCF Modèle:Incise a officiellement décidé d'encourager ses militants à accepter l'engagement dans l'armée afin de veiller au respect des conventions de Genève, lors des captures de prisonniers ou des ratissages de villages<ref>Jacques Doyon, Les soldats blancs…, Modèle:P..</ref>. Philippe Farine, député du Mouvement républicain populaire (MRP) des Alpes-de-Haute-Provence et benjamin de l'Assemblée nationale<ref>Fiche de Philippe Farine, sur le site de l'Assemblée nationale.</ref>, déclare ainsi que c'est Maurice Thorez qui a Modèle:Citation, lors des débats parlementaires, agités du 27 janvier 1950, où il s'oppose à l'épouse de ce dernier et au communiste Auguste Lecœur, selon qui le MRP veut dissimuler des Modèle:Citation.

Le PCF dénonça les tortures commises par les troupes françaises. Le PCF a été précédé par les trotsktistes du Parti communiste internationaliste, où milite un "groupe trotskiste vietnamien" en métropole<ref name=menjoulet/>,<ref>Evoqué dans l’ouvrage du trostkiste Ngo Van (1913-2005) "Au pays de la Cloche fêlée. Tribulations d’un Cochinchinois à l’époque coloniale", Paris, Editions L’Insomniaque, Petites insomnies, 2013, [83].</ref>. Le Monde et Franc-Tireur<ref name=menjoulet/> rapportent que dès avril 1948 que dix de ses militants sont poursuivis [[Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse|devant la Modèle:17e chambre correctionnelle]] en raison d'une affiche " contre la guerre d'Indochine, et défendus par l'avocat gaulliste de gauche David Rousset qui les a connu dans la Résistance<ref>"Dix trotskistes en correctionnelle" dans Le Monde du 12 avril 1948 [84].</ref>.

La mobilisation contre la Guerre sera cependant renforcée en 1953 par des intellectuels qui n'ont pas ou plus de liens avec le PCF, comme Jean-Marie Domenach et la revue Esprit, Jean Cocteau, Hervé Bazin, Francis Jeanson, Michel Leiris, Jacques Prévert, Vercors ou Jean-Paul Sartre, au moment précis où le soutien public du PCF aux purges staliniennes de la fin 1949 en a éloigné de lui un bon nombre. Sartre publie, plus tard, en 1953, L'Affaire Henri Martin, lors des rebondissements du procès du militaire Henri Martin, condamné le 20 octobre 1950 à cinq ans de prison pour complicité de sabotage, jugement cassé le Modèle:Date-, confirmé le Modèle:Date-, Henri Martin, promu symbole de la « lutte du peuple français contre la sale guerre d'Indochine », sortant de prison le Modèle:Date, quand la France ne parle plus que de l'Affaire Henri Martin<ref>Modèle:Lien web.</ref>, dont le PCF a fait une seconde "affaire Dreyfus"<ref name="Robrieux">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sur le terrain, des militaires communistes ou communisants et anciens résistants désertèrent ou s'engagèrent dans le Việt Minh<ref>Jacques Doyon, Les soldats blancs de Hô Chi Minh, Paris, Fayard, 1973 ; préface de Henri Leclerc, avocat à la Cour.</ref>: Modèle:Citation<ref>Jacques Doyon, Les soldats blancs…, Modèle:P..</ref>.

Les sondages

Près deux-tiers des Français sont opposés à la Guerre lors des dernières années alors qu'elle était soutenue par près de 60% d'entre eux à ses débuts en 1946. Une évolution à laquelle le désintérêt croissant de l'opinion conservatrice a contribué, tandis que se mobilisaient les opposants à la guerre.

Au début de l’année 1947 encore, Modèle:Cita est encore pour 37% de l'opinion Modèle:Cita. Mais les Français sont déjà aussi nombreux à parler de reconnaître l’indépendance du Viêt-Nam (22 %) ou de trouver un compromis et de négocier (15 %). La prise du pouvoir par les communistes en Chine en 1949 et de l’aide accrue apportée par ce nouveau régime au Vietminh va faire évoluer l’opinion puisque dès juillet 1949, une majorité se dessinait en faveur de l’arrêt des combats selon l'institut IFOP<ref>"IFOP COLLECTORS N°29 – 1945-1954 : LA GUERRE D’INDOCHINE" fop Collectors [85] </ref>. Un peu moins de la moitié de l'opinion publique française<ref name=rioux/> est tout d'abord restée Modèle:Citation concernant cette guerre, menée sans rappel du contingent, contrairement à ce qui se passera en 1956 en Algérie, dans des régions éloignées, et en l'absence de couverture de presse indépendante, selon la synthèse de Jean-Pierre Rioux, se fondant notamment sur les travaux de Charles-Robert Ageron, d'Alain Ruscio et les sondages de l'IFOP de la période<ref name="rioux">Maurice Vaïsse et Alain Bizard, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, par Maurice Vaïsse, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par Jean-Pierre Rioux, aux Editions Complexe, 2000 Modèle:OCLC, page 24.</ref>. La part des Français qui reconnaissent Modèle:Citation est cependant variable en fonction du temps, passant de 30% en 1947 à 20% en 1950 pour remonter à 30% en 1954, à la fin de la guerre<ref name=rioux/>.

Le poids des "sans opinion"

Le quart des Français, en septembre 1945, est sans opinion à la question qui leur est pour la première fois posée par l'Institut de sondage IFOP : « Quel sera le sort de l'Indochine ? »<ref name="ruscio20e">"L'opinion française et la guerre d'Indochine (1945-1954). Sondages et témoignages" par Alain Ruscio, dans la revue d'histoire Vingtième Siècle en 1991 [86].</ref>. En janvier 1947, peu après les événements de Haiphong et de Hanoi, pourtant projetés en « unes » des quotidiens<ref name=ruscio20e/>, 30 % des français estiment toujours qu'ils n'ont, sur ce sujet, pas d'opinion<ref name=ruscio20e/>. En octobre 1950, un Français sur 5 reste « sans opinion »<ref name=ruscio20e/> et c'est le cas de 3 sur 10 en février 1954<ref name=ruscio20e/>. En mai 1953, parmi les personnes ayant déclaré lire un ou plusieurs journaux, 22 % disaient ne jamais lire les nouvelles d'Indochine, 48 % « de temps en temps » et 30 % régulièrement<ref name=ruscio20e/>. En février 1954, alors que la tension augmente dans les deux camps et que les vietnamiens semblent monter en puissance, c'est 32 % de « jamais », de 45 % de « épisodiquement » et 23 % de « régulièrement »<ref name=ruscio20e/>. Le « parti colonial » qui avait pour espoir depuis trois-quarts de siècle de créer Modèle:Citation subit ainsi un échec, selon l'historien Alain Ruscio.

Les causes de l'indifférence

L'importance de la propagande, aussi bien dans la presse communiste opposée à la guerre que dans les journaux qui reprenaient celle de l'armée, n'a pas favorisé l'intérêt des Français.

Les images de cercueils de soldats tombés au front ayant été utilisées par le PCF contre la Guerre, l'armée française a rapidement recruté des « volontaires Indochinois » et dans les colonies d'Afrique: si 88 % des pertes humaines sont originaires de métropole en 1946 ce n'est plus que 17 % en 1952 contre 52 % de « volontaires » indochinois. Le nombre des combattants français n'a jamais dépassé 69513 (en 1952), et le nombre morts n'a connu sa pire qu'année qu'en 1954 avec Modèle:Nombre, souvent dans des escarmouches et embuscades, sans véritables combats frontaux.

Autre différence notable avec la Guerre d'Algérie, l'Indochine comptait seulement 34500 citoyens français, Asiatiques et métis français inclus, trente fois moins qu'en Algérie.

À partir de 1950, l'intervention croissante d'un grand allié, les États-Unis, qui se déclarent à cette occasion anticolonialistes, se révèle en plus irritante, pour une partie de l'opinion française, à gauche comme à droite : en janvier-février 1953, seuls 12 % approuvent l'attitude des Américains en Indochine, contre 49 % qui la désapprouvent. Dean Acheson, le nouveau Secrétaire d'État de l'administration Truman avait dès le Modèle:1er décembre 1949 réclamé à la France un calendrier menant à l'indépendance du Vietnam, sous la supervision d'une commission internationale et dès l'été 1949 réclamé que le dossier passe du ministère des colonies à celui des Affaires étrangères<ref name=folin/>.

Les conséquences de l'indifférence

Dès 1953, le général Catroux, reconnait que « la France, dans de très larges couches de sa population, subit la guerre beaucoup plus qu'elle ne la vit »<ref>Le Figaro du 2 juin 1953 [].</ref>. Les militaires se sentent abandonnés, financièrement comme moralement. Les deux camps, l'armée française comme le Viet Minh, Modèle:Citation déployés plus tard au cours la phase américaine du conflit.

Retour, nouvelle de l'écrivain Jean Hougron témoignant des difficultés des militaires de «retour d'Indo »<ref>Critique de l'œuvre de l'écrivain Jean Hougron[87].</ref> ou encore le personnage héros du « crabe-tambour »<ref>Le Crabe-tambour est un film français, réalisé par Pierre Schoendoerffer, sorti en 1977</ref> montrent qu'ils sont parfois plus perçus comme des baroudeurs recherchant l'aventure, parfois jusqu'à l'opium, que comme investis d'une mission d'intérêt général. Plus généralement, tous les ouvrages autobiographiques des anciens du corps expéditionnaire ont déploré d'être abandonnés par un peuple imperméable à l'engagement en Asie.

Parmi les conséquences importantes de l'indifférence de la population métropolitaine :

  • elle ne se mobilisa pas pour la guerre ;
  • les volontaires étaient relativement peu nombreux ;
  • l'état-major et le gouvernement n'engagèrent jamais le contingent comme plus tard en Algérie ;
  • ils créerent une armée vietnamienne, l'une des préconisations du général Revers.

La montée de l'opposition à la guerre

Le sentiment d'opposition à la guerre monte progressivement, par vagues successives, jusqu'à devenir majoritaire<ref name=ruscio20e/>, même s'il est temporairement freiné par le déclenchement en 1950 de la Guerre de Corée, synonyme de menace du communisme en Asie<ref name=ruscio20e/>. L'évolution de l'opinion publique est marquée par deux grands tournants. Le premier a lieu dans les derniers jours de 1949<ref name=ruscio20e/>, quand l'armée chinoise parvient à la frontière sino- vietnamienne, amenant les Américains à débarquer des armes à Saïgon en mars 1950. Le second a lieu en 1953-1954.

En 1946 encore, 63% des Français pensaient que l'Indochine restera française et seulement 12 % le contraire<ref name=ruscio20e/>. Dès juillet 1947, 37% sont d'accord pour reconnaître l'indépendance du Viet Min ou négocier avec lui, soit autant que ceux souhaitant en priorité le rétablissement de l'ordre<ref name=ruscio20e/>, qui eux-mêmes dès octobre 1950 ne sont plus que 27 %, 8 % préférant un « appel à l'ONU ou aux Américains »<ref name=ruscio20e/>. Ensuite, le soutien à la guerre ne cesse de baisser<ref name=ruscio20e/>, chutant à 21 % en mai 1953<ref name=ruscio20e/>, puis 8 % en février 1954<ref name=ruscio20e/>. Deux mois après, c'est la défaite de Dien Bien Phu et 60 % des Français sont désormais contre la Guerre<ref name=ruscio20e/>.

L'opposition à la guerre dans les entreprises

La grève des dockers de 1949-1950 en France est principalement dirigée contre le conflit indochinois, en bloquant les expéditions de matériel militaire. Le grève est alimentée par le mouvement social qui a commencé à Dunkerque en soutien à la Grève des mineurs de 1948 mais a ensuite eu lieu fin 1949 à Marseille puis dans les autres ports français. Longue par sa durée, du 2 novembre 1949 au 18 avril 1950, c'est un des conflits sociaux les plus importants de la Guerre froide et l'un des plus durs de l'histoire de la corporation des dockers<ref name="Tangui_PERRON" /> en France, avant de faire tâche d'huile dans d'autres secteurs connexes, comme les chemins de fer où les ouvriers des conserveries en Bretagne.

Avec la mobilisation lors du procès du militaire Henri Martin, condamné le 20 octobre 1950 à cinq ans de prison pour complicité de sabotage, c'est l'un des deux axes de l'opposition du PCF à la Guerre d'Indochine, selon l'historien Jean-Pierre Rioux<ref>Maurice Vaïsse et Alain Bizard, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par Jean-Pierre Rioux, aux Editions Complexe, 2000 Modèle:OCLC, page 24.</ref>.

La grève est partie d'un refus d'embarquer des armes pour la Guerre d'Indochine. Parmi les autres revendications qui motivent par la suite cette grève, étendue à la plupart des ports français, se mêlent des exigences salariales comme le slogan "nos trois mille francs"<ref name="Tangui_PERRON" /> et des mots d'ordre à la fois pacifistes et anti-impérialistes<ref name="Tangui_PERRON" />. L'action a lieu à Dunkerque, Rouen Saint-Nazaire, Marseille, Nice, La Pallice, Bordeaux, Cherbourg, Brest et Tunis<ref name=cinearchivesdock/>. À Marseille, elle commence le 8 novembre 1949, dure une vingtaine de semaines, puis se termine par une défaite le 18 avril 1950 et un échec important des grévistes.

Les cinéastes, peintres, écrivains et la censure

Les œuvres artistiques qui sont consacrées au conflit indochinois sont peu nombreuses pendant la Guerre Modèle:Refnec car exposées à une censure assez imprévisible, en particulier les chansons « Quand un soldat », écrite par Francis Lemarque en février 1952 et immédiatement chantée par Yves Montand<ref>Biographie de Francis Lemarque Universalis.</ref> et « Le Déserteur » de Boris Vian composé en février 1954 avec l’arrangeur et ancien G.I. américain Harold B). Berg.

Quand Francis Lemarque fait écouter à Montand les premières strophes, le "prolo chantant" lui demande de la "terminer le plus vite possible"<ref name=Bellaïche/> puis modifie le dernier vers, jugé trop didactique et la chante Modèle:Nobr plus tard sur la scène du Palais de la Mutualité<ref name=Bellaïche/>, avant qu'elle ne soit interdite à la radio d'État<ref name=Bellaïche/>. Un risque d'incident surviendra à Lyon après un spectacle, quand des groupes de parachutistes l'attendront dehors avec leurs bérets rouges, pour impressionner Montand, qui traverse la foule sans créer d'incident<ref name="Bellaïche">Biographie par Raoul Bellaïche pour la revue Je chante ! parue en 2001 chez Universal [88].</ref>.

Mouloudji ajoute lui Le Déserteur à son programme de concert le 7 mai 1954<ref name=fmbv/>, jour de la défaite de Diên Biên Phu<ref name=fmbv/>, mais en modifiant la fin, qui parlait de Modèle:Citation (sur les gendarmes, remplacée par Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il l'enregistre quelques semaines plus tard<ref name=fmbv/>, mais le Comité d'Écoute Radiophonique interdit sa diffusion<ref name=fmbv>Modèle:Lien web.</ref>, tandis que le maire de Dinard, Yves Verney, envoie des manifestants perturber sa tournée<ref name=fmbv/>.

Côté peinture, le Salon d'automne une exposition artistique qui se tient chaque année à Paris subit une édition 1951 mouvementée, avec 5 tableaux représentant la grève des dockers contre la guerre d'Indochine. Parmi eux Les Dockers de Georges Bauquier, et son inscription Pas un bateau pour l'Indochine et La Riposte, vaste fresque épique de Modèle:Dunité, peinte en 1950 par Boris Taslitzky, probablement inspirée d'articles de presse<ref>La lutte des travailleurs port-de-boucains au musée Tate Gallery de Londres, par Isabelle L, Maritima</ref>, qui représente les dockers de Port-de-Bouc, repoussant les assauts des CRS et des chiens policiers, avec une Marianne brandissant le drapeau républicain.

C'est seulement entre 1962 et 1966, après la Guerre d'Algérie, que les auteurs sont nombreux à écrire sur la guerre d'Indochine avec 78 ouvrages parus en seulement Modèle:Nobr<ref>"Dien Bien Phu, mythes et réalités. cinquante ans de passions françaises, 1954-2004", par Alain Ruscio, Serge Tignères Editions Les Indes savantes, 2005</ref>. Les livres parus juste après 1954, moins nombreux, se polarisaient sur la Bataille de Ðiện Biên Phủ, via des autojustifications de militaires.

Sur un total de 46 films réalisés entre 1945 et 2006: seulement 8 sont consacrés directement à la Guerre d'Indochine<ref>Selon la thèse consacrée au sujet par Delphine Robic-Diaz: "La Guerre d’Indochine dans le cinéma français. Images d’un trou de mémoire", Presses universitaires de Rennes, 2014 [89].</ref>,<ref name="robic">"La guerre d'Indochine dans le cinéma français: Images d'un trou de mémoire" par Delphine Robic-Diaz [90].</ref>, alors qu'elle ne constitue, pour tous les autres, qu'un arrière plan ou le point de départ d'un scénario qui ensuite s'en éloigne.

Pendant la guerre, Vivent les dockers de Robert Ménégoz sorti en juin 1950, qui filme les grèves contre la guerre, à Dunkerque, Rouen Saint-Nazaire, Marseille, Nice, La Pallice, Bordeaux, Cherbourg, Brest et Tunis<ref name=cinearchivesdock/> avec des images dérobées des cercueils des soldats français est interdit par la censure<ref name="cinearchivesdock">Vivent les dockers sur Ciné archives [91].</ref>. Le Rendez-vous des quais avec des images de 1950 dans deux autres ports, Nantes et Saint-Nazaire, touchés par les grèves plus tard, ne sort qu'en 1955 après interdiction initial d'André Morice, chargé de l'Information au gouvernement et futur maire de Nantes. Paul Carpita y filme en fondu enchaîné une voiture se muant en canon, symbole des espoirs déçus de la Résistance et prend le contrepied du film Un homme marche dans la ville, tourné et présenté en avant-première au Havre en octobre 1949, qui avait subi un tir de barrage de la presse communiste, lui reprochant de dépeindre les dockers domme Modèle:Citation

Patrouille de choc, premier film français de guerre ne sort qu' en 1957, financé par un ex-militaire enrichi dans le trafic de piastres<ref name="robic" /> et réalisé par Claude Bernard-Aubert reporter de guerre en Indochine pour Radio-France Hanoï<ref name=robic/> dès 1950, contraint par la censure à modifier son titre inital Patrouille sans espoir. Son second film, Les Tripes au soleil, sorti en 1959, a attendu pendant deux ans une levée d'interdiction<ref>Henri Copin, L'Indochine des écrans, 2 février 2011, sur le site www.larevuedesressources.org </ref>.

Rares aussi sont les films de fiction, à part la [[La 317e Section (film)|La Modèle:317e Section]] et Diên Biên Phu, de Pierre Schoendoerffer et les deux tournés sur place avant la visite en 1993 de François Mitterrand : L'Amant de Jean-Jacques Annaud et Indochine de Régis Wargnier<ref>"Modèle:Nobr après la guerre d’Indochine : pour un humble travail de mémoire" par Bénédicte Chéron, le 07 mai 2014 dans La Croix [92].</ref>.

Les actes d'opposition de civils à la guerre

Parmi les actes d'opposition à la guerre, on peut citer :

Issue et suites du conflit

En août 1945, le Việt Minh, mouvement indépendantiste vietnamien d'obédience communiste, profitant du coup de force des Japonais de mars dans le contexte de la guerre du Pacifique, prit le pouvoir lors de la révolution d'Août, notamment dans la colonie française du Tonkin. Si le gouvernement provisoire de la République française ne tarda pas à envoyer un Corps expéditionnaire (automne 1945) afin de reprendre en main son territoire, la situation se mua rapidement, après novembre 1946, en guerre ouverte entre forces du Việt Minh et Français<ref>Les parties ne trouvant pas par la voie diplomatique (conférence de Fontainebleau) une solution à la crise.</ref>.

Des accords temporaires en 1954

La défaite lors de la bataille de Diên Biên Phu met la France en situation de faiblesse psychologique et la Quatrième République, doit gérer une guerre de plus en plus coûteuse et impopulaire puis se résoudre à des pourparlers de paix sont à Genève en 1954.

Les accords de Genève mettent fin à l'Indochine française (le royaume du Cambodge ayant déjà proclamé son indépendance en Modèle:Date-) et laissent le Viêt Nam divisé en deux États. À noter que la fin de cette guerre coïncide sensiblement avec le début de la guerre d'Algérie, qui durera huit ans elle aussi.

Ces accords de Genève sur les trois pays d'Indochine, signés le Modèle:Date et prend effet le lendemain, consacrèrent le départ des Français du Nord du Vietnam (Tonkin) et la division du Viêt Nam en deux, la limite étant le [[17e parallèle nord|Modèle:17e]] : d'une part la république démocratique du Viêt Nam au nord, communiste, d'autre part le Centre et le Sud sous administration française, avec des élections prévues en 1956 pour réunifier toute l'ancienne colonie, alors séparée en deux.

L'échec des accords : la scission en deux États

En 1955, un coup d'État dans le Sud organisé par le président Diem, un fervent catholique qui n'accepte pas une collaboration avec le régime du Nord, et qui ne veut donc pas entendre parler d'élections réunifiant le pays, créé une république du Viêt Nam, soutenue financièrement puis militairement par les États-Unis (qui n'ont pas signé les accords de Genève).

La guerre entre Français et Việt Minh, outre un lourd bilan humain et matériel, aura d'importantes conséquences dans l'avenir du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge. Le départ des Français laissera face à face, d’un côté les Américains et la république du Viêt Nam, et de l’autre, les Nord-Vietnamiens soutenus par la Chine et l'URSS.

En 1955, la guerre du Viêt Nam éclate. Elle aboutit en 1973 au retrait militaire américain (accords de paix de Paris), et en 1975, à une victoire complète du Nord-Viêt Nam et du communisme dans cette partie de l'Asie, avec l'absorption par le Nord-Viêt Nam de la république du Viêt Nam du Sud. Le Vietnam a été officiellement unifié sous le régime communiste le 2 juillet de l'année prochaine et le reste à ce jour.

Les Français quittent définitivement le Sud-Viêt Nam le Modèle:Date, jour de la liquidation et de la dissolution du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) opérées par le général Jacquot<ref>Corps expéditionnaire fort de plus de Modèle:Nombre.</ref>. Le départ des Français met fin à environ Modèle:Nobr de présence française en Indochine. Cependant, quelques centaines de militaires français seront encore présents jusqu'à janvier 1958, pour superviser le retour des archives, ou de matériels militaires français, aider aux rapatriements d'anciens colons, ou citoyens français civils, dont d'anciens propriétaires terriens, issus surtout du nord-Vietnam, ou ils étaient « indésirables » par le régime communiste, ou même pour transférer en France des corps de militaires français inhumés en Indochine, dont certains étaient liés aux débuts de la colonisation. Le dernier militaire français quittera Saïgon fin janvier 1958, ou au début de février 1958, mais son nom ne sera pas rendu public car ce moment sera jugé comme un « jour noir » par l'armée françaiseModèle:Refnec.

La guerre d'Indochine est ainsi la première d’une série de trois guerres qui se sont déroulées sur les territoires de l’ancienne Indochine française : elle a été suivie par la guerre du Viêt Nam (en parallèle de deux conflits annexes, la guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne), puis par la guerre sino-vietnamienne qui clôture le tout. Ces deux derniers conflits sont parfois appelés respectivement Modèle:2e et Modèle:3e guerres d’Indochine.

Les problèmes de la sortie de la guerre

Modèle:Article détaillé

Fichier:HD-SN-99-02045.JPEG
Réfugiés vietnamiens transbordant d'un LSM français au bâtiment américain Modèle:USS durant l'opération Passage to Freedom (août 1954).

Les accords de Genève du Modèle:Date- reconnaissent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam en deux zones de regroupement militaire (l'Armée populaire vietnamienne au nord du Modèle:17e parallèle, et le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient au sud de cette zone de démarcation militaire). La souveraineté de la république démocratique du Viêt Nam était reconnue par ces accords au nord du Modèle:17e parallèle, celle de l'État du Viêt Nam sous administration franco-vietnamienne au sud de ce parallèle, et la réunification entre les deux zones était envisagée pour 1956, après référendum. Une Commission internationale de contrôle (CIC) avait été créée pour surveiller l'application des accords d'armistice. Elle était constituée par le Canada, la Pologne et l'Inde.

Les accords de Genève prévoyaient des élections en 1956, afin de former un gouvernement unifié pour tout le Viêt Nam. Toutefois, en parallèle de la conférence de Genève en Modèle:Date-, l’empereur Bao Dai, chef de l'État du Viêt Nam, a rappelé des États-Unis Ngô Đình Diệm pour en faire son Premier ministre.

À la suite des accords de Genève, dont l'État du Viêt Nam et les États-Unis n'avaient pas signé la déclaration finale, et ainsi libéré des obligations de respecter ces accords, Ngô Đình Diệm, un fervent catholique qui haïssait le communisme, organisa avec l'aval des États-Unis un référendum manifestement truqué, avec plus de voix favorables que d’électeurs, et créa la république du Viêt Nam le Modèle:Date-, avec lui comme chef d’État. C'est contre cette dictature du régime de Diêm que s'est formé le Front national de libération du Sud Viêt Nam (dit également Viêt Cong) en 1956. Des éléments du Việt Minh résidents au sud ont alors repris le combat contre ce gouvernement, menant alors à la Deuxième Guerre d'Indochine de réunification, plus communément appelée guerre du Viêt Nam, qui durera de 1954 à 1975.

Les derniers soldats français quittèrent Saïgon vers le Modèle:Date-. En Modèle:Date-, déjà 85 % des effectifs des soldats de l'Union française étaient rentrés en métropole. Ils furent progressivement remplacés par des conseillers militaires américains qui formaient l'armée de la république du Sud Vietnam, et à partir de 1961, avec la Seconde Guerre du Vietnam, l'armée américaine prit la relève.

Opération Passage to Freedom (août 1954-mai 1955)

Modèle:Article détaillé À la suite des persécutions orchestrées par le Việt Minh et subies par les Vietnamiens catholiques et loyalistes, s'ensuivit la plus importante opération d'évacuation de l'Histoire, l'opération Passage to Freedom<ref>Ronald B. Frankum, département Histoire de l'université de Pennsylvanie.</ref>.

Otages du Việt Minh et camps de rééducation

Durant le conflit, le Việt Minh effectue de nombreuses prises d'otage, incluant des civils. Beaucoup de prisonniers militaires français passent dans des camps d'internement, situés dans les régions sous contrôle indépendantiste. Il semble que jusqu'en 1949 environ, la grande majorité des prisonniers ait été tuée. Ensuite, le Việt Minh conserve les captifs dans des camps en Haute région. Selon les sources militaires, le nombre de captifs varie, à l'été 1954, entre Modèle:Nombre et Modèle:Nombre. Environ 60 % des prisonniers<ref name="as">Modèle:Lien web.</ref> ne reviendront jamais.

Les enquêtes n'ont permis d'identifier avec certitude que Modèle:Nombre au plus, le sort des autres prisonniers restant un mystère. Certains otages, comme l'administrateur colonial René Moreau capturé en 1946, sont gardés prisonniers durant huit ans. Les prisonniers du Corps expéditionnaire sont soumis à une tentative de Modèle:Citation par des commissaires politiques, qui tentent de leur inculquer le marxisme. Quelques communistes étrangers, dont des Français, prêtent main-forte au Việt Minh dans cette entreprise. Dans certains camps, de juillet à Modèle:Date-, le taux de décès atteint les 90 %<ref name="as" />,<ref>Jacques Valette, La Guerre d'Indochine 1945-1954, Armand Colin, 1994, pages 398–399.</ref>.

Le sort des prisonniers dans les camps de rééducation a longtemps été méconnu du grand public : l'affaire Georges Boudarel a contribué à le rappeler à l'opinion publique dans les années 1990<ref>L'affaire Boudarel sur le site de l'ANAPI.</ref>.

Une Association nationale des anciens prisonniers internés déportés d'Indochine (ANAPI) a été créée<ref>Site officiel.</ref>.

Détail des forces françaises en Indochine

Modèle:Article détaillé

Effectifs

Fichier:VM vs CEFEO.png
Comparaison annuelle des effectifs des belligérants.

Le CEFEO (Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) a été constitué d'unités provenant de l'ensemble de l'Union française, aidé par les forces des États associés d'Indochine<ref>Maurice Vaïsse, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, Éditions Complexe, 2000, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Les soldats coloniaux représentaient une part très importante des effectifs. Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins et 60 340 africains subsahariens débarquèrent en Indochine soit Modèle:Nombre au total. Le Modèle:Date-, ils représentaient 43,5 % des Modèle:Nombre des Forces terrestres (autochtones non compris)<ref>Michel Bodin, Les Africains dans la guerre d'Indochine 1947-1954, L'Harmattan, 2000, Modèle:P..</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} North African units in Indochina.</ref>. Les derniers militaires français quittèrent l'Indochine par le port de Saïgon en Modèle:Date-, soit Modèle:Nobr après la prise de Saïgon, en 1858Modèle:Refnec.

De Modèle:Date- au cessez-le-feu en Modèle:Date-, Modèle:Nombre et femmes débarquèrent en Indochine<ref>Les Forces françaises en Extrême-Orient.</ref> :

Les soldats maghrébins

Les chiffres sur les soldats maghrébins sont variables selon les sources. La plupart sont envoyés pour deux ans dans un pays dont ils ne connaissent rien. Selon le Monde diplomatique, de 1947 à 1954, entre 130 000 et Modèle:Nombre maghrébins sont envoyés par la France au Vietnam<ref name=Belkaïd/>, dont la moitié sont d’origine marocaine<ref name=Belkaïd/>, car Paris ne veut pas mobiliser les conscrits de la métropole, pour des raisons à la fois politiques et économiques<ref name=Belkaïd/>. Le bureau des affaires militaires musulmanes craint alors la contagion communiste chez ces soldats maghrébins<ref name=Belkaïd/>, parmi des troupes dont certaines ont combattu en Italie, en France et en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale<ref name=Belkaïd/>, mais la baisse des recrues volontaires en provenance de l’Hexagone oblige à faire appel à ces soldats<ref name=Belkaïd/>. Ils sont goumiers ou tirailleurs<ref name=Belkaïd/>. Les candidats sont ainsi plus nombreux que les effectifs souhaités par l'armée française et pour beaucoup de ceux qui partent, l'enrôlement est une occasion d’échapper à un milieu rural misérable et d’envoyer de leur argent à leurs familles<ref name="Belkaïd">"Destins maghrébo-vietnamiens", par Akram Belkaïd, dans le Monde diplomatique de décembre 2021 [95] </ref>.

Les légionnaires allemands

Modèle:Article détaillé Les Allemands de la Légion étrangère française dans la guerre d'Indochine représentent des effectifs de plusieurs dizaines de milliers de soldats<ref name="waffentv">France Télévisions le 30/04/2014 [96]</ref>,<ref name="ennemiutile">L'ennemi utile 1946-1954 : des vétérans de la Wehrmacht et de la Waffen-SS dans les rangs de la Légion étrangère en Indochine par Pierre Thoumelin aux Éditiond Schneider Text en 2013</ref>,<ref>"Indochine: la légion des inconnus de la Wehrmacht" par Edouard Launet, dans Libération le 5 mars 2014 [97]</ref>, et plus de la moitié de la Légion étrangère française dans ce conflit lié à la décolonisation. Ils ont été envoyés sur les opérations les plus difficiles et les plus dangereuses et Modèle:Ref en cours de conflit, selon les historiens<ref name=ennemiutile/>. C'est la thèse de Pierre Thoumelin en 2013<ref name=ennemiutile/>, qui a par ailleurs fait connaitre l'histoire des SS qui ont déjoué les contrôles, passant les différents filtres<ref name=waffentv/>, alors que les archives allemandes étaient restées secrètes<ref name=waffentv/>. Sur Modèle:Nombre allemands environ dans la Légion étrangère française, il y avait seulement 3000 à 4000 ex-Waffen SS<ref name=waffentv/> proportion conforme à celle des différentes armées de l’Allemagne nazie<ref name=Thoumelin/>. Par ailleurs, la forte représentation des légionnaires issus de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe vient des nombreux marins allemands faits prisonniers dans les ports militaires du sud de la France<ref name="Thoumelin">"L’ennemi utile" par Pierre Thoumelin, dans la revue Inflexions en 2015 [98]</ref>.

Commandants en chef

Commandants en chef du CEFEO Début Fin
général Philippe Leclerc Modèle:Date- Modèle:Date-
général Jean Étienne Valluy Modèle:Date- Modèle:Date-
général Raoul Salan (intérim) Modèle:Date- Modèle:Date-
général Roger Blaizot Modèle:Date- Modèle:Date-
général Marcel Carpentier Modèle:Date- Modèle:Date-
général Jean de Lattre de Tassigny Modèle:Date- Modèle:Date-
général Raoul Salan Modèle:Date- Modèle:Date-
général Henri Navarre Modèle:Date- Modèle:Date-
général Paul Ély Modèle:Date- Modèle:Date-
Effectifs du corps expéditionnaire français 1946-1949
Origine Effectifs Pourcentage
Métropolitains 43 700 38 %
Indochinois 35 650 31 %
Nord-Africains 13 800 12 %
Africains 8 050 7 %
Légionnaires 13 800 12 %
TOTAL 115 000 100 %

Maurice Vaïsse donnent les effectifs suivants en Modèle:Date-<ref>Maurice Vaïsse, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, Éditions Complexe, 2000, Modèle:P..</ref> :

Effectifs du corps expéditionnaire français 1954
Origine Effectifs Pourcentage
Métropolitains 50 000 28 %
Indochinois 59 000 33 %
Nord-Africains 35 000 20 %
Africains 19 000 11 %
Légionnaires 14 000 8 %
TOTAL 177 000 100 %

Pertes

Fichier:Guerre-indochine-ossuaire-allee-memorial.jpg
Allée dans le mémorial des guerres en Indochine.

L'ouvrage Guerre d'Indochine estime le nombre de tués et disparus, hors Indochinois, à Modèle:Nombre répartis comme suit<ref>Collectif, Guerre d'Indochine - 1945-1954, éditions Trésors du Patrimoine, 2004, Modèle:P.. Les pertes comprennent les tués au combat, les décès en Indochine ainsi que les disparus au 1/09/54.</ref> :

Origine Tués Pourcentage
Métropolitains 20 524 43 %
Nord-Africains 12 256 26 %
Légionnaires 11 493 24 %
Africains 3 401 7 %
TOTAL 47 674 100 %

Jacques Dalloz<ref>Dictionnaire de la guerre d'Indochine, page 194.</ref>, annonce un total des pertes du CEFEO égal à 37 800 réparties comme suit :

Origine Tués Pourcentage
Métropolitains 18 000 48 %
Nord-Africains 8 000 21 %
Légionnaires 9 000 24 %
Africains 2 800 7 %
TOTAL 37 800 100 %

Modèle:Refnec :

Tués Blessés Disparus
CEFEO 40 000 (1 600) 70 000 9 000 (314)
dont Légion étrangère 10 068 (340) 1 000
dont Nord-Africains 8 350<ref>« dont 1 350 décédés de maladie ou par accident », Général Maurice Faivre, Les Combattants musulmans de la guerre d'Algérie : des soldats sacrifiés, Éditions L'Harmattan, 1995, Modèle:P..</ref>

Les valeurs entre parenthèses indiquent le nombre d'officiers compris dans chacune des rubriques.

Le mémorial des guerres en Indochine se trouve à Fréjus : environ Modèle:Unité y sont inscrits. Les décès s'étalent de 1940 à 1954.

Commémorations en France

Le décret du Modèle:Date- institue une journée nationale d'hommage aux « morts pour la France » en Indochine qui est célébrée le 8 juin, en référence au jour du transfert de la dépouille du Soldat Inconnu d'Indochine à la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), le Modèle:Date-<ref name="8juin">Modèle:Lien web</ref>.

Un mémorial dédié aux morts pour la France en Indochine, qui abrite près de Modèle:Unité de militaires et de civils, a été inauguré à Fréjus en 1993<ref name="8juin"/>.

Dans les arts et la culture populaire

Littérature

Romans

Filmographie

Cinéma

Modèle:Article détaillé

Télévision

Documentaire
  • 2021 : Indochine, quand les femmes entrent en guerre de Philippe Fréling.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Section à wikifier Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Sources et bibliographie

Modèle:Trop d'ouvrages

  • Amiral Georges Thierry d'Argenlieu, Chronique d'Indochine, Albin Michel, 1985.
  • René Bail et Jean Pierre Bernier, Indochine 1945-1954, quatre tomes :
    • Modèle:1re partie : La reconquête, éditions Heimdal, 1988.
    • Modèle:2e partie : Haiphong-Hanoi…, éditions Heimdal, 1988.
    • Modèle:3e partie : La guerre, éditions Heimdal, 1988.
    • Modèle:4e partie : Le tournant, éditions Heimdal, 1989.
    • Indochine 52-53, Presses de la cité, 1990.
  • Jean Balazuc, DIÊN-BIÊN-PHU 20 novembre 1953 - 7 mai 1954, Edition L'Harmattan, 2020.
  • Erwan Bergot, Indochine 1951, l'année de Lattre, Presses de la cité, 1987.
  • Général Marcel Bigeard, Ma guerre d'Indochine, Hachette, 1994.
  • Lucien Bodard, La guerre d'Indochine, cinq tomes :
    • L'Enlisement, tome I, Gallimard, 1963.
    • L'Illusion, tome II, Gallimard, 1965.
    • L'Humiliation, tome III, Gallimard, 1965.
    • L'Aventure, tome IV, Gallimard, 1967.
    • L'Épuisement, tome V, Gallimard, 1967.
  • Michel Bodin, Dictionnaire de la Guerre d'Indochine 1945-1954, Paris, Economica, Hautes Études Militaires, ISC, 2004.
    • Les Combattants français face à la Guerre d'Indochine, Paris, L'Harmattan, 1998.
    • Les Africains dans la guerre d'Indochine 1947-1954, Paris, L'Harmattan, 2000.
    • La France et ses soldats, Indochine 1945-1954, Paris, L'Harmattan, 2000.
    • Soldats d'Indochine, Paris, L'Harmattan, 1996.
  • Colonel Robert Bonnafous, Les Prisonniers de guerre du Corps expéditionnaire français dans les camps du Việt Minh, 1945-1954, 1991, CNRS-ESID.
  • Paul Bonnecarrère, Par le Sang Versé, éditions Fayard, 2000.
  • Aldo Bragagnolo, Transports de troupes vers l'Indochine, 1999.
  • Laurent Cesari, L'Indochine en guerres, Belin-Sup Prepa, Paris, 1995.
  • Alain Crosnier et Jean Michel Guhl, L'armée de l'air en Indochine, volume 1 : Transport et bombardement 1945-1954, Sup Air, 1981.
  • Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine, Seuil, Paris, 1987.
  • Philippe Devillers, Histoire du Viêt-Nam de 1940 à 1952, Seuil, 1952.
  • Jacques Doyon, Les soldats blancs de Hô Chi Minh ; les transfuges antifascistes et les communistes français dans le camp du Việt Minh, Paris, Fayard, 1973, Attestation de Henri Leclerc, avocat à la Cour.
  • Christophe Dutrone,
    • « Indochine 1945-1946 le rendez-vous raté », Batailles hors série no 1, Histoire & Collections, 2004.
    • « Indochine 1947 la guerre coloniale », Batailles hors série no 7, Histoire & Collections, 2005.
    • « Les troupes aéroportées françaises en Indochine 1945-1956 », Gazette des uniformes hors série no 17, 2004.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Bernard B. Fall,
    • The Việt Minh Regime (1954), Le Việt Minh (1960, traduction française, Colin).
    • The Two Vietnams (1963), Les deux Viêt Nam (1962, traduction française, Payot).
    • Indochine 1946-1962 (1962, Laffont).
    • Viêt Nam Witness, 1953-66 (1966).
    • Hell in a Very Small Place: The Siege of Dien Bien Phu (1966), Dien Bien Phu, un coin d’enfer (1968, traduction française posthume, Laffont).
    • Anatomy of a Crisis: The Laotian Crisis of 1960-1961 (publié 1969).
    • Modèle:Ouvrage.
  • Vital Ferry, Les ailes du dragons tome 1 : dix ans d'aviation civile en Indochine (1946-1955), Le trait d'union no 162, 1995.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Philippe Franchini,
    • Les Guerres d'Indochine (2 tomes), Pygmalion-Gérard Watelet, Paris, 1988.
    • Les mensonges de la guerre d'Indochine, Perrin, Paris, 2005 Modèle:ISBN.
  • Alain Gandy, La légion en Indochine 1885-1955, Presses de la Cité, 1988.
  • Patrice Gélinet, Indochine 1945-1954, Chronique d'une guerre oubliée, Acropole, 2014.
  • Général Yves Gras, Histoire de la guerre d'Indochine, Plon, 1979 Modèle:Lire en ligne.
  • Jean Lacouture, Hô Chi Minh, Seuil, col. Politique, Paris, 1967.
  • Colonel Jean Leroy avec Pierre Demaret, Fils de la rizière, Robert Laffont, 1977.
  • Franck Michelin, « L’occupation du Vietnam par le Japon, point de départ de l’indépendance ? », Dominique Barjot et Jean-François Klein (éds), De l’Indochine coloniale au Viet Nam actuel, Académie des sciences d’Outre-Mer, Magellan & Cie, 2017, Modèle:P..
  • Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990.
  • Paul Mus, Viêt Nam. Sociologie d’une guerre, Seuil, Paris, 1952.
  • Revue historique des armées no 177, guerre d'Indochine, SHAT, 1989.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Jules Roy, La Bataille de Dien Bien Phu: Julliard, 1963 ; Albin Michel, 1989.
    • Les communistes français et la guerre d’Indochine, 1944-1954, Paris, Éd. L’Harmattan, 1985.
    • La guerre française d’Indochine (1945-1954), Bruxelles, Éd. Complexe, Coll. La Mémoire du Siècle, 1993.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Jean Claude Soumille, L'aviation militaire française en Indochine 1946-1954, tomes 1 et 2, Association Airdoc, 1994-1996.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Franck Mirmont, en collaboration avec Heinrich Bauer, Jean Carpentier, Jean Guêtre, Pierre Latanne, Bernard Ledogar, Jean-Louis Rondy, Les chemins de Diên Biên Phu (sous-titre : L'histoire vraie de six hommes que le destin va projeter en Indochine), Nimrod, 2015, 576 p.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Blain Patrick, 6e BCCP, de la France à l'Indochine, recueil, 2022, Modèle:ISBN

Articles connexes

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Liens externes

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