Jacques Duclos
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique
Jacques Duclos, né le Modèle:Date de naissance à Louey (Hautes-Pyrénées) et mort le Modèle:Date de décès à Montreuil, est un homme politique français, dirigeant du Parti communiste français (PCF).
Il est à plusieurs reprises député entre 1926 et 1958 et sénateur de 1959 à sa mort.
Resté plus de trente-cinq ans dans l'équipe dirigeante du parti aux côtés de Maurice Thorez et Benoît Frachon, il est responsable du PCF « clandestin » pendant l'occupation de la France par l'Allemagne. De 1950 à 1953, il est secrétaire général par intérim du PCF en raison de la maladie de Maurice Thorez ; il demeure par la suite dans les faits l'un des principaux dirigeants du parti.
Il se présente à l'élection présidentielle de 1969, où il arrive en troisième position du premier tour avec 21,3 % des suffrages exprimés, manquant de peu d'être qualifié au second tour. Il s’agit du meilleur score obtenu par un candidat communiste à une élection présidentielle en France.
Situation personnelle
Origines
Jacques Duclos est le second fils d'Antoine Duclos, artisan-charpentier qui tenait aussi une auberge<ref>Jacques Duclos, Mémoire, vol. 1, « Entrée dans la vie », chapitre utilisé pour les détails suivants.</ref>, et d'une mère couturière. Avant d'aller à l'école il ne parlait pas français, mais l'occitan qu'utilisent entre eux ses parents bien qu'ils connaissent parfaitement la langue nationale.
La fratrie compte trois frères. Son frère aîné, Jean, revient défiguré de la Première Guerre mondiale. Le benjamin s'appelle Louis.
Formation
Il entre à l'âge de cinq ans à l'école, où l'instituteur interdit à ses élèves de parler la langue occitane pendant les récréations. L'enfant apprend rapidement à lire et à aimer l'histoire telle qu'elle était enseignée par ceux qu'on appelle les « hussards de la République ». Il va aussi au catéchisme où le curé « parvenait avec assez de succès à communiquer sa foi ». Il passe le certificat d'études primaires, mais la situation de sa famille le contraint à devenir apprenti-pâtissier à Tarbes dès l'âge de douze ans. Il reste avide de lecture pendant toute son adolescence.
Carrière professionnelle
En Modèle:Date-, il quitte les Pyrénées pour se rendre à Paris afin d’exercer le métier d'ouvrier-pâtissier. Il arrondit ses fins de mois en faisant la « claque » au théâtre. Dès l'année suivante, il s'intéresse à la politique. En 1914, il suit la campagne électorale de Marcel Cachin aux élections législatives, dans le [[18e arrondissement de Paris|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIIe{{#if:| }} }} arrondissement]]. Sans travail après la déclaration de guerre, il regagne Tarbes, où il travaille six mois à l'Arsenal.
Première Guerre mondiale
En Modèle:Date-, à dix-huit ans et demi, il est mobilisé par l'Armée. Il sert dans l'infanterie et participe à la bataille de Verdun. Blessé, vite soigné, il est redirigé vers le Chemin des Dames où il est fait prisonnier en Modèle:Date-. Il part pour un camp en Allemagne, puis travaille dans des fermes, d'où il est libéré avec l'Armistice. Rentré en France, il n'est démobilisé qu'en Modèle:Date-.
Parcours politique
Débuts au Parti communiste français
À son retour à la vie civile, Jacques Duclos participe à la campagne électorale du Parti socialiste (SFIO) (Modèle:Date-), sans adhérer à ce parti. Il s'engage à l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC), où milite aussi son frère. Il se syndique à la CGT.
Il adhère au parti communiste, alors appelé Section française de l'Internationale communiste (SFIC), à sa fondation, en Modèle:Date-. Un an plus tard, il devient le secrétaire de la section du Modèle:10e de Paris tout en prenant des responsabilités à l'ARAC. Il exerce son métier de chef-pâtissier jusqu'en 1924 où il suit la première école des cadres du Parti, à Bobigny. Aux élections législatives de 1924, il est pour la première fois candidat, dans le département de la Seine, sans être élu.
Il est élu membre du comité central en 1926. C'est cette année également qu'il fait son entrée à la Chambre des députés. En effet, au terme d'une campagne électorale médiatisée en raison de la notoriété de leurs adversaires<ref>Jacques Duclos, Mémoires, vol 1, pp. 243-251</ref>, lui et son colistier Albert Fournier triomphent de Paul Reynaud et d'Henri de Kérillis lors d'une élection partielle qui se tient le Modèle:Date- à Paris. Aux élections de 1928, vainqueur du leader socialiste Léon Blum dans le [[20e arrondissement de Paris|Modèle:20e de Paris]], il fait partie des 14 rescapés sur 28 députés communistes sortants.
En fait, Jacques Duclos ne siège pas au Parlement ; à l'avant-garde de la lutte antimilitariste, il n'arrête pas d'être condamné pour divers délits liés à son action. En 1928, le total de toutes les condamnations qui l'ont frappé se montent à quarante sept ans d'emprisonnement. Il vit donc dans la clandestinité, mais séjourne souvent à Moscou, assume des responsabilités pour le compte de l'Internationale ou du Profintern, l'Internationale syndicale rouge. En 1932, alors que le radical Édouard Herriot est président du Conseil, Duclos bénéficie d'un non-lieu et peut reprendre des responsabilités officielles dans le parti. Il en devient, de façon officieuse, le « numéro deux », aux côtés de Maurice Thorez, Eugen Fried et André Marty.
Lors des élections législatives de 1932, candidat dans sa circonscription du [[20e arrondissement de Paris|{{#ifeq:arrondissement | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:arrondissement| arrondissement }} }}]], il arrive en tête au premier tour mais est battu au second tour par Marcel Déat<ref>Duclos obtient Modèle:Nombre au Modèle:1er tour, Déat 6 771. Au second tour, englué dans une tactique dite « classe contre classe », il recueille Modèle:Nombre, alors que Déat monte à Modèle:Nombre.</ref>. Quatre ans plus tard, il est réélu député en se présentant dans une autre circonscription, craignant une nouvelle défaite face à Marcel Déat<ref>Selon le témoignage d'Adrien Langumier, recueilli par Bernard Pudal. Cf. Bernard Pudal, Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1989, pp. 85-86.</ref>.
Il signe souvent des articles dans L'Humanité et il y défend la ligne « classe contre classe » avant 1934, mais à partir de Modèle:Date-, il suit les recommandations de l'Internationale communiste (IC) et appelle au rapprochement avec les socialistes et les radicaux. Il représente le parti communiste au stade Buffalo le Modèle:Date, aux Assises de la Paix où il fait chanter la Marseillaise par des militants communistes.
Il est souvent chargé de missions par l'IC : remise en ordre du parti espagnol (1930-1931)<ref>Jules Humbert-Droz, De Lénine à Staline, dix ans au service de l'Internationale communiste, La Baconnière, Neufchâtel, 1971, p. 406. Humbert-Droz, qui prend la suite de Duclos, note : « Duclos fut très chic type. Il forma une délégation collective où chacun (ils sont cinq délégués de l'IC) avait des droits égaux […] »</ref> supervision du parti Belge (1934-35), nouvelle intervention auprès du parti espagnol (1935). En cette année 1935, il est élu membre titulaire du Comité exécutif de l'Internationale communiste. Il est un des quatre français, avec Marcel Cachin, Maurice Thorez et André Marty, de cette instance mondiale de la révolution, où siègent entre autres Staline, Dimitrov, Mao Tse Tung, Togliatti<ref>Jacques Duclos publie la liste des 46 titulaires et 34 suppléants, en annexe du volume 2 de ses Mémoires, signe de l'importance qu'il y attache.</ref>.
En Modèle:Date-, au {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:| }} }} congrès, confirmé secrétaire du Parti, il devient officiellement responsable de la propagande. En Modèle:Date-, au second tour des élections législatives, il est élu député dans la circonscription de Montreuil-sous-Bois (Seine), avec 5 000 voix d'avance sur son adversaire ; il devient secrétaire général du groupe communiste et vice-président de l'Assemblée nationale. Pendant l'été 1936, il participe, avec Maurice Thorez, à des rencontres en tête-à-tête avec Léon Blum.
Dès que la rébellion franquiste éclate en Espagne, il est chargé de superviser l'action du Parti communiste espagnol (PCE). Il conseille au PCE de participer au gouvernement.
Le Modèle:Date-, Jacques Duclos épouse une infirmière, Gilberte Roux (1911-1990), fille d'un père mort au front en 1914 et élevée par un beau-père militant communiste et syndicaliste. Le couple emménage au 258 bis, rue de Paris à Montreuil, puis, début 1939, dans un pavillon de Montreuil mis à sa disposition par le parti et que le couple habite jusqu'à sa mort.
Passionné d'histoire, qu'il apprend à connaître en autodidacte, il initie, dans sa ville d'adoption, la création du Musée de l'Histoire vivante, dont il confie l'organisation à l'historien Jean Bruhat<ref>Jean Bruhat, Il n'est jamais trop tard. Souvenirs, Albin Michel, Paris, 1983, p. 99-100. Voir aussi Jacques Duclos, Mémoires, vol 2 (1935-1939), p. 392 et suiv.</ref>. Il en inaugure l'ouverture en Modèle:Date- au moment de la célébration du Modèle:150e Anniversaire de la Révolution française<ref>Selon Jean Bruhat, la présentation des salles de l'exposition consacrée à la Révolution est assumée par son collègue Albert Soboul</ref>.
Le Modèle:Date-, il est réélu vice-président de la Chambre des députés. Il se rend encore souvent en Espagne pour rencontrer les dirigeants du Parti communiste espagnol.
Seconde Guerre mondiale
Lorsque après le pacte germano-soviétique et la déclaration de guerre le Parti est dissous par Édouard Daladier, le Modèle:Date, Jacques Duclos, qui n'est pas mobilisé en raison de son âge, quitte la France, et fait partie du groupe de l'équipe dirigeante qui se rassemble à Bruxelles autour d'Eugen Fried, le délégué de l'IC. Selon les termes du « Maitron », dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, « Une nouvelle fois, il se montra totalement fidèle à l'URSS, à Staline, à l'IC et soutint fermement Maurice Thorez »<ref name="scjm">Modèle:Chapitre</ref>. Jacques Duclos reste à Bruxelles d'Modèle:Date- à Modèle:Date-, alors que Maurice Thorez a été aiguillé vers Moscou après sa désertion de l'armée en Modèle:Date-, sur ordre de l'IC, et que Benoît Frachon est resté dans la région parisienne, dans la clandestinité.
Député membre du groupe ouvrier et paysan français, il est déchu de son mandat, le Modèle:Date-, et condamné par défaut le Modèle:Date par le Modèle:3e militaire de Paris à cinq ans de prison, Modèle:Unité d'amende et cinq ans de privation de ses droits civiques et politiques<ref>Modèle:Lien web</ref> pour être resté fidèle à la ligne du Parti communiste et ne pas avoir dénoncé le pacte germano-soviétique<ref name="Smirnov1993">Modèle:Article</ref>.
En Modèle:Date-, alors que l'équipe de direction constituée autour de Benoît Frachon et d'Arthur Dallidet a quitté la région parisienne et s'est repliée dans le sud de la France, Jacques Duclos et Maurice Tréand sont convoyés de Bruxelles par un diplomate chilien et arrivent à Paris aux alentours du Modèle:Date-.
En contact régulier avec l'Internationale communiste de Moscou, les deux hommes assument ensemble la prise de contact avec les autorités allemandes<ref>Roger Bourderon, La négociation, été 1940 : crise au PCF, éditions Syllepse, Paris, 2001 Modèle:ISBN</ref>,<ref>Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Juin 1940 la négociation secrète. Les communistes français et les autorités allemandes, L'Atelier, 2006 Modèle:ISBN</ref> en vue de faire reparaître légalement l'Humanité. Ces pourparlers avec les autorités allemandes furent un fiasco complet et jusque dans les années 1970 (publication des Mémoires de Duclos), on en fit porter le chapeau au seul Tréand<ref>Sylvain Boulouque, L'affaire de L'Humanité, Larousse, 2010 Modèle:ISBN</ref>. Ce n'est que le Modèle:Date qu'une directive de l'IC à Moscou clarifia la situation : ordre était donné de suspendre tout contact et Duclos était nommé responsable du PCF clandestin. Il assume ce rôle jusqu'au retour de Maurice Thorez en Modèle:Date-, toujours en contact étroit avec Benoît Frachon, remonté à Paris en Modèle:Date-.
Pendant toute la période de Modèle:Date- à Modèle:Date-, où il est responsable du PCF clandestin, Jacques Duclos est le principal rédacteur de la presse communiste clandestine. Il peut être par conséquent identifié aux différentes lignes suivies par le Parti durant cette période :
- Tentative de sortie partielle de la clandestinité et de semi-légalisationModèle:Refnec, de Modèle:Date- à Modèle:Date-, ligne qui se traduisit par une hécatombe de cadres arrêtés par la police française et internés dans des camps.
- Entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, discours anti-impérialiste, anti-anglais, anti-Pétain, anti-De Gaulle, anti-Blum, et très accessoirement antiallemand, qui s'exprime dès l'été 40, dans l'« Appel du 10 Juillet », tract largement diffusé, signé Thorez et Duclos, mais dont il semble que Jacques Duclos fut le seul rédacteur<ref>Histoire du Parti communiste français, vol. 2 « de 1940 à la Libération », Éditions Unir, Paris, 1962, p. 31-33</ref>.
- Ligne de résistance antiallemande à partir de Modèle:Date-, date de l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht.
D'abord installé dans les HBM proches des boulevards extérieurs à Paris, Jacques Duclos déménage pour des raisons de sécurité à Bourg-la-Reine, puis à Villebon-sur-Yvette, en Modèle:Date-, à la villa de l'Oasis d'où il ne sortait à vélo qu'une fois par mois pour se rendre aux réunions du secrétariat où il retrouvait Benoît Frachon, Charles Tillon, puis Auguste Lecœur, à partir de la mi 1942. Seul Benoît Frachon lui rendait parfois visite à l'Oasis.
Grâce à un système d'agents de liaison circulant à vélo ou à pied, Jacques Duclos put maintenir des contacts réguliers aussi bien avec l'URSS, grâce à un réseau de radios installées en région parisienne, qu'avec tous les responsables de régions ou avec les multiples organisations qui gravitaient dans l'orbite du PCF, comme le Front national, mouvement de résistance ouvert aux différentes catégories socio-professionnelles, dont la responsabilité avait été confiée à Pierre Villon, les Francs-tireurs et partisans (FTP) mouvement de résistance armée dont le responsable était Charles Tillon. Il dirige les membres du Détachement Valmy, qui seront chargés, entre autres, d’exécuter des opposants et des collaborateurs au sein même du PCF<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il était également en contact avec tous les communistes présents à divers titres dans les organes de la Résistance que Jean Moulin avait commencé à mettre en place à partir de 1943 : Conseil national de la Résistance (CNR), CFLN (Gouvernement provisoire d'Alger), COMAC (Comité Militaire).
Le Modèle:Date-, Jacques Duclos fait son entrée dans Paris avec Benoît Frachon. Il réintègre le siège du Comité central et négocie avec Charles de Gaulle dès le début du mois de septembre la participation de ministres communistes au gouvernement français.
Au retour à Paris de Thorez, le Modèle:Date, Duclos redevient le numéro deux du PCF, sans que l'on ait connaissance de rivalités qui auraient pu naître entre les deux hommes.
De 1945 à 1947, Jacques Duclos joua un rôle politique et parlementaire de première importance. Il proposa à l'assemblée la nationalisation d'une grande partie de l'économie française : banques, assurances, électricité, sidérurgie, chimie et marine marchande (Modèle:Date). Le Modèle:Date, il est élu vice-président de l'Assemblée constituante. Pour reprendre les termes du « Maitron », Modèle:Citation
Jacques Duclos conserve également à cette époque d'importantes fonctions dans le mouvement communiste international, car malgré la dissolution officielle de l'IC en 1943, les partis communistes du monde entier sont toujours regroupés sous la tutelle des Soviétiques. Jacques Duclos représente souvent le Parti français dans les diverses rencontres, notamment en Modèle:Date- en Pologne, à Szklarska-Poreba où le PCF fut mis en cause par Jdanov pour n'avoir pas su prendre assez tôt le tournant de la guerre froide et cesser toute participation au gouvernement. Là encore, Duclos appliqua strictement la nouvelle ligne et écrivit dans la revue du Kominform de nombreux articles contre Tito après la rupture entre celui-ci et Staline. De 1947 à 1968, Jacques Duclos est aussi directeur de Démocratie nouvelle, « revue mensuelle de politique mondiale »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il y publie régulièrement des éditoriaux illustrant strictement la politique extérieure de l'Union soviétique et vantant les "réalisations" des pays du bloc communiste<ref>Démocratie nouvelle, a pour rédacteurs en chef nominaux les députés Joanny Berlioz, puis Pierre Villon. À partir des années 1960 cependant, elle s'ouvre aux problèmes des pays du « Tiers monde » et en 1968, sous l'impulsion de son rédacteur en chef adjoint, Paul Noirot, elle suit favorablement le « Printemps de Prague » et publie un numéro spécial sur le Les communistes et le mouvement (N° de mai-juin 1968) avec un éditorial de Jacques Duclos lui-même. L'arrêt de la publication de la revue, en octobre 1968, est considéré comme une condamnation de son ouverture politique.</ref>.
Important dirigeant du PCF
En 1947, lors d'un entretien à Moscou entre Thorez et Staline, ce dernier demanda au chef du Parti français si Duclos était un bon second. Thorez répondit que Modèle:Citation
Jacques Duclos reste parlementaire presque sans interruption jusqu'à sa mort en 1975 : député de 1945 (élu à l'Assemblée constituante) à 1958, sénateur et président du Groupe Communiste de 1959 à 1975. Mais c'est surtout à l'intérieur du PCF que son rôle demeure primordial. Le Modèle:Date-, Maurice Thorez est victime d'une hémiplégie : jusqu'à sa mort en 1964, il effectue de fréquents séjours en URSS pour y être soigné. Jacques Duclos fait alors fonction de secrétaire général par intérim ; il doit gérer l'exclusion d'autres dirigeants éminents : André Marty, Charles Tillon<ref>Charles Tillon dans son livre de mémoires On chantait rouge (Robert Laffont, Paris, 1977), n'est évidemment pas tendre quand il livre son appréciation sur Duclos, p. 324 : « Je crois que Duclos ne rivalisa toute sa vie avec Thorez que pour mériter le titre de meilleur stalinien français. »</ref> et Georges Guingouin en 1952, Auguste Lecœur en 1954.
C'est également sous son autorité et avec l'appui de l'Union soviétique que sont lancés des appels contre la guerre d'Indochine menée par son pays, pour la fraternisation avec le Viet-Minh qui luttait pour la décolonisation, mais aussi, avec certains succès, contre l'armée française. Duclos combat par la même occasion contre ce qu'il appelle déjà l'« impérialisme » américain. Il est visé par le gouvernement dans le contexte international de la guerre de Corée lors de l'organisation par le PCF le Modèle:Date d'une manifestation interdite contre la venue à Paris du général américain Ridgway que la propagande communiste accusait de mener une guerre bactériologique en Corée (« Ridgway la peste »). À cette occasion<ref>Michel Pigenet, Au cœur de l'activisme communiste des années de guerre froide. « La manifestation Ridgway », L'Harmattan, « chemins de la mémoire », Paris, 1992</ref>, alors que ce rassemblement du mai 1952 a donné lieu à des violences de rue, il est à nouveau incarcéré un peu plus d'un mois à la prison de la Santé : des policiers avaient découvert dans sa voiture des pigeons tués au cours d'une partie de chasse, qui furent qualifiés de « pigeons voyageurs » pour porter des messages secrets à Moscou ! C'est le « complot des pigeons ». La police affirme aussi avoir retrouvé dans sa voiture son cahier de notes mentionnant : « Nous travaillons pour la défaite certaine [de l'armée française] au Viêt Nam, en Corée, en Tunisie<ref>Christiane Rimbaud, Pinay, aux Editions Perrin, 1987, réédité en 1989 et en 1990, Modèle:P.</ref>. »
De 1953 à 1958, en accord avec Thorez, Jacques Duclos ne s'aligne pas sur les mises en cause de la personne de Staline exprimées par les nouveaux dirigeants soviétiques, ne divulgue pas auprès des communistes français le contenu du « rapport secret » de Khrouchtchev au XXe congrès du PC de l'Union soviétique en 1956<ref>Roger Martelli, 1956 communiste. Le glas d'une espérance, éditions La Dispute, Paris, 2006. Modèle:ISBN. Jacques Duclos assiste à ce congrès avec Maurice Thorez, Georges Cogniot et Pierre Doize.</ref>. Cette même année 1956, les deux hommes restent fidèles à l'URSS lors de la répression de l'insurrection hongroise.
En Modèle:Date-, Duclos perd son siège de député dans son fief de Montreuil<ref>Les électeurs de la Modèle:45e circonscription de la Seine (Montreuil-Rosny-sous-Bois) le place en tête au Modèle:1er tour avec Modèle:Nombre, score qu'il maintient au second tour (Modèle:Nombre), alors que le candidat gaulliste Jean-Pierre Profichet passe de 18 200 voix à Modèle:Nombre, bénéficiant du report de la plupart des Modèle:Nombre socialistes. Cf résultat in Le Monde, déc 1958. Louis Odru (PCF) reprend le siège en 1962</ref>, face à un adversaire gaulliste. Il connaît par ailleurs quelques problèmes de santé et son influence au sein du PCF commence à décliner. Cependant, dans les années qui suivent la mort de Thorez en 1964, aucun successeur ne s'impose réellement au sein du Parti et sa place reste importante.
En 1959, il est élu sénateur dans le département de la Seine et devient le président du Groupe communiste au Sénat. Il le reste jusqu'à sa mort.
En 1968, année du Printemps de Prague, il désapprouve l'invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie, comme l'ensemble de la direction du parti (à l'exception de Jeannette Thorez-Vermeersch), mais demeure fidèle, par la suite, à la ligne conservatrice du parti communiste d'Union soviétique.
Élection présidentielle de 1969
Notamment soutenu par Louis Talamoni (sénateur et maire de Champigny), il est désigné candidat du Parti communiste français à l'élection présidentielle de 1969, qui fait suite à la démission du président de Gaulle. Au cours de la campagne, grâce à son allant et ses talents d'orateur<ref>Robert Lechêne, Tambour battant. La campagne présidentielle de Jacques Duclos, éditions Fayard, Paris, 1969</ref>, appuyé par un large Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Le comité national de soutien à la candidature de Jacques Duclos, archives d'Aubervilliers.</ref>, il arrive en troisième position, talonnant le centriste Alain Poher, en recueillant 4,8 millions de voix, soit 21,3 % des suffrages exprimés. Il devance nettement les autres candidats de gauche : Gaston Defferre (5,0 %), Michel Rocard (3,6 %), Louis Ducatel (1,3 %) et Alain Krivine (1,1 %). Entre les deux tours, Jacques Duclos refuse de choisir entre Georges Pompidou et Alain Poher, déclarant, dans une formule restée célèbre, que Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Dernières années
De 1962 à 1975, Jacques Duclos est président de l'Association des amis de la Commune de Paris, créée en 1882. Il présente, en 1973, le cinquième tome de ses Mémoires pour parler de la guerre d'Indochine et de Lautréamont<ref>Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, Modèle:1er janvier 1973</ref>.
Au mois d'Modèle:Date-, après une hospitalisation en janvier, Jacques Duclos se rend à Louey où la télévision doit commencer le tournage d'un film sur sa vie. Mais se sentant mal, il est hospitalisé à nouveau à Paris pour une congestion pulmonaire. Il meurt à son domicile le Modèle:Date-.
Ses obsèques, organisées à Paris le Modèle:Date, rassemblent près de 200 000 personnes<ref>La Une de L'Humanité, le 30 avril 1975, titre la photographie pleine page du cortège : « Hier, de la place Fabien au Mur des Fédérés, tout un peuple avec Jacques Duclos ».</ref>, entre la place du Colonel-Fabien et le cimetière du Père-Lachaise, où il est inhumé. Avant le discours final, prononcé par Georges Marchais, deux personnalités prennent la parole : Dolores Ibárruri, figure iconique de l'antifascisme, et Boris Ponomarev, représentant le Parti communiste de l'Union soviétique<ref>Boris Ponomarev (1905-1995) est chef du Département international du PCUS de 1955 à 1986</ref>.
Personnalité
Jacques Duclos était de petite taille puisqu'il mesurait Modèle:Unité<ref>AD Hautes-Pyrénées, Registre matricules 997-1497, 1R209, classe 1916, Modèle:Citation, matricule de recrutement N° 1256</ref>. Forçant le trait, les caricaturistes, surtout Sennep, en profitaient pour le représenter comme un enfant<ref>Par exemple dans La vie exemplaire du petit Jacques Duclos.</ref>.
Jacques Duclos apparaissait comme un excellent orateur, doté de beaucoup de faconde et d'un grand sens de la repartie, ce qui a probablement joué en sa faveur quand la génération du baby-boom l'a découvert à la télévision à l'occasion de l'élection présidentielle de 1969. Dominique Desanti, dans Les Staliniens, indique : Modèle:Citation
En 1971, interpellé à la maison de la Mutualité par un militant du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) qui lui demande si son parti a Modèle:Citation, il déclare : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Pierre Albertini, « Communisme », Dictionnaire de l'homophobie, PUF, 2003.</ref>.
La personnalité de Jacques Duclos, son action et sa place dans l'histoire du communisme en France, sont difficiles à cerner par les historiens. Ainsi, fait rare, le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Le Maitron) lui consacre deux notices biographiques, représentant chacune un aspect de l'historiographie du communisme : l'une est rédigée par Jean Maitron lui-même, en collaboration avec Stéphane Courtois<ref>Voir aussi dans Stéphane Courtois, Le bolchévisme à la française, Fayard, 2010 : « La vie secrète de Jacques Duclos », pp. 306-318, et l'autobiographie de Jacques Duclos dans le archives du Komintern, pp.326-332.</ref> ; l'autre<ref>Modèle:Chapitre</ref> est rédigée par Serge Wolikow.
Modèle:Citation (Jean Bruhat, Il n'est jamais trop tard)
Détail des mandats et fonctions
Troisième République
- Modèle:Date - Modèle:Date : député, élu dans le deuxième secteur de la Seine<ref>Modèle:Lien web</ref>
- Modèle:Date - Modèle:Date : député, élu dans le département de la Seine (deuxième circonscription du Modèle:20e de Paris)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>
- 1936 - 1939 : vice-président de l'Assemblée nationale
- Modèle:Date - Modèle:Date : député, élu dans la première circonscription de la Seine (arrondissement de Sceaux)<ref>Georges Lachapelle, Élections législatives, 26 avril & 3 mai 1936, éd. Le Temps, Paris, p. 262. La Modèle:1re circonscription de Sceaux comprend les villes de Montreuil-sous-Bois, Rosny-sous-Bois et Villemomble</ref>
Gouvernement provisoire
- Modèle:Date - Modèle:Date : membre de l'Assemblée consultative provisoire
- Modèle:Date - Modèle:Date : député, élu dans la sixième circonscription de la Seine
Quatrième République
- Modèle:Date - Modèle:Date : député, élu dans la sixième circonscription de la Seine
- 1946 - 1951 : vice-président de l'Assemblée nationale
Cinquième République
- Modèle:Date - Modèle:Date : sénateur, élu dans le département de la Seine
- Modèle:Date - Modèle:Date : sénateur, élu dans le département de la Seine-Saint-Denis
- 1959 - 1975 : président du groupe communiste au Sénat
Hommages
De nombreuses villes ont donné le nom « Jacques-Duclos » à des avenues, boulevards, parcs, places ou rues.
- Plusieurs communes de son département natal des Hautes-Pyrénées maintiennent de cette façon sa mémoire : Tarbes, Andrest, Soues, Bordères-sur-l'Échez, Capvern, Salles-Adour.
- Montreuil, la ville où il résidait lui a attribué une place. D'autres communes ont fait de même pour une de leurs voies en Seine-Saint-Denis, telles Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis, Stains, Villepinte, en banlieue parisienne (Guyancourt, Palaiseau, Sainte-Geneviève-des-Bois, Villejuif, etc.)
- Et sur tout le territoire français, des Clayes-sous-Bois jusqu'à La Réunion.
En République démocratique allemande, plusieurs rues et places portaient son nom, par exemple la Jacques-Duclos-Straße en 1976 (renommée en 1992 Möllendorffstraße), dans le quartier de Lichtenberg, à Berlin<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'épouse de Jacques Duclos a légué la bibliothèque personnelle de son mari à Louey, la commune natale de son mari<ref>Modèle:Lien web.</ref>
L'année de sa mort l'administration postale de l'Union soviétique émet un timbre-poste à son effigie. De même, une rue de Saint-Petersbourg porte son nom (Улица Жака Дюкло {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}})<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Œuvres
La plupart des écrits de Jacques Duclos ont été publiés aux Éditions sociales.
- Batailles pour la République, 1947.
- La Lutte pour l'unité, 1949.
- Écrits de prison, 1952.
- « À l'assaut du ciel » : la Commune de Paris annonciatrice d'un monde nouveau, 1961 - réédité et augmenté, 1974.
- L'Avenir de la démocratie, 1962.
- Gaullisme, technographie, corporatisme, 1963.
- De Napoléon III à de Gaulle, 1964.
- La Première Internationale, 1964.
- Modèle:Date- vu de France, 1967.
- Anarchistes d'hier et d'aujourd'hui, 1968.
- Qui sont donc les communistes ?, éditions Epi, 1971.
- Mémoires, 6 tomes (7 volumes), éditions Fayard, 1968-1973 :
- vol. 1 (1968), 1896-1934, le chemin que j'ai suivi : de Verdun au Parti communiste ;
- vol. 2 (1969), 1935-1939 : aux jours ensoleillés du Front populaire ;
- vol. 3 (1970), t. 1 1940-1942, dans la bataille clandestine : de la drôle de guerre à la ruée vers Stalingrad ;
- vol. 3 (1970), t. 2 1943-1945, dans la bataille clandestine : de la victoire de Stalingrad à la capitulation de Berlin ;
- vol. 4 (1971), 1945-1952, sur la brèche : des débuts de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:| }} }} République au « complot » des pigeons ;
- vol. 5 (1972), 1952-1958, dans la mêlée : de la relance d'un complot anticommuniste à l'effondrement de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:| }} }} République ;
- vol. 6 (1973), 1959-1969, et la lutte continue : du début de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }} République à la campagne présidentielle de 1969.
- Bakounine et Marx : ombre et lumière, Plon, 1974.
- Ce que je crois, éditions Grasset, 1975.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article.
- Stéphane Courtois, Jean Maitron, Serge Wolikow, notices « Jacques Duclos », in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Éditions de l'Atelier et Le Maitron en ligne.
- Stéphane Courtois, Le bolchévisme à la française, Fayard, Paris, 2010. Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Robert Lechêne, Tambour battant. La campagne présidentielle de Jacques Duclos, Fayard, 1969, 91 p.
- Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, Tome 1 (1920-45), Fayard, 1980.
- Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, Tome 4, Biographies, Chronologies, Bibliographies, Fayard, 1984
- Frédéric Charpier, L'agent Jacques Duclos. Histoire de l’appareil secret du Parti communiste français, 1920-1975, Seuil, 2015, 360 pages.