Auguste Lecœur

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique

Auguste Lecœur, né le Modèle:Date de naissance à Lille et mort le Modèle:Date de décès à Chalon-sur-Saône, est un dirigeant du Parti communiste français, qui a organisé la Modèle:Cita grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941<ref name=nécrologieAFP/> puis le fonctionnement du parti dans la clandestinité, de 1942 à 1944, alors que Maurice Thorez était en Union soviétique. Membre des premiers gouvernements de l'après-guerre ensuite, il a été sous-secrétaire d'État à la Production charbonnière, chargé de la Bataille du charbon. Maire de Lens, député du Pas-de-Calais, numéro trois du PCF<ref name=nécrologieAFP/> il a été le Modèle:Cita<ref name=nécrologieAFP/>, jusqu'à son éviction de la direction en 1954, du numéro un Maurice Thorez.

Biographie

Enfance et jeunesse (1911-1936)

Le père d'Auguste Lecœur était mineur dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, comme son grand-père et son arrière-grand-père. Auguste est le deuxième d'une famille de trois enfants. Ses parents divorcent et sa mère se remarie en 1919 avec un mineur qui est embauché successivement à Marles-les-Mines, Bruay-en-Artois et Haillicourt. Comme le note Annie Kriegel, la famille d'Auguste avait régressé jusqu'à appartenir au sous-prolétariat. Auguste ne brille pas particulièrement à l'école. Il est placé à douze ans en apprentissage chez un boucher, mais à treize ans, il descend pour la première fois à la mine, à Bruay.

Après un séjour de la famille à Paris, Auguste refuse de retourner à la mine, il trouve à quatorze ans un emploi de manœuvre à l'usine SEV. Il occupe par la suite bien d'autres emplois. En 1927, il manifeste contre l'exécution de Sacco et Vanzetti, adhère au Parti communiste, mais milite surtout à la CGTU.

La guerre d'Espagne

Modèle:Article connexe En Modèle:Date-, Auguste Lecœur, Modèle:Nobr, était doubleur aux laminoirs et tréfileries de Lens, c'est-à-dire que, dans un vacarme infernal, il découpait à la cisaille le ruban métallique sortant du laminoir. Communiste, mais surtout responsable syndical à l'échelon du département, il avait passé son certificat d'étude à l'armée, pour pouvoir lire des ouvrages marxistes. Des responsables communistes l'attendaient à la sortie de l'usine. On lui demande de partir en Espagne comme commissaire politique dans les Brigades internationales. Le Modèle:Date- au soir, avec soixante militants, il est reçu par Maurice Thorez au siège du Parti. Le groupe prend ensuite la direction de Perpignan, accompagné par Léon Mauvais, membre du Comité Central, dirigeant de la CGT, membre de l'Internationale syndicale rouge (ISR), le pendant syndical de l'Internationale communiste (IC). La base des brigades à Albacete était sous l'autorité d'André Marty, inspecteur général des Brigades internationales, membre du Bureau politique du Parti et membre du secrétariat exécutif de l'IC. Marty avait un caractère difficile, mais Staline reconnaissant à l'ancien mutin de la mer Noire de son geste de solidarité vis-à-vis de l'Union soviétique lui gardera sa confiance. C'est dans cet environnement qu'Auguste Lecœur fait ses classes dans le contre-espionnage et la police interne, mais il demande à être muté sur le front et participe aux combats à Peña Roya et à Brunete. Il est l'un des soixante et un rescapés des 380 combattants de son bataillon.

En octobre 1937, la fin des brigades internationales ayant été décidée en haut lieu, il devient permanent du Parti communiste en France, organise les comités d'aide à l'Espagne du Pas-de-Calais et devient rapidement premier secrétaire du parti communiste dans ce département.

Les années de guerre (1939-1944)

Modèle:Article détaillé En Modèle:Date-, Auguste Lecœur n'est pas encore un dirigeant national, mais il est déjà secrétaire fédéral du Pas-de-Calais. Après l'annonce du Pacte germano-soviétique, Auguste poursuit la diffusion de L'Enchaîné, le journal communiste du Nord, et participe à des réunions pour la défense du pacte. C'est pourquoi, lorsqu'il est mobilisé, il se retrouve dans une « prison départementale militaire », gardé par des gendarmes débonnaires, jusqu'au mois de janvier. Ensuite, il est affecté dans une compagnie qui tient position sur la ligne Maginot et se retrouve au mois de juin avec dix mille autres prisonniers dans un camp de Meurthe-et-Moselle.

« L'état d'esprit était tel, dans ce camp, que personne, quoique ce fût facile, ne songeait à s'en aller… Je rencontrai un Lensois qui habitait la même rue que mes parents… Il était persuadé que la liberté était proche et que les Allemands attendaient seulement la remise en marche des moyens de transport pour nous renvoyer à la maison… À la dernière minute, je trouvais un Espagnol qui, à la déclaration de guerre, se trouvait dans un camp de Républicains installé en France. Nous décidâmes de partir sans délai ».

Lecœur et son camarade espagnol parviennent à fausser compagnie aux soldats allemands. Le Modèle:Date-, Lecœur entre dans Paris par la Porte de Vincennes sur une bicyclette trouvée à Provins. Le 14, par un coup de chance, il croise sur les grands boulevards Jean Jérôme qui l'aiguille sur Jean Catelas désireux de renouer des contacts avec la région du Nord Pas-de-Calais d'où est originaire Lecœur.

De retour dans le Pas-de-Calais le Modèle:Date-, Lecœur est consterné par l'état de sa fédération, où tout le dispositif clandestin mis en place avant-guerre a été démantelé par la défection de ses deux responsables, et où les dirigeants de la fédération vivent légalement, chez eux. Le Nord vit la semi-légalité au diapason avec Paris. Il prend ses fonctions de dirigeant de la fédération du Pas-de-Calais, et un peu plus tard, il devient secrétaire de l'inter-région 5, celle qui comprend le Nord et le Pas-de-Calais. Entre-temps, il aura été un des principaux animateurs de la grande grève des mineurs de mai-juin 41. Cette grève a représenté, dans les premières années de l'occupation, le seul mouvement de rébellion d'une certaine ampleur développé sur le territoire national. L'organisation syndicale clandestine qui s'est mise en place dans le bassin minier, - les CUSA (Comités d'unité syndicale et d'action) -, a, dès la fin 40, développé en dehors des directives nationales une ligne revendicative qui n'excluait pas l'affrontement avec les Allemands. Les traditions patriotes sont plus vivaces qu'ailleurs dans cette région qui a déjà connu l'occupation pendant la première guerre mondiale et qui, de surcroît, est directement rattachée à l'administration allemande de Bruxelles.

Auguste Lecœur est alors un des animateurs de la [[Grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais (1941)|grève des Modèle:Unité du Nord-Pas-de-Calais de 1941]]. Les conditions de vie sont aussi dures que dans tout le pays, mais les Allemands maintiennent les cadences de production à un niveau extrêmement élevé. À la suite d'un incident banal entre des mineurs et un chef porion, le débrayage de la fosse numéro 7 de Dourges, déclenchée le 27 mai, 'étend en quelques jours à tout le bassin minier.

La collecte, depuis 1940, des armes confiées aux groupes de protection armés du PCF, a permis aux meneurs de la grève de la diffuser et l'étendre très rapidement à tout le Pas-de-CalaisModèle:Sfn, via l'envoi de 35 agents de liaison le 28 maiModèle:Sfn, lorsque pour la première fois ces groupes de protection armés du PCF sont autorisés à agirModèle:Sfn lors d'une réunion à laquelle participent à Lens Julien Hapiot, Nestor Calonne, Auguste Lecoeur et Maurice Deloison Modèle:Sfn. Lecœur et la direction des CUSA ont ainsi lancé le mot d'ordre de grève.

Le mouvement culmine le Modèle:Date- : Modèle:Nombre sont alors en grève dans le bassin, soit la quasi-totalité de l'effectif ouvrier. Auguste Lecoeur coordonne la diffusion de la grève vers les autres puits de mine, en organisant un comité central de grève à Lens dès le lendemain du premier arrêt de travail<ref name="EtienneDejonghe" />.

Les mineurs obtiennent rapidement satisfaction, mais les Allemands se sont lancés dans une sanglante chasse aux meneurs : emprisonnement et déportation d'hommes et de femmes, souvent désignés avec la complicité des cadres des Compagnies minières. Jusqu'à la fin de l'occupation, la résistance ouvrière demeurera particulièrement vivace dans la région du Nord.

Lecœur conserve pendant toute cette période une certaine indépendance par rapport à la direction parisienne : dans les articles qu'il rédige pour l'Enchaîné du Pas-de-Calais, il associe toujours la lutte contre les Compagnies minières, Vichy et les « collabos » à un refus de l'occupant, alors que l'édition du même journal dans le département du Nord élude la dimension patriotique de la grève<ref name="EtienneDejonghe">"Chronique de la grève des mineurs du Nord/Pas-de-Calais (27 mai - 6 juin 1941)" par Etienne Dejonghe, Maître de conférences à l'Université de Lille III et président du Conseil scientifique de l'Association "Mémoire de l'Occupation et de la Résistance en Zone interdite", dans la Revue du Nord en 1987 [1]</ref>.

Pour prendre la suite du service d'approvisionnement des houillères, il crée avec Victor Foulon la coopérative centrale du personnel des mines<ref name=":0">Modèle:Article.</ref>.

Lecœur va devenir de plus en plus important au sein du Parti à partir de la mi-42, bien que l'ordre hiérarchique ne le place qu'en quatrième position. Appelé par Duclos, en mai 42, à prendre en main l'organisation du Parti, en remplacement de Jean Laffitte, arrêté très peu de temps après sa prise de fonctions, vers la même époque que son camarade responsable des cadres, Robert Dubois. La période Lecœur, qui couvre les deux dernières années de la guerre fait suite aux périodes Tréand et Dallidet.

Le premier objectif que s'assigne Lecœur quand il prend ses fonctions est de mettre un terme à l'hécatombe qui frappe les cadres dont le niveau de responsabilité est situé à l'échelon immédiatement inférieur au secrétariat. À l'exception du triangle majeur, la direction du Parti a été complètement démantelée avec les arrestations de Catelas, Cadras, Dallidet, Bréchet, Laffitte et Dubois pour ne citer que quelques-uns des plus importants. Les impératifs générés par la volonté de maintenir en fonctionnement un Parti centralisé tout en préservant efficacement la direction suprême conduisent à exercer une pression énorme sur ces cadres de niveau intermédiaire. La survie même du Parti implique de protéger plus efficacement ceux pour qui l'esprit de sacrifice est inhérent à leur engagement dans la Résistance.

Lecœur est un dur, un homme à poigne, il parvient à imposer les règles minimum de sécurité, en dépit des contraintes de travail qui pèsent sur tous les cadres.

« … J'imposai une discipline rigoureuse. Pour commencer, je fis suivre tel ou tel camarade responsable par un camarade de mon service. Au début, il ne s'apercevait de rien et se montrait tout étonné quand je lui rendais compte minute par minute de son emploi du temps pour tel jour. Par la suite, ils se méfièrent tous et se montrèrent plus prudents, ce que je désirais. J'interdis progressivement aux responsables les rendez-vous dans les cafés de Paris ou aux stations de métro, puis, en fin de compte, tout rendez-vous dans Paris. Peu à peu, ces consignes furent respectées par les militants de toutes les fédérations… ».

La mainmise de Lecœur sur les structures du Parti dépasse largement les problèmes de sécurité. C'est lui qui, de fait, contrôle les divers mouvements de cadres entre le Parti, les Jeunesses, et les FTP. Il supervise également le groupe Valmy, ce groupe de choc des OS, dépendant directement du service des cadres, pour servir à la fois de garde prétorienne et de police interne en plus des activités de résistance anti-allemandes.

Aidé par Jean Chaumeil, Lecœur nomme des militants sûrs, comme Robert Ballanger pour la région parisienne ; il puise surtout dans le vivier des cadres du Nord-Pas-de-Calais qu'il connaît bien. Il sera souvent amené à s'opposer à Charles Tillon et aux FTP pour privilégier le Parti dans l'affectation des cadres. Pendant la période 42-44, il réside à Antony. Lors de la libération de Paris, c'est lui qui mène l'assaut contre le siège du parti occupé par la milice et qui, le Modèle:Date-, va chercher Jacques Duclos et Benoît Frachon dans le Hurepoix, pour les conduire au « 44 ».

L'étoile montante du Parti (1944-1951)

La mairie de Lens

Ses talents d'organisateur et son sens de la synthèse déjà révélés dans la clandestinité éclatent au grand jour à la Libération. Il se marie avec celle qui fut son agent de liaison pendant la clandestinité et dont il aura trois enfants. Les années d'après-guerre sont consacrées à renforcer l'appareil du Parti. Dès 1945, Thorez lui confie la responsabilité de la partie clandestine : officiellement, il n'est que membre du Comité central, mais il n'a jamais cessé d'assister aux réunions hebdomadaires du Bureau politique.

En plus de ses responsabilités au sein du Parti, il des mandats électifs : député du Pas-de-Calais dans l'assemblée constituante et maire de Lens, élu en 1945. Le 11 mars 1945, au Stade de l'Est, avenue Raoul Briquet, une foule immense assiste à un meeting dans lequel Maurice Thorez prononce un discours vantant les qualités de Lecœur<ref name=synt>Synthèse d'un article du journal L'Unité du 16 novembre 1984</ref>. Roger Pannequin obtient le plus grand nombre de suffrages mais c'est bien Auguste Lecœur qui est élu maire de Lens le 9 mai 45 puis engage un programme de reconstruction des écoles, logements et ateliers de formation professionnelle et fonde un Mutuelle municipale chargée d'acheter directement les produits alimentaires, ce qui alimentera plus tard les critiques contre une institution émettant une quasi-monnaie lors des grèves de 1947 et 1948.

L'entrée au gouvernement

En plus de ses mandats politiques, il se fait élire président du syndicat régional des mineurs. Cette fonction où il défend les conditions de vie des mineurs l'amène à s'opposer à la fois au préfet gaulliste et à Maurice Thorez qui s'était engagé en juillet 1945 dans la Bataille du charbon, idéalisée comme le combat des « gueules noires », nouveaux héros de la reconstruction et de ses besoins en énergie<ref name="Nécrologie"/>, car le Nord-Pas-de-Calais ne produisait plus que Modèle:Nombre de tonnes de charbon en 1944, contre Modèle:Nombre en 1938<ref name="foi">La Foi des charbonniers par Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi</ref> avant de retrouver ce niveau dès l'été 1946, puis de le dépasser rapidement. Vertement rappelé à l'ordre sur ce thème, lors d'une séance du comité central fin 1945, Lecœur y montre son caractère en maintenant un temps sa position<ref name="Nécrologie"/>, puis en s'inclinant, ce qui permet à Maurice Thorez de le faire nommer en janvier 46 sous-secrétaire d'État au Charbon, dans l'équipe du ministre de l'énergie Marcel Paul, pilier des gouvernements Félix Gouin (du Modèle:Date- au Modèle:Date-) et Georges Bidault (1) (du Modèle:Date- au Modèle:Date-).

En tant que responsable de la stratégique production charbonnière, il promulgue alors le statut du mineur, l'emportant sur Marcel Paul, qui aurait préféré un statut commun avec celui d'EDF/GDF. La presse syndicale y voit un progrès considérable<ref name=Vivens/>: un jour par mois de plus que le congé légal<ref name=Vivens/>, et Modèle:Nobr pour Modèle:Nobr d’ancienneté<ref name=Vivens/>, salaire calqué sur la métallurgie de la région parisienne avec une majoration, faisant des mineurs la corporation la mieux payée<ref name="Vivens">Conflit social ou affrontement politique ? La grève des mineurs en France en 1948 sous les angles de la solidarité et de la répression, par Jean-Louis Vivens, université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 2016.</ref>. Il obtient aussi la loi nationalisant les Charbonnages de France. Ce poste lui donne l'occasion d'accompagner Jean Monnet aux États-Unis pour négocier l'approvisionnement de la France en attendant la reprise de la production nationale, sur fond de projets de George Marshall, l'ex-bras droit de Roosevelt, promu secrétaire d'État en janvier 1947<ref name=chronomonde1947/>, dont le plan Marshall est signé par seize pays le 20 septembre<ref name=chronomonde1947>Chronologie de l'année 1947 dans Le Monde début 1948.</ref>, pour financer le nouveau laminoir en continu de Denain dès la rentrée 1948. Après d'y être opposé en 1945, Lecœur se rallie en 1946 à cette « Bataille du charbon », même s'il a constaté qu'elle a fait fuir en 1945 de nombreux militants communistes, retrouvés Modèle:Citation<ref>Le Partisan, coll. « l'actuel », Flammarion, 1963,</ref>,<ref name=Vivens/>. L'introduction du salaire au rendement fait que certains mineurs doublèrent, voire triplèrent le salaire de base, à condition d'obtenir des « grosses quinzaines », parfois compromises car la prime d’assiduité est supprimée avec perte du pourcentage sur toute la paye, pour qui s’absente dans la quinzaine. Lecœur porte plainte contre les propos de Joseph Sauty au congrès CFTC de mai 46 le faisant apparaître comme « le boucher des mines », tandis que le journal socialiste L'Espoir ironise sur Modèle:Citation, le journal communiste régional Liberté titrant un article Modèle:Citation.

Les grèves de 1947 et 1948

Modèle:Article connexe

Retour à Paris en octobre 1947

Après son départ du gouvernement en janvier 1947, il redevient président du syndicat CGT des mineurs de la région et ne participe pas aux grèves démarrées en avril 1947 par des trotskistes aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, avant le départ des ministres PCF du gouvernement, même lorsqu'elles s'étendent puis reprennent début novembre à Marseille. Le 18 novembre, le ras-le-bol gagne le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Lecœur est alors depuis octobre installé à plein temps à Paris, à la demande de Jacques Duclos, pour se consacrer à l'organisation nationale du Parti, aux côtés de Léon Mauvais, qu'il remplacera définitivement en 1950.

Les « bons d'achat Lecœur » de novembre 1948

C'est lors de la grève des mineurs de 1948 que sa popularité lui permet d'assurer aussi une forme de coordination régionale, via ses amis de la « Maison des mineurs de Lens », une seconde activité lui sera reprochée en bloc au moment de l'éliminer en 1954. Pour Modèle:Citation versées en solidarité en 1948 par les syndicats des pays d'Europe de l’Est<ref name=Vivens/>, il Modèle:Citation<ref name=Vivens/>. Par lettre ouverte aux commerçants le 28 octobre, Lecœur et André Parent, initiateurs et signataires de ces « bons de solidarité », s’engagent à leur remboursement<ref name=Vivens/>. Modèle:Citation écrit Liberté le 9 novembre, tout en observant que Modèle:Citation<ref name=Vivens/> et qu'à Méricourt, le responsable de la distribution a été arrêté<ref name=Vivens/>. Modèle:Citation s'interroge Le Figaro.

Début novembre Louis Aragon écrit un poème, « L’éclatante victoire des CRS », dans L'Humanité<ref name=juquin/>, en réaction à l'assaut des forces de l'ordre contre les mineurs à Carvin, dans le Pas-de-Calais<ref name=juquin/>, où la Wehrmacht avait aussi attaqué durant la guerre<ref name=juquin/>. Le 15 novembre, il est invité au comité central du PCF, où l'ex-résistant Lecœur dénonce les « mesures fascistes du gouvernement » et la « terreur hitlérienne dans les corons », cité le lendemain dans L’Humanité<ref name=Vivens/>, où Aragon publie un nouveau poème, « Chanson de La Ricamarie » sur d'autres incidents entre mineurs et policiers à La Ricamarie<ref name="juquin">Aragon, un destin français. 1939-1982 par Pierre Juquin La Martinière, 2012 [2]</ref>, inspiré par témoignage d'un mineur lors de la réunion de la veille<ref name=juquin/>.

Le succès dans son département aux élections de 1951

Les législatives de 1951, les premières depuis les grandes grèves des mineurs de l'hiver 1947 puis celui de 1948, sont très attendues dans l'une des deux circonscriptions du Pas-de-Calais, celle d'Arras et des principaux cantons miniers<ref name=Curinier/>, terrain des affrontements avec les non-grévistes de la CFTC et du nouveau syndicat FO, mais aussi avec la police du socialiste Jules Moch. Le scrutin s'annonce risqué car le PCF est sévèrement brouillé avec la SFIO, qui y obtenait encore 38% en 1945.

Dans cette région fief de Lecœur, le PCF résiste finalement beaucoup mieux qu'ailleurs à l'émergence gaulliste, le RPF, qui obtient 21,6% des voix et Modèle:Nobr, le PCF restant le premier parti avec 26% à l'échelle nationale, mais perdant 2 points. Dans le Nord-Pas-de-Calais, il reste au plus haut, à 29,7%<ref name="Curinier">"Le parti communiste français dans la région du Nord en 1958, par Serge Curinier, aux Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion [3]</ref>,<ref>"Le Nord-Pas-de-Calais en 1958", par Philippe Roger, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2018 [4]</ref>, alors que la SFIO y perd 3,5 points pour revenir à 24,6%<ref name=Curinier/> et même 7 points par rapport aux législatives de 1945, où elle dominait la région avec 31,8% des suffrages<ref name=Curinier/>. Dans le Pas-de-Calais, qui représente deux tiers des mines de la région, la liste communiste gagne même un point, à 36,4 %<ref name=maitronrc>Le Maitron</ref>, devançant de plus de dix points sa rivale, la SFIO socialiste, revenue à 25,5% contre 28,5% en 1946 et 38% en 1945<ref name=maitronrc/>. La liste socialiste du Pas-de-Calais est pourtant menée par Guy Mollet, député-maire d'Arras, qui n'a abandonné la présidence du conseil général en 1946 qu'après son élection comme secrétaire général de la SFIO et qui deviendra président du conseil en janvier 1956.

Le PCF du Pas-de-Calais passe en 1951 de 4 à 5 députés, le succès de René Camphin permettant l'entrée dans l'hémicycle de deux quadragénaires, André Mancey et Jeannette Prin, une ex-socialiste, Médaille de la résistance, spécialiste des questions du droit des femmes<ref name=maitronjp/>, qui sera réélue en 1956 puis une voix remarquée des opposants à la Guerre d'Algérie à l'Assemblée nationale lors des incidents de février 1958, en donnant lecture des témoignages du comité de résistance spirituelle<ref name="maitronjp">Biographie Le Maitron de Jeannette Prin, octobre 2008 [5]</ref>.

Les difficultés au sein du PCF, entre 1946 et 1950

Conflit avec Thorez sur la mémoire de la grève de 1941

La disgrâce de Lecœur, dans un PCF rejoint à la Libération par la majorité des artistes et intellectuels se noue au printemps 1950 sur fond de lyrisme mémoriel dans sa région, placée depuis dix ans au cœur de l'Histoire de France par la prestigieuse grève des mineurs de mai-juin 1941 contre l'occupant allemand et la Bataille du charbon de 1946, que Lecœur a organisées avec Emilienne Mopty et Michel Brulé, puis les grèves de mineurs, très dures en 1947 et très longues en 1948.

Les enjeux de mémoire semblent alors justifier toutes les manipulations. Sur la plaque commémorant la grève de 1941<ref>Article d'Olivier Nowicki dans La Voix du Nord le 28/05/2018</ref> à Montigny-en-Gohelle, une seconde ajoute bientôt que la grève Modèle:Citation<ref>Dans "Les bataillons de la jeunesse", publié en 1967, l'ex-FTP Albert Ouzoulias reproduit une photo des deux plaques, sans questionner la validité de la seconde [6]</ref>, alors qu'Modèle:Citation<ref>Témoignage de Roger Pannequin en page 114 du film-livre Mémoires d'Ex [7]</ref>,<ref name="Lecœur">"Auguste Lecœur et la grève des mineurs de 1941" par YVES JEANNEAU ET SIMON BOUCHER Le Monde du 8 juin 1981 [8]</ref>, tandis que le premier Congrès du PCF à la Libération est marqué par un Modèle:Citation<ref>Témoignage de Roger Pannequin en page 113 du film-livre Mémoires d'Ex</ref>.

Divergences avec Thorez lors de la "bataille du charbon"

Après le discours productiviste de Thorez à Waziers le 21 juillet 1945, Auguste Lecœur regrette l'arrêt de l'épuration des ingénieurs qui avaient collaboré avec les Allemands, mais Thorez lui intime rapidement de se taire.

Réagissant à ce différend,le poète Louis Aragon, proche du secrétaire général, publie peu après dans la revue Europe de février 1946<ref name=maitron>Modèle:Lien web.</ref> des poèmes de soutien au discours de Thorez, écrits par André Stil, Modèle:Nobr, responsable de l'Union Nationale des Intellectuels à Lille, qui invite Aragon dans la région<ref>« Waziers, la chance de ma vie », écrivit Stil cinq ans plus tard, dans un hommage vibrant à Thorez [9]</ref>, les 18 et 19 mars 1946, pour une visite au quotidien régional où il travaille, et au Puits de mine Modèle:N° de Dourges-Dahomey, où avait commencé la prestigieuse grève de 1941.

Cette visite de mars 1946 prépare la saga, à la fois réaliste et romanesque, que prévoit Aragon, en six tomes, Les communistes, mais qui renoncera à évoquer cette grève pourtant prestigieuse. Dès la publication du premier tome, en mai 1949, c'est la déception sur ce terrain: pas un mot sur cette grève héroïque de 1941.

Lecoeur et la "bataille du livre"

Modèle:Article détaillé Pour mieux vendre le Tome 1 de cette grande fresque Les Communistes, Aragon décide de lancer une « bataille du livre », nom choisi en écho à la Bataille du charbon de 1945-1946. Il s'agit aussi de préparer la réédition prochaine des Œuvres autobiographiques à la gloire de Maurice Thorez<ref name=courtoisbolchevisme/>.

Cette « bataille du livre » est lancée à la mi-juin 1949 lors d'une réunion au 33 Rue de la Grange-aux-Belles, siège historique de la CGT, célébrée par la presse communiste<ref>L'Humanité des 16, 17 et 18 juin 1949</ref> : une dizaine de lecteurs, ouvriers ou employés, sont invités à commenter ce premier tome, parfois sans complaisance, face à Louis Aragon qui les écoute humblement. Lecœur est dans la salle.

Modèle:Cita, écrit-il le lendemain dans l'hebdomadaire communiste France nouvelle<ref>"Lecteurs et lectures des communistes d'Aragon" par Corinne Grenouillet, page 58, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2000 [10]</ref>.

Son article<ref>titré "Critique aux critiques"</ref> déplore cependant que Modèle:Citation, observation qui vexe Aragon. Un autre passage évoque les lecteurs présents dans la salle, en termes qui scandalisent les proches d'Aragon, habitués à plus de déférence, et qui vont le juger "ouvriériste": Modèle:Citation.

En filigrane, les proches d'Aragon perçoivent une accusation de méconnaître la classe ouvrière à laquelle le poète, bon prince, répond dans La Nouvelle Critique de juillet 1949 qu'il Modèle:Cita<ref>"Lecteurs et lectures des communistes d'Aragon" par Corinne Grenouillet, page 59, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2000 [11]</ref>. Le PCF a cependant besoin plus que jamais besoin de l'ex-résistant Lecœur, car il est aussi en pleine bataille mémorielle: L'Humanité venait de publier du 6 au 18 juin une série d'articles appelant à manifester contre l'inauguration d'une avenue du Général-Leclerc, censée commémorer le « libérateur de Paris » pour les gaullistes<ref>"Modèle:Nobr d'une passion française : de Gaulle et les communistes" par Stéphane Courtois et Marc Lazar, Editions Balland, 1991 [12]</ref> alors qu'il n'existe pas d'avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy, chef de l'insurrection d'août 1944. Elle ne sera inaugurée qu'en 2004, sur la portion de la place Denfert-Rochereau qui abritait le QG souterrain du commandant en chef de la Résistance lors de la Libération de Paris<ref> [13]</ref>.

La manifestation contre la Guerre d'Indochine

Quinze jours après l'article "ouvriériste" de Lecœur, Aragon, sans rancune, est au début de l'été 1949 dans le Pas-de-Calais, où Lecœur l'a invité. Le photojournaliste Willy Ronis, qui a couvert la grève des mineurs de 1948 à Saint-Étienne, les immortalise pour Les Lettres françaises manifestant à la Nécropole de Lorette en faveur de la paix et de l'indépendance de l'Indochine. La photo montre aussi Léon Delfosse, qui sera mis en valeur dans le tome suivant de la saga d'Aragon, publié en mai 1951, malgré les erreurs historiques signalées par Lecœur à Aragon. Sur la photo de l'été 1949, Aragon et Lecœur sont au milieu de pancartes « Paix au Viet-Nam » et « Amnistie aux mineurs »<ref>Aragon au pays des mines par Lucien Wasselin et Marie Léger, Le Temps des Cerises éditeurs, 2007.</ref>.

La grève des dockers de 1949-1950 en France n'a alors pas encore commencé mais ses futurs instigateurs à Dunkerque étaient déjà en action: Modèle:Nombre avaient dû être envoyés le 19 novembre 1948<ref name="vivens">Jean-Louis Vivens, Conflit social ou affrontement politique ? La grève des mineurs en France en 1948 sous les angles de la solidarité ́et de la répression, mémoire de Master 2, 2015, Modèle:P.5.</ref> décharger le charbon à la place des dockers barricadés, solidaires avec la grève des mineurs de 1948. Proche d'Auguste Lecœur, Lucien Duffuler, leur leader depuis 1937, avait été arrêté deux jours après<ref name=monde23111948>Le Monde du 23 novembre 1948</ref>. Avant-guerre, Lucien Duffuler avait été licencié pour avoir refusé de décharger des navires allemands à Croix gammée après l’accession de Hitler au pouvoir en 1933<ref>Biographie Le Maitron de Lucien Duffuler [14]</ref>. Condamné le 12 janvier 1949 à huit mois de prison avec sursis<ref name=dunodd>"Batailles autour des beffrois: ou, La vie politique de l'agglomération dunkerquoise, de 1945 à 1978" par Patrick Oddone, éditions Westhoek, 1979</ref>, puis révoqué en mai à la suite de cette condamnation<ref name="opale">"La Côte d'Opale en guerre d'Algérie : 1954-1962" par Marc Coppin, 2010, livre et thèse de doctorat en Histoire contemporaine [15]</ref>,<ref>selon le journal Liberté du 22 mai 1949</ref>, il devient un héros local. Dunkerque sera le premier port à suivre Marseille dans la grève des dockers de 1950 contre la Guerre d'Indochine: des envois de locomotives Fives-Lille y sont bloqués dès le Nouvel an 1950<ref name=monde1950NA>Le Monde du 6 janvier 1950</ref> et L'Humanité titre : Modèle:Citation<ref>"Les communistes et l'Algérie: Des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962" par Alain RUSCIO, Edition s La Découverte, 14 février 2019</ref>. L'action s'est déroulée sous les yeux du jeune journaliste de Liberté, André Stil<ref name=optimisme/>, qui en tire sur le champ une nouvelle publiée dès le numéro de la revue Europe de janvier 1950. Titrée Fleur d'acier, elle est servie par une illustration de Boris Taslitzky, déjà célèbre. Utilisant la métaphore de la Modèle:Citation<ref name=optimisme/>, s'inspirant du chandelier à sept branches, la nouvelle Modèle:Citation<ref name="optimisme">"L'Optimisme librement consenti", mémoires et conversations avec Pierre-Luc Séguillon, d'André Stil, en 1979 aux Editions Stock [16]</ref>.

Entre-temps, dès l'été 1949, Lecœur édite et préface Le Pays des mines une plaquette anthologique sur Aragon, qui fait la part belle aux grèves des mineurs. Le document parait aux Éditions de La Tribune des Mineurs à Lens. Ce journal, contrôlé par Lecœur, commande à Aragon une série 18 critiques littéraires, qui doit commencer en janvier 1950 mais s'interrompra avant la fin<ref>Article par Lucien Wasselin dans La faute à Diderot.</ref>. Le journal de Lecœur invite aussi l'artiste Mireille Miailhe, égérie du PCF et future Prix Fénéon 1950<ref name="brevecda">Modèle:Lien web.</ref>, à dessiner des mineurs en grève<ref>Biographie Le Maitron de Mireille Miailhe [17]</ref>, notamment « Tiens bon la rampe ! », dessin qui sera republié dans Les Lettres françaises<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La CGT des mines et Lecœur sont aussi en lien avec le peintre néo-réaliste André Fougeron depuis 1947<ref>"André Fougeron Une figure du réalisme socialiste" par Philippe Dagen, dans Le Monde du 16 septembre 1998 [18]</ref>. Son tableau Les Parisiennes au marché d'André Fougeron fut à la fois dénoncé et salué au Salon d'automne le 24 septembre 1948. Lors de l'édition 1949, c'est un autre de ses tableaux qui est remarqué : Hommage à André Houllier, militant CGT de Modèle:Nobr tué par la police en novembre 1948 alors qu'il collait une affiche contre la Guerre d'Indochine<ref>"Le PCF a organisé pour les obsèques d'André Houllier une manifestation de masse", Le Monde du 20 décembre 1948 [19]</ref>. La CGT des mines et Lecœur lui demandent de s'installer à Lens, pour une série de dessins et de toiles sur la vie des mineurs, ce qu'il fait janvier 1950.

Le congrès du PCF d'avril 1950

Lors du congrès d'avril 1950 du PCF, Maurice Thorez fustige les Modèle:Citation<ref name="Elodie_LEBEAU" /> ou encore Modèle:Citation<ref name="Elodie_LEBEAU" />, en visant directement Jean-Paul Sartre, qui venait de critiquer les positions staliniennes du PCF. Il salue également le tableau du peintre André Fougeron contre la répression policière. Mais lors du congrès suivant en 1954, Louis Aragon entrera au comité central du PCF, salué par le secrétaire général Maurice Thorez de retour d'URSS, qui publiera au même moment une brochure d'une centaine de pages L'Art de parti en France, qui restera, selon le quotidien L'Humanité un événement important de l'année 1954<ref>L'Humanité du 5 septembre 1997 [20]</ref>, fustigeant l'ouvriérisme attribué à Auguste Lecœur et au peintre André Fougeron, qui disparaitra alors des publications communistes et sera diabolisé en général<ref name= Harry>"Fougeron le maudit" par Harry Bellet dans Le Monde du 12 mai 2014</ref>.

Plus généralement, la situation a basculé dès le congrès de 1950 : nombre d'ex-résistants y ont été évincés comité central. Lecœur parvient cependant à y rester et faire entrer un autre héros régional de la résistance Roger Pannequin. Au même moment, il s'est réconcilié avec son ex-ministre de tutelle, Marcel Paul, qui convient avec lui que les nationalisations d'EDF-GDF ont tourné au bénéfice des trusts.

Mais dès les jours qui suivent le congrès, le ton d'Aragon se durcit et il arrête dès l'été 1950 ses critiques littéraires dans La Tribune des mineurs. Lecœur s'investit ensuite dans l'exposition Au Pays des mines, commandée à André Fougeron par la fédération des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais: 40 tableaux et dessins racontant la grève des mineurs de 1948, qui débute le 12 janvier 1951 à la galerie Bernheim-Jeune, avenue Matignon, au cœur des beaux quartiers parisiens<ref>"La république moderne. La {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} République (1946-1958)" par Jenny Raflik, Éditions Points [21]</ref>.

Nouvelles difficultés au sein du PCF, entre 1951 et 1954

Mars 1951, tensions entre ex-résistants et Thorez-Duclos

Les tensions entre ex-résistants et la direction du PCF s'avivent en mars 1951, quand sort un ouvrage illustré de nombreuses photos<ref>"Pages de gloire des 23", aux Editions France d'Abord, postface de Charles Tillon, mars 1951</ref>, première réelle publication rappelant l'action des combattants des FTP-MOI, résistants, souvent des polonais, appelés « Groupe Manouchian », fusillés le 21 février 1944<ref>"Retour sur l’Affiche rouge – Aimer la vie à en mourir", par Jean Pierre Debourdeau, 19 février 2004 [22]</ref>, avec une postface de Charles Tillon, ex-commandant en chef des Francs-tireurs et partisans et déjà en disgrâce.

En mai 1951, c'est la publication des Tomes V et VI de la saga Les Communistes d'Aragon, comportant le passage contesté sur Léon Delfosse, avec un récit stagnant à l'année 1940 et renonçant à évoquer la grève de 1941. En juin 1951, c'est la publication des carnets de Charles Debarge, largement annotés, avec d'autres erreurs historiques. La Nouvelle Critique de septembre-octobre 1951<ref name="Grenouillet p126">"Lecteurs et lectures des communistes d'Aragon" par Corinne Grenouillet, page 126 Presses Univ. Franche-Comté, 2000 [23]</ref> contient un article de Pierre Daix affirmant prendre la défense d'Aragon.

Malgré ces difficultés, Lecœur se retrouvera un après brièvement numéro un de fait du PCF à la mi-1952 : alors que Maurice Thorez se fait toujours soigner en URSS, le numéro deux Jacques Duclos passe un mois en prison après les affrontements très violents avec la police qui ont causé deux morts et plusieurs dizaines de blessés, lors de la Manifestation contre le général Ridgway du 28 mai 1952. Des cortèges entiers d'ouvriers de Renault-Billancourt ont traversé Paris équipés d'armes blanches<ref name="Autobiographie"/> après avoir été préparés à l'affrontement par la presse communiste les jours précédents<ref name="Autobiographie"/>.

L'avant-veille, André Stil, directeur de L'Humanité est incarcéré le 26 mai 1952<ref name="Autobiographie"/> en raison de ces appels à la violence. La maladie de Thorez, toujours soigné en URSS<ref name="Nécrologie"/>, qui dure depuis novembre 1950, puis l'arrestation de Jacques Duclos, dans cette affaire de la Manifestation contre le général Ridgway<ref name="Nécrologie"/> et la mise à l'écart de Marty<ref name="Nécrologie"/> qui a déjà commencé et s'accélère au cours de l'été 1952, font de Lecœur le numéro un de fait du PCF à l'automne 1952, voire avant<ref name="Nécrologie"/>.

Le procès contre Marty et Tillon

Modèle:Article connexe Lecœur est entre-temps progressivement impliqué dans le « procès » interne au PCF lancé discrètement dès juillet 1951, qui aboutit à l'exclusion d'André Marty et à la disgrâce de Charles Tillon, le PCF créant une commission d'enquête contre le premier, dont Lecœur n'est d'abord pas membre.

André Marty avait été secrétaire de l'Internationale communiste de 1935 à 1943, et Charles Tillon, commandant en chef des Francs-tireurs et partisans pour toute la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Au début du mois de juillet 1951, Marcel Servin passe plusieurs jours auprès du secrétaire général du PCF Maurice Thorez en URSS<ref name="maitronam"/>,<ref name="martyaffaire"/> et il évoque avec lui la condamnation en avril 1951 par le Comité central du PCF des positions de Charles Tillon au sein du Mouvement de la paix<ref name="maitronam"/> ainsi que la rencontre privée de ce dernier avec André Marty, chez son beau-frère Georges Beyer, le 6 mai 1951<ref name="maitronam">Biographie Le Maitron de André Marty, rédigée par Claude Pennetier, avec le dossier constitué par Le Maitron, le 8 janvier 2009 [24]</ref>. Servin créé secrètement une commission d’enquête sur le sujet dès son retour<ref name=maitronam/>, composée de Gaston Auguet et Léon Mauvais<ref name=maitronam/>,<ref name=martyaffaire/>, dont l'existence ne sera dévoilée qu'à la mi-mai 1952<ref name=maitronam/>,<ref name=martyaffaire/>. Entre-temps, en août 1951, Jacques Duclos voyage auprès de Thorez puis de Staline<ref>Selon les mémoires de Charles Tillon, page 69</ref>,<ref name=maitronam/>. Fin janvier 1952, Lecœur visite à son tour Thorez<ref name=maitronam/>, suivi en mars par François Billoux qui revient porteur d’une lettre de Thorez<ref name=maitronam/>,<ref name=martyaffaire/> préparant le durcissement politique anti-américain qui conduira fin mai 1952 à la Manifestation contre le général Ridgway<ref name=maitronam/>,<ref name=martyaffaire/>.

À la mi-mai 1952, Lecœur demandant s’il ne vaut mieux pas attendre le retour prochain de Thorez pour s'attaquer à Tillon et Marty, Duclos lui répond que Léon Mauvais ira en URSS mettre au point les termes du rapport d’accusation afin que tout soit réglé avant<ref>Le Partisan par Auguste Lecœur, 1961, page 258.</ref>. L'interrogatoire d'André Marty commence alors les 26 et 27 mai 1952<ref name=maitronam/>, la mise en accusation de Tillon n'arrivant qu'après l'été<ref name=maitronam/>.

Ces deux évictions causent des remous importants au sein du PCF, en particulier à Marseille. Pour mobiliser contre ce qui ressemble à une opposition interne<ref name=marseilleapogee/>, la direction du PCF n'en informe que les cadres des sections, qui organisent des réunions de préparation avant de les apprendre aux militants, via un « système en pyramides ».

Près de 54 assemblées départementales sont ainsi préparées et appelées à statuer sur le cas Marty-Tillon<ref name=Braz/>. Le 29 septembre, Le Figaro fait courir la rumeur de tentatives d'assassinat contre André Marty, qui écrit une lettre pour se défendre, non publiée par L'Humanité<ref name=Braz/>, tandis que France-Soir affirme le lendemain qu'André Marty profère des accusations contre la direction du PCF<ref name=Braz/> et que cette dernière prend ombrage du soupçon de ne pas le protéger<ref name=Charpier/>. Une dizaine de militants du PCF se heurtent même à la police près de chez lui le 2 octobre<ref name=Charpier/>. Le député radical-socialiste Pierre de Léotard utilise à son profit le rapport de Léon Mauvais, pour poser une question au gouvernement sur le détournement des fonds venant d'un holdup à Chamalières en 1944<ref name=Braz/>. Le 5 octobre, au moment du Modèle:19e du PCUS<ref name=Braz/>, Lecœur est tancé par Maurice Thorez pour le retard à régler l'Affaire Marty<ref name=Braz/> et L'Humanité du 9 octobre 1952 publie un long document d'accusation contre Marty<ref name=Braz/>, à la gloire de Staline<ref name=Braz/>, où il est accusé d'avoir minimisé le rôle de l'Union soviétique dans la victoire de 1945 (L'Humanité du 2 janvier 1953<ref name=Braz/>).

Claude Lavezzi, cadre communiste en Normandie, coordonne au cours de l'hiver les soutiens à Marty, avec une campagne d'affichage pour sa réintégration<ref name=Charpier/> et le conseille pour créer un journal<ref name=Charpier/>. L'Humanité affirme alors à tort qu'il avait déjà été exclu en 1948<ref name=Charpier/>. Marty leur demande de rester infiltrés au PCF<ref name=Charpier/> et freine les campagnes de tracts et brochures qui durent jusqu'à sa brouille avec Lavezzi en avril 1953<ref name=Charpier/>.

Entre-temps, dans L'Humanité du 2 janvier 1953, Étienne Fajon accuse André Marty d'être lié à un suppôt du titisme, le communiste yougoslave Colic Hadid, Modèle:Nobr<ref name="Charpier">Les RG et le Parti communiste : Un combat sans merci dans la guerre froide par Frédéric Charpier, Éditions Plon, 2000.</ref>,<ref name="Braz">Les Rejetés : l'affaire Marty-Tillon, pour une histoire différente du PCF par Yves Le Braz, Éditions de la Table ronde le 01/01/1974</ref>. Cet ancien trotskyste des Brigades internationales<ref name=Charpier/>, est en fait aveugle et dans la misère pour avoir signé une lettre dénonçant Tito lors de son exclusion par la section PCF du Modèle:19e arrondissement de Paris en 1951<ref name=Braz/>, sous la pression de Marcel Servin et Lecœur<ref name=Charpier/>. Le 10 février 1953, la direction du PCF et sa commission d'enquête demandent à Lecœur d'écrire dans L'Humanité un article contre André Marty : « La duplicité du policier Marty et la vigilance du comité central », qui reprend un autre article paru dans l’Humanité le 19 novembre 1952, « La duplicité d’André Marty »<ref name="martyaffaire">"André Marty : l’homme, l’affaire, l’archive" par Paul Boulland, Claude Pennetier, et Rossana Vaccaro, 2012 [25]</ref> et déclenche une lettre ouverte « d’un groupe de militants du Parti de la Fédération de la Seine »<ref name=martyaffaire/>. Lecœur y reprend les accusations de Max Lejeune au Parlement le Modèle:Date-, reprenant elle-même des soupçons de Vincent Auriol datant de juillet 1949, concernant le comportement de Marty pendant la révolte de la Mer Noire en 1919<ref name=martyaffaire/>.

Le même automne 1952 voit aussi l'éviction de Georges Guingouin, ex-leader des maquis du Limousin, en attendant celles en 1953-1954 de deux leaders de la résistance dans le Nord-Pas-de-Calais, René Camphin et Roger Pannequin, blâmés dès 1951 lors de l'Affaire Pronnier<ref>Biographie de Roger Pannequin dans Le Maitron.</ref> sur la base d'un témoignage controversé auquel la justice n'a pas donné crédit<ref name=condamnation>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>« Pronnier, accusé d'incendies volontaires et d'assassinat, va comparaître lundi devant les assises du Pas-de-Calais », par Jean-Marc Théolière, dans Le Monde du 19 novembre 1951.</ref>.

Philippe Robrieux voit dans l'ensemble de ces mises à l'écart un réflexe de défense de l'entourage de Maurice Thorez<ref>"Histoire intérieure du Parti communiste, tome 2. De la libération à l'avènement de Georges Marchais", par Philippe Robrieux</ref>, qui n'avait pas la même légitimité historique, n'ayant pas participé à la Résistance française<ref name=lecoeur1941/>, dont Lecœur fut un symbole lors de la grève des Modèle:Unité contre l'occupant en mai 1941<ref name=lecoeur1941>Croix de guerre pour une grève. Modèle:Unité contre l'occupant 27 mai - 10 juin 1941, Plon, Paris, 1971.</ref>.

Unité syndicale ou réunification

Le comité central de mars 1954, qui évince Lecœur de la direction du PCF, l'accuse longuement sur la question de l'unité syndicale en plus d'avoir commis des Modèle:Cita lors des grèves de 1948<ref>"Sur les brisées d'Auguste Lecœur", par Guillaume Courtois, dans "Quatre Grands Témoins Du Pcf", 1998, Éditions L'Âge d'Homme [26]</ref>. Il est ainsi victime du débat de 1952 sur une réunification syndicale, inspiré par le succès de la Fédération de l'éducation nationale depuis sa scission de la CGT en 1948 et la répression syndicale des années 1950-1952. En mars 1952, ce débat domine une conférence qui réunit Modèle:Nombre CGT et FO, menés par Yves Dellac, ex-leader de la CGT exclu et Michel Morin, rédacteur en chef du journal L'Unité (journal)<ref>Le Monde du 4 mars 1952</ref> », tous deux compromis par leur rencontre avec le trotskiste Pierre Lambert<ref name="Hentzgen">"Du trotskysme à la social-démocratie : le courant lambertiste en France jusqu’en 1963" thèse présentée en 2019 par Jean Hentzgen à l’Université Le Havre Normandie [27]</ref>, honni de la direction du PCF, lors d'un voyage à Belgrade au Modèle:Date- avec un groupe de cégétistes.

Depuis le 10 octobre 1952, Alain Le Léap, co-secrétaire général de la CGT avec Benoît Frachon est emprisonné à Fresnes<ref name=blondeauunité/>, dans le sillage de la Manifestation contre le général Ridgway du 28 mai 1952 et de l'affaire Henri Martin. Fin octobre 1952, en plein congrès CFTC, sept fédérations animées par des diffuseurs du bulletin ronéotypé Reconstruction, claquent la porte du bureau confédéral<ref>Le Monde du 14 novembre 1952 [28]</ref> car il leur est reproché des relations trop étroites avec la CGT.

Auguste Lecœur lance à son tour en juillet 1952 dans L'Humanité un appel à Modèle:Cita<ref name=lecunion/> face au renforcement de l'aile droite de la majorité gouvernementale, à la suite de la scission du RPF<ref name=lecunion/>. Il annonce que le PCF pourrait même soutenir des mesures gouvernementales si elles sont favorables aux ouvriers<ref name="lecunion">M. AUGUSTE LECŒUR LANCE UN APPEL A L'UNION DES FORCES OUVRIÈRES Le Monde du 22 juillet 1952 [29]</ref>. Puis Raymond Le Bourre, leader de la fédération FO du spectacle réclame de Modèle:Citation<ref>Le Monde du 14 novembre 1952 [30]</ref> mais Force Ouvrière-mineurs, une des fédérations les plus virulentes contre la CGT, brandit alors le thème alternatif, de l'unité syndicale<ref name=blondeauunité/>

En 1953, la direction de la CGT, dont le siège vient d'être perquisitionné<ref name=blondeauunité/>, multiplie les réunions en faveur de cette unité syndicale<ref name=blondeauunité/>, sur fond de pouvoir d'achat laminé par l'inflation et blocage des salaires<ref name=blondeauunité/> et de grandes grèves d'août 1953 dans la fonction publique qui voient la libération de Lucien Molino et Alain Le Léap et finalement, la ligne unitaire est maintenue lors du congrès CGT de juin 1953<ref name=blondeauunité/>. Mais des articles dans La Tribune des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, animée par Maurice Andrieux, ex-rédacteur au journal quotidien communiste Liberté<ref>Biographie Maitron</ref>, souhaitent une réunification syndicale, plutôt que l'unité d'action entre syndicats, thème qui divise alors le Bureau de la Fédération nationale du Sous-sol CGT<ref name=blondeauunité/>, certains jugeant l'unité syndicale impossible<ref name=blondeauunité/>. Le 4 décembre 1952<ref name=blondeauunité/>, Lecœur a dénoncé le cliché qui Modèle:Cita. Ce discours de Nœux-les-Mines intervient peu après la mort du très anticommuniste William Green, ex-leader du syndicat des mineurs et de l'AFL <ref>Le Monde du 24 novembre 1952 [31]</ref> et quelques jours après celle de Philip Murray, secrétaire du CIO, l'autre grand syndicat, dont l'AFL avait fait scission en 1938 pour attaquer les syndicats communistes à l'étranger. Ces deux décès ont relancé les spéculations sur une réunification des syndicats aux Etats-Unis, qui deviendra effective dès 1955 grâce aux efforts de Walter Reuther (CIO) et George Meany (AFL). L'Modèle:Citation, écrivait Le Monde le 24 novembre 1952, en annonçant le second décès.

Lecœur auarait alors incommodé une partie de la CGT<ref name=blondeauunité/>, selon l'historien Pierre Outteryck et réveillé les mauvais souvenirs de la grève des mineurs de 1948, au cours desquelles il avait demandé, sans l'obtenir, que les militants CGT prennent le risque industriel d'arrêter les fours à coke de Carbolux à Bruay-en-Artois<ref>Témoignage d'Achille Blondeau repris dans La grève des mineurs de 1948 par Pierre Outteryck [32]</ref>,<ref>Achille Blondeau mineur résistant déporté syndicaliste, par Pierre Outteryck, Editions Geai bleu, 2006.</ref>, parmi les plus modernes d’Europe, au risque de rendre la reprise de l'activité délicate après les grèves, au moment où Jules Moch déchaîne une violente campagne de presse accusant la CGT de détruire les installations minières<ref>[33]</ref>.

Le complot des blouses blanches

Modèle:Article détaillé La presse communiste française est rapide à dénoncer le prétendu complot des blouses blanches dans le sillage d'un article du journal soviétique la Pravda Modèle:Date reprenant l’agence TASS accusant 9 médecins, dont 6 juifs<ref>André Fontaine, Histoire de la guerre froide, tome 2, Modèle:P., Points Histoire, Le Seuil, 1983.</ref> d'avoir tenté d’assassiner, avec la complicité du Congrès juif mondial, les dirigeants soviétiques Ivan Koniev, Alexandre Vassilievski et Leonid Govorov.

La plupart des médecins ont été arrêtés fin 1952<ref>"L'œuvre de Friedrich Gorenstein violence du regard, regards sur la violence", par Korine Amacher · 2004</ref>, et les « meurtres » allégués remontaient à 1945 et 1948 afin d’associer au complot le célèbre acteur juif Mikhoels, président du Comité antifasciste juif soviétique, assassiné sur l’ordre de Staline cinq ans plus tôt<ref>"Le « complot » des blouses blanches", par Jean-Jacques Marie, dans Le Monde diplomatique de décembre 1992 [34]</ref>. Ces accusations font suite aux exécutions de dirigeants tchécoslovaques fin 1952 <ref>"Le parti communiste français archives et objet d'histoire" par Sylvain Boulouque, Marie-Cécile Bouju, Jacques Frémontier, Gérard Belloin ·Éditeur :L'Age d'homme 2004 [35] </ref>. Dans L'Humanité reprend les allégations dès le 14 janvier<ref name="Dreyfus">"L'antisémitisme à gauche: Histoire d'un paradoxe, de 1830 à nos jours" par Michel Dreyfus · 2020 [36]</ref> et le 16 janvier 1953, un article signé par la rédaction affirme que "l’indignation contre les médecins terroristes et leurs maîtres américains étreint le cœur des Soviétiques, la nouvelle annonçant que le groupe assassin avait été démasqué est interprétée comme un coup terrible porté aux fauteurs de guerre"<ref>" La guerre froide et le stalinisme" L'Humanité du 11 Août 2016 [37]</ref>.

Le 20 janvier, même Le Monde semble s'interroger<ref>"Les médecins assassins de Moscou auraient-ils été les instruments d'un nouveau centre terroriste clandestin ?" par André Pierre le 19 janvier 1953 dans Le Monde [] </ref>. Mais le lendemain, avec le Daily Telegraph, il révèle que c'est le prétexte à une Modèle:Citation permettant à Lavrenti Beria de renforcer son autorité<ref>Le Monde du 20 janvier 1953</ref>,<ref>Le Monde du 21 janvier 1953</ref>.

Raymond Guyot, secrétaire de la fédération de Paris charge Annie Kriegel, responsable de l’idéologie de la fédération parisienne du PCF de collecter d'approcher des médecins du PCF pour signer une pétition contre les médecins russes mais ceux de la Clinique des Bleuets, propriété du Syndicat des Métaux se montre très divisé<ref name=Dreyfus/>. Elle rédige un article dans les Cahiers du communisme stigmatisant des Modèle:Citation, complices du Modèle:Citation et Modèle:Citation, selon Boris Souvarine et estimant que Modèle:Citation<ref name=Dreyfus/>.

Quelques semaines avant sa disparition, le quotidien Ce soir, dirigé par Pierre Daix, publie une série de six articles intitulée « Les assassins en blouse blanche » entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, répercutant la version stalinienne de la conspiration du Joint, décrit comme instrument de Modèle:Citation et qui a transformé la Diaspora juive en arme de guerre froide au service du Département d’État de Washington. Ces articles combinent la dénonciation des cosmopolites Modèle:Citation.

Mais André Salomon, chroniqueur médical de L'Humanité, l'autre quotidien communiste, refuse de signer, tout comme René Zazzo<ref name=gautard>Jean-Pierre Gautard, "Les orphelins du PC", Editions Belfond, 1986</ref>. Et juste après la mort de Staline le 5 mars 1953, Semion Ignatiev est limogé. Lavrenti Beria, qui récupère ses attributions, met fin à cette « affaire » des médecins. Le Modèle:Date, le MVD annonce que l’arrestation des neuf médecins était « illégale et sans fondement » et leurs aveux obtenus « par des moyens strictement interdits par la loi ». Ils sont réhabilités et l'ordre de Lénine retiré à leur dénonciatrice Lidia Timachouk. Le 6 avril la Pravda annonce que le « complot des médecins » n’a jamais existé. Pierre Hervé, l'auteur des articles dans Ce soir, fait son autocritique immédiatement<ref name="Morin">Les souvenirs viennent à ma rencontre" par Edgar Morin, Editions Fayard, 2019 [38]</ref>, dans L'Humanité, Ce soir ayant fait faillite en février. Sous le choc de ce retournement aussi rapide, la direction du PCF recherche en interne des bouc-émissaires.

Bien que Lecoeur n'ait laissé aucun écrit sur le complot des blouses blanches, Pierre Daix, responsable éditorial à l'époque de Ce soir, l'accuse deux décennies plus tard dans ses mémoires d'en avoir parlé au meeting organisé chaque année<ref>Meeting, salle de la mutualité, organisé par le P.C.F., en hommage à la mémoire de Lénine, le 20 janvier 1953 [39]</ref> à la Mutualité pour l'anniversaire de la mort de Lénine<ref>Stalinisme : le « complot des Blouses blanches » par Jean-Michel Krivine Imprecor Numéros 553-554 septembre-octobre 2009 [40]</ref>, déclaration qui aurait été en partie censurée par L'Humanité, dans laquelle il dénonce Modèle:Citation<ref>Pierre Daix, J’ai cru au matin, Paris, Laffont, 1976, p. 314</ref>. Les récits du meeting du 10 mars au Vel d'Hiv, cinq jours après la mort de Staline, présidé par Lecoeur, n'en fait pas état<ref>"Dominicains ouvriers d'Hellemmes, chronique d'un demi-siècle par François Leprieur 2012[41]</ref>. Au même moment se déroule l'affaire du portrait de Staline, dans laquelle Lecoeur s'est opposé publiquement, début mars, au sujet du choix d'un dessin de Picasso, à Pierre Daix, ex-directeur du quotidien Ce soir, recyclé à la tête de l'hebdo de Louis Aragon, proche de Maurice Thorez, en attendant le retour en France de ce dernier, le 10 avril.

Le voyage à Moscou de l'été 1953

Au cours de l'été 1953, trois mois après la mort de Staline et le retour en France de Maurice Thorez, la conférence des 12, 13 et 14 juillet 1953, se tient à Moscou, au cours de laquelle Malenkov, Molotov et Nikita Khrouchtchev, le nouveau numéro un soviétique, font une critique de la période stalinienne et expliquent aux représentants de 19 partis communistes européens qu'il y avait eu en URSS des « défauts dans les méthodes de direction », « déviations de la conscience léniniste » et surtout un dangereux « culte de la personnalité »<ref name="lazarberia">"Les partis communistes Italien et Français et l'après-Staline", par l'historien Marc Lazar, dans la revue spécialisée Vingtième Siècle en 1990 [42]</ref>. Les nouveaux dirigeants soviétiques les incitent à Modèle:Citation, notamment le PCF, représenté à cette réunion par Jacques Duclos.

Sur fond de luttes pour le pouvoir encore incertaines à Moscou, Auguste Lecœur est convoqué à Moscou par Mikhaïl Souslov, en tant que secrétaire de l'organisation du PCF, et interrogé sur le rapport présenté à la direction du PCF par Jacques Duclos à son retour. Duclos n'en avait rien dit<ref>En France, selon l'historien Marc Lazar les chercheurs travaillant sur le communisme n'ont eu connaissance de la teneur de la rencontre de Moscou que grâce aux sources italiennes, qui n'ont été dévoilées qu'à la fin de l'année 1990</ref>, selon l'historien Marc Lazar<ref name=lazarberia/>, et il ne parlera pas non plus de ce qui avait été dit dans ses mémoires publiées en 1972<ref>Jacques Duclos, Mémoires, 1952-1958, Paris, Fayard, tome 5, 1972, Modèle:P..</ref>, où il ne rapporte que les accusations portées à Moscou contre Beria, transmises au Bureau politique du PCF, et Modèle:Citation en 1953<ref name=lazarberia/>, raison pour laquelle Lecœur fut convoqué à Moscou à son tour au cours du même été<ref name=lazarberia/>.

Lecœur abordera le sujet dans son livre d'autocritique de 1955<ref name=autocritiqueattendue/>, exigé par la direction du PCF et publié avant les « révélations » de Khrouchtchev en 1956<ref name=lazarberia/>. Il y explique que « Le Parti communiste de l'Union soviétique, à la mort de Staline, donna un exemple de poids » des dérives à éviter et procéda à une Modèle:Citation<ref name="autocritiqueattendue">Auguste Lecœur, "L'autocritique attendue", Saint-Cloud, Editions Girault, 1955, Modèle:P., cité par Marc Lazar en 1990 [43]</ref>. Peu avant son décès, il va plus loin sur le sujet, en confirmant à l'historien Marc Lazar ce qu'il avait déjà évoqué en 1977<ref name="noirot">Paul Noirot, La mémoire ouverte, Paris, Stock, 1976, Modèle:P. cité fin 1990 par Marc Lazar [44]</ref> dans le livre publié par le journaliste et ancien résistant français Paul Noirot, de son vrai nom « Henri Blanc », exclu du PCF en janvier 1969<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>, que le bureau politique du PCF n'a eu, à l'été 1953 « qu'une version affadie de la réunion du Kominform des 12 et 14 juillet 1953, au cours de laquelle Duclos, représentant le parti français, a entendu mettre en accusation et, probablement déjà, impliquer Staline »<ref name="lazarlecoeur">Entretien avec Auguste Lecœur avec Marc Lazar le 6 juin 1990 [45]</ref>.

Lors de son retour de Moscou à Paris, Lecœur exposa les demandes de réformes des soviétiques devant le bureau politique du PCF<ref name=noirot/>, conformément à ce que Souslov lui réclamait, mais Modèle:Citation, offusquée par la mise en cause de Staline<ref name=lazarlecoeur/>.

Automne 1953, la direction du PCF le menace et l'isole

Auguste Lecœur se retrouve menacé depuis qu'il a été témoin à la fin de l'été 1953 de la déstalinisation qui débute timidement en URSS, selon le consensus des historiens<ref name="Nécrologie">Nécrologie dans Le Monde du 30 juillet 1992 [46]</ref>. Le culte de la personnalité de l'époque Staline et ses dérives sont dénoncés par ses premiers successeurs. Mais l'épouse de Maurice Thorez s'oppose alors immédiatement et violemment au rapport qu'en fait Lecœur en revenant de Moscou<ref name=Nécrologie/>. Ce dernier devient dès lors victime de la purge de grands Résistants du PCF, lancée dès 1950 par Maurice Thorez<ref name="pudalpennetier">"La politique d'encadrement: l'exemple français", par Bernard Pudal et Claude Pennetier, en 2000, dans Le siècle des communismes, page 359 [47]</ref>, à laquelle il avait jusque-là échappé non sans contraintes et difficultés.

Le PCF tente d'abord de l'isoler en privant de ressources ses deux bras-droits, Louis Lambin et Roger Pannequin, qui furent ses principaux adjoints à la mairie de Lens en 1946-1947. À partir de l'automne 1953, il sera aussi menacé d'être accusé de porter la responsabilité des débordements des grèves de 1947-1948, pas seulement dans le Nord-Pas-de-Calais mais toute la France, car il s'agit d'obtenir de lui une autocritique qu'il refusera jusqu'au bout. François Billoux, numéro un du PCF à Marseille, où le PCF efface désormais ces grèves des commémorations, sera chargé six mois plus tard de l'accuser de ce que l'historien Guillaume Bourgeois appelle Modèle:Citation<ref name=brisées/> en Modèle:Citation<ref name=brisées/>.

Ce dernier a eu accès à la fin des années 1990 aux archives du PCF, pour la première fois ouvertes. Dans l'acte d'accusation contre Lecœur François Billoux écrit que Modèle:Citation avec Modèle:Citation. Des petits groupes qui Modèle:Citation<ref name=brisées>"Sur les brisées d'Auguste Lecœur", par Guillaume Bourgeois, "Ouverture, société, pouvoir, de l'édit de Nantes à la chute du communisme" par Emmanuel Le Roy Ladurie, Guillaume Bourgeois en 2005</ref>. Lecœur révèlera des décennies plus tard qu'on le menace ainsi, à partir de l'automne 1953, de l'accuser d'être indirectement responsable du déraillement qui a fait 20 morts à Arras le 3 décembre, même s'il était alors à Paris, pour n'avoir pas été suffisamment vigilant sur les adhésions. Billoux est assisté par deux autres dirigeants du PCF, Léon Feix et Marcel Servin, dans une « commission d’enquête », qui se rend discrètement à Lens, sans le prévenir, dans l'espoir de recueillir des témoignages, mais sans succès<ref name="maitronlc">"Biographie Le Maitron d'Auguste Lecœur [48]</ref>.

Dès la mi-septembre 1953, le PCF demande à Lecœur d'exclure, au motif d'une affaire de mœurs, Roger Pannequin, qu'il avait déjà accepté de sanctionner en 1951 par un blâme lors de l'affaire Pronnier. Quelques semaines après<ref name="maitronll">Biographie Le Maitron de Louis Lambin par Michel Aguettaz, 2010, [49]</ref>, François Billoux convoque Louis Lambin<ref name=maitronll/>, arrivé à la tête de la fédération du Nord en 1950 avec l'appui de Lecœur <ref name=maitronhv/>, qui se retrouve soudain accusé d'une Modèle:Citation tandis que sa femme, secrétaire à l’Union locale des syndicats, perd son emploi<ref name=maitronll/>. Louis Lambin et toute son équipe sont remplacés par un trio de permanents syndicaux de la métropole lilloise, Hector Viron<ref name=maitronhv/>, Jean Colpin<ref name="maitronjc">Biographie Le Maitron de Jean Colpin, [50]</ref> et Gustave Ansart. Une fois Lecœur écarté, les ennuis de Louis Lambin cesseront et il sera ensuite réhabilité lors d’un comité fédéral du Nord dirigé par Léon Mauvais<ref name=maitronll/>, à condition d'expliquer qu'il avait été la victime d'Auguste Lecœur qui aurait voulu faire un exemple en « cassant » un jeune cadre dont la personnalité commençait à émerger<ref name=maitronll/>,<ref name="maitronhv">Biographie Le Maitron de Hector Viron [51]</ref>.

Peu avant le comité central d'octobre 1953 à Drancy, Le Monde publie un rapport de Lecœur proposant de renforcer le poids des ouvriers dans la vie du PCF, en scindant en 4 la puissante fédération de la Seine<ref>"Le comité central veut élever le niveau politique du parti communiste", Le Monde du 26 octobre 1953 [52]</ref>,<ref name=Nécrologie/>, tout comme il avait demandé au même moment à Louis Lambin de décentraliser l'équipe dirigeante du PCF dans le Nord entre plusieurs villes. Dès 1951, sensible aux accusations d'avoir laissé des provocateurs s'infiltrer au PCF, Lecœur avait instauré des « instructeurs politiques de cellule »<ref name=theseboulland/>, visant à recentrer le PCF sur des militants sûrs.

Cette politique est soudainement dénoncée à l'automne 1953 par un article de Gaston Plissonnier dans les Cahiers du communisme, car elle créerait à tous les échelons du parti, une "surveillance hiérarchique permanente des cadres"<ref name="theseboulland">"Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974) Tome I", Thèse de doctorat d’Histoire de Paul Boulland, à l'Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne [53]</ref> », en fait déjà pratiquée à grande échelle depuis les années 1930, comme le montrera en 2000 l'enquête de Bernard Pudal et Claude Pennetier<ref name=pudalpennetier/>. Plissonnier insiste sur l'importance de la cellule dans l'organisation du PCF<ref name="marseilleapogee">"Les communistes à Marseille à l’apogée de la guerre froide 1949-1954" par Jean-Claude Lahaxe, aux Presses universitaires de Provence, en 2013 [54]</ref>, selon lui dévalorisée par Lecœur, et il est nommé adjoint de Lecœur au secrétariat à l'organisation du pCF, en vue de le remplacer <ref name="agehomme"> Une affaire politique : le portrait de Staline par Picasso article de Lucie Fougeron dans le numéro spécial "Communisme, Totalitarisme, Démocratie" de la revue Communisme, aux éditions L'AGE D'HOMME, 1998 [55]</ref>.

Le 7 décembre 1953<ref name=theseboulland/>, la direction du PCF demande cette fois à Louis Aragon de lancer une série d'accusations contre l'ouvriérisme supposé de Lecœur dans le domaine culturel et contre le peintre André Fougeron qu'il avait recruté pour l'exposition "Au Pays des mines".

L'éviction de Lecœur, qui se met ainsi en place à l'automne 1953 sous forme de menaces tous azimuts, est contemporaine de celle des dirigeants de plusieurs départements où le PCF est très implanté, à partir de 1952-1953, de qui on exige aussi, souvent sous des menaces diverses, des autocritiques. Le Pas-de-Calais est visé mais aussi trois autres grosses fédérations très « résistantes » pendant la guerre, le Nord, la Somme et les Bouches-du-Rhône<ref name="Lahaxe">"Les communistes à Marseille à l’apogée de la guerre froide 1949-1954" par Jean-Claude Lahaxe, Presses universitaires de Provence, 2006 [56]</ref>, où le processus a commencé dès 1952<ref name=Lahaxe/>.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la très solide implantation de Lecœur et son prestige font craindre à la direction du PCF que cette éviction soit difficile. Elle cherche des motifs suffisants, les uns après les autres. Comme pour celle de Tillon et Marty en 1952, un système « en pyramide » est mis en place pour atténuer les protestations de militants contre son éviction, qui l'apprennent lors de réunions soigneusement préparées en amont<ref>"Les communistes à Marseille à l’apogée de la guerre froide 1949-1954" par Jean-Claude Lahaxe, Presses universitaires de Provence, 2013 Lecœur +autocritique&source=bl&ots=nw4ZZI4-hU&sig=ACfU3U3WCN71EpwRhcK-5Ex64EO4OgaEvQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj6rPrsvKrqAhXpDmMBHQWZBfgQ6AEwBXoECAwQAQ#v=onepage&q=august%20Lecoeur%20autocritique&f=false</ref>. Il s'agit d'obtenir l'unanimité, mais Benoît Frachon, numéro un de la CGT refusera de s'y joindre.

Lors de la grève des fonctionnaires de l'été 1953, de larges fronts syndicaux sont cependant recherchés par la CGT pour éviter la répression des grèves de 1947, 1948 et 1950, ce qui fragilise le projet de réunification syndicale de Lecœur. Pour l'accuser de gauchisme, on rappelle aussi qu'il avait validé l'arrêt des cokeries dans le Nord lors de la grève des mineurs de 1948, au coût financier potentiellement élevé, même si ce choix fut fait aussi dans le bassin minier de Carmaux. On l'accuse enfin, sans éléments solides non plus, d'être un frein à un projet, encore très hypothétique, de rapprochement avec la SFIO.

Le 22 janvier, en l’absence de Lecœur, Maurice Thorez valide le travail de la "commission d’enquête"<ref name=maitronlc/> qui le convoque pour le 22 février 1954 à huis clos, mais il refuse de s'y rendre<ref name=maitronlc/>.

Le procès de mars 1954 et la diabolisation

Michel Vandel, de la nouvelle fédération de Seine-et-Oise, qui avait travaillé avec Lecœur à la section d'organisation, est chargé d'instruire le « procès » qui occupe la totalité des deux jours d'un comité central les 5 et 6 mars 1954. Son discours fustige les « instructeurs politiques de cellule » proposés dès 1951 par Lecœur et dans son rapport d'octobre 1953<ref name="quatrepannequin"/>. François Billoux aura la mission de l'achever si cela ne suffit pas, mais tous les intervenants ont au préalable ajouté chacun une pierre à la lapidation.

Lecœur ne s'y présente pas et René Camphin, avec qui il est désormais brouillé, décède mystérieusement le 5 mars après avoir quitté la réunion dès le midi<ref>Selon Lecoeur, la direction du PCF aurait fait pression pour tenter l'obliger à évoquer le sabotage de la ligne Paris-Tourcoing durant les grèves de 1947, le menaçant de l'accuser de l'avoir laissé faire s'il ne portait pas la même accusation contre Lecoeur</ref>.

Le Monde souligne alors que ce décès Modèle:Citation en raison des réunions que René Camphin Modèle:Citation pour la libération des inculpés des Affaires de Domps et Chambenet<ref name=maitronrc/>, en notant qu'on Modèle:Citation de Guingouin<ref>La mort de M. Camphin et les communistes limousins, Le Monde Modèle:Date-.</ref>.

Ces réunions ont lieu depuis le début février 1954, en Haute-Vienne, fédération communiste qui avait confié en 1950 la responsabilité de l'enquête sur cette affaire à son secrétaire général-adjoint, l'ex-colonel de la Résistance Georges Guingouin, lors d'un congrès fédéral de 1950, présidé par Auguste Lecœur<ref name=maitronrc/>. Georges Guingouin est un autre résistant prestigieux, ex-chef des maquis du Limousin, exclus du PCF en 1952, qui avait refusé en 1944 l'ordre de la direction du PCF de prendre la ville de Limoges, jugeant plus prudent et efficace d'attendre quelques semaines.

Concernant Aguste Lecoeur, les vraies causes de l'éviction ne manquent pas, selon l'historien Yves Le Maner<ref name=maitronlc/>: rivalité avec Jacques Duclos depuis 1952<ref name=maitronlc/>, craintes de Maurice Thorez, qui aurait déclaré après son éviction « Il voulait m'enterrer avant que je meure »<ref name=maitronlc/>, hostilité de sa femme Jeannette Vermeersch<ref name=maitronlc/>, plusieurs fois prise en défaut par Lecœur, et surtout les luttes liées à la déstalinisation après la mort de Staline en mars 1953, exacerbées en France par le souhait du PCF de trouver un « bouc émissaire »<ref name=maitronlc/> aux deux années de déclin de son nombre d'adhérents<ref name=maitronlc/>.

La liste des griefs identifiés par les historiens n'a cessé de s'épaissir avec les décennies. Yves Le Maner écarte Modèle:Citation<ref name=maitronlc/>. Annie Kriegel, qui a travaillé sur le communisme entre 1964 et 1984, a retenu un désaccord de fond général entre dirigeants communistes à l'époque de la mort de Staline, Philippe Robrieux évoquant en particulier, à la même époque, le réflexe de défense du noyau historique du PCF, autour de Maurice Thorez<ref>Histoire intérieure du Parti communiste, tome 2. De la libération à l'avènement de Georges Marchais, par Philippe Robrieux.</ref>, après l'entretien entre Lecœur et Souslov de l'été 1953 à Moscou, qui ne sera révélé que par les mémoires de Lecoeur dix ans après son éviction.

Maurice Thorez craignait que les Soviétiques ne se servent de lui pour imposer une déstalinisation via un allié français. Cette thèse sera solidement renforcée par la révélation fin 1990 par Marc Lazar de la découverte aux archives d'un compte-rendu du représentant italien à une première réunion à la même teneur, tenue à Moscou dès juillet 1953, dont le représentant français, Jacques Duclos, n'a jamais soufflé mot à son retour à Paris.

Auparavant, en 1989-1990, Lecœur avait affirmé au cinéaste Mosco que Maurice Thorez aurait tout tenté pour l'évincer, y compris la menace de s'en prendre aussi à René Camphin par ailleurs atteint d'un cancer depuis 1950, afin de l'obliger à accuser Lecoeur lui aussi, ce qui aurait pu contribuer au suicide de cette autre icône de la Résistance, en pleine « affaire Lecœur », hypothèse dont Lecœur acceptera peu après de reparler peu avant sa mort à l'historien Guillaume Bourgeois, sans réellement donner plus de précisions.

Les enregistrements du « procès » de mars 1954, retrouvés aux archives et publiés en 1998 par ce dernier, ne comportent pas cette menace. Ils témoignent surtout d'une autre menace, omniprésente, de continuer à accuser publiquement Lecœur, comme Aragon l'avait fait dès octobre 1953 d'avoir brimé les intellectuels du PCF depuis 1949, et qui sera, elle, mise à exécution ensuite pendant des années. Six mois après son éviction du secrétariat du PCF, Lecoeur finit par accepter de se présenter devant la « commission d’enquête » le 25 novembre 1954<ref name=maitronlc/>. Deux mois après il est exclu pour un an du PCF<ref name=maitronlc/>, puis définitivement le 16 novembre pour « conceptions opportunistes (...) masquées par une phraséologie gauchiste et aventuriste »<ref name=maitronlc/>.

La CGT accepte de supprimer son poste de président du syndicat régional des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, ce qui lui interdit tout repli<ref name=maitronlc/>, mais sans calmer la presse et la direction du PCF<ref name=maitronlc/>, Jacques Duclos écrivant dans L'Humanité du 22 octobre 1955 que Modèle:Cita<ref name=maitronlc/>. Les menaces redoublent huit mois plus tard lorsqu'il est invité à un congrès de la SFIO puis peu après à parler dans un meeting d'information sur la déstalinisation: un commando du PCF investit la tribune et le tabasse<ref name="GoogleBooks">Le Partisan, par Auguste Lecoeur, coll. « l'actuel », Flammarion, 1963 [57]</ref>.

La vie après le Parti (1954-1992)

Le pamphlet de 1955 et le métier de chauffeur routier

Au début de l'année 1955, il est exclu à titre temporaire du PCF et rédige L'Autocritique attendue un pamphlet au titre ironique où il dénonce les méthodes staliniennes de la direction du PCF, qui l'exclut définitivement fin 1955. Il perd au même moment son poste de député. Privé de son salaire de permanent politique, Auguste Lecœur se fait embaucher comme chauffeur routier dans une entreprise de transports internationaux et s'installe dans un pavillon à Antony en région parisienne.

Au cours de l'année 1955, il organise aussi le "Mouvement communiste et national" et fonde le mensuel La Nation socialiste <ref name=nécrologieAFP/>.

Les élections de janvier 1956 et l'agression de juin

À l'été 1955, il se rapproche d'un autre contestataire du PCF, Pierre Hervé, rédacteur en chef adjoint de L'Humanité de décembre 1946 jusqu'en 1950<ref name="maitronherve">Biographie Maitron de Pierre Hervé [58]</ref>, qui est en train de rédiger La Révolution et les fétiches, publié en janvier 1956<ref>"La Révolution et les Fétiches" par Pierre Hervé, 1956. La Table ronde.</ref>, amenant L'Humanité à annoncer son exclusion. Sans se résigner à un dénigrement frontal du PCF à la André Marty ou Auguste Lecœur<ref name=mondeherve/>, il accuse son ex-parti de Modèle:Citation consistant à ramener la vérité à Modèle:Citation<ref name="mondeherve">C. E., Pierre Herve reproche aux chefs communistes de faire de la vérité une « révélation réservée à certains hommes », Le Monde, Modèle:Date-.</ref>. C'est un clin d'œil à la science prolétarienne des années 1948-1951, car selon lui, un « fétichisme moralisant pénètre dans la science, la philosophie et les arts, via le stalinisme français<ref name=mondeherve/>. Dès le 22 novembre 1946<ref name=maitronherve/>, Pierre Hervé avait titré « Il n’y a pas d’esthétique communiste » un article dans Action<ref name=maitronherve/>, se voyant sanctionné et convoqué par Maurice Thorez, Duclos et André Marty, puis subissant un réquisitoire de Louis Aragon et une autocritique de Roger Garaudy qu’il avait refusé de suivre<ref name=maitronherve/>.

Attentif aux premiers signes de la déstalinisation et en lien avec Lecœur, Pierre Hervé y dénonce le fait que Modèle:Citation. Il publiera un autre livre critique, Dieu et César sont-ils communistes ?<ref>"Décès de l'ancien journaliste communiste Pierre Hervé, Le Monde du 10 mars 1993 [59]</ref>. En 1956, juste après son exclusion définitive, Lecœur crée avec lui et d'autres anciens communistes comme Auguste Havez un hebdomadaire intellectuel de réflexion, La Nation socialiste, imprimé à Modèle:Unité par l'Imprimerie du Cantal à Aurillac et diffusé dès le 26 avril, puis un parti politique, le Mouvement communiste démocratique national. Pierre Hervé sera candidat SFIO à une législative dès le 13 janvier 1957 dans la première circonscription de Paris, dans l'attente de « la résolution sur l'Algérie » votée par le Congrès<ref>Musée de la Résistance en ligne</ref>.

Son éviction du PCF débouche sur un affaiblissement durable de ce parti dans le Pas-de-Calais, qui ne retrouvera jamais son niveau de 1951. Aux législatives de janvier 1956, il est stable, en voix, profitant dans tout le pays du reflux du RPF, mais plus particulièrement, la loi des apparentements n'étant plus beaucoup utilisée<ref name="Curinier" />, et reprend Modèle:Nobr, dont 2 dans le département du Nord<ref name=Curinier/>.

Mais dans le Pas-de-Calais, le PCF reperd au contraire un point et garde de justesse ses 5 députés, là où la SFIO regagne 5,5 points<ref name=Curinier/>, enrayant ses déclins de 1946 et 1951. Dans la Modèle:2e, celle de Lecœur et ses amis, Arras et le bassin minier, les socialistes regagnent même 8 points<ref name=Curinier/>, à presque 33 %, et le PCF rebaisse<ref name=Curinier/>. C'est désormais dans le versant oriental du bassin minier, la Modèle:3e du Nord, que le PCF est au plus haut: 37 % des voix<ref name=Curinier/>, contre seulement 23,5 % pour les socialistes<ref name=Curinier/>. Guy Mollet, leur traditionnel chef de file dans Pas-de-Calais, triomphe : sur ses Modèle:Nobr, 15 viennent du Nord-Pas-de-Calais<ref name=Curinier/>. Peu après l'élection, le Président de la République le nomme président du Conseil, alors qu'on attendait Pierre Mendès France, leader du Front Républicain. Le PCF va même le soutenir, pour se rapprocher des partis de gouvernement comme le veut la détente pratiquée en URSS.

Cinq mois après les élections, en juin 1956, Lecœur est Modèle:Cita, selon l'AFP <ref name=nécrologieAFP/>. Il venait d'assister comme invité au congrès de la SFIO à Lille du 28 au 30 juin<ref name=synt/> puis devait prendre la parole à un meeting SFIO à Hénin-Liétard, future Hénin-Beaumont, organisé par Fernand Darchicourt, le maire SFIO de la ville et consacré à la déstalinisation : peu avant, il est violemment agressé. Roué de coups à la tribune, puis tabassé dans les coulisses, Lecœur voit son visage boursouflé et ensanglanté à la "Une" de la presse nationale, notamment de France-Soir.

L'adhésion à la SFIO un mois avant les élections d'octobre 1958

En octobre 1958, un mois avant les élections législatives de novembre, il adhère à la SFIO, alors qu'il exprimait quelques années plus tôt encore un rejet viscéral de ce parti et de ses idées<ref name="blondeauunité">"La CGT et la question de l’unité", témoignage d'Achille Blondeau, de l'Institut CGT d’histoire sociale Mines-Énergie, dans LA CGT DANS LES ANNÉES 1950, ouvrage collectif d'Elyane Bressol, Michel Dreyfus, Joël Hedde, Presses universitaires de Rennes, 2005 [60]</ref>. Aux législatives de 1958, qui voient les gaullistes percer comme en 1951, le PCF perd ses 12 députés dans la région. Son discours anti-fasciste, récurrent depuis 1947, ne parvient pas à profiter du Coup d'État du 13 mai 1958. La diabolisation du général de Gaulle lancée par le quotidien régional communiste Liberté, sous forme d'un éditorial de Jacques Duclos, repris de L'Humanité, non plus, alors que Jacques Estager, journaliste local de Liberté, a fait une distinction plus fine entre les « ultras » et de Gaulle. Dans le Nord, la chute du PCF a surtout lieu au référendum de septembre 1958 lancé par de Gaulle, et reste plus modérée aux législatives de novembre 1958, alors que, dans le Pas-de-Calais, le recul est beaucoup plus spectaculaire aux législatives: -8 %, un désaveu pour les équipes qui ont succédé les années précédentes à Lecœur, Camphin, Pannequin et Legrand.

L'autobiographie antistalinienne de 1963

En 1963, il écrit en six semaines un ouvrage autobiographique Le Partisan, qui aura un réel succès. Trois ans après, Louis Aragon réédite son œuvre Les Communistes en modifiant le cinquième tome<ref name=grenouilletdelfosse/>, au sujet duquel Auguste Lecœur lui avait fait une remarque dont il n'avait pas tenu compte dans la première édition, ce dont Lecœur s'indigne dans Le Partisan<ref name=grenouilletdelfosse/>. L'œuvre de Louis Aragon met en scène des militants communistes au début de la Résistance dans le stade d'Hénin-Liétard, dans le bassin minier du Nord, parmi lesquels Léon Delfosse, qui sera directeur des Charbonnages de France de 1945 à 1947. Alors que l'écrivain était venu dans la région rencontrer Lecœur et lui avait lu ensuite le passage mettant en scène Léon Delfosse<ref name=grenouilletdelfosse/>, Lecœur avait mis en doute l'importance de ses actions résistantes et expliqué qu'il avait été promu au comité central, contre la volonté des délégués syndicaux, à la demande insistante et peu appréciée de la femme de Maurice Thorez<ref name=grenouilletdelfosse/>. La version rééditée en 1966 du roman Les Communistes tient finalement compte des écrits de Lecœur et réduit le rôle de Léon Delfosse<ref name=grenouilletdelfosse>"Lecteurs et lectures des communistes d'Aragon" par Corinne Grenouillet, aux Presses Universitaires de Franche-Comté, en 2000, pages 152 et 153</ref>.

Auguste Lecœur sera impliqué jusqu'à sa mort, en 1992, dans la tentative de constitution d'un certain nombre de petites formations politiques proches de la social-démocratie, comme le mouvement « Socialisme et Liberté », fondé en 1968 avec député-maire SFIO de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), Georges Donnez, puis le Parti de la démocratie socialiste, aux côtés du maire de Mulhouse Émile Muller, ou la Fédération des socialistes démocrates en 1978.

Dans ses différents ouvrages, il a souvent essayé d'analyser le processus de stalinisation. Bien que pigiste au Figaro, il n'a jamais dévoilé les secrets dont il était détenteur comme responsable des activités clandestines du Parti.

Peu avant l'élection présidentielle de 1981, il publie une nouvelle histoire du stalinisme au PCF en mettant en cause le passé et le parcours du candidat désigné par le PCF Georges Marchais, qui coïncide avec de nouvelles révélations sur le fait qu'il ait travaillé dans une usine allemande pendant la Guerre puis ait bénéficié d'une promotion politique rapide favorisée par Maurice Thorez<ref>"La Stratégie du mensonge : Du Kremlin à Georges Marchais" par Auguste Lecoeur, Editions Ramsay, 1980 [61]</ref>. C'est en 1971 qu'il avait lancé une offensive en règle contre le nouveau secrétaire général du PCF<ref name=Nécrologie/>.

À son décès en 1992, L'Humanité ne publiera que quelques lignes non signées, maintenant qu'il n'a organisé la grande grève des Modèle:Unité du Nord et du Pas-de-Calais qu'Modèle:Citation et affirmant qu'il Modèle:Citation<ref>Décès d'Auguste Lecoeur, L'Humanité, Modèle:Date-.</ref>.

Les apports historique de 1971, 1977 et 1980

Avant et après Modèle:Date-, avant même le succès en 1974 des livres de Soljenitsyne sur le Goulag, la tension entre le PCF et les nouveaux partis trostskistes et maoistes accélère la déstalinisation intellectuelle en France, et avive l'intérêt des médias pour le regard critique sur le passé du PCF, en particulier son lien avec Staline dans les années 1950 et l'éviction des grands résistants par Maurice Thorez.

Lecœur contre Georges Marchais, ancien du STO en Allemagne

La Tchécoslovaquie et les affaires Garaudy et Tillon

Adversaire déclaré du secrétaire général du PCF Georges Marchais, Lecoeur Modèle:Cita et Modèle:Cita<ref name=nécrologieAFP/>, y consacrant un livre entier, publié en janvier 1980, alors qu'une candidature Marchais à la présidentielle se profile<ref name="mensonge">"La Stratégie du mensonge : Du Kremlin à Georges Marchais" par Auguste Lecoeur, Ramsay, Modèle:Date- [62]</ref>.

Lecœur s'oppose à Georges Marchais dès qu'il devient secrétaire général-adjoint, poussé par les soviétiques<ref name=courlazar/>, au congrès du PCF à Nanterre le 4 février 1970, et de fait numéro deux, Waldeck Rochet étant gravement malade depuis des semaines. Ce congrès voit l'éviction de Roger Garaudy, qui avait pris la tête de l'opposition à l'intervention soviétique de l'automne 1968 en Tchécoslovaquie, lui consacrant même un livre <ref>"Toute la vérité", par Roger Garaudy en février 1970</ref>,<ref>"L'HUMANITÉ" ET M. ROGER GARAUDY" dans Le Monde du 25 février 1970</ref> et son épouse venant de signer dans Le Monde du 16 janvier 1970, avec d'anciens grands résistants et dirigeants du PCF exclus dans les années 1950, parmi lesquels Jean Chaintron, Paul Noirot, Roger Pannequin et Charles Tillon, un hommage aux précurseurs du "Printemps de Prague"<ref>"Des membres ou anciens membres du P.C.F. rendent hommage aux précurseurs du " printemps de Prague " dans Le Monde le 16 janvier 1970 [63]</ref>.

Dans la Nation socialiste de février 1970, Lecoeur défend en Roger Garaudy l'un Modèle:Cita, qui ne fait que reprendre les propositions que lui-même, Georges Guingouin et Pierre Hervé avaient formulées quand ils avaient fondé, en juin 1958, le mouvement communiste démocratique et national<ref>"Auguste Lecœur : l'affaire Garaudy va agir à la façon d'un vomitif", dans Le Monde du 6 février 1970 [64]</ref>. Le Monde du 6 février 1970 observe que depuis qu'a éclaté l'affaire, le PCF Modèle:Cita et se défend en parlant de mensonge de "haine et de " déchéance "<ref>Article dans Le Monde du 6 février 1970 [65]</ref>, mais le 30 avril, l'exclusion de Roger Garaudy est votée par sa cellule de Chennevières sur Marne<ref>"Roger Garaudy - Itinéraire d'une négation" par Michaël Prazan, et Adrien Minard, en 2007</ref> et en mai 1970, au micro d'Europe 1, il maintient ses accusations contre le PCF au sujet d'un document donné au PC tchécoslovaque pour nuire à son ex-dirigeant Alexander Dubcek <ref>"M. Garaudy maintient ses accusations contre le P.C.F." dans Le Monde le 18 mai 1970 [66]</ref>. Puis Garaudy met en cause avec une ardeur accrue le " groupe Marchais ", distinct selon lui du reste de la direction du PCF, qui l'accuse de "prendre la tête " de la campagne anticommuniste<ref>"L'affaire tchécoslovaque accroît les difficultés entre le P.C.F. et le reste de la gauche" par RAYMOND BARRILLON dans Le Monde le 20 mai 1970 </ref>

Le 3 juin 1970, Le Nouvel Observateur publie, sous le titre « Il n'est plus possible de se taire », un appel de quatre anciens résistants et responsables du PCF, Roger Garaudy, Maurice Kriegel-Valrimont, Jean Pronteau et Charles Tillon, qui reprochent à Georges Marchais de n'avoir participé à aucun des " combats vitaux " du parti communiste<ref name=courlazar>Histoire du Parti communiste français3 PAR Stéphane Courtois et Marc Lazar en 2022</ref>,<ref name="Chronologie">"Chronologie dune polémique dans Le Monde du 10 mars 1980 [67]</ref>.

Le 11 juin 1970 est annoncé la création du Secours rouge international, éponyme de son ancêtre du début des années 1920, chargé lui aussi de défendre des militants poursuivis<ref>"Intellectuels et extrême-gauche - le cas du Secours rouge", par Bernard Brillant, en 1998 [68]</ref>: 17 personnalités de son "comité d'initiative" lancent un appel présenté par Jean-Paul Sartre le 18 juin. Parmi elles, d'ex-résistants célèbres, Charles Tillon, Eugénie Camphin<ref>Biographie Le Maitron d'Eugénie Camphine [69]</ref> et Roger Pannequin<ref name="pannequinmemoires">"Adieu camarades. Les années sans suite, par Roger Pannequin, aux Editions Le Sagittaire, Paris, 1977 [70]</ref> signataires une semaine avant de l'appel dénonçant Marchais dans Le Nouvel Observateur. Jean Chaintron qui fut un temps au PSU, en 1967-1968, ancien secrétaire du Secours rouge international, est son président<ref>"Le Secours rouge est profondément divisé" par Thierry Pfister, dans Le Monde 17 avril 1971 [71]</ref> mais Lecoeur est resté à l'écart, car brouillé avec Charles Tillon et Roger Pannequin, d'un projet déjà vieux de juillet 1969 au sein de la gauche prolétarienne<ref>" De la révolution prolétarienne aux révoltes démocratiques (1966-1974) : une étude de la mouvance maoïste française" par Camille Anglada Université Paris I Panthéon-Sorbonne UFR 09 Histoire Master d’Histoire des Sociétés Occidentales Contemporaines [72]</ref>, mais freiné par les dissensions entre groupes gauchistes<ref>"Histoire du gauchisme: L'héritage de Mai 68" par Philippe Buton, Olivier Wieviorka · 2021 </ref> et leur fascination pour la violence<ref>IGPN: Une institution au-dessus de tout soupçon ?" par Frédéric Charpier [73]</ref>, qui entrainent le départ des ex-résistants dès juin 1971<ref>Quatre fondateurs quittent le comité d'initiative", dans Le Monde du 7 juin 1971 </ref>.

Entre-temps, le 1er juillet 1970, Charles Tillon affirme dans L'Obs que la direction du PCF cherche à obtenir son exclusion et demande : "Pourquoi Marchais, en se décidant à pénétrer dans le P.C. en 1947, a-t-il remis à un membre du comité central une biographie mensongère, déclarant qu'il était resté en France pendant toute l'occupation ? ". Sa lettre met aussi en cause Georges Gosnat et Jean Jérôme<ref> CHARLES TILLON DÉNONCE À SON TOUR LE " GROUPE MARCHAIS " dans Le Monde du 01 juillet 1970 [74]</ref> et fait la Une du journal<ref name="siens">"Charles Tillon: Le chef des FTP trahi par les siens" par Fabien Tillon aux Editions du Seuil en 2021 [75]</ref>. Dans L'Express, Michèle Cotta Modèle:Cita <ref name=siens/>. Il est exclu trois jours après de sa cellule, à Aix-en-Provence<ref name=Chronologie/> et dans L'Humanité du 21 juillet 1970, André Vieuguet affirme au contraire que Marchais fut victime de la déportation du travail et effectua une tentative d'évasion en février 1943. Lecoeur le soutient et souligne que l'ascension au PCF de Georges Marchais, à partir du congrès de juin 1959, résulte de l'appui des Soviétiques<ref name="monde1980">Le Monde du 11 août 1980 [76]</ref> et son ralliement à l'Union de la gauche, qui sera conclue en 1972, est opportuniste et tributaire du jugement des soviétiques sur la question<ref name=monde1980/>.

Publications de mars 1973 et procès gagné contre Marchais

La polémique rebondit en 1973 quand Lecoeur produit dans l'édition de mars de son journal La Nation socialiste des documents témoignant du passé de Georges Marchais en 1939-1945, amenant ce dernier à lui intenter un procès, visant aussi Jean Boizeau, directeur de Minute et Pierre Lucchini, directeur de Rivarol, qui ont repris ces accusations<ref name=Chronologie/>. Lecoeur y produira le témoignage écrit de l'ex-leader résistant Eugène Saint-Bastien, conseiller municipal PCF de Paris (19e et 20e arrondissements) de 1944 à janvier 1956, date à laquelle il a été évincé par son parti via une fausse lettre de démission<ref>"Remous au groupe communiste de l'Hôtel de Ville" dans Le Monde du 27 janvier 1956</ref>, pour avoir soutenu Lecoeur, en cours d'exclusion<ref>" Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974)", Thèse de doctorat d’Histoire Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, par Paul Boulland [77]</ref>. Selon ce dernier, les documents viennent de fuites au sein du "comité de criblage" de la Fédération des déportés<ref name=Deux/>, qui avait accès au dossier de tous ceux qui rentraient d'Allemagne<ref name=Deux/>. Un autre communiste dissident, Georges Heckli, ex-adjoint administratif au ministère des anciens combattants, révèlera en 1991 au cinéaste Mosco Boucault et au quotidien Le Monde que cette administration comptait 52 militants communistes en 1956, année où certains ont fait disparaître des archives le contrat de travail en Allemagne pendant la guerre de Georges Marchais<ref>Le Monde du 6 septembre 1991</ref>,<ref>Le Monde du 8 septembre 1991 [78]</ref>, qui venait d'accéder en 1956 au Comité central puis en 1959 au bureau politique du PCF. Georges Heckli a ensuite déclaré en en 2001 au journaliste Thomas Hofnung, auteur d’une biographie de Georges Marchais que Gaston Auguet lui avait demandé de retrouver ce dossier pour y détruire certains documents<ref>Biographie Le Maitron de Georges Heckli [79] </ref>.

Entre-temps, la signature du programme commun de l'Union de la gauche en 1972 assure Georges Marchais de nouvelles sympathies au sein de la gauche non communiste et Lecoeur se retrouve isolé, d'autant que les autres anciens résistants mobilisés en 1970 ont quitté le Secours rouge international dès 1971.

Pendant la procédure judiciaire, le représentant du ministère public l'accuse d'avoir volontairement ignoré un texte du 4 septembre 1942 prévoyant déjà l'éventualité du travail forcé avant le départ de Marchais, effectué avant son instauration<ref>"Le ministère public estime que MM. Boizeau et Lecœur ont agi avec " une légèreté indiscutable et indéniable" par Francis Cornu le 8 octobre 1977 dans Le Monde [80] </ref> et Le Monde donne principalement la parole à l'avocat<ref>"M.Marchais obtient le renvoi en correctionnelle des directeurs de " Minute " et de la Nation socialiste" le 28 juin 1977 dans Le Monde [81] </ref> puis au secrétariat du parti communiste <ref>"LE P.C.F. SE FÉLICITE DU RENVOI EN CORRECTIONNELLE DES DIRECTEURS DE " MINUTE " ET DE "LA NATION SOCIALISTE "" le 1er juillet 1977 dans Le Monde [82] </ref>, mentionnant en quelques mots qu'Auguste Lecœur porte plainte pour dénonciation calomnieuse, tandis que L'Humanité du 29 juin omet de mentionner l'ordonnance du 25 juin 1977, qui prononce un non-lieu quant à l'origine de la falsification des documents incriminés par Georges Marchais, avec un renvoi en correctionnelle. À l'audience qui suit 4 mois après, Le Monde accuse Lecoeur de Modèle:Cita<ref name=Deux/>, ce qui indisposerait le tribunal et présente Marchais comme la victime Modèle:Cita au milieu des années 1950<ref name=Deux>"Deux directeurs de journaux jugés pour publication de documents falsifiés M. Marchais, la politique et l'histoire", article dans Le Monde du 1er octobre 1977</ref>.

En octobre, Georges Marchais est finalement débouté de sa plainte par la chambre correctionnelle du tribunal de Paris<ref name=encafp/>, jugement est confirmé en 1978 par la cour d'appel de Paris<ref name=encafp/>, et en mars 1980 c'est L'Express qui relance la polémique en publiant la fiche des archives municipales d'Augsbourg en Bavière (Allemagne) - qui tend à établir que Marchais serait resté volontairement en Allemagne au moins jusqu'au 10 mai 1944<ref name=encafp/>, tandis qu'en février 1981 Le Point affirme établir avec certitude que M. Marchais "a travesti la vérité" sur son attitude pendant la guerre<ref name=encafp>"La polémique sur l'activité de M. Marchais pendant l'Occupation". Dépêche de l'AFP le 16 novembre 1997</ref> mais Auguste Lecoeur est déjà sorti de son isolement grâce à l'historien Philippe Robrieux et a déjà publié son livre de 1980, qui relève que Georges Marchais vient lui-même d'affirmer dans une interview qu'il doit son ascension au PCF à Maurice Thorez et ajoute que son profil de non-résistant correspondait parfaitement aux besoins de Thorez au milieu des années 1950 pour évincer les résistants du parti<ref>"La Stratégie du mensonge : Du Kremlin à Georges Marchais" par Auguste Lecoeur en 1980 [83]</ref>. Auguste Lecoeur y indique que la démarche de Marchais consistant à se parer du titre de "déporté" et "d'évadé" est ce qui le "choque vraiment", lui et "la masse de nos contemporains". Il s'indigne au passage de voir Georges Marchais Modèle:Cita dans l'espoir que l'Elysée Modèle:Cita.

Attaques de Pierre Daix, Pannequin, Duhamel et Kriegel

En 1975, le premier ouvrage d'un universitaire et agrégé d'histoire, Philippe Robrieux, consacré à Maurice Thorez, montre combien ce dernier, attaché au stalinisme, fit tout pour « désamorcer » la publication du « rapport Khrouchtchev » (Modèle:Date-) au {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:|  }} }} congrès du PCUS<ref>Pierre Souyri, Philippe Robrieux, Maurice Thorez. Vie secrète et vie publique (compte-rendu), Annales, Année 1978, 33-4, Modèle:P..</ref>. Dans le même esprit, l'année suivante, les mémoires de l'ex-journaliste communiste Paul Noirot<ref name="Autobiographie"/>,<ref name="noirot" />, racontent comment Jacques Duclos a dissimulé<ref>Le bureau politique n'a eu « qu'une version affadie de la réunion du Kominform des 12 au 14 juillet 1953, au cours de laquelle, il a entendu mettre en accusation et, probablement déjà, impliquer Staline »</ref> à l'été 1953 le contenu réel de la réunion de Moscou dénonçant le stalisme après la Mort de Staline<ref name="lazarlecoeur" />, confirmant ainsi le récit effectué par Lecœur dans son autobiographie dès 1961. Mais la presse élude le sujet<ref>"Le vent de l'histoire et sa mémoire" par Paul Morelle dans Le Monde [84] </ref>et une vague d'autres livres, hostiles, est publiée en 1976 et 1977 alors qu'il se retrouve finalement isolé et accusé d'affaiblir sérieusement le PCF mais aussi l'Union de la Gauche dans le procès qui l'oppose à Georges Marchais: Jacques Fauvet, directeur du journal Le Monde, hostile à lui pendant le procès Marchais, réédite notamment son "Histoire du PCF", co-écrite avec Alain Duhamel, tandis que sortent les livres de Pierre Daix, resté très proche de Louis Aragon, et d'Annie Kriegel. Tous deux avaient couvert en 1953 le « Complot des blouses blanches » puis milité activement pour son éviction en 1954. Pierre Daix trace de Lecoeur un profil encore plus sombre et diabolique que celui formulé lors de son éviction en 1954<ref>J'ai cru au matin, Laffont, Paris, 1976, 470 p. (autobiographie politique) par Pierre Daix</ref>, l'accusant, sans preuves, d'être le symbole et l'instigateur des pires errements du PCF entre 1949 et 1953, évoquant l'affaire du portrait de Staline et le complot des blouses blanches, dans lequel les errements du quotidien Ce soir auraient résulté de ses pressions, via le discours du 21 janvier 1953<ref>Pierre Daix, J’ai cru au matin, Paris, Laffont, 1976, p. 314. Cité par J.-J. Marie, op. cit., p. 164</ref>, alors que L'Humanité avait attaqué les médecins russes plusieurs fois avant. L'année suivante, Annie Kriegel s'en prend à lui aussi sur le même sujet<ref>"Les Juifs et le monde moderne. Essai sur les logiques d'émancipation, Paris, Le Seuil, 1977, par Annie Kriegel.</ref> et affirme que son soutien à Picasso contre Lecœur, dans l'Affaire du portrait de Staline, aurait contribué à sa perte de responsabilité en décembre 1953<ref name="maitronkriegel">Biographie Le Maitron d'Annie Kriegel [85]</ref>, le secrétariat du PCF décidant le 11 février 1954 Modèle:Cita<ref name=maitronkriegel/>, période où elle a débuté des recherches universitaires sur l’origine du PCF avec Ernest Labrousse<ref name=maitronkriegel/> avant de se rallier aux gaullistes en mai 1958<ref name=maitronkriegel/>.

Annie Kriegel et Pierre Daix deviennent en 1976-1977 des spécialistes médiatiques du communisme : la première est chroniqueuse régulière dans Le Figaro à partir de 1976<ref name=maitronkriegel/>, Robert Hersant et Max Clos lui confiant aussi un éditorial hebdomadaire en 1977<ref name=maitronkriegel/>, tandis que Pierre Daix devient au même moment chroniqueur régulier dans Le Point puis conseiller de Philippe Tesson à la direction du Quotidien de Paris. Ces deux années voient aussi publiées les mémoires d'autres grands résistants, Charles Tillon<ref>"On chantait rouge", par Charles Tillon, Editions Robert Laffont, 1977 [86]</ref> et Roger Pannequin, tous deux brouillés avec Lecoeur, qui rappellent sa complicité avec leurs évictions de la direction du PCF, en 1952 et 1953. La presse en parle beaucoup, notamment Pierre Daix pour évoquer le mystère du décès de René Camphin en 1954<ref>"Une chronique de la bureaucratie" par Pierre Daix le 25 novembre 1977 dans Le Monde [87] </ref>. Alors que le livre publié par Lecoeur en 1971, "Croix de guerre pour une grève. 100 000 mineurs contre l'occupant 27 mai-10 juin 1941" n'a pas eu le succès espéré, le suivant sort en 1977 chez Robert Laffont un autre éditeur, consacré à l'actualité: "Le PCF, continuité dans le changement. De Maurice Thorez à Georges Marchais" mais Le Monde moque successivement des Modèle:Cita<ref>"Une rentrée monstrueuse" par Jacqueline Piatier le 26 août 1977 dans Le Monde [88] </ref> et des Modèle:Cita <ref name=duhamel/>, ou Modèle:Cita<ref name=duhamel/> y compris sur l'épisode des dissimulations de Jacques Duclos après la mort de Staline en août 1953<ref name="duhamel">"Deux témoignages de " disgraciés " sur le P.C" par Alain Duhamel le 16 septembre 1977 dans Le Monde [89] </ref>.

Lecœur se rapproche alors de l'historien Philippe Robrieux, qui prépare la publication à partir de la première Histoire intérieure du Parti communiste saluée par ses pairs. Les quatre volumes se suivront en peu de temps, le Modèle:1er, publié en 1980, étant suivi d'un Modèle:2e dès le printemps 1981, qui couvre la période d'après-guerre, avec les éléments fournis par Lecoeur<ref name="robrieux1981">"Histoire intérieure du Parti communiste" en 4 volumes, par Philippe Robrieux, Volume II, 1945-1972, Editions Fayard 1981 [90]</ref>. Dirigeant contestataire de l'Union des étudiants communistes à la fin des années 1950, puis universitaire et agrégé d'histoire, Robrieux partage avec Lecœur des informations sur Georges Marchais<ref name=mensonge/>. Lecoeur lui confie ses carnets de note, qui ont permis à l'historien d'établir des tableaux d'effectifs de militants du PCF<ref>"Histoire intérieure du Parti communiste", par Philippe Robrieux, 1984, compte-rendu par Denis Peschanski dans la revue d'histoire Vingtième Siècle en 1984</ref>, montrant le déclin des années 1950, ou des souvenirs permettant à Robrieux de glisser quelques lignes sur les menaces du PCF contre Lecœur en 1954, en particulier celle de l'accuser d'être indirectement responsable du sabotage meurtrier d'un train de voyageurs pendant les grèves de 1947 dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais<ref name=robrieux1981/>. Dès la fin de l'année 1978, Lecoeur est aussi interviewé par un autre historien, l'américain Irwin M. Wall.

Décoration de juillet 1992

Déjà Croix de guerre 1939-1945, Auguste Lecoeur a été fait chevalier de la Légion d'honneur dans la promotion du 14 juillet 1992, deux semaines avant son décès le 28 juillet 1992<ref name=nécrologieAFP/>. Dans sa courte nécrologie, l'AFP mentionne, contre toute vraisemblance, qu'il a organisé Modèle:Cita grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941<ref name=nécrologieAFP/>. Georges Marchais n'a pas réagi à son décès, laissant le président du groupe PCF à l'Assemblée André Lajoinie déclarer prudemment Modèle:Cita<ref>Auguste Lecoeur: "un dirigeant important" du PCF qui " a changé", selon M. Lajoinie, dépêche AFP du 28 juillet 1992</ref>.

Fonctions tenues par Auguste Lecœur

Électives

Gouvernementales

Politiques

Syndicales

  • Président de la Fédération régionale CGT des mineurs du Nord-Pas-de-Calais : 1948

Sources

Ouvrages d'Auguste Lecœur

  • L'Autocritique attendue, Éditions Girault, Paris, 1955<ref name=nécrologieAFP/>.
  • Modèle:Ouvrage
  • Le Partisan, coll. « l'actuel », Flammarion, 1963,
  • Le Parti communiste français et la Résistance, Plon, Paris, 1968.
  • Croix de guerre pour une grève. 100 000 mineurs contre l'occupant Modèle:Date--Modèle:Date-, Plon, Paris, 1971.
  • Le PCF, continuité dans le changement. De Maurice Thorez à Georges Marchais, Robert Laffont, Paris, 1977<ref name=nécrologieAFP>"Décès de l ancien dirigeant communiste Auguste Lecoeur", nécrologie par l'AFP, le 28 juillet 1992, AFP</ref>. Modèle:2e augmentée, 1978.
  • La stratégie du mensonge. Du Kremlin à Georges Marchais, éditions Ramsay, Paris, 1980.

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Autres sources

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Roger Philippe, article Au sujet de l'affaire Lecœur in Gauheria Modèle:N°, Modèle:P. sq, 2009.
  • Démarez André, article Les notes de Léon Delfosse sur l'affaire Lecœur in Gauheria Modèle:N°, Modèle:P. sqq, 2009.

Articles connexes

Liens externes

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