Massacre d'Oradour-sur-Glane
Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Massacre
Le massacre d’Oradour-sur-Glane est la destruction, le Modèle:Date, de ce village français de la Haute-Vienne, situé à environ vingt kilomètres au nord-ouest de Limoges, et l'assassinat de ses habitants (Modèle:Nobr), par un détachement du Modèle:1er du Modèle:4e de Panzergrenadier « Der Führer » appartenant à la division blindée SS « Das Reich ». Il s'agit du plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes, semblable à ceux de Marzabotto en Italie, ou de Distomo en Grèce (ce dernier perpétré lui aussi le Modèle:Date-), qui transposent sur le front de l'Ouest des pratiques très courantes sur le front de l'Est.
Ces événements marquèrent profondément les consciences ; leurs conséquences judiciaires suscitèrent une vive polémique, notamment à la suite de l'amnistie accordée aux Alsaciens « Malgré-nous » qui avaient participé à ce crime. Depuis 1999, le souvenir des victimes est commémoré par le Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, situé non loin des ruines du village de l'époque, à peu près conservées en l'état.
Toile de fond historique
Oradour avant le massacre
Situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Limoges, Oradour n'est en cette première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qu'un bourg, un village de marchéModèle:Sfn. Le samedi, de nombreux habitants de Limoges viennent y faire leurs provisions, en empruntant le tramway de Limoges dont le trajet dure un peu plus d'une heureModèle:Sfn. En 1936, le territoire de la commune compte Modèle:Unité, dont 330 dans le village mêmeModèle:Sfn. Modèle:CitationModèle:Sfn.
Politiquement, la commune se situe clairement à gauche, avec une dominance de la SFIO, surtout depuis les élections municipales de 1935 qui privent les partis de droite de toute représentation au conseil municipalModèle:Note ; les parlementaires de la Haute-Vienne, tous socialistes, approuvent l'octroi des pleins pouvoirs à Philippe Pétain, à l'exception de l'élu de la circonscription qui comprend Oradour, Léon RocheModèle:Sfn.
De 1939 à 1944, la population d'Oradour augmente en raison de l'arrivée de réfugiés, en trois vagues successives, puis de manière diffuse. Modèle:Nobr, arrivent des républicains espagnols, vaincus du franquisme, anarchistes, communistes ou socialistes, dont 22 sont encore présents Modèle:NobrModèle:Sfn,Modèle:Note. En Modèle:Date-, c'est au tour des populations évacuées d'Alsace pour les préserver des combats, mais elles sont plutôt mal accueillies et prennent en majorité le chemin du retour à Modèle:NobrModèle:Sfn,Modèle:Note. La troisième vague, en Modèle:Date-, est constituée d'environ Modèle:Nobr expulsées de Lorraine, dont une partie a été annexée au ReichModèle:Sfn,Modèle:Note. En outre, à partir de la défaite française ([[armistice du 22 juin 1940|Modèle:Date-]]), et jusqu'en Modèle:Date-, arrivent peu à peu des réfugiés du Nord et du Pas-de-Calais, de Montpellier et d'Avignon, des juifs de la région parisienne, de Meurthe-et-Moselle ou de BayonneModèle:Sfn. En Modèle:Date-, le village compte un millier d'habitants, essentiellement à la suite de ces afflux de réfugiésModèle:Sfn.
La présence allemande dans la région ne date que de 1942, après l'occupation de la zone libre, au Modèle:Nobr, l'occupation n'y semble toujours pas pesante : Modèle:Citation. Modèle:CitationModèle:Sfn.
Les maquis aux alentours
Il n'y a pas de maquis à Oradour-sur-Glane ou dans son voisinage immédiat, comme l'attestent les témoignages unanimes des habitants, confortés par les rapports de l'administration de Vichy et par les principaux chefs de la résistance dans la régionModèle:Sfn. Oradour-sur-Glane ne figure pas sur les cartes murales des maquis retrouvées à la Gestapo de Limoges, le plus proche de la localité étant celui des monts de BlondModèle:Sfn.
Constitué de six compagnies FTP, ce dernier forme le plus puissant ensemble de formations de résistants de la Haute-Vienne après celui dirigé par le communiste Georges Guingouin à l'est de Limoges ; deux de ces compagnies, à environ huit kilomètres d'Oradour, sont installées dans les bois des communes voisines : le Four (à Cieux, au nord) et le Bois Sournet (à Peyrilhac, au nord-est)Modèle:Sfn. À l'ouest, à même distance, ce sont les maquis FTP de la forêt de BrigueuilModèle:Sfn, une extension du maquis de Saint-JunienModèle:Sfn, à treize kilomètres au sud-ouest d'OradourModèle:Sfn. C'est d'ailleurs en mission, revenant de Saint-Junien, qu'Albert Mirablon, photographe clandestin des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de LimogesModèle:Sfn, en visite chez sa mèreModèle:Sfn, est arrêté et tué à OradourModèle:Sfn. L'existence de ces groupes est bien connue des habitants d'Oradour dont certains font partie des « légaux » du maquis, mobilisables en cas de nécessité, une telle situation étant cependant marginaleModèle:Sfn. Certains Radounauds (habitants d'Oradour) font partie d'une filière d'évasion de pilotes alliésModèle:Sfn.
À la fin du mois de Modèle:Date, l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW) note un Modèle:Citation. Cette description est corroborée par celle du préfet régional de LimogesModèle:Note qui note la multiplication des actions de la résistance : 593 en mars, 682 en avril et Modèle:Unité en maiModèle:Sfn.
Les Modèle:Nobr, il n'y a pas moins de cinq accrochages entre maquisards et militaires allemands, conduisant à la capture, à la tombée de la nuit du Modèle:Date-, à la hauteur du village de La Bussière, commune de Saint-Léonard-de-Noblat, du commandant Helmut Kämpfe, responsable de nombreuses exactions, qui est exécuté le 10Modèle:SfnModèle:Note.
La division SS « Das Reich »
Modèle:Article détaillé [[Fichier:SS-Panzer-Division symbol.svg|vignette|upright=0.5|alt=reproduction en noir et blanc de l'insigne de la Modèle:2e Panzerdivision « Das Reich ».|Insigne de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e blindée SS « Das Reich »]].]] En Modèle:Date, après avoir subi de lourdes pertes sur le front de l'Est, notamment lors de la quatrième bataille de Kharkov, la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e blindée SS « Das Reich »]], sous le commandement du Gruppenführer Heinz Lammerding, est mise au repos dans la région de Montauban pour être reconstruiteModèle:Sfn. Début mai, elle comporte Modèle:Unité, dont de nombreuses recrues, par rapport à un effectif théorique de Modèle:Unité ; début juin, plusieurs de ses composantes ne sont toujours pas opérationnelles et la situation du matériel roulant, de l'armement lourd et des blindés est encore défaillanteModèle:Sfn.
À son arrivée en France, la « Das Reich » possède les caractéristiques communes aux unités responsables de massacre sur le front de l'Est : ses membres sont imprégnés par l'idéologie nationale-socialiste, elle a combattu sur le front de l'Est, se perçoit comme une unité militaire d'élite et a déjà participé à des opérations de lutte contre les partisansModèle:Sfn. Ses soldats Modèle:Citation.
[[Fichier:Carte division das reich mai juin 1944.png|vignette|gauche|alt=Carte en couleurs du parcours de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]] en mai et Modèle:Date-|Parcours de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]] en mai et Modèle:Date-.]] Même si la division est officiellement au repos pour reconstituer ses forces, certains de ses éléments participent à des opérations de lutte contre les partisans et à des représailles contre la population civileModèle:Sfn.
La lutte contre les partisans est régie par des ordres émis, à la suite d'une intervention personnelle d'Adolf Hitler, le Modèle:Date, connus sous le nom d’ordonnance Sperrle, du nom du maréchal adjoint au haut commandement de l'Ouest. Selon ces ordres, la troupe est tenue de riposter immédiatement aux attaques terroristes en ouvrant le feu et si des civils innocents sont touchés, bien que cela puisse être regrettable, la responsabilité en incombe exclusivement aux terroristes ; les zones doivent être bouclées et tous les habitants, quels qu'ils soient, arrêtés ; les maisons qui ont abrité des partisans doivent être incendiées. L'ordonnance poursuit en précisant qu' Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette volonté de durcir la répression contre la résistance est partagée par le maréchal Wilhelm Keitel, qui donne l'ordre, en Modèle:Date, de fusiller les franc-tireurs capturés les armes à la main et non de les livrer aux tribunauxModèle:Sfn, et par le général Johannes Blaskowitz, supérieur hiérarchique opérationnel de Lammerding, pour qui Modèle:CitationModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, le général Lammerding fait approuver par sa hiérarchie un programme répressif qui reprend les mesures mises en œuvre en Europe de l’Est et à l'arrière du front dans la lutte contre les partisans à partir de 1941Modèle:Sfn. Ce programme prévoit notamment des actions de contre-propagande et de discrimination, Modèle:Citation ; il prévoit aussi des arrestations massives et préventives, l'occupation de localités et le ratissage de zones, ainsi que la réquisition de véhicules. Il précise enfin Modèle:CitationModèle:Sfn.
En Modèle:Date- et début Modèle:Date-, des unités de la « Das Reich » Modèle:Citation. Au cours de leurs opérations, elles fusillent ou déportent des résistants et des otages, assassinent de nombreux civils, hommes femmes et enfants et incendient des habitations voire des villages entiers, comme celui de TerrouModèle:Sfn (Tulle 111-112, Fouché, Oradour, 53-56, Hawes, 35-38).
Le lendemain du débarquement, Modèle:Date-, la « Das Reich » reçoit deux ordres contradictoires du commandement suprême à l'Ouest : le premier lui donne instruction de rejoindre la Normandie, le second d'intervenir contre la Résistance dans la zone de Tulle-LimogesModèle:Sfn. Cette ambiguïté est levée par deux ordres reçus le 8 et Modèle:Date-, qui précisent que l'essentiel de la division doit être retiré des engagements en cours avant le Modèle:Date- à Modèle:Heure pour rejoindre le front de NormandieModèle:Sfn.
Au cours de la progression vers Tulle, des éléments de la division sont confrontés au renforcement des actions de la Résistance : de nombreux partisans sont tués lors des combats ou sommairement exécutés ; des civils sont également assassinés par le bataillon commandé par Diekmann, qui est Modèle:Citation, notamment lors du massacre de CalviacModèle:Sfn. La répression menée par la « Das Reich » connaît un premier point culminant avec le massacre de Tulle. Le Modèle:Date-, après avoir réoccupé la ville brièvement libérée par les FTP le Modèle:Date-, Modèle:Nobr, sans aucun lien avec la Résistance, sont pendus aux balcons et aux réverbères et Modèle:Nobr sont déportés le lendemain (Tulle).
Les unités qui n'ont pas fait mouvement vers Limoges mènent des opérations de répression contre la Résistance et commettent des exactions contre la population civile entre le Modèle:Date- et le Modèle:DateModèle:Sfn.
Préparation du massacre
Préparation de l’expédition et investissement du bourg
Le groupe de reconnaissance qui commet, le Modèle:Date-, le massacre de Tulle, et deux régiments de Panzergrenadier, investissent la région de Limoges pour préparer le positionnement de la division dans le secteur afin de réduire les maquis. Le Modèle:1er du Modèle:4e « Der Führer », sous les ordres du commandant Adolf Diekmann, est cantonné autour de Saint-Junien, à Modèle:Unité d'OradourModèle:Sfn.
Pour tarir le soutien de la population aux maquis et diminuer l'activité de ceux-ci par crainte de représailles, les SS préparent une action visant, selon Bruno Kartheuser, à produire un effet maximal de terreurModèle:Sfn. Les raisons du choix d'Oradour pour cette action restent mal éclaircies et controverséesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, en raison de la disparition des personnes, du silence des documentsModèle:Sfn, ainsi que du caractère unique du témoignage disponibleModèle:Sfn relatif aux réunions entre Allemands et miliciens. Ce qui conduit J.J. Fouché à reconnaître que Modèle:CitationModèle:Sfn. J.J. Fouché soutient cependant l'hypothèse selon laquelle Modèle:Citation, au contraire de G. Penaud qui affirme que cette Modèle:Citation fut programmée par Diekmann juste avant de quitter les lieuxModèle:Sfn.
Les Modèle:Nobr, le massacre fait l'objet d'au moins trois réunions de préparation réunissant des membres de la Milice, de la SIPO et de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]]Modèle:Sfn. D'après l'enquête menée par le commissaire Arnet en Modèle:Date-Modèle:Sfn, le Modèle:Date- au matin, convoqués par le général Heinz Lammerding, le sous-chef de la Gestapo de Limoges, l’Oberscharführer Joachim Kleist et son interprète, Eugène Patry, quatre miliciens, sous la conduite de Pitrud, rencontrent le Sturmbannführer Adolf Diekmann, à l'hôtel de la Gare à Saint-JunienModèle:Sfn : Modèle:CitationModèle:Sfn. Vers treize heures trente, deux colonnes quittent Saint-Junien. La plus importante d'entre elles, qui comporte huit camions, deux blindés à chenilles et un motocycliste de liaisonModèle:Sfn prend la direction d'Oradour-sur-Glane ; elle est commandée par le Sturmbannführer Adolf Diekmann, en tête du convoi à bord d'un blindé à chenillesModèle:Sfn. Trois sections de la Modèle:3e, auxquelles il fait ajouter la section de commandement de la compagnie et celle du bataillon, soit un total d'environ deux cents hommes munis d'armes légères Modèle:Incise et une section de mitrailleuses lourdes, se dirigent vers OradourModèle:Sfn. Au moment du départ, le chef de la Modèle:1re, Heinz Barth, déclare : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Un kilomètre avant l'arrivée au village, la colonne s'arrête pour la distribution des ordres aux officiers et sous-officiersModèle:Sfn. Un premier groupe de cinq à huit véhicules entre dans le village par l'est, en empruntant le pont de la Glane, vers Modèle:Heure : à ce moment, l'encerclement du village est déjà effectuéModèle:Sfn par Modèle:Nobr environ. Selon un des témoins, Clément Boussardier, qui assiste au passage des camions et des automitrailleuses à chenilles, Modèle:Citation. Ce déploiement de forces ne suscite aucune panique, ni appréhension particulière : si le pharmacien et d'autres commerçants baissent leurs stores métalliques, le coiffeur va s'acheter du tabac pendant que son commis s'occupe d'un clientModèle:Sfn. Les habitants du bourg, qui n'avaient pratiquement jamais vu d'Allemands, regardaient arriver les SS sans plaisir, certes, mais avec plus de curiosité que de crainteModèle:Sfn.
Cependant, Modèle:Citation, entre 130 et 150Modèle:Sfn, ce qui dénote un courage certain car Modèle:CitationModèle:Sfn.
Rassemblement des habitants
Convoqué par le commandant Adolf Diekmann, le docteur Desourteaux, président de la délégation spéciale désigné par le régime de Vichy qui fait office de maire, fait appel au crieur public pour ordonner aux habitants et aux personnes de passage au bourg, particulièrement nombreuses en raison d'une distribution de viande et de tabacModèle:Sfn, de rejoindre le champ de foire ; la majorité de la population obéit aux ordres persuadée qu'il s'agit d'un contrôle de routineModèle:Sfn. L'inquiétude des habitants est encore mesurée pendant le rassemblement et avant la séparation des hommes, des femmes et des enfants : Modèle:M., le pâtissier, dont le magasin donnait directement sur la place va jusqu'à demander à un soldat allemand s'il peut aller vérifier la cuisson de gâteaux qu'il venait de mettre au four et s'entend répondre, en français, qu'on va s'en occuperModèle:Sfn. Les SS forcent les habitants de la périphérie à aller vers le centre en direction de la place du Champ-de-FoireModèle:Sfn. Le rabattage est systématique et concerne tous les habitants, des survivants en témoignent. Marcel Darthout, âgé de vingt ans et marié depuis dix moisModèle:Sfn, tente de fuir par les jardins en direction de la Glane : Modèle:Citation ; Mathieu Borie, diffuseur des journaux clandestins du Mouvement de Libération NationaleModèle:Sfn, constate que Modèle:Citation. La rafle inclut également les quatre écoles de la commune, soit Modèle:Nobr, Modèle:Nobr et Modèle:NobrModèle:Sfn : bien que l'on soit un samedi après-midi, les enfants sont rassemblés dans les écoles, en raison d'une visite médicaleModèle:Sfn ; elle concerne également les habitants des fermes et maisons situées à l'extérieur du bourg. D'après Marcel Darthout, Modèle:Citation. Selon un autre témoin, Clément Boussardier, Modèle:Citation ; Modèle:Mme, la directrice de l'école de filles, remplacée par Odette Couty pour congé de maternité, arrive en pyjama et revêtue de son manteau, poussée à coups de crosseModèle:Sfn,<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Les fuyards ou ceux qui ne peuvent se déplacer sont immédiatement abattus. Lors de son procès à Berlin-Est, en 1983, Heinz Barth reconnaît qu'il a personnellement donné l'ordre à l'un de ses subordonnés d'abattre, conformément aux instructions, une personne âgée incapable de se rendre sur le lieu du rassemblement général<ref>Le Soir, 31 mai 1983.</ref> ; selon A. Hivernaud, une vieille femme, courbée sur ses bâtons et qui n'avançait pas assez vite, fut abattue à coups de mitrailletteModèle:Sfn. Modèle:Citation et si certains habitants réussissent à passer au travers des mailles du filet, la majorité de la population est rassemblée sur le champ de foireModèle:Sfn.
Le rassemblement des habitants achevé vers Modèle:Heure, un des Waffen-SS alsaciens traduit aux 200 à Modèle:Nobr présentsModèle:Sfn les propos du commandant Diekmann : les SS ont entendu parler d'une cache d'armes et de munitions à Oradour et demandent à tous ceux qui possèdent une arme de faire un pas en avantModèle:Sfn. On les menace de mettre le feu aux maisons afin de faire sauter le dépôt clandestinModèle:Sfn. Selon Marcel Darthout, devant l'absence de réaction, l'officier demande au maire de lui désigner trente otages, qui lui répond qu'il ne lui est pas possible de satisfaire une telle exigenceModèle:Sfn, assure que les habitants du bourg n'ont pas connaissance d'un tel dépôt et se porte garant pour euxModèle:Sfn. Selon l'un des survivants, Robert Hébras, alors âgé de dix-huit ansModèle:Sfn, le commandant demande au maire de le suivre et ils font un aller-retour à la mairieModèle:Sfn. De retour sur le champ de foire, Modèle:M. maintient son refus et se propose comme otage avec, le cas échéant, ses plus proches parentsModèle:Sfn. À cette proposition, l'officier s'esclaffe et crie Modèle:Citation Vers Modèle:Heure, les femmes et les enfants sont conduits dans l'église après des scènes d'adieux déchirantesModèle:Sfn. L'interprète réitère la demande de dénonciation et déclare : Modèle:Citation. Selon Marcel Darthout, Modèle:Citation.
Après une heure d'attente, les hommes sont conduits dans divers locaux repérés par les SSModèle:Sfn. Vers Modèle:Heure, une motrice de tramway en essai arrive de Limoges, avec trois employés à bord, et stoppe peu avant le pont sur la Glane. Une cale doit être placée afin de maintenir l'engin immobile. L'un d'eux descend au moment où passe un groupe d'hommes raflés dans les hameaux alentour, groupe encadré par quelques soldats. Cet employé qui est descendu est immédiatement abattu et son corps jeté dans la rivière. Les deux autres sont emmenés auprès d'un officier qui, après examen de leurs papiers, leur ordonne de rejoindre leur machine et de retourner à LimogesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Certains auteurs, pour expliquer le meurtre de cet employé qui n'était pas en service (il venait à Oradour pour voir un artisan), avancent qu'il aurait pu esquisser un geste ou un mouvement vers ses collèguesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Le massacre
Les hommes
Les 180 hommes et jeunes gens de plus de quatorze ans sont répartis dans six lieux d'exécution, par groupes d'une trentaine de personnesModèle:Sfn. Modèle:CitationModèle:Sfn. Modèle:Citation. Le tir des mitrailleuses en batterie devant les lieux de rétention des hommes se déclenche vers Modèle:Nobr. Selon Heinz Barth, Modèle:Citation<ref>Le Monde, 16 août 2007.</ref>. Marcel Darthout témoigne : Modèle:CitationModèle:Sfn. Les corps sont ensuite recouverts de paille, de foin et de fagots auxquels les SS mettent le feuModèle:Sfn. Le témoignage de Marcel Darthout est confirmé point par point par celui de Matthieu BorieModèle:Sfn : la Modèle:CitationModèle:Sfn ; Modèle:CitationModèle:Sfn. Le même scénario se répète dans tous les lieux où sont assassinés les hommes : le garage Poutaraud, le chai Denis, le garage Desourteaux, et les granges Laudy, Milord et Bouchoule ; partout trois ordres se succèdent : le début des tirs, l'achèvement des blessés et le déclenchement de l'incendieModèle:Sfn. Dans la plupart des lieux d'exécution, le feu a été allumé sur des hommes encore vivantsModèle:Sfn.
Modèle:CitationModèle:Sfn. Du groupe de soixante-deux prisonniers dont fait partie Marcel Darthout, six s'échappent du bâtiment, dont un est tué par une sentinelleModèle:Sfn. Les cinq évadés survivants sont les seuls rescapés des fusilladesModèle:Sfn.
Les SS qui ne participent pas aux meurtres, soit quatre à cinq hommes de chaque peloton, parcourent le village en se livrant au pillage, emportant argent et bijoux, tissus et produits alimentaires, instruments de musique et bicyclettesModèle:Sfn, mais aussi volailles, porcs, moutons et veauxModèle:Sfn. Au fur et à mesure du pillage, les bâtiments sont systématiquement incendiés, ce qui nécessite de multiples départs de feuModèle:Sfn. Débusqués par les pillards ou chassés de leur cachette par les incendies, de nombreux habitants qui avaient échappé à la rafle sont massacrés isolément ou en petits groupes, hommes, femmes et enfants confondusModèle:Sfn. En entendant la fusillade et constatant que les enfants ne sont pas rentrés de l'école, des habitants des faubourgs se rendent à Oradour où ils sont abattus : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Les femmes et les enfants
Parmi les 350Modèle:Sfn femmes et enfants enfermés dans l'église, seule Marguerite Rouffanche, âgée de Modèle:Nobr, parvient à s'échapper ; son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils âgé de sept mois font partie des victimesModèle:Sfn. Son témoignage est uniqueModèle:Sfn, mais il est corroboré par les dépositions de plusieurs SS lors du procès de Bordeaux ou de sa préparationModèle:Sfn. La première personne à recueillir à l'hôpital le récit de la blessée est Pierre Poitevin, un membre éminent des Mouvements unis de la Résistance : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, le préfet de Limoges reçoit également son témoignage<ref>Freund-Valade, Rapport au gouvernement, Modèle:Date-.</ref>, dont il fait un résumé. Ce récit est repris dans une note du Modèle:Date- adressée à la Commission d'Armistice franco-allemande de Wiesbaden par le secrétaire d'État à la défenseModèle:Sfn.
Marguerite Rouffanche renouvelle son témoignage en Modèle:Date- : Modèle:Citation bloc
Selon les dépositions de plusieurs participants au massacre, la charge explosive qui doit faire s'effondrer l'église n'est pas suffisante pour atteindre son objectifModèle:Sfn. Modèle:Citation. Toujours selon les dépositions des assassins, après l'explosion de la charge, des SS Modèle:Citation ; Modèle:Citation.
En 2019, une Modèle:643e victime est identifiée grâce au travail de l'historien David Ferrer Revull : il s'agit de Ramona Dominguez Gil dont toute la famille a été massacrée à Oradour mais qui n'avait pas été répertoriée dans la liste des victimes<ref>Modèle:Article</ref>.
La fin du massacre et la découverte du charnier
L’arrêt des tueries et le départ des Allemands
Après 18 heures, un ingénieur des chemins de fer, Jean Pallier, arrive en camion en vue du village. Il raconte : Modèle:Citation. Il est arrêté avec ses compagnons de voyage à trois cents mètres de l'entrée du village et autorisé à rester sur place après une fouilleModèle:Sfn. Il est ensuite rejoint par les passagers du tramway parti de Limoges habitant Oradour ou s'y rendantModèle:Sfn. En tentant de rejoindre le bourg à travers champs, J. Pallier constate que la localité est complètement cernée par un cordon de troupes en armesModèle:Sfn. Le groupe d'une quinzaine de personnes est arrêté vers Modèle:Heure et, après plusieurs vérifications d'identité, relâché avec ordre de s'éloigner du village ; un sous-officier parlant correctement le français déclare aux membres de la petite troupe : Modèle:Citation. Le massacre est terminé.
À l'exception d'une section de garde, les SS quittent Oradour entre Modèle:Heure et Modèle:HeureModèle:Sfn. Les SS passent la nuit dans la maison Dupic, dans laquelle seront retrouvées plusieurs centaines de bouteilles de vins vieux et de champagne récemment vidéesModèle:Sfn. Selon un témoin qui voit passer les Allemands, Modèle:Citation.
Le 11, puis le Modèle:Date-, des groupes de SS reviennent à Oradour pour enterrer les cadavres et rendre leur identification impossible, reproduisant une pratique usuelle sur le front de l'EstModèle:Sfn. Dans sa déposition relative au Modèle:Date-, le sergent Boos explique : Modèle:Citation. Un autre SS déclare : Modèle:Citation.
Les premiers témoins
Jean Pallier est l'une des premières personnes à entrer à Oradour dans la matinée du Modèle:Date-, en compagnie de quelques hommes : Modèle:Citation bloc
C'est lors d'un deuxième passage qu'il découvre les charniers : Modèle:Citation bloc
Il pénètre ensuite dans l'église : Modèle:Citation bloc
Tous les témoins sont bouleversés par le degré auquel nombre de corps des quelque 350 femmes et enfants avaient été mis en pièces : Modèle:Citation.
Plusieurs témoins font également état de violsModèle:Sfn, même si ceux-ci ne sont pas évoqués lors du procès : Modèle:Citation. Une allusion à de possibles viols est également faite dans l'ouvrage du Mouvement de libération nationale, qui à propos des enseignes des commerces subsistant dans le village après l'incendie précise : Modèle:Citation. L'hypothèse de Fouché selon laquelle des viols auraient pu être commis suscite une violente réaction d'André Desourteaux : Modèle:Citation. Parmi les survivants, seul Marcel Darthout, témoin au procès de Barth en 1981, évoque ouvertement cette hypothèse : Modèle:Citation
Dans la soirée du Modèle:Date-, ou dans la journée du 12Modèle:Sfn, le sous-préfet de Rochechouart, Modèle:M. Chamboran, se rend à Oradour : Modèle:Citation. Le 13, le préfet régional de Limoges obtient l'autorisation des autorités allemandes de se rendre à Oradour, en compagnie de l'évêque, [[Louis Paul Rastouil|Modèle:Mgr]]. Dans le rapport qu'il adresse le Modèle:Date- à Vichy, si le préfet reprend la version des SS selon laquelle l'opération fait suite à l'enlèvement d'un officier, il tient Modèle:Citation.
Parmi les victimes on compte quinze Espagnols, huit Italiens. On dénombre également trente-neuf habitants du village mosellan de CharlyModèle:Note, qui avaient été déplacés dans le Sud-Ouest avant la guerre à cause de l'imminence du conflit et qui n'avaient pas été autorisés à retourner en Lorraine, placée en zone interditeModèle:Sfn. La commune de Charly est renommée Charly-Oradour le Modèle:Date-. Le mémorial érigé à Charly-Oradour liste quarante-quatre victimes de quatorze familles de Charly et Montoy-Flanville, qu’on retrouve sur le mémorial d’Oradour-sur-Glane<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
La liste des victimes est fixée par plusieurs jugements du tribunal civil de Rochechouart, dont le dernier, prononcé en Modèle:Date-, arrête le nombre des victimes à Modèle:Nobr, mais seuls cinquante-deux corps peuvent être identifiés et faire l'objet d'un acte de décès individuelModèle:Sfn. Parmi les morts, on dénombre Modèle:Nobr domiciliées ou réfugiées à Oradour, Modèle:Nobr des villages et hameaux de la commune, Modèle:Nobr de Limoges, Modèle:Nobr résidant dans la Haute-Vienne et 18 dans d'autres départements ; les victimes comprennent quarante Lorrains, sept ou huit Alsaciens, trois Polonais et une famille italienne de cultivateurs de sept personnesModèle:Sfn. Les Modèle:Nobr dénombrées par Delage se répartissent comme suit : 25 de moins de cinq ans, 145 entre cinq et quatorze ans, Modèle:Nobr gens et hommes, dont le curé septuagénaire du village et ses deux vicaires lorrainsModèle:Sfn, et Modèle:Nobr filles ou femmes de plus de Modèle:NobrModèle:Sfn.
Les survivants
Une trentaine d'habitants survivent au massacre, dont :
- Une Parisienne, Modèle:Mme, présente depuis dix jours dans le village et qui est laissée libre après contrôle d'identité et interrogatoire<ref>Le Monde, 28 janvier 1953.</ref> .
- Martial Beaubreuil et son frère, qui quittent leur cachette dans l'épicerie Mercier après le déclenchement de l'incendie de celle-ci en traversant le plancher en flammesModèle:Référence souhaitée.
- Armand Senon, un adolescent immobilisé avec une jambe dans le plâtre, qui s'enfuit au dernier moment de sa maison en flammesModèle:Référence souhaitée.
- Hubert Desourteaux, qui reste tapi<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Les enfants Pinède, qui découverts sous un escalier, sont chassés vers les champs et échappent au massacreModèle:Sfn.
- Roger Godfrin, originaire de Charly et âgé de Modèle:Nobr, qui s'enfuit de l'école dès qu'il aperçoit les Allemands : il est le seul écolier à échapper au massacreModèle:Sfn, au cours duquel il perd son père, sa mère et ses quatre frères et sœursModèle:Sfn.
- Paul Doutre, réfractaire au STO, qui quitte le sous-sol de l'atelier de ses parents où il vivait caché, fait le mort dans son jardin puis se cache jusqu'à la nuit dans un caveau en construction du cimetière d'Oradour-sur-Glane, non loin de l'église qui achève de se consumer<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref> .
- Robert Hébras, 18 ans, qui reste caché sous les cadavres de ses camarades dans une grange, après avoir été gravement mitraillé<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Dans la nuit du 10 au Modèle:Date-, certains survivants quittent le village, mais d'autres y passent toute la nuit : Marguerite Rouffanche se dissimule dans un jardin, Armand Senon dans un buisson, les frères Beaubreuil dans un égoutModèle:Sfn. Au total quarante-cinq personnes, dont douze passagers du tramway de Limoges arrivés après l'arrêt du massacre (parmi lesquels Camille Senon), échappent aux SS, dans diverses circonstancesModèle:Sfn.
Le dernier survivant de ce massacre, Robert Hébras, meurt le 11 février 2023 à l'âge de 97 ans<ref>Modèle:Article</ref>.
Oradour après le massacre
Après la destruction du village, les familles survivantes vivent dans des baraquements en bois, puis dès 1953, dans une vingtaine des deux cents maisons construites à quelques centaines de mètres des ruines, le « nouveau bourg », dont seule la rue conduisant de la place principale aux ruines porte un nom, « l’Modèle:Page h' », les six autres rues ne recevant un odonyme qu'en 1992Modèle:Sfn.
Jusqu’au début des années soixante, les habitants observent un deuil permanent et Oradour est une ville morte, où ne sont célébrés ni communion, ni baptême, ni mariage, sans aucune activité festive et où la seule vie associative est constituée par les activités organisées par l’Association nationale des Familles des Martyrs d’Oradour. Selon le médecin du nouveau bourg, le docteur Lapuelle, Modèle:Citation. Pour certains, comme Jeannette Montazeaud, la proximité des ruines est pesante : Modèle:Citation.
Le deuil permanent se révèle être un lourd fardeau pour les habitants, et particulièrement pour les jeunes. Amélie Lebau, qui avait quinze ans en 1944, ne peut porter des vêtements de couleur qu'après son mariage : Modèle:Citation. Albert Valade souligne qu'Modèle:Citation Modèle:Citation. Avec le temps et l'arrivée de nouveaux habitants, la vie sociale reprend peu à peu, même si les interdits restent nombreux, comme le note avec humour le docteur Lapuelle en 1988 : Modèle:Citation.
En 1991, le retour à une vie normale se traduit par la plantation d'arbres le long de l'avenue du 10-Juin et le placement de bacs à fleurs à l'intersection principaleModèle:Sfn.
Les récits synthétiques
L’analyse des historiens
La division « Das Reich » reçoit l'ordre de réprimer les maquis avec la plus grande dureté, d'impressionner et de terroriser la population pour qu'elle cesse de tolérer ou favoriser l'action armée des maquisards. De retour du front de l'Est, elle est coutumière des représailles contre les civils soupçonnés de complicité avec les partisans.
Deux thèses existent quant à la prise de décision elle-même. La plus simple stipule que le général Heinz Lammerding ordonna d'éradiquer, pour l'exemple, un village de la région. Le choix, concerté avec la Milice, se porta sur Oradour, un bourg paisible et nullement impliqué dans la résistance arméeModèle:Sfn. Pour Jean-Luc Leleu, « le village aurait été choisi non pour ce qu'il était, mais pour l'apparence qu'il pouvait avoir aux yeux des services de police allemands et français. En sus de son implantation géographique et de sa taille qui rendait aisée sa destruction rapide, la présence supposée de groupements de travailleurs étrangers (notamment des communistes espagnols) et de réfugiés juifs était largement susceptible d'attirer la foudre sur le villageModèle:Sfn ». L'historien Pascal Plas confirme que le choix d'Oradour est délibéré et n'a aucun lien avec la présence de maquisards : « pour massacrer une population dans un temps déterminé, il ne faut pas qu'il y ait de résistance. Et justement, Oradour est à l'écart des grandes zones de résistance<ref name="France tv info">Modèle:Lien web.</ref> ».
Selon Jean-Luc Leleu, le massacre d'Oradour est une transposition circonstancielle de la guerre menée à l'Est, ce qui implique que toute idée que les événements du Modèle:Date- au Modèle:Date- puissent être accidentels est à écarterModèle:Sfn : Modèle:Citation.
Une thèse plus complexe reprend le rôle des fausses informations désignant Oradour comme abritant un poste de commandement du maquis ; une variante implique une confusion avec Oradour-sur-Vayres, un village plus au sud-ouest, connu pour abriter des résistants actifs. Pour J.J. Fouché, il s'agit d'une simple rumeur née dès le Modèle:Date- et reprise par le colonel Rousselier, qui commandait les forces françaises du département en Modèle:Date- devant un enquêteur américain : Modèle:Citation. A. Hivernaud estime lui aussi impossible une confusion entre Oradour-sur-Glane et Oradour-sur-VayresModèle:Sfn.
Les analyses des historiens se rejoignent cependant pour le récit du déroulement : les Waffen-SS rassemblent tranquillement une population docile sous prétexte de contrôle d'identité, séparent les hommes pour les envoyer dans six locaux où ils sont abattus, enferment les femmes et les enfants dans l'église où ils sont massacrés, et mettent le feu au village, notamment afin de rendre impossible l'identification des corpsModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Pour Bruno Kartheuser, Modèle:CitationModèle:Sfn. Non seulement l'effet de terreur recherché est atteint, mais un rapport interne de la division « Das Reich » du Modèle:Date- souligne Modèle:Citation. L'analyse de Kartheuser est en complet accord avec les hypothèses émises par Franck Delage dès 1944Modèle:Note. Pour Delage, Modèle:Citation. Toujours selon Delage, Modèle:Citation. L'auteur étaie son hypothèse en s'appuyant sur le témoignage de l'évêque de Limoges, Modèle:Mgr, qui écrit que Modèle:Citation.
Le récit de Weidinger : une thèse négationniste
Le récit auto-publié du SS-Sturmbannführer Otto WeidingerModèle:Sfn,Modèle:Note relève de la littérature négationniste : il se base en partie sur un autre ouvrage du même auteur, sur des « témoignages » recueillis de seconde main et ne mentionne aucune source primaire vérifiable. La plupart des témoins cités étaient décédés au moment de la publication de son ouvrage et lorsqu'il évoque des archives allemandes, il précise qu'elles ont été perdues pendant les combatsModèle:Sfn.
Selon Otto Weidinger, l'expédition contre Oradour aurait été improvisée en fin de matinée du Modèle:Date-, à la suite d'une conjonction d'informations. Le 9 au soir, le SIPO-SD de Limoges, utilisant peut-être des renseignements délivrés par les services de la Milice, signalait Oradour comme abritant un PC du maquis. Le lendemain à l'aube, le lieutenant Gerlach, capturé la veille près d'Oradour, ayant réussi à échapper à ses ravisseurs, aurait rapporté qu'il y fut conduit et molesté, et qu'il y vit de nombreux maquisards, y compris « des femmes en veste de cuir jaune et casquéesModèle:Sfn ». Dans la matinée, le major Diekmann, commandant du Modèle:1er, serait arrivé au PC du régiment. Deux informateurs français, rapporte-t-il, seraient venus lui confier qu'un officier, vraisemblablement Helmut Kämpfe, du commandant du Modèle:4e et ami proche de DiekmannModèle:Sfn était détenu à Oradour-sur-Glane et qu'il « devait être, dans le cadre de festivités, fusillé et brûléModèle:Sfn ». Adolf Diekmann aurait proposé à son supérieur de monter une expédition pour récupérer et libérer cet officier. Le colonel Stadler aurait accepté, et lui aurait donné l'ordre de détruire le PC du maquis et de prendre Modèle:Nobr comme monnaie d'échange, si possible des chefs de « bandes partisanes », si l'officier n'était pas retrouvé. Dans cette perspective, Stadler aurait fait libérer par le SIPO-SD un maquisard capturé afin de prendre contact avec les ravisseurs de Kämpfe pour leur proposer un échange.
Seul Hastings accrédite l'idée qu'Oradour aurait bien été choisi pour retrouver KampfeModèle:Sfn. Cette hypothèse est notamment infirmée par Louys Riclafe et Henri Demay, selon lesquels la préparation d'une opération punitive avait été programmée par les SS, dans l'après-midi du Modèle:Date-, et ce fut Oradour qui fut choisi alors que l'enlèvement de Kampfe ne s'est produit que vers vingt heures dans la même journée, à proximité du bourg de Moissans, à cinquante kilomètres d'Oradour, et donc après le choix de ce village pour l'opération du lendemainModèle:Sfn. Hastings affirme par ailleurs qu'il y a Modèle:Citation.
Le récit du massacre en lui-même est expédié en douze lignes et contredit par tous les témoignages des survivants et par les dépositions des militaires. Weidinger affirme entre autres que les SS se sont heurtés à une résistance armée, que plusieurs cadavres de soldats allemands assassinés ont été découverts, que la population a pris part aux combatsModèle:Sfn. Plus loin, il écrit, toujours sans la moindre preuve, que les membres d'un détachement sanitaire ont été retrouvés les mains attachées au volant et brûlés vifs dans leurs véhiculesModèle:Sfn.
Il s'appuie ensuite lourdement sur la déclaration sous serment faite par un officier de la Bundeswehr qui aurait visité Oradour en 1963 et 1964 : en uniforme, il est accueilli chaleureusement par le maire et par des gens âgés habitant le village qui lui déclarent que l'église n'a jamais été mise à feu par les Allemands, qui ont au contraire au péril de leur vie sauvé plusieurs femmes et enfants de la fournaise, et que c'est l'explosion d'un dépôt de munitions dans l'église qui a causé le massacre des hommesModèle:Sfn. Toujours d'après Weidinger, le colonel Stadler, très mécontent du non-respect de ses ordres, demanda une enquête de la justice militaire, confiée au juge SS Detlev Okrent, lequel ne put interroger Diekmann, tué peu après, mais recueillit à sa place le témoignage de ses officiers et sous-officiers.
Pour Weidinger, le massacre de Tulle et celui d'Oradour sont des « incidentsModèle:Sfn » qu'il justifie en écrivant que sans cet effet de choc, les pertes allemandes eussent été bien plus lourdesModèle:Sfn.
Cette thèse est considérée par les historiens comme purement mensongère, Diekmann ayant, juste avant de quitter le village, mis au point une version des faits pour dissimuler l'entière gratuité du massacreModèle:Sfn.
Pour J.J. Fouché, les déclarations de Weidinger Modèle:Citation. Pour Bruno Kartheuser, Modèle:Citation.
Le procès de Bordeaux
Le procès qui s'ouvre le Modèle:Date- devant le tribunal militaire de Bordeaux fait suite à de premières tentatives entamées par la cour de justice de Limoges en 1944, devant laquelle un participant au massacre est condamné à mort le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Ce verdict est annulé par la cour d'appel de Limoges le Modèle:Date-, le condamné étant mineur au moment des faits et portant l'uniforme allemand, ce qui le fait relever de la justice militaire. Ce seul accusé fait l'objet de onze jugements, renvois, suppléments, cassations et mises en accusationModèle:Sfn. Après une tentative de dépaysement de l'affaire devant la juridiction civile de Toulouse, le dossier d'instruction est clôturé le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Un arrêt de la cour de cassation d'Modèle:Date- refuse de disjoindre les cas des Allemands de celui des AlsaciensModèle:Sfn. C'est donc trois ans après la clôture de l'instruction que débute le procès de BordeauxModèle:Note, dans un climat politique tendu alors que s'affrontent les opinions publiques limousine et alsacienne. Ce climat est dû au fait que parmi les vingt-et-un accusés, hommes du rang et sous-officiers, comparaissant devant la justice figurent quatorze Alsaciens. Condamné à mort par le tribunal militaire de Bordeaux le Modèle:Date- pour le massacre de Tulle, le SS-Gruppenführer Heinz Lammerding, commandant de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]], vit à Düsseldorf, dans la zone occupée par les troupes britanniques et le gouvernement français n'obtient pas son extraditionModèle:Sfn malgré les mandats d'arrêt à son encontre délivrés en 1947, 1948 et 1950Modèle:Sfn ; le commandant du Modèle:1er, le SS-Sturmbannführer Adolf Diekmann, est mort pendant la bataille de Normandie, le Modèle:Date-.
Sur le plan juridique, l'ordonnance sur les crimes de guerre promulguée par le gouvernement provisoire exclut les poursuites sur la base de ce chef d'inculpation contre les citoyens français puisqu'elle précise qu'elle ne s'applique « qu'aux nationaux ennemis ou aux agents non français au service des intérêts ennemisModèle:Sfn ». Ce n'est qu'après la visite à Oradour, le Modèle:Date-, du président de la République Vincent Auriol que celui-ci fait adopter à l'unanimité par l'Assemblée nationale la loi du Modèle:Date-. Celle-ci introduit dans le droit pénal français la notion de responsabilité collective des groupes ayant commis des crimes de guerre, pour autant que ces groupes aient été reconnus comme organisation criminelle lors du procès de Nuremberg, ce qui est le cas de la SS : Modèle:Citation ; en son Modèle:Nobr, elle permet de poursuivre les citoyens français, non du chef de la responsabilité collective, mais s'ils sont Modèle:Citation.
Le tribunal est composé de six officiers d'active et présidé par un magistrat civil, Nussy Saint-Saëns. Les accusés alsaciens sont défendus par des avocats eux aussi originaires d'Alsace, parmi lesquels Modèle:Me, bâtonnier de Strasbourg et ancien déportéModèle:Note. Après avoir rejeté les demandes des avocats des inculpés alsaciens contestant la validité des poursuites engagées sur la base de la loi du Modèle:Date-, puis entendu tous les accusés, à une exception près, nier leur participation au massacreModèle:Note, il fait une mise au point : « Ce procès est et demeure celui de l'hitlérisme. Mais pour l'heure, il ne semble être encore que celui d’une compagnie. On discute cartes sur table, plans à la main, comme dans un état-major. Tout est disséqué, analysé, pièce à pièce. On passa au microscope les gestes et les minutes. On finit par perdre de vue l'ensemble du drame, son énormité et son aspect hallucinantModèle:Sfn ». La politique fait alors irruption au procès. Alors même que les témoins déposent devant le tribunal, l'Assemblée nationale abroge, le Modèle:Date-, après un débat houleux et par Modèle:Nobr contre 238, la loi instituant la responsabilité collectiveModèle:Note. Nussy Saint-Saëns estime cependant que le procès doit se poursuivre, sur la base de la responsabilité individuelle de chacun des accusés : Modèle:Citation.
Ces déclarations du président du tribunal font notamment référence aux lacunes du dossier d'instruction, relevées par le correspondant du Monde au procès<ref>Le Monde, 31 janvier 1946.</ref>. Il confirme sa position en déclarant qu'il « aurait considéré comme son devoir de refaire toute l'information depuis A jusqu'à Z<ref>Le Monde, 25 janvier 1946.</ref> ». Ces lacunes combinées aux dénégations des accusés permettent au Monde d'affirmer que « De l'affaire […] on sait tout… sauf le rôle joué par chacun des accusés<ref>Le Monde, 4 février 1946.</ref> ». Les témoins de la défense font état de la difficulté de résister en Alsace ou de se dérober à un enrôlement forcé ; pour les témoins de l'accusation, le récit de Marguerite Rouffanche fait la plus grande impressionModèle:Sfn.
Le verdict est prononcé dans la nuit du Modèle:Date- : parmi les accusés allemands, le sergent Lenz est condamné à mort, un accusé qui a pu prouver son absence lors du massacre est acquitté et les autres sont condamnés à des peines variant de dix à douze ans de travaux forcés ; les Alsaciens Malgré-nous écopent de cinq à douze ans de travaux forcés ou de cinq à huit ans de prison ; quant au seul Alsacien engagé volontaire dans la Waffen-SS, il est condamné à mort pour trahisonModèle:Sfn. Le tribunal prononce également quarante-deux condamnations à mort par contumace contre des accusés allemandsModèle:Sfn.
Les réactions et l’amnistie
Le verdict déclenche de vives protestations en Alsace : les cloches sonnent le tocsin et l'association des maires du Haut-Rhin fait placarder le texte suivant dans toutes les communes du département : Modèle:Citation. Le député Pierre Pflimlin adresse un télégramme au ministre de la Défense, René Pleven, en demandant la suspension immédiate des peines prononcées contre les Malgré-nous ; si sa requête est rejetée, le ministre lui fait savoir que le dépôt d'une proposition de loi d'amnistie pourra être examiné en urgence. Dès le Modèle:Date-, le président du Conseil des ministres, René Mayer, ouvre la discussion au palais Bourbon sur la proposition de loi accordant l'amnistie pleine et entière à tous les enrôlés de force, texte déposé par huit députés issus de différents départements et représentant tous les partis politiques, à l'exception du parti communisteModèle:Sfn. Pour Mayer, Modèle:Citation Cette fois, c'est dans le Limousin et dans les journaux issus de la Résistance que se déclenche l'indignation.
Le vote de la proposition de loi fait l'objet d'intenses négociations et de vifs débats. Lors d'une rencontre avec trente députés alsaciens, le président Vincent Auriol se déclare en faveur d'une grâce présidentielle, au cas par cas, qu'il juge préférable à une loi d'amnistie. Aux arguments des députés défavorables à l'amnistie, on rétorque que c'est l'unité nationale qui doit l'emporter. Le président de l'Assemblée, Édouard Herriot, déclare : « La patrie est une mère. Elle ne peut pas admettre que des enfants se déchirent en son sein » ; le général de Gaulle prend lui-même position : « Quel Français ne comprendra la douleur irritée de l'Alsace ? […] Ce qui doit être avant tout évité, c'est qu'après avoir perdu dans la tragédie d'Oradour tant de ses enfants assassinés par l'ennemi, la France laisse de surcroît infliger une amère blessure à l'unité nationaleModèle:Sfn ».
Pour Sarah Farmer, Modèle:Citation. Anatoly M. Khazanov et Stanley Payne vont encore plus loin puisqu’ils n’hésitent pas à écrire que : Modèle:Citation<ref>Anatoly M. Khazanov, Stanley Payne, Perpetrators, Accomplices and Victims in Twentieth-Century Politics: Reckoning with the Past, Routledge, 2013, Modèle:P..</ref> Quant à Jean-Jacques Fouché, il intitule le chapitre de son ouvrage consacré au procès « L'inaudible récit de la JusticeModèle:Sfn ». Le Modèle:Date-, la loi d'amnistie est adoptée par Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, dont tous les députés communistes et les trois quarts des socialistes, et Modèle:NobrModèle:Sfn. Le 21 à l'aube, les treize Malgré nous sont libérés et rejoignent leur famille en Alsace dans l'après-midi. Les cinq Allemands voient leur peine réduite et sont libérés quelques mois plus tard. Les deux peines capitales sont commuées en réclusion perpétuelle en Modèle:Date-. Aucun condamné par contumace n'est inquiété.
La loi d'amnistie conduit à une véritable révolte à Oradour et dans le Limousin : anciens résistants et élus locaux rendent aux autorités la croix de la Légion d'honneur et la croix de guerre décernées à la commune ainsi que la plaque en bronze donnée au nom de la République par le général de Gaulle. L'Association nationale des familles des martyrs (ANFM) refuse le transfert des cendres des martyrs dans la crypte construite par l'État et interdit à tout représentant de l'État d'être présent aux cérémonies commémoratives (exception faite du général de Gaulle en 1962). Enfin, une plaque apposée à l'entrée des ruines du village martyr mentionne le nom de tous les députés (dont François Mitterrand et Jean Lecanuet) qui ont voté l'amnistie<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; elle est enlevée lors des élections présidentielles de 1965Modèle:Sfn. Une autre plaque reprend le nom de tous les condamnés allemands et alsaciensModèle:Sfn. À l'appel du parti communiste, des manifestations regroupent des vétérans de la Résistance, des militants communistes et du parti socialiste unitaire à Paris et à Limoges, mais la mobilisation s'épuise rapidement. Par contre pour de nombreux anciens d'Oradour, les souvenirs de 1953 sont aussi pénibles que ceux de 1944. Pour le maire du nouveau bourg depuis 1949, le docteur Robert Lapuelle, Modèle:Citation.
En 1958, cinq ans après le procès, tous les condamnés sont libresModèle:Sfn. Modèle:Citation. Le massacre d'Oradour connaît un dernier épisode juridique en 1983. Condamné à mort par contumace lors du procès de Bordeaux, l’Obersturmführer Heinz Barth, se réfugie sous une fausse identité en République démocratique allemande. Son passé découvert, il est arrêté le Modèle:Date-, et condamné à la prison à perpétuité par un tribunal de Berlin-Est, le Modèle:Date-, notamment pour sa participation au massacre d'Oradour<ref name="Monde1">Le Monde., 16 août 2007.</ref>. Cinq rescapés du massacre, MM. Hébras, Roby, Machefer, Beaubreuil et Darthout, témoignent lors du procès<ref>Vers l'Avenir, 2 juin 1983.</ref> qui est suivi par la presse française et internationale<ref>Notamment le International Herald Tribune, mais aussi les journaux belges Vers l'Avenir et Le Soir.</ref>. Barth est libéré, après la réunification, en Modèle:Date-<ref name="Monde1" />. Sa condamnation ne l'empêche pas de percevoir, à partir de 1991 une pension au titre de victime de guerre, annulée par un tribunal de Potsdam en 2000 : pour L'Humanité sa pension de huit cents marks représente « près de Modèle:Nb par mois pour chaque victime d'Oradour<ref>L'Humanité, 13 mai 1995.</ref> ». Sa mort, le Modèle:Date-, fait les gros titres de la presse française<ref>Voir notamment Le Point du Modèle:Date-, Le Monde de la même date ou L'Express et Libération du Modèle:Date-.</ref>.
En Modèle:Date-, un historien découvre un document tiré d'une enquête de la Stasi (les services secrets de l'ex-RDA), qui rapporte les témoignages de deux soldats allemands présents à Oradour. L'un d'eux aurait notamment révélé l'ordre d'un chef : Modèle:Citation. Un procureur de Dortmund, en Allemagne, et un commissaire de police se rendent à Oradour, en Modèle:Date-, dans le cadre d'une mesure d'entraide pénale internationale, afin de poursuivre l'enquête<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Historiographie
Un enjeu de mémoire
Les premiers hommages aux victimes sont rendus par l'évêque de Limoges, Modèle:MgrModèle:Note, en sa cathédrale le Modèle:Date-. Celui-ci avait envoyé une lettre de protestation au général Gleiniger, commandant de l'état-major no 586 à LimogesModèle:Sfn, le Modèle:Date-, qu'il conclut par « j'aime à croire, Monsieur le général, que l'autorité allemande ne manquera pas de mener, autour de cette pénible affaire, une enquête conclue dans le sens de la justice et de l'honneur », lettre à laquelle le général Gleiniger répond par l'expression de ses regretsModèle:Sfn,Modèle:Note. Le Modèle:Date-, c'est le pasteur de l'Église réformée, Albert Chaudier, qui rend hommage aux victimes lors de son sermon dominical qu'il entame par une citation du livre de Jérémie : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, toujours à Limoges et malgré les menaces de la Milice qui fait courir le bruit que la cathédrale est minéeModèle:Sfn, une cérémonie associe les autorités religieuses et civiles, cérémonie au cours de laquelle le préfet régional nommé par le régime de Vichy, Marc Freund-Valade, prononce une allocution qui selon J.J. Fouché Modèle:Citation, en exprimant d'emblée les notions de pèlerinage d'indicible douleur et d'enceinte sacrée à propos des ruinesModèle:Sfn. Le 22, le nonce apostolique à Vichy Valerio Valeri transmet au maréchal Pétain une note de protestation Modèle:Citation ; c'est ce que fait Pétain qui convoque l'ambassadeur d'Allemagne à Vichy, Cecil von Renthe-Fink, et s'adresse à lui en ces termes : Modèle:Citation. Puis il écrit à Modèle:Citation que Modèle:Citation avaient provoqué Modèle:Citation et déplore ces représailles dont la répétition Modèle:CitationModèle:Sfn. Renthe-Finke refuse de transmettre cette lettre, et elle sera transmise au nonce et au général Von Neubronn, pour Hitler. Cela n'empêche pas Xavier Vallat de déclarer, le Modèle:Date-, à propos d'une des victimes du massacre, que Modèle:Citation.
L'usage du terme de « martyr » est repris par le nouveau préfet Jean Chaintron, résistant communiste nommé en Modèle:Date-, par le général de GaulleModèle:Sfn. Celui-ci se rend le Modèle:Date- dans le village, où il déclare notamment qu'Oradour est le symbole de ce qui est arrivé à la patrie elle-mêmeModèle:Sfn. Modèle:Citation bloc
En Modèle:Date-, le gouvernement français décide le classement parmi les monuments historiques de l'église conservée dans l'état où elle se trouvait après l'incendie et celui des ruines du village parmi les sites historiques ; il décide également de la réédification du village sur un emplacement différent de l'ancien et reconnaît officiellement le comité de conservation des ruines, auquel une aide financière peut être accordée s'il y a lieuModèle:Sfn. Une cérémonie annuelle regroupant les parlementaires du département, le préfet et le sous-préfet, des représentants des corps consulaires et des cultes, des délégations d'associations patriotiques est organisée dès le Modèle:Date- ; de 1948 à 1953, deux cérémonies coexistent, celle organisée par la municipalité communiste, qui instrumentalise la commémoration à des fins politiquesModèle:Sfn et celle, silencieuse, de l'Association nationale des Familles des Martyrs d'Oradour-sur-GlaneModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, le Parti communiste organise un pèlerinage à Oradour, conduits par Louis Aragon et Frédéric Joliot-Curie, à l'issue duquel un livre d'or comprenant notamment des dessins de Pablo Picasso et Fernand Léger est remis à la municipalitéModèle:Sfn. « Le message des survivants d'Oradour-sur-Glane au maréchal Joseph Staline à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire […] montre que ce nom est devenu symboleModèle:Sfn ». À partir de 1953, soit après le vote de la loi d'amnistie, seule subsiste la cérémonie organisée par l'association, à laquelle les élus ne sont plus invitésModèle:Sfn. La crypte construite par l’État pour abriter les restes des victimes reste inutilisée jusqu’en 1974 et l’ANFM fait construire son propre ossuaire qui contient toujours les cendres des victimesModèle:Sfn. La prise de parole du président François Mitterrand lors de la célébration du Modèle:Date-Modèle:Sfn, puis l'inauguration, le Modèle:Date-, du Centre de la mémoire par le président Jacques Chirac traduisent la réconciliation des mémoires locale et nationale.
Le Modèle:Date-, le président de la République française François Hollande et celui de la République fédérale allemande Joachim Gauck effectuent une visite conjointe des ruines du village ; cette visite est marquée par Modèle:Citation.
Emmanuel Macron se rend une première fois à Oradour en avril 2017 en tant que président d’En Marche et candidat à la présidence de la république. Il y revient, en tant que chef de l’état le Modèle:Date- pour présider les cérémonies du Modèle:73e anniversaire du massacre. Il effectue notamment cette seconde visite avec Robert Hébras, dernier survivant du massacre<ref name="Monde">Modèle:Lien web.</ref>. Lors de son discours, sobre et méditatif selon Le Monde , il déclare : Modèle:Citation.
L’évolution des publications
Dans l'année qui suit le massacre, paraissent de nombreux ouvrages avec un objectif mobilisateur et faisant appel au concept de la barbarie allemande en référence à la Première Guerre mondiale : c'est à ce type de publication qu'appartient Oradour sur Glane, Souviens-toi, Remember, paru Modèle:Nobr ou en 1945Modèle:Note. L'ouvrage publié par le Mouvement de libération nationale (MLN) relève aussi de cette catégorie : toutes ses pages sont décorées d'une croix gammée en leurs quatre coins et de huit représentations des runes de la SS, ce qui choque particulièrement lorsque ces symboles encadrent les photographies des restes des victimes ; l'ouvrage affirme que le général Gleiniger « a accepté d'un cœur léger l'accomplissement d'un tel forfaitModèle:Sfn » et que son supérieur direct, le général Fritz Brodowski est « le principal auteur du massacreModèle:Sfn », alors qu'il semble que le premier n'ait eu aucun contact avec les membres de la « Das Reich »Modèle:Sfn, et que rien ne relie le second, basé à Clermont-Ferrand au massacre. L'accusation contre Gleiniger est aussi reprise par Pierre Poitevin, adhérent au groupement Libération, puis membre, dès leur fondation, des Mouvements unis de la Résistance (MUR)Modèle:Sfn, qui critique la carence des autorités françaises et écrit qu'il est possible que « l'état-major allemand à Limoges […] ait commandé ou ne se soit associé à cette sinistre et macabre autant qu'odieuse besogne »)Modèle:Sfn. En 1952, sort le livre singulier de Camille Mayram, Larmes et lumières à Oradour, galerie de portraits romancés de certaines victimes, qui s'apparente au martyrologe catholique, bien étranger aux traditions du villageModèle:Note. Après le procès de 1953, sort une deuxième série d'ouvrages, « des ouvrages grand public à vocation historique [qui] n'indiquent que très peu leurs sources » : l'ouvrage d'Alain Lercher, qui a perdu deux membres de sa famille dans le massacre, Les fantômes d’Oradour (1994), dépourvu de tout appareil critique, relève plutôt d'un essai dans lequel il se livre notamment à une virulente charge contre la vision mémorielle catholique et le culte des lieux martyrsModèle:Sfn. Le livre de Guy Pauchou et Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, Vision d’épouvante (1970) qui se fonde presque uniquement sur de très nombreux témoignages des survivants, relève de cette deuxième catégorie, même si certains passages de Pauchou et Masfrand font encore penser à la littérature de l'immédiat après-guerre, notamment lorsqu'ils écrivent que « les Allemands se distinguent des autres peuples par un goût délirant de la torture, de la mort et du sangModèle:Sfn ».
Comme bien d'autres aspects de la Seconde Guerre mondiale, le massacre d'Oradour fait aussi l'objet d'écrits révisionnistes ou négationnistes, comme ceux d'Otto Weidinger, d'Herbert TaegeModèle:Sfn, de Sadi Schneid, ancien membre de la division « Das Reich »Modèle:Sfn ou de Vincent Reynouard : en ce qui concerne les trois auteurs allemands, dont les ouvrages concernent le massacre d'Oradour et de Tulle, on peut utilement se rapporter aux commentaires de Bruno Kartheuser : « les événements [de Tulle] ne sont évoqués que dans trois ouvrages négationnistes. Il s'agit de deux ouvrages de Herbert Taege et du récit de Sadi Schneid. Ces trois ouvrages visent à innocenter les participants allemands, qu'il s'agisse de SS ou de membres du SD, et imputent la responsabilité des représailles à la Résistance française. Quant aux très nombreuses déclarations d'Otto Weidinger, hagiographe de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]] et commandant du régiment « Der Führer », elles témoignent de la même habilité à se jouer des faits et de la véritéModèle:Sfn,Modèle:Sfn ». Par ailleurs, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, a déclaré dans une interview au magazine Rivarol, le Modèle:Date-, qu'« il y aurait […] beaucoup à dire », faisant allusion à d'éventuelles bavures de l'armée allemande.
Cinquante ans après les faits, les archives s'ouvrent et paraissent les premiers ouvrages scientifiques sur le sujet comme ceux de Sarah Farmer, de Jean-Jacques Fouché et de Bruno Kartheuser, ce dernier étant centré sur le massacre de Tulle. Deviennent notamment consultables les pièces de la procédure préalable au procès de Bordeaux, celles du département de la Haute-Vienne, de la préfecture de Limoges et des services de police sous l'occupation, du service historique de l'Armée de terre concernant notamment la Modèle:2e SS « Das Reich », le rapport d'un informateur du haut commandement militaire allié envoyé en enquête à Oradour en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Ce sont ces documents qui permettent à J.J. Fouché d'élaborer son étude sur le massacre. Cette étude a fait l'objet de violentes critiques reprises dans le recueil de Philippe Schneider, dans lequel l'ouvrage de Fouché est, pour A. Baron, « un livre inique qui va faire, nous n'en doutons pas, les beaux jours du révisionnismeModèle:Sfn ». Dans le même recueil, Fouché est également contesté par Jean-Claude Peyronnet, sénateur, président du Conseil général et du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, par C. Milord, président de l'Association nationale des Familles des Martyrs d'Oradour-sur-Glane et par Raymond Frugier, maire d'Oradour.
Le mémorial d'Oradour
Un projet de centre de la mémoire est présenté à François Mitterrand sous l'impulsion du conseil général de la Haute-Vienne et en accord avec l'Association nationale des Familles des Martyrs d'Oradour-sur-Glane et la municipalité<ref>site du centre de la mémoire</ref>. Un bâtiment d'architecture novatrice est construit pour abriter une exposition permanente, ainsi que des projets temporaires. Le Modèle:Date-, le Centre de la mémoire est inauguré par Jacques Chirac et la ministre de la Culture de l'époque, Catherine Trautmann. Il est géré par le conseil départemental de la Haute-Vienne. Dès 2002, plus de Modèle:Unité ont visité le musée. Le centre travaille activement avec le service autrichien de la Mémoire.
Le Modèle:Date-, des inscriptions négationnistes sont découvertes sur le site du mémorial. Sur une photo mise en ligne par le Populaire du Centre, on voit le mot « martyr » rayé à la peinture, une bâche bleue couvrant des inscriptions. Le mot “menteur” a été ajouté le Modèle:Date-, ainsi que la mention « Reynouard a raison » est taguée sur le Mémorial aux martyrs d'Oradour sur Glane, ce qui suscite une vague d'indignation dans les médias<ref>francetvinfo.fr 22 août 2020</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref> ».
Évocation dans la culture
Documentaires
- Une division SS en France, Das Reich : à partir d'images d'archives, ce documentaire produit par Nilaya Production (1 h 30 / Déconseillé -10 ans / 16:9 / stéréo), réalisé par Michaël Prazan et diffusé le lundi Modèle:Date- à 20 h 50 sur France 3, raconte l’histoire de la division SS responsable du massacre.
- Oradour (1989) de Michel Follin et Marc Wilmart, film documentaire (52 min) sur la transmission de la mémoire du massacre hier et aujourd'hui, recueille le témoignage des survivants. Diffusé sur France 3 et France 3 Limousin Poitou-Charentes, il reçoit le prix du Patrimoine et le Grand Prix du ministère de la Culture.
- Un film amateur tourné dans les ruines du village en 1949.
- 10 juin 1944, court métrage documentaire réalisé en 1961 par Maurice Cohen.
- Une vie avec Oradour, film documentaire de Patrick Séraudie, sorti au cinéma en 2011.
- Un dimanche à Oradour, film amateur tourné en 1943. Il s'agit là des seules images animées connues du village avant la tragédie<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Oradour sur Glane : l'Impossible en procès, réalisateur : Antoine Laura, 52 min, 2014<ref name=":0" />.
Télévision
- La série télé anglaise (1973-1974), The World at War.
Exposition
- Le Chant d'Oradour, exposition photographique et poétique de Laurent Bourdelas, Palais du Luxembourg, 2007, Sélection nationale du Printemps des poètes.
Musique
- Les amants d'Oradour est une chanson de Gérard Berliner (paroles Frank Thomas / musique Gérard Berliner - 1992. Le vertige des fleurs, CD Flarenasch 181.692). Elle a été chantée pour la première fois en 1991 au théâtre de l'Aktéon à Paris (sous la direction artistique de Roland Barbier).
Littérature
- One Day in France (2015), roman d'Ethan Mordden, s'inspirant de cette histoire en employant des personnages fictifs.
- Oradour, poème français écrit par Jean Tardieu en septembre 1944.
- Le dernier témoin d’Oradour-sur-Glane, écrit par Mélissa Boufigi avec l’aide de Robert et Agathe Hébras.
Le Vieux Fusil
Modèle:Article détaillé Le Vieux Fusil, film franco-allemand de Robert Enrico, avec Philippe Noiret et Romy Schneider est très librement inspiré du massacre d'Oradour. Sorti en 1975, il reçut notamment le premier césar du meilleur film et le césar du meilleur acteur pour l'interprétation de Philippe Noiret<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Le vieux fusil}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Plus tard en 1985, l'œuvre recevra également le césar des césars. L'histoire décrit la vengeance d'un homme meurtri qui extermine avec un « vieux fusil » de chasse des SS d'une section de la division « Das Reich » ayant participé au massacre de la population d'un village et à l'assassinat de sa femme et de sa fille. Si la séquence du village désert et de la découverte des cadavres des habitants dans l'église semble bien être inspirée du massacre d'Oradour-sur-Glane<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Philippe Molle rappelle dans Mémoires d'outre-mers (2005) « le drame d'Oradour sur Glane, évoqué dans le film Le Vieux Fusil ».</ref>, toutes les séquences du film qui se passent dans le château qui surplombe le village, n'ont aucun rapport avec Oradour ; il en va de même pour les scènes reprenant l'utilisation d'un lance-flammes par Philippe Noiret, arme dont ne disposaient pas les SS à Oradour-sur-Glane.
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Bibliographie
Monographies
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- Régis Le Sommier, Les Mystères d'Oradour : du temps du deuil à la quête de la vérité, éd. Michel Lafon, 2014.
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Ouvrages d’époque
- Oradour-sur-Glane, Limoges, Imprimerie Charles Lavauzelle & Cie, 1945.
- Oradour-sur Glane, s. l., Office français d’édition, 1945.
- Modèle:Ouvrage Modèle:Commentaire biblio SRL
- André Besson : Oradour-sur-Glane, poème, 1944.
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- Jean Tardieu, Oradour, Jours pétrifiés, 1944.
Divers
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- Brigitte et Gilles Delluc, Jean Filliol, du Périgord à la Cagoule, de la Milice à Oradour, Périgueux, édit. Pilote 24, 2006.
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- Jean-Pierre Rioux, « Le procès d'Oradour », L'Histoire Modèle:N°, février 1984, Modèle:P.).
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Romans, récits romancés et essais
- Les Amants d'Oradour est une chanson de Gérard Berliner (paroles Frank Thomas/musique G. Berliner, 1992. Le vertige des fleurs, CD Flarenasch 181.692). Elle a été chantée pour la première fois en 1991 au théâtre de l'Aktéon à Paris (sous la direction artistique de Roland Barbier).
- Laurent Bourdelas, Le Chant d'Oradour, exposition de photographies au palais du Luxembourg, Paris, janvier 2007, accompagnée par des textes de Marie-Noëlle Agniau, Alain Lacouchie et Jean-Pierre Siméon.
- Régis Delpeuch, L'enfant d'Oradour, éditions Scrineo, Paris, 2019
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- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robin Mackness, Oradour, massacre and aftermath, Londres, Bloomsburg, 1988 Modèle:Commentaire biblio SRL
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Ouvrages révisionnistes
Articles connexes
Sur Oradour
Autres massacres
- Massacres perpétrés par les Allemands en France durant la Seconde Guerre mondiale
- Massacre d'Ascq
- Massacre de Tulle
- Massacre de Malmedy
- Crime de guerre de Laclotte et tragédie de Saint-Pierre-de-Clairac
- Massacre de Distomo, qui a lieu le même jour et qui est considéré comme l'équivalent grec de celui d'Oradour-sur-Glane
- Massacre de Kalávryta, massacre commis en Grèce le 13 décembre 1943
Liens externes
- Modèle:Autorité
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Oradour-sur-Glane, village martyr, centre de la mémoire
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Plan d'Oradour : maisons, lieux des massacres
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Oradour-souviens-toi Récit du 10 juin 1944, photos, archives et reconstitution en images de synthèse
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