Massacre de Tulle
Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Massacre
Le massacre de Tulle est un ensemble de crimes commis dans la ville de Tulle par la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e SS « Das Reich »]] le Modèle:Date, trois jours après le débarquement en Normandie. Après une offensive des FTP, les Modèle:Date- et Modèle:Date-, au cours de laquelle les troupes allemandes perdent au moins 35 soldats et tuent dix-huit garde-voies, l'arrivée d'éléments de la « Das Reich » contraint les maquisards à évacuer la ville. Le Modèle:Date-, après avoir raflé les hommes de Modèle:Nobr, les SS et des membres du Sipo-SD vouent Modèle:Nobr de Tulle à la pendaison, Modèle:Nobr sont effectivement suppliciés. Dans les jours qui suivent, Modèle:Nobr sont déportés à Dachau, où Modèle:Nobr la vie. Au total, les crimes de la Wehrmacht, de la Waffen-SS et du Sipo-SD font Modèle:Nobr à Tulle.
Contexte historique
La division « Das Reich »
Au début de 1944, après avoir subi de lourdes pertes sur le front de l'Est, la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e blindée SS « Das Reich »]], sous le commandement du Gruppenführer Heinz Lammerding, est regroupée dans la région de Montauban, pour être reformée en prévision d'un débarquement allié quelque part sur le front Ouest. Elle est composée de Modèle:Unité appuyés de blindés légers, semi-chenillés et de chars.
Cette division présente les quatre critères déterminants pour devenir les auteurs de massacres en France, tels que définis par l'historien Peter Lieb : ses membres sont imprégnés par l'idéologie nationale-socialiste, ils ont combattu sur le front de l'Est, se perçoivent comme une unité militaire d'élite et ont déjà participé à des opérations de lutte contre les partisansModèle:Sfn.
Au lendemain du débarquement de Normandie, elle reçoit l'ordre de se positionner dans la région entre Tulle et Limoges pour y réduire les maquis qui, depuis l'annonce du débarquement allié, ont intensifié les actions de sabotage et de harcèlement des garnisons allemandes. C'est le régiment « Der Führer » qui est chargé de préparer l'arrivée de la division. [[Fichier:Carte division das reich mai juin 1944.png|vignette|redresse=1.4|alt=Carte en couleurs du parcours de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e Das Reich]] Modèle:Nobr et Modèle:Date-|Parcours de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e Das Reich]] Modèle:Nobr et Modèle:Date-.]]
La lutte contre les partisans est régie par des ordres émis début 1944, connus sous le nom d’ordonnance Sperrle, du nom du Generalfeldmarschall, adjoint au haut commandement de l'Ouest. Selon ces ordres, la troupe est tenue de riposter immédiatement aux attaques terroristes en ouvrant le feu et si des civils innocents sont touchés, c'est regrettable, mais la responsabilité en incombe exclusivement aux terroristes ; les zones doivent être bouclées et tous les habitants, quels qu'ils soient, arrêtés ; les maisons qui ont abrité des partisans doivent être incendiées. L'ordonnance poursuit en précisant qu'Modèle:Citation. Les ordres particuliers du commandant de la division apportent des précisions tactiques : Modèle:Citation Le Modèle:Date-, le général Lammerding fait approuver par sa hiérarchie un programme répressif qui reprend les mesures mises en œuvre en Europe de l’Est et à l'arrière du front dans la lutte contre les partisans à partir de 1941Modèle:Sfn. Ce programme prévoit notamment des actions de contre-propagande et de discrimination, « actions ayant pour but de monter la population contre les terroristes » ; il prévoit aussi des arrestations massives et préventives, l'occupation de localités et le ratissage de zones, la réquisition de véhicules. Il précise enfin l'annonce et l'exécution de la disposition que, pour chaque Allemand blessé et pour chaque Allemand tombé, dix terroristes seront pendus (et non fusillés). L'exécution par pendaison n'est pas usuelle dans la justice française. Par son application aux terroristes, ceux-ci seront discriminés et exclus de la communauté du peuple françaisModèle:Sfn.
Entre le début mai et le Modèle:Date-, la division, et particulièrement le régiment « Der Führer » effectue, sous les directives du service de renseignements, de nombreuses missions de recherche de bases et dépôts de partisans ainsi que des opérations consécutives aux actes de la résistance. Au cours de ces opérations, une soixantaine de maquisards est tuée et une vingtaine envoyée en déportation ; une centaine de civils est également tuée en diverses circonstances et un millier déporté en Allemagne. Plusieurs centaines de maisons sont incendiéesModèle:Sfn.
La répression allemande en Corrèze
Compte tenu de l'activité de la Résistance dans la région, la Corrèze et plus particulièrement la ville de Tulle et ses alentours font l'objet de nombreuses interventions des services de sécurité allemands. Le Modèle:Date, un Kommando de douze membres du Sipo-SD dépendant du Kommandeur der Sicherheitspolizei und Siecherheitsdienst de Limoges, August MeierModèle:Note, arrive à Tulle. Dirigés par le HauptsturmführerModèle:Note Friedrich Korten, ces hommes participent à la répression des maquis avec des éléments de la Légion nord-africaine sous le commandement de Henri LafontModèle:Sfn. Pour le préfet Pierre Trouillé, Modèle:Citation
Ils collaborent au ratissage systématique effectué au cours du mois d'avril par la « division Brehmer ». Celle-ci n'est pas une véritable division mais un regroupement temporaire d'unités composites, qui comporte notamment le Modèle:1er de la [[325e division de sécurité (Allemagne)|Modèle:325e de sécurité]] et les Géorgiens du Modèle:799e d'infanterie, recrutés parmi les prisonniers de guerre de l'Armée rouge. Du Modèle:1er au Modèle:Date-, la division du général Brehmer arrête Modèle:Unité ; dans le village du Lonzac, Modèle:Nobr sont abattus et Modèle:Nobr incendiées ; à Brive, Modèle:Nobr sont arrêtées et envoyées dans des camps de travail en AllemagneModèle:Sfn. Le bilan des opérations de répression de la division Brehmer se solde par Modèle:Unité maintenues, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr ou délits dans Modèle:Nobr et Modèle:Nobr assassinés, sans confrontation directe avec le maquis. La division Brehmer quitte la Corrèze en mai, après avoir également dévasté la Dordogne et la Haute-VienneModèle:Sfn. Cette vague de répression explique en partie l'attaque de la ville de Tulle par la Résistance qui espère mettre fin aux souffrances de la populationModèle:Sfn.
Bataille de Tulle
Libération
L'attaque de Tulle est planifiée par le commandant des maquis FTP de Corrèze, Jacques Chapou, dit Kléber, mi-avrilModèle:Note ou début Modèle:Date- : « à l'origine, il semble bien que cette attaque ait été envisagée sans aucun lien avec le débarquement dont la date était encore imprévisibleModèle:Sfn ». Elle poursuit plusieurs objectifs : Modèle:Citation, mais aussi, Modèle:Citation Contactés, les responsables de l'Armée secrète se montrent tout à fait opposés à une opération contre un centre urbainModèle:Sfn.
Selon J. Delarue, Tulle est défendue par une garnison de sept cents hommes du Modèle:3e du [[95e régiment de sécurité (Allemagne)|Modèle:95e de sécurité]] de la Wehrmacht, auxquels il faut ajouter six ou sept cents hommes des Gardes Mobiles et de la Milice française ; B. Kartheuser estime quant à lui les effectifs du [[95e régiment de sécurité (Allemagne)|Modèle:95e de sécurité]] à Modèle:Nombre, issus des Modèle:8e, Modèle:13e et de l'état-major, sur la base d'un relevé détaillé établi le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Face à eux, les résistants disposent de Modèle:Unité, dont 450 ne participent pas au déclenchement de l'opération et de Modèle:Unité en soutienModèle:Sfn. Pour Jean-Jacques Fouché et Gilbert Beaubatie, les forces en présence s'élèvent à un peu plus de trois cents hommes du côté allemand, l'attaque étant lancée par quatre cents FTP, qui sont rejoints ensuite par cent-vingt combattants supplémentaires en milieu d'après-midi le 7 et le 8 au matinModèle:Sfn.
L'offensive se déclenche le Modèle:Date- à cinq heures du matinModèle:Sfn et un coup de bazooka tiré sur la caserne du Champ de Mars où sont cantonnées les forces de maintien de l'ordre donne le signal de l'attaqueModèle:Sfn. Dès six heures, les édifices dans lesquels se trouve la garnison allemande sont cernés ; la poste et la mairie, où les FTP établissent leur poste de commandement sont occupées vers sept heuresModèle:Sfn. À huit heures, la gare elle aussi est prise par les résistants, qui y trouvent dix-huit gardes-voies et un employé des chemins de fer, Abel LeblancModèle:Sfn : invités à rejoindre le maquis, ceux-ci préfèrent attendre la fin des combats dans la salle d'attente. À 11 h 30, les forces de la Milice et des GMR hissent le drapeau blanc sur la caserne du Champ de Mars : après des négociations, ils quittent la ville vers seize heures, en emportant tout leur matérielModèle:Sfn. Pour Elie Dupuy, dont le groupe de combat FTP n'avait pas été touché par l'ordre de repli de Chapou, ce départ est un échec, l'un des buts de l'opération étant de récupérer le matériel de guerre et de transport des forces de l'ordre ; mais avec son seul bataillon de quatre-vingt-dix hommes, il n'a pas les moyens Modèle:Citation.
Pendant ce temps, vers 13 h 30, les Allemands profitent du retrait partiel des maquisards sur les hauteurs ordonné par ChapouModèle:Sfn et reprennent brièvement le contrôle de la gare, dans laquelle ils découvrent à leur tour les gardes-voies, porteurs d'un brassard blanc, signe distinctif de leur fonction, mais semblable à celui des FTP. Dès que les gardes-voies sortent du bâtiment, sans le moindre interrogatoire, sans même être fouillés, ils sont pris sous le feu des troupes allemandes dans la cour de la gare ou le long des voies menant au garage du chemin de fer départemental, fauchés « par des tirs croisés dont ceux d'une mitrailleuse leur tirant dans le dos », alors qu'ils s'adressent aux Allemands en leur criant « Camarades ! Camarades ! »Modèle:Sfn. Seul Abel Leblanc survit à la fusillade. Pour B. Kartheuser, il s'agit d'un assassinat délibéré, les Allemands étant au courant de la présence des gardes-voies et connaissant leur tenueModèle:Sfn.
Dans la nuit du 7 au 8, alors que les maquisards, toujours privés des Modèle:Nombre du groupe A, se sont retirés sur les hauteurs, la garnison allemande se regroupe en trois lieux : l'école normale de jeunes filles au nord, la manufacture d'armes et l'école de Souilhac au sudModèle:Sfn. Les combats reprennent à six heures trente du matinModèle:Sfn, la principale offensive étant dirigée contre l'école normale, bastion principal des troupes allemandes. Face à la résistance des Allemands, les FTP boutent le feu à l'édifice vers quinze heures. Vers dix-sept heures, dans des circonstances qui restent peu claires et discutées, les Allemands tentent une sortie ou essaient de se rendre : si l'un d'entre eux agite un chiffon blancModèle:Note, d'autres portent des grenades amorcéesModèle:Sfn. Dans la confusion la plus totale, les maquisards ouvrent le feu à l'arme automatique : certains soldats sont fauchés à bout portant, des grenades explosent, ce qui explique les blessures, terriblement mutilantes observées sur les cadavres. Après la reddition des troupes allemandes, neuf membres du SD sont identifiés, notamment avec l'aide d'une trentaine de maquisards libérés, emmenés au cimetière et fusillés sans jugementModèle:Sfn. Les combats cessent dès ce moment, les résistants se contentant de maintenir l'encerclement de la manufacture d'armes et de l'école de Souilhac, qu'ils comptent attaquer le lendemain. Alors que les blessés allemands et français sont emmenés à l'hôpital, Kléber se rend à la préfecture et demande au préfet Pierre Trouillé de continuer à assurer la direction de l'administration. Pour la résistance, à l'exception des deux petits bastions à prendre le lendemain, Tulle est libéréeModèle:Sfn.
Les pertes allemandes sont estimées à Modèle:Nombre, Modèle:Nombre et 35 disparus par Sarah FarmerModèle:Sfn. Pour G. Penaud, elles s’élèvent à une cinquantaine de morts, une soixantaine de disparus, sans doute faits prisonniers et de 23 à Modèle:NombreModèle:Sfn. Marcel Godefroy, alias colonel Rivière, commissaire aux opérations de l'interrégion B des FTPF, déclarera plus tard que sur 54 prisonniers de la Wehrmacht retenus à Meymac, 47 furent exécutés le 10 juin après avoir rejetés la proposition de rejoindre les partisans. 7 autres, tchéquoslovaques et polonais d'origine seront integrés dans la FTP-MOI<ref>Modèle:Article</ref>.
Réoccupation
Le Modèle:Date-, à Modèle:HeureModèle:Sfn, les premiers chars de la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e blindée SS Das Reich]] arrivent à Tulle par trois axes de pénétration, prenant les maquisards par surprise. Les postes de l'Armée secrète et des FTP établis à distance ayant été balayés par les blindés, aucune alerte n'a pu parvenir à temps à Tulle. Les maquisards quittent immédiatement la ville vers les hauteurs, sans livrer de combats, face à Modèle:Citation : si des tirs de bazookas depuis le plateau qui domine la ville auraient pu infliger des pertes aux éléments de la Das Reich, les résistants y renoncent par crainte de causer de lourdes pertes parmi la population civile. Les SS installent leur premier poste de commandement dans le quartier de Souilhac, près de la manufacture d'armes, avant de s'installer, le lendemain en fin de matinée, à l'hôtel Moderne. À ce moment, l'officier le plus élevé en grade est le SS-Sturmbannführer Kowatsch, officier de renseignement de l'état-major de la division. Durant toute la nuit du 8 au Modèle:Date-, les SS patrouillent dans la ville et assurent l'encerclement de celle-ci.
Le Modèle:Date-, à six heures du matin, les Allemands fouillent la préfecture et menacent d'exécuter le préfet Pierre Trouillé, après avoir découvert des armes et munitions abandonnées par les Gardes Mobiles. Alors qu'il va être fusillé par des SS commandés par un sous-officier, le préfet échappe à l'exécution en indiquant qu'il a un rang équivalent à celui d'un général, et en exigeant de parler à un officier supérieur avant d'être fusillé. Il parvient à convaincre l'officier qui se présente de rendre visite aux blessés allemands soignés à l'hôpital. Durant la visite, un des blessés allemands confirme à l'officier que le préfet a empêché un maquisard de les fusiller : Modèle:Citation.
Massacre
Rafle
Modèle:Citation bloc Le Modèle:Date-, entre neuf et dix heures, le SS-Sturmbannführer Aurel Kowatsch déclare au préfet Trouillé, et au secrétaire général de la préfecture, M. Roche : Modèle:Citation ; il leur annonce, alors que la rafle a déjà commencé, la mise en arrestation de tous les hommes de seize à soixante ans et autorise Modèle:Citation.
Selon Trouillé et Roche, Kowatsch prend ses ordres directement auprès du général Heinz Lammerding, vraisemblablement par radio. La rafle touche une population désemparée par les événements : Modèle:Citation Modèle:Citation Les membres des chantiers de jeunesse, rassemblés dans la caserne des Enfants de troupe, sont également emmenés vers la manufacture d'armesModèle:Sfn. Au total, près de Modèle:Unité et jeunes gens sont regroupés devant la manufactureModèle:Sfn.
Tri
Conformément à l'accord passé avec Kowatsch qui avait autorisé la libération des personnes indispensables à la reprise d'une activité normale dans la ville, des responsables français se rendent à la manufacture d'armes pour négocier l'élargissement d'une partie des personnes raflées. Modèle:Citation Les représentants des autorités françaises obtiennent la libération de 3 500 des Modèle:Unité et jeunes gensModèle:Sfn. Parmi eux, les employés de l'État et de la préfecture, de la mairie, des PTT, du gaz, des services des eaux, financiers et des colonies de vacances, des chefs d'atelier et agents de maîtrise de l'usine de La Marque et de la manufacture d'armes, des électriciens, des boulangers, des épiciers, des maraîchers, les médecins, mais ni les dentistes, ni les enseignantsModèle:Sfn. Modèle:Citation Parmi les suppliciés certains sont effectivement des résistants tel Pierre Souletie et son beau-frère, Lucien Ganne.
Après l'intervention des autorités françaises une seconde sélection est effectuée parmi les otages, sélection menée par les Allemands et eux seuls. Le principal responsable de ce deuxième tri est l'interprète du Kommando du Sipo-SD, Walter Schmald, qui a survécu aux combats des deux jours précédents. Si Schmald n'a sans doute pas agi seul et s'il a vraisemblablement été assisté par d'autres membres du SD venus de LimogesModèle:Sfn, sa présence et son action ont frappé tous les témoins, pour lesquels Schmald incarne le processus de désignation des victimes. Aux côtés de Schmald, « le bossu » ou « le chacalModèle:Sfn », Paula Geissler, interprète de la Wehrmacht attachée au directeur allemand de la manufacture d'armes, surnommée « la chienne », participe également au tri et fait libérer seize à dix-sept otages, des ingénieurs de la manufacture ou des hommes qu'elle connaissait, dont le fils d'un pharmacienModèle:Note.
L'abbé Jean Espinasse, arrêté chez lui vers neuf heures trente, décrit Schmald comme Modèle:Citation Pour Antoine Soulier, il a de longs cheveux blonds avec des reflets fauves et ramenés en arrière, le visage rasé, le teint mat, Modèle:Nombre environ, [les] yeux toujours demi-fermés pour mieux voir, et surtout la demi-lèvre supérieure droite toujours relevée, comme gonflée de veninModèle:Sfn.
Les otages sont répartis en trois groupes, de taille et de composition variable au fur et à mesure de la sélection qui débouche sur la constitution de deux groupes de soixante hommes, suspects, selon Schmald, de participation à la Résistance en se fondant sur des éléments comme le fait qu'ils soient mal rasés ou que leurs chaussures ne soient pas ciréesModèle:Sfn. Pour J. Espinasse, si Schmald demande à vérifier certaines cartes d'identité, [il] juge les gens sur la mine et, on ne sait pourquoi, les désigne pour faire part du petit groupe de gauche [les futures victimes]Modèle:Sfn. Selon Trouillé, « les trois groupes sont constamment modifiés, soit par le jeu des libérations, soit par le choix de quelques SS dont Walter, le ténébreux WalterModèle:Sfn ». Schmald veille à maintenir le nombre de Modèle:Nombre destinés à l'exécution, qui n'est pas encore annoncée : lorsque diverses interventions aboutissent à faire libérer l'un de ceux-ci, Schmald en sélectionne un autre dans le groupe principal : « sauver un ami, c'était du même coup condamner un autre homme, inconnu [...] avec pour résultat de ne laisser aux mains des bourreaux que les plus vulnérables, les plus solitaires, les plus faibles ou les plus malchanceux, ceux qui avaient le plus besoin d'être défendusModèle:Sfn. » Ce processus débouche sur la réflexion suivante de l'un des survivants, l'avocat Jacques-Louis Bourdelle : Modèle:Citation Conformément à la note de Lammerding du Modèle:Date- et à l'ordre donné par celui-ci arrivé à Tulle en fin de matinée du 9, ces cent-vingt hommes sont voués à la mort par pendaison.
Pendaisons
Vers quinze heures trente, Kowatsch en réponse à une dernière intervention du préfet qui demande que les exécutions n'aient pas lieu par pendaison, lui répond que « nous avons pris en Russie l'habitude de pendre, nous avons pendu plus de cent mille hommes à Kharkov et à Kiev, ce n'est rien pour nous<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. » Il demande au colonel Bouty, président de la délégation spéciale, d'annoncer au groupe principal de prisonniers qu'ils doivent assister aux exécutions. Avant que ceux-ci soient conduits sur la place de Souilhac, Bouty leur déclare : Modèle:Citation À leur arrivée, les prisonniers découvrent, sur plusieurs centaines de mètres, des cordes terminées par un nœud coulant accrochées aux arbres, aux réverbères et aux balcons. Les préparatifs ont été assurés, dès la fin de la matinée, par le SS-Hauptsturmführer Wulf, chef du bataillon de reconnaissance et par son adjoint, l'Oberscharführer Hoff, chef de la section de pionniers, qui fait appel à des volontaires pour effectuer les pendaisonsModèle:Sfn.
Les victimes désignées pour la pendaison sont conduites sur les lieux de leur exécution par groupe de dix. Modèle:Citation Dans certains cas, les bourreaux, tous volontaires, se suspendent aux jambes de leur victime, le frappent ou l'achèvent à la mitraillette ou au pistolet. Modèle:Citation À la suite de l'intervention du colonel Bouty auprès d'un officier allemand, l'abbé Espinasse a été autorisé à offrir son ministère à ceux qui vont mourir. Il assiste aux premières exécutions. Lors de celle du premier groupe, Modèle:Citation Modèle:Citation Pendant toute l'opération, Paula Geissler et un groupe de SS, assistent aux pendaisons en vidant de bonnes bouteilles à la terrasse du café Tivoli, au son d'un phonographeModèle:Sfn.
99 victimes
Dans les versions successives de son témoignage, l'abbé Espinasse s'attribue, et à lui seul, le mérite d'avoir fait arrêter les pendaisons. Selon lui, alors que neuf groupes, soit quatre-vingt-dix hommes, ont déjà été pendus, et après avoir été ramené dans la cour de la manufacture d'armes après le meurtre de vingt ou trente Tullistes, il constate que le dixième groupe comporte treize hommes. Il intervient auprès de Walter Schmald et obtient non seulement que quatre hommes soient extraits du groupe, mais aussi que celui-ci soit le dernier à marcher vers la pendaison. Le nombre des victimes s'arrête donc à quatre-vingt-dix-neufModèle:Sfn,Modèle:Note.
Cette version, reprise par de nombreux auteurs, est radicalement remise en cause par Bruno Kartheuser, qui juge ce récit incohérent et peu plausible. Kartheuser souligne tout d'abord que l'intervention décisive que s'attribue l'abbé Jean Espinasse n'est confirmée par aucun témoin, alors que plusieurs centaines de personnes sont rassemblées dans la cour de la manufacture ; cette intervention n'est pas mentionnée dans la déclaration faite en 1948 par le président de la délégation spéciale de Tulle, le colonel Bouty, qui attribue interventions et sauvetages au directeur des Établissements Brandt - Usine de la Marque, Henri Vogel, au directeur adjoint de la Manufacture d'armes de Tulle, Laborie et à l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, LajugieModèle:Note. Trouillé n'attribue à l'abbé que la grâce de trois hommes, « Vogel s'est magnifiquement débattu avec les officiers SS en vue de libérer quelques-uns de ses ouvriers condamnés au supplice [...]. De la sorte, il a obtenu quatre grâces et a permis au sous-directeur de la manufacture d'armes, Laborie, d'en réclamer et d'en enlever autant ; Lajugie, ingénieur en chef du service vicinal [...] est encore épuisé des efforts déployés en vain pour sauver du supplice un ingénieur de son serviceModèle:Sfn. » L'« intervention décisive » d'Espinasse n'est également pas reprise dans la citation lors de la remise à l'abbé de la Médaille d'argent de la Croix-Rouge française, en 1945, qui n'évoque que ses mérites sacerdotaux et l'assistance matérielle qu'il a apportée aux suppliciés. Enfin, pour Kartheuser, compte tenu du strict respect de la hiérarchie en vigueur dans la SS, il n'est pas possible que Schmald ait pris la décision d'arrêter les exécutions, alors que celles-ci avaient été ordonnées par le général Lammerding (qui déclare après guerre que c'est sur son ordre que les pendaisons ont été arrêtées avant les 120 victimes prévues), que les pendaisons avaient été supervisées par Kowatsch et que l'un des supérieurs de Schmald au SD était présent sur les lieuxModèle:Sfn.
Pour Fouché et Beaubatie, Modèle:Citation
D'après le documentaire d'Arte « Das Reich », une division SS en France<ref>[1]</ref> de Michaël Prazan, l'arrêt des pendaisons serait dû principalement à une pénurie de cordage.
Les corps des suppliciés sont dépendus en début de soirée par des membres des chantiers de jeunesse, sous les ordres d'hommes de la Modèle:4e du bataillon d'éclaireurs ; malgré l'intervention des autorités locales, ils sont enterrés sur le site d'une décharge publique, à Cueille, sans aucune procédure d'identification, avec une brève cérémonie improvisée et écourtée par les Allemands, au cours de laquelle l'abbé Espinasse, en présence du préfet en uniforme et de son directeur de cabinet, bénit les corpsModèle:Sfn.
Déportations
Le Modèle:Date-, les otages restés à la Manufacture des armes de Tulle sont traités de la même manière que lors de la sélection, la veille, des victimes des pendaisons : négociations entre membres de la « Das Reich » et du SD, dont Walter Schmald, et les autorités françaises, formation de groupes promis à la déportation, libération d'otages grâce à des interventionsModèle:Note. Trois cent onze hommes et six cent soixante jeunes membres des chantiers de jeunesse sont transférés de Tulle à Limoges. Après un nouveau tri, dans lequel des membres de la Milice jouent un rôle essentiel, Modèle:Nombre et tous les membres des chantiers de jeunesse sont libérés ; 149 prisonniers sont transférés à Poitiers, puis à Compiègne, d'où ils partent vers le camp de concentration de Dachau le Modèle:Date- : 101 ne survivent pas au voyage ou à la déportationModèle:Sfn.
Le 11 ou le Modèle:Date-, la division entame sa remontée vers le front de Normandie. Avec le massacre de Tulle et celui d'Oradour-sur-Glane, et de nombreuses autres tueries, elle a fait Modèle:Unité, dont de nombreux civilsModèle:Sfn.
La répression se poursuit à Tulle pendant les semaines qui suivent les pendaisons. Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, le laboratoire de la manufacture d'armes est utilisé comme centre de torture, où opèrent des miliciens en coopération avec Walter Schmald. Le Modèle:Date-, le préfet Trouillé y voit trois miliciens âgés au plus de vingt ans, verser de l'acide sur les plaies du visage d'un homme qu'ils venaient de frapper à coups de nerf de bœufModèle:Sfn. Tulle connaît également une nouvelle rafle, le Modèle:Date-, à la suite de laquelle Modèle:Nombre sont envoyés en travail forcé en AutricheModèle:Sfn. Les troupes allemandes en Corrèze se rendent le Modèle:Date-Modèle:Sfn.
Au total, les crimes de la Wehrmacht, de la Waffen-SS et du Sipo-SD ont fait 218 victimes civiles à Tulle. Modèle:Citation
Analyse
Analyse des historiens
Les proclamations publiques et les explications allemandes auprès des autorités françaises font systématiquement référence aux éventuels sévices et à l'assassinat de soldats allemands désarmés. Selon la thèse allemande, les représailles sont conformes au droit militaire international, au traité d'armistice et aux conventions de La Haye. À la suite des procès menés en Belgique concernant l'exécution d'otages par les troupes allemandes et à celui mené en Italie pour le massacre des Fosses ardéatines, on peut conclure que le massacre de Tulle a bien été effectué en violation du droit des conflits armésModèle:Sfn, notamment des articles 40, 41, 46 et 50 du règlement annexe à la Modèle:4e de La Haye de 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre<ref name=conv>Voir le texte de la convention.</ref> ainsi que la « clause Martens » du préambule de cette conventionModèle:Note,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Bruno Kartheuser conteste quant à lui l'usage même du terme « représailles » : Modèle:Citation.
Le massacre de Tulle avait pour but de punir une des capitales du maquis, pour terroriser d'autres régions, conformément aux pratiques mises en œuvre par la Wehrmacht et la Waffen-SS sur le front de l'Est ; il résulte « de l'action et de l'inaction de beaucoup de personnes », qu'il s'agisse de membres de la Wehrmacht, de la Waffen-SS ou du SicherheitsdienstModèle:Sfn.
Thèse révisionniste
Selon le récit auto-publié du SS-Sturmbannführer Otto Weidinger, plusieurs dizaines de soldats allemands auraient été abattus après leur reddition et de nombreux cadavres auraient porté des traces de mutilationsModèle:Sfn. Cette thèse est reprise et amplifiée par deux autres révisionnistes, Sadi SchneidModèle:Sfn, pseudonyme d'un ancien Waffen-SS Elimar SchneiderModèle:Sfn, et Herbert Taege, ancien fonctionnaire des Jeunesses hitlériennesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Pour les historiens, le récit de Weidinger n'a aucun crédit. Eberhard Jäckel Modèle:Citation Pour G. Penaud, Modèle:Citation
Bruno Kartheuser a réfuté point par point ces thèses révisionnistes. Le seul fait contraire à l’article 23c et 23d de l'annexe à la convention de La Haye de 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre<ref name=conv /> qui stipule qu’« il est notamment interdit [...] de tuer ou de blesser un ennemi qui, ayant mis bas les armes ou n'ayant plus les moyens de se défendre, s'est rendu à discrétion [ainsi que] de déclarer qu'il ne sera pas fait de quartier », consiste en l'exécution sans jugement de neuf membres du SD et gestapistes en fin de l'après-midi du Modèle:Date-Modèle:Sfn. Quant aux prétendues mutilations, il ne s'agit que des traces d'impact de mitrailleuse. Selon un témoin, Robert Lajugie, Modèle:Citation Ce récit est confirmé par Heinz Schmidt, médecin du Modèle:3e du [[95e régiment de sécurité (Allemagne)|Modèle:95e de sécurité]] : Modèle:Citation
À propos du livre de Schneid, Kartheuser écrit qu'il Modèle:Citation Il remarque également que Weidinger et Taege ne se basent, eux aussi, sur aucun témoin directModèle:Sfn.
Suites du massacre
Walter Schmald, du SIPO-SD est capturé par des maquisards à Brive le Modèle:Date-, et exécuté par ceux-ci le Modèle:Date-, sans avoir fait l’objet d’un procèsModèle:Sfn.
Otto Weidinger, dernier commandant du régiment « Der Führer » est interrogé au sujet du massacre pendant sa détention de 1947 à 1951. Il ne fait l’objet de poursuites que pour son adhésion volontaire à la Waffen-SS, jugée comme organisation criminelle lors du procès de Nuremberg, et est acquittéModèle:Sfn. Après sa libération, il écrit de nombreux ouvrages sur la [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e « Das Reich »]], considérés en France comme révisionnistes.
La première enquête, qui porte sur l'assassinat de dix-huit garde-voies est clôturée Modèle:Date-, et fonde le procès qui s'ouvre à Bordeaux le Modèle:Date-, où comparaissent dix membres du [[95e régiment de sécurité (Allemagne)|Modèle:95e de sécurité]], responsable du meurtre de dix-huit gardes-voies, sous les ordres du capitaine Franz Reichmann, commandant du Modèle:3e. Les trois officiers inculpés sont condamnés à quinze (Franz Reichmann, Willi Schlewski) ou dix (Jean Retzer) ans de travaux forcés ; 4 inculpés sont reconnus coupables mais libérés sous l'excuse absolutrice d'avoir agi sur ordre et trois sont acquittés. Schlewski et Retzer sont libérés le Modèle:Date- et Reichmann le Modèle:Date-Modèle:Sfn.
L’information judiciaire ouverte le Modèle:Date- sur les pendaisons de Tulle débouche notamment sur un rapport provisoire rédigé par le commissaire de police criminelle Félix Hugonnaud, qui conclut que les pendaisons furent apparemment commandées par le SS-Gruppenführer Heinz Lammerding, à l'encontre duquel trois mandats d’arrêts successifs sont décernés. Le procès (affaire contre Kahn et autres. Pendaisons de Tulle) s'ouvre à Bordeaux le Modèle:Date- et le verdict est prononcé le lendemain. Seules cinq personnes y sont accusées : quatre officiers de la division « Das Reich » - Lammerding, Aurel Kowatsch, chef d'état-major de la division, Heinrich Wulf, commandant de la section de reconnaissance, Otto Hoff, commandant de la section de pionniers qui a procédé aux pendaisons, et une employée allemande de la Manufacture d'armes de Tulle, Paula Geissler. Cette dernière n'est accusée que de n'avoir pas sauvé un ingénieur de la MAT, ce qu'elle aurait pu faire sans courir de risque personnel. Curieusement, le tribunal omet de mettre en accusation la centaine d'acteurs, les membres du commando d'exécution qui auraient pu être décelés facilement.
Lammerding et Kowatsch, ce dernier tué en Modèle:Date- à la frontière hongroise, sont condamnés à mort par contumace ; Hoff et Wulf écopent de dix ans de travaux forcés et Paula Geissler de trois ans de prison. Après un appel devant le tribunal de Marseille, la peine de Hoff est réduite, le Modèle:Date- à cinq ans absorbés par la détention déjà effectuée. Hoff est donc libéré au prononcé du jugement d'appel, comme l'avait été, la semaine précédente, Wulf, gracié par le président de la république Vincent Auriol. Après sa condamnation à mort, Lammerding fait l'objet d'une demande d'extradition du gouvernement français auprès des troupes d'occupation britanniques fin Modèle:Date- et le Haut-Commissariat britannique décerne à son tour un mandat d’arrêt à son encontre le Modèle:Date-, conformément à la loi Modèle:N° du Conseil de contrôle allié. Il n'y a aucune suite à ces demandes et Lammerding n'a jamais été inquiété par la justiceModèle:Sfn.
Jusqu’à sa mort, Lammerding a nié toute responsabilité dans le massacre de Tulle, en déclarant que l'initiative avait été prise par le SS-Sturmbannführer Kowatsch : « connaissant la hiérarchie rigoureuse et la discipline terriblement rigide qui régnaient dans le corps des SS, une telle affirmation ne mérite aucun créditModèle:Sfn. » Après avoir également nié, dans un premier temps, sa présence à Tulle, il a affirmé qu'il n'y était arrivé que tard dans l'après-midi, après les pendaisons : or l'ordre du jour de la division pour le Modèle:Date- est rédigé par Lammerding à Tulle et daté du Modèle:Date- à douze heures quinze ; cette mention « a été plus tard surchargée à la main en vingt-trois heures quinzeModèle:Sfn. » La présence de Lammerding à Tulle aux environs de midi le Modèle:Date- est également attestée par le médecin militaire de la garnison allemande, SchmidtModèle:Sfn.
Une procédure est ouverte à l'encontre de Lammerding par le « Zentralstelle in Nordrhein-Westfalen » en Modèle:Date-, procédure au cours de laquelle Lammerding est interrogé en Modèle:Date- ; le Modèle:Date- le directeur du « Zentralstelle des Landes NRW für die Bearbeitung nazionalsozialistischer Massenverbrechen » signifie l'arrêt des poursuites en se basant sur la seule version des événements de LammerdingModèle:Sfn.
Ce n'est qu'au détour d'une procédure au civil, intentée à Düsseldorf par Lammerding contre l'hebdomadaire communiste Die Tat, qui l'avait accusé dans son édition du Modèle:Date- d'avoir été condamné à mort en France pour le meurtre de nombreux otages, que la justice allemande établit, sans conséquences concrètes toutefois, la responsabilité de Lammerding dans le massacre de Tulle. Les attendus du jugement qui déboute Lammerding sont particulièrement clairs : Modèle:Citation
Une dernière tentative pour traduire Lammerding devant la justice fait suite à la publication de l'ouvrage de Jacques Delarue, Trafics et crimes sous l'occupation, en 1968. À la suite de cette parution, le député-maire socialiste de Tulle, Montalat, demande le Modèle:Date- que le gouvernement français exige de la République fédérale allemande d'introduire une procédure en Allemagne contre Lammerding et estime cette procédure d'autant plus impérieuse que le premier volume d'une apologie de la division « Das Reich » vient de paraître (sous la plume d'Otto Weidinger) en Allemagne. Comme les précédentes, cette tentative reste sans suiteModèle:Sfn. En 1971, Lammerding meurt d'un cancer généralisé à l'âge de Modèle:Nombre.
En 2008, le Sénat a adopté un projet de loi portant adaptation du droit pénal français à celui de la Cour pénale internationale<ref>Voir le dossier du Sénat Projet de loi portant adaptation du droit pénal français à la CPI.</ref>. Cette adaptation, partielle, stipule entre autres la prescription des crimes de guerre par trente ans (article 462-10).
Mémoire et commémorations
La première cérémonie à la mémoire des victimes est organisée le Modèle:Date- : elle se limite à un dépôt de gerbes au cimetière de Cueille puis au monument aux morts de la ville et aucun discours n'est prononcé ; suivie par une foule nombreuse, elle se déroule en la présence d'un bataillon de FFI, qui, « dans un ordre impeccable », rend les honneurs aux victimesModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, une messe célébrée par l'abbé Espinasse en présence de l'évêque est célébrée devant les fosses communes de Cueille, avec la participation de deux compagnies de FFIModèle:Sfn.
Lors des discours prononcés le Modèle:Date- à l'occasion de l'arrivée du nouveau préfet, si l'on rend hommage Modèle:Citation, si l'on exprime une Modèle:Citation, les combats des 7 et Modèle:Date- ne sont pas mentionnés et le massacre de Tulle est mis sur le même pied que celui d'OradourModèle:Sfn.
Lors de son voyage de deux jours dans le Limousin, le général de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire, se rend, le Modèle:Date-, à Oradour-sur-Glane, Modèle:Citation, puis à Limoges, présentée par de Gaulle comme la capitale du maquis ; par contre, il ne se rend pas à TulleModèle:Sfn. Pour Fabrice Grenard, l'accent mis sur Oradour par de Gaulle Modèle:Citation, le massacre d'Oradour étant totalement arbitraire puisqu'il n'y avait aucun maquis dans le secteurModèle:Sfn.
Une nouvelle cérémonie est organisée le Modèle:Date- à l'occasion de la fin des exhumations et de la remise des cercueils aux familles, puis le lendemain, jour de la Toussaint ; lors de son allocution, le préfet estime que la Corrèze avait été « le véritable royaume du maquis », rend hommage aux résistants tués et ajoute :Modèle:Citation. Pour Fouché et Beubatie, Modèle:Citation.
Évoquant les commémorations d'après-guerre, Fouché et Beaubatie estiment que le silence à Tulle Modèle:Citation : à de rares exceptions près, aucun discours n'est prononcé lors des cérémonies. Les mêmes auteurs soulignent l'ambiguïté de ce silence, ou plutôt de ces silences. Les familles des victimes ne peuvent s'exprimer sans accuser les responsables de la bataille des 7 et Modèle:Date-, Modèle:Citation Pour les responsables de la résistance, il est également impossible d'évoquer le massacre sans risquer de voir leur responsabilité mise en cause ; dans le chef du PCF, ce silence relève Modèle:Citation.
Un monument est inauguré le Modèle:Date- sur le site des deux fosses communes de Cueille, site choisi par les familles des victimes, les autorités locales admettant une décision qu'elles ne pouvaient pas contrarierModèle:Sfn. Édifié grâce à une souscription publique puis remis, lors de l'inauguration par le président du comité des martyrs créé immédiatement après la libération de la villeModèle:Sfn, il permet Modèle:Citation. Une urne contenant des cendres provenant des camps de concentration où périrent les habitants de Tulle déportés permet d'associer toutes les victimes de la journée du Modèle:Date- en un seul lieuModèle:Sfn. Dans son discours, Henri Queuille déclare : Modèle:Citation Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au Modèle:Date- se sont étendues sur trois jours : le Modèle:Date-, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victimes des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de CueilleModèle:Sfn.
Ces différentes manifestationsModèle:Citation Les cérémonies organisées en 2005 font exception à cette règle, le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin et le député-maire de Tulle, François Hollande y prenant la parole, ce dernier affirmant que Modèle:Citation.
Candidat à la présidence de la république, François Hollande confère lors de son premier grand discours de campagne au Bourget, un caractère national à la mémoire du massacre de TulleModèle:Note Une fois élu, il fait de sa participation aux commémorations Modèle:Citation, mais sans y prendre la parole.
Un odonyme local (Modèle:Page h'<ref>Google Maps Rue du 9-Juin-1944, Tulle, Corrèze, Nouvelle-Aquitaine, France.</ref>) rappelle aussi ces évènements.
Historiographie
Les ouvrages consacrés, en totalité ou partiellement, au massacre de Tulle sont relativement peu nombreux, notamment si on les compare à l’abondante bibliographie portant sur le massacre d'Oradour-sur-Glane.
Deux ouvrages ont été rédigés par des otages qui ont échappé au supplice, Jacques-Louis Bourdelle et Antoine Soulier. Le livre d’Antoine Soulier est « un des récits les plus exacts et les plus poignants du drame. L’auteur, instituteur, dont le fils a été pendu, a été l’un des personnages les plus actifs pour reconstituer la trame de l’événement et en retrouver les coupablesModèle:Sfn. »
Le récit du chanoine Jean Espinasse ne peut être écarté mais, « avec la distance grandissante au fur et à mesure des éditions successives, Espinasse a accentué de plus en plus l’importance sacerdotale que l’événement a présenté pour lui et ses souvenirs deviennent de plus en plus problématiques en tant que source historique. Les récits et la personnalité d'Espinasse ont le plus contribué à créer des mythesModèle:Sfn. » Le rôle que s'attribue l'abbé Espinasse dès 1946 a été remis en question de manière fondamentale par Bruno KartheuserModèle:Sfn. Si l'idée du martyr chrétien est déjà présent dans le récit initial Modèle:Incise dans la version de 1979, l'aspect religieux prend le pas sur les faits : Modèle:Citation. Espinasse va jusqu'à mentionner la conversion, avant sa pendaison, Modèle:Citation.
Il est aussi à mentionner le journal du préfet Pierre Trouillé, « destiné surtout à la justification de son mandat [émanant du gouvernement de Vichy] à TulleModèle:Sfn. » Pour Bruno Kartheuser, Modèle:Citation.
La plupart des ouvrages publiés des Modèle:Nobr aux Modèle:Nobr - colonel Rémy (1963), Georges Beau et Léopold Gaubusseau (1969/1984), Henri Amouroux (1974), Marcel Meyssignac (1978) Max Hastings (1983), Henri Demay (1993), Jean Besse (1996) - Modèle:Citation L'ouvrage de Jacques Delarue, Trafics et crimes sous l'occupation (1968), comme celui consacré à l’Histoire de la Gestapo (1962), se dégagent du lot : « ces deux livres constituent des ouvrages de référence pour plusieurs raisons : ils n’émanent pas d’un groupe local impliqué dans les événements ; ils mettent les faits investigués au centre du récit et ils parviennent à une présentation cohérente des événements dans leur contexteModèle:Sfn ».
En 1971 sort la première édition de l'ouvrage Maquis de Corrèze, rédigé par un collectif d'anciens des maquis FTP. Cette première édition n'évoque ni l'assassinat des gares-voies, ni les pendaisons, sauf par une brève allusion. Ces deux épisodes n'apparaissent que dans les quatrième (1988) et cinquième (1995) éditions. Selon Fouché et Beaubatie, cet ouvrage, même s'il n'est pas dénué d'intérêt, est avant tout destiné à justifier les décisions des FTP et du Parti communisteModèle:Sfn.
La parution de Trafics et crimes sous l'occupation suscite une vive réaction d'anciens membres de la Waffen-SS, orchestrée par Otto Weidinger, de concert avec Heinz Lammerding et Albert Stückler. Notamment via des intermédiaires allemands et français, Otto Weidinger influence fortement la rédaction de l'ouvrage de Léopold Gaubusseau. Ce dernier affirme dans une lettre à Weidinger, datée du Modèle:Date- : « en France, le communisme est libre. Sa propagande est puissante et scientifique. [...] En 1945, la propagande communiste s'est servie de Tulle et d'Oradour à son profit. Elle disait : « Das Reich », c'est le fascisme, la dévastation, la mort. » La servilité de Gaubusseau est mentionnée dans une lettre de Weidinger à Lammerding : « pour le Modèle:Dr Gaubusseau, il s'agit avant tout de réfuter de manière évidente les affirmations négatives et fausses de Delarue. [...] Il m'a demandé de vous soumettre sa demande d'organiser une rencontre commune. [...] Le Modèle:Dr est convaincu que vous n'êtes pas responsable et voudrait absolument vous connaître. » Un des intermédiaires allemands, Helmut Grützmacher, partage cette opinion en écrivant à Weidinger : Modèle:Citation.
Quant aux ouvrages allemands de Herbert Taege, Sadi Schneid et Otto Weidinger, il s’agit « de trois ouvrages négationnistes », « qui se disqualifient par la continuation de la rhétorique de justification coutumière dans les actions d’après guerre de la part des accusés et de leurs avocats » et « se distinguent par leur manière sélective de traiter les faits et la véritéModèle:Sfn ».
L’histoire du massacre de Tulle a été revisitée et approfondie par l’ouvrage en quatre volumes de Bruno Kartheuser, centré sur la personnalité de Walter Schmald. Kartheuser se base sur l'examen critique de toutes les sources françaises et allemandes (archives, publications, document judiciaires, témoignages oraux) en examinant les événements dans leur contexte et sans préoccupation patriotiqueModèle:Sfn. La parution du quatrième tome de l'ouvrage de Kartheuser, en 2008, coïncide avec celle de l'ouvrage de Fouché et Beaubatie, qui apporte un éclairage nouveau sur les événements, notamment en mettant en évidence le mauvais état de la division « Das Reich », son rôle dans la répression, qui ne relève pas du hasard, et l'impréparation de l'offensive des FTP sur Tulle<ref>Jean-Macques Marie, Nouveaux regards et vieilles questions..., in La quinzaine littéraire, Paris, septembre 2008.</ref>.
D'après Fouché et BeaubatieModèle:Sfn, l'authenticité de l'unique image utilisée pour représenter le massacre pose de sérieux doutes. Reproduite dans l'ouvrage Maquis de CorrèzeModèle:Sfn et chez KartheuserModèle:Sfn, faisant la couverture de l'ouvrage de Fabrice GrenardModèle:Sfn, présente au musée de la Résistance et de la déportation de Tulle, reprise sur les sites de France 3<ref>France 3 : Le martyre de Tulle.</ref> et France 5<ref name="FR5">France 5 : Le massacre de Tulle.</ref>, il s'agit d'un dessin comportant une scène de pendaison au premier plan, une vue en perspective d'une rue du quartier de Souilhac occupant l'essentiel de l'illustration. Après avoir analysé les contradictions concernant l'original de cette illustration, qui n'a jamais été retrouvé, les troublantes similitudes du cadre de l'image avec une photographie du site antérieure au massacre, procédé à une analyse critique, voire hyper-critique de l'illustration, ces auteurs estiment que Modèle:Citation, et vont jusqu'à en attribuer la paternité à l'un des collaborateurs des publications d'après-guerre du mouvement de résistance « Front national »Modèle:Sfn. Cette image est toutefois utilisée à de nombreuses reprises dans le documentaire d'Emmanuel Amara, Le massacre de Tulle<ref name="FR5" />.
Notes et références
Notes
Références
Sources
Bibliographie
Ouvrages
- Georges Beau, Léopold Gaubusseau, La SS en Limousin, Périgord et Quercy, Paris, Presses de la Cité, 1969
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- Modèle:ChapitreModèle:Nobr
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- Colonel Rémy (Gilbert Renault), Les Balcons de Tulle, Paris, Librairie académique Perrin, 1962 Modèle:Plume
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Articles
- Gilbert Beaubatie, "Juin 1944 : Les Pendus de Tulle", in Arkheia, revue d'histoire, Modèle:N°, Montauban, 2007, Modèle:P..
- Gilbert Beaubatie, "Le Drame de Tulle ou les protestations de la mémoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 99, 1996, Modèle:P..
- Ibid., "Le Drame de Tulle et les silences de l'Histoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 100, 1997, Modèle:P..
- Ibid., "Le Drame de Tulle : des sources pour une Histoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 102, 1999, Modèle:P..
- Ibid., "Pour mieux comprendre le Drame de Tulle", in Un siècle militant. Engagement(s), Résistance(s) et mémoire(s) au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en Limousin, Limoges, Pulim, 2005.
- Ibid., "La Division SS « Das Reich » sème la terreur en Limousin", in Cahiers Robert Margerit, tome X, 2006.
Ouvrages révisionnistes
Filmographie
- Jean Pradinas, La mémoire des vivants, produit par Revfilms avec France 3 Limousin-Poitou-Charentes, 1994
- Emmanuel Amara, Le massacre de Tulle, Modèle:Date-, produit par Sunset Presse avec France 5 et France, 2013
- Caroline Reussner, Le martyre de Tulle, 9 juin 1944, produit pat Bonne Etoile Productions, 2014
- Patrick Séraudie, Le Silence et la douleur, produit par Pyramide Production, 2014.
Articles connexes
- Maquis du Limousin
- Pierre Souletie et Lucien Ganne
- [[2e division SS Das Reich|Modèle:2e division SS « Das Reich »]]
- Massacre d'Oradour-sur-Glane
- Massacres perpétrés par les Allemands en France durant la Seconde Guerre mondiale
Liens externes
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