Ombre (psychologie analytique)

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Modèle:Voir homonymes L'ombre est une partie de la psyché formée de la part individuelle qui ne se connaît pas elle-même, et dont l’existence même est souvent ignorée. C'est l'un des principaux archétypes décrits par Carl Gustav Jung dans le cadre de sa psychologie analytique.

Les dissemblances de cette part d'ombre et de la conscience sont sources d'antagonisme, à l'origine de nombreux conflits psychiques, parfois source du caractère et de l'humeur :

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Figuré dans de nombreuses cultures et mythes sous la forme du personnage maléfique, patibulaire mais néanmoins ayant statut de double du héros, représentant le moi, l'ombre se retrouve également dans les rêves, et dans les projections psychiques liées par exemple à la peur de l'autre.

Définition en psychologie analytique

Le psychiatre suisse Carl Gustav Jung définit l'ombre de la manière suivante : Modèle:Citation bloc

La difficulté pour accéder à la compréhension de ce concept et à la réalité psychique qui lui correspond est double. En effet, une part importante de personnes sont dans l’« impossibilité d’envisager qu’ils ont une vie intérieure en eux-mêmes » et, d’autre part, même si elles sont ouvertes à cette réalité, « la nature même de ce qu’est l’ombre, puisqu’elle est ‘en la résumant’, la projection de nos défauts sur les autres, est difficilement accessible ». Car, tout simplement, nos défauts comme nos erreurs ne sont pas faciles à accepter. L'archétype de l'ombre est donc celui le plus attaché à la résistance ; son refus d'existence chez le sujet vient du fait que le Moi, qui est un complexe à part, refoule son image même, à travers des projections, par exemple. Bon nombre de personnes ne croient pas que l'inconscient existe ou qu'ils possèdent une vie intérieure. On dit alors qu'ils sont en résistance ; cette résistance à eux-mêmes se manifeste aussi dans les prises de position anti-analytiques ou anti-psychologiques de certains : c'est ce que l'on nomme le misonéisme.

Archétype particulier

Modèle:Article détaillé

Fonction individuelle

Modèle:Citation Il s'agit d'une image primordiale qui conditionne notre comportement. En tant qu'archétype, l'ombre est une dynamique psychique inconsciente et autonome à l'origine de mouvements toujours opposés au Moi ; Jung nomme ce fonctionnement la compensation : un complexe inconscient a pour fonction de compenser une attitude consciente trop unilatérale. Cependant sa rencontre est marquante pour le Moi, d'autant plus saisissante et fondamentale que le complexe est autonome, c'est-à-dire refoulé depuis des années : Modèle:Citation bloc

En tant qu'image, dans les rêves et les fantasmes l'ombre apparait souvent sous la forme d'un personnage du même sexe, opposé au rêveur par nombre de ses caractères, entrainant souvent une réaction affective de rejet de la part du rêveur. La part d'ombre qui est en nous-mêmes est difficilement accessible. On peut même affirmer que la majorité des gens ignore l'existence qu'elle a en eux-mêmes, le rôle et même l'influence qu'elle a. C'est pourquoi on peut dire que l'ombre a un immense pouvoir ressenti comme négatif sur eux ; comme tout archétype l'ombre possède une charge émotionnelle qui peut influencer le Moi, via des complexes psychiques et que Jung appelle le numineux : Modèle:Citation bloc.

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Modèle:Citation (Elie G. Humbert).

La rencontre avec l'ombre peut se réaliser souvent lors d'une approche clinique (d'inspiration analytique), lors d'un choc important qui nous fait reconsidérer l'importance de nos choix de vie, mais aussi lors de violences (verbales ou physiques) intra-personnelles. Néanmoins, son intégration à la conscience est l'une des phases les plus importantes, mais aussi les plus critiques, du processus d'individuation.

Production culturelle

Au niveau individuel, l'ombre, comme d'autres archétypes (l'anima surtout) a une fonction compensatrice ; au niveau collectif, il s'agit de catégorisations héritées par les générations précédentes et ayant alimenté l'inconscient collectif, autre concept central en psychologie analytique.

Potentialités du sujet

L'ombre est cette part de nous-mêmes que nous nous refusons, a priori de voir, en nous-mêmes. Elle peut être pour celui qui s'y intéresse une source importante de développement personnel. Elle est issue du résultat d'un ensemble de possibles qui étaient offerts au sujet: Modèle:Citation bloc

Prendre conscience que tous nos « ennemis », qui ne sont pour la plupart que des points de vue intellectuels que l'on donne sur ce que nous sommes (même si ce n'est que potentiellement), mobilise énormément le système psychique pour « rien » et surtout « le disperse ». La réalisation de cela, c'est-à-dire en premier une compréhension et la réalisation d'une perte énorme (perte de temps et d'énergie que nous avons eue) et surtout que nous avons (tant que nous n'arrivons pas à nous recentrer sur nous-mêmes, et lâcher notre « pseudo-guerre »), et nos pseudos ennemis, pour aller de l'avant. En cela la réalisation de cet état puis sa conscientisation et sa mentalisation libératrice (si elle est faite seule) est dangereuse : Modèle:Citation bloc

Instance psychique autonome

Cette potentialité finit par constituer presque un double, un frère jumeau (ou une sœur jumelle) intérieur opposé comme dans un miroir; psychiquement les attitudes, pulsions et complexes refoulés et inconnus deviennent autonomes : Modèle:Citation étrangère bloc

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Méphistophélès, éternel antagoniste de Faust.

Autrement dit, au cours de la culture et des civilisations, la conscience collective en fait un personnage porteur d'un sens psychique, et que Jung nomme archétype. Le personnage antagoniste mais dual se retrouve à travers de nombreux motifs mythiques (Hadès, Seth), religieux (le Diable, Baphomet, Méphistophélès), littéraires (Vautrin chez Honoré de Balzac à titre d'exemple) et même populaires (Dark Vador). Cependant, en dépit de tous ces motifs, l'archétype porte avant tout une émotion, qu'il exprime au travers d'une symbologie propre. L'ombre est ainsi, avant tout, Modèle:Citation

Jung a aussi parlé de Modèle:Citation, en tant que mal absolu<ref>Voir notamment Réponse à Job.</ref>. Il prend ici parti dans le débat moral sur l'origine et la nature du Mal, à savoir est-il l'expression d'un manque du bien (ce que les théologiens catholiques nomment la Modèle:Citation), ou a-t-il une existence Modèle:Citation, a priori ? La réponse de Jung dans ce débat est sans ambiguïté : le mal doit être considéré comme ayant une existence en soi. Si l'archétype du Soi représente le Bien, Dieu, alors le Mal est symbolisé par son ombre.

Projections de l'ombre

L'ombre se caractérise par le mécanisme psychique de la projection : le moi, pour refouler son existence, dérangeante pour lui-même, va projeter, c'est-à-dire identifier les qualités d'ombre à des objets psychiques extérieurs (souvent des personnes). Une autre personne, parce qu’elle est différente (un homme, une femme, quelqu'un dont les idées, l'apparence, les comportements, le positionnement général face à la vie, etc., diffèrent des nôtres) devient ainsi le réceptacle des qualités de notre ombre, et, par là même, se tisse tout un environnement social fait d'ennemis personnels : Modèle:Citation bloc

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L'ombre est une partie psychique personnelle, mais aussi extra-personnelle, lorsqu'elle est projetée. Les démons et diables personnifient ainsi ces complexes personnels, déstabilisant le Moi.

Sous couvert d’idéologie, ce rejet de soi par un discours méprisant sur les autres, peut même couvrir des catégories de personnes : différents types, situation sociale, niveau d’études, état de santé (physique ou mentale), ou états d’être à l'origine des préjugés, stéréotypes et autres a priori sociaux. Psychiquement, l'ombre ainsi projetée pose deux problèmes fondamentaux au sujet, sur le chemin de la connaissance de soi : d'une part, nous pensons nous libérer de notre ombre en agissant ainsi (c'est la fonction psychique de la projection) et d'autre part, cet état de fait nous empêche d'accéder à nous-même en acceptant ces parties intimes si peu « aimables », parce que contraires à l'attitude dominante du Moi.

Par ailleurs, le fonctionnement de nos relations - amoureuses ou de couple, de travail, familiales - peut parfois être révélateur de la part d'ombre que nous portons en nous. La désignation de Modèle:Citation, de Modèle:Citation ou de Modèle:Citation est caractéristique d'une part d'ombre projetée sur un individu considéré comme ayant les qualités d'ombre. Historiquement, les superstitions ayant trait aux sorcières par exemple, mais d'une certaine manière plus contemporaines, les sexismes, les racismes véhiculent encore des projections de la part d'ombre, dont la fonction n'est alors plus personnelle, mais collective : Modèle:Citation<ref name="a"/>.

Autres exemples

  • Planète interdite (Forbidden Planet) est un film américain de science-fiction réalisé par Fred McLeod Wilcox et sorti sur les écrans en 1956. Planète interdite est l'un des premiers films de science-fiction ayant bénéficié de la couleur et du format cinémascope. Avec 2001, l'Odyssée de l'espace, il est également l'un des deux films de science-fiction qui ont durablement marqué le genre et leur époque. Le scénario est inspiré de La Tempête de William Shakespeare dont il constitue une transposition dans le genre du space opera. La part d'ombre est incarnée par le monstre invisible issu des pulsions destructrices du subconscient du professeur Morbius. Cette utilisation de la part d'ombre dans cette œuvre n'est pas sans faire allusion aux travaux de Carl Gustav Jung<ref>Au sujet de Planète interdite un critique dira même : Modèle:Citation, Philippe Rocher, dans son analyse du film sur Critikat.com, 26 septembre 2006.</ref>.
  • L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde : Le docteur Jekyll, un philanthrope obsédé par sa double personnalité, met au point une potion pour détruire son mauvais côté, mais c'est ce côté là qui, nuit après nuit, finalement prendra le dessus et le transformera en monstrueux Mister Hyde<ref name=":0">Patrick Menneteau, Pourquoi l'étrange psyché de Dr Jekyll and Mr Hyde ?, Écosse Littérature et Civilisation 9, université de Grenoble III, 1990, Modèle:Pp.53-63.</ref>.
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Le type littéraire de L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de l'écrivain Stevenson illustre cette nature duale chez l'homme.
  • Dans le jeu Shin Megami Tensei: Persona 4 Lorsqu'un individu est jeté dans le monde de la télévision, il rencontre sa part d'ombre auquel il doit faire face. Si l'individu refuse d'admettre ce que son ombre lui révèle sur sa vraie nature, l'ombre gagne en force et se transforme en monstre à combattre.
  • La bête dans le film La Belle et la Bête réalisé par Jean Cocteau est une personnification de la part d'ombre, perçue comme inesthétique et bestiale par le moi, civilisé<ref>Voir Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Pocket, Modèle:ISBN. La Bête (du conte la Belle et la Bête) représentait le sexe bestial, et la Belle, une fois qu'elle s'est détachée de son père pour aimer un autre homme, apprend à reconnaître l'amour dans l'acte sexuel, représenté cette fois-ci par la bête qui devient prince.</ref>.
  • Le miroir magique : le miroir magique dans Blanche Neige, qui révèle la part « maléfique » mais vraie de la reine mais aussi à Blanche Neige qu'elle est porteuse « potentiellement » de cette cruauté<ref>Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Pocket, Modèle:ISBN explique ainsi: Modèle:Début citation Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts.Modèle:Fin citation.</ref>.
  • Modèle:Inédit
  • Star Trek : La Nouvelle Génération : saison 1 (1987 et 1988). Dans l'épisode L'Essence du mal (Skin of Evil) (1-23), la figure de l'ombre dont nous sommes porteurs est clairement personnifiée<ref>Woods L. A. ; Harmon G., Jung and Star Trek: the coincidentia oppositorum and images of the shadow, in Journal of popular culture, Modèle:ISSN, 1994, vol. 28, n° 2, Modèle:Pp.169-184 (source: CAT.INIST)</ref>.
  • Modèle:Inédit
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Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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