Robert Paxton
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité des sciences humaines et sociales
Robert Owen Paxton Modèle:MSAPI<ref>Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.</ref>, né le Modèle:Date de naissance- à Lexington (Virginie), est un historien américain. Spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, il a notamment conduit des recherches importantes sur la France de Vichy.
Biographie
Né le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> dans une famille bourgeoise de Lexington (Virginie), petite ville où se trouve l'institut militaire de l'État, Robert Owen Paxton visite Paris pour la première fois en 1950, à l'occasion d'un voyage familialModèle:Sfn. Il étudie ensuite l'histoire à la Washington and Lee University puis à Oxford et à HarvardModèle:Sfn.
Il s'installe à Paris en 1960 pour faire sa thèse sur la formation des officiers français, mais oriente finalement son travail de thèse sur l'étude de l'Armée de l'armisticeModèle:Sfn. De décembre 1960 à août 1961, il a des entretiens avec plusieurs de ses responsables, dont les généraux Maxime Weygand, Touzet du Vigier, Georges Revers, Henri Zeller.
En consultant les archives allemandes, il constate que celles-ci divergent de l’Histoire de Vichy publiée en 1954 par Robert AronModèle:Sfn qui le reçoit à l'époque, lui remet ses documents et lui permet de rencontrer Henri Noguères, afin qu'il puisse consulter les archives de son père, Louis Noguères, ancien président de la Haute Cour de justiceModèle:Sfn. Robert Aron avait presque exclusivement travaillé à partir de documents de la Haute Cour de justice, sans tenir compte de ce que les accusés cherchaient avant tout à se défendre, et les procureurs à démontrer que tel article du Code pénal avait été violé, le souci de la vérité historique n'y gagnant guère.
En 1966, Paxton publie sa thèse Parades and Politics at Vichy. The French Officer Corps under Maréchal Pétain (Princeton University Press) et devient professeur à l'université de Columbia, à New York. Ce livre passe inaperçu en France ; il ne sera traduit qu'en 2003 et publié sous le titre L'Armée de Vichy.
En 1972, il publie le livre qui le rendra célèbre : Vichy France: Old Guard and New Order, traduit en français en 1973 sous le titre La France de Vichy. Les thèses développées dans ce livre sont notamment étayées par les archives allemandes saisies par les autorités américaines. Il met alors en avant au travers de cet ouvrage la participation du gouvernement français à la déportation des Juifs.
Il reprend également les travaux de l'historien allemand Eberhard Jäckel sur la politique hitlérienne à l'égard de la France (Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, paru en 1966 ; traduit en français en 1968 sous le titre : La France dans l'Europe de HitlerModèle:Sfn).
Tout en restant professeur à Columbia, Paxton a écrit ensuite une série d'ouvrages sur la France pendant les périodes de la Seconde Guerre mondiale et de l'entre-deux-guerres. Il est membre du conseil scientifique de l'Institut François-Mitterrand.
La « révolution paxtonienne »
La traduction en 1973 de son ouvrage La France de Vichy marque une rupture, souvent considérée comme décisive dans l'historiographie de la France sous l'Occupation. Dans sa préface, Stanley Hoffmann soutient que Modèle:Citation : il n'y a pas eu double jeu de la part de Vichy, et le régime n'a pas joué l'effet de « bouclier » en épargnant certaines souffrances aux Français.
Plus tard, les historiens Henry Rousso et Jean-Pierre Azéma opposeront Paxton à Robert Aron dont l'ouvrage l’Histoire de VichyModèle:Sfn a connu un succès certain entre sa parution et la fin des années 1970. Selon RoussoModèle:Sfn et AzémaModèle:Sfn, Aron aurait défendu l'idée que Pétain, le « bouclier des Français »Modèle:Sfn, aurait su jouer double jeu avec Hitler. Ces historiens mettent notamment l'accent sur une petite partie de la conclusion de Robert Aron : Modèle:Citation bloc
Paxton bouleverse la lecture de l'histoire du régime de Vichy en affirmant que le gouvernement de Vichy a non seulement collaboré en devançant les ordres allemands : il a aussi voulu s'associer à l'« ordre nouveau » des nazis avec son projet de Révolution nationale.
Selon Henry Rousso : Modèle:Début citation[…] La France de Vichy a proposé tout d'abord une interprétation globale du régime, de son idéologie et de son action concrète, qui a mis en lumière la profonde cohérence du projet vichyste. Celle-ci s'articule autour de l'idée centrale selon laquelle les élites dirigeantes du régime ont eu une assez claire conscience du lien qui existait entre les choix de « politique extérieure » et de politique intérieure, entre la collaboration d'État Modèle:Incise, qui croyait redonner à la France une part de souveraineté perdue dans la défaite, et la Révolution nationale, une idéologie et une pratique qui visaient à la constitution d'un régime en rupture avec l'héritage républicain. Modèle:Fin citation
En s'appuyant sur les archives américaines et allemandes, l'entreprise de Paxton vise à démolir l'idée d'un Vichy jouant double-jeu et tentant de sauver tout ce qui pouvait l'être. Au contraire, Pétain, Laval et Darlan ont toujours recherché la collaboration avec l'Allemagne nazie, et multiplié les signes et les gages de leur bonne volonté à s'entendre avec le vainqueur, allant souvent spontanément au-devant des exigences allemandes.
Loin d'avoir protégé les Français, le concours de Vichy a permis aux Allemands de réaliser plus facilement tous leurs projets Modèle:Incise. Avec leur peu de troupes, de policiers et de fonctionnaires, jamais les Allemands n'auraient pu gérer un pays développé aussi vaste sans le concours actif du gouvernement, de l'administration et de la police.
Quant au supposé double jeu de Vichy, toujours selon Paxton, il n'a jamais existé. Les rares contacts officieux et sans suite avec Londres, fin 1940, démesurément gonflés et surinterprétés après la guerre par les partisans de Vichy, ne pèsent rien au regard de la réalité de la Collaboration, indéfectiblement poursuivie jusqu'à l'été 1944 inclus.
Paxton a également remis en lumière le programme de « Révolution nationale » appliqué par Vichy. L'État français n'est pas qu'un accident de l'histoire, une parenthèse ou une pure antenne de l'occupant. Il puise dans diverses traditions françaises de longue durée et doit beaucoup aux divisions franco-françaises des années 1930. Son programme mêlant projets réactionnaires et modernisateurs ne manque nullement de cohérence, et il est parfaitement autonome. Les Allemands n'ont en rien imposé la fondation de ce nouveau régime, et les statuts des Juifs par exemple furent des initiatives françaises prises sans la moindre pression de l'occupant.
Paxton montre enfin que Révolution nationale et Collaboration sont les deux faces de la même médaille : pour appliquer la première, Vichy a besoin de l'entente avec un Reich victorieux. Il ne perçoit pas la dimension planétaire du conflit, croit la guerre finie avec la défaite de la France, et de toute façon, une victoire alliée ne ferait que ramener les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les républicains.
Dans les trente années qui ont suivi la parution de La France de Vichy, de nombreux historiens comme Rousso ou Azéma se revendiquent comme héritiers de Paxton<ref>Voir par exemple Henry Rousso dans l'hebdomadaire Marianne Modèle:N°, Modèle:Date-.</ref>, en apportant des approfondissements variés et diverses nuances. D'autant que Paxton a prolongé en 1981 l'analyse dans une étude plus spécialisée sur l'antisémitisme du régime de Vichy : Vichy et les Juifs.
Lors de la réédition du premier des deux livres, en 1997, Robert Paxton revient sur une de ses motivations lors de la rédaction de l'ouvrage : Modèle:Citation bloc
Opposition aux thèses de Paxton
Vichy et les Juifs
Les thèses de Paxton ont été fortement contestées en ce qu'elles sont schématiques et manquent de nuances, tant dans l'évaluation des conséquences de l'action du gouvernement de Laval, que dans l'appréciation du comportement de l'ensemble de la population française vis-à-vis des Juifs entre 1940 et 1945.
Quant à l'action du gouvernement de Laval, l'historiographie antérieure à Paxton, notamment juive (Léon Poliakov, Robert Aron, Raul Hilberg), n'avait pas manqué d'observer que le refus par Laval de livrer aux Nazis en 1942 les Juifs de nationalité française avait singulièrement amoindri l'impact de la Shoah en France, comparé à ce qui s'est passé dans d'autres pays occupés par les troupes allemandes, notamment aux Pays-Bas. La position de Laval était nationaliste et légaliste, et ne s'opposait pas à l'antisémitisme de Pétain ni à ses lois sur le statut des Juifs ; néanmoins elle a eu des effets positifs pour les nationaux français de confession ou d'origine juive.
Serge Klarsfeld dénonce des Modèle:Citation. Il souligne que Paxton fait à tort porter à Laval une responsabilité qui appartient à Bousquet et illustre ce fait par des citations relatives aux négociations entre Carl Oberg et Laval<ref>Vichy-Auschwitz, Fayard, 1983, Modèle:Tome, Modèle:P.. – Voir aussi l'article de Jean-Marc Berlière, « Zemmour/Klarsfeld/Paxton au(x) risque(s) de l’Histoire ? », janvier 2015 Modèle:Pdf.</ref>.
Le livre paru en 2012 d'Alain Michel (lui-même rabbin et historien à Yad Vashem), Vichy et la ShoahModèle:Sfn, présente une différence de traitement entre Juifs étrangers et Juifs français<ref name="hero">André Larané, « Vichy face à la Solution finale », sur Herodote.net, 19 mars 2012 (mis à jour le 18 mai 2016).</ref>, ce qui eut pour effet qu'en France, 88 % des Juifs de nationalité française ont échappé à la déportation, contre 60 % des Juifs étrangers<ref name="dz88">Alain Michel interviewé par Jean-Patrick Grumberg, « L’historien qui a inspiré Zemmour, affirme : « Si on peut montrer que Vichy est le mal absolu, ça permet de combattre l’extrême droite », 2 juillet 2016.</ref>. Son analyse va dans le sens des thèses de Poliakov<ref>Par exemple dans Le Bréviaire de la haine : Modèle:Citation » (Modèle:P.). — Modèle:Citation (Modèle:P.). – Modèle:Citation (Modèle:P.). – Modèle:Citation (Modèle:P.).</ref> et Hilberg sur l’ambivalence de Vichy<ref name="hero"/>, mais il pense qu'elle se heurte à une tendance des médias à maintenir les schémas de Paxton, voire, selon lui, à Modèle:Citation<ref name="dz88"/>.
Ces critiques sont compatibles avec ce qu'écrit Paxton lui-même, dans l’« Avant-propos à la seconde édition » de La France de VichyModèle:Sfn. Il reconnaît avoir été « Modèle:Citation et reconnaît avoir recouru Modèle:Citation, avoir prononcé des jugements qui Modèle:Citation, influencés Modèle:Citation.
Quant à l'antisémitisme de l'ensemble de la population française, Serge KlarsfeldModèle:Sfn,Modèle:Sfn fut le premier à s'inscrire en faux contre l'insistance de Paxton sur le soutien de la population à la législation antisémite. Depuis, note Renée Poznanski, la description d'une société impliquée dans son ensemble continue d'être contestéeModèle:Sfn.
Dans cette lignée nous avons Simone Veil qui en 2017 suit Aron, Poliakov, Hildberg, Klarsfeld et Poznanski. Elle affirme que le distinguo de Laval entre Juifs français et Juifs étrangers « a compliqué la tâche des Allemands ». Elle souligne également l'importance du rôle des « justes » qui cachèrent des Juifs, risquant eux-mêmes leur vie ou leur liberté<ref>Simone Veil, Une vie, Paris, 2017.</ref>.
La radicalité des thèses de Paxton est également battue en brèche dans l’ouvrage, Histoire d’une falsification, paru en janvier 2023, en collaboration avec Emmanuel de Chambost et René Fiévet, dans lequel Jean Marc Berlière , précise notamment :
« Le gouvernement de Vichy ne cessera de vouloir se débarrasser de « ces indésirables » (les juifs étrangers). Ainsi que le montre très bien Alain Michel, cette politique se traduira notamment par des tentatives de ré-immigration dans d’autres pays, en particulier les Etats-Unis » (qui refuseront malgré la prise en charge des frais de transport par Vichy)
« Et de façon très résumée, on peut écrire l’histoire des rafles et déportations de 1942 de la façon suivante. Contrairement à ce que pourrait laisser croire la politique d’antisémitisme d’Etat qu’il avait initié en octobre 1940, le gouvernement de Vichy s’est montré réticent, et a même marqué son opposition à l’égard des demandes subséquentes des Allemands concernant les juifs. Même si ces tentatives de résistance ne furent pas toutes ni toujours efficaces, elles furent réelles et constituèrent, comme on le verra, une gêne incontestable pour les SS du service IVJ du SD, chargé en France des déportations. »
La Résistance
Dans sa biographie de Pétain, l'historien Marc Ferro est critique vis-à-vis de la position de Paxton concernant la RésistanceModèle:Sfn. Il considère en effet qu'il fait Modèle:CitationModèle:Sfn, son analyse se basant sur des chiffres tirés des archivesModèle:Sfn et interprétés sans tenir compte du contexte.
Selon Paxton, cité par FerroModèle:Sfn : Modèle:Citation
Et Ferro de faire remarquer : Modèle:CitationModèle:Sfn, cela expliquant, d'après lui, l'attentisme des Français et même une certaine hostilité aux résistants : Modèle:CitationModèle:Sfn.
La critique faite à l'auteur de La France de Vichy, sur cette question, est qu'en voulant démontrer la volonté de collaborer de Pétain, en s'appuyant sur les archives allemandesModèle:Sfn : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Ferro juge également que le parallèle fait par Paxton avec la Pologne n'est pas non plus pertinentModèle:Sfn. À la supposition de Paxton que, si, comme la Pologne, la France avait Modèle:Citation, elle aurait été traitée différemment (les Français n'auraient pas été traités en Untermenschen [sous-hommes] comme les Slaves) il oppose les massacres d'Ascq, des Glières, d'Oradour-sur-Glane ou de TulleModèle:Sfn. Pour Ferro les différences de réactions des deux pays résident dans les traditions historiques propres à la Pologne (elle fut de tous temps l'objet d'agressions de ses voisins)Modèle:Sfn alors que la France n'avait pas connu, avant 1940, un tel désastreModèle:Sfn.
Les troupes d'occupation en France
Dans une conférence donnée à Lyon en octobre 2006, l'historien Pierre Laborie avance que certains historiens, et il cite nommément Paxton, ont été amenés à Modèle:Citation. Et il affirme que l'argumentation de Paxton repose parfois sur des erreurs grossièresModèle:Sfn,Modèle:Sfn : Modèle:Citation bloc
Œuvres
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- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne.
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- 6 juin 44, avec Jean-Pierre Azéma et Philippe Burrin, éd. Perrin/Mémorial de Caen, 2004, 200Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Europe in the Twentieth Century, avec Julie Hessler, Paperback, 2011.
Distinctions
- Modèle:Déco (2009)<ref>Olivier Schmitt, « Elles et ils », dans Le Monde, Modèle:Date-.</ref>
- Modèle:Déco (1997)<ref>« Robert Paxton, historien de la France de Vichy », extrait du journal télévisé de 20 heures, France 2, Modèle:Date-, reproduit dans Jalons pour l'histoire du temps présent, sur le site de l'INA.</ref>
- Modèle:Déco (1996)<ref>Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.</ref>
- [[doctorat honoris causa|Docteur Modèle:Lang]] de l'université de Caen (1994)<ref>Arrêté du Modèle:Date- conférant le titre de docteur Modèle:Lang, JORF Modèle:N° du Modèle:Date-, Modèle:P., NOR RESR9400664A, sur Légifrance.</ref>
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages sur Paxton
Autres ouvrages historiques
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Liens externes
- Biographie de Robert O Paxton, sur BiblioMonde
- Bernard Frederick et Élisabeth Fleury, « Robert Paxton donne une accablante leçon d’histoire », dans L'Humanité, Modèle:1er novembre 1997 (compte rendu du témoignage de Robert Paxton au procès Papon)
- Biographie de Robert O Paxton, sur le site d'Histoire, qui cite Ruth Zylberman, « Robert Paxton, un Américain tranquille à Vichy », dans L'Histoire, no 203, octobre 1996 et Henry Rousso, Vichy. L'événement, la mémoire, l'histoire, Gallimard, 2001
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