Scandale des décorations de 1887
Le scandale des décorations de 1887, aussi appelé l'affaire des décorations par la presse de l'époque, est un scandale politico-financier français de trafic de décorations, qui éclabousse le président de la République, Jules Grévy, et le contraint à la démission le Modèle:Date-. Il ne faut pas confondre cette affaire avec celle du trafic des décorations de 1926 impliquant un fonctionnaire, Marcel Ruotte.
Les faits
Fin Modèle:Date-, Henriette Boissier, retirée depuis peu de la prostitution active en maison close, entre dans un commissariat parisien. Nourrissant un profond ressentiment à l'encontre des deux mères maquerelles (la dame Limouzin et la dame Ratazzi) sous la houlette desquelles elle a travaillé, elle se venge et raconte à la police que, dans les lupanars de ces tenancières, le commerce de charmes couvre en fait bien d'autres trafics. Convoquées par la police, les deux maquerelles doivent révéler à la brigade des mœurs, sous peine de fermeture de leurs établissements et d'emprisonnement, la nature de ces trafics. Elles reconnaissent ainsi que, dans le secret de leurs boudoirs, des personnalités négocient à prix d'or des honneurs. Le Modèle:Date, le préfet de police, agissant en vertu de l'article 10 du Code d'instruction criminelle, ouvre une enquête. Celle-ci progresse rapidement et met en cause le général Caffarel accusé de monnayer des décorations militaires et de favoriser des concurrents dans l'attribution de marchés militaires. Convoqué par le préfet de police, Caffarel avoue. Le ministre de la Guerre, Théophile Ferron, qui a remplacé le populaire général Boulanger, préfère étouffer l'affaire en plaçant le général à la retraite anticipée, sans poursuites judiciaires<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le scandale éclate le Modèle:Date- lorsque [[Le XIXe siècle (journal)|Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]] (journal proche du boulangisme, et donc hostile à Ferron), sous la plume de Portalis, son directeur, révèle l'existence d'un trafic de décorations, sous le titre « La Légion d'honneur à l'encan ». Ce scandale, que la presse baptise « l'affaire des décorations », devient une affaire politique lorsque l'enquête révèle que le trafic de décorations est orchestré, depuis l'Élysée, par Daniel Wilson, député d'Indre-et-Loire et gendre du président de la République, Jules Grévy. Wilson a en effet utilisé son influence pour négocier des participations d'hommes d'affaires dans ses entreprises en échange de l'obtention de décorations. Il a revendu depuis un bureau de l'Élysée des milliers de décorations Modèle:Incise pour verser des subventions à des journaux de province<ref name="Toesca">Modèle:Ouvrage.</ref>. Parmi ses complices, on compte le général Caffarel, le général comte d'Andlau, sénateur de l'Oise, et les deux maquerelles qui ont fait les révélations à la brigade des mœurs. L'instruction, confiée à un juge réputé intègre, M. Atthalin, met également en cause des intermédiaires et rabatteurs louches des deux sexes, qui se retranchent derrière les deux personnages influents du trafic, le général d'Andlau et Daniel Wilson<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Conséquences
La rue, les journalistes, la classe politique, mais surtout Georges Clemenceau et Jules Ferry, utilisent cette affaire pour s'acharner sur le président Jules Grévy et le poussent à la démission le Modèle:Date- après un vote du Parlement<ref>Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la Troisième République, 1871-1898, Seuil, 1973, p. 171.</ref>. Sadi Carnot lui succède, obtenant une majorité de suffrages notamment parce qu'en tant que ministre des Finances, il a refusé des recommandations de Wilson<ref>Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la Troisième République, 1871-1898, Seuil, 1973, p. 172.</ref>. Après avoir vainement tenté de préserver Jules Grévy, le président du Conseil, Maurice Rouvier, remet sa démission à Sadi Carnot.
Le procès en correctionnelle commence le Modèle:Date-, et se termine le Modèle:Date-, par la condamnation pour escroquerie de Madame Limouzin à six mois de prison, de Caffarel à Modèle:Monnaie d'amende et Wilson à deux ans de prison, Modèle:Unité d'amende et cinq ans de privation de ses droits civiques. Ce dernier, dont l'immunité parlementaire a été levée, fait appel un mois plus tard et est acquitté, les juges considérant que le délit d'escroquerie n'est pas constitué puisqu'il a utilisé son influence pour faire obtenir de vraies décorations. En Modèle:Date-, Wilson rejoint les bancs des députés à la Chambre, indifférent aux quolibets et à l'opprobre de ses collègues, et est réélu en 1893 et en 1898<ref name="Toesca" />.
Le constat de l'absence de loi interdisant ce type de trafic entraîne la création d'une incrimination spécifique permettant de le réprimer : le trafic d'influence<ref>Geneviève Giudicelli-Delage, Droit pénal des affaires (Modèle:6e), Dalloz, 2006.</ref>.
Dans la culture populaire
L'affaire ayant profondément choqué l'opinion publique, elle a donné lieu à des jeux d'esprit, des chansons et des caricatures.
Un calembour, de ceux que l'on a pu lire dans les journaux de l'époque : Modèle:Citation Alfred Capus
Ferblanterie de Caran d'Ache
Le caricaturiste Caran d'Ache en a tiré une série de dessins satiriques, publiés par L'Assiette au beurre le Modèle:Date- sous le titre de Ferblanterie, c'est-à-dire du commerce d'objets en fer-blanc (sans valeur).
Ah ! Quel malheur d'avoir un gendre
Une chanson satirique, écrite par Émile Carré au moment du scandale, multiplie les jeux de mots pour nommer les protagonistes de l'affaire<ref>France Vermillat et Pierre Barbier, CD Histoire de France par les chansons.</ref>,<ref>Christophe Prochasson et Olivier Wieviorka, La France du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Documents d'histoire.</ref>. En voici les paroles :