Sonate pour piano no 14 de Beethoven
Modèle:Titre mis en forme Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Musique classique (œuvre) La Sonate Modèle:N°14 en do dièse mineur, opus 27 Modèle:N°2 de Ludwig van Beethoven, surnommée « Sonate au Clair de lune », pour piano seul, en 3 mouvements, fut composée en 1801<ref name="Bary Cooper">Modèle:Ouvrage</ref> et publiée en 1802<ref name="Bary Cooper" /> avec une dédicace à la comtesse Giulietta Guicciardi<ref name="Bary Cooper" />, son élève de piano de dix-sept ans dont le musicien semble avoir été amoureux. Comme sa jumelle la [[Sonate pour piano nº 13 de Beethoven|Sonate Modèle:Nº13]], Beethoven l'intitula Sonata quasi una Fantasia per il Clavicembalo o Piano-Forte, mais pas tant pour traduire sa volonté de s'affranchir des structures formelles de la sonate classique, que pour le sentiment d'improvisation que suscite le célèbre premier mouvement<ref name=":0">Guide de la musique de piano et de clavecin, Fayard, 1987, Modèle:P..</ref>, précurseur de la musique romantique du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
Histoire
La sonate fut composée entre les Première et Deuxième Symphonies, dans la période de crise morale que traversait Beethoven qui prenait conscience de sa surdité débutante. Son succès fut considérable aussi bien auprès des critiques (qui parlèrent de « fantaisie d'une unité parfaite, inspirée par un sentiment nu, profond et intime, taillé d'un seul bloc de marbre »<ref>Source : un critique de l’Allgemeine musikalische Zeitung, dans Jean et Brigitte Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, Modèle:P.</ref>) que du public. Des années plus tard, alors qu'il composait des œuvres plus audacieuses encore, Beethoven s'irrita du succès de cette sonate qu'il estimait moins bonne que d'autres. La comparant à la [[Sonate pour piano nº 24 de Beethoven|Sonate pour piano Modèle:N°24]] en fa dièse majeur qu'il venait d'achever, il déclara ainsi vers 1810 à son ami Czerny : Modèle:Citation
L'appellation « Clair de lune »
Appelée « Sonate de la tonnelle » du vivant de Beethoven<ref>Modèle:Lien web</ref>, le surnom « Clair de lune », sous lequel elle est largement connue aujourd'hui, lui fut donné par le poète allemand Ludwig Rellstab en 1832, soit cinq ans après la mort de Beethoven. Rellstab voyait dans le premier mouvement de cette sonate l'évocation d'une « barque au clair de lune sur le Lac des Quatre-Cantons »<ref>J. et B. Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, Modèle:P..</ref>.
La réalité est toutefois différente puisque le premier mouvement décrit une marche funèbre et que la sonate fut cataloguée comme musique de deuil ; son jeu par Beethoven évoquait, d'après ses assistants, des fantômes traînant leurs chaînes dans un château. Ces erreurs d'appréciation sont en grande partie dues à un jeu biaisé de la plupart des interprètes dans le but de répondre aux goûts du public.
Comme une improvisation
Selon le musicologue Jean Chantavoine, la dénomination quasi una fantasia traduit l'idée d'une improvisation (le mot fantasieren signifie imaginer, improviser)<ref>J.-G. Prod'homme, Les Sonates pour piano de Beethoven, Delagrave, 1944, Modèle:P.</ref>.
Le violoniste Modèle:Lien aurait reçu comme confidence de Beethoven que le premier mouvement de la sonate fut improvisé auprès du cadavre d'un ami. Mais de quel ami s'agirait-il<ref name=":0" /> ?
Structure
La sonate comprend trois mouvements et son exécution dure un peu moins de quinze minutes :
- Adagio sostenuto, en ut dièse mineur, à Modèle:Musique, 69 mesures<ref name="Partition">Toutes les indications de tonalité, nuances, mesure ont été relevées sur l'édition originale visible sur [1], consultées le Modèle:1er mai 2013</ref>.
- Allegretto, en ré bémol majeur, à Modèle:Mesure, 60 mesures<ref name="Partition" />.
- Presto agitato, en ut dièse mineur, à Modèle:Musique, 200 mesures<ref name="Partition" />.
La dénomination quasi una fantasia n'est pas tant par rapport à la structure habituelle d'une sonate classique (débuter par un mouvement lent n'est pas exceptionnel à cette époque), ni par la variation des tempos ou des tonalités. Elle est plutôt liée au sentiment d'improvisation que suscite le premier mouvement dont le chant, selon André Boucourechliev, Modèle:Citation<ref name=":0" />. Le dernier mouvement est lui aussi empreint de liberté et Modèle:Citation
I. Adagio sostenuto
Le premier mouvement, sorte de marche funèbre intime<ref name=":0" />, est construit sur une basse octaviée à la main gauche et des accords de trois sons arpégés à la main droite. Progressivement une ligne mélodique s'ajoute à la main droite, parfois en contrepoint de la main gauche — mélodie qu'Hector Berlioz qualifiera de « lamentation ». Tout le morceau doit être joué entre piano et pianissimo, selon les indications du compositeur<ref name="erato">http://erato.uvt.nl/files/imglnks/usimg/1/19/IMSLP51726-PMLP01458-Beethoven_Werke_Breitkopf_Serie_16_No_137_Op_27_No_2.pdf</ref>. Le mouvement se termine par l'exposition du thème à la main gauche et un decrescendo qui laisse la musique mourir dans les accords finaux de do dièse mineur.
La partition originale indique que le premier mouvement doit être interprété avec la pédale Modèle:Citation enfoncée tout du long. L'effet de cette pédale n'étant pas identique sur les pianos modernes<ref>Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, la pédale forte n'était pas conçue pour être utilisée pendant l'interprétation mais, à l'instar des jeux d'orgue qui transforment le son, permettait de moduler le comportement des étouffoirs.</ref>, le jeu doit en être adapté. Le caractère d'ostinato de la main droite, le tempo lent, les harmonies sombres donnent au morceau une coloration lugubre et très émotive. De nombreux auditeurs ont ainsi été fortement marqués par ce morceau. Berlioz en dit : Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Charles Rosen (2002). Beethoven's Piano Sonatas: A Short Companion. Yale University Press. Modèle:ISBN.</ref>.
Ce mouvement est évoqué par Liszt dans ses Pensées des morts, pièce des Harmonies poétiques et religieuses<ref>Programme de concert des Harmonies poétiques et religieuses par Aldo Ciccolini à la Cité de la Musique, p. 4.</ref>.
<score vorbis=1> \unfoldRepeats \new PianoStaff <<
\new Staff = "right" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } \relative c { \key cis \minor \time 2/2 \tempo "Adagio sostenuto." \stemNeutral \times 2/3 { gis,8[^\markup {Si deve suonare tutto questo pezzo delicatissimamente e senza sordino} cis e] } \override TupletNumber.stencil = ##f \repeat percent 3 { \times 2/3 { gis,8[ cis e] } } \repeat percent 4 { \times 2/3 { gis,8[ cis e] } } \times 2/3 { a,8[^( cis e] } \times 2/3 { a,8[ cis e]) } \times 2/3 { a,8[^( d fis] } \times 2/3 { a,8[ d fis]) } \times 2/3 { gis,8[^( bis fis'] } \times 2/3 { gis,8[ cis e] } \times 2/3 { gis,8[ cis dis] } \times 2/3 { \change Staff = "left" fis,8[ \change Staff = "right" bis dis]) } } \new Staff = "left" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } { \clef bass \relative c' { \override TextScript #'whiteout = ##t \key cis \minor \time 2/2 \tempo "Adagio sostenuto." <cis,, cis'>1^\markup \italic { sempre \dynamic pp e senza sordino } \noBreak \noBreak <a a'>2 <fis fis'> \noBreak <gis gis'> <gis gis'> \noBreak } }
>> \midi {
\context { \Score tempoWholesPerMinute = #(ly:make-moment 60 4) }
}
</score>Début du premier mouvementII. Allegretto
Le deuxième mouvement est marqué « attaca subito », c'est-à-dire qu'il faut le commencer soudainement à la fin du premier<ref name="erato"/>. L'effet recherché est un effet de contraste : si le premier mouvement était lent, et lugubre, le deuxième au contraire est marqué Allegretto, et se trouve dans la tonalité de ré bémol majeur, c'est-à-dire l'enharmonique de do dièse mineur. Avec humour, le mouvement fait alterner joyeusement legato et staccato, noires et blanches, soupirs… L'utilisation des octaves et des sforzandos dans le trio montre bien ce côté joyeux de la musique. Franz Liszt dira même de ce mouvement que c'est Modèle:Citation
\new PianoStaff <<
\new Staff = "right" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } \relative c { \set Score.tempoHideNote = ##t \key des \major \numericTimeSignature \time 3/4 \partial 4 \tempo \markup { \column { \line { Allegretto. } \line \tiny { La prima parte senza repetizione. } } } 4 = 180 <aes des>4(\p <aes c>2 <g bes>4 <aes ees'>)-. r <f des'>-. <aes c>-. r <g bes>-. aes-. r <des ges>( <des f>2 <c ees>4 <des aes'>)-. r <bes ges'>-. <des f>-. r <c ees>-. des-. r } \new Staff = "left" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } { \clef bass \relative c' { \key des \major \numericTimeSignature \time 3/4 \partial 4 \tempo "Allegretto." f4( ees2 des4 c)-. r <des, bes'>-. <ees ees'>-. r <ees des'>-. <aes c>-.r \clef treble bes'( aes2 ges4 f)-. r \clef bass <ges, ees'>-. <aes aes'>-. r <aes ges'>-. <des f>-. r } }
>> \midi {
\context { \Score tempoWholesPerMinute = #(ly:make-moment 112 4) }
} </score>
Début du deuxième mouvementIII. Presto agitato
Tandis que le deuxième mouvement marquait une pause, une bouffée d'air frais après la douleur sourde du premier mouvement, le troisième mouvement est caractérisé tout d'abord par un retour à la sombre tonalité de do dièse mineur et un tempo très tendu : Presto agitato. Ce mouvement est en outre le plus long et le plus difficile techniquement de la sonate, reflétant une expérimentation que Beethoven a déjà faite dans la sonate Modèle:Op. Modèle:N°1, de placer le mouvement le plus important en dernière place.
L'écriture très pianistique fait un usage puissant des arpèges, des sforzandos et des octaves<ref name="erato"/> qui donnent le sentiment d'une musique extrêmement puissante et même violente. L'utilisation des basses d'Alberti et Modèle:Quoi contribuent également à donner à ce mouvement le caractère passionné d'une tornade.
La parenté thématique avec le premier mouvement est donnée par les mêmes accords brisés des trois premières notes de l'arpège sol–do–mi.
\new PianoStaff <<
\new Staff = "right" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } \relative c { \key cis \minor \time 4/4 \tempo "Presto agitato." %1 s2\p cis,16 e, \[ gis cis e gis, cis e \] \bar ".|:" gis cis, e gis cis e, \[ gis cis e gis, cis e \] <gis, cis e gis>8\sfz-. <gis cis e gis>-. %2 s2. dis16 gis, bis dis %3 gis bis, dis gis bis dis, gis bis dis gis, bis dis <gis, bis dis gis>8-.\sfz <gis bis dis gis>-. } \new Staff = "left" \with { midiInstrument = "acoustic grand" } { \clef bass \relative c' { \key cis \minor \time 4/4 \tempo "Presto agitato." % impossible d'afficher le premier ! %1 << { \[ r16 gis,16 cis e \] gis16 cis, e gis s2 } \\ { cis,,8-. gis'-. cis,-. gis'-. cis,-. gis'-. cis,-. gis'-.}>> \stemDown \bar ".|:" %2 cis, gis' cis, gis' cis, gis' <cis, cis'>\sfz gis' %3 <<{r16 gis bis dis fis bis, dis gis bis dis, gis bis s4}\\{bis,,8 gis' bis, gis' bis, gis' bis, gis'}>> bis, gis' bis, gis' bis, gis' <bis, bis'>\sfz gis' } }
>> \midi {
\context { \Score tempoWholesPerMinute = #(ly:make-moment 160 4) }
} </score>
Début du dernier mouvementCe troisième mouvement a été une source d'inspiration pour la Fantaisie-Impromptu, également écrite en do dièse mineur, de Chopin, qui a utilisé la même relation entre les tonalités que dans la sonate, et a repris l'utilisation des basses d'Alberti et des arpèges pour les première et troisième parties de l'œuvre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Felix Salzer, Aspects of Schenkerian Analysis, David Beach, ed. Yale University Press, 1983</ref>.
Mention dans la littérature
- Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (Proust, Du côté de chez Swann, propos des Verdurin)
- Détective Conan, manga de Gōshō Aoyama, tome 7, dossiers 2 à 8, où une série de crimes se commet autour de la sonate au Clair de Lune (affaire adaptée dans l'épisode 11 de la première saison de l'animation éponyme sous le titre Sonate pour crime au clair de lune).
Au cinéma, musique de film
- 1956 : Symphonie inachevée, de Glauco Pellegrini, scène imaginaire où Schubert écoute Beethoven interpréter la Sonate au clair de lune, la nuit, dans le parc de sa demeure.
- 1994 : Ludwig van B., de Bernard Rose, Modèle:1er mouvement interprété par Beethoven<ref>Modèle:YouTube</ref>.
- 1995 : The Genius of Beethoven, d'Ursula Macfarlane, Modèle:3e mouvement interprété par Beethoven<ref>Modèle:YouTube</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- 2002 : Le Pianiste, de Roman Polanski.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Modèle:Autres projets Modèle:Liens
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Interprétation d'Artur Schnabel
- Modèle:YouTube, par Daniel Barenboim