Émile Nelligan

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Redirect Modèle:En-tête label Modèle:Infobox ÉcrivainÉmile Nelligan, né le Modèle:Date de naissance à Montréal et mort le Modèle:Date de décès dans la même ville, est un poète québécois<ref>Modèle:Lien web</ref> influencé par le mouvement symboliste ainsi que par les grands romantiques. Souffrant de schizophrénie, Nelligan est interné dans un asile psychiatrique peu avant l'âge de vingt ans et y reste jusqu'à sa mort. Son œuvre est donc à proprement parler une œuvre de jeunesse. Ses poèmes, d'abord parus dans des journaux et des ouvrages collectifs, sont publiés pour la première fois en recueil par son ami Louis Dantin sous le titre Émile Nelligan et son œuvre (1904).

Ce recueil constitue un ensemble inégal sur le plan de l'authenticité créatrice Modèle:Incise, mais révèle néanmoins un poète original au talent indéniable. La musicalité des vers est très certainement l'aspect le plus remarquable de la poésie d'Émile Nelligan. Les principaux thèmes abordés sont l'enfance, la folie, la musique, l'amour, la mort et la religion.

Au fil des ans, sa figure prend de plus en plus d'ascendant et il est généralement vu comme le point de départ de la poésie québécoise moderne, rompant avec la thématique patriotique de son époque pour explorer plutôt son espace intérieur. Depuis plus d'un siècle, Nelligan a inspiré chansons, films, tableaux, pièces de théâtre et même un opéra ; nombre de critiques, d'écrivains et de cinéastes ont exalté son génie, sa folie ou son martyre. Le phénomène a atteint une telle ampleur que sa figure a pris la dimension d'un Modèle:Citation populaire, qui conjoint la figure romantique du poète maudit et celle de l'éternel adolescent. En tant que tel, il a aussi suscité la controverse et certains ont tenté d'attribuer son œuvre à un Modèle:Citation de ses amis<ref>Claude-Henri Grignon, 1938</ref>.

Plusieurs de ses poèmes sont Modèle:Citation

Modèle:Sommaire

Biographie

Enfance

Nelligan est né le Modèle:Date de naissance à Montréal au 602, rue De La GauchetièreModèle:Efn. Il est le premier fils de David Nelligan, un Irlandais de Dublin arrivé au Canada vers l'âge de sept ou huit ansModèle:Efn, et d'Émilie Amanda Hudon, Canadienne-française de RimouskiModèle:Efn. Il a deux jeunes sœurs, Béatrice Éva (1881–1954) et Gertrude Freda (1883–1925)<ref group=n>Alors qu'Éva reste célibataire, Gertrude épouse Émile Corbeil en 1904. Dans son édition de 1952, Luc Lacourcière a recueilli auprès de la famille Corbeil une vingtaine de poèmes inédits.</ref>. Il vit une enfance aisée, entre la maison de Montréal et la résidence d'été des Nelligan à Cacouna. Il s'absente souvent de l'école et sa mère s'occupe alors de son éducation. Il a passé toute sa vie à Montréal avec sa famille, jusqu'à son internement.

Émile Nelligan étudie au Collège Mont-Saint-Louis entre 1890 et 1893<ref>Modèle:Lien web</ref>. En Modèle:Date-, il récite un poème lors d'une séance dramatique et musicale organisée en l'honneur du directeur de l'école<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En Modèle:Date-, il commence son cours classique au collège de Montréal, mais il échoue dès la première année et doit reprendre ses éléments latins. En 1895, il poursuit son cours de syntaxe au collège Sainte-Marie de Montréal. Élève distrait et peu motivé, il est toutefois intéressé par le théâtre et se fait remarquer par les poèmes et compositions qu'il écrit, fortement influencés par les poètes romantiques, et dont il est très fierModèle:Efn. Ayant encore échoué à sa syntaxe, il abandonne définitivement l'école en Modèle:Date-.

Les relations avec son père sont tendues : Modèle:Citation

Débuts en poésie

Émile Nelligan récite occasionnellement des poèmes lors de soirées culturelles et se prend de passion pour la musique, lorsqu'il voit Paderewski en concert un soir d'Modèle:Date-<ref group=n>Modèle:Harvsp. Alors qu'il était à l'asile, Nelligan a affirmé à un visiteur qu'il avait bien connu Paderewski. (Modèle:Harvsp).</ref>. Dès cette époque, il fréquente un groupe de jeunes poètes, notamment Arthur de Bussières, de trois ans son aîné et qui vient d'être admis à l'École littéraire de Montréal fondée peu de temps auparavant.

Le journal Le Samedi de Montréal ayant organisé un concours de poésie, Nelligan y participe en envoyant « Rêve fantasque », publié le Modèle:Date-, suivi de huit autres poèmes qui paraissent dans les trois mois qui suivent<ref group="n">Les titres des huit autres poèmes publiés dans Le Samedi sous le pseudonyme de Kovar sont, dans l’ordre : « Silvio Corelli pleure » (Modèle:Date-), « Nuit d’été » (Modèle:Date-), « La Chanson de l’ouvrière » (Modèle:Date-), « Nocturne » (Modèle:Date-), « Cœurs blasés » (Modèle:Date-), « Mélodie de Rubinstein » (Modèle:Date-), « Charles Baudelaire » (Modèle:Date-) et « Béatrice » (Modèle:Date-). Le quatrième et le cinquième ont été rédigés à Cacouna, où les Nelligan avaient leur résidence d'été. Ils sont dédiés à Denys Lanctôt, un ami de collège qui passait ses vacances au même endroit et qui était sur le point d'entrer chez les rédemptoristes (Modèle:Harvsp).</ref>. À l'instar de la plupart des participants de ce concours, il publie ces poèmes sous un pseudonyme, choisissant « Émile Kovar », nom proche de celui du héros d'une pièce à succès alors jouée à Montréal Modèle:Incise. Dès cette époque, le jeune poète est fortement influencé par la poésie de Verlaine, qui guide ses recherches formelles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Vue d'artiste du château Ramezay, tel qu'il était vers 1888 et où se réunissait l'École littéraire de Montréal.
Château Ramezay (vers 1888), où se réunissait l'École littéraire de Montréal.

En Modèle:Date-, parrainé par Arthur de Bussières<ref name=LAC38>Modèle:Harvsp.</ref>, il soumet sa candidature à l'École littéraire de Montréal et est accepté à l'unanimité. À la séance du Modèle:Date-, il lit trois poèmes : Tristia, Sonnet d'une villageoise et Carl Vohnder est mourant<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans ce cénacle d'une vingtaine de personnes, tous plus âgés que lui, il se fait Modèle:Citation Joseph Melançon note dans son journal personnel le soir de l'entrée de Nelligan : Modèle:Citation bloc

Il avait une Modèle:Citation Émule de Baudelaire, il se lie d'une amitié indéfectible avec le peintre Charles Gill dont Modèle:Citation et cultive une allure de « poète maudit ». Jean Charbonneau, de quatre ans son aîné, le décrit ainsi : Modèle:Citation bloc

Nelligan participe à deux réunions de l'École littéraire de Montréal, mais démissionne le Modèle:Date-, peu intéressé par les conférences annoncées<ref group = n>Modèle:Harvsp. Il retournera à l'École littéraire par la suite et, au total, participera à Modèle:Nobr sur un Modèle:Nobr durant cette période (Modèle:Harvsp).</ref>. Il continue à écrire, cependant, et dès le mois de mai, il envoie au journal Le Monde illustré divers poèmes : « Vieux piano », « Moines en défilade », « Paysage », « Le Voyageur », « Sculpteur sur marbre ». Le premier envoi portait le pseudonyme « E.N. Peck-à-boo Villa »<ref group=n>Peek-à-boo Villa est le nom de la résidence d'été de la famille Nelligan à Cacouna. (Modèle:Harvsp). Son nom est un clin d'œil au mot anglais Modèle:Lang, soit le jeu coucou me voilà.</ref>, mais Louis Perron, responsable du journal, lui demande de choisir Modèle:CitationModèle:Sfn. Il les signe dès lors « Emil Nelligan », donnant ainsi une forme germanique à son prénom. En septembre, il publie Rythmes du soir dans L'Alliance nationale et rédige Salons allemands pour un recueil collectif offert à l'occasion du mariage d'un membre de l'École littéraire de Montréal<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais son humeur devient sombre.

En Modèle:Date-, il lit Tristesses lors d'une réunion de l'École. Il s'intéresse à Dante et publie dans Le Monde illustré le sonnet « Sur un portrait de Dante », qu'il signe Emil Nellghan<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Au printemps, selon Luc Lacourcière, Nelligan père, qui n'apprécie guère le mode de vie bohème d'Émile, l'aurait mis sur un bateau pour l'Angleterre, mais ce voyage n'avait duré que Modèle:Citation selon le témoignage de sa sœur Éva<ref>Modèle:Harvsp.</ref>; il n'en existe aucune trace documentaire. En revanche, on sait qu'il a passé l'été à Cacouna<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De retour à Montréal, il se passionne pour la poésie de Georges Rodenbach à qui il consacrera un poème lors du décès de ce dernier. Il trouve chez Maurice Rollinat une atmosphère morbide qui lui inspirera de nombreux poèmes, tels « Le Chat fatal », « Le Spectre », « La Terrasse aux spectres », « La Vierge noire », « Prélude triste » et « Soirs hypocondriaques »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Femme assise dans un fauteuil, cheveux châtain coupés court et frisés.
Nelligan a dédié plusieurs poèmes à Françoise, pseudonyme de la journaliste Robertine Barry.

À partir de septembre, cherchant à publier un poème dans une petite revue, il se lie d'amitié avec le Père Seers, plus tard connu sous le nom de Louis Dantin<ref name=W251>Modèle:Harvsp.</ref>. Celui-ci lui sert de mentor littéraire. En même temps, Nelligan fréquente aussi Robertine Barry, une amie de sa mère, qui vit près de chez eux et qui est chroniqueuse au journal La Patrie sous le nom de Françoise. il sollicite ses conseils et l'évoque dans plusieurs poèmes : Rêve d'artiste, Beauté cruelle, Le Vent, le triste vent de l'automne, À une femme détestée et À Georges Rodenbach<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Malgré ces poèmes enflammés, Françoise lui garde son amitié : Modèle:Citation<ref group="n">Lors de la parution de son recueil de poèmes en 1904, elle donne ce témoignage : Modèle:Citation, Le Journal de Françoise, 2 avril 1904.</ref>

Il est réadmis à l'École littéraire de Montréal le Modèle:Date- et lit « L'idiote aux cloches » et « Un rêve de Watteau ». Lors d'une séance publique subséquente, il lira, outre ces deux poèmes, « Le Récital des Anges ». Il produit une forte impression sur l'auditoire et Modèle:Citation

Invité comme les autres membres à donner une conférence, il inscrit comme sujet « Les poètes étrangers »<ref>Assemblée régulière du Modèle:Date-, L'École littéraire de Montréal. Procès-verbaux, correspondance et documents divers, réunis par Reginald Hamel et ses étudiants, Université de Montréal, 1970. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Tranchant sur le conservatisme littéraire de l'époque, il proclame Rimbaud un de ses maîtres<ref>Modèle:Harvsp.</ref> alors que le symbolisme est boudé par les membres de l'École et a même fait l'objet d'une vigoureuse attaque de la part de Jean Charbonneau lors de la séance du Modèle:Date-<ref>Charbonneau se repentira plus tard de cette erreur de jeunesse : Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1899, sa production s'intensifie. Le Modèle:Date-, il lit « Le Roi du souper », « Le menuisier funèbre », « Le suicide du sonneur », « Le perroquet ». Le Modèle:Date- : « Bohème blanche », « Les Carmélites », « Nocturne séraphique », « Notre-Dame des Neiges ». Le 24 mars : « Le Suicide d'Angel Valdor ». Le 7 avril : « Prière vespérale », « Petit vitrail de chapelle », « Amour immaculé » et « La Passante ».

Le père Pitre, témoin des rencontres entre le père Seers et Nelligan, a raconté au père Boismenu ses souvenirs de cette période d'effervescence : Modèle:Citation bloc

Enfin, le Modèle:Date-, lors d'une séance publique de l'École, Nelligan fait la lecture de trois poèmes, Le Talisman, Rêve d'artiste et son réputé La Romance du vin qui est accueilli avec enthousiasme et reste gravé dans la mémoire collective : Modèle:Citation

Ce fut aussi son chant du cygne, car ce poème est le dernier qu'il a prononcé en public. En dépit du succès remporté, le Modèle:Citation Il vit cloîtré et ne voit plus qu'une fois par semaine son ami Dantin, dont il esquisse le portrait dans Frère Alfus, un poème évoquant la légende du moine d'Olmutz<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Efn.

C'est à cette époque, selon toute probabilité, que Nelligan aurait composé une série de poèmes très sombres ainsi que son poème le plus connu : Le Vaisseau d'orModèle:Sfn.

Descente dans la folie

Progression de la maladie

Le poète n'a jamais eu la possibilité d’achever son premier recueil de poésie qui, selon ses dernières notes, devait s'intituler Le Récital des anges ou Motifs du récital des anges. Conformément à une sombre prémonition Modèle:Incise, Nelligan est en effet atteint de démence précoce ou schizophrénie, maladie que la médecine était incapable de soigner et dont il ne se remettra jamaisModèle:Sfn. Il n'avait pas vingt ans. Modèle:Encadré texte Selon toute vraisemblance, les troubles avaient commencé dès le mois de Modèle:Date-, mais la névrose s'est fortement aggravée au Modèle:Nobr, suscitant chez l'adolescent des idées de suicide et des crises aiguës de comportement : Modèle:Citation Son ami Louis Dantin a évoqué cette période : Modèle:Citation bloc

Dantin donne comme exemple de cette « Déraison » les deux quatrains de l'encadré ci-contre, qui ne sont pas repris dans le recueil et Modèle:Citation.

Internement

Photo de Nelligan âgé d'environ quarante ans, le cheveu rare, moustache fine, le regard fixe.
Photo d'Émile Nelligan prise à l'asile Saint-Benoit-Joseph-Labre.
Photo de l'asile, un bâtiment de trois étages très allongé.
Le poète est interné en 1925 à l'asile de Saint-Jean-de-Dieu. Il y passera les 16 dernières années de sa vie.

À la demande de son père, le poète est interné le Modèle:Date- à la Retraite Saint-Benoît-Labre, un asile tenu par les frères de la Charité dans l'est de l'île de Montréal<ref group=n>Conformément à la loi, le certificat d'internement était signé par deux médecins, en l'occurrence le docteur Michael-Thomas Brennan et le docteur Chagnon, neurologue à la clinique Notre-Dame. (Modèle:Harvsp).</ref>. On connaît peu de choses sur les conditions de son internement. Il a certainement subi la camisole de force<ref>Modèle:Harvsp, note 66.</ref>. Il a peut-être même subi une lobotomie comme le laisse entendre un poème de son ami Albert Lozeau, qui avait été révolté par le récit du docteur Choquette sur sa visite à l'asile<ref group="n">Albert Lozeau, « À Émile Nelligan », Le Nationaliste, 16 janvier 1910, p. 2. (En ligne BanQ). L'article du docteur Choquette, publié dans Le Canada du 24 décembre 1909, est cité in extenso dans Modèle:Harvsp et dans Modèle:Harvsp.</ref> ; toutefois, cette affirmation ne saurait être prouvée, tout le dossier médical du séjour à cet asile ayant disparu<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon le témoignage du frère Romulus, on lui a aussi inoculé le virus de la typhoïde afin de le guérir par pyrétothérapie : Modèle:Citation

Sa mère, profondément dépressive<ref group=n>Elle aurait également connu des épisodes de schizophrénie et mena une vie de recluse jusqu'à sa mort le Modèle:Date-. (Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp).</ref>, attendra trois ans avant d'être à même de lui rendre sa seule et unique visite<ref group="n">La journaliste Madeleine (Marie-Anne Gleason) a décrit cette rencontre dans « Testament d'Âme. Aux amis d'Émile Nelligan », La Patrie, Modèle:N°, Modèle:Date-, Modèle:P.. (BanQ). (Modèle:Harvsp). Quant au père de Nelligan, mort en 1924, il n'a jamais revu son fils après son internement. (Modèle:Harvsp).</ref>. Outre Dantin et Germain Beaulieu, diverses personnes intéressées par le poète vont le visiter à l'asile, notamment Ernest Choquette et Guillaume Lahaise/Guy Delahaye, qui sera plus tard un de ses médecins traitants<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

À l'asile, Nelligan vit retiré dans son monde intérieur : Modèle:Citation Dans un calepin autographe de 1929, il a recopié, de mémoire, Modèle:Citation « Le Vaisseau d'or » est celui de ses poèmes que ses visiteurs lui demandent le plus souvent de réciter ou de leur copier. En dépit de la maladie, il a gardé une mémoire étonnante et est capable de réciter de mémoire des centaines de vers, de dizaines de poètes.

En 1925, Nelligan est transféré à l'asile de Saint-Jean-de-Dieu. Léo Bonneville a donné un témoignage de la visite qu'il lui a faite : Modèle:Citation bloc

Nelligan a vécu dans cet hôpital jusqu'à sa mort, le Modèle:Date-. Sa fiche médicale donne comme causes du décès : Modèle:CitationModèle:Sfn.

L'œuvre

Étapes de publication

Page couverture intérieure de Émile Nelligan et son œuvre.
Page couverture intérieure de Émile Nelligan et son œuvre.

Lors de l'internement du poète, seuls étaient connus du public une cinquantaine de poèmes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 1900, plusieurs poèmes inédits sont publiés dans deux recueils collectifs : Les Soirées du Château de RamezayModèle:Note et Franges d'autelModèle:Note.

Après avoir publié une série d'articles sur la poésie de Nelligan en 1902, Dantin travaille ensuite à l'édition princeps d'un recueil des meilleurs poèmes, à partir du volumineux manuscrit que lui a confié la mère du poète<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, en reprenant la distribution en dix sections prévue par Nelligan et en respectant les titres que celui-ci avait prévusModèle:Sfn. Il lui donne pour préface les sept tranches de sa série d'articles, préface à laquelle certains attribuent la renommée littéraire de Nelligan<ref group="n">En 1931, Claude-Henri Grignon écrit : Modèle:Citation L'Avenir du Nord, Modèle:Date-. Texte en ligne.</ref>. Le recueil, prévu pour 1903, paraît en 1904<ref group=n>Émile Nelligan, Émile Nelligan et son œuvre, Beauchemin, Montréal, 1904, xxxiv-164 p. Ainsi que l'écrit Louis Dantin : Modèle:Citation (Modèle:Harvsp). Après le départ de Dantin, le Modèle:Date-, la suite de l'ouvrage sera imprimée par les éditions Beauchemin, sous la supervision de Charles Gill. (Voir Modèle:Harvsp).</ref>. Il compte Modèle:Nobr, répartis en dix sections. Commentant le choix de Dantin, Jocelyne Felx note que celui-ci Modèle:Citation, poèmes révélés en 1952.

Après que Dantin eut quitté Montréal en 1903, des poèmes inédits de Nelligan continuent à faire surface, révélés par Charles Gill, Françoise et Germain Beaulieu<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1952, Luc Lacourcière publie une édition critique qui regroupe les Modèle:Citation

Compte tenu des textes inachevés que Lacourcière avait rejetés en note, l'édition complète des poèmes de Nelligan compte maintenant Modèle:Nobr, dont une quinzaine de poèmes inachevés. De ce nombre, seuls Modèle:Nobr ont pu être datés avec certitude<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Art poétique

Au plan formel, la poésie de Nelligan s'inscrit dans des formes classiques, avec une nette prédilection pour le sonnet tout en faisant également une large place au rondel<ref group="n">Selon le décompte effectué par Modèle:Harvsp, on trouve dans le recueil de Poésies complètes Modèle:Nobr et Modèle:Nobr à strophes de longueurs variées. On compte aussi Modèle:Nobr dont les titres sont : « Clair de lune intellectuel », « Placet », « Le Missel de la morte », « Rondel à ma pipe », « Confession nocturne », « Sainte Cécile », « Billet céleste », « Les Carmélites », « Éventail », « Potiche », « Marches funèbres », « Le Puits hanté », « Le Bœuf spectral », « Noël de vieil artiste », « Roses d'octobre », « Fra Angelico » et « La Terrasse aux spectres ».</ref>. Le rondel, qui était une forme fixe en honneur au Moyen Âge, avait été remis à la mode par Banville et les parnassiens. Tout en adoptant cette forme ancienne, Nelligan l'adapte à sa sensibilité musicale et à sa recherche de la variété rythmique. Au lieu de se maintenir dans la monotonie de l'octosyllabe, il Modèle:Citation Il recherche des rimes riches et, comme le note un critique belge en 1905 : Modèle:Citation

Le rondel « Clair de lune intellectuel », placé en tête du recueil, peut se lire comme une synthèse des préoccupations du jeune poète : Modèle:Citation bloc Selon Louis Dantin, le poète affirme ici la primauté de la fantaisie et veut créer une atmosphère poétique, en laissant la pensée se diffracter en Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En fait, il y a bien davantage dans ce poème d'une métrique recherchée, car celui-ci contient Modèle:Citation Le critique Henri Cohen y voit aussi un condensé de l'art poétique de Nelligan, où prévaut le jeu des rythmes et des sonorités, et il y relève des « accents baudelairiens » — le jeu des équivalences n'étant pas sans évoquer le sonnet « Correspondances » de Baudelaire<ref name=Cohen/>.

Un trait fréquent est le renversement du début du poème par sa fin. Ainsi, dans « Châteaux en Espagne », les deux derniers tercets consistent à nier le rêve exprimé par les deux quatrains du début. Le même trope est également présent dans neuf autres poèmes, notamment « Le Vaisseau d'or »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Thèmes

Modèle:Encadré texte Dans nombre de poèmes, le poète exprime sa nostalgie de l'enfance et la crainte des vingt ans, comme si cet âge marquait la sortie définitive du paradis perdu<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation. Dans le poème « Mon âme », il exprime son dégoût de la bassesse et sa peur du monde adulte :

Ah ! la fatalité d’être une âme candide
En ce monde menteur, flétri, blasé, pervers,
D’avoir une âme ainsi qu’une neige aux hivers
Que jamais ne souilla la volupté sordide !

Il évoque souvent l'art et particulièrement la musique, qui lui inspire notamment « Lied fantasque », « Fantaisie créole », « Nocturne », « Prélude triste » et « Mazurka ». On trouve aussi dans son œuvre Modèle:Citation. Le jeune poète a aussi une dévotion particulière pour sainte Cécile, patronne des musiciens, qu'il évoque dans trois poèmes, dont les titres ont été modifiés à plusieurs reprises : « Le Récital des anges », « L'Organiste du paradis » et « Rêve d'une nuit d'hôpital ». Alors que le premier pourrait avoir été écrit en 1897, le troisième a été rédigé en 1899, peu après une crise qui lui a valu d'être hospitalisé à Notre-Dame, une clinique psychiatrique, avant d'être interné<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le jeune poète est fasciné par le rêve et Modèle:Citation. Selon Louis Dantin, Modèle:Citation. En témoigne ce quatrain isolé, parmi bien d'autres :

Je sens voler en moi les oiseaux du génie,
Mais j'ai tendu si mal mon piège qu'ils ont pris
Dans l'azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris,
Et que mon cœur brisé râle son agonieModèle:Sfn.

Sa Modèle:Citation a beaucoup intéressé la critique. Gérard Bessette identifie cinquante-deux poèmes « franchement féminins », où le poète fait allusion à une mère, une sœur, une femme mythologique, une amoureuse, une sainte ou une morte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, mais peu de ces poèmes expriment véritablement un sentiment amoureux, sauf dans deux « cycles ». Le premier est constitué de poèmes adressés plus ou moins directement à la journaliste Françoise : « Rêve d'artiste », « À une femme détestée », « Le Vent, le vent triste de l'automne ! », « Beauté cruelle » et « La Vierge noire ». Si le premier sonnet adressé à Françoise (nom de plume de Robertine Barry) n'exprime qu'un désir d'amitié littéraire, le second (« À une femme détestée ») manifeste au contraire un dépit amoureux violent : Modèle:Citation, lui interdisant même de recommencer<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Françoise n'a d'ailleurs révélé l'existence de ce poème qu'en 1908, en le publiant dans son Journal<ref>Modèle:Lien web, Journal de Françoise, Modèle:Date-.</ref>. Toutefois, aucun de ces poèmes ne fait allusion à la sensualité, à l'amour charnel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans le cycle de Gretchen, au contraire, Bessette voit des traces de sensualité et des allusions aux sensations éprouvées par le poète. Il range dans ce cycle : « Five o'clock », « Gretchen la pâle », « Lied fantasque » et « Frisson d'hiver », ainsi que « Rêves enclos », « Hiver sentimental » et « Soirs d'octobre »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les allusions sont cependant toujours voilées et très chastes.

En revanche, deux poèmes adressés à des femmes inconnues traduisent de façon symbolique les sentiments du poète. « Châteaux en Espagne » est Modèle:Citation. Il en va de même pour « Le Vaisseau d'Or », qui Modèle:Citation. Avec ces divers poèmes, Modèle:Citation<ref group=n>Selon un témoignage de sa sœur Éva, Nelligan Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref> Selon Felx, Modèle:Citation

D'autres thèmes fréquents sont la beauté, la mort et la religion. L'apport de symboles chrétiens reflète la tendance des écrivains symbolistes à réinvestir la religion catholique dans leurs créations. Ainsi, dans une des sections de son œuvre qui s'intitule « Petites chapelles », Nelligan reprend des images classiques comme celle du Christ expirant sur la croix ou des mythes médiévaux comme celui du Juif errant, que Charles Baudelaire et Victor Hugo avaient déjà revisités bien avant lui. Comme l'écrit le poète Jean Charbonneau, qui l'a connu à l'École littéraire de Montréal : Modèle:Citation bloc

Surtout attentif au jeu des sonorités et à la musicalité des vers, il n'hésite pas à se contredire entre diverses versions d'un même poème, comme le souligne Dantin à propos du poème « Le Cloître noir », d'abord intitulé « Les Moines noirs » puis « Les Moines blancs » : Modèle:Citation En revanche, le poète est constant dans l'expression de la nostalgie de l'enfance et de la douleur de vivre<ref>Dantin, Préface, Modèle:Harvsp.</ref>. Plus que des thèmes précis, c'est une atmosphère que l'on trouve dans ses poèmes : Modèle:Citation

Filiations littéraires

L'œuvre d'Émile Nelligan, qui conserve une étonnante faculté à restituer la musicalité propre à l'alexandrin, a été profondément influencée par Charles Baudelaire et les symbolistes Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, dont il avait fait ses auteurs de chevet<ref name=Char123>Modèle:Harvsp.</ref>, ainsi que par Edgar Allan Poe, dont il aimait réciter par cœur le poème The Raven<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il a également fréquenté Rollinat, Théodore de Banville, Alfred de Musset et Georges Rodenbach. Sa poésie garde aussi des traces évidentes de l'influence romantique et lyrique des poètes de la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle: Vigny et Lamartine, ainsi que le parnassien Leconte de Lisle. Ces multiples influences sont parfois Modèle:Citation : doué d'une mémoire exceptionnelle qui lui permet d'apprendre par cœur quantité de poèmes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, le jeune poète absorbe facilement ses lectures et emprunte sans discernement à toutes les écoles<ref name=Char123/>. Dantin critique d'autant plus volontiers cette part imitative qu'il adhère lui-même à la suprématie de l'idée en poésie et aurait aimé que le jeune poète donne Modèle:Citation à son œuvre<ref>Dantin, Préface, Modèle:Harvsp.</ref>.

La brièveté des années de production du jeune poète ne lui a malheureusement pas permis d'affirmer son appartenance à un quelconque mouvement littéraire. Par leur esprit, ses poèmes appellent au renouveau symboliste dans la ligne de Rimbaud, Verlaine et Mallarmé, qui étaient alors vus comme des poètes « décadents ». En même temps, par la forme, sa poésie se rattache au mouvement parnassien, ainsi que le souligne Dantin<ref>Dantin, Préface, Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation bloc

À la recherche de son propre style, le jeune poète n'hésite pas à pasticher les poètes qu'il aime ou à leur rendre hommage : Modèle:Citation

Réception critique

Lors des deux premières séances publiques de l'École littéraire en 1899, Nelligan ne rencontre pas le succès espéré. Il est vivement blessé par les remarques que lui adresse de Marchy, dans le Monde illustré Modèle:Incise. Nelligan y répondra par « La Romance du vin » qu'il récitera lors de la troisième séance publique deux mois plus tard. Après la parution, en 1900, de quelques-uns de ses poèmes dans les ouvrages collectifs Les Soirées du Château de Ramezay et Franges d'autel, plusieurs articles critiques favorables lui sont consacrés<ref group="n">Joseph Saint-Hilaire, « Les Soirées du Château de Ramezay. M. Émile Nelligan », Les Débats, Modèle:Date-, Modèle:N°, Modèle:P. (Joseph Saint-Hilaire est un pseudonyme généralement attribué à Olivar Asselin selon Modèle:Harvsp); Émile Bélanger, « Silhouette littéraire. M. Émile Nelligan », Le Passe-Temps, Modèle:Date-, vol. 6, Modèle:N°, Modèle:P..</ref>.

Les articles de Dantin

Modèle:Article détaillé

Photo en buste avec veston et cravate. Front dégarni, nez aquilin, yeux noirs, regard perçant.
Louis Dantin, ami et mentor du poète, vers 1930.

Mais c'est surtout une série de sept articles de Louis Dantin, publiés dans le journal Les Débats<ref>Les Débats, du Modèle:Date- au Modèle:Date-.</ref>, qui établit le poète à une place prééminente dans la littérature nationale, grâce à une analyse Modèle:Citation. Dantin commence par témoigner de sa douleur de voir l'intelligence de son ami définitivement éteinte : Modèle:Citation bloc

Il présente le jeune poète comme un véritable prodige : Modèle:Citation

En dépit de ces éloges, Dantin est aussi critique. Lui qui appréciait surtout la poésie d'idées ne peut que déplorer l'esthétique de Nelligan : Modèle:Citation bloc

Il regrette aussi Modèle:Citation Ce faisant, Dantin fournit Modèle:Citation

Dans sa préface, Dantin place l'œuvre de Nelligan sous la figure romantique du poète maudit, figure dont les signes annonciateurs étaient présents dans ses poèmes et même fièrement revendiqués par l'adolescent. Le critique se demande ainsi : Modèle:Citation Cette filiation sera également soulignée par le premier critique français à rendre compte de la parution de son recueil de poèmes, Charles ab der Halden, qui intitule son article « Un poète maudit : Émile Nelligan »<ref>La Revue d'Europe et des Colonies, 1905.</ref>.

Une renommée grandissante

Dès la parution du recueil en 1904, les réactions de la critique sont favorables. La préface de Dantin projette sur l'œuvre un éclairage qui la rend intéressante et exceptionnelle et dont s'inspireront les critiques subséquents. Charles Gill dit de cette préface qu'elle est Modèle:Citation. En 1905, un article du Mercure de France rapproche Nelligan de Laforgue et de Max Elskamp et suggère Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>.

Le critique français Charles ab der Halden se montre particulièrement positif, saluant le génie du poète et son originalité : Modèle:Citation bloc

Selon Albert Lozeau : Modèle:Citation Pour Albert Laberge, ces poèmes mettent Nelligan Modèle:Citation.

En 1918, Robert de Roquebrune publie une importante étude dans laquelle il décrit Nelligan comme Modèle:Citation, profondément moderne, et qui est par excellence Modèle:Citation. Le poète est assimilé à Modèle:Citation : Modèle:Citation. En même temps, sa physionomie était Modèle:Citation<ref>« Hommage à Nelligan », Le Nigog, 1, Modèle:N°, juillet 1918, Modèle:P.. [1].Modèle:Harvsp.</ref>. Même s'il a cessé d'écrire depuis des décennies, Nelligan est de plus en plus revendiqué par les auteurs désireux de s'aligner sur la modernité littéraire.

La figure de Nelligan prendra dès lors de plus en plus d'ascendant, comme on peut le voir à travers les diverses éditions du manuel d'histoire littéraire de Camille Roy<ref group="n">En 1907, tout en reconnaissant que Nelligan avait Modèle:Citation, Camille Roy note que sa poésie Modèle:Citation (Tableau de l'histoire de la littérature canadienne-française, 1907, Modèle:P.). Cette dernière critique disparaît dans son Histoire de 1930, où l'éloge du poète est plus appuyé : Modèle:Citation.</ref>. Dès les années 1920, Nelligan est reconnu comme Modèle:Citation. Marcel Dugas y voit Modèle:Citation : Modèle:Citation

Dès 1924, sa renommée s'étendait au Canada anglais, où Archibald McMechan lui consacre une section dans son manuel de la littérature canadienne<ref>Headwaters of Canadian literature, Toronto : McClelland and Stewart, 1924.</ref>. En 1930, il se détache nettement comme un poète de premier ordre : le seul vers « Ma pensée est couleur de lumières lointaines », tiré de « Clair de lune intellectuel », suffirait à attester l'existence d'une littérature canadienne, écrivait alors le critique E. K. Brown<ref>Cité par Modèle:Harvsp.</ref>. Une sélection de ses poèmes, traduite en anglais par P. F. Widdows en 1960, avec texte français en regard, sera constamment rééditée. En 1983, Fred Cogswell traduit l'œuvre complète dans The Complete Poems of Émile Nelligan. Le recueil de Nelligan sera également traduit en espagnol par Claude Beausoleil (1999) et en polonais par Joanna Paluszkiewicz-Magner (2003).

Après sa mort en 1941, le public s’intéresse de plus en plus à Nelligan et son œuvre suscite un intérêt croissant chez les spécialistes. Un des premiers critiques à étudier les poèmes au plan stylistique est Gérard Bessette en 1946<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Au terme d'une étude fouillée sur les images chez des dizaines de poètes, celui-ci conclut : Modèle:Citation bloc

Jacques Ferron voit dans la figure de Nelligan un véritable héros, écrivain engagé au sens fort du terme<ref group="n">Modèle:Citation, J. Ferron, « La littérature utilitaire et l’écrivain engagé », Le Magazine Maclean, X, 7, juillet 1970, p. 44.</ref>. Nelligan est aujourd'hui généralement considéré comme le premier grand poète québécois. Même s'il Modèle:Citation Certains de ses vers sont d'une rare beauté, révélant à la fois la facilité à écrire du poète et annonçant le drame mental dont il prévoyait de façon très lucide l'éclosion. Ainsi, le dernier tercet du sonnet Le Vaisseau d'or : Modèle:Citation bloc

Nombre d'auteurs ont noté l'émotion provoquée par leur découverte des poèmes de Nelligan, tel Pierre Châtillon : Modèle:Citation Examinant le poème « Châteaux en Espagne », cet auteur voit le jeune Nelligan comme Modèle:Citation

L'aura de poète maudit qui accompagne la figure de Nelligan lui vaut une vénération quasi mystique, dont fait foi Nicétas Orion, dans Émile Nelligan, prophète d’un âge nouveau (1996). Pour lui, l'âme de Nelligan, c'est « l'âme du peuple québécois » et sa déchéance apparente dans la folie est comparable à la passion du Christ : Modèle:Citation

Formation d'un mythe national

Tête en bronze d'un homme avec une chevelure abondante, sur socle en marbre, placé dans un parc.
Monument à Émile Nelligan au centre-ville de Québec, par Gregory Pototsky (2004).

Comme le signale Nelson Charest, Modèle:Citation Le poète répond en effet au double poncif du poète romantique génial et du marginal exclu de la société<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le fait qu'il soit exalté comme un génie et qu'il ait été enfermé comme fou confère à son personnage une dimension paradoxale qui suscitera inévitablement des travaux de réévaluation critique. Dès 1966, Nicole Deschamps identifiait l'aura mythique dont on avait entouré le poète comme tenant en partie à son adéquation avec l'image du Québécois aliéné<ref group="n">Nicole Deschamps écrit lors du colloque Nelligan : Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans Le mythe de Nelligan, un essai de type psychanalytique publié au lendemain de l'échec du référendum de 1980, Jean Larose voit une allégorie du peuple québécois chez le poète qui sombre dans le silence au lendemain même de son triomphe lors de la séance du Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans les deux cas, il y aurait incapacité, tant chez le poète que dans le peuple québécois, à assumer son propre génie. Pour François Hébert, qui juge sévèrement l'essai de Larose, Modèle:Citation

Dans Nelligan n'était pas fou (1986), Bernard Courteau soutient que Nelligan avait choisi de simuler la folie. Il invoque divers témoignages montrant que Nelligan a conservé jusqu'à la fin de sa vie une mémoire extraordinaire. Toutefois, sa démonstration, qui cite un journal imaginaire de Nelligan et donne des extraits de son monologue intérieur, est considérée par un historien comme « fantaisiste […], inacceptable pour une biographie scientifique<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». Les nombreux témoignages de l'époque confirment la réalité de la maladie du poète : Modèle:Citation

Pour Pascal Brissette, qui adopte une démarche sociocritique, on peut parler d'un « mythe » parce que : Modèle:Citation

François Hébert conteste le rôle donné à Dantin dans ces approches « mythiques » : Modèle:Citation bloc

Né de père irlandais et de mère canadienne-française, Nelligan a choisi de prononcer son nom à la française et même de l'orthographier parfois de façon à en effacer l'origine anglaise, tels « Nellighan » et « Nélighan »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les premiers critiques considéraient cette double ascendance linguistique comme une richesse potentiellement conflictuelle, tant Roquebrune que Dantin : Modèle:Citation<ref>Louis Dantin, Préface, p. V.</ref> Après la Révolution tranquille, quand les deux langues sont considérées comme profondément antagonistes, ce bilinguisme est vu de façon négative et le malheur de Nelligan vient précisément de cette hérédité, selon Jean Éthier-Blais : Modèle:Citation La même idée revient avec force dans l'opéra de Michel Tremblay, qui insiste sur l'impossibilité de fusionner les cultures anglaise et française dans Modèle:Citation : Modèle:Citation

Controverse sur le « véritable » auteur

Dans Le Naufragé du Vaisseau d'or, Yvette Francoli défend la thèse selon laquelle Louis Dantin serait le principal auteur de l'œuvre publiée d'Émile Nelligan<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Comme le notent Vincent Lambert et Karim Larose, Modèle:Citation

Cette thèse avait déjà été avancée par Claude-Henri Grignon en 1938 dans les Pamphlets de Valdombre, mais c'était de façon voilée et sans nommer précisément Dantin<ref group="n">Réagissant à un article des Nouvelles littéraires qui faisait l'éloge des poèmes de Nelligan, Grignon écrit : Modèle:Citation, Pamphlets de Valdombre, Modèle:N°, mars 1938, Modèle:P..
Le même auteur, qui prétend dans cet article n'avoir jamais aimé la poésie de Nelligan, a pourtant écrit sous le pseudonyme de Claude Bâcle un vif éloge de ce poète : Modèle:Citation (Modèle:Article.</ref>. Dès qu'il en prend connaissance, Dantin déplore l'insulte faite ainsi à Nelligan, et y réagit dans une lettre à Jules-Édouard Prévost<ref group="n">Modèle:Citation. Lettre du Modèle:Date-, citée par Yves Garon, « Louis Dantin et la critique intime », Revue de l'Université Laval, vol. XVI, Modèle:N°, janvier-février 1962, Modèle:P..</ref> ainsi que dans sa correspondance avec Germain Beaulieu, où il qualifie cette supposition de « fielleuse canaillerie ». Il reconnaît avoir fait tout au plus une douzaine de retouches pour l'ensemble du volume Modèle:Citation. En outre, écrit-il, l'œuvre de Nelligan Modèle:Citation Il précise : Modèle:Citation bloc

Dantin, qui avait la passion de la Vérité Modèle:Efn, tient encore le même témoignage dans ses propos à Nadeau quarante ans plus tardModèle:Sfn. Il n'a jamais caché son rôle de mentor auprès de Nelligan, et y fait allusion dans sa Préface de 1903. Aussi François Hébert l'a-t-il désigné comme « notre premier professeur de création littéraire »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dantin rapporte même avoir suggéré au jeune poète le sujet du poème « Les Déicides »<ref name=W251/>, publié en Modèle:Date- dans la petite revue religieuse dont il s'occupait Modèle:Incise. En tant qu'éditeur des poèmes de Nelligan, Dantin fait preuve du même souci de rester fidèle à la vérité du texte original, se limitant à des corrections mineures inhérentes au travail d'édition : Modèle:Citation

Germain Beaulieu Modèle:Incise réfute avec force les allégations de Valdombre : Modèle:Citation Dans un article qu'il soumet alors à la revue Les Idées, il confirme les déclarations de Dantin sur les étonnants dons poétiques de Nelligan, rappelant que Modèle:Citation. Il reconnaît cependant que le jeune poète était loin d'être arrivé à la « perfection de la forme », mais Modèle:Citation Corroborant la position de Beaulieu, la revue fait suivre son article d'une appréciation élogieuse de la poésie de Nelligan par Olivar Asselin publiée en 1900Modèle:Sfn.

Selon Paul Wyczynski, Modèle:Citation Dans un long article paru au Modèle:Nobr, les professeurs Hayward et Vandendorpe passent au crible les arguments de Francoli et déconstruisent son « fragile échafaudage », tout en soulignant les différences d'inspiration, de style et de technique poétique entre Dantin et NelliganModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Postérité

Au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Nelligan devient pour le Québec un « personnage fétiche », comparable à la figure de Rimbaud en France et à celle de James Dean aux États-Unis, inspirant de nombreux hommages, sous forme de poèmes, de films, d'œuvres musicales et plastiques, exaltant son génie, sa folie ou son martyre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Michèle Lalonde mentionne Modèle:Citation dans son poème Speak White (1968). Claude Beausoleil résume ainsi sa nouvelle incarnation : Modèle:Citation

Poèmes en musique

La musicalité des vers de Nelligan attire très tôt musiciens et interprètes. En 1914, D. A. Fontaine met en musique L'Idiote aux cloches avec accompagnement de L. Daveluy. En 1920, Charles Beaudoin écrit des mélodies pour Le Sabot de Noël et Soirs d'automne. En 1930, Léo Roy entreprend de constituer un imposant recueil musical comportant Modèle:Nobr<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1941, Léopold Christin réalise une partition pour La Romance du vin. En 1949, Maurice Blackburn compose une autre partition pour L'Idiote aux cloches ainsi que pour Soir d'hiver<ref name=W445>Modèle:Harvsp.</ref>.

À l'approche du centenaire de naissance de Nelligan, sa poésie attire une nouvelle génération de compositeurs. François Dompierre met lui aussi en musique « L'Idiote aux cloches ». Claude Léveillée crée un accompagnement pour « Soir d'hiver ». En 1974, Monique Leyrac se fait la fervente interprète de la poésie de Nelligan<ref>La Romance du vin; André Gagnon et Claude Léveillée. Monique Leyrac chante Emile Nelligan, Verdun : Disques Mérite, 1991, 1 disque; Monique Leyrac. Monique Leyrac chante Nelligan, Enregistrement au Cinéma Outremont, 1976, 2 disques Barclay référence 9001.</ref>, chantant trente poèmes sur une musique d'André Gagnon<ref>André Gagnon. Nelligan, Toronto : Disques SRC, 2005, 2 disques (concert enregistré à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts à Montréal, les 18 et Modèle:Date-).</ref>. Nicole Perrier chante Le Vaisseau d'or (1966), poème qui sera repris par Claude Dubois en 1987. Richard G. Boucher crée Anges maudits, veuillez m'aider! : cantate dramatique sur des poèmes d'Émile Nelligan<ref>Montréal : Radio Canada international, 1981, durée 38 min.</ref>. Jacques Hétu compose Le tombeau de Nelligan : mouvement symphonique opus 52<ref>Saint-Nicolas : Doberman-Yppan, 1995 (1 partition : 44 pages).</ref>, ainsi que Les abîmes du rêve : opus 36<ref>Montréal : Société nouvelle d'enregistrement, 1987, durée: 30:21.</ref>. Alberto Kurapel, Lucien Francœur et Félix Leclerc l'ont aussi évoqué dans leurs chansons.

Au début des Modèle:Nobr, l'intérêt pour Nelligan n'a pas fléchi. Luck Mervil chante Soir d'hiver<ref>Album Luck Mervil, 2000.</ref>. Sui Caedere sort l'album ThrèneHommage à Émile Nelligan en 2009. Chris Lago compose Émile Nelligan: 7 poèmes mis en musique, 2011.

Cinéma

En 1969, l'Office du film du Québec produit un long métrage intitulé Le Dossier Nelligan, réalisé par Claude Fournier. Synopsis : un juge, assisté de deux procureurs, fait l'étude du dossier du poète et appelle à la barre un certain nombre de témoins afin de déterminer si le poète était fou ou génial. Ce film, qui prétendait interroger le « mythe » de Nelligan, s'intéressait surtout à l'homme malade<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et reposait sur cette fausse alternative énoncée dans la conclusion par l'avocat général : Modèle:Citation. Léo Bonneville résume ainsi l'opinion générale : Modèle:Citation

En 1977, la Société de radio-télévision du Québec produit Nelligan : in memoriam sous la direction de Robert Desrosiers. Ce film d'une durée de Modèle:Nobr évoque « les moments les plus significatifs de cette riche mais tragique existence» et met en scène la lecture de quelques-uns de ses poèmes par Albert Millaire. Il est Modèle:Citation

En 1991, Robert Favreau réalise Nelligan, film romancé qui évoque les moments les plus déterminants de la vie du poète (Michel Comeau) et met l'accent sur sa relation trouble avec sa mère (Lorraine Pintal), l'hostilité de son père (Luc Morissette), et ses rapports avec divers contemporains, tels le père Seers (Gabriel Arcand), Robertine Barry (Andrée Lachapelle), Arthur de Bussières (David La Haye), Idola Saint-Jean (Dominique Leduc), Joseph Melançon (Patrick Goyette), Jean Charbonneau (Christian Bégin), Gonzague Deslauriers (Luc Picard), Albert Ferland (Martin Drainville), Louis Fréchette (Gilles Pelletier), etc.

Dans La Face cachée de la lune (2003), le personnage principal, créé et interprété par Robert Lepage, produit une vidéo devant présenter différents aspects de la vie terrestre à d'éventuels extraterrestres. Il y lit Devant deux portraits de ma mère.

Théâtre

En 1979, Michel Forgues crée la pièce Émile Edwin Nelligan, qui fait revivre le poète à partir de fragments divers.

Armand Larouche a recours au même procédé de composition dans sa pièce Nelligan Blanc produite l'année suivante<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1980, Normand Chaurette consacre à Nelligan sa première pièce, intitulée Rêve d'une nuit d'hôpital, où le poète Modèle:Citation et dans lequel son internement Modèle:Citation. Chaurette en arrive ainsi à Modèle:Citation.

Opéra

L'Modèle:Nobr voit la sortie très médiatisée de l'opéra Nelligan, sur une musique d'André Gagnon et un livret de Michel Tremblay, dans une mise en scène d'André Brassard. Parmi les interprètes : Jim Corcoran, Louise Forestier et Renée Claude<ref>2 CD. Texte publié sous le titre Nelligan : livret d'opéra, Montréal : Leméac, 1990, 90 p. Extraits de Renée Claude, Michel Comeau et Louise Forestier.</ref>, Yves Soutière, Michel Comeau, Daniel Jean, Marie-Jo Thério. Dans cet opéra, le protagoniste Modèle:Citation engagé dans une Modèle:Citation et, en tant que tel, dangereux pour l'ordre social parce que rebelle, insoumis et irréductible<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Reprenant la thèse de Jean Larose, Tremblay Modèle:Citation et il attribue le malheur de Nelligan à une famille tiraillée entre deux cultures inconciliables ainsi qu'à l'amour Modèle:Citation que l'adolescent vouait à sa mère<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon le chercheur Pascal Brissette, le livret de cet opéra Modèle:Citation

Cet opéra a été repris, avec un plus petit ensemble, en Modèle:Date- à Québec<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2020, le Théâtre du Nouveau Monde reprend l'œuvre, dans une formule qualifiée d'«opéra de chambre» et une mise en scène de Normand Chouinard avec, notamment, Marc Hervieux, Dominique Côté et Kathleen Fortin<ref>Émile Nelligan s’invite au TNM, ICI ARTV, 16-01-2020.</ref>.

Arts plastiques

Fichier:Buste de Nelligan par Roseline Granet 2005.jpg
Buste de Nelligan adolescent par Roseline Granet (2005). Carré Saint-Louis. Montréal.

Le peintre Jean Paul Lemieux lui a consacré cinq aquarelles et, surtout, le très célèbre « Hommage à Nelligan » (1966), portrait stylisé du poète avec pour fond le carré Saint-Louis un jour d'hiver et quelques silhouettes de femmes sur fond de neige<ref>Modèle:Harvsp. Voir en ligne.</ref>. Louis Pelletier, de Saint-Antoine-sur-Richelieu, a réalisé des gravures pour illustrer neuf poèmes (1977)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ugo di Palma a exécuté un portrait stylisé de Nelligan<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les Postes canadiennes publient le Modèle:Date- un timbre commémoratif du centenaire de sa naissance présentant un vaisseau d'or stylisé réalisé à partir d'une gravure sur bois de l'artiste montréalaise Monique CharbonneauModèle:Sfn.

En 2004, la ville de Québec érige à proximité du Parlement une œuvre du sculpteur Gregory Pototsky, dans laquelle un buste de Nelligan est placé aux côtés de celui d'Alexandre Pouchkine<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Modèle:Date-, la Fondation Émile-Nelligan et la Ville de Montréal inaugurent au carré Saint-Louis un buste en sa mémoire réalisé par Roseline Granet<ref>« Monument à Émile Nelligan ».</ref>.

Prix Émile-Nelligan

Depuis 1979, le Prix Émile-Nelligan couronne un livre de poésie en langue française d'une ou d'un jeune poète d'Amérique du Nord.

Inscription au patrimoine national

En 1974, le gouvernement du Canada a désigné Émile Nelligan comme un Personnage historique national en vertu de la Loi sur les lieux et monuments historiques<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Pour sa part, le gouvernement du Québec a inscrit en 2007 au Registre du patrimoine culturel le cahier « Les Tristesses », manuscrit rédigé par le poète entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En Modèle:Date-, une campagne de souscription est lancée par deux étudiants montréalais pour éviter que ne sorte du Québec une copie du poème Le Vaisseau d'or qui était alors mise en vente sur eBay<ref>Modèle:Lien web.</ref>. À la suite du retentissement médiatique de cette initiative, le manuscrit de la main du poète, daté du Modèle:Date-, est retiré des enchères sur eBay<ref>Modèle:Lien web.</ref> et inscrit au patrimoine culturel du Québec<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Toponymes

Plusieurs villes du Québec ont nommé une rue ou parc en son honneur : Montréal, Québec , Trois-Rivières, Chicoutimi, Boisbriand, Mirabel, Boucherville, Mont-Saint-Hilaire...

Le réseau des bibliothèques publiques de la Ville de Montréal a donné son nom au « Catalogue Nelligan »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Plusieurs écoles et bibliothèques portent son nom, ainsi que le salon des élèves du Collège Mont-Saint-Louis où il a fait une partie de ses études.

En 1980, une circonscription électorale provinciale située sur l'île de Montréal est dénommée en son honneur, la circonscription Nelligan.

Un hôtel de luxe porte également son nom dans le Vieux Montréal.

Notes et références

Notes

Modèle:Références nombreuses

Références

Modèle:Références nombreuses

Bibliographie

Éditions de l'œuvre

Le fonds d'archives d'Émile Nelligan est conservé au centre d'archives de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Ouvrages et articles critiques

Traductions

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Selected Poems by Émile Nelligan, traduits par P.F. Widdows. Avec texte français. -- Toronto : Ryerson Press, 1960; Guernica 2006.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Complete Poems of Émile Nelligan, édités et traduits par Fred Cogswell. -- Montréal : Harvest House, 1983.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} El recital de los ángeles, traduit par Claude Beausoleil—México: Universidad Nacional Autónoma de México; Trois-Rivières, Québec : Écrits des forges, 1999.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Poezje Émile Nelligan, traduit par Joanna Paluszkiewicz-Magner -- Varsovie : Wydawnictwo Nowy Świat, 2003.

Voir aussi

Baladodiffusion

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Autres projets

Bases de données et dictionnaires

Modèle:Liens

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