Le Juif errant est un personnage légendaire dont les origines remontent à l'Europe médiévale et qui ne peut pas perdre la vie, car il a perdu la mort : il erre donc dans le monde entier et apparaît de temps en temps.
De cette idée qu'un témoin de la Passion survivrait jusqu'au retour du Christ naquirent de nombreux contes populaires.
Les premières traces écrites de ce mythe datent du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle : deux récits similaires figurent dans une chronique latine de Bologne et dans les Flores Historiarum du moine bénédictin anglais Roger de Wendover (écrites en 1204-1234).
Établissement du mythe : de l'opuscule au récit populaire
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le mythe du Juif errant se voit immortalisé dans un opuscule allemand à travers le personnage d'un simple cordonnier juif, nommé Ahasvérus, qui prétend avoir assisté à la crucifixion du Christ.
Ce récit connaît un succès populaire foudroyant.
Influence dans la littérature
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le mythe du Juif errant est relayé par les hommes de lettres. De nombreux ouvrages écrits dans de nombreuses langues font ainsi référence à ce personnage. C'est ainsi que la littérature trouve dans ce mythe intemporel une figure récurrente que l'usage populaire a rendu accessible à tous.
Chateaubriand, dans ses Mémoires, cite la Ballade du Juif errant, grande poésie populaire qui nous narre ses aventures. On apprend ainsi que le Juif errant aurait fait une étape à Bruxelles en Brabant.
Eugène Sue, Le Juif errant (1844-45)
Le thème du Juif errant est très actif dans la production littéraire et savante (historienne) autour de l’époque de la Monarchie de Juillet, comme en témoignent parmi d’autres les études d’Edgar Quinet, depuis son premier écrit publié, les Tablettes du Juif errant (1823), jusqu’à Ahasverus (cf. infra).
Le roman-feuilleton d’Eugène Sue, Le Juif errant, connaît l’un des plus grands succès publics du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Le titre est cependant trompeur, puisque ce roman n’est pas véritablement axé sur ce personnage. En effet, il raconte les intrigues menées par les jésuites pour s’emparer du fabuleux héritage d’un protestant que la Compagnie avait acculé au suicide. Face à eux, le Juif errant et son homologue féminin, Hérodiade, s’efforcent d’être les anges gardiens des héritiers, qui sont en outre leurs derniers descendants.
Mais Sue exploite surtout l’idée de la malédiction qui accompagne le Juif errant en faisant coïncider son arrivée à Paris avec l’épidémie de choléra d’avril 1832 qui a fait plus de douze mille victimes – on ignorait alors presque tout sur cette maladie et son mode de propagation. La violente dénonciation de la Compagnie de Jésus fait suite à l’ouvrage de Jules Michelet et Edgar Quinet, Des jésuites (1843). Le roman de Sue est Modèle:Incise un réquisitoire contre le fanatisme et l’intolérance religieuse, et se termine sur la fin des souffrances du Juif errant et d’Hérodiade.
Guillaume Apollinaire, Le Passant de Prague (1910)
Dans sa nouvelle Le Passant de PragueModèle:InciseGuillaume Apollinaire met en scène le Juif errant que le narrateur rencontre à Prague en Modèle:Date- et qui se fait appeler Laquedem. Buvant dans les tavernes et jouissant des prostituées, il est satisfait de son sort d'immortel : Modèle:Citation
Apollinaire cite un grand nombre d'allusions littéraires sur son personnage : Modèle:Citation bloc
Le Juif errant est un des personnages du roman Manuscrit trouvé à Saragosse de Jan Potocki. S'il n'apparaît que brièvement dans la version de 1810, son histoire est beaucoup plus développée dans la version incomplète de 1804.
Ludwig Bechstein rapporte dans son Neues deutsches Märchenbuch (Nouveau Livre allemand de contes, 1856) un récit faisant intervenir le Juif Errant (Die verwünschte Stadt<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Die verwünsche Stadt (Bechstein) sur zeno.org.</ref>, traduit par La Cité maudite par C. & Cl. Lecouteux<ref>Voir Bibliographie.</ref>).
Claude Tillier, dans Mon oncle Benjamin, Paris, W. Coquebert, 1843 (nombreuses rééditions), chapitre IV Comment mon oncle se fit passer pour le Juif-errant, et ce qu'il en advint et accessoirement chapitres VI et VII.
Leo Perutz : « Quelle valeur critique peuvent-ils reconnaitre à un homme qui a la conviction d'avoir rencontré en Espagne le Juif errant ? » (prologue du Marquis de Bolibar, 1920).
Maxime Alexandre, Le Juif errant, pièce en trois actes, prologue et intermède, Paris 1946.
Albert Cohen, dans son roman Belle du Seigneur (1968), décrit le personnage de Solal, déguisé en Juif errant pour séduire Ariane. Ce déguisement préfigure la déchéance de nationalité qui affectera Solal.
Jean d'Ormesson, dans son Histoire du Juif errant, fait de ce personnage mythique un repentant qui se nourrit de la beauté du monde et de ses innombrables souvenirs. Il confie son secret à un jeune couple en vacances à Venise, leur racontant son influence sur des épisodes historiques majeurs, en fait ses amis et, pour finir, séduit involontairement la jeune femme. Le romancier fait du Juif errant un personnage affable, humble et érudit. Pris au piège dans l'espace et le temps, il ne cherche pas la sagesse mais la recueille grâce à sa séculaire expérience. Ce personnage pourrait être le miroir sans complaisance de l'humanité tout entière, et non seulement d'un peuple.
Carlo Fruttero et Franco Lucentini dans leur roman commun L'Amant sans domicile fixe (L'amante senza fissa dimora), 1986, font du Juif errant le héros d'un amour impossible à Venise.
Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels : Fosca n'est autre que le Juif errant.
Glen Berger crée une intrigue autour du Juif errant au théâtre à New York avec Underneath the Lintel. Cette pièce a fait le tour du monde. Adaptation française à partir de Modèle:Date- au Théâtre du Lucernaire à Paris.
J. G. Ballard a écrit une nouvelle en 1964, Le Vinci disparu, dont l'intrigue porte sur la représentation picturale du Juif errant dans les tableaux décrivant la crucifixion du Christ.
Gabriel García Márquez, dans Un día después del sábado, décrit un village qui accuse un étranger d'être le Juif errant, l'estimant responsable de la mort des oiseaux observée depuis quelque temps.
Mircea Eliade, dans Dayan fait intervenir la figure du Juif Errant, que Dayan rencontre. C'est d'ailleurs le Juif Errant qui ouvre les yeux à Dayan et lui permet de résoudre l'« ultime équation ».
Stefan Heym, dans Ahasver le juif errant<ref>1991 pour la traduction française, éd. L'Âge d'Homme.</ref>, fait du Juif errant la pierre angulaire de son récit, le faisant apparaître tantôt au Moyen Âge, tantôt lors de la guerre froide et dans un songe anhistorique aux côtés de Jésus depuis sa rencontre dans le désert jusqu'à l'Armageddon.
Mike Kasprzak, dans Monstres, fait intervenir un alter-ego récurrent aux allures de Juif errant<ref>Gregory Mion, Le Musée des monstres de Mike Kasprzak.</ref>.
Alexandre Arnoux, dans Carnet de route du Juif errant paru en 1931 (Bernard Grasset), imagine sous forme d'un conte les pérégrinations et rencontres dans le temps (de Jésus au XXe siècle) du Juif errant.
Yi Mun-yol, écrit le roman Le fils de l'Homme, dans lequel la victime d'un meurtre a consigné dans ses cahiers l'histoire d'Ahasverus, le juif errant, qu'il nomme "Le fils de l'Homme".
Kore Yamazaki, The Ancient Magus Bride, dans cette œuvre le mage et antagoniste "Joseph" est aussi désigné comme le "Carthaphilus".
« La retournée du Juif errant » montrant les nouveautés rencontrées par le Juif errant en France après une centaine d'années d'absence, Metz, 1840-1868
Marcello Massenzio, Le Juif errant ou L'art de survivre, Éditions du Cerf, Col. « Les Conférences de l'École Pratique des Hautes Études », 2010, 160 p. Modèle:ISBN.
La Légende du Juif errant suivi de Le Passant de Prague, Guillaume Apollinaire, Paul Lacroix, illustré par Gustave Doré, Éditions Interferences, 2010 Modèle:ISBN.
Edgar Knecht, Le Mythe du Juif errant, essai de mythologie littéraire et de sociologie religieuse, PUG, 1977.
Gaël Milin, Le Cordonnier de Jérusalem. La Véritable Histoire du Juif errant, PUR, 1997.
Charles Schoebel, La Légende du Juif-errant, Paris : Maisonneuve , 1877.
Ludwig Bechstein, Le Livre des Contes, trad. Corinne et Claude Lecouteux, José Corti, 2010 Modèle:ISBN. Conte 24.
Articles connexes
Le nom Ahasvérus se rapproche, dans sa translitération en hébreu, du nom Assuérus (en hébreuModèle:Lang), qui est le roi de Perse mentionné dans le récit de Pourim.