Alfred de Vigny

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Alfred Victor de Vigny, ou comte de Vigny, né le Modèle:Date de naissance- à Loches et mort le Modèle:Date de décès- à [[8e arrondissement de Paris|Paris Modèle:8e]]<ref group="alpha">Acte de décès à Paris Modèle:8e, n° 1312, vue 12/31.</ref>, est un écrivain, romancier, dramaturge et poète français.

Figure influente du romantisme français, il écrit parallèlement à une carrière militaire entamée en 1814 et publie ses premiers poèmes en 1822. Avec la publication de Cinq-Mars en 1826, il contribue au développement du roman historique français. Ses traductions versifiées de Shakespeare s'inscrivent dans le drame romantique, de même que sa pièce Chatterton (1835). Son œuvre se caractérise par un pessimisme fondamental, et une vision désenchantée de la société. Il développe à plusieurs reprises le thème du paria, incarné par le poète, le prophète, le noble, Satan ou bien le soldat. Sa poésie est empreinte d’un stoïcisme hautain, qui s’exprime en vers denses et dépouillés, souvent riches en symboles, annonçant la modernité poétique de Baudelaire, Verlaine et Mallarmé.

Alfred de Vigny est né au sein d’une famille issue de la vieille noblesse militaire. Après avoir passé quinze ans dans l'armée sans combattre, il quitte sa vie de garnison monotone pour fréquenter les milieux littéraires parisiens et notamment le Cénacle romantique de Victor Hugo. De 1822 à 1838, il écrit des poèmes (Poèmes antiques et modernes), des romans (comme Stello), des drames (comme la Maréchale d’Ancre) et des nouvelles (Servitude et grandeur militaires) qui lui apportent la célébrité. En 1838, après une rupture sentimentale avec Marie Dorval et la mort de sa mère, il s'installe pour la première fois au Maine-Giraud, son domaine situé en Charente. Il goûte à la solitude et prend soin de sa femme malade et constamment alitée. De retour à Paris, il se mêle de nouveau à la vie politique et littéraire. Il parvient en 1845 à se faire élire, au bout de la cinquième tentative, à l'Académie française. En revanche, candidat lors des élections de 1848, il échoue à la députation de la Charente.

Par la suite, il effectue plusieurs séjours au Maine-Giraud, avec sa femme pour seule compagnie, mais vit surtout à Paris. Il écrit peu, publie rarement, mais médite et lit beaucoup. Il meurt d’un cancer de l’estomac, après une lente agonie qu’il supporte avec patience et stoïcisme. Son recueil posthume Les Destinées est publié en 1864. Son Journal est révélé en 1867.

Biographie

Enfance et jeunesse

Alfred de Vigny naît dans une famille qui a un passé riche de péripéties militaires.

Gertrude de Vigny, le grand-oncle d'Alfred, est admis chevalier de l'ordre de Malte en 1717<ref>Gonzague Saint Bris, Alfred de Vigny ou la volupté et l'honneur, Modèle:P..</ref>. Son grand-père maternel, Didier de Baraudin, est écuyer et chef d'escadre dans la marine royale<ref group="alpha">Il prétendait être marquis et amiral. Gonzague Saint Bris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref> ; son manoir du Maine-Giraud, situé près d'Angoulême, n'est pas un fief mais un domaine acheté en 1768.

Son grand-père paternel, Claude Henri (1698-1781), fit en tant que lieutenant carrière au régiment de la marine. L'oncle d'Alfred, Joseph Pierre de Vigny (1742-1812), fut capitaine de vaisseau mais alors qu'il s'était montré, à partir de 1779, brillant capitaine au commandement de la Néréide, il rendit pratiquement sans combattre la frégate l’Hébé en 1782, ce qui lui valut, l'année suivante, une condamnation par le conseil de guerre à Modèle:Nombre de prison<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La Navy anglaise pendait pour bien moins.

Le père du poète, Léon Pierre (1737-1816), chevalier de Vigny se trouvait d'ailleurs comme « volontaire d'honneur » aux côtés de son frère à bord de l’Hébé lors de sa reddition, et fit tout son possible pour susciter la clémence du conseil de guerre.

À la naissance d'Alfred, c’est un ancien officier vétéran de la guerre de Sept Ans, déjà âgé de soixante ans et infirme, et sa mère, Marie-Jeanne-Amélie de Baraudin est la fille de l’amiral de Baraudin, la cousine de Louis-Antoine de Bougainville et la parente du poète Jean-François Regnard<ref>Ratisbonne, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Âgée de quarante ans, elle a déjà donné naissance à trois enfants<ref group="alpha">Frères défunts : Léon, Adolphe, Emmanuel, in Ratisbonne, Modèle:Opcit Modèle:P..</ref>, tous morts en bas âge. Alfred incarne le dernier espoir de continuer la lignée.

En 1799, après la fin de la Révolution, les Vigny perdent nombre de leurs propriétés et de leurs revenus<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Ratisbonne, Modèle:Opcit Modèle:P.</ref>. Alfred n'a pas deux ans que ses parents quittent Loches et s'installent à l'Élysée-Bourbon, alors divisé en logements privés.

Dès son plus jeune âge, Alfred suit une éducation exemplaire, dirigée par sa mère, suivant à la lettre les préceptes de l’Émile : bains glacés, régime sec, exercices physiques, notamment escrime et tir, enseignement des mathématiques, de la musique, de la peinture. Il est l'âme du foyer, objet d'une affection tyrannique. Les murs de l'appartement sont recouverts de portraits de l'enfant. Son père lui fait embrasser la croix de Saint-Louis chaque soir avant de se coucher mais, surtout, en homme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, lui lit des ouvrages classiques et, doué d'un talent de conteur peu commun, il plonge l'enfant dans un passé qu'il embellit certainement. De ces récits naît, chez Vigny, le sentiment d'appartenir à une lignée, d'où l'« importance excessive » qu'il attachera, sa vie durant, à l'Modèle:Citation<ref>Bertrand de La Salle, Alfred de Vigny, Paris, Fayard, 1963, Modèle:P..</ref>.

En Modèle:Date-, Napoléon ayant fait don de l’Élysée à Murat, les Vigny emménagent au 1, rue du Marché d'Aguesseau, puis ultérieurement au 68, rue du Faubourg-Saint-Honoré<ref group="alpha">Voir chronologie de Patrick Berthier dans Servitude et grandeur militaires, Paris, Gallimard, 1992.</ref>. En 1807, il devient pensionnaire à l'institution Hix, rue Matignon, où ses bonnes manières et ses excellentes notes lui attirent l'hostilité de ses camarades. Il y expérimente la solitude. Au lycée Bonaparte, il prépare avec sérieux mais sans enthousiasme Polytechnique. Après la chute de l'Empire, il est affecté, le Modèle:Date-, à la première Compagnie rouge, celle des gendarmes du roi, avec le grade de sous-lieutenant.

Carrière militaire

Fichier:Kinson(AttribueA)AlfredDeVigny.JPG
Alfred de Vigny vers l'âge de dix-sept ans en uniforme de sous-lieutenant de la Maison du roi, portrait attribué à François-Joseph Kinson, musée Carnavalet.

Sa carrière militaire dure plus de dix ans et n'est guère exaltante. Blessé au genou lors d'une manœuvre, il escorte néanmoins la calèche de Louis XVIII fuyant le retour de Napoléon pendant les Cent-Jours. En 1816, à la Seconde Restauration, il passe dans l'Infanterie de la Garde royale, au grade de sous-lieutenant. Il végète dans les compagnies rouges, mène la vie de garnison monotone et sans éclat.

En 1822, il est nommé lieutenant titulaire de son régiment, l'équivalent de capitaine<ref group="alpha">Voir la chronologie de la vie de Vigny, établie par André Jarry, et reprise dans l'édition Poésie Gallimard des Poèmes antiques et modernes et des Destinées.</ref>. Il espère prendre part à l'expédition d'Espagne en 1823, mais un autre bataillon est désigné pour partir. Toutefois, il sent qu’il peut concrétiser là-bas ses rêves de gloire militaire. Le Modèle:55e de ligne étant supposé franchir les Pyrénées, il accomplit les démarches nécessaires à sa mutation.

Lors d'une étape à Angoulême, il prend huit jours de congé pour visiter une de ses tantes, qui a pris possession du Maine-Giraud. Cette distraction compromet ses plans. Lorsqu'il retrouve son régiment à Bordeaux, la guerre d'Espagne est pratiquement finie, Ferdinand VII ayant été rétabli sur le trône. Il ne se passe plus rien jusqu'en 1827, date à laquelle il jette l'éponge et quitte l'armée. Il tire profit de son temps libre pour lire et faire des vers, préparant son entrée dans le monde littéraire.

La figure du romantisme

Fichier:Alfred de Vigny by André-Léon Larue, dit Mansion, 1825.jpg
Alfred de Vigny en 1825, miniature d'André-Léon Larue, dit Mansion
Fichier:Othello and Desdemona in Venice by Théodore Chassériau.jpg
Othello traduit en vers devient Le More de Venise.

Son premier texte publié est un essai sur l'œuvre de Byron, dont les œuvres complètes sont parues en 1820. Le Bal, son premier poème, est publié la même année. Les deux textes paraissent dans le Conservateur littéraire, la revue de Victor Hugo. Vigny le fréquente, ainsi que Charles Nodier, Alexandre Soumet et le reste du Cénacle. Il devient ami de Victor Hugo et publie en 1822 un recueil de poésie, sous couvert d'anonymat. L'ouvrage passe inaperçu. Le Modèle:Date- de la même année il est témoin du mariage de Hugo avec Adèle Foucher. Il est reçu chez Sophie Gay, désireuse de le voir épouser sa fille Delphine, la « Muse de la patrie », mais Modèle:Mme fait obstacle au projet.

Son « aventure » espagnole est pour lui l'occasion de composer Le Trappiste, Dolorida et Eloa, poèmes bien accueillis qui contribuent à éclairer son nom. En 1824 il collabore à la Muse française, fréquente le salon de Virginie Ancelot et fait la connaissance de Marie de Flavigny, future comtesse d'Agoult. Alors qu'il est en garnison à Bayonne, il s'éprend d'une Anglaise, Lydia Bunbury, qu'il épouse l'année suivante.

En 1826, il s'installe à Paris avec sa femme, et publie Les poèmes antiques et modernes et Cinq-Mars, premier vrai roman historique à la française. Considéré comme le Walter Scott français, il s'essaye également au théâtre, avec une adaptation en vers d’Othello. La première représentation à la Comédie-Française, le Modèle:Date-, est houleuse, et préfigure celle d’Hernani. Il assiste sagement à la création de la pièce le Modèle:Date-, aux côtés notamment de Théophile Gautier et Gérard de Nerval. Un mois plus tard, Christine d’Alexandre Dumas enfonce le clou du théâtre romantique. Après la première du Modèle:Date-, Dumas prie Hugo et Vigny de corriger son texte, ce qui est chose faite dans la nuit même<ref>Gonzague Saint Bris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

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Binettes contemporaines.

Le dramaturge à succès

Fichier:Marie Dorval (1798-1849).jpg
Marie Dorval (par Paul Delaroche en 1831) jouera Kitty Bell dans Chatterton.

Il réagit vivement devant les erreurs répétées des gouvernements de la Restauration. Les ordonnances du ministère Polignac le font douter de la politique. La Maréchale d’Ancre, représentée à l’Odéon le Modèle:Date-, avec laquelle il fait sa véritable entrée au théâtre, exprime ces doutes. À travers ce drame historique, il se prononce pour l'idée de l’abolition de la peine de mort en matière politique. La révolution de Juillet réveillera en lui le pessimisme.

C'est à cette époque qu'il entame une liaison tumultueuse avec Marie Dorval<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, après lui avoir fait une cour respectueuse. Mais Vigny, d'un tempérament jaloux<ref group="alpha">Il ira jusqu'à faire suivre sa maitresse par le célèbre Vidocq<ref>Modèle:Lien web.</ref>.</ref> et possessif, s'accommode mal du mode de vie de l'actrice, sans cesse sur les routes au sein d'une troupe de comédiens ambulants. La promiscuité des chambres fait craindre le pire au poète. Dorval est alors célèbre pour ses rôles dans Antony ou Marion Delorme — drames romantiques par excellence. Comme elle a l'ambition de brûler les planches de la Comédie-Française, il lui écrit Quitte pour la peur (1833), gracieux proverbe qui doit prouver qu'elle peut tout jouer.

Fichier:Vigny Maurin.jpg
Alfred de Vigny par Antoine Maurin en 1832.

Il écrit ensuite pour elle un drame, cette fois : Chatterton. La pièce, écrite en douze jours et créée le Modèle:Date- à la Comédie-Française, rencontre un succès prodigieux. George Sand, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Maxime Du Camp, Hector Berlioz figurent parmi le public et applaudissent en chœur l'auteur et la comédienne, qui triomphe dans le rôle de Kitty Bell. Marie Dorval joue ensuite le rôle dans de nombreuses villes de France où elle défend avec ferveur la pièce de Vigny<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Désillusions et pessimisme

Chatterton est tiré d'un roman philosophique que Vigny venait de publier : Consultations du Docteur Noir : Stello ou les Diables bleus (1832). Stello est un récit mêlé d’histoire, de philosophie et de roman qui rappelle Laurence Sterne et Diderot. À travers les trois exemples d'André Chénier, Nicolas Gilbert et Thomas Chatterton, Vigny développe, dans un ton amer et désabusé, l'idée que la vie moderne transforme le poète en paria. Le poète est un être à part, un génie malheureux, inadapté au quotidien, que le monde trivial fait souffrir, qui vit dans une profonde solitude. Écrasé par les matérialités de la vie, il est contraint, s'il veut subsister, d'accepter des fonctions utilitaires qui le détournent de sa mission. Cette conception amère de la poésie préfigure la vogue des poètes maudits.

Servitude et Grandeur Militaires (1835), est une autre œuvre en prose. Vigny se penche sur la figure du soldat, autre paria de la vie moderne. Trois récits illustrent la condition humaine du militaire, écartelé par son devoir d'obéissance et sa conscience d'homme libre.

L'avenir semble lui appartenir, mais aux alentours de 1837, tout s'assombrit : la mort de sa mère, sa rupture avec Marie Dorval et des brouilles successives avec ses anciens amis du Cénacle lui font quitter le devant de la scène. Il cesse brusquement de publier, à l'exception de quelques poèmes qui paraissent dans la Revue des Deux Mondes en 1843-44, puis en 1854.

Fichier:Manoir du Maine-Giraud.jpg
Le Maine-Giraud à Champagne-Vigny, en 2009.

La retraite au Maine-Giraud

Il fait alors quatre séjours dans son domaine de Charente, le logis du Maine-Giraud à Champagne-de-Blanzac (renommée Champagne-Vigny en 1983), en 1838, 1846, 1848-49 et 1850-53, soit, au total, pendant cinq des vingt-cinq dernières années de sa vie. Là il veille sur sa femme Lydia, quasiment infirme et silencieuse. Au cours de ses passages en Charente, il s’intéresse à la vie du domaine, qu’il restaure et entretient, tandis qu’il poursuit son œuvre, rédigeant une partie de ses Mémoires de famille, puis de ses Mémoires politiques<ref>Publiés dans : Alfred de Vigny, Mémoires inédits. Fragments et projets, 460 p. Édition de Jean Sangnier, Paris, Gallimard, 1958.</ref>, et travaillant à quelques poèmes. C’est ainsi qu’en 1838 il met au net La Mort du loup dans sa tour du Maine-Giraud<ref>La Mort du Loup voir traduction anglaise.</ref>; en 1846, il y dresse le plan de La Bouteille à la mer (qu'il termine, au même endroit, en 1853) ; en 1849, il y achève Les Destinées, texte qui donnera son titre au recueil de 1864<ref>Voir article Les Destinées.</ref>. Éloigné des salons parisiens, il n'en demeure pas moins attentif à la vie littéraire et politique de son temps. En Modèle:Date- il dîne même à Angoulême avec le prince-président Louis-Napoléon qui voyage en province à des fins de propagande (les deux hommes s’étaient rencontrés en 1839, à Londres).

Fichier:Alfred de Vigny by Pierre Daubigny.jpg
Portrait par Pierre Daubigny, 1836.

Entre ses séjours charentais, Vigny se présente vainement à cinq reprises à l’Académie. Il endure les visites et réceptions des académiciens, pour la plupart hostiles au romantisme et à ses idées<ref>Épisode relaté dans le Journal d'un poète et dans les Mémoires inédits.</ref>. Il est finalement élu le Modèle:Date-. La réception a lieu le Modèle:Date-. Son discours, célébrant le romantisme, est d'une longueur inhabituelle. De plus, il a refusé de faire, à cette occasion, l'éloge de la « branche cadette » et du roi Louis-Philippe. La réponse de Mathieu Molé<ref>Modèle:Lien web.</ref> est cinglante. Molé critique ouvertement le courant romantique et les œuvres du poète. Il ne se prive pas de nier leur mérite et de condamner leur manque de vérité, ce qui achève de mortifier l'auteur.

Le Modèle:Date-, naît à Paris la future compositrice d'origine irlandaise Augusta Holmès, dont il est le parrain…, mais peut-être aussi le père biologique selon une rumeur persistante.

Le Modèle:Date-, il échoue à faire élire Balzac à l'Académie malgré le soutien de Victor Hugo<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le poète ne réussit pas davantage à se faire élire député de Charente, après s'être présenté deux fois aux élections en 1848 et 1849.

En Modèle:Date-, il retourne à Paris. Il revoit le prince-président, rencontré l’année précédente, et devenu Empereur des Français. L'écrivain ne tarde pas à devenir partisan du Second Empire. Il reçoit par ailleurs la visite d'un Barbey d’Aurevilly admiratif et de Charles Baudelaire lors de sa candidature à l'Académie, campagne qui se révèlera désastreuse. Les deux poètes sympathisent. À cette époque, il multiplie les liaisons amoureuses, avec Louise Colet, l'ancienne maîtresse de Flaubert et d’Alfred de Musset, puis avec Elisa Le Breton et enfin avec Augusta Bouvard, toutes deux à peine âgées de vingt ans.

Quelques années plus tard, en Modèle:Date-, sa femme Lydia Jane Bunbury meurt. Moins d’un an plus tard, Vigny la rejoint. Il souffrait depuis quelques années d’un cancer à l’estomac<ref group=alpha>Mort, à une heure du soir, en son domicile, au 6 rue des Écuries d'Artois, sa mort est déclarée, le 18, par Louis Ratisbonne, homme de lettres, Modèle:Nombre, demeurant 121 avenue de Saint-Cloud (Paris, [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e]]) et par son cousin Louis Joseph de Pierres, Modèle:Nombre, demeurant 11, rue de La Soudière Saint-Honoré. Il est enterré au cimetière de Montmartre à Paris (Modèle:13e).</ref>.

Le précurseur du roman historique

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Richelieu traînant ses prisonniers sur le Rhône (1829), y compris Cinq-Mars et De Thou, par Paul Delaroche, Wallace Collection.
Fichier:Vigny manus.jpg
Manuscrit autographe, 1835.

Cinq Mars n'est pas le premier roman historique français. Les Martyrs sont un roman historique de Chateaubriand publié pour la première fois en 1809 et dont l'histoire se déroule sous Dioclétien. De son côté, Victor Hugo, après avoir rédigé Bug-Jargal, l'histoire d'une romance sur fond de révolte des esclaves à Saint-Domingue en 1791 (publié dès 1820), publie en 1823 Han d'Islande, un roman d'inspiration gothique. L'intrigue, située en Norvège en 1699, et les personnages sont conçus à partir « de matériaux historiques et géographiques »<ref>Lettre à Adèle Hugo, 16 février 1822.</ref>. L'idée de Han d'Islande est née des romans de Walter Scott. Les Waverley novels sont traduites par Defauconpret en France dès 1816. La popularité de Scott acquiert une dimension sans équivalent en France et en Europe. Hugo, comme Vigny, puis Balzac et Mérimée, est un héritier de Walter Scott<ref>Balzac avec Les Chouans, 1829, Mérimée avec Chronique du règne de Charles IX, Modèle:Date-. Modèle:Article.</ref>. Il est le premier à s'emparer de cet héritage et à tenter d'adapter les conceptions de l'écrivain écossais au récit français, démarche louée par Vigny : Modèle:Citation<ref>Lettre de Vigny à Hugo, février-mars 1823.</ref>.

Cette lettre annonce son travail à venir sur Cinq Mars. En même temps qu'il loue le roman de Hugo, Vigny regrette qu'il n'ait pas fait un pas de plus et naturalisé le roman historique aux couleurs de la France. Il considère Han d'Islande comme une étape et une œuvre de transition. Il souhaite créer une œuvre en prose assez large, comparable aux grands poèmes épiques. Dans les romans de Scott, les personnages principaux sont fictifs, l'histoire et les grands hommes apparaissent en toile de fond du récit. Vigny renverse ce choix narratif et place les hommes illustres au premier plan, procédé qui contribue à créer un genre hybride entre le roman et l'histoire, mais aussi à créer un décalage entre le fait historique et l'action<ref>Voir Cinq-Mars, préface de Sophie Vanden Abeele-Marchal ; LGF, 2006.</ref>.

De fait, Cinq-Mars cristallise l'épineux problème du rapport entre histoire et fiction, et de la vraisemblance narrative. Sainte-Beuve juge le roman Modèle:Citation. Il reproche à l'auteur de mal peindre l'histoire — reproche récurrent auquel n'a pas échappé Scott. Il relève, dans cet Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:Citation. Pour être le Walter Scott français, Modèle:Citation<ref>Sainte-Beuve, Panorama de la littérature française, Modèle:P..</ref>.

Vigny publie sa théorie du roman historique dans la troisième édition de Cinq-Mars (1827), dans une préface intitulée « Réflexions sur la vérité dans l'art ». Il défend l'idée d'un récit qui Modèle:Citation. Répondant aux critiques qui lui reprochent ses écarts d'imagination et de poésie, il affirme que la liberté qu'il prend avec l'histoire est Modèle:Citation, car Modèle:Citation<ref>Voir préface de Cinq-Mars.</ref> — Clio était la Muse de l'Histoire sous l'Antiquité.

En Modèle:Date-, il a la paternité du mot lyrisme, dans sa « Lettre à Lord *** sur la soirée du 24 octobre 1829 »<ref name="Pacte">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="Maulpoix">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les poèmes philosophiques

Voir article spécifique concernant Les Destinées, recueil publié en Modèle:Date- par Louis Ratisbonne, exécuteur testamentaire d’Alfred de Vigny.

Réception et postérité

Vigny est d'abord, pour la critique, le poète d'Éloa et de Moïse :

Fichier:Alfred Comte de Vigny (1797–1863), French poet and Member of the Academy MET 31550.jpg
Médaille, 1879.

Sainte-Beuve : Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref>Sainte-Beuve, Panorama de la littérature française : portraits et causeries, Modèle:P..</ref>. Éloa est qualifiée d'Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref>Sainte-Beuve, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>

Théophile Gautier : Modèle:Citation, Éloa étant qualifié de Modèle:Citation. Gautier apprécie de manière générale Modèle:Citation<ref>Théophile Gautier, Histoire du romantisme, suivie de Notices romantiques, Modèle:P..</ref>.

Barbey d'Aurevilly : Vigny est Modèle:Citation<ref>Barbey d'Aurevilly, Les quarante médaillons de l'Académie.</ref>. Pour lui, Vigny Modèle:Citation. Éloa représente Modèle:Citation, c'est Modèle:Citation. Barbey, évoquant Moïse, parle de Modèle:Citation, d'Modèle:Citation, de la Modèle:Citation, de la Modèle:Citation<ref>Barbey d'Aurevilly, Les Œuvres et les hommes : Les Poètes.</ref>.

Leconte de Lisle : Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref>Leconte de Lisle, Les Poètes contemporains Alfred de Vigny (Leconte de Lisle).</ref>.

Gustave Flaubert : Modèle:Citation<ref>Lettre à Louise Colet, 7 avril 1854.</ref>.

Fichier:Alfred de Vigny, dessin de Mérimée.jpg
Vigny, croqué par Mérimée, 1879.

Alexandre Dumas : Dans ses mémoires, Alexandre Dumas lui consacre quelques lignes ironiques : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Pierre Larousse : Modèle:Citation<ref name="Larousse">Modèle:Chapitre.</ref>.

Rémy de Gourmont : Modèle:Citation<ref>Rémy de Gourmont, Promenades littéraires, Cinquième série.</ref>.

Fichier:Collège Alfred-de-Vigny à Courbevoie (France).JPG
Collège Alfred de Vigny, Courbevoie.

Le jeune Marcel Proust, dans son célèbre questionnaire, déclare que Baudelaire et Vigny sont ses deux poètes préférés<ref>Marcel Proust, Marcel Proust par lui-même, dans Essais et articles, Modèle:P..</ref>, jugement qu'il confirme à la fin de sa vie : Modèle:Citation<ref>Marcel Proust, À propos de Baudelaire, dans Essais et articles, Modèle:P..</ref>. Parlant de La colère de Samson, il relève « l'extraordinaire tension » du poème. L'un des vers de ce poème servira d'épigraphe et fournira le titre de Sodome et Gomorrhe<ref group="alpha">Il s'agit du vers : La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome.</ref>. Pour Proust, le mystère ajoute aux qualités du poète : Modèle:Citation<ref>Marcel Proust, À propos de Baudelaire, dans Essais et articles, Modèle:P..</ref>.

L’homme, quant à lui, frappa certains de ses contemporains par son détachement du terre-à-terre et du prosaïque. Sainte-Beuve affirme à Edmond de Goncourt que Vigny Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Alexandre Dumas renchérit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Victor Hugo, de son côté, le qualifie ainsi : « Envieux et jaloux » des succès théâtraux de Marion Delorme et d’Hernani, aggravés par les soupçons de Vigny sur les relations entre Hugo et Marie Dorval<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Distinction

Hommage

Liste chronologique des œuvres

Fichier:Poemes Vigny 1829.jpg
Poèmes antiques et modernes, page de titre de l'édition 1829

Textes en ligne

Notes et références

Notes

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Références

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Voir aussi

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Bibliographie

Biographies

Filmographie

Liens externes

Notices et ressources

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