Agnus Dei
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Agnus Dei est une expression latine signifiant « Agneau de Dieu ».
Chez les chrétiens, elle désigne Jésus-Christ dans son rôle de victime sacrificielle, destinée à l'offrande pascale. C'est aussi le nom d'une prière catholique chantée ou récitée pendant la messe.
Terme et fonction liturgique
Chez les catholiques de rite romain — pas ceux de rite ambrosien —, cette acclamation est récitée au cours de la messe juste avant la communion (sauf le vendredi saint et le samedi saint). Plus précisément, il s'agit du chant qui accompagne la fraction du pain auparavant consacré. Son origine se trouve dans l'Évangile selon Jean. C'est une citation de Jean le Baptiste : Modèle:Citation (Jn 1,29)<ref name="gall">« Agnus Dei », sur le site Liturgiecatholique.fr (consulté le Modèle:1er mai 2016).</ref>. Cette exclamation johannique fait écho à la désignation par Dieu de son « Fils bien-aimé » dans les évangiles synoptiques, l'agneau pouvant être, en araméen (talya), la désignation métaphorique d'« enfant », à l'instar de l'anglais contemporain kid (chevreau)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Dans la messe, l'hymne Gloria in excelsis Deo aussi emploie ce terme<ref name=gall />. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est « l'agneau de Dieu » sacrifié lors de la crucifixion et qui enlève les péchés du monde par sa mort et sa résurrection.
Selon l'article 83 de la Présentation Générale du Missel Romain du Vatican, l'invocation Agnus Dei accompagne la fraction du pain. Normalement, Agnus Dei est lancée et chantée par la schola ou le chantre, et le peuple fidèle y répond. L'invocation est conclue avec dona nobis pacem des fidèles. Lorsque l'on ne peut pas la chanter, il faut qu'elle soit dite à haute voix<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
A l'occasion d'obsèques, l'invocation reste la même mais la demande est différente. Elle n'attend plus la miséricorde pour les vivants mais le repos éternel pour les défunts.
La prière est également en usage dans d'autres confessions, notamment la Communion anglicane et les Églises luthériennes. Modèle:Voir aussi
Texte
Texte latin
Modèle:Citation étrangère bloc
Selon l'ancien rite romain (avant 1570)
Texte en français (avant 2021)
Texte français de la nouvelle traduction du missel romain (2021)
Historique
Tout comme les Kyrie, Gloria, l’origine de ce chant se trouve dans la tradition byzantine. Avant que l’Église en Occident n’adopte l’Agnus Dei, le texte biblique Saint Jean I,29 Voici l’Agneau de Dieu, qui… était déjà en usage dans la messe de saint Jacques en grec<ref name=basiliquerome />.
La pratique de ce chant dans le rite romain remonterait au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=gall/>. C’est pourquoi les spécialistes cherchaient cette pièce dans les manuscrits au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Mais, le texte ne se trouve pas dans le sacramentaire gélasien Vatican Reginensis 316 ni le sacramentaire de Bobbio ni le missel de Stowe<ref name="epigraphie">Modèle:Ouvrage</ref>. En réalité, les manuscrits issus du sacramentaire gélasien, destiné aux paroisses et privé de réformes, ne contenaient pas ce texte.
À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Lotario Conti, aussitôt pape Innocent III, mentionnait, dans son commentaire de la messe, le nom de [[Serge Ier (pape)|Serge {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]]. D’après Lotario Conti, ce prédécesseur pontifical ordonna que l’Agnus Dei soit chanté par le clergé ainsi que les fidèles<ref name=epigraphie />,<ref>« a clero et populo »</ref>. De surcroît, le futur pape précisait que le chant était exécuté tantôt trois fois selon le texte miserere nobis auprès d’un certain nombre d’établissements y compris au Latran, mais que tantôt les fidèles chantaient déjà le troisième verset avec dona nobis pacem<ref name=epigraphie />.
De nos jours, les chercheurs considèrent que cette attribution est raisonnable. En effet, le pape Serge {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} se distinguait de sa réforme liturgique, surtout de son opposition contre le concile byzantin in Trullo (concile Quinisexte, en 692) ayant interdit de représenter le Christ sous l’aspect de l’agneau<ref name=epigraphie/>,<ref name=basiliquerome/>. On comprend que ce souverain pontife souhaitât rétablir cette coutume, car ses parents étaient originaires de la région d’Antioche qui pratiquait cette tradition ancienne<ref name="basiliquerome">Modèle:Ouvrage</ref>.
D’où, le texte de l’Agnus Dei se trouve exactement dans les manuscrits du Sacramentarium Gregorianum Hadrianum, qui étaient fidèles aux reformes liturgiques auprès du Vatican. Ainsi, le manuscrit Cambrai 164<ref>Ce sacramentaire était anciennement conservé à sa cathédrale, en tant que manuscrit 159. Celui-ci se trouve actuellement à la bibliothèque municipale avec sa cote 164.</ref> (copié vers 811 extrait (Agnus dei)) et le Vatican Reginensis 337 (Lyon, première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le meilleur manuscrit de cette catégorie) contient de l’Agnus Dei [1]<ref>Toutefois, les manuscrits indiquaient singulièrement le mot entonné par le célébrant auquel le sacramentaire est strictement réservé. D’où, il n’est pas certain qu’à cette époque-là, l’Agnus Dei fût répété. Mais selon la source que Lotario Conti, future pape Innocent III, consultait, le clegé et les fidèles répétaient le texte. Il y a donc trois possibilités :
- célébrant
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
ou
- célébrant
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
- assemblée
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
ou
- célébrant
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
- assemblée
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.</ref> alors que manque de ce texte le sacramentaire de Trente issu du sacramentaire grégorien Type I, plus ancien et édité avant les reformes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Aujourd’hui, les chercheurs identifièrent que le sacramentaire Cambrai 164 n’est autre qu’une copie directe d’un sacramentaire papal du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ce dernier était en usage au Vatican, puis laissé dans la bibliothèque de Latran, avant que le pape [[Adrien Ier|Adrien {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] l’octroie à Charlemagne en 791 ou plus tôt.
En résumé, l’Agnus Dei était pratiqué au Saint-Siège, déjà au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Avec le sacramentaire grégorien Hadrianum, évolué et complété en Gaule, sa pratique devint universelle. Il s’agissait de l’un des fruits des réformes liturgiques successives, par les papes saint Grégoire le Grand († 604), Serge {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} et Grégoire II († 731), afin d’enrichir la liturgie de l’Église.
Au regard du texte, ce sacramentaire Hadrianum préparait déjà le texte du missel romain actuel. Mais il fallait attendre la Contre-Réforme de sorte que les variantes soient supprimées. Ainsi, un missel romain de 1558 employait trois versets différents : « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, parce nobis Domine ; Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, exaudi nos Domine ; Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis<ref name="missel">Missale Romanum nunc quidem, p. 98 bis (voir page suivante en ligne), 1558 [2] ; même texte dans le Missale romanum peroptime, p. XCIII (93) bis, 1507 [3]</ref>. » À la suite du concile de Trente, le missel romain, qui fut sorti en 1570 sous le pontificat de Pie V, fixa, pour la première fois, le texte officiel actuel de la messe dont l’Agnus Dei, étant en usage jusqu’ici<ref group=ve name="p23">Modèle:P.</ref>.
Chant liturgique
Chant grégorien
Le Kyriale du graduel romain compte vingt invocations Agnus Dei grégoriennes<ref name="genre">Modèle:Ouvrage</ref>. Leur composition fut effectuée entre les Xe et XVIe siècles<ref group=ll>Modèle:P. et 44</ref>,<ref name=genre />. Donc, certaines sont chants néo-grégoriens, ajoutées tardivement.
Si le texte se compose d'une forme a - a - b, la moitié des Agnus Dei, plus précisément onze, possèdent en tant que structure musicale, a - b - a. Seule la VII a sa cohérence entre le texte et la forme musicale. Avec la forme a - b - c, la XI aussi demeure une exception. Mais les mélodies de miserere et dona nobis sont normalement identiques<ref name=genre/>.
Tel le Kyrie, ce chant contient ceux qui sont issus de la liturgie locale. Ainsi, les Agnus Dei IV et VI sont représentatifs du fond germanique<ref name=genre/>.
- Agnus Dei I (aaa, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p37">Modèle:P.</ref>)
- II (aba)
- III (aba)
- IV Cunctipotens genitor Deus (aba, XIIe ou Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p40">Modèle:P.</ref>)
- V (aaa)
- VI (aaa)
- VII (aab)
- VIII De angelis(aba, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p44">Modèle:P.</ref>)
- IX Cum jubilo (aba, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p48">Modèle:P.</ref>)
- X (aba)
- XI Orbis factor (abc, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p51">Modèle:P.</ref>)
- XII Pater cuncta(aba)
- XIII (aba)
- XIV (aba)
- XV (aba)
- XVI (aba)
- XVII (aa'a, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p53">Modèle:P.</ref>)
- XVIII (aaa, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ll name="p28">Modèle:P.</ref>)
- I ad libitum (adaptée à toutes les célébrations, aaa)
- II ad libitum (aa'a)
Les mélodies des Agnus Dei I et IX sont les plus anciennes. Mais quelques spécialistes considèrent que l'origine de la XVIII est antérieure au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en raison de sa caractéristique syllabique et psalmodique<ref name=genre />. En outre, celle-ci répète simplement la même mélodie trois fois.
- Agnus Dei I (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) Modèle:Écouter en ligne
- Agnus Dei IX (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) Modèle:Écouter en ligne
- Agnus Dei XVIII (avant Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ?) Modèle:Écouter en ligne
Par ailleurs, la dénomination de chaque série du Vatican (messe I Lux et origo - messe XVIII Deus genitor alme) fut effectuée sous le pontificat de saint Pie X<ref name=genre />. Mais, de nos jours, la plupart de ces dénominations ne sont plus en usage. Les chants dans les messes XV, XVI et XVIII sont généralement très simples, qui se trouvent souvent dans les manuscrits les plus anciens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=ve name="p5">Modèle:P.</ref>. Modèle:Voir aussi
Moyen Âge
À la suite de la naissance de la polyphonie, l'ordinaire de la messe y compris l'Agnus Dei était désormais fréquemment composé en cette manière, en dépit de l'interdiction du pape Jean XXII avec sa décrétale Docta Sanctorum Patrum. Mais initialement, le motif musical restait encore issu du chant grégorien. Ainsi, l'Agnus Dei de la messe de Notre Dame de Machaut était une paraphrase de l'Agnus Dei XVII grégorien<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}https://books.google.fr/books?id=EY87ImIUFOAC&pg=PA76 7. Messe de Notre Dame i.</ref>.
- Guillaume de Machaut (vers 1300 - † 1377) : Messe de Notre Dame Modèle:Écouter en ligne
- Guillaume Dufay (vers 1400 - † 1474) : Messe pour saint Antoine de Padoue Modèle:Écouter en ligne
- Jean Ockeghem (vers 1420 - † 1497) : Missa Caput à 4 voix (vers 1462<ref>Modèle:Ouvrage</ref>) Modèle:Écouter en ligne
En musique classique
L'Agnus Dei est un passage de nombreuses œuvres de musique classique, faisant normalement partie de la messe. En tant que prière chantée, il s'agit d'une pièce particulièrement chargée d'émotion et d'humilité. C'est la raison pour laquelle les musiciens en composaient avec beaucoup de soin et que l'on y trouve les meilleurs chefs-d'œuvre parmi les pièces de messe<ref name=gall />. Pour cette même raison, plusieurs compositeurs à la Renaissance écrivaient leurs Agnus Dei I et Agnus Dei II, successivement chantés, tels Josquin des Prés, Palestrina. Par ailleurs, le dit cérémonial de Clément VIII, sorti en 1600, recommandait l'exécution de l'Agnus Dei en alternance, afin de lutter contre le calvinisme qui interdisait toutes les formes musicales dans la liturgie. D'où, une messe de Carissimi, profondément lié au Saint-Siège, était chantée en alternance : versets 1 et 3 en monodie et verset 2 en polyphonie. Cette messe était une paraphrase de son ancienne cantate. De même, le motif de Josquin des Prés, l'Homme armé, n'était autre qu'un chant profane, très populaire à l'époque.
Renaissance
- Josquin des Prés (vers 1450 - † 1521) : Messe l'Homme armé super voces musicales Modèle:Écouter en ligne Modèle:Écouter en ligne
- Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 - † 1594) : Messe du Pape Marcel (1562) Modèle:Écouter en ligne Modèle:Écouter en ligne
- Claudio Monteverdi (1567 - † 1643) : Messa a 4 voci (posthume, 1650) Modèle:Écouter en ligne
Musique baroque
- Giacomo Carissimi (1605 - † 1674) : Messa Sciolto havean dall' alte sponde à 5 voix (après 1653<ref>Modèle:Lien web.</ref>) Modèle:Écouter en ligne
- Marc-Antoine Charpentier (1643 - † 1704) : Messe de minuit pour Noël, H9 Modèle:Écouter en ligne ; Messe Assumpta est Maria, H11 (1702) Modèle:Écouter en ligne
- Joseph-Hector Fiocco (1703 - † 1741) : Missa solemnis pour solistes, chœur et orchestre Modèle:Écouter en ligne
- Johann Sebastian Bach (1685 - † 1750) : Messe en si mineur BWV 232 Modèle:Écouter en ligne
Musique classique
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - † 1791) : Messe du Couronnement (KV 317) () Modèle:Écouter en ligne, Messe de l'Orphelinat" et "Grande messe en ut mineur".
- Charles Gounod (1818 - † 1893) : Messe solennelle de sainte Cécile (1855) Modèle:Écouter en ligne
- Anton Bruckner (1824 - † 1896) : Messe Modèle:N° en fa mineur pour chœur, solistes et orchestre, WAB28 (1868) Modèle:Écouter en ligne
- Gabriel Fauré (1845 - † 1924) : Messe des pêcheurs de Villerville (Messe Basse) (1881, 1907) Modèle:Écouter en ligne
Musique contemporaine
- Ralph Vaughan Williams (1872 - † 1958) : Messe en sol mineur pour double chœur et solistes (1921) Modèle:Écouter en ligne
- Zoltán Kodály (1882 - † 1967) : Missa Brevis pour solistes, chœur et orgue (1944) Modèle:Écouter en ligne
- Samuel Barber (1910 - † 1981) : Adagio for strings
- Daniel Meier (1934 - † 2004) : œuvre pour soprano et orgue (2002)<ref>Notice Bnf [4]</ref>
- Arvo Pärt (1935 - ) : Berliner Messe (1990) Modèle:Écouter en ligne
- Martín Palmeri (1965 - ) : Misa a Buenos Aires Modèle:Écouter en ligne
- Régis Campo (1968 - ) : œuvre pour chœur d'enfants ou 7 voix a cappella (2005)<ref>Notice Bnf [5]</ref>
Musique populaire
- Agnus Dei est le Modèle:1er de l'album L'Autre… de Mylène Farmer.
- Agnus Dei est le titre du deuxième album du groupe québécois Gros Mené, paru en 2012.
- Agnus Dei est le titre de l'introduction de l'album Blood of the Saints de Powerwolf, paru en 2011, dont les paroles sont une reprise conforme au texte en latin<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Références bibliographiques
- Eugène Cardine, Vue d'ensemble sur le chant grégorien, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2002 Modèle:Isbn 31 p.
- Liturgie latine, mélodies grégoriennes, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2005 Modèle:Isbn 136 p.
Autres références
Voir aussi
Articles connexes
- Agneau pascal
- Kyrie, Gloire à Dieu, Credo (religion), Sanctus
- Tapisserie de l'Agneau de Dieu
- Dona nobis pacem (canon)
Liens externes
Modèle:Autres projets Modèle:Liens
- Robert Le Gall, « Agnus Dei », Dictionnaire de liturgie.
- Liturgie luthérienne sur le site de l'Église protestante unie de France.