Antéchrist

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L’Antéchrist écoutant les paroles de Satan, représentés par Luca Signorelli dans une fresque de la chapelle San Brizio.

L’Antéchrist ou Antichrist est une figure commune aux eschatologies chrétienne et islamique<ref>Khashayar Azmoudeh, articles Eschatologie in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 270</ref>, mais différente. Elle apparaît dans les épîtres de Jean et dans la deuxième épître aux Thessaloniciens de Paul de Tarse sous des formes variables, mais puise ses origines dans la notion d'« anti-messie » déjà présente dans le judaïsme<ref>Hervé Savon, article Antéchrist in Encyclopædia Universalis, édition 2006</ref>.

Le terme désigne parfois un individu Modèle:Incise, parfois un groupe ou un personnage collectif. Cet imposteur maléfique qui tente de se substituer à Jésus-Christ a nourri de nombreuses spéculations et interprétations dès les premiers développements du christianisme à travers la littérature patristique, qui se sont enrichies encore au fil des siècles, situant l'apparition de l'Antéchrist lors des dernières épreuves précédant la fin du monde<ref name="Delumeau MDB">cf. Jean Delumeau, « Antéchrist, An Mil et millénarisme », in Le Monde des Religions Modèle:N° :Les religions et la fin du monde, mars 2006, article en ligne</ref>.

Dans l'islam, diverses traditions prophétiques (hadiths) mettent en scène al-Dajjâl (« l’Imposteur ») Modèle:Incise dont la venue est un point déterminant de l’eschatologie musulmane. Il apparaît à la fin des temps et doit être éliminé par le prophète Îsâ (Jésus) lors de son retour. Les traditions sont nombreuses à ce sujet et varient selon les confessions et les commentateurs<ref>Cf. Pierre Lory, « La fin de l'histoire dans la tradition musulmane », 27/01/2004, article en ligne, cité par Serge Lafitte, « La fin du monde en 2012 ? », in Le Monde des Religions n° 26, 1/11/2007, article en ligne</ref>.

Beaucoup de personnages, de personnalités, voire d'entités, ont été assimilés à l'Antéchrist au cours des siècles jusqu'à nos jours, essentiellement dans des contextes ou épisodes eschatologiques et millénaristes.

Étymologie et définition

Fichier:Hortus Deliciarum - Antichrist.jpg
L'Antéchrist manifesté sous la forme d'un roi.
Hortus Deliciarum (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).

Le mot « antéchrist » vient du grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang par l'intermédiaire du latin médiéval antechristus<ref>Le Lexis, le Dictionnaire érudit de la langue française, Paris, Larousse, 2009, Modèle:ISBN.</ref>, qui vient du latin ecclésiastique. Bien que la transformation du préfixe anti- (« contre ») en ante- (« avant ») date du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Alain Rey">Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, éd. Le Robert, 1998, p. 750.</ref>, on trouve la forme « antichrist » chez François Rabelais<ref name="Alain Rey"/>, dans la Bible de Jérusalem (traduction du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle) et dans la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie française<ref>Neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie française, dont la rédaction a commencé en 1986 : « ANTICHRIST : n. m. Voir "Antéchrist". »</ref>. Malgré cela, le mot « antéchrist » signifie « adversaire du Christ »<ref name="def_antechrist">Dictionnaire de la langue française, Bordas, 1994-1998 Modèle:ISBN : « Adversaire du Christ » – Le Nouveau Petit Robert de la langue française, 2008 Modèle:ISBN: « Ennemi du Christ » – Le Lexis, le Dictionnaire érudit de la langue française, Paris, Larousse, 2009 Modèle:ISBN : « Imposteur qui […] doit venir […] avant la fin du monde pour essayer d'établir une religion opposée à celle de Jésus-Christ » – Dictionnaire de l'Académie française, Modèle:8e, 1932-1935 : « Celui qui est opposé à Jésus-Christ » – Dictionnaire de l'Académie française, Modèle:9e, 1986-… : « Adversaire suprême du Christ et de Dieu » – Nouveau dictionnaire de la langue française, Modèle:3e, Paris, Larousse, 1856 : « Séducteur, ennemi du Christ, qui doit venir à la fin du monde ».</ref> et non « celui qui vient avant le Christ ». De même, en latin, antechristus et antichristus sont synonymes<ref>Dictionnaire latin-français Le Grand Gaffiot, Hachette, 2000 Modèle:ISBN : Antéchristus renvoie à Antichristus (« Antechristus, v. Antichristus. ») et Antichristus est traduit par l'« Antéchrist » et l'« ennemi du Christ ».</ref>.

Le mot « antikhristos » est utilisé au pluriel dans les Épîtres de Jean, désignant les judéo-chrétiens qui se détachent de la communauté par leur refus de la reconnaissance de la pleine divinité du Christ ou de son incarnation. Par la suite, différentes représentations de personnages mythiques d'« antéchrists » sont modelées tant par l'eschatologie juive que par les pères de l'Église<ref name="Alain Rey"/>. En français, dès le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le mot a désigné tout à la fois, dans une acception populaire péjorative, un « méchant homme » et, dans des acceptions didactiques, un « esprit du mal devant apparaître à la fin des temps » ou encore un « adversaire du Christ », un « apostat »<ref name="Alain Rey"/>.

Les manuscrits de la mer Morte et la notion d'Antéchrist

Depuis sa découverte parmi les manuscrits de la mer Morte et sa publication en 1947, le manuscrit numéro 2Q246 trouvé à Qumran a provoqué des controverses virulentes<ref>Michael Wise, Martin Abegg Jr, Edward Cook, traduit de l'anglais par Fortunato Israël, Les Manuscrits de la mer Morte, Perrin, 2003 Modèle:ISBN, p. 328.</ref>. Le manuscrit évoque, dans une prophétie d'ordre eschatologique, une personnalité présentée ainsi : Modèle:Début citation[… Après nombre de tueries] et des massacres, un prince des nations [se lèvera…], le roi d'Assyrie et d'Égypte […], il règnera sur le pays […], lui seront assujettis et tous [lui] obéiront. [Son fils également] sera appelé Le Grand, et sera appelé Fils de Dieu, ils l'appelleront Fils du Très-Haut. Mais tels les météores que tu as aperçus dans ta vision, tel sera son royaume. Ils ne règneront qu'un petit nombre d'années sur le pays, tandis que les peuples piétineront les peuples, et que les nations piétineront les nations. Jusqu'à ce que le peuple de Dieu se lève. Alors tous se reposeront de la guerre. Leur royaume sera un royaume éternel, et toutes leurs voies seront justes. Ils jugeront la terre avec équité, et toutes les nations feront la paix. La guerre disparaîtra du pays et toutes les nations se soumettront à eux<ref>Michael Wise, Martin Abegg Jr, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, p. 329.</ref>.Modèle:Fin citation

Un autre manuscrit, 1Qm, est considéré comme lié à celui-ci, qui décrit la guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres. Or, selon les évangiles, Jésus nommait ses disciples fils de lumière<ref name="Matilla">S. L. Matilla, « Two contrasting eschatologies at Qumran (4Q246 vs 1QM) », dans Revue Biblica, 1994, vol. 75, n° 4, p. 518-538, Hamilton, Mc. Master univ., ISSN 0006-0887 - INIST-CNRS, Cote INIST : 23079, 35400005812400.0040. N° notice refdoc (ud4) : 3736336.</ref>.

D'après la lecture des exégètes Michael Wise, Martin Abegg Jr. et Edward Cook, ce passage évoque l'Antéchrist<ref name="Wise-Abegg-Cook_328">Michael Wise, Martin Abegg Jr, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, p. 328.</ref>,<ref name="Matilla"/>. Ils établissent un parallèle avec des passages du Nouveau Testament dans lesquels le titre de « Fils du Très-Haut » est attribué à Jésus : Modèle:Citation<ref>Luc 1,32-33</ref>. Ils précisent que toute prétention humaine à la filiation divine n'a jamais trouvé grâce aux yeux du judaïsme<ref>Isaïe 14, 12-21</ref> et ajoutent que, selon Jean, c'est pour cette raison que Jésus fut accusé par ses contemporains : Modèle:Citation<ref>Jean 10, 33</ref>,<ref name="Wise-Abegg-Cook_328"/>

Cependant, un autre concept, celui de « Fils de l'Homme », a été utilisé pour Jésus dans le Nouveau Testament en conformité avec le Tanakh, et c'est progressivement que la notion de « Fils de Dieu » s'est finalement imposée de façon systématique<ref>Pierre-Marie Beaude, Jésus de Nazareth, Desclée, 1983, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Selon d'autres spécialistes, Jésus lui-même se désigne plutôt comme le « Fils de l'Homme ». La notion christologique d'un « Fils de l'Homme » humain lié au Père (Abba) précède celle de « Fils de Dieu »<ref>Marcel Simon et André Benoît, Le Judaïsme et le christianisme antique d'Antiochus Epiphane à Constantin, Paris, Presses universitaires de France, 1998, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Quant au Coran, il réfute que Jésus aurait affirmé être Dieu ou le Fils de Dieu, et soutient que cela est une déformation des chrétiens postérieure à Jésus-Christ<ref>Marie-Thérèse Urvoy, article « Jésus », dans M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, 2007, Modèle:P..</ref>.

L'antéchrist dans le christianisme

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L'Antéchrist et ses fidèles, représentés dans un vitrail de l'église Sainte-Marie de Rostock.

Le terme « antéchrist » n'apparaît pas dans les textes qui constituent le socle de l'enseignement chrétien sur la fin des temps<ref name="Redalié 2011, p. 106">Modèle:Ouvrage.</ref> : ni dans le Livre de Daniel, ni dans l'évangile selon Matthieu dans la discussion de Jésus sur les signes « de la fin du monde »<ref>Matthieu 24:3, traduction Louis Segond.</ref> (qui n'emploie jamais le terme au cours de son ministère), ni dans la deuxième épître aux Thessaloniciens, ni dans l'Apocalypse de Jean. L'« Homme du Péché », l'« Homme de l'Impiété », l'« Homme sans Loi », l'« Impie » a ainsi reçu différents noms au fil du temps, désignant tantôt un individu, tantôt un groupe ou un personnage collectif<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le texte le plus influent concernant la construction de la figure de l'« antéchrist » – la Deuxième épître aux Thessaloniciens<ref>Modèle:BFR</ref> – ne le connaît pas sous ce nom<ref name="Redalié 2011, p. 106"/>.

Les mots « antéchrist » et « antéchrists » (« antichrist » et « antichrists » dans la Bible de Jérusalem) n'apparaissent que cinq fois dans la Bible, dans deux des trois épîtres de Jean<ref> Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc Cependant, une autre version de ce dernier passage est conservée dans la Vulgate<ref>La Vulgate lit : 4:3 […] et omnis spiritus qui solvit Iesum ex Deo non est et hoc est antichristi quod audistis quoniam venit et nunc iam in mundo est.</ref>, chez Irénée de Lyon<ref>Irénée de Lyon, Contre les hérésies, livre 3, chapitre 12 traduction anglaise</ref> et Origène : Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc

Le terme paraît ici décrire n'importe quel faux docteur, faux prophète ou corrupteur de la foi chrétienne, mais il semble quelquefois indiquer une personne précise ou un simple esprit trompeur qui suscite un faux enseignement, et dont la présence est un signe de la fin des temps. Cependant, dans la compréhension populaire, beaucoup de chrétiens identifient cet Antéchrist particulier avec l'« homme du péché, le fils de la perdition » mentionné dans la Deuxième épître aux Thessaloniciens<ref>Modèle:BFR.</ref> et avec différentes figures de l'Apocalypse, y compris le Dragon, la Bête, le Faux Prophète et la Prostituée de Babylone. L'Antéchrist est compris de diverses façons, soit comme un groupe ou une organisation, soit comme un système de gouvernement fondamentalement mauvais ou une religion fausse ; ou, plus généralement, comme un individu, comme le chef d'un gouvernement mauvais, un chef religieux qui remplace l'adoration du Christ par une fausse adoration, l'incarnation de Satan, un fils de Satan, ou un être humain placé sous la domination de Satan.

L'idée que l'Antéchrist est une personne semble se combiner dans la Première épître de Jean avec celle qui en fait une catégorie de personnes. Jean y parle de « plusieurs Antéchrists » qui incarnent l'« esprit de l'Antéchrist », qui auraient vécu dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (« et qui maintenant est déjà dans le monde », 4:3) et continueraient encore à exister jusqu'à maintenant. Comme Jean l'écrit, un tel Antéchrist (l'adversaire du Christ) est quiconque qui « nie que Jésus est Christ », « nie le Père et le Fils » « ne reconnaît pas Jésus » et « ne reconnaît pas sa venue ».

Des concepts proches et des références apparaissent en bien d'autres endroits dans la Bible et divers apocryphes, si bien qu'un portrait plus complet de l'Antéchrist a été créé peu à peu par les théologiens chrétiens et la religiosité populaire. L'Évangile selon Matthieu met en garde plusieurs fois contre « les faux Christs » trompeurs qui prétendraient être le Christ revenu<ref>Modèle:BFR.</ref>.

Dans la « Petite Apocalypse » de Paul de Tarse (Deuxième épître aux Thessaloniciens<ref>Modèle:BFR</ref>), on s'attend à ce que « l'homme du péché », « le fils de la perdition » s'installe dans le temple de Dieu, sous le prétexte qu'il est Dieu lui-même. Cette représentation de l'Antéchrist conserve le souvenir des actions du roi séleucide Antiochos Épiphane, qui vers 170 Modèle:Av JC commanda aux Juifs de sacrifier des porcs sur l'autel, quatre fois par an le jour du Shabbat, pour lui rendre hommage comme au dieu suprême du royaume. Paul semble avertir ses lecteurs, par cette allusion à des événements passés, qu'ils doivent s'attendre à des malheurs semblables dans l'avenir. Si quelques chrétiens estiment que les événements annoncés dans ce passage se sont produits peu après, et donc ont déjà eu lieu, beaucoup d'autres croient au contraire que l'Antéchrist n'est pas encore paru.

La Deuxième épître aux Thessaloniciens<ref>Modèle:BFR.</ref>, dans un contexte eschatologique, emploie le terme « katechon » en affirmant que les chrétiens ne doivent pas se comporter comme si le Jour du Seigneur devait se produire demain, puisque le Fils de la perdition (l'Antéchrist de 1 et 2 Jean) sera révélé avant. Paul ajoute que la révélation de l'Antéchrist est subordonnée à la suppression de « quelque chose / quelqu'un qui le retient » et l'empêche d'être pleinement manifesté. Le verset 6 utilise le genre neutre, τὸ κατέχον, et le verset 7 le masculin, ὁ κατέχων (katechon). Puisque Paul ne mentionne pas explicitement l'identité du « katechon », l'interprétation du passage fait l'objet d'un débat parmi les érudits.

Les guerres de Religion

Lors des guerres de Religion, catholiques et protestants utilisèrent le nombre de la Bête, les uns comme les autres, pour s'accuser mutuellement d'incarner l'Antéchrist. Petrus Bungus, un catholique, s'efforça de démontrer que 666 était synonyme de Luther selon l'alphabet numéral latin : LVTHERNVC = 30 + 200 + 100 + 8 + 5 + 80 + 40 + 200 + 3 = 666<ref name="Ifrah 1994, p.618">Modèle:Ouvrage</ref>. En sens inverse, les Réformés assimilèrent le pape, c'est-à-dire le « vicaire du Fils de Dieu » (Vicarius Filii Dei), au nombre de la Bête, selon le calcul suivant : VICarIUs fILII DeI = 5 + 1 + 100 + 1 + 5 + 1 + 50 + 1 + 1 + 500 + 1 = 666<ref name="Ifrah 1994, p.618" />.

L'Antéchrist dans le christianisme protestant évangélique

Le réveil évangélique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a coïncidé avec un regain d'intérêt pour l'eschatologie (doctrine biblique concernant la fin des temps), un consensus s'est depuis installé affirmant l'avènement d'un dictateur mondial (la bête ou l'Antichrist)<ref>Modèle:BFR.</ref>, s'appuyant sur une religion universelle (la grande Babylone)<ref>Modèle:BFR.</ref> et culminant avec le retour en gloire du Christ pour gouverner le monde<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Dans l'Église mormone

Dans le mormonisme, le terme anti-Christ se réfère à qui nie la divinité de Jésus-Christ, nie l'Évangile et s'oppose à sa foi. Les Mormons reconnaissent généralement trois personnages dans le Livre de Mormon comme anti-Christs : Sherem, Néhor et Korihor, mais seul ce dernier est explicitement appelé de ce nom. Sherem acceptait la loi de Moïse, mais niait qu’un Christ existerait un jour. Néhor était un prêtre qui exigeait des paiements, enseignait la réconciliation universelle, mais estimait que le repentir est inutile. Korihor était un athée<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} doctrine antéchrist mormon</ref>.

Dans l'islam

Modèle:AncreLa tradition musulmane fait mention d'une figure eschatologique appelée al-Dajjâl (« le Trompeur » ou « l'Imposteur ») ou al-Masîh al-Daajjâl (« le Messie trompeur »)<ref group="Note">Tiré du mot dajl, ce qui signifie « mensonge » ou « imposture ».</ref> correspondant à l'Antéchrist. Le nom al-Dajjal provient du syriaque<ref>Modèle:Article</ref>, probablement emprunté à l'araméen, pour constituer un épithète de l'Antéchrist<ref name=":2" />. Ainsi, dans la peshitta, le grec Modèle:Grec ancien (pseudokristoi) pour « faux/prétendus messies » figurant dans l'Évangile selon Matthieu (24:24) est traduit en syriaque par meshishe daggale et on trouve également dans cette langue des expressions comme shaheda daggala pour « faux témoin » ou encore nebiya daggada pour « pseudo-prophète »<ref name=":2">Modèle:Chapitre</ref>.

Cette figure est absente du Coran<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Certains courants l'identifient à la « Bête » (dâbba)<ref>Khashayar Azmoudeh, articles Eschatologie in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 270.</ref>, dont parle le Coran<ref group="Note">« Et quand la Parole tombera sur eux, Nous leur ferons sortir de terre une Bête qui leur parlera ; les gens n’étaient nullement convaincus de la vérité de Nos signes (ou Nos versets). » Coran, Sourate 27 : Les fourmis (An-Naml) verset 82.</ref>, qui sort de terre parmi d'autres signes annonciateurs. Mais selon Malek Chebel seuls certains exégètes identifient l'antéchrist à la bête<ref>Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éd. Albin Michel, 1995, p.131.</ref>. D'autres exégètes médiévaux ou contemporains voient dans le Coran d'autres références implicites à al-Dajjal. A l'inverse, il est très présent dans la littérature des hadiths où existent de nombreuses traditions, souvent contradictoires<ref name=":0">Z. Saritoprak, "The Legend of al-Dajjal (Antichrist): The Personification of Evil in the Islamic Tradition", The Muslim World, 93, 2003, p.291-307.</ref>.

C'est un faux-messie qui apparaît à la fin des temps<ref name=":1" />. D'autres encore le confondent avec Satan (« Iblis »). Ce personnage ignoble et perfide est présenté avec insistance comme borgne « alors que votre Seigneur, lui, n’est pas borgne »<ref name="Lory6">Pierre Lory, « Les signes de la Fin des Temps dans l’eschatologie musulmane », sur paris-sorbonne.fr (consulté le 20 juin 2010) page 6.</ref>,<ref group="Note">Aucun prophète n'a pas pris soin d'engager son peuple à se méfier du borgne imposteur. Or il est borgne, mais votre Seigneur, Lui, n'est pas borgne. Entre les yeux de l'Antéchrist, ces lettres sont écrites : le Kâf, le Fâ’ et le Râ’ (Kufr, c-à-d. mécréance, infidélité). Rapporté par Anas Ibn Malik, Hadith n° 5219 du Sahih Muslim.</ref> et doit ainsi apparaître à la tête de l'armée d'« ennemis des imams »<ref>Mohammad Ali Amir-Moezzi,« La figure du Sauveur dans le chiisme duodécimain », in Messianismes : variations sur une figure juive, éd. Labor et Fides, 2000, p. 218, extrait en ligne.</ref> à partir d'une terre d'Orient appelée Khorassan<ref name="Lory6" />,<ref group="Note">Abou Bakr As-Siddiq rapporte que Le Messager d'Allah nous a dit : « L'Antichrist jaillira d'une terre de l'Orient appelée Khorassan. » (Ahmad, At-Tirmidhi Modèle:N°, déclaré authentique par al-Albani dans Sahih al-Djami as-Saghir Modèle:N°).</ref> pour répandre l'iniquité et la tyrannie sur le monde durant quarante jours (ou quarante ans)<ref>Kh. A., "Eschatologie", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p. 266 et suiv.</ref>. Dans les hadiths, il n'est pas présenté comme un démon, mais un humain diabolique<ref name=":0" />.

La tradition musulmane mentionne aussi « Al-Mahdi » autre personnage important de l'eschatologie islamique. Pour les chiites duodécimains, il correspond au douzième imam (Kitab al-Kafi), disparu en 940<ref name="Lory8">Pierre Lory, « Les signes de la Fin des Temps dans l’eschatologie musulmane », sur paris-sorbonne.fr (consulté le 20 juin 2010) page 8.</ref>. Cette affirmation est contestée par les sunnites qui ne reconnaissent que quatre califes , les "bien-guidés". L'Antéchrist ne pourra être éliminé physiquement que par Îsâ (Jésus) qui descendra au minaret blanc à l’est de Damas<ref group="Note">Hadith d'An-Nawwaawee ibn Sam'âane au sujet de la sortie d'Ad-Dadjaal et de la descente d'Îsâ</ref>. Pour la tradition sunnite, c'est Îsâ lui-même qui combat al-Dajjâl. Pour d'autres, Îsâ serait remplacé par le Mahdi, le sauveur eschatologique<ref>Khashayar Azmoudeh, articles Eschatologie et Heure (L') in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 270, 389.</ref>. En effet, certains théologiens musulmans ont tantôt réfuté l'existence du Mahdi, tantôt le retour du Messie<ref group="Note">Ibn Khaldoun, Discours sur l'histoire universelle '(al-Muqaddima), trad. Vincent Monteil, Commission libanaise pour la traduction des chefs-d'œuvre, Beyrouth, 1968, tome II, p. 632-678. Le Mahdi est appelé le Fâtimide dans Modèle:Ouvrage.</ref> qui, après la mort du Dajjal, se mariera, aura des enfants et sera enterré à côté de Mahomet<ref name="Lory7">Pierre Lory, « Les signes de la Fin des Temps dans l’eschatologie musulmane », sur paris-sorbonne.fr (consulté le 20 juin 2010) page 7.</ref> au cimetière d'Al-Baqi à Médine.

Les nombreuses histoires circulant sur l'Antéchrist ne concordent que sur certains points, dont le principal est qu'il apparaît avant la fin des temps<ref>Khashayar Azmoudeh, op. cit.</ref> pour tenter et tromper l'humanité. Diverses traditions musulmanes mettent en scène des personnages évoquant l'Antéchrist Modèle:Incise que Mahomet rencontre dans un épisode rapporté dans le Sahih Muslim<ref group="Note">Hadith rapporté par `Abdullah ibn `Omar n°5215 Sahih Muslim disponible sur hadith.al-islam.com.</ref>, qui semble avoir été un prophète rival de ce dernier et qui est parfois assimilé à l'Antéchrist<ref>David Halperin, « The Ibn Sayyâd Traditions and the Legends of al-Dajjal », in 'Journal of the American Oriental society,n° 96, 1976, p. 213-225, présentation en ligne.</ref>. Historiquement, l'antéchrist et les traditions qui l'entourent ont été perçus comme des descriptions littérales, même si des auteurs comme al-Taftazani y ont vu une portée symbolique<ref name=":0" />.

Dans la philosophie occidentale

Chez Nietzsche

Dans son livre L'Antéchrist, le philosophe Nietzsche conçoit l’avenir de l’homme à la lumière de l'histoire des valeurs occidentales qui se sont largement diffusées dans le monde. Selon lui, ces valeurs compromettent les progrès de l'humanité, car elles sont fondées sur les principes dépréciateurs de la morale chrétienne (ce qui est faible est bon) ; la valeur essentielle de ce système contre-nature, du ressentiment et de la pitié, juge la vie d'un point de vue pessimiste (« À quoi bon ? » « Pourquoi chercher satisfaction ici-bas ? » « Il y a une vie meilleure qui justifie celle-ci ».). L'auteur évoque, avec une éloquence caractéristique, au moyen d'une rhétorique plus invocatrice, et passionnée, qu'argumentée, la nécessité d'une alternative radicale, antithétique, à cette interprétation dépréciatrice de l'existence, et de tout son système de valeurs. La meilleure alternative à ces principes moraux viciés, corrompant les bases mêmes de la civilisation, est leur retournement pur et simple (« inversion de toutes les valeurs »). On en trouve l'expression précoce dans le courant humaniste à la Renaissance, qui définit selon Nietzsche l'esprit salutaire de l'Antéchrist, et la réalisation de l'homme par son propre dépassement (« l'homme étant en lui-même une fin »), et non l'inverse... Cette réfutation du message évangélique, et son lot de concepts antinomiques (Volonté de puissance contre remords du péché, Éternel retour contre vision linéaire de l'histoire sainte, de son eschatologie et du cycle de sa révélation, Surhomme contre abnégation et renoncement à soi) se veulent plus anathème qu'antithèse, et plus évocation, éloquence, feu, que système (« rien ne réussit à moins que la pétulance n'y ait sa part ») : Nietzsche avait bien compris qu'en matière de foi, la logique de l'exposé systématique est impuissante, ses prémisses devant d'abord être annoncées avec passion.


Cependant, sa thèse ne vient pas s'opposer totalement à Jésus, mais bien à la morale de l'esclave qui est le résultat d'une perversion des mots et des pratiques de Jésus. Une telle perversion aurait pris naissance dans l'interprétation du Christ selon Saint-Paul. Ainsi, Nietzsche s'attaque plutôt à la religion institutionnalisée et voit Jésus comme un homme passif délivré du ressentiment.

Anthroposophie

Selon Rudolf Steiner et ses croyances anthroposophiques, il y a deux antéchrists, l'un est la puissance de Lucifer qui est décrite comme celle qui excite dans l'homme toutes les exaltations, tous les faux mysticismes, l'orgueil qui pousse l'homme à s'élever au-dessus de lui-même<ref name="Anthroposophiques Romandes 1977, p.16">Rudolf Steiner, Lucifer et Ahriman, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1977, p.16</ref> et l'autre la puissance d'Ahriman, décrite comme celle qui rend l'homme aride, prosaïque, « philistin », qui ossifie exagérément les corps et qui entraîne l'homme aux superstitions matérialistes<ref name="Anthroposophiques Romandes 1977, p.16"/>. Il explique que la tâche propre de l'homme est de se maintenir en équilibre entre les deux antéchrists, soit les puissances lucifériennes et les puissances ahrimaniennes ; et l'impulsion du Christ aide l'humanité actuelle à garder cet équilibre<ref name="Anthroposophiques Romandes 1977, p.16"/>.

Notes et références

Notes

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Références

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Bibliographie

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

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