Berthe Morisot

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Berthe Morisot née le Modèle:Date de naissance à Bourges et morte le Modèle:Date de décès à Paris, est une artiste peintre française, cofondatrice et doyenne du mouvement d'avant-garde que fut l'impressionnisme<ref name="SSL87 15">Modèle:Harvsp.</ref>.

Au sein du groupe impressionniste, elle suscite l'admiration et le respect de ses pairs.

À sa table se réunissent son beau-frère Édouard Manet qui est le plus mondain, Edgar Degas, le plus ombrageux, Pierre-Auguste Renoir, le plus sociable, et Claude Monet, le plus indépendant du groupe. Stéphane Mallarmé l'introduit auprès de ses amis écrivains<ref name="Monneret T1 595">Modèle:Harvsp.</ref>.

Les étapes de la carrière de Berthe Morisot ne sont pas très marquées, car elle détruit toutes ses œuvres de jeunesse. C'est à peine si l'on discerne une influence d'Édouard Manet ou de Pierre-Auguste Renoir vers la fin de sa vie<ref name="Monneret T1 595"/>.

Berthe Morisot est une « rebelle ». Tournant le dos très jeune à l'enseignement académique, elle fonde avec Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Edgar Degas le groupe d'avant-garde les « Artistes Anonymes Associés », qui va devenir la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs regroupant des impressionnistes. Sa volonté de rupture avec les traditions, la transcendance de ses modèles, et son talent font d'elle Modèle:Citation selon l'historienne Anne Higonnet<ref name="Higonnet95 175">Modèle:Harvsp.</ref>.

Biographie

Famille

Berthe Marie Pauline Morisot naît le Modèle:Date à trois heures du soir<ref>(Archive du Cher, Bourges, acte de naissance Modèle:Numéro avec majuscule, dressé le 15 janvier 1841 à Modèle:Nobr du soir, avec mention marginale de naissance, vue 12/346)</ref> à Bourges où son père, Edme Tiburce Morisot, est préfet du département du Cher. Sa mère Marie-Joséphine-Cornélie Thomas est une petite-nièce du peintre Jean Honoré Fragonard<ref name="Monneret T1 595"/>.

Berthe avait deux sœurs. L'une, Yves (1838-1893), devint plus tard Madame Théodore Gobillard, peinte par Edgar Degas sous le titre Madame Théodore Gobillard, Metropolitan Museum of Art<ref>Yves peinte par Degas</ref> (Yves est bien un prénom féminin ici<ref name="SSL87 16">Modèle:Harvsp.</ref>).

Sa deuxième sœur, Edma (1839-1921), pratiquait la peinture avec Berthe qui fit son portrait en 1865 (collection privée)<ref name="SSL87 22">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>voir le portrait de Berthe Morisot par Edma, 1865</ref>. Les deux sœurs exposèrent ensemble pour la première fois au Salon en 1864<ref>Monique Angoulvent première exposition des sœurs Morisot</ref>, mais Edma abandonna ses pinceaux aussitôt après son mariage en mars 1869<ref>Acte de mariage Modèle:N° (vue 14/31). Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du Modèle:16e arrondissement, registre des mariages de 1869.</ref> avec le lieutenant de vaisseau Adolphe Pontillon, car c'est l'année de deux portraits par Berthe de sa sœur mariée : dans l'un, elle est assise dans un fauteuil confortable devant une porte-fenêtre donnant sur un balcon, dans l'autre, elle est assise avec une ombrelle sur un parapet du port de Lorient où son mari était affecté (reproduit dans le catalogue de l'exposition French Paintings (collections Mellon) Washington, National Gallery of Art, 1966, Modèle:N° et 95).

Les sœurs Morisot avaient aussi un frère, prénommé Tiburce comme leur père, dont on sait seulement qu'il est né le 11 décembre 1845 à Limoges<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et qu'il était inspecteur général à la Compagnie des wagons-lits au moment de son mariage en octobre 1887<ref>Acte de mariage Modèle:N° (vue 12/31). Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du Modèle:6e arrondissement, registre des mariages de 1887. Parmi les témoins à l'acte, le capitaine de vaisseau Adolphe Pontillon, mari d'Edma Morisot.</ref>.

Formation

Au début des années 1850, Edme Tiburce Morisot, démis de ses fonctions par le nouveau régime impérial, s'installe avec sa famille à Passy près de Paris et intègre, dans la capitale, d'abord le Crédit foncier, puis en 1855, la Cour des comptes. Berthe et ses sœurs reçoivent une instruction soignée dans des établissements parisiens très réputés : le Cours Lévi et plus tard celui ouvert en 1853 rue de Verneuil par [[Cours Desir|Modèle:Melle Adeline Desir]]. Leur mère leur fait également donner des leçons de piano<ref>Marianne Mathieu, Berthe Morisot : Une artiste en devenir dans Berthe Morisot : Femme impressionniste. Modèle:P. (en ligne).</ref>.

La mère des sœurs Morisot leur avait offert des leçons de peinture pour faire une surprise à son mari qui, lui-même, avait étudié l'architecture et était amateur d'art. Selon les souvenirs rapportés par Tiburce, le jeune frère de neuf ans, l'enseignement de Geoffroy-Alphonse Chocarne, dans le style néo-classique, ne plaisait pas du tout aux jeunes filles. Et comme l'École des beaux-arts n'était pas ouverte aux femmes, Madame Morisot trouva un autre professeur, Joseph Guichard, dont Edma et Berthe apprécièrent beaucoup l'enseignement<ref name="SSL87 16" />. C'est le père qui rapporte les propos enflammés que Joseph Guichard tenait à son épouse sur le talent de ses filles : Modèle:Citation<ref name="Fourreau 11">Modèle:Harvsp.</ref>.

Cependant, après avoir rencontré les copistes au Louvre, notamment Fantin-Latour qui s'enthousiasmait pour Boisbaudran et ses méthodes originales, Edma et Berthe demandèrent à Guichard des leçons de peinture en plein air. Guichard les confia au paysagiste Achille Oudinot qui les confia à son tour à son ami Corot<ref name="Fourreau 16">Modèle:Harvsp.</ref>.

La famille Morisot loua une maison à Ville-d'Avray, pendant l'été, pour que les jeunes filles puissent peindre auprès de Corot, qui devint bientôt un familier de leur domicile parisien rue Franklin<ref name="Monneret T1 595"/>. Comme il était opposé à toute forme d'enseignement traditionnel, on ne sait pas si Corot donna souvent des leçons aux jeunes filles, et dans quel lieu<ref name="Fourreau 18">Modèle:Harvsp.</ref>. On remarque néanmoins que Berthe tient de lui sa palette claire et son goût pour les traces apparentes de pinceaux, ou pour les petites études de paysages<ref name="SSL87 19">Modèle:Harvsp.</ref>.

Premières expositions

Fichier:Berthe Morisot - Paysage (watercolour).jpg
Paysage (aquarelle), 1867, nouvelle étude de Chaumière en Normandie (1865) par Berthe Morisot.
Fichier:Berthe Morisot The Harbor at Lorient.jpg
Vue du petit port de Lorient, 1869, par Berthe Morisot.

En 1863, il y eut un phénomène qui devait marquer l'histoire de l'art : le Salon de peinture et de sculpture accepta les toiles de Jean-Baptiste Camille Corot. Mais il refusa un si grand nombre d'artistes parmi les cinq mille qui présentaient des œuvres<ref name="Rouart86 10-11">Modèle:Harvsp.</ref>, et cela créa un tel scandale que l'empereur ouvrit un autre Salon : le Salon des refusés<ref name="SSL87 20">Modèle:Harvsp.</ref>.

Cette agitation n'empêchait pas les sœurs Morisot de préparer leur premier envoi au Salon de 1864. Les Morisot louèrent une ferme dans un quartier de Pontoise nommé « Le Chou », sur les bords de l'Oise, près d'Auvers-sur-Oise. Edma et Berthe furent alors présentées à Charles-François Daubigny, Honoré Daumier et Émile Zola<ref name="Monneret T1 595" />. Pour son premier envoi, Berthe Morisot fut admise au Salon avec Souvenir des bords de l'Oise et Un vieux chemin à Auvers, Edma Morisot avec une scène de rivière à la manière de Corot<ref name="Fourreau 21">Modèle:Harvsp.</ref>. Deux critiques d'art remarquèrent les tableaux des sœurs et notèrent l'influence de Corot, mais on leur accorda peu d'attention<ref name="Angoulvent33 19">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'année suivante, l'envoi de Berthe Morisot au Salon de 1865 fut remarqué par Paul Mantz, critique d'art à la Gazette des beaux-arts, qui y voyait : Modèle:Citation, appréciation qui contraste avec celle qu'il va porter en 1881 sur la peinture lorsqu'elle montrera plus d'audace dans son style<ref>Paul Mantz, Le Temps 23 avril 1981</ref>,<ref name="SSL87 88">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est vrai que jusqu'en 1867, Berthe Morisot présentait encore des œuvres qui ne dérangeaient pas<ref name="Angoulvent33 21">Paul Mantz dans Modèle:Harvsp.</ref> comme La Brémondière, scène de rivière aujourd'hui disparue. Il reste un de ses premiers chefs-d'œuvre Chaumière en Normandie (collection particulière) où son talent éclate dans la manière de strier la toile de troncs d'arbres pour faire apparaître en arrière-plan des vues d'une chaumière<ref name="SSL87 22"/>.

Au Louvre, les sœurs Morisot ont rencontré Édouard Manet avec les copistes. Les parents Morisot donnaient des soirées où ils rencontraient les Manet. Madame Manet-mère donnait également des soirées où elle recevait les Morisot, et tout ce monde se retrouvait encore aux soirées de monsieur de Gas (père d'Edgar Degas) où étaient présents Charles Baudelaire, Emmanuel Chabrier, Charles Cros, James Tissot, Pierre Puvis de Chavannes<ref name="Monneret T1 596">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette bourgeoisie d'avant-garde était alors très mondaine. On apprit par madame Loubens (surtout connue pour le portrait que Degas a fait d'elle<ref>voir le portrait de madame Loubens</ref>) que Degas avait été amoureux d'Edma Morisot, et que Manet avait exprimé de l'admiration pour son travail. Le salon des Morisot était fréquenté par un nombre croissant de célibataires, parmi lesquels se trouvait Jules Ferry auprès duquel Tiburce Morisot dénonça les dangers du baron Haussmann et ses projets urbains grandioses<ref name="Rouart86 23">Modèle:Harvsp.</ref>. Les deux sœurs avaient confié des toiles au marchand Alfred Cadart, dont elles attendaient beaucoup et qui se révéla décevant<ref name="SSL87 24">Modèle:Harvsp.</ref> mais madame Morisot s'inquiétait moins, désormais, pour la carrière de ses filles que pour le choix de leurs époux : Yves venait d'épouser en 1866 Théodore Gobillard, un fonctionnaire mutilé d'un bras pendant la campagne du Mexique. Edma épousa deux ans plus tard Adolphe Pontillon, officier de marine, ami de Manet, avec lequel elle partit pour la Bretagne<ref name="Monneret T1 596"/>.

Après avoir passé un dernier été avec ses deux sœurs en Bretagne, chez Edma, Berthe Morisot commença une carrière indépendante. Elle peignit une vue de la rivière de Pont-Aven à Rozbras, exposée l'année suivante au Salon de 1868, avec les toiles d'Edma, qui exposait encore. La plupart des critiques Modèle:Incise négligèrent, cette année-là, les œuvres de Berthe et d'Edma Morisot. À cette époque, le mépris pour les femmes peintres atteignait des sommets, et Manet écrivait à Fantin-Latour : Modèle:Citation

Mais Berthe Morisot poursuivit sa carrière ; en 1869, elle rapporta d'une visite à sa sœur une Vue du petit port de Lorient, National Gallery of Art<ref name="SSL87 29">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'encombrant ami Manet

Fichier:Berthe Morisot 006.jpg
La Lecture (intitulé aussi : Madame Morisot et sa fille, Madame Pontillon) (1869-1870).
Fichier:Édouard Manet - Berthe Morisot au soulier rose.jpg
Berthe Morisot au soulier rose peinte par Édouard Manet en 1872, Hiroshima Museum of Art.

De Lorient, en 1869, Berthe Morisot rapporta une toile représentant Edma Morisot, intitulée Jeune femme à sa fenêtre (Madame Pontillon), National Gallery of Art<ref name="SSL87 33">Modèle:Harvsp.</ref>. Berthe Morisot adoptait là un style qui rappelait une scène de genre d'Alfred Stevens, tout en faisant preuve d'une bien plus grande liberté. Manet venait alors de commencer une toile semblable de plus grand format, et il éprouvait les plus grandes difficultés à traiter le visage de son modèle Eva Gonzalès, qui s'était également mise en tête de devenir son élève : Manet s'y reprit trente fois<ref name="Rouart86 40">Modèle:Harvsp.</ref>. Frustré, il s'acharnait sur le petit portrait d'Edma souhaitant que Berthe le retravaillât<ref name="Rouart86 40"/>. Mais il en faisait les plus grands éloges<ref>voir Jeune femme à sa fenêtre exposé en 2006 au musée de Lodève</ref>. Le tableau fut d'ailleurs admis au salon de 1870 en même temps qu'un autre tableau de Berthe Morisot, de plus grand format, représentant madame Morisot-mère et Edma, intitulé Madame Morisot et sa fille, Madame Pontillon, également intitulé La Lecture, National Gallery of Art. Manet était intervenu à outrance sur ce tableau, ce qui déplut à Modèle:Mme Morisot mère, laquelle écrivit le 20 mars 1870 : Modèle:Citation Berthe Morisot n'appréciait pas les interventions du peintre sur cette toile et elle la retoucha discrètement avant de l'envoyer au salon<ref name="Lobstein02 69"/>. Il semble que les critiques aient été au courant des interventions excessives de Manet, raison pour laquelle ils gardèrent sur cette œuvre un silence discret, ce qui irrita Manet. Berthe Morisot ne lui tint pas rigueur de cet épisode et leur amitié resta intacte<ref name="SSL87 37">Modèle:Harvsp.</ref>. Manet avait une tendance à « s'approprier » Berthe Morisot, qu'il avait déjà fait poser pour son tableau Le Balcon et qu'il choisit souvent comme modèle, notamment juste après ses fiançailles avec Eugène Manet et juste après leur mariage (le 22 décembre 1874 à 9 h du matin à la mairie du Modèle:16e<ref>Archives de Paris Modèle:16e, acte de mariage Modèle:N°, dressé le 22 décembre 1874, avec mention mariage, vue 26/30.</ref>,<ref name="Higonnet95 118">Modèle:Harvsp.</ref>).

Le Modèle:Date, éclatait la guerre entre la France et la Prusse. Les frères Manet<ref group="note">Les frères Manet étaient trois : Gustave, (1835-1884), ami de Charles Baudelaire, que Manet prit comme modèle pour sa toile Jeune Homme en costume de majo, Eugène, qui devint l'époux de Berthe Morisot, et Édouard</ref>, Degas, Félix Bracquemond et d'autres artistes étaient engagés dans la Garde nationale. Berthe Morisot accepta de partir pour Saint-Germain-en-Laye avec sa mère, mais après avoir rejoint Edma à Cherbourg où elle peignit, elle refusa de quitter la France et revint à Paris quelques mois plus tard<ref name="Monneret T1 596"/> alors que les combats s'intensifiaient autour de Paris et que la santé de la jeune fille était mise à rude épreuve. Berthe Morisot cessa de peindre pendant un temps. De Cherbourg, elle avait rapporté Le Port de Cherbourg, 1871, collection particulière<ref name="SSL87 41">Modèle:Harvsp.</ref>, Femme et enfant assis dans un pré, 1871<ref name="SSL87 43">Modèle:Harvsp.</ref>, Au Bord de la forêt, 1871<ref name="SSL87 42">Modèle:Harvsp.</ref>.

Évolution de la femme-peintre

Influence et échanges Morisot-Manet

Fichier:Edouard Manet - Berthe Morisot With a Bouquet of Violets - Google Art Project.jpg
Berthe Morisot par Édouard Manet (1872).
Fichier:Berthe Morisot 001.jpg
Femme et enfant au balcon par Berthe Morisot (1872).

Il y eut ensuite un chassé-croisé d'influences mutuelles, d'emprunts parfois imperceptibles, de Manet à Morisot et inversement. Entre 1871 et 1872, Morisot réalisa un tableau représentant sa sœur, Yves Gobillard, avec sa fille, Bichette, sous le titre Femme et enfant au balcon (collection particulière<ref name="SSL87 46">Modèle:Harvsp.</ref>). Yves est de profil et l'enfant, de dos, tourné vers Paris, reprend une idée que l'artiste avait déjà traitée dans une des aquarelles de Cherbourg : Femme et enfant assis dans un pré 1871, où l'enfant a également le dos tourné. L'année suivante Manet reprit la silhouette de l'enfant vue de dos, qui regarde au loin, à travers une grille dans son Chemin de fer, National Gallery of Art<ref name="SSL87 44">Modèle:Harvsp.</ref>, mais la balustrade verte de Berthe Morisot rappelle celle du Balcon de Manet.

Berthe Morisot aimait tant son tableau qu'elle en fit une copie à l'aquarelle (Art Institute of Chicago)<ref name="SSL87 47">Modèle:Harvsp.</ref>. Le personnage de dos apparaît souvent dans ses toiles. Par ce procédé, elle donnait aux portraits de famille un aspect moins affecté, qui inaugurait un nouveau genre déjà expérimenté avec la toile Intérieur, 1871<ref name="BW61 26">Modèle:Harvsp.</ref>. La femme de profil au premier plan voit l'enfant écarter le rideau de la fenêtre, mais la lumière du jour est si forte que toutes les formes sont dissoutes<ref name="SSL87 48">Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui lui vaudra d'être refusé au Salon de 1872.

La même année, Berthe Morisot réalisa Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro (Santa Barbara Museum of Art, Californie<ref>voir le hauteurs du Trocadéro</ref>). Mais elle n'était pas contente de son travail car elle écrivit à Edma que Modèle:Citation, faisant allusion au tableau que Manet peignit pendant l'exposition universelle de 1867 : Vue de l'exposition universelle de 1867, Nasjonalgalleriet, Oslo<ref>voir le tableau de Manet</ref>

L'atelier de Berthe Morisot à Passy avait été endommagé par la guerre. Elle cessa de peindre un temps et préféra poser pour Manet qui, déprimé par la guerre et les dégâts de la syphilis, n'arrivait plus à travailler<ref name="SSL87 180">Adolphe Tabarant, correspondance inédite d'Édouard Manet, Lettres du siège de Paris 1870-1871, Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp.</ref>. De cette période date Berthe Morisot au chapeau noir, 1872, collection particulière.

Au début de l'année 1872, par l'intermédiaire d'Alfred Stevens, le marchand Paul Durand-Ruel vint dans l'atelier de Manet et lui acheta vingt deux toiles. Au début juillet, Morisot demanda à Manet de montrer un de ses paysages de bord de mer à Durand-Ruel qui acheta : L'Entrée du port de Cherbourg, musée Léon-Alègre, Bagnols-sur-Cèze<ref name="BW61 42">Modèle:Harvsp.</ref>, et trois aquarelles de Berthe Morisot dont La Jeune Fille sur un banc (Edma Pontillon), 1872, National Gallery of Art, puis en 1873, Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro qu'il revendit à un prix respectable à Ernest Hoschedé négociant et collectionneur<ref name="SSL87 54">Modèle:Harvsp.</ref>.

Peu à peu, Berthe Morisot allait s'écarter des couleurs sombres de Manet pour adopter des couleurs de plus en plus claires.

Maîtrise de l'art

Fichier:Berthe Morisot 008.jpg
Le Berceau, 1872, musée d'Orsay.
Fichier:Berthe Morisot Caça de borboleta.jpg
La Chasse aux Papillons, 1874, musée d'Orsay.

La maîtrise de Berthe Morisot commençait à subjuguer ses camarades qui la reconnaissaient comme une artiste à part entière, en particulier Edgar Degas<ref name="Monneret T1 597">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle commençait à se détacher des couleurs un peu sombres pour adopter des tons de plus en plus clairs, qu'elle tenait de Corot. Parfois ses couleurs étaient éclatantes comme sur la toile Intérieur que le jury du salon de 1872 refusa, ce qui indigna Puvis de Chavannes. Manet qui suivait toujours de très près le travail de Morisot se laissa peu à peu influencer par les teintes claires de La Petite fille aux jacinthes, pastel, 1872, de Jeune fille assise sur un banc (Edma Pontillon), 1872, et du Berceau, 1872, Musée d'Orsay envoyé au salon de 1872<ref name="Monneret T1 597"/>.

Le Berceau marque une étape dans l'évolution de Berthe Morisot : Modèle:Citation

C'est de cette époque que date le plein épanouissement de Berthe Morisot qui allait souvent s'installer dans la propriété de sa sœur à Maurecourt au bord de l'Oise dans les Yvelines pour travailler. Son style évolue notablement : Modèle:Citation De cette époque naîtront des œuvres comme : Madame Boursier et sa fille 1873, huile sur toile, Modèle:Unité, Brooklyn Museum<ref name="BW61 34">Modèle:Harvsp.</ref>, Sur la pelouse, 1874, pastel, Modèle:Unité, musée du Petit Palais, Paris<ref name="BW61 427">Modèle:Harvsp.</ref>, Sur la plage, 1873, Musée des beaux-arts de Virginie, Richmond (Virginie)<ref name="BW61 28">Modèle:Harvsp.</ref>.

À l'été 1874, Berthe Morisot passa ses vacances à Fécamp avec Edma, ses enfants, et des amis de la famille qui posèrent pour elle. En vacances non loin de là, Eugène Manet, âgé de quarante et un ans, venait parfois peindre aux côtés de Berthe Morisot et surtout la courtisait. Le 22 décembre suivant, elle l'épousait<ref name="SSL87 61">Modèle:Harvsp.</ref> à la mairie puis à l'église de Notre-Dame-de-Grâce de Passy<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette année-là, Édouard fit de Berthe deux magnifiques portraits, Portrait de Berthe Morisot à l'éventail (palais des beaux-arts de Lille), où Berthe Morisot apparaît en deuil après la mort de son père en janvier. On distingue néanmoins sa bague de fiançailles sur la main gauche et l'éventail est replié. L'autre portrait est intitulé Berthe Morisot à l'éventail, musée d'Orsay<ref name="SSL87 48" /> présente l'artiste le visage caché derrière son éventail.

Engagement impressionniste

Fichier:Berthe Morisot 003.jpg
Dans la salle à manger, 1886, National Gallery of Art, Washington<ref name=":1" />.
Fichier:Berthe Morisot 002.jpg
Eugène Manet à l'île de Wight, 1875, Musée Marmottan-Monet, Paris<ref name=":2" />.
Fichier:Berthe Morisot 005.jpg
Dans les blés, 1875, musée d'Orsay, Paris.
Fichier:1875 Morisot Laundry.jpg
Percher de blanchisseuses, 1875, National Gallery of Art.
Fichier:Morisot Lady at her Toilette.jpg
Femme à sa toilette, 1875.
Fichier:Berthe Morisot - Figure of a Woman.jpg
Femme en noir (Avant le théâtre), 1875, Musée national de l'Art occidental, Tokyo<ref name=":0" />.

Le Salon de 1873 avait été houleux. Les artistes qui s'étaient vus refuser leurs travaux se plaignaient des choix conservateurs du jury. Berthe Morisot n'eut qu'un seul tableau accepté Blanche, œuvre très conventionnelle qui représentait sans doute Blanche Pontillon bébé<ref name="BW61 420">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>voir une reproduction de Blanche</ref>. Mais déjà, un groupe d'artistes composé de Monet, Pissarro, Sisley, Degas, avaient signé une charte le 27 décembre 1873<ref name="Monneret T2 232">Modèle:Harvsp.</ref>, projetant d'organiser une coopérative : La Société des artistes français, qui allait prendre le nom de Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs à laquelle Berthe Morisot adhéra après la mort de son père<ref group="note">en avril ou mai 1974, les biographies se contredisent sur la date exacte, le père étant mort le 24 janvier 1874, elle attendit la fin de son deuil</ref>. Elle abandonnait le Salon officiel pour les expositions impressionnistes dont elle allait être l'un des éléments marquants<ref name="Monneret T1 597"/>. Ceci en dépit des conseils de Puvis de Chavannes, et du refus de Manet, qui venait de recevoir une médaille au salon de 1873 et qui ne voulait pas se joindre au groupe, Modèle:Citation. Les discussions étaient vives<ref name="Higonnet95 116">Modèle:Harvsp.</ref>.

La Première exposition des peintres impressionnistes eut lieu dans les Salons Nadar, 35 boulevard des Capucines, là où se trouvaient les anciens ateliers de Nadar. Vingt neuf artistes y participaient, Berthe Morisot étant la seule femme<ref name="Monneret T2 232" />. Une semaine avant l'ouverture de l'exposition, Puvis de Chavannes lui envoya une lettre pour la mettre en garde contre le fiasco de cette entreprise. Mais rien n'arrêta la jeune artiste<ref name="SSL87 54" />. Elle affirmait ainsi son indépendance vis-à-vis de Manet qui s'était détourné de cette exposition contestataire. Parmi les huiles qu'elle envoya chez Nadar, il y avait : Le Berceau (musée d'Orsay), Le Port de Cherbourg, la Lecture, Cache-cache, parmi les pastels : Portrait de mademoiselle Madeleine Thomas, Le Village de Maurecourt, Sur la Falaise, pastel, département des arts graphiques, musée du Louvre<ref name="Monneret T1 597"/>,<ref>voir Sur la falaise et d'autres pastels</ref>. D'après le catalogue de l'exposition, Berthe Morisot exposa quatorze huiles, trois pastels et trois aquarelles<ref name="SSL87 59">Modèle:Harvsp.</ref>.

Trois mille cinq cents visiteurs se bousculèrent, la critique vint en nombre. La plus remarquée fut celle parue le 25 avril dans Le Charivari signée Louis Leroy, qui, reprenant dans son article le titre d'un des tableaux de Monet Impression, soleil levant, donna son nom au mouvement impressionniste : Modèle:Citation

Eugène soutenait déjà Berthe à l'été 1874, au moment où la presse ridiculisait la jeune femme, l'accusant de se donner en spectacle<ref name="Higonnet95 116"/>. Mais Berthe Morisot poursuivait avec ardeur dans la voie qu'elle avait choisie. Elle s'affirmait, abandonnant un tableau dont le fond n'était pas terminé : Portrait de madame Hubbard Ordrupgaard museum de Copenhague, et le conservant pour le vendre, alors qu'autrefois, elle aurait détruit une œuvre inachevée<ref name="SSL87 63">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle participa à une vente aux enchères à Drouot où douze de ses œuvres furent vendues<ref name="Monneret T1 598">Modèle:Harvsp.</ref>.

Ce fut un scandale. Renoir racontait qu'un détracteur avait qualifié Berthe Morisot de prostituée et que Pissarro lui avait envoyé son poing dans la figure, ce qui avait déclenché une bagarre<ref>René Gimpel, Journal d'un collectionneur, 1963, Modèle:P..</ref>,<ref name="SSL87 181">Modèle:Harvsp.</ref>. La police fut appelée en renfort<ref name="SSL87 69">Modèle:Harvsp.</ref>.

Manet encourageait les journalistes à apporter leur soutien à cette vente, alors que le journal Le Figaro dénonçait les tendances révolutionnaires et dangereuses de la première exposition impressionniste dans une violente diatribe signée Albert Wolff. Le journaliste traitait les artistes d'aliénés : Modèle:Citation Eugène Manet avait l'intention de le provoquer en duel, mais Berthe Morisot et ses camarades le détournèrent de ce projet<ref name="Monneret T1 599"/>.

Des œuvres de cette époque s'appliquent à décrire, dans des formats plus petits, le monde ouvrier que Zola célébrait, et que Monet, Pissarro et Degas choisirent aussi pour sujet à partir de 1875. Morisot elle-même participa de cette tendance avec un de ses tableaux les plus réussis : Percher de blanchisseuses, 1875, National Gallery of Art, Washington. Cette année-là, Eugène fut contraint d'être le modèle de Berthe (il détestait poser) pour le tableau : Eugène Manet à l'île de Wight, Musée Marmottan-Monet<ref name="BW61 51">Modèle:Harvsp.</ref>.

Morisot, désormais plus sûre d'elle, chercha à vendre ses toiles. Édouard et Eugène Manet l'encouragèrent à les envoyer à la galerie Dudley de Londres qui n'en exposa aucune<ref name="Rouart86 109">Modèle:Harvsp.</ref>. En revanche, Hoschedé acheta chez Durand-Ruel Femme à sa toilette, scène d'intérieur inondée de lumière et traitée à grands traits, collection particulière<ref name="BW61 73">Modèle:Harvsp.</ref>. Certains critiques d'art, Arthur Baignières surtout, commentaient l'évolution de son style en regrettant qu'elle poussât aussi loin la recherche impressionniste : Modèle:Citation

Figure de proue impressionniste

Fichier:Eugene Manet and His Daughter in the Garden 1883 Berthe Morisot.jpg
Eugène Manet et sa fille dans le jardin de Bougival.
Fichier:Berthe Morisot - Psyché.JPG
Le Psyché, 1876 musée Thyssen-Bornemisza.
Fichier:1879 Morisot Boote auf der Seine anagoria.jpg
Bateaux sur la Seine, 1879.
Fichier:Morisot Rose Trémière.jpg
Roses trémières, 1880, musée Marmottan.
Fichier:Morisot Port of Nice DMA.jpg
Le Port de Nice, 1881, Dallas Museum of Art.
Fichier:Berthe Morisot - Sommertag - 1879.jpeg
Jour d'été, 1879, National Gallery, Londres.
Fichier:Bords de Seine, 1883.jpeg
Bords de Seine, 1883, Galerie nationale d'Oslo.

Les expositions de ceux que Wolff qualifie « d'aliénés » se poursuivent jusqu'en 1886, avec beaucoup de difficultés, mais beaucoup d'enthousiasme. Il y en eut huit, la troisième financée par Gustave Caillebotte<ref name="Monneret T2 238">Modèle:Harvsp.</ref>. Berthe Morisot participe à toutes sauf à la quatrième (1879), car elle a fort à faire avec sa fille Julie née le 14 novembre 1878. Les femmes peintres sont brillamment représentées cette année-là par Marie Bracquemond et Mary Cassatt<ref name="Monneret T2 241">Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1876, à la deuxième exposition du groupe, à la galerie Durand-Ruel, rue Le Peletier<ref name="SSL87 70">Modèle:Harvsp.</ref>, Berthe Morisot expose Jeune fille au bal, une huile sur toile, Modèle:Unité, musée d'Orsay<ref name="BW61 81">Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi que Le Psyché huile sur toile Modèle:Unité, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (ancienne collection Thyssen-Bornemisza de Lugano<ref name="BW61 64">Modèle:Harvsp.</ref>).

Elle est en passe de devenir une des figures de proue du groupe impressionniste, en même temps que l'américaine Mary Cassatt, venue vivre à Paris en 1874<ref name="SSL87 70" />. Mais la critique conventionnelle s'offusque de sa peinture « féminine », sauf Mallarmé qui lui apporte un soutien enthousiaste<ref name="SSL87 71">Modèle:Harvsp.</ref>.

Toutefois, les tableaux de Morisot intéressent moins les critiques d'art que ceux de Renoir, de Caillebotte, ou de Monet. Ils parlent surtout de Modèle:Citation que l'on trouve dans Rêveuse, pastel sur toile, Modèle:Unité, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas city, Missouri<ref name="BW61 434">Modèle:Harvsp.</ref>, où dans : La Toilette (Jeune femme de dos à sa toilette), huile sur toile Modèle:Unité, 1875, Art Institute of Chicago<ref group="note">Certaines toiles de Berthe Morisot sont au catalogue de plusieurs expositions impressionnistes parce qu'elles ont été exposées plusieurs fois avant d'être vendues ou non</ref>.

Les œuvres présentées en 1877 lui valent les compliments relatifs de Paul Mantz : Modèle:Citation, et ceux de Théodore Duret qui classait la jeune femme dans Modèle:Citation.

En 1880, lors de la [[Cinquième exposition impressionniste|Modèle:5e exposition]], Morisot présente : Jours d'été, huile sur toile Modèle:Unité, 1879, National Gallery, Londres, Hiver, 1880, huile sur toile Modèle:Unité7, Dallas Museum of Art<ref name="SSL87 85">Modèle:Harvsp.</ref>. Pendant cette période, les toiles de Morisot engagent un dialogue avec Manet. Jeune fille de dos à la toilette de Morisot qui répondait à Devant la glace de Manet, Jour d'été (le lac du Bois de Boulogne) de Morisot qui répond à En bateau de Manet<ref name="SSL87 84">Modèle:Harvsp.</ref>. Les critiques trouvent les toiles de l'un et de l'autre inachevées.

Dès 1881, Berthe Morisot et Mary Cassatt apparaissent comme les chefs de file de la nouvelle tendance impressionniste aux yeux des critiques : pour la première fois dans toute l'histoire de l'art, des femmes sont considérées comme les maîtres incontestés d'un mouvement d'avant-garde<ref name="SSL87 88"/>.

Morisot fait preuve d'encore plus d'audace que les années précédentes, ce qui indigne deux critiques qui l'avaient appréciée jusque-là : Paul Mantz et Charles Ephrussi : Modèle:Citation Charles Ephrussi est scandalisé par les pastels : Modèle:Citation

À partir de 1880, Berthe Morisot et sa famille passent tous leurs étés dans une maison de campagne de Bougival, et, à partir de 1881, ils résident plusieurs hivers à Nice. Ces deux lieux inspirent à Berthe Morisot un grand nombre de toiles qu'elle présente aux dernières expositions révolutionnaires.

De Nice, elle ramène Le Port de Nice huile sur toile en deux versions et deux formats<ref name="BW61 112">Modèle:Harvsp.</ref> et<ref name="BW61 113">Modèle:Harvsp.</ref> collection particulière, et une troisième format 38 × 46 Dallas Museum of Art; Plage à Nice 1881-1882, aquarelle sur papier Modèle:Unité, Nationalmuseum Stockholm<ref name="SSL87 91">Modèle:Harvsp.</ref>.

Bougival est une source d'inspiration encore plus importante. Son tableau le plus ambitieux Le Jardin (1882-1883) huile sur toile, Modèle:Unité, Sara Lee Corporation est sans doute exposé à Londres par Durand-Ruel<ref name="Monneret T1 600">Modèle:Harvsp.</ref>. Morisot réalise encore Le Quai de Bougival 1883 Nasjonalgalleriet Oslo, Eugène Manet et sa fille dans le jardin.

De la peinture de Berthe Morisot, Gustave Geffroy dit :

Modèle:Citation<ref>Gustave Geffroy, « L’exposition des artistes indépendants », La Justice, 19 avril 1881.</ref>

Dernières années

Fichier:Morisot Berthe Children at the bas.jpg
Enfants à la vasque, 1886.
Fichier:Berthe Morisot - Girl with Greyhound - 1893.jpg
Julie et son lévrier, 1893.
Fichier:Berthe Morisot - Bergère nue couchée.jpg
Bergère nue couchée, 1891.
Fichier:Berthe Morisot - The Flute Player.jpg
Le Flageolet, 1890.
Fichier:Berthe Morisot - Two Girls - Google Art Project.jpg
Deux jeunes filles, 1894.

Vers 1886-1887, Berthe Morisot se mit à explorer de nouvelles techniques : sculpture, pointe sèche, qui constituaient un défi pour la coloriste virtuose qu'elle était<ref name="SSL87 124">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle réalisa en 1886 un buste en plâtre blanc de sa fille Julie, que Monet et Renoir l'encouragèrent à exposer chez Georges Petit chez qui ils avaient exposé eux-mêmes. Petit était un homme d'affaires avant tout : il demandait aux artistes de lui laisser une partie de leurs œuvres en compensation de ses frais. Morisot accepta ses exigences, mais Petit ne réussit pas à vendre une seule de ses sept œuvres parmi lesquelles se trouvait le buste de Julie, et Paule Gobillard en robe de bal, un portrait de sa nièce, Paule Gobillard (1869-1946) artiste peintre également son élève, tout dans les tons de blanc<ref name="BW61 210">Modèle:Harvsp.</ref>. Berthe Morisot lui laissa Le Lever<ref name="SSL87 125">Modèle:Harvsp.</ref>.

En février 1887, Morisot fut invitée à exposer à Bruxelles avec un groupe d'artistes d'avant-garde : le Groupe des XXGeorges Seurat et Pissarro exposaient aussi<ref name="Monneret T1 601">Modèle:Harvsp.</ref>. L'envoi de Berthe Morisot comprenait Le Corsage rouge, 1885, huile sur toile, Modèle:Unité, Ordrupgaard museum de Copenhague; Le Lever 1886, huile sur toile Modèle:Unité, collection particulière, le Port de Nice, 1881-1882, huile sur toile Modèle:Unité, collection particulière, Dans la salle à manger (1875 ou 1885-1886 selon les biographies, huile sur toile Modèle:Unité, National Gallery of Art), Intérieur à Jersey (1886, huile sur toile, Modèle:Unité, musée d'Ixelles<ref name="SSL87 185">Liste provenant des archives de l'art contemporain des musées royaux de Belgique, citée par Modèle:Harvsp.</ref>).

Vers 1886-87, Berthe Morisot commença à traiter des nus au pastel, au fusain, à l'aquarelle, tous exécutés dans des tons très doux : Jeune femme aux épaules nues (1886, pastel sur papier, Modèle:Unité, collection privée<ref name="SSL87 126">Modèle:Harvsp.</ref>) ; Femme s'essuyant (pastel sur papier, Modèle:Unité, collection privée<ref name="SSL87 127">Modèle:Harvsp.</ref>). Par la suite, elle s'attacha à représenter sa fille, Julie, sous tous les aspects : en joueuse de flûte avec Jeanne Gobillard, dans Le Flageolet, 1891, huile sur toile, Modèle:Unité, collection privée, Julie avec son lévrier, 1893. Elle avait le projet d'en faire une série<ref name="Monneret T1 600"/>. Berthe Morisot peignit aussi beaucoup de jeunes filles La Mandoline (1889, huile sur toile Modèle:Unité) ou Sous l'oranger (1889, huile sur toile, Modèle:Unité).

Le couple Manet était à ce moment-là dans le Sud de la France. De retour à Paris, Berthe Morisot loua une maison à Mézy au nord-ouest de Paris<ref name="Rouart86 174">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle constatait que la santé d'Eugène qui souffrait d'une forme pulmonaire de la syphilis n'était pas bonne et elle peignit très peu pendant un temps. Modèle:Citation Dans une lettre à Edma, elle exprime dans son testament le désir que Mallarmé soit le tuteur de Julie<ref name="SSL87 145"/>.

Berthe Morisot fit malgré tout aménager une grange en atelier et elle prit les enfants de Mézy comme modèles, mais Renoir la pressait de terminer une toile décorative dans l'esprit du Printemps de Botticelli, commencée à Nice en 1888. Morisot fit de nombreuses études préparatoires pour cette toile Le Cerisier", 1891-1892, huile sur toile Modèle:Unité, collection privée. Elle faisait désormais un grand nombre d'études préparatoires pour tous ses tableaux : elle fit trois versions de Bergère couchée<ref name="SSL87 155">Modèle:Harvsp.</ref>, et, tout en continuant à travailler sur le Cerisier, elle reprit sa série de Julie Manet : Julie rêveuse, 1894, huile sur toile, Modèle:Unité et Julie au violon 1894, Modèle:Unité, collection privée<ref name="SSL87 168 et 169">Modèle:Harvsp.</ref>.

La santé d'Eugène Manet, âgé de Modèle:Nobr, déclinait de plus en plus. Il mourut le 13 avril 1892. Stéphane Mallarmé devint le tuteur de Julie Manet<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Berthe Morisot avait décliné l'invitation du Groupe des Vingt pour l'exposition de Bruxelles du début 1892, mais Eugène l'avait poussée à organiser une grande exposition individuelle à la galerie Boussod et Valladon<ref name="SSL87 158">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette galerie, fondée par Adolphe Goupil n'était pas favorable aux impressionnistes. Elle fit de la résistance assez longtemps, même lorsqu'elle fut reprise par Bousod, le mari de la petite fille de Goupil, et Valadon, son beau-frère. Elle ne commença à s'ouvrir aux impressionnistes que sous l'influence éphémère de Théo van Gogh<ref name="Monneret T1 312">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'exposition rencontra un accueil très favorable. Degas lui dit que sa peinture vaporeuse cachait un dessin de plus en plus sûr, ce qui était le compliment suprême<ref name="Monneret T1 602">Modèle:Harvsp.</ref>. Gustave Geffroy de La Vie artistique lui consacra des pages très élogieuses<ref name="Monneret T1 602"/>. L'année suivante, Morisot rendit visite à Monet, à Giverny, pour admirer ses cathédrales et pour conjurer sa tristesse : sa sœur, Yves Gobillard, venait de mourir en 1893, et Chabrier, en 1894<ref name="Monneret T1 603">Modèle:Harvsp.</ref> Berthe Morisot se consacra à la représentation de sa fille Julie, de ses nièces, Paule et Jeanne Gobillard : Le Patinage au bois de boulogne<ref name="Monneret T1 603"/> (1894). Caillebotte ayant légué sa collection au musée du Luxembourg pour y faire entrer l'impressionnisme, on s'aperçut qu'il ne possédait pas une seule toile de Berthe Morisot. Sur instance de Mallarmé, l'État français acquit pour le musée du Luxembourg Jeune femme en toilette de bal<ref name="Monneret T1 603"/> pour que l'une des figures de proue du mouvement impressionniste soit représentée.

[[Fichier:Plaque Berthe Morisot & Paul Valéry, 40 rue Paul-Valéry, Paris 16.jpg|vignette|Plaque 40 rue de Villejust, devenue rue Paul-Valéry ([[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e arrondissement de Paris]]), où elle vécut.]]

Fichier:Paris Cimetière Passy B.Morisot558.JPG
Pierre tombale du caveau des Manet au cimetière de Passy.

Berthe Morisot qui habita de 1883 à 1892(?) au 40, rue de Villejust, tomba malade à la mi-février 1895. Elle avait, selon certaines biographies, une congestion pulmonaire<ref name="SSL87 175">Modèle:Harvsp.</ref>, ou une grippe, contractée en soignant sa fille du même mal<ref name="Monneret T1 603"/> Modèle:Référence nécessaire. Elle mourut le Modèle:Date au 10, rue Weber à Paris à Modèle:Nobr du soir<ref>(Archives de Paris Modèle:16e, acte de décès Modèle:Numéro avec majuscule, dressé le Modèle:Date- à Modèle:Nobr du matin, avec mention décès, vue 12/31)</ref>, et légua la plupart de ses œuvres à ses amis artistes : Degas, Monet, Renoir. Malgré sa riche production artistique, le certificat de décès mentionnait : « sans profession ». Elle est enterrée dans le caveau des Manet au cimetière de Passy où il est simplement gravé : « Berthe Morisot, veuve d'Eugène Manet ».

La mort de l'artiste n'entraîna cependant pas la dispersion du groupe impressionniste ; elle fut au contraire l'occasion d'échanges entre les membres en rappelant la cohésion<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ; ses compagnons de lutte aimaient et protégeaient sa fille, Julie, dont Mallarmé était le tuteur et que Renoir emmenait peindre avec lui. Degas maria Julie en 1900 au fils d'Henri Rouart, Ernest Rouart<ref name="Monneret T1 603"/>.

Pour le premier anniversaire de sa mort, du 5 au 21 (ou 23) mars 1896, Durand-Ruel, aidé de Degas, Rouart et de sa fille Julie Manet organisèrent une rétrospective de ses œuvres<ref name="Monneret T1 603" /> d'environ trois cents à quatre cents toiles<ref group="note">Selon les biographies, les dates de l'exposition et le nombre exact des œuvres varient légèrement. Le catalogue en ligne de la bibliothèque de Lisieux annonce plus de Modèle:Nobr, Sophie Monneret : environ trois cents, Stuckey, Scott et Lindsay : plus de quatre cents</ref>

Paul Valéry, qui épousa sa nièce, Jeanne Gobillard, écrivit un essai sur Berthe Morisot en 1926 et le dédicaça à Édouard Vuillard<ref name="SSL87 214">Modèle:Harvsp.</ref>. Il dira plus tard Modèle:Citation

Reconnaissance

Pour le premier anniversaire de sa mort, du 5 au 21 (ou 23) mars 1896, Durand-Ruel, aidé de Degas, Rouart et de sa fille Julie Manet organisent une rétrospective de ses peintures, aquarelles, pastels, dessins et sculptures qui compte plus de quatre cents pièces<ref name="Monneret T1 595" />.

En 1983, Elizabeth Kennan, rectrice du Mount Holyoke College et C. Douglas Lewis, conservateur du département de sculptures de la National Gallery of Art, qui admirent la peinture de Berthe Morisot, décident, pour célébrer le cent cinquantième anniversaire de la création du Mount Holyoke College, d'organiser une grande rétrospective des œuvres de l'artiste à la National Gallery of Art et dans deux autres musées américains. Par ailleurs, les quatre principaux mécènes du college ont été parmi les premiers à collectionner les œuvres de Berthe Morisot<ref name="SSL87 9">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="note">Il s'agissait de personnalités de la haute finance : Chester Dale, Monsieur et Madame Whitney, Ailsa Mellon Bruce, Paul Mellon, l'exposition de 1987 était financée par la Republic National Bank of New York rachetée en 1999 par HSBC qui ne pratique pas le mécénat culturel</ref>. Ils ont été les pionniers d'une reconnaissance que, selon Sophie Monneret, on ne lui accordait pas par sexismeModèle:Référence nécessaire. Les années 2000 voient une forme de réhabilitation de Berthe Morisot. Le Palais des Beaux-Arts de Lille et la Fondation Gianadda de Martigny accueillent en 2002 une grande rétrospective de ses œuvres<ref>Berthe Morisot à la fondation Gianadda</ref>. Le musée Marmottan lui consacre une rétrospective de mars à août 2012 : c'est la première rétrospective qu'on lui accorde à Paris depuis un demi-siècle<ref>Modèle:Lien web</ref> (la précédente étant celle du Musée Jacquemart-André en 1961<ref>Modèle:Lien web</ref>). D'autres expositions monographiques mettent en valeur l'artiste auprès du public européen : la Fondation Denis et Annie Rouart à Lausanne en 1997 et le musée de Lodève en 2006<ref>Modèle:Lien web</ref>. En 2018-2019, une tournée nord-américaine (Musée national des beaux-arts du Québec, Fondation Barnes et Musée d'Art de Dallas) et parisienne (Musée d'Orsay) est organisée<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Chaumière en Normandie et l'affaire Wildenstein

C'est au cours d'une perquisition, au siège de l'Institut Wildenstein, diligentée en marge d'une des multiples affaires de détournement dont les Wildenstein père et fils sont accusés<ref name="Magali 148">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>article de L'Express</ref> que les inspecteurs de la brigade financière découvrent, les 11 et 12 janvier 2011<ref>perquisition de 2011</ref> la toile de Berthe Morisot intitulée Chaumière en Normandie, 1865, huile sur toile Modèle:Unité<ref name="SSL87 24" />.

Lors de l'inventaire de la succession, les académiciens Daulte et Wildenstein avaient décroché les tableaux ornant les murs de l'appartement d'Anne-Marie Rouart et les avaient étalés sur le sol pour qu'ils ne soient pas considérés comme meubles meublants<ref name="Magali 156">Modèle:Harvsp.</ref>, et ne soient pas rendus à l'héritier légitime, Yves Rouart.

À la suite de cette manœuvre de spoliation, orchestrée par les exécuteurs testamentaires de la succession d'Anne-Marie Rouart, cette toile avait été détournée au détriment de son neveu, Yves Rouart. Chaumière en Normandie avait été déclaré collection privée sur le catalogue - qui faisait autorité absolue<ref group="note">voir les références au catalogue raisonné des œuvres de Berthe Morisot rédigé avec Marie-Louise Bataille et Denis Rouart, époux d'Anne Marie Rouart, publié en 1961 cité dans cet article</ref> - de Daniel Wildenstein. Parmi les pièces majeures provenant de la succession d'Anne-Marie Rouart, il y a une très belle collection d'œuvres de Berthe Morisot. Les autres œuvres comprenaient des Gauguin, Degas, et des Manet.

Selon le testament de madame Rouart, la plus grande partie de cette énorme collection allait à l'Académie des beaux-arts, et une autre à Yves Rouart, petit-fils de Julie Manet. Ce dernier n'avait jusque-là jamais pu obtenir que quelques œuvres mineures répertoriées par les exécuteurs testamentaires ; ces derniers, Jean-François Daulte, Daniel Wildenstein et le fils Guy Wildenstein de ce dernier, étant censés protéger la collection dans les coffres de l'Institut Wildenstein<ref name="Magali 157">Modèle:Harvsp.</ref>.

C'est seulement en 2011, que la Chaumière en Normandie est enfin réapparue et qu'Yves Rouart a pu lancer une procédure pour l'obtenir. Cette toile avait été inscrite au catalogue Wildenstein sous l'intitulé vague collection privée sans mention du nom de sa propriétaire d'origine, ni du lieu d'où elle avait été décrochée, ni de celui de son héritier en droit.

Yves Rouart qui avait dans un premier temps assigné l'Académie des beaux-arts et signé en 2000 un protocole d'accord révisable avec les exécuteurs testamentaires, a contesté ce protocole<ref>lire le détail de l'accord de 2000</ref>,<ref>lire l'ensemble de l'affaire rapportée en 2011 dans Le Point</ref>. Modèle:Citation. La collection d'Anne-Marie Rouart comprenait en outre le célèbre portrait de Berthe Morisot par Manet. Il devait être vendu pour payer la succession par les exécuteurs testamentaires. L'État français s'est opposé à la vente de cette œuvre à l'étranger et l'a rachetée pour plusieurs millions d'euros. C'est aujourd'hui une des pièces maîtresses du musée d'Orsay<ref name="Magali 151">Modèle:Harvsp.</ref>.

En 2013, le musée Marmottan-Monet héberge encore environ 80 tableaux de Berthe Morisot<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>.

Œuvres

Modèle:Loupe

Sélection d'œuvres

Cette sélection est issue de celle de l'ouvrage Berthe Morisot de Charles F. Stuckey<ref group="note">Charle F. Stuckey a publié plusieurs ouvrages sur les impressionnistes : Berthe Morisot, Claude Monet, Peinture impressionnistes et post-impressionnistes au musée d'Orsay</ref>, William P. Scott, et Suzanne G. Lindsay<ref group="note">Suzanne G. Lindsay a aussi publié un ouvrage sur Mary Cassatt et un sur les sculptures de Degas</ref>, elle-même issue du catalogue raisonné établi par Marie-Louise Bataille, Denis Rouart, et Georges Wildenstein en 1961. Il y a des variations entre les dates d'exécution des œuvres, les dates de leur exposition, ou les dates d'achat des œuvres de Berthe Morisot, et des confusions entre les titres notamment les Ports.

Des débuts à l'engagement impressionniste (1864-1874)

Maîtrise et innovation (1875-1883)

Plein épanouissement (1884-1894)

Collections publiques

Liste non exhaustive. Les sources indiquées donnent accès à la visualisation des œuvres. Les lieux sont classés par ordres alphabétiques (pays puis ville et noms).

Avec plus de vingt-cinq musées rassemblant une cinquantaine de peintures et aquarelles, les États-Unis sont le pays où la présence des œuvres de Berthe Morisot est la plus importante.

Allemagne

Argentine

Belgique

Danemark

Espagne

États-Unis

France

Irlande

Japon

Norvège

Pays-Bas

Royaume-Uni

Suède

Suisse

Galerie Berthe Morisot

Portraits de Berthe Morisot

À ceux-là s'ajoutent le Portrait de Berthe Morisot par Adèle d'Affry, 1875, conservé au musée d'art et d'histoire de Fribourg en Suisse<ref>voir le portrait par Adèle d'Affry</ref>. Adèle d'Affry a réalisé plusieurs autres portraits de Berthe Morisot non localisés.

Expositions posthumes

Hommages

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Par ordre chronologique de parution :

Filmographie

Théâtre

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Modèle:Liens

Notes et références

Notes

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Références

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Modèle:Palette Modèle:Portail