Boèce

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Modèle:Autre Modèle:Infobox Philosophe

Anicius Manlius Severinus Boethius<ref name=britannica/>, communément appelé Boèce /bo.ɛs/, né vers 480 à Rome et condamné à mort en 524 à Pavie par Théodoric le Grand, est un philosophe et homme politique latin.

Témoin des derniers feux de l'Empire romain, il occupe une place fondamentale dans la transmission de la philosophie antique en Occident<ref name=dizionario>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Boezio » in Dizionario di filosofia (2009) Modèle:Lire en ligne</ref>. Sa traduction en latin de l’œuvre logique d'Aristote, ainsi que son commentaire par Porphyre de Tyr, exerceront une influence déterminante sur la philosophie médiévale<ref name=dizionario/>. Emprisonné à la fin de sa vie, il rédige la Consolation de Philosophie, dans laquelle la poursuite de la sagesse et l'amour de Dieu sont décrits comme les véritables sources du bonheur. Il est également l'auteur des Apices, système de chiffres décimaux qui est à l'origine de l'introduction de la numération de position par Gerbert d'Aurillac.

Biographie

Fichier:Augustins - Les adieux du consul Boetius à sa famille - Victor Schnetz D 1886 2.jpg
Les adieux du consul Boèce à sa famille. Toile de Victor Schnetz (1826).

Boèce naît à Rome vers 480<ref name=dizionario/>. Il appartient à la gens Anicii, chrétienne depuis environ un siècle, et dont est issu l'empereur Olybrius. Son père, Flavius Manlius Boetius, est nommé consul en 487 et meurt peu après. Boèce est ensuite élevé par Quintus Aurelius Symmaque dont il épouse la fille, Rusticiana<ref name=britannica>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Boethius », Encyclopædia Britannica, 1910-1911 et 2011. Modèle:Lire en ligne</ref>. Il passe son enfance à Rome pendant le règne d'Odoacre, et reçoit une bonne éducation. Sa position sociale privilégiée lui permet notamment d'apprendre le grec<ref name=marenbon>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Marenbon, "Anicius Manlius Severinus Boethius", The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2021 Edition) Modèle:Lire en ligne</ref>. Il devient un ami intime de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, et est nommé consul en 510<ref name=dizionario/>.

En 520, Boèce devient Modèle:Lang sous le règne de Théodoric le Grand. Ses deux fils sont nommés consuls en 522. Mais sa bonne fortune ne dure pas. À la suite d'un schisme avorté entre Rome et l'église de Constantinople, Boèce et plusieurs sénateurs sont suspectés de communiquer avec l'empereur byzantin Modèle:Noble. Ce dernier est d'une sensibilité qu'on nommera plus tard orthodoxe, tandis que Théodoric est plutôt porté vers l'arianisme. Boèce défend ouvertement le sénateur Albinus, et par la suite est accusé d'avoir écrit à l'empereur Justin contre le règne de Théodoric. Cette charge, aggravée par une accusation de magie, le conduit à la prison de Pavie. C'est pendant cette période d'isolement qu'il écrit la Consolation de Philosophie. Ses biens sont confisqués, et après une longue période de détention, il est mis à mort en 524<ref name=britannica />.

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Mattia Preti, Boèce et la Philosophie, vers 1680.

Saint et martyr

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Consolation de Philosophie, édition publiée à Gand en 1485.
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Boèce enseignant, manuscrit de la Consolation de Philosophie, 1385.

Quelques siècles après sa mort, Boèce est considéré comme un saint et un martyr. Son ouvrage sur la Trinité montre sa lutte active contre l'arianisme de Théodoric. Bien que reconnu traditionnellement comme un saint, le philosophe romain ne fut pas canonisé. En 996, l'empereur Othon III ordonne le placement de sa dépouille dans la crypte de la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie<ref name=britannica/>. Gerbert d'Aurillac inscrit sur son tombeau une épitaphe dans laquelle il vante les talents, les vertus civiques et le patriotisme de l'illustre Romain. En 1861, Boèce est encore célébré à Pavie, à Milan, et à Brescia, le 23 octobre, jour de la fête de saint Sévérin<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La probable pierre tombale de Boèce est conservée dans les musées civiques de Pavie<ref>Modèle:Article</ref>.

Œuvre

Fichier:Inter latinos aristotelis interpretes et aetate primi, et doctrina praecipui dialectica.tif
Dialectica, 1547.

Boèce avait pour intention de traduire et de commenter tout Platon et une grande partie d'Aristote<ref name=treccani>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Claudio Leonardi, « Boezio » in Dizionario Biografico degli Italiani, Volume 11 (1969) Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name=Hadot>Modèle:Lien web</ref>. Mais il n'a le temps d'effectuer qu'une petite partie de ce programme : il traduit ainsi l’Organon d'Aristote accompagné de gloses grecques, ainsi que l’Isagogè de Porphyre de Tyr, une introduction à la logique aristotélicienne, et rédige un double commentaire sur le modèle de ceux des écoles d'Alexandrie et d'Athènes<ref name=britannica />,<ref name=Hadot/>. Boèce compose également de nombreuses œuvres de logique, notamment le traité De la division, une Introduction aux syllogismes catégoriques et un traité Des syllogismes catégoriques, un commentaire sur les Topiques de Cicéron soulignant les différences entre les topiques de Cicéron et ceux d'Aristote<ref name="mignon">Arnaud Mignon, Les origines de la scolastique et Hugues de Saint-Victor, Paris, 1895, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne</ref>, et un traité Sur les différences topiques <ref name=Hadot/>.

Il met ensuite en pratique son étude de la logique dans cinq traités théologiques, dont l'authenticité, longtemps discutée<ref name=treccani/>, a été confirmée par une notice de Cassiodore<ref name=Hadot/>. Ces traités portent sur la Trinité, la nature du Christ, ainsi qu'un traité contre Nestorius et Eutychès. En utilisant la terminologie des catégories d'Aristote, il décrit l'unité de Dieu en termes de substance, et les trois personnes divines en termes de relation. Il cherche également à donner une définition orthodoxe du Christ en déployant les notions précises de « substance », de « nature » et de « personne »<ref name=britannica />.

Le projet de Boèce, énoncé dans une lettre à Symmaque, est également d'exposer, sur la base de textes grecs, les quatre disciplines du quadrivium — l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie — c'est-à-dire les quatre voies menant à l'étude de la philosophie<ref name=treccani/>. Ce projet débute avec l’Institution arithmétique, qui reprend Nicomaque de Gérase, sous forme de paraphrase libre plutôt que de traduction rigoureuse<ref name=treccani/>. Le grand nombre de manuscrits témoigne de l'importance de ce livre dans l'enseignement du Moyen Âge et de la Renaissance<ref>Jean-Yves Guillaumin, « La structure du chapitre 1,4 de l'Institution Arithmétique de Boèce et le cours d'Ammonios sur Nicomaque », Revue d'histoire des sciences, 1994, Tome 47, n°2, p. 249-258 Modèle:Lire en ligne</ref>. Il rédige ensuite l’Institution musicale, un traité théorique sur la musique<ref name=treccani/>. Dans ce livre, il introduit la classification tripartite de la musique<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : la musica mundana, ou musique des sphères et du monde, la musica humana, ou harmonie du corps humain et de l'esprit, la musica instrumentalis, ou musique instrumentale. Le moine bénédictin Guido d'Arezzo souligne toutefois que le livre de Boèce, à cause de son caractère spéculatif, Modèle:Citation. Enfin, deux ouvrages de Boèce sur les arts libéraux, une traduction d'Euclide sur la géométrie, et de Ptolémée sur l'astronomie, ont été perdus<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre (Actes du colloque international de la Fondation Singer-Polignac).</ref>,<ref>Modèle:Chapitre (Actes du colloque international de la Fondation Singer-Polignac).</ref>.

Modèle:Article détaillé

La Consolation de Philosophie, rédigée à la fin de sa vie, est le couronnement de l'entreprise intellectuelle de Boèce, l'aboutissement d'un long travail visant à traduire l'héritage philosophique de la culture grecque sous la forme de la pensée et de la langue latine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Francesco Tateo, « Boezio » in Enciclopedia Dantesca (1970) Modèle:Lire en ligne</ref>. Une femme, personnifiant la philosophie, convertit le prisonnier Boèce à la notion platonicienne du souverain Bien. Elle démontre que sa situation difficile ne l'exclut pas du bonheur, et qu'il n'est pas vrai, comme Boèce le prétend, que les méchants prospèrent et que les bons soient opprimés<ref name=marenbon/>. L'ouvrage est un prosimètre, c'est-à-dire une alternance de prose et de poésie. Bien que l'auteur soit chrétien, toute référence au christianisme est absente de cette œuvre<ref name=marenbon/>.

La Consolation est le livre le plus lu à l'époque médiévale après la Bible, et permet la transmission des doctrines platoniciennes en langue latine. Il a été traduit en vieil anglais par Alfred le Grand au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en vieux haut-allemand par Notker l'Allemand au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en ancien français par Jean de Meung au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et en moyen anglais par Geoffrey Chaucer au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=britannica />,<ref>Pour une introduction à ce texte de Chaucer, ainsi qu'une traduction intégrale en français avec notes, voir Modèle:Chapitre.</ref>.

Postérité

Boèce est l'écrivain, le poète et le philosophe le plus distingué de son temps. Modèle:Citation. Par ses traductions en latin, Modèle:Citation et Modèle:Citation. Cependant, après sa mort, ses textes sont oubliés pendant plus de deux siècles, peut-être à cause du changement climatique de 535-536 qui désorganise l'Europe, jusqu'à ce qu'ils soient redécouverts par Alcuin vers 780<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Il a été surnommé l'Modèle:Citation de l'Occident latin et le Modèle:Citation. Ses écrits ont inspiré Alcuin, Jean Scot Érigène, les écoles d'Auxerre et de Reims au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Gilbert de Poitiers<ref name=marenbon/> et les commentateurs de l'école de Chartres au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et Thomas d'Aquin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Jacques Follon, « Pérennité de Boèce, philosophe et théologien », Revue Philosophique de Louvain n°86, 1992. p. 192-205 Modèle:Lire en ligne</ref>. La Consolation de Philosophie a été traduite par Alfred le Grand<ref>Isaac Toman Grief, « Boèce, le Premier des Médiévaux ? », traduit par Babeth Étiève-Cartwright, World History Encyclopedia, 2021. Modèle:Lire en ligne</ref> et commentée par Rémi d'Auxerre au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, par Guillaume de Conches au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et par Nicholas Trivet au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=marenbon/>. Le roi [[Charles VIII (roi de France)|Charles Modèle:VIII]] en fera reproduire plusieurs exemplaires enluminés<ref>Pierre Courcelle, « Saint Augustin et Boèce, la survie de leurs deux chefs-d'œuvre », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1968, pp. 526-534. Modèle:Lire en ligne</ref>. Le poète florentin Dante Alighieri confessera également dans le Convivio : Modèle:Citation Et dans la Divine Comédie :

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Le philosophe Pierre Abélard considèrait Boèce comme le philosophe romain le plus important<ref>Pierre Abélard, Theologia Christiana 1,134.</ref> et a écrit un commentaire sur le De differentiis topicis. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les topiques de Pierre d'Espagne proviennent du De differentiis topicis<ref name=lewry/>. Au cours du même siècle dans l'Empire byzantin, Manuel Holobolos fournit une traduction annotée en grec du même traité<ref>Sten Ebbesen, George Pachymeres and the Topics, Cahiers de l’Institut du Moyen Âge grec et latin n°66, 1996, p. 169–185.</ref>. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les écrits logiques de Boèce sont cités par Guillaume d'Ockham et Albert de Saxe ; leur influence est clairement visible<ref name=lewry>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Osmund Lewry, Boethian Logic in the Medieval West. In: Margaret Gibson (Hrsg.): Boethius, His Life, Thought and Influence, Oxford, 1981, p. 90–134.</ref>. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le philosophe Laurent Valla décrit Boèce comme le dernier des Romains et le premier des scolastiques<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Boethius, Anicius Manlius Severinus, The Theological Tractates and The Consolation of Philosophy, Cambridge: The Project Gutenberg, 2004. Traduit du latin à l'anglais par H. F. Steward et E. K. Rand.</ref>. Un passage du commentaire de Boèce sur l'Isagogè de Porphyre de Tyr est à l'origine de la querelle des universaux<ref name=britannica/>, qui agitera la philosophie médiévale.

Quand Cassiodore fonde le monastère de Vivarium en Campanie au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, il y installe également sa bibliothèque romaine, comprenant les œuvres de Boèce sur les arts libéraux. Il compose une liste de lecture, les Institutions, pour l'éducation des moines. Ainsi la littérature aristocratique romaine entre dans la tradition monastique. La logique de Boèce domine l'instruction du clergé médiéval et l'étude des tribunaux et des cloîtres. Ses traductions et ses commentaires, notamment des Catégories d'Aristote et du traité De l'interprétation deviennent des textes fondamentaux de la scolastique médiévale<ref name=britannica/>. Les premiers scolastiques possèdent grâce à Boèce un manuel complet de logique exposant toute la doctrine d'Aristote en langue latine<ref name=mignon/>.

D'après le philosophe Alain de Libera, Boèce a été un adversaire des idées professées par Nestorius et Eutychès. Il a défendu Modèle:Citation que préciseront les Modèle:Page h' et a rédigé Modèle:Citation.

Boèce a forgé le terme de « Modèle:Lang », ou quadruple voie vers la connaissance, comprenant l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. Ce terme d'origine romaine trouve son analogue dans le « Modèle:Lang », comprenant la grammaire, la dialectique et la rhétorique<ref>Axel Tisserand, Pars theologica : Logique et théologique chez Boèce, Vrin, 2008, p. 31-32 Modèle:Lire en ligne</ref>.

Bibliographie

Traductions en français

Études

  • Pierre Courcelle, Les Lettres grecques en Occident de Macrobe à Cassiodore, Paris, de Boccard, 1948.
  • Pierre Courcelle, La Consolation de Philosophie dans la tradition littéraire, Paris, 1967.
  • John Marenbon, Le Temps, l'Éternité et la Prescience de Boèce à Thomas d'Aquin, Paris, Vrin, 2005.
  • Henri Potiron, Boèce, théoricien de la musique grecque, Paris, Bloud et Gay, 1961.
  • Axel Tisserand, Pars theologica : Logique et théologique chez Boèce, Paris, Vrin, 2009.
  • Sophie Van der Meeren, Lectures de Boèce, La Consolation de la Philosophie, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Études anciennes », 2012, 242 Modèle:P.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Margaret Gibson, Boethius: His Life, Thought and Influence, Blackwell, Oxford, 1981 Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Marenbon, Boethius, Oxford University Press, coll. « Great Medieval Thinkers », 2003, XVI-252 Modèle:P. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Marenbon, The Cambridge Companion to Boethius (ed.), Cambridge, Cambridge University Press, 2009.

Articles

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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