Théodoric le Grand

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique

Théodoric le Grand ou Théodoric l'Amale (en latin : Modèle:Lang, en grec : Modèle:Lang), né vers 455 et mort le Modèle:Date à Ravenne, est un roi des Ostrogoths.

Envoyé en 488 en Italie par l'empereur byzantin Zénon pour destituer Odoacre qu'il tue de ses propres mains, Théodoric y fonde un royaume autonome tout en maintenant le système administratif romain, ouvrant pour la péninsule une période de paix d'une trentaine d'années. Après le siège d'Arles qui s'achève en 508, il prend le contrôle de la Gaule du sud et, devenu tuteur du jeune roi wisigoth Amalaric, il gouverne l'Espagne wisigothique jusqu'en 526, régnant de fait sur un grand royaume wisigo-ostrogothique.

Biographie

Sa famille

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La pierre de Rök nous parle de Théodoric chef des guerriers de la mer, de sa famille et de son peuple.

Théodoric, membre de la dynastie des Amales, est le fils de Thiudimir qui avait pour frère aîné Valamir et pour frère cadet Vidimir. Tous trois étaient fils de Modèle:Lien et cousins du roi Thorismod<ref>Herwig Wolfram, The Roman Empire and its Germanic peoples, University of California Press, 1997, Modèle:Pp., Ouvrage en ligne.</ref>. Thiudimir<ref>Généalogie de Thiudimir sur le site Medieval Lands.</ref> règne conjointement avec ses deux frères et s'affirme comme un fidèle vassal d'Attila, roi des Huns.

Valamir participe aux opérations menées par les Huns, ainsi en 447 lors des raids d'Attila dans les provinces du Danube ou en 451 lors de la bataille des champs Catalauniques, durant laquelle il exerce le commandement de ses troupes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Après la mort d'Attila en 453, Valamir s'affirme comme le chef des Goths installés en Pannonie. Il mène ainsi la lutte contre les Huns affaiblis, en 456 et 457. Lors de cette guerre, il met en déroute les fils d'Attila, à la bataille de la Nedao<ref>Jordanès, Histoire des Goths.</ref>,<ref>A.H.M. Jones & J.R. Martindale, The Prosopography of the Later Roman Empire, Modèle:Nobr rom (AD 395 - 527) (1971 - 1980).</ref>.

Jeunesse

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En vert, l’origine, le Götaland et en rose l’île de Gotland. Le rouge correspond à la zone d’extension de la culture de Wielbark en Pologne au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et l’orange à celle de culture de Tcherniakov. En violet, l’Empire romain.

Né vers 455 sur les bords du lac de Neusiedl près de Carnuntum<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> en Pannonie, le fils de Thiudimir et d'Ereuleva, encore enfant, est envoyé à Constantinople et sert d’otage pendant neuf ans, en garantie du traité conclu par son père avec l’Empire byzantin<ref>J.R. Martindale, The Prosopography of the Later Roman Empire, volume 2, AD 395-527, Modèle:P.. Ouvrage partiel en ligne.</ref>. Élevé comme un Romain pendant Modèle:Nb, bien traité par les empereurs Modèle:Noble et Zénon, il apprend beaucoup sur le gouvernement et la conduite militaire d’un empire (Aspar aurait été son professeur)<ref>Patrick Périn, « Fin de l'Empire romain d'Occident », Encyclopædia Universalis.</ref>. Modèle:Citation<ref>L. M. Du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie, précédée d'une revue …, 1846, librairie Téchener, Modèle:P..</ref>. En 471, pour contrebalancer le pouvoir de Théodoric Strabon sur l'empire d'Orient, l'empereur Modèle:Noble renvoie à son père Théodoric, âgé de Modèle:Nb.

Théodoric reconquiert pour le compte de l'empire d'Orient la Mésie en combattant le chef sarmate Babaï qui a traversé le Danube et pris Singidon. À l'insu de son père, il rassemble Modèle:Nb, rejoint Babaï, le vainc, le tue et reprend Singidon. Couvert de gloire, il rentre auprès de son père avec l'intention de rendre la Mésie à l'empire, mais son père récupère cette terre et l'empereur s'en accommode, préférant l'amitié de ce puissant roi<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il devient magister militum en 483 et consul l'année suivante.

La soumission de l'Italie

Âgé d'une trentaine d'années, Théodoric est alors envoyé en Italie par l'empereur Zénon pour destituer Odoacre, roi des Hérules, qui, ayant renversé le dernier dépositaire de la charge impériale en Occident en 476, s'affirme comme représentant de l'empereur byzantin, mais de plus en plus remuant. Frédéric, roi des Ruges, se réfugie en Mésie où il incite le roi à se poser en adversaire d'Odoacre. La campagne de Théodoric commence en 488 : l'empereur Zénon concède l'Italie à Théodoric par un brevet solennel<ref>Selon l’Anonyme de Valois, Modèle:P..</ref>.

Les Ostrogoths battent les Gépides, envahissent la Pannonie et pénètrent en Italie du Nord. Les deux armées se rencontrent sur le fleuve Isonzo et Odoacre, vaincu, se réfugie à Vérone puis à Ravenne<ref name="André Chastagnol 1976">André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976.</ref>. Théodoric marche sur Milan où le maître des soldats d'Odoacre, Tufa, se livre avec une partie de son armée. En 493, Théodoric occupe l'Italie du Nord avec Milan et Pavie, mais Odoacre contre-attaque avec l'aide de Frédéric, roi des Ruges. Tufa, envoyé se battre contre Odoacre, livre les comtes ostrogoths de son armée à Odoacre à Faenza<ref name="Anonyme de Valois, 49-57">Anonyme de Valois, Modèle:P..</ref>. Théodoric, enfermé dans Pavie, réussit à se libérer de ce siège et fait pendant trois ans le siège de Ravenne où s'est réfugié Odoacre. Il envoie en ambassade le chef du sénat Festus à l'empereur Zénon en espérant recevoir son accord pour être proclamé roi. À la fin du siège, il prend en otage Thélanès, fils d'Odoacre, avant d'entrer dans Ravenne. Il tue lui-même Odoacre ainsi que tous les membres de son armée et leur famille, lors d'un banquet, dix jours après la fin du siège<ref name="Anonyme de Valois, 49-57" />,<ref name="André Chastagnol 1976" />.

L'ambassade de Festus revient après l'annonce de la mort de Zénon Modèle:Incise et les Goths confirment Théodoric comme leur roi sans l'accord du nouvel empereur.

Roi des Ostrogoths en Italie

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Le palais dit de Théodoric, à Ravenne.

Théodoric fonde un royaume autonome, accordant néanmoins aux Romains la possibilité d’être soumis aux lois et juridictions romaines, tandis que les Goths conservent leurs propres coutumes. L'empereur Modèle:Noble le reconnaît comme maître des soldats, investi du gouvernement de l'Italie, mais Théodoric ne veut pas porter le titre de patrice ni celui de maître des soldats. Cependant il porte la pourpre et le diadème, se fait appeler « très glorieux » et est parfois désigné comme Auguste<ref name="André Chastagnol 1976, p. 58">André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976, Modèle:P..</ref>,<ref>Inscription de Terracine, C.I.L. X 6850-6852.</ref>. Il fait frapper des monnaies aux effigies de l'empereur d'Orient. De rares médailles le représentent avec le titre de « prince ».

Sur le plan intérieur, Théodoric respecte l'héritage romain et maintient le système administratif romain<ref>Cassiodore, Variæ, Modèle:Rom-maj - Modèle:VI.</ref>. Il organise même ses troupes sur un modèle hiérarchique inspiré de l'administration civile. En 500, il visite Rome pendant six mois et se montre bienveillant envers les Romains : il fête ses trente ans de règne (tricennalia) à l'imitation des commémorations impériales, par un triomphe et une distribution exceptionnelle de blé<ref>André Chastagnol, Aspects concrets et cadre topographique des fêtes décennales des empereurs à Rome, Actes du colloque international de Rome (8-12 mai 1985), 1987, Modèle:P., [1].</ref> ; il se rend au Sénat, s'adresse au peuple et promet de protéger la civilisation romaine. Il confère le titre de patrice au préfet du prétoire Libérius et donne son poste à Théodorus, fils de Basilius. Il fait décapiter le comte Odoin à l'origine d'une conspiration contre lui<ref>Anonyme de Valois, 64-70.</ref>.

Théodoric mène une politique extérieure ambitieuse. Il noue des alliances matrimoniales avec tout le monde barbare. Il épouse la sœur de Clovis, Audoflède, en 492<ref>Geneviève Bürher-Thierry et Charles Mériaux, La France avant la France (481-888), Belin, Paris, 2014, Modèle:P..</ref>. Modèle:Noble, roi des Wisigoths, épouse une de ses filles, Téodegonde Amalasunta des Amales, tandis qu'Ostrogotho Areagni, autre fille, épouse Sigismond, roi des Burgondes. En 500, il donne sa sœur Amalafride au roi des Vandales Thrasamund, lors de son voyage à Rome.

Ayant reçu au cours de son éducation le goût des lettres et arts, il veut revivifier la culture antique. Ennode de Pavie est le poète officiel de sa cour<ref name="Chélini" />. Le philosophe Boèce entre en 507 au conseil de Théodoric. Il devient consul en 510 et est bientôt la figure la plus en vue du Sénat romain. En 522, il prononce un éloge du souverain<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Un royaume divisé par la religion

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Le mausolée de Théodoric, à Ravenne.

Si Théodoric est de confession arienne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, il se montre jusque dans les années 520 tolérant envers les chrétiens nicéens. Il entretient de bonnes relations avec l'épiscopat italien, sur lequel il s'appuie pour maintenir la stabilité de la péninsule, et fait preuve d'une certaine déférence à l'égard du pape, du fait de son lien avec l'Empire romain<ref name="Chélini">Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Fayard, collection « Pluriel », Paris, 2010, Modèle:P., Modèle:P..</ref>. Cependant, Théodoric met en place une stricte séparation entre les Goths ariens et les Romains nicéens. Les mariages entre les deux populations sont interdits et les Goths reçoivent des cantonnements militaires aux frontières.

Théoriquement, le roi ostrogoth n'intervient pas dans l'élection du pape mais, depuis que le pape Simplice a confié en 483 la désignation de son successeur à un groupe restreint de sénateurs et de clercs, présidé par le préfet du prétoire, le roi joue le rôle d'arbitre en cas de conflit. C'est ce qui advient en 498 quand éclate le schisme laurentien. Deux candidats sont désignés pour succéder à Modèle:Noble : l'un, le diacre Symmaque, est acclamé par le parti intransigeant qui refuse les négociations pour mettre un terme au schisme acacien, l'autre, le prêtre Laurent, appartient au parti du rapprochement avec Constantinople. Théodoric convoque Symmaque et Laurent à Ravenne et confirme l'élection du premier<ref name="Chélini" />.

Mais le schisme laurentien ne prend pas fin à cette date. Les partisans de Laurent lancent une campagne de calomnies contre Symmaque, l'accusant de vivre avec des femmes et d'être corrompu. Théodoric intervient à nouveau, de façon plus autoritaire encore : il convoque le pape en 501 pour qu'il s'explique et, comme Symmaque craint un piège et ne se présente pas devant le roi, celui-ci nomme un administrateur pour remplacer le pape et convoque un concile pour le juger. Néanmoins, le Modèle:Date-, les évêques du concile se déclarent incapables de juger le pape et Symmaque est rétabli<ref name="Chélini" />. Son adversaire Laurent perd le soutien de Théodoric en 507 et il n'est plus contesté.

La mise sous tutelle de la papauté par Théodoric ne prend pas fin après la résolution du schisme. Il envoie le pape Modèle:Noble, accompagné de nombreux évêques, en mission à Constantinople auprès de l'empereur Justin pour que soient restituées les églises qui avaient été confisquées aux ariens<ref name="Chélini" />. Justin refuse et, pour punir l'échec de la mission, Théodoric jette le pape en prison et le laisse mourir de faim<ref>Anonyme de Valois, Modèle:P..</ref>. En 526, il impose Modèle:Noble- à la succession de Modèle:Noble-<ref name="Chélini" />.

L'avènement de l'empereur Justin en 518 constitue d'ailleurs un tournant dans la politique religieuse de Théodoric puisqu'il aboutit à la persécution des chrétiens nicéens<ref name="Chélini" />. Le roi craint en effet qu'ils le trahissent au profit de l'empereur de Constantinople, qui défend vigoureusement les canons du concile de Chalcédoine. C'est pourquoi, vers 523-525, il fait arrêter plusieurs sénateurs soupçonnés d'entretenir des liens avec Constantinople, dont Boèce qui avait ouvertement défendu le sénateur Albinus, accusé d'avoir adressé à l'empereur Justin un écrit dénigrant le règne de Théodoric, et son beau-père Symmaque. Boèce, Albinius et Symmaque sont exécutés.

De brillants succès militaires

En 504, il envoie le comte Pitzia contre les Gépides du roi Thrasaric qui conquiert la Pannonie et la Dalmatie avec Sirmium. Théodoric conquiert aussi le Norique face aux Bavarois et, après la victoire de Clovis sur les Alamans, intervient pour l'arrêter et place la Rhétie sous sa protection.

En 507, Modèle:Noble, roi des Wisigoths, est tué par Clovis pendant la bataille de Vouillé. Théodoric devient le tuteur du jeune roi wisigoth Amalaric, petit-fils d'Alaric, alors âgé de six ans. Théodoric gouverne en son nom l'Espagne wisigothique jusqu'en 526, en plaçant le gouverneur ostrogoth Theudis à ses côtés<ref>André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976. Modèle:Citation</ref>.

Il contient les ambitions franques, défendant les Wisigoths, notamment lors du siège d’Arles en 507 et 508, et il prend le contrôle de la Provence, puis du Languedoc et du Roussillon<ref>Cassiodore, Variæ.</ref>. En 524, il participe au premier partage du royaume des Burgondes.

Théodoric meurt de dysenterie en 526. Il laisse derrière lui le souvenir de trente ans de paix pour l'Italie, événement heureux qui ne se répétera pas avant des siècles. Il est enterré à Ravenne, où son tombeau constitue l’un des plus intéressants monuments de la ville (il est couvert d’une énorme coupole monolithe). Après lui, sa fille Amalasonte devient régente pour son petit-fils Athalaric<ref>Pierre Riché, « Amalasonthe ou Amalaswinthe (498-535) », Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 6 juillet 2014.</ref>.

Témoignages contemporains

L'historien et chroniqueur byzantin Procope de Césarée<ref>Dans Histoire de la guerre contre les Goths, Modèle:Nobr rom.</ref>, qui accompagna pourtant le général Bélisaire lors des guerres contre les Goths, en fait un éloge univoque qui montre probablement la considération dont il jouissait aux yeux de ses sujets italiens : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Mariages et descendance

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Statue de Théodoric à Innsbruck.

Théodoric a tout d’abord comme concubine N. de Mésie, née en 463, qui est peut-être l'une des petites-filles d’Attila, d’où :

Veuf, Théodoric se remarie avec Audofleda (469-535), fille de Modèle:Noble, sœur de Modèle:Noble vers 493. Ils sont les parents de :

Avec une certaine Theodora, Théodoric a une fille :

  • Theodora, née en 505<ref>Paternal Ancestry oH. B. James, Homer Beers James, 1996.</ref>.

Dans les mythes germaniques

Théodoric le Grand est une figure légendaire dans la mythologie germanique, connu sous le nom de Dietrich de Berne (Bern est le nom en haut-allemand médiéval de la ville de Vérone où il avait une de ses résidences). Roi légendaire de Vérone, ses premiers exploits sont rapportés dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans la Geste d’Hildebrand (Hildebrandlied vers 830).

Le cycle de Dietrich ou Dietrichsage est écrit en haut-allemand. Il comprend deux groupes de textes : des épopées historiques comme Alpharts Tod, Dietrichs Flucht ou Ornit, et des épopées d'aventures surnaturelles comme Dietrich und Fasold ou Sigenot. Dietrich apparaît également dans le Nibelungenlied, où il combat Siegfried trois jours durant, et dans la saga scandinave Thidreksaga, où Dietrich rassemble une dizaine de chevaliers et accomplit de nombreux exploits grâce à son cheval Falke, et ses épées Nagelring, puis Eckenlied. Dietrich, exilé par son oncle, se réfugie chez Attila. Lors de son bannissement, Dietrich est suivi par le fidèle Hildebrand, son maître d’armes. Après un long exil et de nombreuses aventures, Dietrich revient chez lui et retrouve son royaume<ref>« Dietrich de Bern combat un dragon ».</ref>.

Dans la littérature contemporaine

Jean d'Ormesson écrit en 1990 une Histoire du Juif Errant, dans laquelle le héros rencontre Odoacre puis Théodoric et tente de les faire pacifier jusqu'au massacre de Ravenne.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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