Ghetto de Varsovie
Le ghetto de Varsovie était le plus important ghetto juif au sein des territoires d'Europe occupés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Situé au centre de Varsovie, il fut créé en 1940 et pratiquement détruit en mai 1943 après l'insurrection de ses occupants contre les nazis. Il rassembla jusqu'à 380 000 personnes<ref>En 1939, il y avait 1 300 000 habitants à Varsovie, dont 400 000 Juifs.</ref>.
Contexte historique et création du ghetto
Modèle:Méta bandeau de section En Modèle:Date, l'armée allemande attaque puis occupe la Pologne. Les Allemands entrent dans Varsovie le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Adam Czerniaków, qui vient d'être nommé le Modèle:Date- à la tête de la communauté juive de la ville<ref>Modèle:Lien web</ref>, est chargé par les Allemands de constituer un conseil juif (Judenrat)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ce conseil est chargé de gérer le futur ghetto.
Dès l'hiver 1939 – 1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs : obligation de porter un brassard blanc avec l'étoile de David bleue, identification des magasins juifs sur leurs vitrines, confiscation des radios, interdiction de voyager en train (Modèle:Date-).
L'ordre de transplantation de Juifs est donné le Modèle:Date-. Puis, le Modèle:Date (jour de la fête juive de Yom Kippour), les Allemands annoncent aux Juifs qu'ils n'ont que jusqu'à la fin du mois pour déménager dans le quartier juif.
Le Modèle:Date-, une « zone d'épidémie » est définie par le gouverneur du district de Varsovie. Interdite aux soldats allemands, elle correspond aux « rues juives ». Deux mois plus tard, le quartier juif devient officiellement une « zone de contagion<ref name="Dictionnaire Shoah p245">Dictionnaire de la Shoah, Modèle:P..</ref> ».
80 000 non-juifs quittent le secteur, et 138 000 Juifs s'y installent dans la précipitation et la peur. Le ghetto est fermé le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref> et un mur d'enceinte est construit. 40 % de la population de la ville s'entassent dans des conditions insalubres dans 8 % de sa superficie<ref name="Dictionnaire Shoah p245" />.
Localisation géographique
Le ghetto se situe au centre de la ville de Varsovie. Il est initialement composé de deux parties, le grand ghetto et le petit ghetto, reliées par un pont en bois. Le tout est entouré de Modèle:Unité de murs hauts de plusieurs mètres et de fil de fer barbelé. Dans cette enceinte d’une superficie d’environ Modèle:Unité, on compte Modèle:Unité au km² contre 14 000 environ dans la Varsovie non juive. La population du ghetto, 381 000 personnes enregistrées en Modèle:Date-, atteint 439 000 en Modèle:Date- pour retomber à 400 000 en Modèle:Date-. Ces différences peuvent s'expliquer par l'arrivée de nombreux réfugiés et la surmortalité qui prévaut dans le ghetto. Seul lien avec l’extérieur, un tramway réservé aux Polonais non juifs traverse le lieu. À peu près 80 000 personnes meurent entre Modèle:Date- et juillet 1942 sans déportation ni fusillade<ref name="Dictionnaire Shoah p245" />.
-
Humiliation des Juifs par des soldats allemands (automne 1939)
-
Tramway réservé aux Juifs (25 mai 1941)
-
Soldats allemands s'amusant à poser avec des Juifs attelés à une charrette à la manière de chevaux (entre 1939 et 1942)
Organisation
La gestion du ghetto est déléguée au conseil juif (Judenrat) par les Allemands. Ce conseil est dirigé par Adam Czerniaków. Il joue un rôle essentiel dans la transmission des ordres des Allemands aux habitants du ghetto. Ses effectifs augmentent entre 1940 et juillet 1942 passant de Modèle:Unité à Modèle:Unité en comptant la police juive<ref name="Dictionnaire Shoah p245" />. Cette dernière, appelée aussi Jüdischer Ordnungsdienst (service d'ordre juif), est chargée de maintenir l'ordre. Elle est rémunérée et possède des avantages comme l’exemption du travail forcé. Elle est très souvent corrompue et participe aux opérations de déportation massive en juillet et Modèle:Date-. Les occupants emploient la main-d'œuvre du ghetto pour les besoins de l'armée et implantent de nombreux ateliers et usines dans le quartier juif.
Dans le ghetto
Les conditions de vie dans le ghetto sont inhumaines. D'abord, il est trop petit pour accueillir tous les Juifs de Varsovie et des villages environnants (40 % de la population sur 8 % de la superficie, une densité de population de sept personnes par pièce au début du ghetto). Beaucoup ont tout perdu (leurs familles et/ou leurs biens) en arrivant dans ce quartier fermé. Les foyers sont mal, ou presque pas approvisionnés en nourriture et combustible. Dès l'hiver 1940 – 1941, la faim et le froid se font ressentir. Nombreux sont alors ceux qui organisent de petits trafics avec l'extérieur<ref>Au nom de tous les miens de Martin Gray.</ref>. Certains de ces trafiquants y laisseront parfois leur vie en essayant d'apporter de la nourriture dans le ghetto. Mais il existe aussi une solidarité avec les « comités d'immeubles », une vraie vie culturelle, un réseau d'enseignement clandestin, une vie religieuse<ref name="Dictionnaire Shoah p246">Dictionnaire de la Shoah, Modèle:P..</ref>.
La mort est courante. Elle est causée par la faim, mais aussi par des épidémies de typhus et de tuberculose. Il n'est pas rare de retrouver des cadavres en pleine rue. Une charrette passe alors ramasser les corps, qui sont comptés puis enterrés dans une fosse commune.
Au début de l'année 1942, on compte une naissance pour 45 décès<ref name="Dictionnaire Shoah p246" />.
-
Grande file d'attente de Juifs pour l'enregistrement au travail forcé du ghetto, devant l'ancienne école de commerce, à l'intersection de la rue Prosta avec Waliców, qui abrite alors différentes institutions gouvernementales (mai 1941)
-
Marché rue Smocza vue depuis la rue Pawia (mai 1941)
-
Passants à côté d'un enfant juif en haillons allongé sur le trottoir, endormi, malade ou mourant, rue Leszno (mai 1941)
-
Point de collecte des cadavres où un homme au brassard frappé d'une étoile de David transporte un bébé étique et mort (25 mai 1941)
-
Point de collecte des cadavres où deux hommes juifs patientent devant des cadavres qu'un autre homme semble répertorier (25 mai 1941)
-
Marché à l'intersection de la rue Ksawery Lubecki et de la rue Gęsia (juin 1941)
-
Enfants livrés à eux-mêmes dans la rue (21 juin 1941)
-
Juifs en prière - mis en scène pour un film de propagande allemand tourné dans le ghetto (mai 1942)
-
Section de la rue Żelazna reliant le petit et le grand ghetto (juin 1942)
La déportation
En été 1942, commence le « repeuplement vers l'est », qui est en fait la déportation vers le camp de Treblinka, situé à Modèle:Unité au nord-est de Varsovie. Lancée dans le cadre de l'Aktion Reinhard, elle débute le Modèle:Date-. Pendant huit semaines, entre Modèle:Unité et 8 000 personnes sont déportées chaque jour. Les rafles se font de jour comme de nuit, aussi bien dans les habitations que dans les usines, où il est plus facile d'arrêter les Juifs. Ceux-ci sont ensuite conduits vers la Umschlagplatz, la gare de triage de Varsovie. Cette première vague de déportations vers les camps de la mort ramène la population du ghetto à 70 000 habitants.
Insurrection
L'Organisation juive de combat naît au cœur de la grande déportation de Modèle:Date-. C'est la principale organisation de résistance juive. Elle se manifeste une première fois le Modèle:Date-. Le soulèvement commence le Modèle:Date-, veille de Pessa'h, la Pâque juive, en réponse à une dernière grande rafle organisée par les nazis. Destinée à liquider le ghetto des quarante à cinquante mille Juifs restant en les déportant dans les différents camps, et principalement au camp d'extermination de Treblinka, cette rafle se heurte à l'opposition armée juive au grand étonnement des nazis. L'Organisation juive de combat - qui rassemble les communistes, les bundistes et plusieurs courants du sionisme - comporte de 600 à 700 insurgés, tandis que l'organisation de droite AMJ, proche du Betar, en compte une centaine. Ce combat sans espoir Modèle:Citation<ref>Proclamation de l'Organisation Juive de Combat. Cité dans la brochure Pour notre liberté et pour la vôtre, Insurrections dans les ghettos, 2003, Éditions du Centre Medem. Modèle:P..</ref> s'achève le Modèle:Date-, un mois après son déclenchement, avec la destruction de la grande synagogue de Varsovie. Après cette date, des combats sporadiques ont encore lieu dans le ghetto en ruines.
L'impact psychologique de l'insurrection du ghetto de Varsovie fut très important. La résistance fut plus forte que prévu par les nazis, même si l'issue était certaine vu le déséquilibre des forces. Modèle:Citation bloc
Monuments
Le souvenir du ghetto de Varsovie est marqué par plusieurs monuments dans la capitale polonaise, le plus imposant étant le monument aux héros du ghetto. C'est au pied de ce monument que le chancelier ouest-allemand Willy Brandt s'est agenouillé le 7 décembre 1970.
Mémoire du monde
Depuis 1999, les archives du ghetto de Varsovie sont classées par l'Unesco sur la Liste Mémoire du monde, qui recense les documents du patrimoine documentaire d'intérêt universel, dans le but d'assurer leur protection.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Témoignages et récits autobiographiques
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Emanuel Ringelblum, Archives clandestines du ghetto de Varsovie, Fayard, 2007, Tome 1 et 2.
- Władysław Szpilman, Le Pianiste, Pocket Poche, 2003.
- Modèle:Ouvrage.
- Marek Edelman, Mémoires du ghetto de Varsovie, Paris, Éditions Liana Levi, 2002.
- Hillel Seidman, Du fonds de l'abîme, Journal du ghetto de Varsovie, Plon, 1998.
- Adam Czerniaków, Carnets du ghetto de Varsovie, éditions La Découverte, 1996.
- Bernard Mark, « L'insurrection du ghetto de Varsovie », dans Le Livre noir, Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, Actes Sud, 1995.
- Emanuel Ringelblum, Chronique du ghetto de Varsovie. Modèle:Date--Modèle:Date-, Paris, Robert Laffont, 1978, 372 p.
- Marek Halter, Le Fou et les Rois, Albin Michel, 1976.
- Martin Gray, Au nom de tous les miens, 1971.
- Nathan Weinstock, Chroniques du désastre, Métropolis, Modèle:ISBN.
- Yankev Celemenski « Coupés du monde » (collection Mémoire de la Shoah - Éditions Le Manuscrit)
Ouvrages historiques
- Modèle:Lien, Qui écrira notre histoire ? : Les archives secrètes du ghetto de Varsovie, Grasset, 2011.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dariusz Libionka, Laurence Weinbaum, Bohaterowie, hochsztaplerzy, opisywacze. Varsovie, Stowarzyszenie Centrum Badań nad Zagładą Żydów, 2011 Modèle:ISBN.
- Larissa Cain, Ghettos en révolte, Pologne, 1943, Autrement, collection Mémoires, 2003.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Barbara Engelking, Jacek Leociak, Getto warszawskie. Przewodnik po nieistniejącym mieście. Varsovie, Stowarzyszenie Centrum Badań nad Zagładą Żydów. 824 p. 2001, rééd. 2013, Modèle:ISBN.
Ouvrages de fiction
- Robert Badinter, Théâtre I, Fayard, 2021 Modèle:ISBN, Modèle:Nobr (« Les briques rouges de Varsovie »), Modèle:P..
- Bernard Dan, Le livre de Joseph, Éditions de l'Aube, 2011 Modèle:ISBN.
- David Barré et Agata Mozolewska, Elle, elle a sauvé les autres..., biographie romancée d'Irena Sendlerowa, Lyon, Éditions du Cosmogone, 2009 Modèle:ISBN.
- Paule du Bouchet, Chante, Luna, Gallimard, 2004.
- Marek Halter, La force du bien, Robert Laffont, 1995.
- Modèle:Lien, La dernière gare, Umschlagplatz, Robert Laffont, 1989 Modèle:ISBN.
- John Hersey, La Muraille, Gallimard, 1979 (tome 1 et 2).
- Richard Zimler, Les anagrammes de Varsovie, Buchet-Chastel, 2013 Modèle:ISBN.
- Leon Uris, Modèle:Lien, Robert Laffont, 1961.
- Jim Shepard, Le livre d'Aron, Éditions de l'Olivier, 2016.
- Joe Kubert, Yossel, bande dessinée parue chez Delcourt (2004).
Filmographie
- La vérité n'a pas de frontière d'Aleksander Ford (1948)
- Le Temps du ghetto de Frédéric Rossif, 1961, documentaire
- Au nom de tous les miens de Robert Enrico ,1983 (adaptation du roman éponyme)
- Korczak d'Andrzej Wajda, 1990
- 1943 l'ultime révolte de Jon Avnet, 2001
- Le Pianiste de Roman Polanski, 2002 (adaptation du roman éponyme)
- Un film inachevé de Yahel Hersonski, 2010
- La Femme du gardien de zoo de Niki Caro, 2017 (adaptation du roman éponyme)
Articles connexes
- Shoah en Pologne
- Rapport Stroop
- Shoah
- Judenrat
- CENTOS, une association caritative qui s'occupe d'orphelinats et d'écoles
- Hôtel Polski (Varsovie)
- Heinz Auerswald, commissaire du ghetto.
- Adam Czerniaków, président du Conseil juif du ghetto.
- Mordechaj Anielewicz, l'un des principaux meneurs de l'insurrection.
- Marek Edelman, l'un des principaux meneurs de l'insurrection.
- Michał Klepfisz, organisateur de l'insurrection, spécialiste des explosifs, négociateur pour introduire des armes dans la ghetto en lien avec l'Armia Krajowa.
- Emanuel Ringelblum, historien et archiviste clandestin du ghetto, à la tête du projet Oyneg Shabbos.
- Martin Gray, écrivain, ancien pensionnaire du ghetto.
- Abraham Gancwajch, journaliste, collaborateur juif polonais, fondateur du Groupe 13 qui tenta de saboter l'insurrection.
- Josef Blösche, symbole du nazisme de par son apparition dans l'une des plus célèbres photos de la Seconde Guerre mondiale.
- Henryka Łazowertówna, membre du CENTOS et auteure du poème « Mały szmugler » (Modèle:Lien écrit dans le ghetto
- Insurrection de Varsovie de 1944
- Registre international Mémoire du monde
- Gershon Sirota, célèbre Hazzan
- Bernard Goldstein (résistant polonais)
- Bożena Umińska-Keff, dramaturge et militante polonaise
- Exécutions dans les ruines du ghetto de Varsovie (1943-1944)
- Paul moder, principal instigateur du ghetto, comme adjoint du Chef de la Police
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Liste des ghettos en Europe occupée
- Les 22 mémoriaux du mur du ghetto de Varsovie
- Monumentalisation du Ghetto de Varsovie
- Ô sympathy, chanson écrite à Varsovie début 1943, par des jeunes du Bund qui ne se faisaient plus d'illusions sur les raisons pour lesquelles on les avait empêchés de se révolter dès le début.