Heinrich Harrer

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Heinrich Harrer, né le Modèle:Date de naissance à Hüttenberg (Carinthie, Autriche-Hongrie) et mort le Modèle:Date de décès à Friesach (Autriche) est un alpiniste, sportif, explorateur, géographe et écrivain autrichien.

Membre de la cordée mi-autrichienne, mi-allemande qui réalisa la première ascension de la face nord de l'Eiger dans les Alpes suisses en 1938, après l'Anschluss, Harrer adhéra au parti national-socialiste la même année et fut autorisé à participer à l'expédition de reconnaissance allemande au Nanga Parbat (dans l'Himalaya) de 1939. Interné en Inde par les Britanniques au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s'échappa en 1944 et gagna le Tibet avec son compagnon Peter Aufschnaiter. Il y séjourna jusqu'en 1951, travaillant comme traducteur, photographe et enseignant et se liant d'amitié avec le jeune dalaï-lama. De 1953 à 1986, il dirigea de nombreuses explorations en Afrique, Asie et Amérique, avec notamment la première ascension de la Pyramide Carstensz, plus haute montagne d'Océanie.

Écrivain, il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, dont l'autobiographie Sept ans d'aventures au Tibet, qui fit connaître au monde entier l'ancien Tibet et fut adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1997, ainsi que La Face nord de l'Eiger, qui relate deux décennies de tentatives et d'ascensions victorieuses.

Son passé nazi dans les années 1930, mis au grand jour en 1997 à la sortie du film de Jean-Jacques Annaud, le contraignit à se justifier à la fin de sa vie. Il déclara qu'il s'agissait d'une erreur de jeunesse, à une époque où il n'avait pas encore appris à penser par lui-même, et condamna les crimes du régime nazi.

Un musée est consacré à Heinrich Harrer et à son œuvre près de son village natal.

Biographie

Années de jeunesse (1912-1937)

Fichier:Hüttenberg Knappenberg Barbarasiedlung 21092007 9031.jpg
Obergossen, le village de Heinrich Harrer (2007).

Heinrich Josef Harrer est né en 1912 dans une famille modeste, d'un père employé des postes et d'une mère ménagère, à Obergossen, près des villages d'Hüttenberg et de Knappenberg, dans la province autrichienne de Carinthie<ref>Gilles Van Grasdorff, Opération Shambala : des SS au pays des dalaï-lamas, Presses du Châtelet, 2012, 446 pages, chap. 1 (L'apprenti héros), Modèle:P..</ref>.

Il fit ses études au lycée puis à l'université Karl-Franzens de Graz, où il étudia l'éducation physique, la géographie<ref name="Douglas Martin">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Douglas Martin, Heinrich Harrer, 93, Explorer of Tibet, Dies, The New York Times, 10 janvier 2006.</ref>,<ref name="Michael Harris Goodman">Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, Éditeur Claire Lumière, 1993 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref> et la glaciologie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anne-Marie O'Neill, Into the Valley. The Real-Life Hero of Seven Years in Tibet Confronts His Nazi Past, People, vol. 48, Modèle:N°, 20 octobre 20, 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref> et dont il sortit diplômé en 1933<ref name="Michael Harris Goodman"/>. Il fut membre de l'association étudiante de la ville Modèle:Lien<ref>Gilles Van Grasdorff, Modèle:Opcit, chap. 1 (L'apprenti héros), Modèle:P..</ref>. C'est alors que naquit son intérêt pour l'Himalaya. Ses études de géographie lui firent découvrir les récits des explorateurs britanniques concernant le « toit du monde ». L'explorateur Alexander von Humboldt devint un de ses modèles. Le jeune Harrer lisait les livres de l'explorateur suédois Sven Hedin qui, entre 1892 et 1935, avait mené plusieurs expéditions en Asie centrale. Il rencontra Hedin à l'occasion d'une conférence de ce dernier à l'université de Graz. Enfin, il se passionna pour le géographe et explorateur Alfred Wegener, l'auteur de la théorie de la dérive des continents<ref>Gilles Van Grasdorff, Modèle:Opcit, chap. 1 (L'apprenti héros), Modèle:P..</ref>.

Doté d'une stature athlétique, il commença très tôt à skier, après avoir fabriqué ses skis à partir de planches de barriques, les chaussant pour effectuer les courses que lui confiait sa mère, Johanna, ou pour porter du courrier à la poste où son père travaillait. Il exerça par ailleurs d'autres sports comme la course à pied et la course d'obstacles où il gagna quelques compétitions. Mais afin d'exceller dans un sport Heinrich Harrer décida de se spécialiser : il skierait l'hiver et ferait de l'alpinisme l'été<ref>Lhassa : le Tibet disparu, texte et photographie de Heinrich Harrer, Édition de La Martinière, 1997, Modèle:P. et suivantes.</ref>.

Sélectionné pour l'épreuve de combiné alpin des Jeux olympiques d'hiver de Garmisch-Partenkirchen, Harrer n'y participa pas en raison du boycott de ces jeux par l'équipe autrichienne de ski alpin. Il participa cependant aux épreuves de sprint des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, puis remporta, en 1937, l'épreuve de descente du championnat universitaire mondial<ref name="Douglas Martin" />.

En été, Heinrich Harrer effectuait des ascensions toujours plus difficiles et périlleuses dans les Dolomites ou les Alpes suisses ou françaises<ref>Gilles Van Grasdorff, Modèle:Opcit, chap. 1 (L'apprenti héros), Modèle:P..</ref>. En 1937, il fit la connaissance du Viennois Fritz Kasparek, avec qui il effectua de nombreuses courses.

Adhésion au national-socialisme (1933)

Modèle:Article détaillé

D'après un télégramme du Modèle:Date- signé par l'officier SS Schöne et directement adressé au directeur du RuSHA, 23/24 Hedenmannstrasse à Berlin, Heinrich Harrer s'engagea à Modèle:Nombre, en Modèle:Date-, dans la SA (Sturmabteilung), organisation paramilitaire du parti nazi<ref name="opshambala" />, alors interdite en Autriche, impliquée dans des attentats et des assassinats<ref name=Lib>Charlie Buffet, Polémique autour du héros du film de Jean-Jacques Annaud. Un nazi au Tibet. Heinrich Harrer, l'alpiniste autrichien incarné par Brad Pitt dans « Sept Ans au Tibet », fut un SS, non pas de circonstance, comme il s'en défend, mais de conviction. Enquête, Libération, 20 octobre 1997 : Modèle:Citation bloc</ref>. Cependant, selon l'ethnologue Martin Brauen, il est contesté qu'il ait rejoint la SA en 1933<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Martin Brauen, Renate Koller, Markus Vock, Traumwelt Tibet: westliche Trugbilder, 2000, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Selon Gilles van Grasdorff, ce même télégramme indiquerait qu'en 1938, à Modèle:Nombre, il adhéra à la SS (Schutzstaffel), une des principales organisations du régime nazi, dans l'Unité SS 38, sous le matricule 73896<ref name="opshambala" />,<ref name=Lib/>.

Selon le journaliste Gerald Lehner, le document de mariage de Harrer Modèle:Incise déclarait qu'il était membre des Chemises brunes (la SA) depuis Modèle:Date- et était devenu membre de la SS depuis Modèle:Date-. Un CV de la main même de Harrer confirme qu'il avait adhéré à la SA et la SS. Harrer devint Oberscharführer-SS (adjudant) et se maria en uniforme SS<ref name="Lehner">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gerald Lehner, Tilman Müller, Dalai Lama's Friend, Hitler's Champion, July 1997, reproduit sur le site Himal Southasian : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Il avait adhéré, à partir du Modèle:Date-, à la Ligue nationale-socialiste des enseignants autrichienne à Graz<ref>Modèle:Ouvrage : Modèle:Citation étrangère</ref>, association illégale jusqu'à l’Anschluss, l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne par le Troisième Reich en 1938<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien, Review of Traumwelt Tibet - Westliche Trugbilder by Martin Brauen, Journal of Global Buddhism, 2 (2001), Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Quand Harrer fut pris en photographie aux côtés d'Adolf Hitler à Breslau en Modèle:Date-, après l'ascension de la face nord de l'Eiger, il était déjà depuis deux ans formateur à l'Ordensburg Sonthofen, une école de cadres du régime<ref name=Lib/>.

L'ascension de la face nord de l'Eiger (1938)

Fichier:Mh eigernordwand winter.jpg
La face nord – Nordwand – de l'Eiger (l'orientation exacte est en fait le nord-est).

L'année 1938 vit l'apogée de la carrière d'alpiniste de Harrer avec son ascension de la face nord de l'Eiger (Eigernordwand) avec Fritz Kasparek, Anderl Heckmair et Ludwig Vörg.

La prouesse physique et technique

En compagnie de son compatriote autrichien Fritz Kasparek, également membre du parti nazi<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ken Wilson, North face of the Eiger and the Nazis, Summit Magazine, Modèle:N°, mis en ligne sur le site thebmc.co.uk le 2 novembre 2002 : Modèle:Citation étrangère</ref>, Harrer s'attaque à « l'Ogre », la mythique face nord de l'Eiger, un sommet des Alpes bernoises en Suisse<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le parcours des alpinistes sur la face nord de l'Eiger.</ref>. Au deuxième jour de l'escalade, ils sont rattrapés par la cordée de deux as allemands, Anderl Heckmair et Ludwig Vörg<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ken Wilson, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>, qui font partie, en tant que guides de montagne, de l'Ordensburg<ref>Charlie Buffet, Polémique autour du héros du film de Jean-Jacques Annaud. Un nazi au Tibet, Modèle:Opcit : Modèle:Citation</ref>. Alors que Harrer et Kasparek sont équipés pour le rocher, Heckmair et Vörg le sont pour la glace<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Obituaries: Anderl Heckmair. Leader of the first ascent of the north face of the Eiger, The Independent On Sunday, 3 février 2005 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Le Modèle:Date, au bout de trois jours et demi, les deux équipes, réunies en une seule cordée, conduite par Heckmair, atteignent la crête, où est planté le drapeau à croix gammée<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Urs Geiser, Conqueror of Eiger North Face dies, swissinfo.ch, 2 février 2005 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Selon Rainer Rettner, Harrer démentit jusqu'à sa mort avoir eu dans son sac une bannière frappée de la croix gammée, laquelle flottait sur sa tente les jours précédant l'ascension comme le montre une photo<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kate Cooper, The Eiger Nordwand Revealed : Rainer Rettner Interview, UKClimbing.com, mai 2008 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Quasiment verticale, la plupart du temps à l'ombre, exposée aux intempéries et sujette à de nombreuses chutes de pierres, cette paroi de 1 800 mètres, située au-dessus de la station de Grindelwald, dans le canton de Berne, avait vu la mort de 9 des 12 alpinistes qui s'y étaient frotté les années précédentes, à tel point que les autorités suisses en déconseillaient l'ascension et que les guides du cru menaçaient de ne pas aller secourir les imprudents. Encore aujourd'hui, la face nord de l'Eiger reste une des ascensions les plus périlleuses au monde.

Cette première marqua un progrès technique avec l'introduction de crampons à 12 pointes, dont étaient équipés les deux Allemands<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Obituary: Anderl Heckmair. Leader of the first ascent of the north face of the Eiger, The Independent on Sunday, 3 février 2005 : Modèle:Citation étrangère.</ref>, et de pitons<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} ORIAS (Office of Resources for International and Area Studies), Modern Sport and the Formation of European Identities, chap. 2: Playing Sports – Climbing : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Au lieu d'avoir à tailler au piolet des points d'appui dans la glace raide, il suffisait d'enfoncer dans celle-ci les deux pointes frontales horizontales pour obtenir de la traction. Comme Kasparek avait des crampons classiques à 10 pointes, moins efficaces, et que Harrer n'avait que des chaussures à clous, Heckmair prit la tête de la cordée tandis que Harrer fermait la marche, ramassant les pitons<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Harrer narre l'ascension dans son ouvrage Die Weisse Spinne (traduit en anglais sous le titre The White Spider et en français sous celui de La face nord de l'Eiger), un des grands classiques de la littérature de montagne<ref>Kate Cooper, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Anderl Heckmair: Surviving many ogres, article nécrologique publié sur le site MountEverest.net, February 7, 2005 : Modèle:Citation étrangère</ref>. L'« araignée blanche » est le surnom donné à la partie supérieure de la paroi rocheuse où des fissures, remplies de neige et rayonnant depuis un champ de glace, font penser aux pattes d'une araignée<ref>The Eiger, Alps, Switzerland : Modèle:Citation étrangère</ref>. Au cours de l'ascension de l'« Araignée », les quatre hommes furent pris sous une avalanche mais trouvèrent assez de force pour rester rivés à la paroi et ne pas se laisser emporter<ref>The Eiger, Alps, Switzerland, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Citations de The White Spider :

  • « Some people, when they get to the top of a mountain, they celebrate. I do not. Too much can happen on the return trip » (c.-à-d. : « Certaines personnes, en arrivant au sommet de la montagne, font la fête. Pas moi. Trop de choses peuvent arriver sur le chemin du retour »).
  • « I was conscious of the privilege of having been allowed to live » (c.-à-d. : « J'étais conscient du privilège d'avoir pu survivre »).</ref>. Leur lente et périlleuse progression est suivie depuis la vallée. Alerté par la presse et la radio, le monde se passionne pour cette équipée. Quand enfin, les quatre grimpeurs franchissent l'arête terminale, aveuglés par la tempête, ils ne s'aperçoivent pas tout de suite de leur victoire<ref>Michelin-Grüne Reiseführer, Le guide vert, Michelin, 2007 Modèle:ISBN, 480 p., Modèle:P..</ref>.

La photographie aux côtés d'Hitler

Quatre mois après l’Anschluss, qui vit l'Autriche devenir l'Ostmark, l'alliance des deux alpinistes autrichiens et des deux alpinistes allemands, fut exploitée par la propagande du régime qui en fit le symbole de l'invincibilité de cette union<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Audrey Salkeld, Modèle:Citation, The Guardian, 28 novembre 2008 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Leur prouesse valut aux quatre héros l'honneur de se faire photographier, à l'instar de nombre d'athlètes et célébrités de l'époque, aux côtés d'Adolf Hitler, en 1938, à Breslau, à l'hôtel Monopol, Harrer et Kasparek, qui appartenaient tous les deux à la SS, figurant en bonne position de part et d'autre de leur hôte<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ken Wilson, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Gilles Van Grasdorff, Opération Shambala : des SS au pays des dalaï-lamas, Presses du Châtelet, 2012, 300 pages, n. p. : Modèle:Citation.</ref>, ainsi que d'être acclamés par une foule de Modèle:Nombre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andrew Walker, dans The ultimate alpine challenge du 12 janvier 2006 pour BBC News, rapporte le compliment du chef d'État aux membres de l'équipe : Modèle:Citation étrangère (c.-à-d. « Les gars, les gars, chapeau ! »).</ref>. Le dirigeant allemand, qui avait promis une médaille à ceux qui viendraient à bout de la face meurtrière (ou Mordwand<ref>Jeu de mots avec le vrai nom, Nordwand, face nord.</ref>) de l'Eiger<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, The Independent, Londres, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>, avait suivi heure par heure la progression des alpinistes<ref>Jérôme Dupuis, Mauvais Karma à Lhassa, L'Express, 21 novembre 1997 : Modèle:Citation</ref>.

Un livre sur la face nord de l'Eiger (Um die Eiger-Nordwand)<ref name="opshambala" />, publié en 1938 par la maison d'édition du NSDAP, attribue ces paroles à Harrer : Modèle:Citation bloc

En 1997, Harrer affirme que « cette phrase a été rédigée par la propagande nazie »<ref name=Lib />,<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Mariage (1938)

Cette même année, dans une lettre en date du Modèle:Date-<ref>Jérôme Dupuis, Modèle:Opcit : « Les archives [fédérales de Berlin] ont conservé, à la date du 19 décembre 1938, sa demande de mariage, qui devait être adressée au tout-puissant Heinrich Himmler. Le chef des SS tenait en effet à s'assurer que ses hommes épousaient bien des jeunes femmes dont les racines «aryennes» remontaient au moins à 1800… ».</ref>, Harrer demanda à Heinrich Himmler l'autorisation d'épouser la fille d'Alfred et d'Else Wegener, Charlotte Wegener, membre depuis 1936 des jeunesses nazies<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref> et bien introduite parmi l'élite nazie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Heinrich Harrer. Mountaineer and explorer who wrote 'Seven Years in Tibet', The Independent, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Il dut faire la preuve de son aryanité et de celle de son épouse, arbre généalogique à l'appui<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Elaine Dutka, 'Tibet' Revised to Stress Character's Nazi Past, Los Angeles Times, Article Collections, 15 août 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Ils auront un fils, Peter<ref name="The Daily Telegraph">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, The Daily Telegraph, 9 janvier 2006.</ref>. Son mariage avec Lotte, qui a une sœur, Käthe, fait de Heinrich le beau-frère de l'époux de cette dernière, Siegfried Uiberreither, chef de la brigade SA clandestine Steiermark et futur Gauleiter de Styrie<ref>Gilles van Grasdorff, Opération Shambala. Des SS au pays des dalaï-lamas, Presses du Châtelet, 2012, 300 pages, n. p. : Modèle:Citation - Modèle:Citation</ref>.

L'expédition au Nanga Parbat en Inde (1939)

Après son exploit, Harrer retourne à la vie normale, travaillant comme entraîneur d'abord de l'équipe féminine de la Modèle:Lien puis de l'équipe de ski de la SS styrienne (autrichienne)<ref name="HH7ans">Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, traduction de Henry Daussy, Paris, Arthaud, 1954, 292 p.</ref>. Le Modèle:Date-, il écrit une lettre à son chef, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler, afin de lui demander le privilège de participer à une grande expédition himalayenne<ref name="opshambala">Gilles Van Grasdorff, Opération Shambala : des SS au pays des dalaï-lamas, Presses du Châtelet, 2012, 300 pages, n. p.</ref>,<ref name=Lib />. En 1939, alors qu'il collabore à un film sur le ski alpin réalisé par Leni Riefenstahl (Les merveilles du ski)<ref>Benoît Heimermann, Aventuriers : Rencontres avec Modèle:Nombre remarquables, Grasset, 2006, 234 pages, n. p. : Modèle:Citation</ref>, il reçoit un télégramme lui annonçant sa participation à la quatrième expédition allemande sur le Nanga Parbat dans l'Himalaya<ref name="HH7ans" />. Harrer réalise alors le rêve de sa vie : Modèle:Citation

Le vainqueur de l'Eiger sera donc de l'expédition au Nanga Parbat de la Fondation allemande pour l'Himalaya<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Martin Riddell, review of Beyond Seven Years in Tibet, UK Climbing.com, octobre 2007.</ref>, sous la conduite de l'Autrichien Peter Aufschnaiter, membre du parti nazi, qui avait participé aux expéditions du Kangchenjunga au Sikkim en 1929 et 1931. L'expédition est chargée par Himmler de faire du repérage en vue de l'ascension de la face nord-ouest (ou « face du Diamir ») du Nanga Parbat (« la Montagne nue »), le Modèle:9e plus haut sommet du monde (Modèle:Unité), aujourd'hui au Pakistan et à l'époque aux Indes britanniques. Après l'échec de plusieurs expéditions (Modèle:Nombre en 1934, Modèle:Nombre en 1937), « la Montagne nue » est devenue pour l'alpinisme allemand une obsession, « le symbole de la montagne tueuse que seuls des surhommes pouvaient affronter »<ref>Michel Mestre, L'idée nationale en montagne et dans l'alpinisme : le cas du club alpin austro-allemand (DOÖAV), in Amnis, revue de civilisation contemporaine de l'Université de Bretagne occidentale, mai 2002.</ref>. Les sacs à dos portés par les grimpeurs seront frappés de la croix gammée<ref>Entretien avec Jean-Jacques Annaud, Modèle:P. : Modèle:Citation</ref>.

En mai, le SS-Oberscharführer (sergent) Harrer prend congé de sa femme<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>, alors enceinte d'un fils qu'il ne verra qu'une douzaine d'années plus tard. Le groupe d'himalayistes, où figurent également Lutz Chicken et Hans Lobenhoffer, quitte Rawalpindi le Modèle:Date- pour s'installer dans les environs de Ghilas le Modèle:Date-. Tous apprennent le succès de l'expédition allemande à Lhassa<ref>L'expédition allemande au Nanga Parbat est partiellement contemporaine de l'expédition ethnographique allemande de mai 1938 - août 1939 au Tibet, dirigée par Ernst Schäfer.</ref> sur le chemin du camp de base où ils arrivent le Modèle:Date-. Pendant le mois de juin, ils effectuent des reconnaissances sur le versant sud du pic Ganalo (Modèle:Unité). Loberhoffer et Chicken gravissent la voie classique empruntée par Albert F. Mummery sur la face ouest. Harrer et Aufschnaiter établissent le camp III autour des (Modèle:Unité). Chicken explore le Rakaposhi. Le Modèle:Date-, Aufschnaiter et Chicken se lancent sur la face ouest du pic Ganalo. Le mauvais temps, les avalanches obligent finalement les membres du groupe à se retrouver dans le camp de base. On rend hommage aux héros des expéditions allemandes et autrichiennes passées, puis c'est le repli sur Srinagar, où les quatre hommes sont rendus le Modèle:Date-. Leur intention est de rejoindre Karachi pour y embarquer, le Modèle:Date-, sur un cargo qui doit les ramener à Gênes. À Karachi, ils apprennent la signature du pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'Union soviétique. Comme le bateau a du retard et que la tension monte dans la ville, les membres de l'équipe décident de se séparer et de rejoindre l'Iran pour ensuite se frayer un chemin jusqu'à l'Allemagne<ref>Gilles van Grasdorff, Modèle:Opcit, Modèle:P., 273, 279-281, 288</ref>. Le Modèle:Date-, cinq minutes après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, les membres de l'expédition sont arrêtés par les autorités coloniales britanniques au moment où ils s'apprêtent à gagner l'Iran. Harrer est arrêté par des soldats indiens alors qu'il déjeune dans un restaurant de la ville<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Philippe Forêt, University of Oklahoma, Modèle:Lang (compte rendu du film de Jean-Jacques Annaud, Seven Years in Tibet, Columbia Pictures, 1997) : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Internement en Inde (1939-1944)

Quinze jours plus tard, les membres de l'expédition sont déplacés au camp central d'Ahmadnagar, près de Bombay. De la vie au camp, Harrer ne dit guère plus qu'« elle n'est pas faite pour les hommes épris de liberté »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lewis M. Simon, The strange journey of Heinrich Harrer. (Austrian mountaineer, SS member, British prisoner of war), (voir aussi : Summary), Smithsonian, Modèle:1er octobre 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Supportant difficilement cet enfermement, Harrer se porte volontaire pour travailler à l'extérieur du camp, espérant ainsi trouver l'occasion de s'évader. Mais persuadés que la fin de la guerre est proche, ils remettent sans cesse cette évasion<ref name="HH7ans" />.

Par la suite, ils sont transférés par camion dans un nouveau camp à Modèle:Lien. Chaque camion comprend 18 prisonniers gardés par un seul soldat indien, la majorité des gardes sont dans les deux camions situés en tête et en queue du convoi. Harrer et son compagnon Lobenhoffer décident de sauter pour rejoindre l'enclave portugaise de Damao qui est un territoire neutre. Mais Lobenhoffer est immédiatement repris, or il portait le sac à dos nécessaire à leur survie. Harrer décide de profiter de la confusion pour rejoindre sa place<ref name="HH7ans" />.

La vie au camp de Dehradun

Quelques mois plus tard, ils sont envoyés au camp d'internement central de Modèle:Lien dans l'Uttarakhand, non loin de la ville de Dehradun, juste au pied de l'Himalaya<ref name="tibet">Jean Dif, Les sept ans d'aventures au Tibet de Heinrich Harrer, sur le site de Jean Dif.</ref>.

Le camp est divisé en plusieurs ailes (Flügel). Les Allemands du Reich qui résidaient en Inde britannique sont cantonnés dans l'aile 1, baptisée Campus Teutonicus. Leur nombre est de 1 500. Les Nazis forment le « cercle doré » de l'aile 1 et occupent tous les postes importants. La figure centrale (Lagerleiter) de la communauté austro-allemande est l'Allemand Oswald Urchs, représentant (Landesgruppenleiter) du Troisième Reich en Inde avant l'Modèle:Lien. La plupart des détenus ont fait allégeance aux Nazis. Ceux qui, parmi eux, s'avisent de frayer avec des non-Nazis s'exposent à des menaces de mort. Toutefois l'influence des partisans du Reich se fait moins sentir après la défaite allemande devant Stalingrad. Parmi les détenus de Dehradun, il y a Heinrich Harrer, Rolf Magener, Peter Aufschnaiter, Heins von Have, rendus célèbres ultérieurement par leur évasion du Modèle:Date-<ref>Sur l'organisation, la vie et les rivalités idéologiques au sein du camp, cf {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Campus Teutonicus at Dehra Dun, chap. XI de Paul H. von Tucher, German missions in British India Nationalism: Case and Crisis in Missions, 1980, 26 p. : Modèle:Citation étrangère</ref>. L'aile 2 est celle des anti-Nazis et anti-Fascistes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Central Internment Camp, Dehra Dun, HANSARD 1803–2005 → 1940s → 1946 → July 1946 → 22 July 1946 → Commons Sitting → INDIA : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Anagarika Govinda, initié au bouddhisme tibétain et ayant accompli un pèlerinage au mont Kailash au Tibet en 1932, fut lui aussi interné par l'armée britannique en 1942 à Dehradun avec Heinrich Harrer et d'autres ressortissants allemands, dont Nyanaponika Thera<ref>Donald S. Lopez, Fascination tibétaine: du bouddhisme, de l'Occident et de quelques mythes, Autrement, 2003, 300 pages, Modèle:P.. Modèle:Citation.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Harry Oldmeadow : Journeys East: 20th Century Western Encounters With Eastern Religous Traditions, World Wisdom, 2004 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Nyanatiloka fut lui aussi interné à Dehradun où il rencontra Nyanaponika, Lama Govinda et Harrer, entre autres<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Whalen Lai, Michael von Brück, Christianity and Buddhism: a multicultural history of their dialogue, Orbis Books, 2001 Modèle:ISBN, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

L'alpiniste Harrer se sait capable de rejoindre les cols et, derrière eux, le Tibet, alors qu'auparavant son objectif était de rejoindre les enclaves portugaises. Il profite donc de sa détention pour préparer sa prochaine évasion<ref name="Swissinfo">Modèle:Citation, Swissinfo, L'actualité suisse dans le monde, 7 janvier 2006.</ref>. Il étudie les livres présentant l'Himalaya, prend des notes et copie les cartes. Il organise son évasion avec un général italien dénommé Marchese qui ne manque pas d'argent et peut facilement se procurer tout ce qui est nécessaire à une fuite. Celle-ci a lieu en Modèle:Date-. Ils réussissent à s'évader du camp sous le tir des sentinelles, rejoignent la jungle et décident de marcher de nuit vers l'Himalaya. Pour passer inaperçu, Harrer se teint les cheveux et la barbe en mélangeant du permanganate avec du fard et de la graisse, ce traitement lui vaudra de perdre ses cheveux brûlés. Après maintes péripéties, ils seront repris au bout de Modèle:Nombre par des paysans. De retour au camp, Modèle:Nombre de cachot les attendent<ref name="tibet"/>.

La déclaration de Moscou (1943)

Le Modèle:Date-, les ministres des affaires étrangères des nations alliées signèrent la déclaration de Moscou, déclarant nulle et non avenue l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie et appelant à la libération de l’Autriche occupée et à sa reconstitution en tant qu’État. Selon un article du journaliste chinois Ren Yanshi publié dans Beijing Review<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Myanma Alin, Modèle:Lang, 16-3-2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>, les prisonniers de guerre autrichiens qui acceptaient cette déclaration et de rejoindre la résistance autrichienne dans les pays alliés étaient libérés. À Dehradun, Harrer aurait rejeté cette déclaration et de ce fait serait resté prisonnier de guerre en 1944<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ren Yanshi, Nazi authors Seven Years in Tibet (article publié en mars 1998 dans Beijing Review, no 11, Modèle:P.) : Modèle:Citation étrangère</ref>. Selon l'alpiniste et écrivain indien d'origine écossaise Modèle:Lien (Bill Aitken), Harrer aurait pu être libéré dès 1943 lorsque les autorités britanniques du camp lui avaient proposé l'amnistie en tant que citoyen autrichien s'il rejetait officiellement l'idéologie nazie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bill Aitken, Modèle:Lang, The Himalayan Journal, N. 63, 2007 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

L'évasion (29 avril 1944)

Harrer, qui a appris des rudiments d'hindoustani, de tibétain et de japonais<ref name="Swissinfo"/>, réussit à s'échapper du camp de Dehradun, le Modèle:Date, avec les Autrichiens Peter Aufschnaiter et Bruno Treipel, les Berlinois Hans Kopp et Friedl Sattler, et deux autres Allemands, Modèle:Lien, un employé de la multinationale IG Farben Industrie à Bombay, et Modèle:Lien, un homme d'affaires, ces derniers voulant rejoindre les Japonais en Birmanie dans l'espoir qu'ils les renvoient en Allemagne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alan J. Levine, Captivity, flight, and survival in World War II, Greenwood Publishing Group, 2000 Modèle:ISBN, 258 p., Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref> (Magener et von Have firent cap au sud, gagnèrent Rangoon en Birmanie puis de là le Japon, où ils attendirent la fin de la guerre comme consuls honoraires à l'ambassade d'Allemagne à Tokyo)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rolf Magener, Obituaries, The Telegraph, 18 mai 2000 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Pour Alan J. Levine, Harrer et les autres évadés (sauf Magener et von Have) pensaient atteindre la Birmanie en passant par le Tibet oriental<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alan J. Levine, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le Modèle:Date-, Harrer et Kopp, Aufschnaiter et Treipel (Sattler a abandonné) pénètrent au Tibet par le col de Tchangtchock, à Modèle:Unité d'altitude puis se séparent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alan J. Levine, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Grâce aux deux cartes prises par Harrer dans un livre de l'alpiniste Eric Shipton se trouvant au cercle des officiers à Dehradun, les évadés savaient quel itinéraire suivre pour entrer au Tibet<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert H. Bates, An Old Man Remembers…, Himalayan Journal, 62, 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Les sept années au Tibet (1944-1951)

Le livre autobiographique paru en 1953, Sieben Jahre in Tibet (« Sept années au Tibet »), est la source principale du séjour de Heinrich Harrer au Tibet. Une autre source est l'ouvrage de Peter Aufschnaiter, son compagnon d'escapade<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Peter Aufschnaiter's eight years in Tibe.</ref>.

L'équipée vers Lhassa (1944-1946)

Fichier:Bundesarchiv Bild 135-S-12-29-20, Tibetexpedition, Lhasa, Torchörten.jpg
Heinrich Harrer est entré dans Lhassa en 1946 par le Chorten de la porte ouest (photo de 1938).

Alors que Sattler, Kopp et Treipel sont retournés, par abandon ou capture, derrière les barbelés, Aufschnaiter et Harrer franchissent quelque 65 cols de plus de Modèle:Unité d'altitude, gagnant finalement Lhassa le Modèle:Date-, après une équipée de Modèle:Nombre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, The Daily Telegraph, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Sans qu'ils le sachent, leur avancée a été suivie par le Raj britannique depuis la mission britannique à Lhassa, ainsi que l'attestent les rapports hebdomadaires confidentiels de celle-ci : Modèle:Citation

Le séjour à Lhassa (1946-1950)

Dépourvus de papiers et d'autorisations de séjour, ils se postent devant la maison de Thangme, qu'ils surnomment le « Maître de l'électricité ». Il s'agit de Dadul Wangdi Tsering, un assistant de la centrale hydroélectrique de la vallée de Dodé<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thangme-pa</ref>. Celui-ci accepte de les accueillir et les héberge pendant un mois<ref>Les sept ans d'aventures au Tibet de Heinrich Harrer, sur le site de Jean Dif : Modèle:Citation</ref>. D'après les rapports confidentiels de la mission britannique à Lhassa, Modèle:Citation<ref>Roger Croston, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Par la suite Tsarong Dzasa les invite à résider dans une maison d'hôte de son domaine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dundul Namgyal Tsarong, Ani K. Trinlay Chödron, In the Service of His Country: The Biography of Dasang Damdul Tsarong, Commander General of Tibet, Snow Lion Publications, 2000 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Ganden1.JPG
La vallée de la Kyi chu (photo de 2006).

Le Modèle:Date-, on leur permet de vaquer dans la ville. Les parents du dalaï-lama les reçoivent chez eux et leur donnent des provisions et du numéraire. On raconte que le dalaï-lama en personne (alors âgé de Modèle:Nombre) leur en a fait la demande. Le Modèle:Date-, les deux Européens expriment le souhait de gagner la Chine par voie terrestre ; le gouvernement tibétain les aurait avertis de se tenir prêts à retourner en Inde. Le Modèle:Date-, ayant mis à leur disposition une escorte tibétaine et des moyens de transport, les autorités leur ordonnent de partir, mais ils demandent un sursis le temps que Harrer, qui ne peut pas bouger à cause de sa hanche, aille mieux. Le Modèle:Date-, Tsarong Dzasa propose au gouvernement tibétain que les deux évadés ne soient pas expulsés afin que l'on puisse mettre à profit les connaissances d'Aufschnaiter en matière de plantation d'arbres<ref>Roger Croston, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Selon Robert Ford, le gouvernement tibétain souhaite les expulser et le gouvernement britannique fait aussi pression en ce sens<ref>Robert Ford, in Fabrice Midal, Un simple moine, Presses du Châtelet, 2006 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Ce que les deux Européens ne savent pas, c'est qu'ils bénéficient de la bienveillance de l'agent politique britannique au Sikkim, Bhoutan et Tibet, Arthur Hopkinson, lui-même ancien prisonnier de guerre pendant la Première Guerre mondiale, qui, jugeant inutile de les interner à nouveau, use de son influence pour leur permettre de rester<ref>Roger Croston, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Ils réussissent donc à échapper à l'expulsion. Leur situation administrative évolue : après avoir obtenu le statut de résidents permanents, ils sont nommés en 1948 fonctionnaires du gouvernement et reçoivent chacun un salaire, une maison, une écurie et des domestiques<ref name="Douglas Martin" />. Dès lors, ils vont travailler et vivre à Lhassa en tant que nobles de Modèle:5e rang<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Biography, Heinrich Harrer Limited Edition Portfolio : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Fonctionnaire du gouvernement (1948-1950)

Peter Aufschnaiter, qui était ingénieur agronome de formation, réalisa à la demande des autorités un canal d'irrigation des champs autour de Lhassa, puis il conçut un barrage sur la rivière Kyi chu pour protéger le palais de Norbulingka des inondations. En 1948, il fut chargé de rénover la centrale hydroélectrique de Drapchi ainsi qu'un canal d'amenée d'eau à Lhassa. Harrer surveillait la réalisation des travaux. Par la suite, les deux Autrichiens établirent une carte de Lhassa et des environs en vue de concevoir un réseau d'égouts. Harrer fit le relevé de toutes les maisons et jardins de Lhassa, qui comptait à l'époque environ Modèle:Nombre. Il décrit l'obélisque de pierre élevé en l'an 763 sous le règne du roi du Tibet Trisong Detsen pour commémorer les victoires des Tibétains sur les Chinois<ref>Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, 1953, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Lhasa Zhol Rdo-rings 1993.JPG
Dans son enclos, l'obélisque ou pilier extérieur de Shöl à Lhassa en 1993.

En dehors de la charge qui lui avait été confiée d'écouter les radios étrangères de langue anglaise et de traduire en tibétain les nouvelles politiques de l'étranger pour le compte du gouvernement<ref name="Douglas Martin" /> et de faire office de photographe de la Cour<ref name="The Daily Telegraph" />, Heinrich Harrer pratiqua de nombreux sports pendant son séjour à Lhassa. Il initia de nombreux membres de la bonne société de Lhassa à la natation, au patin à glace (que les Tibétains appelaient « marcher sur des couteaux ») et au tennis. Il indique faire des parties de tennis hebdomadaires avec des membres de la mission népalaise et des légations chinoise et anglaise. Il pratiqua aussi le ski alpin après avoir fabriqué des skis avec du bois de bouleau, cependant cette activité sportive fut interrompue par les Tibétains qui lui demandèrent de ne plus « chevaucher la neige » de peur d'offenser les esprits de la montagne.

Fichier:Bundesarchiv Bild 135-BB-127-06, Tibetexpedition, Blick auf Potala.jpg
Le palais du Potala, résidence du dalaï-lama, et le bourg de Shöl en contrebas (photo de 1938).

En 1949, le dalaï-lama, alors âgé de Modèle:Nombre, fit savoir à Harrer, par l'intermédiaire de son frère Lobsang Samten dont l’Autrichien était devenu l’ami, qu'il avait besoin de lui pour pouvoir projeter des films<ref>Heinrich Harrer, 'Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Peter H. Hansen, Tibetan Horizon: Tibet and the Cinema in the Twentieth Century, in Imagining Tibet. Perceptions, Projections and Fantasies, edited by Thierry Dodin and Heinz Räther, Wisdom Publications, 2001, 465 p., Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref> ,<ref>Message du [[Tenzin Gyatso|Modèle:14e dalaï-lama]], in Lhassa : le Tibet disparu, texte et photographie de Heinrich Harrer, Éditions de La Martinière, 1997 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. C'est ainsi qu'Harrer devint l'ami du jeune dalaï-lama, lequel lui avait donné le surnom affectueux de gopa (« tête jaune ») à cause de la blondeur de ses cheveux<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Betty Rogers, Born in Tibet : A Lasting Friendship. The Dalai Lama and Heinrich Harrer, Tricycle, Fall 1991 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Le jeune homme recevait alors son enseignement de moines qui n'avaient jamais voyagé. Ils lui enseignaient la méditation, la religion et l'art de gouverner<ref>Betty Rogers, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. À sa demande, Harrer lui donna des cours d'anglais<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, E. P. Dutton, 1954 : Modèle:Citation étrangère (c.-à-d. : « Il insista pour que je commence sur le champ à lui apprendre l'anglais »).</ref> et de géographie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère (c.-à-d. : « Mon jeune élève n'était pas encore en mesure de voyager, mais cela n'en diminua pas pour autant son intérêt pour la géographie du monde, laquelle devint bientôt sa matière préférée »).</ref>,<ref>Jean Dif, LeS sept ans d'aventures au Tibet de Heinrich Harrer, sur le site de Jean Dif.</ref>. Il lui apprit aussi à serrer la main, à la mode occidentale<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anne-Marie O'Neill, Into the Valley. The Real-Life Hero of Seven Years in Tibet Confronts His Nazi Past, People, vol. 48, Modèle:N°, 20 octobre 20, 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Pour la biographe Patricia Cronin Marcello, l'amitié entre le dalaï-lama et Harrer a eu des répercussions importantes. Pour la première fois, quelqu'un qui n'était pas du sérail était en mesure de parler au dalaï-lama en tête à tête, rompant ainsi avec les règles protocolaires tibétaines. Alors que la coutume voulait que tout interlocuteur soit assis à une hauteur moindre que celle du dalaï-lama, Harrer pouvait s'asseoir à côté de ce dernier. Alors que personne n'était censé regarder le dalaï-lama dans les yeux, Harrer en devint le confident. De là, selon Patricia Cronin Marcello, l'abord facile du dalaï-lama par la suite<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Patricia Cronin Marcello, The Dalai Lama: a biography, Greenwood Publishing Group, 2003 Modèle:ISBN, 173 p., Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Dans Lhassa : le Tibet disparu (1997), Heinrich Harrer qualifie ainsi sa relation avec le jeune homme : « […] En vérité, j'étais un trait d'union entre son monde médiéval et la vie qu'il aurait plus tard en Occident »<ref>Lhassa : le Tibet disparu, texte et photographie de Heinrich Harrer, Édition de La Martinière, 1997, Modèle:P..</ref>. Dans son autobiographie, Au loin la liberté (1990), le dalaï-lama évoque Harrer en ces termes : « Il parlait couramment le tibétain et possédait un sens de l'humour remarquable, tout en se montrant plein de courtoisie et de respect. À mesure que nous apprenions à nous connaître, il était plus libre et direct avec moi Modèle:Incise, qualité que j'appréciais fort »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} dalaï-lama, Au loin la liberté, Livre de poche, 1993 Modèle:ISBN. Dans la version originale en anglais (Freedom in Exile, Harper-Collins, 1989), : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Pour l'homme politique chinois Modèle:Lien, il est logique de se demander si Harrer, du fait de ses convictions nazies, n'a pas influencé le jeune dalaï-lama par ses conseils<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Li Jianhua, Dalai's Former teacher is a Nazi, Beijing Review, Modèle:N°, 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Pour leur part, Victor et Victoria Trimondi font remarquer qu'il n'y a pas lieu de parler d'un enseignement partisan alors que la guerre était finie depuis plusieurs années<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Victor et Victoria Trimondi, The Shadow of the Dalai Lama, Part II, 12 Fascist Occultism and it’s Close Relationship to Buddhist Tantrism : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Anne-Marie Blondeau précise qu'Heinrich Harrer ne côtoya le dalaï-lama, âgé de Modèle:Nombre, que deux heures par jour, et ne lui enseigna que des connaissances techniques au bout de cinq ans de séjour au Tibet, occupant cette fonction moins de deux ans. Elle demande Modèle:Citation

Harrer se lia également d'amitié avec deux des frères du jeune dalaï-lama Thupten Jigme Norbu et Lobsang Samten, lesquels devaient, selon Modèle:Lien, lui faire faire la connaissance de leurs parents<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Film hits too close to home for Dalai Lama's brother, Bloomington Herald Times, 5 octobre 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Selon d'autres sources, Harrer et Aufschnaiter furent invités par les parents du dalaï-lama en 1946, alors qu'ils attendaient du gouvernement tibétain l'autorisation de résider à Lhassa<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lynda G. Adamson, Thematic Guide to Popular Nonfiction, Modèle:P..</ref>. Sans en informer Harrer qu'il côtoya pourtant à Yatung<ref>Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, traduit de l'allemand par Louise Servicen, éd. Albin Michel, 1963.</ref>, Norbu devait quitter le Tibet pour l'Inde en 1951<ref>Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille, préface du [[Tenzin Gyatso|Modèle:14e dalaï-lama]], traduction François Vidonne, Presses du Châtelet, 1998 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Reuters, Dalai Lama's brother dies in US, ABC News, 6 septembre 2008 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le départ du Tibet pour l'Inde (1951)

Devant l'avancée de l'armée chinoise, Heinrich Harrer, à son grand regret, doit quitter Lhassa en Modèle:Date-. Après avoir séjourné dans la Vallée de Chumbi, il quitte le Tibet en Modèle:Date- et rejoint les Indes muni de son passeport délivré par le gouvernement du Tibet. Selon John Kenneth Kraus, il est envoyé en mission par la mère du dalaï-lama, en compagnie d'un moine, Geshe Wangel, pour demander à l'ambassade américaine à New Delhi de persuader son fils de se réfugier en Inde<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Kenneth Kraus, Official Policies and Covert programs: the U.S. State Department, the CIA and the Tibetan Resistance, Modèle:P., 61.</ref>.

Lorsque la revue américaine Life publie, dans son numéro du Modèle:Date-, un article sur la fuite du dalaï-lama (fuite suivie d'un retour à Lhassa en Modèle:Date-), les photos qui l'illustrent sont celles prises des événements par Harrer<ref name="Myrna Oliver">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Myrna Oliver, Heinrich Harrer, 93: Austrian Mountainer, Adventurer Wrote "Seven Years in Tibet", Los Angeles Times, 10 janvier 2006 ; titre de l'article : The Flight of the Dalai Lama.</ref>. Après que le dalaï-lama eut rejoint Lhassa pendant l'été 1951, Harrer se résolut à regagner l'Europe, laissant derrière lui, selon ses termes, « un peuple dont la seule ambition fut de vivre libre et indépendant »<ref>Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, Modèle:P..</ref>.

Une fois en Inde, Harrer s'essaya sans succès selon Apurva Chaudhary à gravir par l'ouest le massif du Modèle:Lien dans ce qui est aujourd'hui l'État de l'Uttarakhand<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Apurva Chaudhary : The Wandering Hermit, Panchchuli Range from Kasauni, flickr : Modèle:Citation étrangère</ref>. Peter Aufschnaiter resta un peu plus longtemps à Lhassa mais partit à son tour en apprenant le départ du dalaï-lama. Il vécut d'abord à Kyirong, puis en Modèle:Date- il quitta le Tibet pour rejoindre Katmandou au Népal<ref name="tibet"/>, où il passa l'essentiel de la fin de sa vie. Il y effectua plusieurs missions de cartographie. Puis à partir de 1956, il travailla à Katmandou comme expert agraire pour l'ONU. Harrer regagna l'Europe en Modèle:Date-, et commença à écrire son livre sur ses années au Tibet qui fut publié en Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H.W. Wilson Company, Current biography, 1954, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

L'intermédiaire auprès des Américains

Selon l'historien américain et spécialiste de la Chine et du Tibet Tom Grunfeld, Heinrich Harrer fut l'un des intermédiaires dans les tractations secrètes qui se déroulèrent entre le dalaï-lama et le ministère américain des affaires étrangères jusqu'en 1952, après que le gouvernement des États-Unis eut décidé d'empêcher la mainmise sur le Tibet de la République populaire de Chine, nouvellement proclamée le Modèle:Date-. Les États-Unis tout d'abord se proposèrent d'extraire le dalaï-lama de Lhassa puis, lorsque le chef des Tibétains se fut réfugié à Yatung en 1951, essayèrent de lui faire franchir la frontière, mais ces projets avortèrent devant les réticences de la partie tibétaine à la perspective de voir l'intégrité religieuse du Tibet atteinte par l'exil du dieu-roi<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Tom Grunfeld, Tibet and the United States, Modèle:18th IPSA World Congress, Québec, Canada, 1-5 août 2000 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Thomas Laird écrit que des documents du département d'État des États-Unis, rendus publics Modèle:Nombre auparavant, montrent qu'Harrer pourrait avoir été impliqué dans plusieurs opérations secrètes pour les Américains après avoir quitté le Tibet<ref>Thomas Laird, Into Tibet: The Cia's First Atomic Spy and His Secret Expedition to Lhasa, Grove Press, 2003 Modèle:ISBN Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Melvyn C. Goldstein écrit qu'en mars 1951 James Burke de Time-Life amena Heinrich Harrer voir Loy W. Henderson, l'ambassadeur américain en Inde<ref>Melvyn C. Goldstein, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>. De même, Mikel Dunham mentionne que Harrer rencontra Loy W. Henderson après son arrivée à Delhi<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Buddha's Warriors: The Story of the CIA-backed Tibetan Freedom Fighters, the Chinese Invasion, and the Ultimate Fall of Tibet, Penguin Books India, 2005 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>.

Harrer informa Evan M. Wilson, consul général américain à Calcutta, de la volonté de retour à Lhassa de Yuthok Dzasa, un haut responsable tibétain réfugié en Inde, et suggéra de lui montrer une lettre. Selon Melvyn C. Goldstein, Harrer se joua des Américains en exagérant ce qu'ils voulaient entendre, c'est-à-dire que le dalaï-lama souhaitait ardemment quitter le Tibet, mais qu'il manquait de soutien parmi les fonctionnaires laïcs pour vaincre l'opposition des religieux. Le Modèle:Date, le Secrétaire d'État Dean Acheson approuva l'idée, à la condition que la lettre ne quitte pas l'ambassade et soit seulement montrée aux Tibétains. Le lettre précise que les États-Unis étaient prêts à soutenir la résistance contre l'agression communiste au Tibet, à la condition que le dalaï-lama quitte le Tibet<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Melvyn C. Goldstein, A history of modern Tibet, vol. 2, The Calm before the Storm: 1951-1955, University of California Press, 2007, Modèle:P. Modèle:Citation étrangère</ref>.

Selon un passage du livre CIA's Secret War in Tibet coécrit par Kenneth J. Conboy et James Morrison, en Modèle:Date-, des responsables de l'ambassade américaine en Inde ont songé à faire appel à Harrer ainsi qu'à George Patterson, ancien missionnaire dans le Kham au Tibet oriental et traducteur du Modèle:Lien, pour enlever le dalaï-lama et acheminer celui-ci en Inde<ref>Modèle:Ouvrage : Modèle:Citation étrangère</ref>. Melvyn C. Goldstein déclare que l'ouvrage de Conboy et Morrison contient une affirmation invraisemblable selon laquelle Harrer aurait porté une lettre à Yatung en Modèle:Date-, mais qu'il n'existe par ailleurs aucune indication de sa présence à Yatung à cette date, les auteurs ne fournissant aucune source<ref>Melvyn C. Goldstein Modèle:Opcit Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Dr Liu Chao, Secret CIA Sponsorship of Tibetan Rebels Against China Exposed - How a Ground-Breaking Book Unveiled History as it Was, entretien avec Kenneth Conboy, auteur de CIA's Secret War in Tibet, Le Quotidien du Peuple, 28 mars 2008 ; autre adresse : CIA's Secret War in Tibet.</ref>.

La thèse de la rédemption

La thèse « d'une quête rédemptrice » par laquelle un alpiniste autrichien inscrit à la SS serait devenu défenseur d'un « peuple opprimé »<ref>Présentation de l'éditeur, Sept ans d'aventures au tibet, Gallimard Montréal</ref>, est reprise par le journaliste sportif Benoît Heimermann, selon qui l'arrivée à Lhassa de Harrer, sa découverte du bouddhisme et ses contacts répétés avec le jeune dalaï-lama seraient parvenus à le transformer<ref>Benoît Heimermann, Modèle:Opcit : Modèle:Citation</ref>,<ref>Benoît Heimermann, Aventuriers: Rencontres avec Modèle:Nombre remarquables, Grasset, 2006 Modèle:ISBN : Modèle:Citation</ref>. Le réalisateur Jean-Jacques Annaud<ref>Jean-Jacques Annaud Modèle:Citation</ref> et le critique James Berardinelli<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James Berardinelli, Seven Years in Tibet (1997), 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref> confirment que le scénario du film de 1997, Seven years in Tibet, inspiré de l'aventure tibétaine de Harrer, présente la thèse d'une rédemption.

Victor et Victoria Trimondi affirment qu'on ne trouve pas la moindre trace dans le livre de la « profonde catharsis » dépeinte dans le film. À leurs yeux, il s'agit d'une invention pure et simple du réalisateur pour éviter de perdre la face devant son public planétaire<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Victor et Victoria Trimondi, The Shadow of the Dalai Lama, Part II, 12 Fascist Occultism and it’s Close Relationship to Buddhist Tantrism : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Pour le journaliste américain Jared Hohlt, Modèle:Citation : certains indices donnent à penser que sa position n'a pas changé sur des questions cruciales. Et de rappeler qu'une bonne partie de ce qu'on sait du séjour de l'Autrichien provient de ses mémoires<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jared Hohlt, Seven Years in Tibet, Slate Magazine, 10 octobre 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Élisabeth Martens, pour sa part, s'interroge : s'il s'est converti au bouddhisme, comment expliquer la quasi-indifférence qu'il afficha devant les images des atrocités nazies qui lui parvinrent à la fin de la guerre<ref>Elisabeth Martens, Histoire du Bouddhisme tibétain : La Compassion des Puissants, L'Harmattan, 2007, Modèle:P. : Modèle:Citation bloc</ref>.

Cependant, Harrer a écrit en 1997 : « Ma philosophie politique personnelle est née de ma vie au Tibet. C'est une croyance qui reflète de nombreux principes du bouddhisme et accorde une grande importance à la vie humaine et à la dignité humaine. Et c'est une philosophie qui m'amène à condamner le plus fermement possible les crimes horribles de la période nazie. »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Flinn, From Austria to Tibet, a life transformed by exploration, Phayul.com, 2 mai 2006</ref>.

Rencontre avec Sven Hedin (1952)

Pendant son séjour à Lhassa, Harrer resta en liaison avec le célèbre explorateur suédois Sven Hedin, géographe comme lui et partageant les mêmes intérêts. Leur correspondance est conservée aux archives royales de Suède<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Philippe Forêt, University of Oklahoma, Modèle:Lang (compte rendu du film de Jean-Jacques Annaud, Seven Years in Tibet, Columbia Pictures, 1997) : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Durant l'été 1952, Harrer put revoir, à Stockholm, Sven Hedin, qui l'avait invité pour son Modèle:87e anniversaire, peu de temps avant sa mort. Étudiant, Harrer l'avait rencontré à Graz, où Sven Hedin donnait une conférence. À ce savant qui fraya avec le national-socialisme allemand tout en le critiquant<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Verified sources : Sven Hedins in the Stockholm Riksarkivet archived correspondence with Hans Draeger, Wilhelm Frick, Joseph Goebbels, Paul Grassmann and Heinrich Himmler.</ref>, Harrer vouait une admiration qui se transforma en amitié comme en témoigne une correspondance active entre Lhassa et Stockholm<ref>Retour au Tibet de Heinrich Harrer, Arthaud, 1985, Modèle:P..</ref>. « Vous avez atteint la ville de mes rêves… », lui écrivit le grand explorateur qui avait été contraint de mettre un terme à son expédition de 1907 à Shigatsé. Hedin renchérissait ainsi dans une autre missive :

« Chaque mot est précieux… C'est tout simplement fabuleux pour des Européens de vivre pendant des années dans la capitale hermétiquement fermée du Tibet, Mecque du monde lamaïste, et de s'y être fait tant aimer qu'on les charge même de missions de confiance… Je lis vos lettres comme des romans, elles me parlent de l'objet de mes rêves les plus anciens… Votre dévoué Sven Hedin ».

Rencontres avec le dalaï-lama après 1951

Harrer revit le dalaï-lama en Modèle:Date-, après le soulèvement à Lhassa et sa fuite du Tibet. Harrer effectuait un reportage pour le Daily Mail et Life-Magazine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James Mossman, A.P-Reuter, « Dalai Lama Under Guard Until Talks With Nehru », The Sydney Morning Herald, 24 avril 1959 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Il est stupéfait de voir combien le jeune homme a grandi et qu'il chausse ses lunettes en public<ref>Gilles Van Grasdorff, Modèle:Opcit, chap. 19 (Le précepteur du dalaï-lama), Modèle:P..</ref>.

Lors de son premier séjour en Occident, en 1973, le dalaï-lama retrouva Harrer en Scandinavie. Si ce dernier avait conservé intact son sens de l'humour, il avait toutefois perdu la blondeur de ses cheveux, signe du passage des ans pour lui-même comme pour le dalaï-lama, alors âgé de Modèle:Nombre et en plein âge mûr selon les canons tibétains<ref>Patricia Cronin Marcello, The Dalai Lama : a Biography, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le dalaï-lama n'a appris le passé de Harrer que lors de sa publication par la presse. Il dit à son ami que si sa conscience était claire, il n'avait rien à craindre. Harrer dit que c'était le cas<ref name="Douglas Martin" />.

En 1992, dans son livre Lhassa, le Tibet disparu, Harrer explicite ainsi cette relation : Modèle:Citation bloc

« L'affaire Corti »

En 1957, un drame se déroule sur la face nord de l'Eiger. Deux cordées y tentent séparément leurs chances : Claudio Corti et Stefano Longhi, qui espèrent être les deux premiers Italiens à gravir le versant, et Günther Nothdurft et Franz Mayer, deux alpinistes allemands chevronnés. Se rencontrant à mi-chemin, elles joignent leurs forces mais se heurtent à de graves difficultés. Les Italiens, tour à tour, font une chute et, blessés, restent cloués sur des rebords où ils affrontent un temps effroyable. Pour aller chercher du secours, les Allemands poursuivent l'ascension mais périssent lors de la descente du versant sud. Corti est finalement secouru par une équipe internationale d'alpinistes qui se sont rassemblés au sommet. L'un d'eux, Alfred Hellepart, descend sur un câble d'acier jusqu'à Corti pour le remonter. Longhi, quant à lui, meurt avant d'être secouru.

Relatant cet épisode dans son livre L'Araignée blanche, paru en 1958, Heinrich Harrer dénigre les connaissances techniques de Corti et affirme que sa version des évènements est malhonnête : il aurait assassiné les Allemands (dont les corps n'ont pas été retrouvés) pour voler leur nourriture et leur équipement. Harrer est tellement convaincu de la culpabilité de Corti qu'il finance des recherches pour retrouver les cadavres à la base de l'Eiger. Quatre ans après le drame, la découverte des restes des Allemands prouve sans l'ombre d'un doute que ces derniers sont morts dans la descente, emportés par une avalanche, et que Corti n'avait rien à voir avec leur mort. Malgré les demandes qu'on lui fit, Harrer refusa de se rétracter et de s'excuser, renouvelant plus ou moins ses accusations dans chacune des éditions ultérieures de son livre. Pour Luca Signorelli, son attitude était peut-être celle qui avait cours dans les années 1930, l'âge d'or de l'alpinisme : il n'y avait pas de place en montagne pour ceux qui devaient être secourus (attitude quelque peu déplacée puisqu'en 1938 Harrer et Kasparek avaient été secourus par Hekmair et Vörg sur le versant nord)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Eiger, Nordwand Revealed : Rainer Rettner, Interview by Kate Cooper, sur le site UKClimbing.com, Modèle:Lang, mai 2008 : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Claudio Corti (1928-2010) : A Life in the Shadow of the Eiger, by Luca Signorelli, introduced by Alan James, sur le site UKClimbing.com, février 2010 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Harrer et l'adoption d'enfants tibétains non orphelins en Suisse

Modèle:Article connexe Selon l'écrivain Gilles van Grasdorff, en 1961, des dizaines d'enfants tibétains, présentés comme orphelins, furent proposés par le gouvernement tibétain en exil à l'adoption (et non au parrainage) à des familles suisses alors que leurs parents naturels travaillaient en Inde dans les communautés tibétaines ou construisaient des routes sur les contreforts himalayens. Plus tard, apprenant la vérité, certains adoptés se sont suicidés, d'autres ont sombré dans la drogue ou l'alcool. Gilles van Grasdorf attribue la responsabilité de cet état de choses à l'auteur du projet, Heinrich Harrer, qui, « enfermé dans une direction spirituelle et idéologique SS », aurait clairement poussé le dalaï-lama à faire adopter des enfants dans l'intention d'en faire une élite, grâce à l'éducation qu'ils allaient pouvoir recevoir dans les meilleures écoles et les meilleures universités occidentales<ref>Gilles van Grasdorff, Opération Shambala. Des SS au pays des dalaï-lama, Presses du Châtelet, 2012, Modèle:P..</ref>.

Cependant, le dalaï-lama, dans son autobiographie, mentionne avoir demandé de l'aide à son ami le Modèle:Dr Aeschimann pour qu'il propose au gouvernement suisse d'accueillir des orphelins tibétains en Suisse<ref>Dalaï-lama, Au loin la liberté, Modèle:P..</ref>.

Retour en touriste au Tibet (1982)

Harrer tenta de retourner au Tibet à plusieurs reprises mais les autorités chinoises ne lui accordèrent pas de visa. Ce n'est que lorsque le tourisme fut enfin permis en 1982, trois décennies après sa fuite, qu'il réussit à revoir Lhassa, mêlé à un groupe de 60 touristes en majorité américains.

Il publia, en 1983, un livre relatant ce second voyage, traduit en français sous le titre Retour au Tibet. Il y raconte notamment sa rencontre avec l'ancien médecin personnel du [[Tenzin Gyatso|Modèle:14e Dalai Lama]], Tenzin Choedrak, qui fut torturé pendant Modèle:Nombre et emprisonné Modèle:Nombre par les autorités chinoises. Il y indique que Ngabo Ngawang Jigme était le plus réputé des « Doubles Têtes - nom donné au Tibet aux collaborateurs ». C'est Ngabo qui « collabora le premier avec les Chinois », il « passe à leurs yeux pour un homme sans courage »<ref>Retour au Tibet de Heinrich Harrer, Édition Arthaud, 1985, Modèle:P..</ref>. Signalant l'intervention du même pour qu'une école réservée aux enfants chinois soit ouverte également aux enfants tibétains, Harrer concède toutefois que l'on ne doit pas cacher certains aspects positifs de l'activité des collaborateurs<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert Barnett, Beyond the Collaborator - Martyr Model: Strategies of Compliance, Opportunism, and Opposition within Tibet, Modèle:P., in Barry Sautman, June Teufil Dreyer (eds.), Contemporary Tibet: Politics, Development, and Society in a Disputed Region, M. E. Sharpe, 2006, 360 p., Modèle:P., en part. Modèle:P., note 31 : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Heinrich Harrer, Return to Tibet. Tibet After the Chinese Occupation, translated from the German by Ewald Osers, Jeremy P. Tarcher/Putnam, New York, NY, 1998 (version électronique, 124 p., Modèle:P.) : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Il rapporte également que les Tibétains qui avaient résisté aux Chinois étaient majoritairement des nobles, des demi-nobles et des lamas, que pour les punir et les humilier on les avait fait travailler comme manœuvres à la construction de routes et de ponts et obligés à vivre dans un campement réservé autrefois aux mendiants et vagabonds<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, Return to Tibet, New York, Schocken, 1985, Modèle:P.; cité par Michel Parenti, dans Friendly Feudalism: The Tibet Myth, Michael Parenti's Political Archive, janvier 2007 : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Actions militantes liées au Tibet

Dès 1953, Harrer se définit comme « ami de l'indépendance tibétaine »<ref>Dans les diverses éditions de ses mémoires (Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997 Modèle:ISBN), publiées pour la première fois en 1953, il se définit lui-même ainsi que son compagnon Peter Aufschnaiter comme « amis de l'indépendance tibétaine » : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Jérôme Dupuis voit en lui « l'inlassable propagateur de la cause tibétaine »<ref>Jérôme Dupuis, Modèle:Citation, L'Express, 21 novembre 1997 : Modèle:Citation</ref>. Modèle:Lien, pour sa part, trouve des plus factices, venant d'un ancien nazi, l'attitude de Harrer à la fin de ses mémoires lorsqu'il fustige l'indifférence du monde face à la perte de sa liberté par le Tibet<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bill Aitken, Seven Years in Tibet. A Closer Look at an Himalayan Classic, in The Himalayan Journal, N. 63, 2007 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Selon Lewis M. Simons, Heinrich Harrer Modèle:Citation

Harrer exprima publiquement son indignation lorsqu'en 1987 le chancelier allemand Helmut Kohl rendit visite aux dirigeants chinois à Lhassa, premier chef de gouvernement occidental à faire cette démarche<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Participation à la réunion de Londres (1994)

Selon un communiqué de presse du gouvernement tibétain en exil, le Modèle:Date-, à Londres, Harrer fut convié par le dalaï-lama à un déjeuner réunissant des personnalités ayant eu « le privilège de vivre, de voyager et de travailler au Tibet avant l'invasion chinoise du pays avant 1950 ». Étaient présents, outre Harrer : Kazi Sonam Togpyal (ancien interprète auprès de la mission indienne au Tibet), Robert W. Ford (ancien officier radio de la mission britannique à Lhassa puis du gouvernement tibétain), Ronguy Collectt (fille de Sir Charles Bell), Bruno Beger (membre de l'expédition allemande au Tibet de 1938-1939, dite expédition Schäfer), Joan Mary Jehu (séjours au Tibet en 1932), Archibald Jack (visite de la garnison britannique à Gyantsé), Fosco Maraini (séjour au Tibet en 1937 et 1948). Ces personnalités signèrent un document où elles affirmaient leur « conviction, en tant que quelques-uns des derniers témoins subsistants du Tibet indépendant, que celui-ci était un État pleinement souverain avant 1950 »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Statement by Westerners who visited Tibet before 1949, tibet.com (ancien site du Gouvernement tibétain en exil), 13 septembre 1994 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Harrer confronté à son passé (1997)

« L'affaire Harrer »

À son retour en Autriche en 1952, Harrer s'installa au Liechtenstein, principauté limitrophe de l'Autriche et de la Suisse<ref>Le Who's Who de 1995 donne son adresse comme étant Neudorf 577 / 9493 - Mauren / Liechtenstein.</ref>. Quatre décennies durant, il ne souffla mot de son engagement passé et ses publications restent muettes à ce sujet<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andre Gingrich, Review of Traumwelt Tibet - Westliche Trugbilder by Martin Brauen, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Modèle:Citation, écrit Lewis M. Simons dans le Smithonian magazine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lewis M. Simons, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>. De temps à autre, une voix s'élevait pour signaler le passé de Harrer mais, faute de documents en apportant la preuve, elle n'était pas entendue<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Nombre de gens connaissaient le passé de Harrer mais, comme pour Kurt Waldheim ou pour Wernher von Braun, on préféra l'« oublier » dans les instances officielles pendant les années de guerre froide, Harrer étant devenu utile dans le nouveau contexte<ref>Andre Gingrich, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>. Tout au long des 300 pages de son livre paru en 1952, Harrer ne mentionne jamais l'Allemagne nazie ni ne fait le moindre commentaire sur la destruction de l'Europe et sur l'Holocauste alors qu'il n'a pas manqué d'apprendre la teneur de ces événements<ref>Modèle:Pdf Entretiens avec Jean-Jacques Annaud, Modèle:P..</ref>.

Quatre décennies plus tard, en 1997, ce passé devait réapparaître au grand jour, juste avant Modèle:Incise la sortie du film hollywoodien Seven years in Tibet (Sept Ans au Tibet), réalisé par le cinéaste français Jean-Jacques Annaud et inspiré de l'aventure tibétaine de Harrer (le personnage de ce dernier y est incarné par l'acteur américain Brad Pitt), une affaire dont la propagande chinoise s'est saisie contre Harrer et d'autres défenseurs occidentaux de l'indépendance du Tibet<ref name="John Gittings">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Gittings, Obituary: Heinrich Harrer, The Guardian, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Un journaliste salzbourgeois travaillant pour la radio nationale autrichienne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} William Cash, Brad suddenly turns Nazi, The Spectator, 11 octobre 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>, Gerald Lehner, avait trouvé dans des documents provenant des archives nationales des États-Unis, le certificat de mariage de Harrer, faisant état de l'appartenance de ce dernier à la SA et la SS. Harrer nia son appartenance à la SA, disant qu'il avait fait cette « fausse » déclaration pour accélérer son mariage avec Lotte Wegener, la fille de l'éminent géophysicien Alfred Wegener<ref name="Stephen GoodwinCit">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, op. cit. : Modèle:Citation étrangère.</ref>. De plus, Gerald Lehner avait découvert, aux Archives fédérales de Berlin, un dossier de 80 pages concernant les antécédents nazis de Harrer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ren Yanshi, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>, dont son adhésion au parti national-socialiste le Modèle:Date- sous le matricule 6307081. Ces documents furent authentifiés pour le journal Stern par l'historien berlinois Hans Heinrich Wilhelm<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit.</ref>. Mis devant les documents, Harrer nia tout d'abord en bloc. « On m'a simplement nommé instructeur en athlétisme auprès de la SS ». Ce n'est qu'à la vue de son CV écrit de sa main qu'il reconnut les faits, déclarant qu'il avait simplement « voulu se faire mousser un peu »<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

En raccompagnant les journalistes Gerald Lehner et Tilman Müller venus chez lui, à Hüttenberg, le confronter à son passé, Harrer eut cette réflexion : « Nous savions que ce grand film allait nous valoir quelques ennuis »<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Lorsque l'article parut, une des premières réactions de Harrer fut de dire que cela pouvait être l'œuvre des agents chinois envoyés pour détruire le travail de toute une vie<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Réagissant à l'affirmation faite par Harrer qu'« il avait la conscience tranquille », le rabbin Abraham Cooper, du centre Simon-Wiesenthal à Los Angeles, fit remarquer que personne n'avait forcé ce dernier à devenir membre de la SS, ajoutant que ce dernier devait souffrir du « syndrome de Waldheim », allusion à l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kurt Waldheim, qui avait caché son passé nazi des années durant<ref name="Dalai Lama's Tutor, Portrayed by Brad Pitt, Wasn't Just Roving Through the Himalayas - New York Times">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bernard Weinraub, Dalai Lama's Tutor, Portrayed by Brad Pitt, Wasn't Just Roving Through the Himalayas, The New York Times, 21 juin 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Rencontre avec Simon Wiesenthal

Harrer demanda à rencontrer le célèbre chasseur de criminels de guerre nazis Simon Wiesenthal (non lié au Centre autrement que nominalement) à Vienne pour mettre fin à la controverse. Lors d'une séance-photo le Modèle:Date, les efforts de Harrer pour expliquer à Wiesenthal pourquoi il avait caché son passé pendant cinquante ans laissèrent ce dernier de marbre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} William Cash, Brad suddenly turns Nazi, The Spectator, October 11, 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Abraham Cooper demanda à Simon Wiesenthal si Harrer lui avait dit qu'il avait adhéré à la SA en 1933. La réponse fut négative. Pour Abraham Cooper, il est important que Harrer soit clair et net à propos de son passé : la discussion qu'il a eue avec Simon Wiesenthal montre qu'il voudrait bien qu'on oublie cette affaire, mais il ne peut en être question<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert Scheinberg, Upcoming Brad Pitt movie sparks uproar over hero’s early Nazi ties, JTA, 23 juillet 1997 : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Pour Abraham Cooper, si, dans les cinquante années ayant précédé la rencontre, Harrer était allé voir Wiesenthal de son propre chef, alors qu'ils habitent dans la même ville, le pardon aurait été envisageable. Mais comme ce n'est pas le cas, c'est que selon lui Harrer a refusé d'examiner les choix moraux qui furent les siens<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Janet Wheeler, Mountains of trouble: Nazi past of movie's real-life climber clouds 'Seven Years in Tibet' message, Daily News (Los Angeles, CA), 5 octobre 1997, reproduit sur le site The Free Library : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Communiqué de Harrer

Le Modèle:Date-, Harrer publia un communiqué pour reconnaître les faits et dénoncer les « insinuations » qui avaient accompagné leur publication : Modèle:Citation

Si l'appartenance de Harrer aux SS n'est pas mise en doute, son séjour en Asie de 1939 à 1951 l'a mis à l'abri de toute accusation de participation à des crimes de guerre, ce qui a été indiqué aussi bien par le rabbin Abraham Cooper<ref name="Dalai Lama's Tutor, Portrayed by Brad Pitt, Wasn't Just Roving Through the Himalayas - New York Times"/> que par le journaliste Gerald Lehner<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Chacun s'accorde à reconnaître que l'alpiniste n'a jamais commis la moindre brutalité sous l'uniforme nazi<ref name="Dupuis"/>. Selon un article de l'agence Associated Press en date du Modèle:Date-, Simon Wiesenthal a déclaré lors d'une interview que Harrer n'avait pas fait de politique et était innocent de toute mauvaise action<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Seven Years In Tibet, Associated Press, 14 juillet 1997.</ref>. Pour H. Louis Fader (2004), Wiesenthal a disculpé Harrer<ref name="H. Louis Fader">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H. Louis Fader, Called from obscurity: the life and times of a true son of Tibet, God's humble servant from Poo, Gergan Dorje Tharchin : with particular attention given to his good friend and illustrious co-laborer in the Gospel Sadhu Sundar Singh of India, Volume 2, Tibet Mirror Press, 2004 Modèle:ISBN, Modèle:P. Modèle:Citation étrangère</ref>.

Communiqué du gouvernement tibétain en exil

À la suite de l'« affaire Harrer », le gouvernement tibétain en exil publia, le Modèle:Date-, un communiqué affirmant qu'à l'arrivée de l'Autrichien au Tibet, le jeune Modèle:Citation, qu'Modèle:Citation et qu'Modèle:Citation. Modèle:Citation, ajoute le communiqué, Modèle:Citation<ref>Communiqué du gouvernement tibétain (en exil), sur le site Radioi Radicale.it, Modèle:1er novembre 1997.</ref>.

Conséquences : remaniement du film Sept ans au Tibet

Le centre Simon Wiesenthal ayant déclaré qu'en faisant interpréter le rôle de Harrer par Brad Pitt, on courait le risque de transformer en héros un ancien nazi et d'occulter ainsi le legs du Troisième Reich<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Elaine Dutka, 'Tibet' Revised to Stress Character's Nazi Past, Times, 15 août 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>, l'avocat de Harrer, le commanditaire et le réalisateur du film Seven years in Tibet conclurent un accord pour ne pas en compromettre la sortie. On tournerait de nouvelles scènes montrant l'appartenance de Harrer aux organisations nazies tout en laissant apparaître qu'il se serait déjà détaché de ses idéaux de jeunesse<ref>Ren Yanshi, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le journaliste américain Modèle:Lien rapporte que lorsque Jean-Jacques Annaud, jusque-là « curieusement peu curieux » du passé nazi de Harrer, en prit connaissance, le film fut remanié en toute hâte, Annaud expliquant désormais que celui-ci « tournait autour de la culpabilité, du remords et de la rédemption »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Karl E. Meyer, One Hell of a Gamble, World Policy Journal, vol. 18, Modèle:N° (printemps 2001), Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Ces révélations gâchèrent les dernières années de Harrer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Gittings, Obituary: Heinrich Harrer, The Guardian, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Interrogé par Le Nouvel Observateur à la sortie du film en 1997, Jean-Jacques Annaud s'étonnait des silences du livre Sept ans d'aventures au Tibet sur les débuts de Harrer : Modèle:Citation bloc

Annaud complète ainsi son appréciation de Heinrich Harrer : Modèle:Citation

Harrer et l'alpinisme national-socialiste

Rapportant les propos supposés de l'alpiniste italien de renom Reinhold Messner, le journaliste chinois Ren Yanshi écrit que dans les années 1930 les alpinistes allemands et autrichiens avaient la fibre nazie : l'association germano-autrichienne d'alpinisme, dont faisait partie Harrer, portait clairement l'estampille des Nazis<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ren Yanshi, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Les clubs alpins allemands et autrichiens avaient exclu tout juif de leurs rangs depuis 1924<ref name=Lib/>.

Pour le régime hitlérien, l'ascension de sommets jamais gravis constituait un vecteur efficace de la propagande nazie car incarnant les vertus de la « race aryenne » : force musculaire, héroïsme, camaraderie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Into the Teeth of the Ogre, The Independent, 5 février 2005.</ref>. Selon Michel Mestre, le succès de l'ascension était la garantie d'une valeur supérieure, l'échec l'illustration du courage à toute épreuve et de l'engagement total de l'« homme nouveau »<ref>Michel Mestre, L'idée nationale en montagne et dans l'alpinisme : le cas du club alpin austro-allemand (DÖAV), in @mnis, revue de civilisation contemporaine de l'université de Bretagne occidentale, mars 2002.</ref>.

Reinhold Messner accusa publiquement Harrer de refuser obstinément de reconnaître que les idéaux de l'alpinisme avaient été pervertis par les nazis<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Obituary: Heinrich Harrer. Austrian mountaineer who escaped wartime detention to spend seven years in Tibet, Times Online, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Modèle:Lien, président du Club alpin britannique, était convaincu que les deux Autrichiens avaient été motivés par l'idéologie nazie autant que par le désir d'être les premiers à réussir l'ascension de la face nord de l'Eiger, accusation rejetée avec vigueur par Harrer et son coéquipier<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Colin Wells, Obituary: Heinrich Harrer 1912-2006. Last of the Eigerwanderers, Climb Magazine, avril 2006, sur le site Cordee.</ref>. Le journaliste Charlie Buffet rapporte les propos de l'historien Rainer Amstädter, auteur d'un livre sur les liens entre le NSDAP et l'alpinisme<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rainer Amstädter, Der Alpinismus. Kultur, Organisation, Politik, 1996.</ref>, indiquant : « Heinrich Harrer fut un grand symbole de l'impérialisme nazi. Et un nazi convaincu »<ref name=Lib/>.

Pour Mechtild Rössler, l'attitude de Harrer après 1945, qui était d'éviter de porter un regard critique sur ses compromissions avec le nazisme, est typique de presque tous les alpinistes et de la plupart des géographes du Troisième Reich<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mechtild Rössler, Geography and Area Planning under National Socialism, in Science in the Third Reich (sous la dir. de Gerhard A. Ritter et Anthony J. Nicholls), Berg Publishers, Oxford and New York, 2001 Modèle:ISBN, 289 p., Modèle:P., Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Après la guerre, les clubs d'alpinisme allemands furent interdits par les Alliés<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Obituaries: Anderl Heckmair 1906–2005 », Gripped. The Climbing Magazine, avril-mai 2005 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Harrer et l'expédition allemande au Tibet (1938-1939)

Selon Philippe Forêt, un géographe et sinologue français, après la guerre, Harrer et les membres de l'expédition allemande au Tibet entretinrent des rapports dont a rendu compte en détail le journaliste Gerald Lehner dans un article publié dans la revue autrichienne Profil<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Philippe Forêt, Why Sunlit Vistas Could Not Be Grander: A Review of Seven Years in Tibet (compte rendu du film de Jean-Jacques Annaud, Seven Years in Tibet, Columbia Pictures, 1997) : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Selon Bruno Beger, cité par Gerald Lehner, si Harrer a été accueilli à Lhassa en 1946, c'est grâce aux bonnes relations que l'expédition d'Ernst Schäfer avait établies sept ans plus tôt avec les Tibétains. Beger ajoute que Harrer eut, après la guerre, une querelle avec Schäfer, qui l'accusait d'avoir présenté comme siennes des photos prises à Lhassa en 1939<ref name=Lib />.

Questionné par la revue allemande Stern en 1997, Harrer déclara n'avoir pas entendu parler ni de Beger ni de Schäfer, ni d'une expédition allemande à Lhassa en 1939<ref name=Lib />.

Harrer et son fils

Lors de la sortie du film, Peter Harrer, le fils que Harrer avait quitté pour les neiges de l'Himalaya et dont il ne parle jamais dans ses mémoires, déclara qu'il avait été abandonné par sa mère et élevé par sa grand-mère pendant les absences de son père. Lors des deux remariages de ce dernier, il n'avait pas été invité<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jared Hohlt, Seven Years in Tibet, Slate Magazine, 10 octobre 1997 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Quand Harrer quitta sa femme pour l'Himalaya, elle était enceinte mais, selon le Time, il ne le savait pas. Peter Harrer précise n'avoir pas de ressentiment à l'égard de son père et le voir de temps à autre<ref>Jared Hohlt, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le journaliste Charlie Buffet s'interroge pour sa part sur cette « absence de fibre paternelle » : jamais, dans Sept Ans d'aventures au Tibet, Harrer n'exprime l'envie de voir son fils, dont il a appris la naissance. Il ne fera sa connaissance qu'en 1952, à son retour en Europe<ref>Charlie Buffet, Polémique autour du héros du film de Jean-Jacques Annaud. Un nazi au Tibet, Modèle:Opcit.</ref>. Quand on demanda à Harrer s'il n'éprouvait pas de la culpabilité à ne pas être rentré au pays plus tôt pour voir son garçon, il sembla presque perplexe et demanda : Modèle:Citation

Récit des voyages au Tibet

Les publications

Heinrich Harrer fera le récit de l'épisode tibétain de sa vie dans plusieurs ouvrages ou articles :

  • Sieben Jahre in Tibet. Mein Leben am Hofe des Dalai Lama, publié en 1952 (traduction anglaise : Seven years in Tibet, E. P. Dutton, 1954; traduction française : Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, 1954<ref>Sept ans d'aventures au Tibet.</ref>), qui eut un énorme succès et fut traduit en 53 langues et vendu à plus de Modèle:Nombre d'exemplaires. En France, il bénéficia de la vogue de livres d'alpinisme comme Premier de cordée de Roger Frison-Roche (1942) ou Annapurna premier 8000 de Maurice Herzog (1951). Ce premier ouvrage fit connaître la culture de l'ancien Tibet et l'institution du dalaï-lama à une foule d'Occidentaux qui jusque-là n'en avaient jamais entendu parler. Cependant, son succès devait être éclipsé par celui de la trilogie faussement autobiographique de T. Lobsang Rampa : The Third Eye (1956) (Le troisième œil), Doctor from Lhasa (1959) (Lama médecin) et The Rampa Story (1960) (L'histoire de Rampa)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harry Oldmeadow, The Western Quest for 'Secret Tibet', section « Counterfeit Tibetan Esotericism: The Lobsang Rampa Case ».</ref>.
  • My Life in Forbidden Lhasa (littéralement « Ma vie dans Lhassa interdit »), résumé des années passées à Lhassa paru dans la livraison de Modèle:Date- de la revue américaine National Geographic.
  • Wiedersehen mit Tibet, publié en 1983 (traduction anglaise : Return to Tibet, 1984; traduction française : Retour au Tibet, 1985). Harrer y relate son second voyage au Tibet, effectué incognito en 1982.
  • Lost Lhasa: Heinrich Harrer's Tibet, publié en 1992 (la version française : Lhassa : le Tibet disparu est parue en 1997). Cet ouvrage, qui présente quelques-unes des milliers de photos prises par Harrer à Lhassa et alentour, est en quelque sorte la suite visuelle de Sept années d'aventures au Tibet.

Les observations

Modèle:Article détaillé Dans ses mémoires Harrer retrace la vie quotidienne de la noblesse, du clergé lamaïste et du petit peuple tibétains avant l'arrivée des Chinois<ref>« Sept ans d'aventures au Tibet est non seulement un grand classique de la littérature de voyage mais fourmille de renseignements sur la vie de la noblesse à une époque maintenant révolue », Françoise Pommaret dans l'avant-propos de Lhasa, lieu du divin : la capitale des Dalaï-Lama au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Éditions Olizane, 1997, 270 p. en part. Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>,<ref>Élisabeth Martens constate que les mémoires de Harrer « retracent la vie et les traditions des grandes familles tibétaines et du haut clergé lamaïste avant l'arrivée des Chinois ». Elle regrette toutefois que l'auteur ne se soit pas intéressé aux paysans : « Sa mémoire paraît défaillante quant aux conditions de la population rurale », écrit-elle à propos de Sept ans d'aventures au Tibet dans son livre Histoire du Bouddhisme tibétain : La Compassion des Puissants, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref> et après l'intervention militaire chinoise de 1951. Il eut le privilège d'assister à des cérémonies et d'observer des coutumes que peu d'Occidentaux avant lui avaient eu l'occasion de voir<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Henrich Harrer Limited Edition Portfolio, Henrich Harrer Biography : Modèle:Citation étrangère</ref>. Il est aussi amené à décrire des aspects de l'organisation sociale, économique, administrative et religieuse du Tibet.

Expéditions et explorations

Fichier:Puncakjaya.jpg
Le Puncak Jaya.

Pendant les décennies 1950, 1960 et 1970, Henrich Harrer effectua de nombreuses expéditions à vocation d’ethnographie ou d’alpinisme dans des pays du Tiers monde, son principal bailleur de fonds étant l’ancien roi des Belges, Léopold III<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Martin Riddell, Heinrich Harrer – Beyond Seven Years in Tibet, UKClimbing.com, octobre 2007 : Modèle:Citation étrangère</ref>,

En 1951, en compagnie d'un compatriote autrichien, Frank Thomas, d'un botaniste et de deux sherpas, Harrer essaya de gravir le massif du Modèle:Lien par l'ouest. La chute d'un sherpa lui fit rebrousser chemin, mais il avait frayé la voie pour les expéditions ultérieures<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Apurva Chaudhary : The Wandering Hermit, Panchchuli Range from Kasauni, flickr : Modèle:Citation étrangère</ref>.

En 1952, en compagnie de Léopold Modèle:III, il voyagea jusqu’aux sources de l'Amazone, crapahutant depuis Puerto Ayacucho jusqu'au río Cunucunuma ainsi qu’à San Carlos de Río Negro et San Fernando de Atabapo<ref>Leopold III (1901-1983), JSTOR PLANT SCIENCE.</ref>.

En 1953, Harrer épousa Margaretha mais joua à nouveau les maris absents<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, The Independent, Londres, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère.</ref>, partant en expédition dans les Andes péruviennes, où il fut le premier à gravir l'Ausangate (Modèle:Unité ou Modèle:Unité) dans la cordillère de Vilcanota<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, Mein Leben [My Life], Detailed Product Description, sur le site Chessler Books : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Il se rendit ensuite en Alaska, où il fit, en 1954, en compagnie de Fred Beckey, la première ascension du mont Hunter (Modèle:Unité), du Modèle:Lien (Modèle:Unité) et du mont Drum (Modèle:Unité) dans la chaîne de l'Alaska oriental.

Enfin, en 1957, il fit un séjour de neuf mois en Afrique dans l'ancien Congo belge, où il gravit la chaîne du Ruwenzori ou « Montagnes de la Lune »<ref>Thubten Jigme Norbu, Tibet is my country: Thubten Jigme Norbu As Told to Heinrich Harrer, Wisdom Publications, 1986, 276 p., Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Heinrich Harrer et Margaretha Truxa divorcèrent en 1958<ref>Stephen Goodwin, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. En 1962, Harrer épousa Katharina Haarhaus, mais n'en continua pas moins ses escapades<ref>Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Cette année-là, à la tête d'une expédition de quatre alpinistes, dont Modèle:Lien comme guide, il fit la première ascension du Puncak Jaya (la pyramide de Carstensz), en Nouvelle-Guinée hollandaise, le point culminant de l'Océanie (Modèle:Unité) et, sur le plan technique, le plus difficile des sept sommets des sept continents<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Last True Explorer: Into Darkest New Guinea, présentation du livre, sur le site de Philip Temple : Modèle:Citation étrangère</ref>. Pour la conquête de ce sommet, il bénéficia des connaissances recueillies sur le terrain par une expédition néo-zélandaise qui avait déjà frayé la voie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kal Muller, The Case of the Shrinking Tropical Glaciers of Irian Jaya. Why Are They Disappearing?, février 2001 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Dans le même mouvement, il essaya d'atteindre les carrières à silex de Ya-Li-Me (Jaelime), exploitées par les Papous pour fabriquer leurs outils. S'étant blessé en dégringolant du haut d'une cascade, il fut transporté par les indigènes jusqu'à Hollandia, d'où il repartit vers les carrières, une fois rétabli<ref>Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. Il survécut non seulement à ce plongeon de Modèle:Unité, mais aussi aux attentions de chasseurs de têtes, bien que, selon Douglas Martin, il ne portât pas de fusil en raison du bouddhisme non-violent appris du dalaï-lama<ref name="Douglas Martin" />. Il relate ces péripéties dans un livre, publié en 1963, Ich komme aus der Steinzeit (litt. « Je viens de l'Âge de pierre »). De son propre aveu, ce fut le voyage le plus difficile qu'il ait jamais fait.

En 1966, il alla au-devant des Indiens Xingu dans l'État du Mato Grosso au Brésil<ref>Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref>. La même année, il partit en expédition avec Léopold III, au Suriname.

En 1971, avec Léopold III il se rendit dans le nord de l'île de Bornéo, où il fit l’ascension du Mont Kinabalu.

En 1974, il partit à la rencontre des Négritos des îles Andaman dans l’océan Indien<ref>Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère</ref> mais ne put débarquer dans l’île Sentinelle du Nord, où les indigènes refusent tout contact avec le monde extérieur<ref>Fabien Dietrich, Voyage. Vade retro, Courrier international, 9 septembre 2010 : Modèle:Citation étrangère</ref>. Harrer se rendit également en Inde, en particulier au Ladakh dans l’État du Jammu-et-Cachemire (en 1974, 1976, 1978, 1979 et 1991) et au Sikkim (en 1965, 1979 et 1980), ainsi qu’au Népal (en 1965, 1973, 1974 et 1981), au Bhoutan (en 1980, 1981, 1983, 1985 et 1986) et en Birmanie (1979).

Il séjourna au Soudan en 1970 et au Zaïre (l’ancien Congo belge ou l’actuelle République démocratique du Congo) et en Ouganda en 1977. On le vit en Guyane française en 1969.

Une vingtaine de livres et une quarantaine de films documentaires rendent compte de ses voyages et explorations<ref name="Douglas Martin" />.

Honneurs et distinctions

Devenu célèbre, Harrer reçut diverses distinctions : entre autres, la médaille d'or de la société Humboldt en 1985, la médaille du club des explorateurs aux États-Unis en 1991 (en plus de la médaille d'or de l'Eiger). Il se vit décerner le titre de professeur par le président de la République autrichienne en 1964. Il fut fait citoyen d'honneur de la ville de Hüttenberg en 1983. Il reçut la médaille autrichienne des sciences et des arts en 1995<ref>Une liste est donnée par le Who's Who de 1995.</ref>.

Le dalaï-lama rendit visite à Harrer chez lui en Carinthie à l'occasion de son Modèle:80e anniversaire en 1992 puis à nouveau pour ses Modèle:Nombre, le Modèle:Date-, alors qu'il donnait un enseignement sur le Kalachakra en Autriche<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ex-Nazi, Dalai's tutor Harrer dies at 93, The Times of India, 9 janvier 2006.</ref> et, selon le politologue Barry Sautman, plus de cinq ans après la révélation du passé, longtemps inavoué, de Harrer à la SA et la SS<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Barry Sautman, "Demographic Annihilation" and Tibet, in Contemporary Tibet. Politics, Development, and Society in a Disputed Region (sous la direction de Barry Sautman, June Teufel Dreyer), M.E. Sharpe, 2006, Modèle:P. : Modèle:Citation étrangère, Modèle:P..</ref>, il lui remit le prix Lumière de la vérité<ref name="Swissinfo" /> (une distinction créée par l'association International Campaign for Tibet et décernée la même année à Petra Kelly à titre posthume)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Light of Truth Awards, International Campaign for Tibet.</ref>, en reconnaissance de ses efforts pour attirer l'attention du public sur le Tibet et les Tibétains<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dalai Lama Presents ICT Light of Truth Awards to Heinrich Harrer…, International Campaign for Tibet : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le Modèle:80e anniversaire de Harrer donna lieu à une grande fête à l'hôtel Waldorf Astoria à New York. Des amis illustres, membres du Club des explorateurs (dont Thor Heyerdahl, Neil Armstrong, Edmund Hillary et Reinhold Messner) levèrent en son honneur leur verre : « Nous honorons le plus grand d'entre nous »<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère.</ref>.

Heinrich Harrer fut également un golfeur chevronné, remportant le championnat national d'Autriche en 1958 et 1970. Il fut président de l'Association autrichienne de golf de 1959 à 1964, puis président honoraire.

Derniers moments

Heinrich Harrer meurt le Modèle:Date, à l'âge de Modèle:Nombre, à l'hôpital de Friesach, en Carinthie. Sa famille annonce sa mort à l'Associated Press déclarant seulement que « dans une grande paix, il a effectué son expédition finale »<ref name="Douglas Martin" />. Selon Élisabeth Martens, il devait poser en mai de cette même année la première pierre d'un Centre européen du Tibet<ref>Elisabeth Martens, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>, en fait l'International Institute of Higher Tibetan Studies à Hüttenberg, voué à la médecine et à la culture tibétaines<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dalai Lama at ceremony for Tibet Center, Phayul.com, DPA, 14 mai 2006.</ref>, et dont la pierre de fondation a été posée le Modèle:Date- par le dalaï-lama en présence du gouverneur de Carinthie Jörg Haider<ref name="David T. Reinharc">David T. Reinharc, Connexion Bouddhisme tibétain - nazisme : mythe ou réalité, Israel Magazine, Modèle:N°, janvier 2009 : Modèle:Citation</ref>.

Également disparue, mais victime du réchauffement climatique, l'« araignée blanche », cette paroi de glace où périrent nombre d'alpinistes et dont Harrer avait fait le titre d'un de ses ouvrages<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen Goodwin, Obituary: Heinrich Harrer, The Independent, Londres, 9 janvier 2006 : Modèle:Citation étrangère</ref>.

Le musée Heinrich Harrer à Hüttenberg

Fichier:Huettenberg Harrer Museum-2.jpg
Le musée Heinrich-Harrer.

Inauguré en 1982 en présence du dalaï-lama<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Harrer, Seven years in Tibet. Translation of: Sieben Jahre in Tibet, 1982 Modèle:ISBN, Epilogue: 1996 : Modèle:Citation étrangère.</ref>,<ref>Gerald Lehner, Tilman Müller, Modèle:Opcit : Modèle:Citation étrangère ; aussi page intitulée « Hüttenberg & Knappenberg: Mining & a Piece of Tibet in Carinthia » du site touristique autrichien Tourmycountry (pour le consulter, sortir de Wikipedia).</ref>, le musée Heinrich-Harrer à Hüttenberg a pour thème les voyages et explorations de son initiateur. Il abrite (à la date de 2008) près de Modèle:Unité exposés sur une surface de Modèle:Unité.

Publications

Ouvrages de Harrer

Modèle:Colonnes

Traduction

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thubten Jigme Norbu, Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, traduit de l'allemand par Louise Servicen, éd. Albin Michel, 1963 ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Tibet Is My Country is his autobiography dictated to Heinrich Harrer in 1959, translated from the German by Edward Fitzgerald, E.P. Dutton, 1961, and updated with a new essay in 1987 et 2006 Modèle:ISBN

Articles

  • Modèle:Lien web (« Ma vie dans Lhassa interdit »), National Geographic, Modèle:Date-
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} (collaboration à) Home Country Narrated Landscapes (WWF Documentation Volume), Pro Futura and Worldwide Fund for Nature, 1994

Préfaces

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} préface du livre Schatten Uber Den Kordilleren de Erich Waschak et Fritz Kaspareks, Verlag Das Berglund-Buch, Salzburg/Stuttgart, 1956

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets Modèle:Autres projets

Articles et ouvrages secondaires consultés

Articles et livres non consultés

  • Charlie Buffet, Les montagnes magiques : Shangri La ou le Tibet des fantasmes, Le Monde, Modèle:Date-, Modèle:P.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Norbert Jansen, Heinrich Harrer Tibet. Zeïtdokumente aus den Jahren 1944-1951, Exhibition catalog, Offizin Zurich Verlag-AG, 1991.
  • Jean-Michel Asselin, « La conversion d'Harrer », in Vertical, Modèle:N°, Modèle:Date-, Modèle:P..
  • Gerald Lehner, Zwischen Hitler und Himalaya: die Gedächtnislücken des Heinrich Harrer (litt. « Entre Hitler et l'Himalaya : les trous de mémoire de Heinrich Harrer »), Czernin, 2007, 303 p.
  • Sylvain Jouty, « La véritable affaire Harrer », in Alpinisme et Randonnée, no 206, 1-2/1988.

Liens externes

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