Jacques Dubois (médecin)

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Jacques Dubois, très souvent appelé de son nom latin Modèle:Lang, né en 1478<ref name=dateNaissance/>,<ref name=naissance1489/> à Lœuilly<ref name=Loeuilly/>, près d'Amiens<ref name=operaPP45A/>, mort le Modèle:Date de décès<ref name=operaPP45B/>, est un médecin et anatomiste français. Il est l'auteur de la première grammaire française parue en France<ref name=Palsgrave/>.

Biographie

Jacques Dubois est le fils d'un ouvrier pauvre<ref name=Michaud/>, c'est le septième des 15 enfants d'un père camelot, Nicolas Dubois<ref name=":6">Modèle:Harvsp</ref>.

Son frère aîné François<ref name="François"/> (troisième né) fréquenta plusieurs collèges parisiens avant de devenir le principal du collège de Tournai. Il fait venir à Paris ses frères Jacques et Jean (huitième né, qui deviendra chanoine d'Amiens) pour se charger de leur éducation.

Jacques Dubois étudie d'abord les arts libéraux au collège de Tournai<ref name=":0" />. En plus du latin, dont il acquiert une maîtrise remarquable, il apprend le grec, et même l'hébreu auprès de François Vatable <ref name="Vatable" /> . Il étudie les mathématiques auprès de Lefèvre d'Etaples<ref name=":6" />. Parmi ses maîtres, on trouve aussi Guillaume Budé et Lazare de Baïf<ref name="vita29" />. Il s'oriente ensuite vers la médecine<ref name="Michaud" /> ; il étudie l'anatomie avec Jean Tagault<ref name="Tagault" />.

Dubois se met à enseigner la médecine sans être docteur ; cela lui attire les foudres de la faculté de médecine. À part ce fait, les sources divergent beaucoup sur les études de médecine faites par Dubois. Il est immatriculé à la faculté de médecine de Montpellier le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Les registres d'immatriculation des étudiants de Montpellier débutent en 1503. L'immatriculation de Jacques Sylvius, du diocèse d'Amiens, est archivée à la faculté de médecine de Montpellier sous la cote S. 19, f0 106 v0 (photographiée en Modèle:P. de L. Dulieu 1975).</ref> à Modèle:Nobr ; l'année suivante, selon Jean Astruc<ref name="Astruc336" />, il devient docteur de Montpellier, certains élèves pouvant abréger leurs études, notamment ceux provenant d'autres écoles<ref>Selon L. Dulieu 1975, Modèle:P., la scolarité normale était de trois ans, la possibilité de réduction était prise au cas par cas, sans automatisme. En général tous ceux qui avait déjà étudié ailleurs en bénéficiaient ; ce fut le cas de François Rabelais.</ref>.

De retour à Paris, il obtient un baccalauréat de la faculté de médecine de cette ville en 1531<ref name="vitaBac" />. En 1535, lui et Fernel (qui, au collège de Cornouailles, enseignait également hors faculté) reçoivent la licence d'enseigner la médecine<ref name="Astruc337" />.

Sylvius est l'un des médecins les plus réputés de son époque. Travailleur, éloquent et influent<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref>, il a beaucoup plus d'étudiants (400 ou 500) que, par exemple, Jean Fernel ; Modèle:Citation. Il enseigne au collège de Tréguier et succède à Guido Guidi (Vidus Vidius) au Collège royal en 1553<ref name=LafaistN1/>.

Dubois ne s'est jamais marié. Il était singulier par son avarice, qu'on a rapportée à ses origines humbles et à son enfance dans la misère. Il ne donnait ses cours qu'à la condition d'être payé d'avance. Les étudiants dont il exigeait un paiement strict ont pu noircir sa réputation. Par exemple, le jour de ses funérailles fut éclaboussé par un scandale<ref name=":7">G. Baader 1985, op. cit., Modèle:P..</ref> : on trouva sur sa tombe l'épitaphe suivante<ref name=":1" /> :

« Ci-gît Sylvius qui, de son vivant, ne donna jamais rien pour rien. Mort, il se désole encore qu'on puisse lire cette ligne gratis<ref>Selon Antoine Drizenko 2004, Modèle:P.. L'auteur du distique serait George Buchanan, le texte original étant Modèle:Lang qu'on trouva placardé sur la porte de Sylvius après son décès.</ref>. »

Jacques Goupil lui succède à la chaire royale en médecine<ref name="Goujet8" />,<ref name="Lafaist146" />.

Contributions

Médecine

L'université de Paris est, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le centre de renaissance du galénisme, celui du galénisme basé sur les textes originaux de Galien lui-même (retour aux sources). Ce galénisme antique cherche à purifier le galénisme médiéval, fait de commentaires et de savoirs intermédiaires (scolastique, médecine arabe). Dubois est l'un des maîtres de cette période, défenseur du Galien original contre les arabistes, et aussi contre les anatomistes modernes, dont son propre élève André Vésale.

Anatomie

Dubois est d'abord professeur d'anatomie, pratiquant ses propres dissections. Il fait entièrement confiance à l'anatomie de Galien, qu'il considère comme une vérité supérieure. Lorsque son ancien élève Vésale publie sa Fabrica (1543) fondant l'anatomie moderne, il réplique en écrivant que le vrai corps humain est celui du temps de Galien, et qu'il s'est dégénéré depuis<ref name=":0"/>.

Dubois s'oppose aux illustrations de Vésale, considérant que l'image est inutile et néfaste. Aux yeux des médecins historiens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Dubois est coupable d'avoir fait un jeu de mots indigne contre Vesalius (Vésale) en l'appelant Vesanius (pour vésanie, terme désignant l'état des fous et insensés)<ref name=":2" />.

Toutefois, Dubois est le premier à introduire une nomenclature anatomique<ref name=":1" />, en particulier pour désigner les muscles<ref name=voirChauveau/>,<ref name=voirEycleshymer/>. Il distingue muscle volontaire et muscle involontaire<ref name=voirEycleshymer />. Le muscle carré plantaire portait le nom de « chair carrée de Sylvius ». Il fait la première description de la valvule semi-lunaire de la veine cave inférieure improprement appelée valvule d'Eustache<ref>L. Dulieu 1979, op. cit., Modèle:P..</ref>. Il a bien décrit l'os sphénoïde. L'osselet de Sylvius ou apophyse lenticulaire est une partie de l'enclume, dans la chaîne des osselets.

Il décrit aussi une technique d'injection de colorants. Il étudie les ventricules cérébraux<ref name=":1" /> par des coupes sagittales et transversales, méthode qui sera reprise par Vésale<ref>Modèle:Ouvrage. Dans M. D. Grmek (dir.), Histoire de la pensée médicale en Occident, Modèle:Vol., De la Renaissance aux Lumières.</ref>. Ici, Jacobus Sylvius (Jacques Dubois) ne doit pas être confondu avec Franciscus Sylvius (Franciscus de le Boë), du siècle suivant. Les appellations toujours bien connues : aqueduc de Sylvius, scissure de Sylvius viennent de Franciscus Sylvius (1614–1672) et non de Jacobus Sylvius<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Pathologie

Galien, qui se voulait aussi philosophe, est un auteur prolifique, dont les éléments de médecine pratique sont dispersés dans de nombreux ouvrages. Dubois effectue un travail de synthèse et de résumés, pour abréger, simplifier les textes médicaux et les rendre applicables en pratique réelle. Il existait déjà de nombreuses practica de santé médiévale, mais ces manuels restaient disparates, mêlant des éléments savants, avec des données empiriques populaires, magiques ou occultes<ref>Contrairement à ce qui se passera à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la médecine universitaire n'est pas en position de force par rapport aux médecines populaires et aux praticiens empiriques de toutes sortes.</ref>. Dubois estime ainsi que l'astrologie est inutile pour les médecins<ref name="astrologie" />.

Une partie de son œuvre est un retour pédagogique à Galien, qui se veut utile aux étudiants en médecine et aux praticiens de base. Dubois élabore des tables et des schémas, des plans de cours, que les étudiants pauvres pouvaient recopier entre eux et qui constituent de lointains ancêtres des polycopiés modernes<ref name=":3">Antoine Drizenko 2004, Modèle:P..</ref>. Il cherche à organiser le savoir médical en utilisant des dispositions typographiques particulières (arbres de classification)<ref>Antoine Drizenko 2004, Modèle:P..</ref>.

Il fait un travail de précision de définitions, apportant des innovations, au moins de forme, dans la description de la phrenitis (encéphalite), de l'apoplexie, de la catalepsie… Il corrige les barbarismes, opérant une « purification » linguistique des textes. Il échange des mots arabes ou latins contre des mots grecs ou inversement, par exemple spasmus en convulsio, congelatio en catalepsis... Il n'hésite pas à simplifier un texte pour le rendre plus compréhensible, ou à introduire des précisions personnelles quand il estime que c'est nécessaire à la pratique médicale<ref name=":7" />.

Thérapeutique

Dubois est partisan des remèdes simples, simplicia, c'est-à-dire basés sur une seule plante, et de préférence dans les plus communes et les moins coûteuses. Il s'oppose aux recettes composées, complexes, faites de produits rares et chers qui profitent plus aux apothicaires qu'aux malades, notamment aux apothicaires de Venise qui veulent reconstituer la thériaque. En cela, il critique ses contemporains arabistes trahissant l'enseignement d'Avicenne qui préférait aussi les produits locaux, les plus simples et les moins chers<ref name=":4">G. Baader 1985, op. cit., p.147–150.</ref>.

Comme les autres médecins de son époque qui cherchent un retour à Galien, Dubois ne peut se permettre d'ignorer la matière médicale arabe dans sa propre pratique. Il s'appuie donc sur l'autorité d'auteurs comme Mesué le jeune, en s'inspirant de Marco Gattinara (1442?–1496), professeur arabiste de l'université de médecine de Pavie. Il concilie sa pratique réelle avec sa fidélité à Galien, en faisant des auteurs qu'il suit et de leurs sources arabes une continuation véritable de Galien<ref name=":4" />.

Dubois reconnait que la doctrine d'Hippocrate et de Galien est mise en défaut dans plusieurs domaines, notamment quand il s'agit de traiter la peste ou la suette anglaise. Il s'appuie alors sur la tradition médiévale, sur l'expérience des médecins de Montpellier, sur la sienne propre et finalement, comme il le dit lui-même, sur la seule aide véritable, le salut de Dieu<ref name=":4" />.

Diététique

Dubois a écrit plusieurs traités de diététique consacrés aux problèmes de la pauvreté. Le premier, publié en 1542, est destiné aux étudiants pauvres, dont Dubois a fait partie. Dans sa préface, il explique que les étudiants pauvres souffrent de maladies sévères, à cause d'un mauvais régime et de remèdes mal utilisés. Il conseille alors l'hygiène et le rythme de vie quotidien adéquat d'un étudiant : coucher, sommeil, lever, aliments, boissons, habillement, exercices physiques, chauffage de la pièce d'étude et de la chambre à coucher, etc<ref>G. Baader 1985, op. cit., p.151–152.</ref>.

D'autres traités concernent la pauvreté en général, contre laquelle il ne peut donner aucun espoir de changement. Il essaie seulement d'aider à supporter la misère pour survivre. Ces traités sont des témoignages sur la condition et l'alimentation du petit peuple en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. En effet, à la fin du règne de [[François Ier (roi de France)|Modèle:Nobr]], et sous le règne d'[[Henri III (roi de France)|Modèle:Nobr]], les guerres d'Italie se terminent sur une grave crise économique et monétaire, accompagnée de disettes et pénuries de toutes sortes<ref name=":5">G. Baader 1985, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Pour Dubois, la médecine humorale de Galien donne des espoirs de survie. La faim et la soif ne dépendent pas tant de la situation sociale, que d'un mauvais équilibre des humeurs. Avec moins de nourriture, on peut maintenir un bon équilibre par un choix judicieux d'aliments, l'évitement des efforts physiques, et plus de sommeil (« qui dort dîne »). En dernière extrémité, il propose des eaux différemment aromatisées, et va jusqu'à prétendre qu'il serait possible de se nourrir d'odeurs et de parfums<ref name=":5" />.

Linguistique

Dubois est l'auteur de la Modèle:Citation. C'est en latin toutefois qu'il l'écrit, Modèle:Citation Ce texte serait une incursion isolée hors de la médecine si Dubois n'avait aussi composé quelques vers latins.

Modèle:Citation

Il reste opposé toute sa vie à l'utilisation du français dans les textes médicaux, car il estime que le français reste encore insuffisamment élaboré<ref name=":3" />.

Œuvres (sélection)

Les œuvres de Sylvius sont écrites en latin.

Linguistique

  • Modèle:Lang, Paris, Robert Estienne, 1531
    • Introduction à la langue française suivie d'une grammaire, traduction et notes de Colette Demaizière, Paris : Classiques Garnier Numérique : Champion Électronique

Médecine

Listes d'œuvres

Bibliographie

Compléments

Sylvius dans la fiction

Ludovico Arrivabene<ref name=attribution/>, ancien élève de Dubois, a écrit un dialogue facétieux, Sylvius ocreatus (Dubois botté<ref name=ocreatus/>), paru en 1555, qui met en scène Charon, passeur des morts dans la mythologie, Sylvius (Jacques Dubois), Giovanni Battista Montano<ref name=NPCMontano/>, connu pour son enseignement de la médecine à Padoue, et François Rabelais, que Dubois a rencontré<ref name=voixRabelais/>.

Les bottes dont il est question sont celles que Dubois réclama sur son lit de mort. Comme Dubois avait une solide réputation de pingrerie, Arrivabene imagine qu'il se les a fait mettre pour traverser le Styx et ainsi éviter de verser son obole à Charon.

Le texte comporte un palmarès des médecins de l'époque<ref name="palmarès"/>.

Éponymie

  • Muscle carré plantaire (caro quadrata Sylvii, littéralement chair carrée de Sylvius) aussi appelé muscle fléchisseur accessoire des orteils<ref name=voirDoctissimo/>,<ref name=Franciscus/>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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