Madame Guyon
Modèle:Voir homonymes Modèle:Sources à lier Modèle:Infobox Biographie2
Jeanne-Marie Bouvier de La Motte, appelée couramment madame Guyon, née le Modèle:Date de naissance<ref>Il n'est pas certain que Madame Guyon soit réellement née le 13 avril. – Dans son autobiographie (La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion : écrite par elle-même, Cologne, La Pierre, 1720, Modèle:T.I, sur books.google.fr, Modèle:P.8) elle écrit : « Je naquis, à ce que disent quelques uns, la veille de Pâques, le 13. d'Avril [...] de l'année 1648 ». Cependant, le 13 avril 1648 était le lundi après Pâques de cette année-là, et même dans les années autour de 1648, le Samedi saint ne tombait pas le 13 avril. – Comme les naissances en France n'étaient enregistrées que dans les registres paroissiaux jusqu'en 1792, il est possible que Madame Guyon soit effectivement née le 11 avril 1648, la veille de Pâques (Samedi saint), mais que sa naissance n'ait été inscrite dans les registres paroissiaux qu'après Pâques (le lundi après Pâques n'est devenu férié que sous Napoléon) et que la date de l'inscription (13 avril 1648) ait alors été transmise. Il est également possible que les personnes qui, selon le récit de Madame Guyon, ont indiqué que son anniversaire était la veille de Pâques, se soient trompées – ou qu'il y ait eu d'autres raisons pour lesquelles on a indiqué la veille et non le lendemain de Pâques comme jour de naissance.</ref> à Montargis, morte le Modèle:Date de décès à Blois, est une mystique française, catholique et laïque. Du quiétisme de Miguel de Molinos, elle retient le « pur amour », un amour de Dieu désintéressé, c'est-à-dire non corrompu par la perspective d'une récompense, par un espoir de salut.
Très en vue dans la haute société parisienne, elle se constitue un cercle de disciples, notamment Fénelon. Elle dispense également son enseignement dans le pensionnat de Saint-Cyr, d'où madame de Maintenon finit par l'écarter.
Bossuet se montre d'abord indulgent. Puis, craignant une baisse de la pratique religieuse, ainsi qu'une perte d'autorité du clergé, il prend bientôt parti contre madame Guyon dans la querelle française du quiétisme. Les écrits de madame Guyon sont examinés en 1694 et 1695 lors des conférences d'Issy, qui s'achèvent sur une sévère condamnation du quiétisme. Madame Guyon est emprisonnée. Resté fidèle à son inspiratrice, Fénelon entre en lutte contre Bossuet, ce qui lui vaut sa disgrâce.
Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'influence de madame Guyon est assez peu sensible chez les catholiques. Elle se rencontre surtout en milieu protestant — principalement en Suisse, chez les piétistes d'Allemagne du Nord et chez les méthodistes anglo-américains.
Biographie
Montargis
Jeanne-Marie Bouvier naît le Modèle:Date de naissance<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion : écrite par elle-même, Cologne, La Pierre, 1720, Modèle:T.I, sur books.google.fr, Modèle:P.8.</ref> à Montargis<ref name=Biographie>« Biographie de madame Guyon », sur temoignagesdeveil.com (consulté le 30 janvier 2020).</ref> dans une famille de petite noblesse. Son père, Claude Bouvier, seigneur de La Motte et de Vergonville, est maître des requêtes<ref>« Jeanne-Marie Guyon », sur biblisem.net, notice biographique extraite de Jeannine Moulin, La Poésie féminine, Paris, Sheghers, 1966 (consulté le 31 janvier 2020).</ref>. À Modèle:Unité, Jeanne-Marie lit des romans précieux. À Modèle:Unité, elle est marquée par la lecture d'œuvres de François de Sales, et par celle d'une vie de Jeanne de Chantal, qu'elle prend pour modèle<ref>Françoise Mallet-Joris, Jeanne Guyon, Paris, Flammarion, 1978, Modèle:P.24, 104-108.</ref>. Elle est mariée à Modèle:Unité au très riche Jacques Guyon du Chesnoy<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.26.</ref>, âgé de Modèle:Unité. Elle connaît cinq grossesses<ref name=Biographie/>. Deux fils et une fille atteignent l'âge adulte.
Après la disgrâce de Fouquet, la fille de celui-ci, Marie, duchesse de Béthune-Charost, arrive en exil à Montargis. Le père de madame Guyon lui loue un logis. La duchesse, très pieuse, très portée sur le mysticisme, exerce une influence décisive sur Jeanne-Marie<ref name=Armogathe>Jean-Robert Armogathe, « Guyon de Chesnoy Jeanne Marie Bouvier de la Motte, dite madame », sur universalis.fr, Encyclopædia Universalis, 2020 (consulté le 30 janvier 2020).</ref>.
À Modèle:Unité<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit Modèle:T.I, Modèle:P.80.</ref>, madame Guyon s’éveille à la vie intérieure en rencontrant le franciscain Archange Enguerrand<ref>Ghislain Waterlot, « Portrait de madame Guyon », sur mystiquefigures.com, 9 juillet 2018 (consulté le 30 janvier 2020).</ref>, à qui elle fait part de ses difficultés à prier. Modèle:Citation Il lui fait rencontrer la mère Geneviève Granger, prieure des bénédictines de sa ville natale<ref name=Archange>« Archange Enguerrand », sur cheminsmystiques.fr (consulté le Modèle:Date-).</ref>. Celle-ci la conseille. En mai ou Modèle:Date-, madame Guyon fait la connaissance du père La Combe, un barnabite<ref>Modèle:Ouvrage. </ref>. Le Modèle:Date-, Geneviève Granger la présente à Modèle:Lien<ref name=Bertot>Sur Jacques Bertot, voir Dominique Tronc, Jacques Bertot : directeur mystique, coll. « Sources mystiques », Toulouse, éd. du Carmel, 2005.</ref> (1622-1681), qui fut membre du cercle mystique normand de l'Ermitage de Caen, dirigé par Jean de Bernières<ref>Dominique Tronc, « Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon », sur cairn.be, Dix-Septième siècle, no 218, 2003, Modèle:P., Modèle:Nobr. Mis en ligne le Modèle:Date- (consulté le 31 janvier 2020).</ref>. « Monsieur Bertot », devenu confesseur à l'abbaye de Montmartre, à Paris, va être pendant dix ans le directeur mystique de madame Guyon<ref>Dominique Tronc, François Lacombe, Modèle:Opcit, Modèle:P.15.</ref>.
Voyages
Jacques Guyon meurt en 1676<ref>Jean-Jacques Antier, Le Mysticisme féminin : épouses du Christ, Paris, Perrin, 2001, Modèle:P.355.</ref>. À Modèle:Unité, Jeanne-Marie se trouve à la tête d'une belle fortune<ref name=Biographie/>. Soucieuse de Modèle:Citation, elle demande conseil à plusieurs religieux.
En 1680, à Paris, elle rencontre Jean d'Arenthon d'Alex, l'évêque de Genève. Il lui fait connaître l'œuvre des Nouvelles Catholiques, qui éduque de jeunes protestantes converties. Madame Guyon accompagne des religieuses de cette communauté à Gex, où elles vont fonder un institut. On lui propose, dans la perspective d'une donation de sa part<ref name=Biographie/>, d'en devenir la supérieure. Ayant confié ses deux fils à leur famille paternelle, elle n'emmène avec elle que sa fille Jeanne-Marie<ref name="Mallet-Joris p 32">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.32.</ref>, âgée de six ans. En 1681, mise en garde par Archange Enguerrand sur les méthodes d'enlèvement et d'abjuration employées<ref name=Archange/>, madame Guyon finit par refuser d'accéder à la demande des Nouvelles Catholiques<ref name=Biographie/>,<ref name="Tronc La vie">Dominique Tronc, « La vie et l'œuvre de madame Guyon », sur cheminsmystiques.fr, 2011 (consulté le 30 janvier 2020).</ref>.
D'Arenthon désigne le père La Combe comme nouveau directeur de conscience de madame Guyon<ref name="Mallet-Joris p 32"/>, en remplacement de Jacques Bertot qui vient de mourir. Avec La Combe, elle découvre que son propre rayonnement spirituel lui permet de Modèle:Citation. Vécue sous la forme de prière silencieuse, transmise de cœur à cœur, une union spirituelle est possible<ref>Eugène Lévesque, « Lettre du père Lacombe à madame Guyon », sur persee.fr, Revue d'histoire de l'Église de France, no 13, 1912, Modèle:P. (consulté le 7 février 2020).</ref> : Modèle:Citation
Elle se fait un ennemi en soustrayant une très jeune religieuse à l'emprise galante de l'abbé Garin, doyen de Gex<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.143 et 144, 146.</ref>. En 1682, elle est toujours à Gex. Sa fortune est convoitée à la fois par sa famille et par les Nouvelles Catholiques. Pour ne plus subir intrigues et pressions continuelles, pour avoir l'esprit en paix, elle se démet de la tutelle de ses enfants, ce qui la prive de la libre disposition de ses biens. Elle ne touche plus qu'une pension. En cas de décès des trois enfants, elle ne rentrerait pas en possession de sa fortune<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.34, 144 Modèle:Nobr.</ref>. D'Arenthon la met en demeure d'accepter le poste de supérieure des Nouvelles Catholiques, faute de quoi elle devra quitter Gex. La Combe refuse de faire pression sur elle. Tous deux sont dès lors victimes d'une campagne de calomnies menée par Garin et D'Arenthon<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.34, 146.</ref>.
À Thonon, elle séjourne deux ans au couvent des ursulines. Aidée de La Combe, elle fonde un hôpital<ref name="Mallet-Joris p 34">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.34.</ref>. Elle commence à écrire<ref name=Biographie/>. À la fin de l'année 1682<ref name="Tronc La vie"/>, elle compose Les Torrents, Modèle:Citation. Elle reçoit de nombreux laïcs, clercs et chartreuses. À leur intention, elle compose son Moyen court et très facile pour l’oraison et ses Explications de la Bible<ref>Dominique Tronc, « La genèse des explications de l’Écriture sainte », dans Madame Guyon, Explications de la Bible, sur cheminsmystiques.fr, 2011, Modèle:Nobr (consulté le Modèle:Date-).</ref>.
En 1684<ref name=Armogathe/>,<ref name="Mallet-Joris p 34"/>, le Moyen court paraît anonymement à Grenoble. Il y provoque une grande émotion<ref name="Mallet-Joris p 34"/>. Après un séjour à Turin, madame Guyon revient en France en 1685. À Grenoble, la foule se presse autour d'elle. Des rumeurs de sorcellerie et de fabrication de fausse monnaie sont propagées<ref name="Mallet-Joris p 36">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.36.</ref>. Madame Guyon distribue le Moyen court dans trois couvents de chartreuses, non loin de la ville<ref>Modèle:Article.</ref>. Il y rencontre un grand succès. Les religieuses s'en inspirent pour modifier leurs pratiques de prière<ref name=tippel9/>. Le général des chartreux Le Masson va bientôt s'en alarmer, au point qu'en 1692 il publiera un livre destiné à remplacer le Moyen court dans les couvents de son ordre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
En 1685, madame Guyon se rend à Marseille. Sa présence provoque des controverses. Des rumeurs calomnieuses circulent sur son compte<ref name=tippel9>Modèle:Harvsp.</ref>. Elle embarque pour Gênes. Elle rejoint La Combe à Verceil (Vercelli). En 1686, elle y fonde un hôpital<ref name="Mallet-Joris p 36"/>. Auprès de Ripa, évêque de Verceil, ainsi qu'à Turin, elle découvre le milieu quiétiste italien<ref name="Tronc La vie"/>. Elle revient en France, s'arrête à Grenoble<ref name="Mallet-Joris p 36"/> et à Dijon<ref name=tippel9/>.
Paris
Âgée de trente-huit ans, madame Guyon arrive à Paris le Modèle:Date-<ref name="Mallet-Joris p 36"/>, pour reprendre la direction du cercle spirituel qui s’était formé autour du confesseur Modèle:Lien<ref name=Bertot/>. Le demi-frère de madame Guyon, le père Dominique de La Motte, orchestre une campagne de calomnies. Jeanne-Marie est accusée de débauche et de quiétisme<ref name="Mallet-Joris p 36"/>.
Le père La Combe est arrêté le Modèle:Date-. Il est soupçonné d'être un hérétique et un ami de Miguel de Molinos, l'un des fondateurs du quiétisme<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, sur books.google.fr, Modèle:P.17, 30.</ref>. Le Modèle:Date-, Modèle:Unité de Molinos sont condamnées comme hérétiques par la constitution apostolique Caelestis Pastor d'Modèle:Souverain2<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Souverain2, « Condemning the Errors of Miguel de Molinos (Coelestis Pastor) », sur catholicculture.org, 2020 (consulté le 4 février 2020).</ref>. Le quiétisme est une méthode permettant Modèle:Citation. Le but est de parvenir à Modèle:Citation. Pour l'atteindre, il convient de faire le vide autour de soi, en se montrant entièrement passif. On renonce par conséquent aux formes actives de la piété, comme la prière. On se montre indifférent à tout ce qui ne favorise pas le bonheur mystique, notamment aux moyens traditionnels de mériter le salut (Modèle:Citation<ref name="Castex p 238"/>). Le quiétisme se distingue de la mystique traditionnelle en dédaignant Modèle:Citation.
Cette année-là, madame Guyon publie son Cantique des Cantiques de Salomon<ref name=Armogathe/>. Qu'une femme laïque ose aborder des questions de religion est exceptionnel à cette époque, dit Mariel Mazzocco. Modèle:Citation Le « quiétisme atténué<ref name=Lagarde>André Lagarde, Laurent Michard, [[Lagarde et Michard|Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]], coll. « Textes et littérature », Paris, Bordas, 1962, Modèle:P.423.</ref> » (ou « semi-quiétisme<ref name=Knight>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kevin Knight, « Miguel de Molinos », sur newadvent.org, 2017 (consulté le 4 février 2020).</ref> ») de madame Guyon ne retient de Molinos que l'enseignement du « pur amour »<ref name=Knight/>, c'est-à-dire un amour de Dieu délivré de toute perspective de récompense, de tout espoir de salut — espoir égoïste Modèle:Citation : Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, sur une plainte de l'archevêque de Paris, François Harlay de Champvallon, madame Guyon est enfermée chez les visitandines de la rue Saint-Antoine<ref name=Armogathe/>,<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Mémoires, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.252, Modèle:Nobr.</ref>,<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.44 Modèle:Nobr.</ref>. On lui retire sa fille, alors âgée de Modèle:Unité<ref name="Mallet-Joris p 38">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.38.</ref>. On reproche à madame Guyon d'avoir écrit Modèle:Citation (Moyen court et très facile pour l'oraison)<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.18, 37, 42.</ref>. Elle est accusée d'hérésie, puis de crime contre l'État<ref name="Mallet-Joris p 38"/>. L'archevêque Harlay, appâté par sa fortune<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.254.</ref>, souhaite marier son propre neveu à la fille de madame Guyon. Si cette dernière accepte cette union, elle est libre<ref name="Mallet-Joris p 38"/>. Madame de Maintenon, sensibilisée au sort de madame Guyon par des proches de celle-ci, intervient en sa faveur auprès de [[Louis XIV|Modèle:Louis XIV]]<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.87-90, 98.</ref>. Une lettre de cachet la fait libérer le Modèle:Date-<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.99.</ref>.
Elle se retire dans la communauté de madame de Miramion. Le Modèle:Date-, au château de Beynes<ref name=Chrono>« Chronologie de la vie de Fénelon », sur recherche-fenelon.com (consulté le Modèle:Date-).</ref>,<ref name=Nantes>Georges de Nantes, « Vraie religion, fausse mystique : Bossuet contre Fénelon », sur crc-resurrection.org, La Contre-Réforme catholique, no 95, août 1975 (consulté le 5 février 2020).</ref>, propriété de la duchesse de Béthune-Charost<ref name="Mallet-Joris p 38"/>, elle fait la connaissance de l'ambitieux abbé de Fénelon, un protégé de Bossuet<ref>Pierre-Georges Castex, Paul Surer, Modèle:Opcit, Modèle:P.233 et 234, 242.</ref>. Fénelon se montre d'abord circonspect<ref name=Armogathe/>,<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.122 Modèle:Nobr.</ref>. Il guide et corrige quelque peu madame Guyon, dans un souci de concilier son mysticisme et l'orthodoxie catholique<ref name="Castex p 238"/>. Après quoi, il est Modèle:Citation : le quiétisme de madame Guyon — dans lequel il voit surtout Modèle:Citation — va désormais fixer Modèle:Citation. Il s'abandonne Modèle:Citation. Madame Guyon devient sa directrice de conscience, sa Modèle:Citation<ref name="Castex p 238"/>,<ref name="Tronc Direction">Dominique Tronc, « La direction de Fénelon par madame Guyon », sur madameguyon.fr, 2015 (consulté le 4 février 2020).</ref>.
Pour Étienne Perrot, continuateur de Carl Gustav Jung, il existe entre madame Guyon et Fénelon une communauté d'âme proche du transfert psychanalytique, madame Guyon étant l'analyste et Fénelon le patient<ref>Étienne Perrot, La Voie de la transformation d'après C. G. Jung et l'alchimie, Vincennes, La Fontaine de Pierre, 2000.</ref>. Dominique Tronc estime pour sa part qu'il ne faut pas interpréter leur relation Modèle:Citation, ce qui la réduirait Modèle:Citation que leur mysticisme dépasse, comme le montre leur correspondance. Il s'agit ici, selon Dominique Tronc, de Modèle:Citation
[[Fichier:Pierre Mignard - Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon (1694).jpg|vignette|alt=De face, assise, accoudée à une table, un livre entrouvert à la main.|droite|redresse=1|Madame de Maintenon, épouse secrète de [[Louis XIV|Modèle:Louis XIV]].]]
Madame Guyon quitte la communauté de madame de Miramion pour aller vivre deux ans et demi chez sa fille<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.120.</ref>. Fénelon vante ses mérites aux ducs de Beauvilliers et de Chevreuse<ref name="Saint-Simon, t I, p 253">Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.253.</ref>. Madame Guyon se constitue un Modèle:Citation de Modèle:Citation, dont les principales sont la duchesse de Béthune-Charost, la duchesse de Mortemart et ses sœurs les duchesses de Beauvilliers et de Chevreuse, ainsi que la fille de cette dernière, la comtesse de Morstin. On y trouve aussi la comtesse de Guiche, fille aînée du duc de Noailles, ainsi que Camille de Vérine de L'Échelle et Isaac du Puy, tous deux gentilshommes de la manche du duc de Bourgogne<ref name="Saint-Simon p 254"/>. Madame de Maintenon apprécie beaucoup madame Guyon<ref name="Saint-Simon, t I, p 253"/>.
Modèle:Louis XIV marque sa confiance à Fénelon<ref>Michel Mourre, Modèle:Opcit, Modèle:P.1065.</ref> en le nommant le Modèle:Date- précepteur de son petit-fils, le duc de Bourgogne ; et le Modèle:Date- précepteur d'un autre de ses petits-fils, le duc d'Anjou<ref name=Chrono/>.
Saint-Cyr
En 1686, Modèle:Louis XIV a créé, à la demande de madame de Maintenon, un pensionnat pour jeunes filles de la noblesse pauvre<ref>Modèle:Citation La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.87.</ref>, la Maison royale de Saint-Louis, à Saint-Cyr<ref>« La Maison royale de Saint-Louis de Saint-Cyr », sur conseilduroi.fr (consulté le 4 février 2020).</ref>. Les pensionnaires y sont sous la responsabilité de Modèle:Unité<ref>Jacques Poisson, « L'apothicairie de la Maison royale de Saint-Cyr », sur persee.fr, Revue d'histoire de la pharmacie, no 327, 2000, Modèle:P.395 (consulté le 4 février 2020).</ref>. Fénelon est directeur de conscience de dames de Saint-Cyr<ref name=Norgaard>Lars Nørgaard, Hugues Pasquier, « Les « petits carnets » de madame de Maintenon : grandeur de la direction spirituelle (1688‑1709) », sur journals.openedition.org, Revue de l’histoire des religions, 2016, Modèle:Nobr. Mis en ligne le Modèle:Date- (consulté le 2 février 2020).</ref>. À partir de l'automne 1689, il dirige aussi madame de Maintenon<ref name=Norgaard/>,<ref>« En quoi la lettre de Fénelon est-elle une attaque directe à Modèle:Louis XIV, à son régime et à sa politique ? », sur pimido.com, 2020 (consulté le Modèle:Date-).</ref>,<ref name=Dubois>Elfrida Dubois, « Le cheminement spirituel de madame de Maintenon », sur persee.fr, Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 2, 1999, Modèle:P.387 (consulté le Modèle:Date-).</ref>. Mais il trouve bientôt un rival en la personne de Paul Godet des Marais, qui va devenir évêque de Chartres. Lui aussi dirige des dames de Saint-Cyr et madame de Maintenon<ref name=Norgaard/>. Sachant cette dernière sensible aux nouveautés, Fénelon pense pouvoir discréditer le peu mondain et peu spirituel Godet<ref>Fénelon Modèle:Citation. Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.272.</ref> en faisant admettre madame Guyon à Saint-Cyr. Madame de Maintenon accepte d'accueillir madame Guyon<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.272.</ref>. Celle-ci fait des séjours de plus en plus longs dans le pensionnat, et y recrute des disciples. Elle va y rester trois ou quatre ans<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.123.</ref>. Ses écrits sont Modèle:Citation. Modèle:Citation
Pour Saint-Simon, l'erreur de Fénelon est d'avoir lourdement sous-estimé son adversaire<ref name="Saint-Simon, t I, p 273">Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.273.</ref>. Godet se fait fort de trouver à redire dans la Modèle:Citation de madame Guyon. Modèle:Citation Godet charge deux dames, dont il est sûr, de se faire admettre comme disciples de madame Guyon, et de gagner sa confiance<ref name="Saint-Simon, t I, p 273"/>. Sur le rapport de ces deux femmes, il juge dangereux le mysticisme de madame Guyon<ref name=Dubois/>, et le Modèle:Date- madame de Maintenon chasse madame Guyon de Saint-Cyr<ref name=Chrono/>,<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.274.</ref>.
Durant l'été, Fénelon conseille à son amie d'entrer en contact avec Bossuet<ref name=Chrono/>,<ref name="Lagarde p 424">André Lagarde, Laurent Michard, Modèle:Opcit, Modèle:P.424.</ref>,<ref name=Nantes/>, la voix la plus influente de l'épiscopat français (Modèle:Citation, dit Saint-Simon). Indice encourageant, Bossuet, quelques années plus tôt, a lu deux livres de madame Guyon (le Moyen court et très-facile de faire oraison et Le Cantique des Cantiques de Salomon), et il les a trouvés Modèle:Citation<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.142.</ref>. Fénelon quant à lui a toujours la confiance du roi, puisque le Modèle:Date- il devient précepteur d'un troisième petit-fils de Modèle:Louis XIV, le duc de Berry<ref name=Chrono/>.
Le duc de Chevreuse ménage une entrevue entre Bossuet et madame Guyon, chez elle. L'évêque se montre bienveillant, mais insensible à l'émoi spirituel de son interlocutrice<ref name=Nantes/>. Il emporte le manuscrit des deux premières parties de son autobiographie, La Vie écrite par elle-même<ref name=Nantes/>. Plus tard, il confie à Chevreuse qu'il y a trouvé Modèle:Citation, qu'il l'a lue trois jours durant Modèle:Citation. Madame Guyon fait remettre à l'évêque ses autres livres<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.144.</ref>. Après quelques mois d'examen, Bossuet juge madame Guyon Modèle:Citation.
Au début de l'année 1694, il a une nouvelle entrevue avec elle. Madame Guyon s'étonne d'un changement dans son attitude. Il se montre cette fois hostile et agressif<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.145.</ref>. Après un échange de lettres, il finit cependant par déclarer qu'il n'a rien trouvé en madame Guyon Modèle:Citation. Il consent à lui administrer les sacrements<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.166 et 167, 182.</ref>. En février, Fénelon s'entretient avec lui<ref name=Chrono/>. Il plaide la cause de madame Guyon<ref name="Mourre p 1066"/>.
Premières conférences d'Issy
En juin, madame Guyon doit faire face à de nouvelles attaques de l'archevêque Harlay. Elle sollicite auprès de madame de Maintenon un examen de ses écrits par des personnes pieuses et savantes<ref name=Nantes/>, qui jugeraient en même temps de ses mœurs. Madame de Maintenon donne son accord, mais pour ce qui est de la seule doctrine : Modèle:Citation
Fin juillet, ont donc lieu au séminaire Saint-Sulpice, à Issy, les premières « conférences d'Issy », échanges sur le quiétisme entre Bossuet, Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons, et Louis Tronson, supérieur général de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Harlay, l'archevêque de Paris, est écarté<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.180.</ref>. Madame de Maintenon fait pression sur le conciliant Noailles et le pusillanime Tronson — et sur Bossuet, si l'on en croit madame Guyon<ref name="La Vie p 202">La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.202.</ref> — pour que les conférences aboutissent à une condamnation<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.305.</ref>. Bossuet, voulant se rendre Modèle:Citation, est devenu le Modèle:Citation de madame Guyon. Il voit dans le quiétisme une sorte de déisme. Il craint que la communication directe avec Dieu ne conduise les fidèles à se passer de la pratique religieuse, de l'autorité des dogmes et de celle du clergé<ref name="Dict. œuvres"/>,<ref>Martin Henry, « Mysticisme et christianisme », sur cairn.info, Études théologiques et religieuses, février 2005, Modèle:T.20, Modèle:P.. Mis en ligne le 22 octobre 2013 (consulté le 9 février 2020).</ref>. Fénelon, Modèle:Citation, manœuvre discrètement de son côté pour défendre madame Guyon<ref name=Nantes/>. Il réunit des dossiers concernant les grandes figures mystiques du christianisme, sainte Thérèse d'Avila, saint François de Sales<ref name=Chrono/>,<ref name="Lagarde p 424"/>.
Les conférences reprennent de fin août à début septembre<ref name=Chrono/>. Le Modèle:Date-, sans attendre leur résultat, l'archevêque Harlay condamne par une ordonnance le Moyen court et très facile de faire oraison<ref name=Armogathe/>,<ref name=Chrono/>,<ref name="Mallet-Joris p 42">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.42.</ref>. Répandues par des personnalités religieuses comme le cardinal Le Camus, évêque de Grenoble, des rumeurs odieuses commencent à circuler sur le compte de madame Guyon. Des menaces sont proférées contre lui<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.40, 42, 286 et 287, 289, 292-297.</ref>. Elle est désignée comme victime propitiatoire : par Harlay, qui cherche à compromettre madame de Maintenon, et à se donner de l'importance ; par les jansénistes, qui entrent en jeu ; par les confesseurs, qui crient au manque à gagner ; par les ennemis politiques de l'entourage du duc de Bourgogne (Beauvilliers et Chevreuse sont amis de madame Guyon) ; par des croyants qui imaginent l'Église Modèle:Nobr Les conférences se poursuivent en novembre et décembre<ref name=Chrono/>. Madame Guyon propose alors à Bossuet d'aller passer quelque temps dans son diocèse pour qu'il puisse l'interroger tout à loisir<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.208.</ref>.
Meaux
Début Modèle:Date-, elle se rend donc à Meaux, ville dont Bossuet est l'évêque<ref name="Tronc La vie"/>,<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.367, Modèle:Nobr.</ref>. Elle va séjourner six mois au couvent Sainte-Marie des visitandines<ref name="Saint-Simon t I, p 367">Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.367.</ref>,<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.224.</ref>. Bossuet s'informe pleinement de sa doctrine, et s'emploie à l'y faire renoncer<ref name="Saint-Simon t I, p 367"/>. Ses interventions sont violentes<ref name="Mallet-Joris p 42"/>.
Le Modèle:Date-, Fénelon est nommé archevêque de Cambrai<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.250, Modèle:Nobr.</ref>. Le Modèle:Date-<ref name=Chrono/>, tandis que madame Guyon reste à Meaux<ref>La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, Modèle:Opcit, Modèle:T.III, Modèle:P.217.</ref>, les conférences d'Issy reprennent. En mars, Fénelon est invité à la dernière conférence<ref>« 1694-1695 : Bossuet, Fénelon et les Conférences d'Issy », sur historim.fr, 15 janvier 2012 (consulté le 16 février 2020).</ref>. Elle se termine sur une condamnation sévère du quiétisme. Elle affirme Modèle:Citation. Modèle:Citation
Mallet-Joris reconnaît qu'il est difficile d'établir une chronologie de la période qui suit (avril-Modèle:Date-) : madame Guyon est parfois vague sur les dates et Bossuet fait erreur<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.339.</ref>. En avril, à Meaux, Bossuet tente de faire signer à madame Guyon un aveu d'hérésie<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P.42, 325 et 326, 330.</ref>. Exaspéré par son refus, il se laisse aller à son tempérament emporté<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P., 272-274, 285, 321, 328.</ref>. Le Modèle:Date-, madame Guyon signe une adhésion à la censure de ses livres, sans aveu d'hérésie. Bossuet lui fournit une attestation d'orthodoxie<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Il lui demande de se faire discrète, d'éviter Paris<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Elle quitte Meaux Modèle:Citation, en compagnie de la comtesse de Morstin, dans l'équipage de la duchesse de Mortemart<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.367, Modèle:Nobr, et 368.</ref>.
Emprisonnée
Elle reste peu de temps à Paris. Elle séjourne un moment à Bourbon. Madame de Maintenon reproche vivement à Bossuet d'avoir donné l'attestation d'orthodoxie. Il demande aussitôt à madame Guyon de retourner à Meaux. Elle refuse<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Elle revient à Paris clandestinement<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.274, Modèle:Nobr.</ref>. Elle change plusieurs fois de nom et de domicile<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Harlay, l'archevêque de Paris, meurt le Modèle:Date-. À l'insu des jésuites, madame de Maintenon réussit à le faire remplacer par Louis-Antoine de Noailles<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.258 Modèle:Nobr.</ref>. Découverte, madame Guyon est incarcérée le Modèle:Date- dans le donjon de Vincennes<ref name="Saint-Simon t I, p 367"/>.
Fénelon de son côté n'est pas menacé<ref name="Castex p 238"/>. Mais, le Modèle:Date-, il fait preuve d'une remarquable fidélité<ref name="Lagarde p 424"/> : il refuse d'approuver l'Instruction sur les états d'oraison de Bossuet, en raison des attaques dont madame Guyon y fait l'objet<ref name=Chrono/>, <ref name="Lagarde p 424"/>. La rupture est consommée entre les deux prélats. Bossuet, devenu le champion de la lutte contre le quiétisme<ref name="Castex p 238"/>, voit dans cette doctrine Modèle:Citation. En Modèle:Date-, Fénelon fait paraître l'Explication des maximes des saints<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.368, Modèle:Nobr.</ref>, Modèle:Citation. Il y établit que Modèle:Citation, en attaquant madame Guyon<ref name=Nantes/>. Débute alors une violente querelle. Elle va opposer l'archevêque de Cambrai à l'évêque de Meaux de Modèle:Date- à Modèle:Date-<ref name=Nantes/>. Modèle:Citation Fénelon se sent fort de l'appui des jésuites à Rome<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.370 et 371.</ref>. Mais Modèle:Louis XIV exprime sa colère devant les jésuites. Inquiets, ils décident de Modèle:Citation à Versailles, tout en tenant ferme à Rome. Et, le Modèle:Date-, en chaire, les jésuites La Rue, Bourdaloue et Gaillard<ref>Honoré Gaillard, prédicateur très apprécié. Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.170, Modèle:Nobr.</ref> et tous les prédicateurs jésuites de Versailles et de Paris condamnent le quiétisme<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.373 et 374. — Mémoires du marquis de Sourches, sur archive.org, Paris, Hachette, 1885, Modèle:T.V, Modèle:P.255.</ref>. Le Modèle:Date-, Fénelon demande à Modèle:Louis XIV l'autorisation d'aller défendre son livre devant le pape<ref name=Chrono/>. Le roi la lui refuse<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.379.</ref>. Le Modèle:Date-, Fénelon est chassé de la cour. Il reçoit l'ordre de se retirer dans son diocèse de Cambrai<ref name=Chrono/>. Il quitte Paris deux jours plus tard<ref>Yves Coirault, dans Saint-Simon, Modèle:Opcit, 1983, Modèle:T.I, Modèle:P.379, Modèle:Nobr.</ref>.
Du fort de Vincennes, madame Guyon a été transférée en 1696 dans un couvent de Vaugirard, puis le Modèle:Date- à la Bastille<ref name="Tronc La vie"/>,<ref name=Chrono/>,<ref name=Biography>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Biography of Madame Guyon », sur womenofchristianity.com, 10 mai 2011 (consulté le 30 janvier 2020).</ref>. Elle a été emprisonnée sans raison précise (ce qui est rendu possible par une lettre de cachet). Une campagne de calomnies l'a fait suspecter de mauvaises mœurs. La Reynie, le lieutenant général de police, écarte rapidement cette piste pour se concentrer sur ce qui devient le principal soupçon, celui d’avoir fondé une secte, une « petite Église » secrète<ref>Michèle Rosellini, « Les récits de captivité de Jeanne-Marie de la Mothe Guyon ou les contrariétés du désir de prison », sur journals.openedition.org, Les Dossiers du Grihl, janvier 2011, Modèle:Nobr. Mis en ligne le 28 décembre 2011 (consulté le 2 février 2020).</ref>. Mais les pressions violentes — celles de La Reynie, puis de D'Argenson (Modèle:Unité), celles du confesseur imposé, celles de Noailles, le nouvel archevêque de Paris — ne mènent à rien<ref>Michèle Rosellini, Modèle:Opcit, Modèle:Nobr Modèle:Nobr.</ref>,<ref>Les Années d'épreuves de madame Guyon : emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien, Paris, Champion, 2009.</ref>.
Château de Diziers et Blois
Madame Guyon est libérée à Modèle:Unité, le Modèle:Date<ref>Michèle Rosellini, Modèle:Opcit, Modèle:Nobr Modèle:Nobr.</ref>. Elle est assignée à résidence chez son fils Armand-Jacques, au château de Diziers, dans le Blésois. En 1704, le pasteur Pierre Poiret entreprend d'éditer ses œuvres complètes<ref name="Mallet-Joris p 474">Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. En 1706, elle est autorisée à vivre seule, d'abord à la campagne, puis à Blois<ref name="9 juin 1717">« 9 juin 1717, mort d’une « dame remarquable », madame Guyon », sur culture41.fr, juin 2017 (consulté le 4 février 2020).</ref>,<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Par les amis d'outre-Manche de Poiret, les Écossais et les Anglais découvrent madame Guyon, lui écrivent et lui rendent visite<ref name="Mallet-Joris p 474"/>. Elle forme des disciples — catholiques et protestants —, dans une discrétion totale<ref name="9 juin 1717"/>,<ref>Pour la période 1681-1717, voir Madame Guyon, Correspondance, Paris, Champion, 2003-2005, 3 vol. — Pour la période qui suit sa libération, voir Madame J.-M. B. de La Mothe-Guion, Discours chrétiens et spirituels, Paris, Libraires associés, 1790.</ref>.
Dans son exil de Cambrai, Fénelon accueille et ramène à la foi le chevalier de Ramsay, ancien protestant devenu adepte du spinosisme et du déisme, qu'il baptise et prend en 1709 à Cambrai comme secrétaire. Puis il le recommande pour devenir, en 1714, le secrétaire de madame Guyon. L'archevêque de Cambrai meurt l'année suivante.
Madame Guyon meurt à Blois le Modèle:Date de décès<ref name="9 juin 1717"/>, à l'âge de Modèle:Unité. Elle est inhumée dans l'hospice des récollets. Sa sépulture est brisée lors de la destruction de l'église, pendant la Révolution<ref>Françoise Mallet-Joris, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Postérité, influence, hommages
Les premiers éditeurs des œuvres de madame Guyon sont des protestants : le théologien français Pierre Poiret, qui l'a rencontrée à Blois ; puis le pasteur suisse Dutoit-Membrini, qui fonde à Lausanne, vers le milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le Cercle lausannois des Âmes Intérieures où sont lus ses écrits<ref name=mazzocco/>. Son influence se fait sentir également sur l'écrivain allemand Modèle:Lien<ref>« Un dernier jalon de cette rencontre entre protestantisme et mystique est Gerhard Tersteegen (1697-1769) », sur hemed.univ-lemans.fr (consulté le 9 février 2020).</ref>, sur le théologien anglais John Wesley (l'initiateur du méthodisme), et sur les quakers<ref name=Biography/>. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'influence de madame Guyon est notable avant tout en milieu protestant — principalement en Suisse, chez les piétistes d'Allemagne du Nord et chez les méthodistes anglo-américains<ref name=mazzocco/>. Elle demeure discrète en milieu catholique, mais elle s'avère déterminante sur l'Abandon à la Providence divine, longtemps attribué au père de Caussade<ref>« L'Abandon à la Providence divine », sur franceculture.fr (consulté le 9 février 2009).</ref>.
Son œuvre est citée au début du roman Anton Reiser de Karl Philipp Moritz (1785)<ref>Anne Lagny, « Anton Reiser ou l’impossible totalité du roman psychologique », sur journals.openedition.org, Revue germanique internationale, no 4, 2006, Modèle:P.175-184, Modèle:Nobr Modèle:Nobr.</ref>.
Dans le récit autobiographique Cécile, Benjamin Constant évoque sa découverte, à Lausanne, des écrits de madame Guyon : Modèle:Citation
Athée, misogyne, Schopenhauer rend cependant hommage à madame Guyon, dans Le Monde comme volonté et comme représentation : Modèle:Citation
Œuvres
Madame Guyon laisse une quarantaine de livres, Modèle:Citation. Considérant que l'âme doit se libérer de tout élan individuel pour n'être soumise qu'à la grâce divine, madame Guyon fait peu de cas de la recherche esthétique. Elle écrit dans un état second, dans le seul mouvement de l'inspiration. Se relire ou se corriger serait céder à l'amour-propre. Cependant, dit Mallet-Joris, on pourrait tirer de son œuvre complète Modèle:Citation. On trouve une liste de ses œuvres sur le site de la Bibliothèque nationale de France.
- Torrents spirituels :
- publication partielle dans Les Opuscules spirituels de madame J.-M. B. de La Mothe Guyon, Cologne, Poiret ; [Amsterdam], La Pierre, 1704 ;
- publication dans Les Opuscules spirituels, Paris, Libraires associés, 1790, Modèle:Unité Schopenhauer possédait plusieurs ouvrages de ou sur madame Guyon, et notamment cette édition de 1790 ;
- Les Torrents et Commentaire au Cantique des Cantiques de Salomon, Grenoble, Millon, 1992.
- Douze discours spirituels, coll. « Petite collection d'auteurs mystiques », Paris, Bibliothèque Chacornac, 1903. Lire en ligne sur gallica.bnf.fr.
- Moyen court et très-facile de faire oraison que tous peuvent pratiquer tres-aisement, Lyon, Briasson, 1686. Lire en ligne sur gallica.bnf.fr.
- Le Cantique des Cantiques de Salomon interprété selon le sens mystique et la vraie représentation des états intérieurs, [par madame Guyon, d'après Antoine-Alexandre Barbier], Lyon, Briasson, 1688.
- Discours chrétiens et spirituels sur divers sujets qui regardent la vie intérieure, tirés la plupart de la Sainte Écriture, Paris, Libraires associés, 1790.
- La Vie de madame J.-M. B. de La Mothe Guion, écrite par elle-même :
- Amsterdam, La Pierre, 1720, 3 vol. ;
- rééd. à l’identique, Londres, Dutoit, 1790 ;
- Paris, Libraires associés, 1791. Lire en ligne sur gallica.bnf.fr ;
- La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, éd. critique avec introduction et notes de Dominique Tronc, étude littéraire par Andrée Villard, coll. « Sources classiques », Paris, Champion, 2001. Édition en cinq parties : les parties 1 Modèle:Nobr correspondent aux trois volumes de La Vie par elle-même (version augmentée des apports d’une première rédaction restée manuscrite) ; la Modèle:Nobr correspond au manuscrit des Récits de captivité ; la Modèle:Nobr rassemble des témoignages sur la dernière période vécue à Blois.
- Lettres chrétiennes et spirituelles sur divers sujets qui regardent la vie intérieure ou l’esprit du vrai christianisme :
- Cologne, Poiret ; [Amsterdam], La Pierre, 1717 et 1718 ;
- nouvelle édition enrichie de la correspondance secrète de M. de Fénelon avec l’auteur, Londres, Dutoit, 1767 et 1768 ;
- Madame Guyon et Fénelon : la correspondance secrète, avec un choix de poésies spirituelles, présenté par Benjamin Sabler et Étienne Perrot, Paris, Dervy, 1982. Édition partielle non critique ;
- Correspondance, éd. Dominique Tronc, coll. « Correspondances », Paris, Champion : Modèle:T.I Directions spirituelles, 2003 ; Modèle:T.II Combats, 2004 ; Modèle:T.III Chemins mystiques, 2005. Correspondance active et passive largement augmentée, notamment par l’édition du fonds manuscrit préservé aux archives Saint-Sulpice de Paris.
Notes et références
<references />
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Guerrier, Madame Guyon, sa vie, sa doctrine et son influence, d'après les écrits originaux et des documents inédits, thèse présentée à la faculté des lettres de Paris, Orléans, Herluison, 1881. Ouvrage pionnier encore utilisable.
- Pierre-Maurice Masson, Fénelon et madame Guyon : documents nouveaux et inédits, Paris, Hachette, 1907.
- Louis Cognet, Crépuscule des mystiques, Paris, Desclée, 1958. La plus grande partie de cet ouvrage devenu classique porte sur le vécu de Madame Guyon avant 1695.
- François Ribadeau Dumas, Fénelon et les saintes folies de madame Guyon, Genève, Mont-Blanc, 1968.
- Françoise Mallet-Joris, Jeanne Guyon, Paris, Flammarion, 1978. Vivante évocation de la vie à la courModèle:Etc
- Marie-Louise Gondal, Madame Guyon, 1648-1717 : un nouveau visage, Paris, Beauchesne. 1989. Reprend L'Acte mystique : témoignage spirituel de madame Guyon (1648-1717), thèse de doctorat en théologie, facultés catholiques de Lyon, chez l'auteur, 1985.
- Marie Cariou, « Bergson entre madame Guyon et Rousseau », Lectures bergsoniennes, Paris, PUF, 1990.
- Jean Orcibal, « Le cardinal Le Camus témoin au procès de madame Guyon » (1974, Modèle:P.) ; « Madame Guyon devant ses juges » (1975, Modèle:P.) ; « Introduction à Jeanne Marie Bouvier de la Mothe-Guyon : les opuscules spirituels » (1978, Modèle:P.), dans Études d’histoire et de littérature religieuse, Paris, Klincksieck, 1997.
- Madame Guyon : rencontres autour de la vie et l’œuvre de Madame Guyon, Grenoble, Millon, 1997. Contributions des meilleurs spécialistes.
- Les Années d'épreuves de madame Guyon : emprisonnements et interrogatoires sous le roi très chrétien, Paris, Champion, 2009. Documents biographiques rassemblés et présentés chronologiquement par Dominique Tronc, étude par Arlette Lebigre.