Mekonnen Welde Mikaél
Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Unicode éthiopique Modèle:Infobox Personnalité militaire Modèle:Article audio
Le ras Mekonnen Welde Mikaél (ge'ez : ራስ መኰንን ወልደ ሚካኤል, <templatestyles src="Prononciation/styles.css" />{{#invoke:Prononciation|prononciation}}) (Modèle:Date- - Modèle:Date-), également connu sous son nom de cavalier Abba Qagnew (ge'ez : አባ ቃኘው) est un homme politique et militaire éthiopien. Il est le père de Teferi Mekonnen, plus connu sous le nom de règne d'Haïlé Sélassié.
Durant toute sa carrière, Mekonnen travaille en collaboration avec son cousin, Menelik II, négus du Choa puis neguse negest de l'Empire ; ces deux hommes constituent, selon l'historien officiel S. Pierre Pétridès, « Les constructeurs de l'Éthiopie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle»<ref name="Pétridès-28"/>.
Né dans le royaume du Choa, en Éthiopie, et descendant de la noblesse éthiopienne, il prend part à l’âge de Modèle:Nobr aux campagnes de Menelik II. Il participe notamment à la conquête du Hararghe dont il devient gouverneur jusqu'à son décès. Par là, il assure le contrôle sur toute la région de l'Ogaden et constitue un vaste glacis de protection sur la façade orientale de l'Empire éthiopien. Il dote la région d'infrastructures administratives et réussit à assurer une cohabitation entre les nouveaux habitants de Harar, de confession chrétienne orthodoxe, et la population locale musulmane.
Représentant l'Éthiopie lors des négociations du traité de Wouchalé (1889) conclu avec les Italiens, il conduit dans les années suivantes une série de réformes économiques et financières afin de préparer le pays à la première guerre italo-éthiopienne. Au cours de celle-ci, déclenchée en 1895, il mène les troupes éthiopiennes aux premières victoires d'importance à Amba Alagi et Mekele, puis participe à la bataille d'Adoua (Modèle:Date-) qui termine le conflit par une victoire éthiopienne.
De retour au Hararghe, il participe à partir de 1897 aux expéditions vers l'ouest de l'Éthiopie. En 1901, Mohammed Abdullah Hassan lance une campagne contre les populations de l'Ogaden qui refusent de suivre son insurrection contre la présence britannique. En dépit du soutien britannique, la contre-offensive menée par Mekonnen ne parvient pas à soumettre le mouvement.
En 1902, il assiste à Londres au couronnement d’Edouard VII puis se rend en France en juillet où il est reçu par le président Émile Loubet et participe aux festivités du Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>. Les années suivantes, il organise, en coordination avec le Royaume-Uni, une nouvelle expédition militaire contre Mohammed Abdullah Hassan sur l'Ogaden.
Le Modèle:Date-, alors qu'il part en direction d'Addis-Abeba, Mekonnen meurt à Kulubi. Organisée à Addis Abeba, la cérémonie du teskar, à laquelle assistent Modèle:Unité personnes, est présidée par Menelik II.
Jeunesse et débuts politiques
Mekonnen Welde Mikaél naît le Modèle:Date- à Derefo Maryam, une ville du district de Gola, dans le royaume du Shewa<ref name="Pétridès-28">S. Pierre Pétridès, Le Héros d'Adoua. Ras Makonnen, Prince d'Éthiopie, Modèle:P.</ref>. Petit-fils du Négus Sahle Selassié par sa mère, Tenagne Werq Sahle Selassié et fils du Dejazmach Welde Mikaél, général et gouverneur des districts de Menz et de Doba<ref name="Pétridès-28"/>, Mekonnen est également cousin germain de Menelik II. Dès son plus jeune âge, un tuteur se charge de l'éduquer « selon la coutume des princes » ; on lui enseigne à manier les armes, à galoper, à jouer au begena ainsi qu'aux échecs. Parmi les nombreux livres qu'il étudie, on peut citer le Fetha Negest, un code juridique dont il commence la lecture à quatorze ans<ref name="Pétridès-29">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
En 1866, Welde Mikaél présente son fils à Menelik II, Negus du Shewa, avec les paroles suivantes : « Voici mon fils et le fils de votre tante. Je le place entre vos mains. S'il vous plaît, laissez-le grandir avec vous, dans votre palais »<ref name="Pétridès-29"/>. Le souverain shewan confie à son jeune cousin des missions généralement accomplies avec succès<ref name="Pétridès-29"/> lui permettant d'entrer en contact avec le monde politique. Ces collaborations entre Mekonnen et Menelik ne sont que les premières d'une longue série ; durant toute leur carrière, les deux hommes travaillent ensemble et deviennent, selon les termes de Pétridès, « les constructeurs de l'Éthiopie du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:| }} }} »<ref name="Pétridès-28"/>. Progressivement, la relation de travail se transforme en véritable amitié et en 1876<ref name="Pétridès-30">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, Menelik élève Mekonnen, âgé de Modèle:Nombre, à la dignité de Balambaras.
Rentré pour de bon dans la vie publique, il assiste désormais aux conseils de guerre tenus par Menelik II<ref name="Pétridès-34">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Comme l'exige l'usage shewan, c'est le plus jeune, en l'occurrence Mekonnen, qui s'exprime prioritairement. Ses avis, « sagaces et circonspects », attirent l'attention des autres dignitaires et lui valent respect et confiance<ref name="Pétridès-34"/>. En 1881, il devient un des trésoriers du palais. Plus tard, il est nommé gouverneur du Wabari, un petit district à l'ouest d'Entoto<ref name="Ofcansky-266">David Hamilton Shinn et Thomas P. Ofcansky, Historical Dictionary of Ethiopia, Scarecrow Press, 2004, Modèle:P.</ref>.
En dehors des Conseils, Mekonnen passe le plus clair de son temps avec ses soldats auxquels il fournit les meilleurs équipements venus d'Europe<ref name="Pétridès-34"/>. Sa troupe compte progressivement près de Modèle:Unité hommes et participe aux campagnes de l'armée shewane commencées en Modèle:Date- contre les Oromos de Temouja. Il se retrouve en tête de colonne et parvient à repousser ses ennemis au-delà de l'Awash. En Modèle:Date-, il prend part à la première grande expédition du Shewa contre les Arsis Oromos ; il atteint le lac Ziway et s'arrête au mont Chilalo. La campagne s'avère plus longue que prévu en raison des attaques incessantes, de jour comme de nuit, auxquelles il résiste en faisant preuve « de sang-froid et d'initiative ». Mekonnen et ses troupes participent également à la guerre contre le Godjam, déclenchée vers Modèle:Date- et remportée le Modèle:Date-, par les Shewans lors de la bataille d'Embabo. En 1886, il contribue au succès de la seconde campagne contre les Arsis Oromos, refoulés au-delà du lac Ziway.
La prise de Harar et la nomination au poste de gouverneur
La conquête militaire du Hararghe
C'est en 1887, lorsque le Shewa envisage de partir à la conquête du grand est et notamment de la Hararghe, que la carrière politique de Mekonnen va véritablement décoller.
En 1885, la ville de Harar sort de dix années d'occupation égyptienne<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et les Italiens souhaitent combler ce qu'ils appellent un « vide »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Par ailleurs, l'arrivée au pouvoir d'Abd Allah II ibn Ali Abd ash-Shakur vers 1884/1885 a provoqué l'inquiétude des Européens présents sur place ; le nouvel émir a la réputation d'être intolérant voire fanatique<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Afin de devancer les Italiens, Menelik II lance la campagne en 1886<ref name="Pétridès-43"/> ; à ses Modèle:Unité soldats s'ajoutent les Modèle:Unité hommes de Mekonnen<ref name="Pétridès-43">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les forces shewannes traversent l'Awash en novembre et en Modèle:Date-, elles s'installent à proximité de Harar<ref name="Pétridès-43"/>.
Le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-43"/>, la bataille de Chelenqo est déclenchée, rapidement les troupes de Menelik prennent l'avantage et la colonne de Mekonnen détruit l'artillerie de l'ennemi ; en vingt minutes, les Shewans remportent la victoire<ref name="Pétridès-44">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le jour suivant, ils encerclent Harar, l'émir s'enfuit de nuit et le Modèle:Date-, une partie de l'armée entre dans la ville<ref name="Pétridès-44"/>. Le lendemain, Menelik charge Mekonnen de réquisitionner le matériel militaire ; il saisit Modèle:Unité cartouches, Modèle:Unité obus chargés, 4 canons Krupp et de nombreux fusils<ref name="Pétridès-45">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Enfin, le Modèle:Date-, après l'avoir élevé à la dignité de Dejazmach, Menelik nomme son cousin gouverneur du Hararghe. En outre, une garnison de Modèle:Unité hommes chargée de défendre la ville est placée sous ses ordres<ref name="Ofcansky-266"/>. Il lui confie la lourde tâche de pacifier une province et une capitale plongées dans le « chaos »<ref name="Pétridès-45"/>.
Premiers mois à la tête du Hararghe
À Modèle:Nombre, le nouveau Dejazmach se retrouve à la tête du Hararghe, une province aux frontières non tracées<ref name="Henze-153"/>, où la police, l'administration et la justice sont quasi inexistantes. De plus, les populations souffrent des raids des Issas, des Danakils, des Somalis et des Oromos et le commerce pâtit de la carence d'infrastructures<ref name="Pétridès-46">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La situation paraît tellement désespérée que Menelik II aurait envisagé de quitter la province ; l'objectif initial, réussir une expédition lucrative, a été atteint<ref name="Pétridès-51">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Toutefois, la crainte d'une arrivée anglaise maintient les quelques troupes shewannes sur place<ref name="Pétridès-51"/>.
L'édification d'une armée plus importante constitue la priorité de Mekonnen. Sa troupe passe de Modèle:Unité à Modèle:Unité pour atteindre Modèle:Unité soldats<ref name="Pétridès-46"/>. À la tête de ses hommes, il parcourt la province et commence le processus de pacification afin de désarmer les rebelles locaux. Travailleur acharné, Mekonnen conduit des réformes financières et assure la protection des classes populaires<ref name="Pétridès-52">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Pendant ses nombreuses expéditions, Mekonnen reçoit souvent l'appui de quelques clans somalis ; en échange, il les autorise à exercer un certain pouvoir local, tout en restant sous ses ordres<ref>Harold G. Marcus, A History of Ethiopia, University of California Press, 2002, Page 94</ref>.
Mekonnen doit également faire face à la sensible question de la foi puisque après des siècles d'enfermement sur elle-même<ref group="Note">S. Pierre Pétridès, Le Héros d'Adoua. Ras Makonnen, Prince d'Éthiopie, Modèle:P. : Les premiers Européens arrivent après la conquête égyptienne de 1875 ; parmi eux, Arthur Rimbaud (en 1880), le Père Taurin Cahagne (un missionnaire français arrivé en 1881) et le Père Jarosseau en 1884.</ref>, la ville de Harar est gouvernée par un chrétien orthodoxe<ref name="Pétridès-46"/>. Mekonnen est, par nature, un homme « répugnant à la violence, au fanatisme et aux solutions de force »<ref name="Pétridès-53">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et respectueux de l'Islam. Il s'inscrit ainsi dans la tradition éthiopienne de tolérance religieuse<ref name="Pétridès-53"/>. Il a lui-même grandi parmi des missionnaires catholiques dont l'Italien Guglielmo Massaia<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et le Français Monseigneur Taurin auquel il déclare durant un entretien :
La population est définitivement rassurée lorsque Mekonnen annonce publiquement :
Pendant douze mois, le Hararghe vit un important bouleversement : le commerce est en pleine croissance, l'activité agricole reprend et la situation sanitaire de la capitale s'améliore<ref name="Pétridès-56">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Beaucoup de chrétiens viennent s'installer dans la capitale où ils créent une nouvelle classe dirigeante ; ce changement social ne crée aucune tension au sein de la population locale qui tire profit du développement économique<ref name="Henze-153">Paul B. Henze, Histoire de l'Éthiopie, Moulin du pont, 2004, page 153</ref>. Sous Mekonnen, Harar devient le point de relais majeur sur la route commerciale entre Obock et le Shewa<ref>Harold G. Marcus, A History of Ethiopia, University of California Press, 2002, Page 84</ref>. Toujours en attente du départ éthiopien, les Italiens cachent mal leur agacement et envoient l'ingénieur Robecchi-Bricchetti recueillir des renseignements<ref name="Pétridès-56"/>. Durant son séjour à Harar de 1888 à Modèle:Date-, il rencontre le gouverneur, dont il garde une impression positive. Tout comme l'ont fait auparavant la France et la Grande-Bretagne auparavant, il conclut que la province, solidement contrôlée par les Shewans, ne peut faire l'objet d'une conquête future<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Mekonnen, trop concerné par les graves changements s'annonçant au nord de l'Empire éthiopien, se préoccupe peu de ces questions.
Le soutien à Menelik en 1889
Inquiet de la conquête du Hararghe par les forces de Menelik, le Negusse Negest Yohannes IV prépare son armée afin de marcher vers le Shewa. Menelik parvient à réunir environ Modèle:Unité guerriers<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> dont ceux de Mekonnen. Le chroniqueur Gebre Selassie rapporte l'« émerveillement »<ref>Gebre Selassié, Chronique du règne de Ménélik II, Modèle:P. cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> des généraux et commandants de l'armée shewanne en voyant ces soldats disposant d'un bon armement et dotés d'un sens de l'organisation. L'affrontement n'a finalement pas lieu. Yohannes IV doit repartir vers le nord, lutter contre les Mahdistes. Il perd la vie le Modèle:Date-, des suites de blessures après la bataille de Metemma<ref name="Pétridès-61">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Au début du mois de Modèle:Date-, Menelik II est couronné Negusse Negest de l'Empire éthiopien. Afin de préserver l'unité nationale et l'indépendance du pays, Mekonnen insiste auprès du nouveau souverain sur l'importance d'acquérir l'armement le plus moderne<ref name="Pétridès-63">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Cette conviction, partagée par Menelik, a poussé celui-ci à rédiger une lettre au roi Umberto I le Modèle:Date- ; il indique son arrivée sur le trône et le départ prochain de Mekonnen vers l'Italie dans le but d'acheter du matériel militaire<ref name="Pétridès-63"/>. L'intérêt des Éthiopiens pour les armes européennes n'a pas échappé aux Italiens ; ils proposent de signer un traité où ils accepteraient de reconnaître Menelik II comme légitime et à inciter les autres puissances à faire de même en échange de livraisons de matériel militaire. Le Modèle:Date-, les deux pays signent le traité de Wouchalé<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En Modèle:Date-<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, Menelik charge Mekonnen de se rendre en Italie où il doit s'occuper de l'achat des armes<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le comte Antonelli, représentant du gouvernement italien à la cour du Shewa décide d'accompagner le cousin du Negusse Negest vers l'Europe. Le Modèle:Date-, Mekonnen prend la route du départ mais passe d'abord par Harar où il donne ses ordres ultimes à ses lieutenants. Le Modèle:Date-, il quitte le port de Zeilah pour arriver à Naples le 21<ref name="Pétridès-69">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Le contact avec les Italiens
Le voyage en Italie
Durant les trois semaines de voyage, Mekonnen montre tout son intérêt pour les armes en les examinant avec précision, les démontant et les remontant à plusieurs reprises<ref name="Pétridès-70">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Arrivé à Naples, il est accueilli par une délégation comprenant le major Domenico Grandi, chef du Bureau d'Afrique, le Modèle:Dr Cesare Nerazzini, médecin de la marine et le Modèle:Dr Leopoldo Traversi, délégué de la Società Geografica<ref name="Pétridès-70"/>. Partout il est reçu en grande pompe, aussi bien par les maires et les directeurs de fabriques de matériel militaire que lors de dîners<ref name="Pétridès-70"/>. Le Modèle:Date-, il arrive à Rome où il loge à la Villa Mirafiori. Le lendemain, il s'entretient au Quirinal avec Umberto I, le roi d'Italie<ref name="Pétridès-71"/>. Devant le souverain, les Éthiopiens, suivant leurs traditions, s'inclinent profondément ; les Italiens ont alors comparé l'angle d'inclinaison éthiopien à l'angle européen et en ont conclu qu'il s'est agi d'un acte de soumission<ref name="Pétridès-71">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En réalité, l'entretien se déroule d'égal à égal, dans une atmosphère très cordiale ; Umberto prend des nouvelles de la santé de Menelik et se réjouit de son arrivée sur le trône<ref name="Pétridès-72">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Vers la fin de la réunion, le roi italien promet, après avoir insisté sur l'amitié avec l'Éthiopie, de ratifier le traité de Wouchalé<ref name="Pétridès-72"/>. Le Modèle:Date-, pendant la ratification du texte par Umberto, Mekonnen en profite pour se recueillir devant le Mausolée de la Propaganda Fide où repose [[Guglielmo Massaia|Modèle:Mgr]]<ref name="Pétridès-72"/>. Le soir, un dîner est organisé à la Villa Mirafiori, de nombreuses personnalités italiennes y sont conviées dont Pietro Felter, plus tard commerçant à Harar.
Le Modèle:Date-, Mekonnen quitte Rome pour Naples, où il rencontre Crispi, président du Conseil italien, afin de signer une convention additionnelle au traité de Wuchale concernant un prêt d'argent pour l'achat d'armes<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Cette convention, préparée à bord du bateau venant d'Éthiopie, entre Mekonnen et Antonelli, est signée le Modèle:1er octobre<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Si Crispi voit en cette signature, un début de soumission à la souveraineté italienne, Mekonnen a bien perçu les ambitions extra commerciales. Ses craintes sont confirmées le Modèle:Date-, lorsque l'Italie communique aux puissances signataires de la Conférence de Berlin la création d'un « protectorat éthiopien »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Mekonnen, quant à lui, poursuit son but initial : l'acquisition de matériel militaire. Il entame des négociations avec la Banque Nationale d'Italie sur les modalités de l'emprunt de Modèle:Nombre de lires. Un accord est trouvé le Modèle:Date-, entre la Banque, Mekonnen et le gouvernement italien : l'institut financier avance Modèle:Nombre de lires en espèce et accorde un crédit de 2 autres millions ; le tout remboursable en dix annuités à 5,5 % d'intérêt<ref name="Pétridès-77">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
L'encre du traité à peine séchée, Mekonnen s'empresse d'acheter Modèle:Unité canons, Modèle:Unité fusils et Modèle:Unité cartouches<ref name="Pétridès-77"/>. Le voyage en Italie a également permis à Mekonnen d'analyser les forces armées italiennes que tant de fois le gouvernement local a fait défiler lors de déplacements. Convaincu de la puissance militaire italienne en Europe, il pense qu'elle ne saurait remporter de succès en Afrique face à une armée équipée d'un matériel moderne. Ce constat aura plus tard une influence sur la décision d'affronter les Italiens, arme à la main<ref name="Pétridès-77"/>. F. H. Berkeley, un général anglais, présent à Adoua le lendemain de la victoire éthiopienne affirme que ces quatre mois de voyages pendant lesquels Mekonnen a examiné en détail l'armée italienne constituent une des causes du succès des forces de Menelik<ref name="Pétridès-78">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, Mekonnen quitte l'Europe pour retourner en Afrique ; il revient accompagné d'Antonelli et de Salimbeni, nommé représentant officiel du gouvernement auprès de la Cour de Menelik<ref name="Pétridès-78"/>.
Lors du retour, Mekonnen passe à Jérusalem où il est accueilli par le patriarche grec Damianos ; celui-ci lui offre la croix en or de commandeur de l'Ordre chrétien du Saint-Sépulcre dans laquelle est incrusté un morceau de la vraie Croix<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Mekonnen profite de son séjour pour rendre visite aux Éthiopiens installés sur place ; frappé par la situation de ses compatriotes, il puise dans ses propres fonds afin de porter secours aux moines les plus pauvres<ref name="Pétridès-80">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Enfin, il débourse Modèle:Unité francs-or afin d'acheter pour le gouvernement des terrains situés face à la porte de Damas, où sera plus tard installé le Consulat d'Éthiopie. Son passage à Jérusalem terminé, Mekonnen retourne à Port-Saïd pour se diriger vers Massaoua<ref name="Pétridès-80"/>.
La rupture des relations
À peine rentré en Afrique, Mekonnen est nommé gouverneur de la région des hauts plateaux d'Ittu<ref group="Note">Ces hauts plateaux se situent dans l'actuelle Zone Mirab Hararghe.</ref>, une zone annexée par la suite à la Hararghe<ref name="Ofcansky-266"/>. Il apprend ensuite une grave nouvelle : un mois auparavant, en Modèle:Date-, une colonne de Modèle:Unité soldats italiens a pénétré le territoire éthiopien, atteignant la ville d'Adoua<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Révolté, Mekonnen proteste auprès d'Antonelli en lui indiquant que son armée a violé la Convention signée en Italie ; le représentant de Rome, également furieux, reproche au général Orero, gouverneur de l'Érythrée, la conduite des affaires<ref name="Pétridès-82">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La marche militaire entreprise vers le sud a paru se rapprocher de celle de Menelik qui s'est dirigé vers le nord pour combattre Mengesha Yohannes<ref group="Note">Après le décès de Yohannes IV en mars 1889, Mengesha Yohannes et Menelik II ont tous deux revendiqués le trône. Le premier va finalement céder en février 1890 pour reconnaître Menelik II souverain national.</ref>. Le Modèle:Date-, Mekonnen et Menelik se rencontrent à Mekele où ils discutent du voyage en Italie et de la situation dans le nord<ref name="Pétridès-82"/> ; le 26, le Negusse Negest, en présence d'Antonelli, ratifie la Convention additionnelle signée à Naples le Modèle:1er octobre. Les Éthiopiens exigent le retrait d'Orero et le respect de la frontière entre la possession italienne et leur empire. Toutefois, la question n'est pas réglée puisque lorsque les deux cousins partent vers le Shewa, Francesco Crispi annonce au monde la constitution d'un empire colonial italien et fait imprimer des cartes affichant l'Érythrée et l'Éthiopie, partie intégrante de cette entité<ref name="Pétridès-83">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
En Modèle:Date-, Mekonnen et Menelik arrivent à Entoto où le Negusse Negest élève son cousin à la dignité de ras et de prince ; un geste exprimant une grande estime pour ce jeune homme de Modèle:Nombre, Dejazmach pendant seulement trois années<ref name="Pétridès-83"/>. En Modèle:Date-, après un court passage à Harar, il est rappelé à la Cour impériale ; les relations avec l'Italie se dégradent d'autant plus qu'elle revendique toujours plus de provinces à l'Éthiopie<ref name="Pétridès-83"/>. Antonelli est reçu le Modèle:Date- par Menelik qui lui annonce clairement que les négociations ne commenceront pas tant sans la présence de Mekonnen, une requête prouvant le rôle important du gouverneur du Hararghe dans les questions diplomatiques<ref name="Pétridès-85">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>,<ref group="Note">En 1897, lorsque la frontière avec le Somaliland britannique sera négociée, le même évènement aura lieu ; la politique étrangère éthiopienne semble toujours se décider avec la consultation de Mekonnen, « véritable ministre des Affaires étrangères de l'Empire », d'après Pétridès (Modèle:P.)</ref>. Le Ras arrivé, les négociations commencent. L'essentiel des problèmes réside dans l'article XVII, qui, différent dans les deux langues dans lesquelles a été rédigé le traité<ref group="Note">Voir les deux versions de l'article sur l'article dédié au traité de Wouchalé</ref>, place, dans la version italienne, l'Éthiopie sous le protectorat de Rome<ref name="Pétridès-85"/>. En Modèle:Date-, après plusieurs semaines de discussions, les négociations n'avancent pas ; Mekonnen refuse de plier, estimant avoir été « trompé d'une façon ignoble »<ref name="Pétridès-89">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. De l'autre côté, Antonelli qui s'en tient rigoureusement au traité fait savoir à son interlocuteur que l'Italie a déjà communiqué aux puissances l'article XVII incriminé par les Éthiopiens<ref name="Pétridès-89"/>. Le Modèle:Date-<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, une rencontre a lieu directement entre Menelik, Taytu Betul, les hauts dignitaires et le comte Antonelli. Les Italiens souhaitent à tout prix maintenir l'article XVII et les Éthiopiens refusent. Finalement, le représentant du gouvernement Crispi quitte la salle en déclarant : « Eh ! bien, c'est la guerre. Je pars ! »<ref name="Pétridès-91">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Le lendemain, Mekonnen rédige une lettre adressée au roi d'Italie Umberto I et signée par Menelik ; en outre, il commence le processus de préparation des forces armées<ref name="Pétridès-91"/>. Durant les négociations, il a affirmé que l'éventualité de la guerre lui paraissant « la plus probable » : « nous devons d'ores et déjà nous préparer militairement »<ref name="Pétridès-92">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Par ailleurs, l'Éthiopie doit selon lui « se libérer de toutes nos obligations envers l'Italie »<ref name="Pétridès-92"/> ; cela inclut le remboursement du prêt et la dénonciation du traité de Wouchalé, dès que possible d'un point de vue légal : le Modèle:Date-<ref group="Note">Le traité sera dénoncé le 11 mai 1893</ref>. À cela s'ajoute une nécessité diplomatique : informer les puissances européennes du rejet du protectorat italien. Enfin, Mekonnen veut clairement délimiter les frontières éthiopiennes, l'absence de clarté dans ce domaine amène selon ses termes : « l'étranger » à « fouler notre sol, s'emparer de nos villes et de nos biens »<ref name="Pétridès-92"/>. En clair, il veut mettre fin à ce qu'il nomme un « banditisme international » en traçant les frontières de l'empire, une ligne que « personne ne soit désormais autorisé à la franchir impunément ! »<ref name="Pétridès-93">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Menelik accepte toutes ces propositions ; par ailleurs, il demande à Mekonnen de préparer une lettre circulaire que le Negusse Negest adresse en son nom le Modèle:Date- à tous les souverains et chefs d'État d'Europe<ref name="Pétridès-93"/>. En plein partage de l'Afrique, cette lettre fait office de protestation non seulement nationale mais également continentale<ref name="Pétridès-93"/> ; elle permet à l'empire éthiopien de prouver le maintien de sa souveraineté et de démentir les revendications du gouvernement italien. En 1891, après avoir réglé les derniers problèmes diplomatiques, Mekonnen peut enfin retourner dans le Hararghe.
Les années de préparation au conflit avec l'Italie
Le bref retour au Hararghe
De retour à Harar, Mekonnen est informé de la dégradation de la situation sécuritaire, causée par l'absence du gouverneur capable de contenir les rivalités locales. Les six premiers mois, le nouveau ras se remet au travail, achevant tous les projets de santé publique, de rétablissement de l'ordre et de justice commencés avant son départ<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les premières cibles des changements sont les seigneurs locaux et les bandits<ref name="Pétridès-96">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En outre, une série de réformes administratives et financières permettent l'établissement progressif d'une stabilité régionale<ref name="Pétridès-96"/>. Marqué par son voyage en Italie, il introduit de nouvelles technologies : parmi celles-ci le télégraphe et le chemin de fer<ref name="Pétridès-96"/>. Bien qu'il entretienne de bons rapports personnels avec les étrangers vivant à Harar, les relations avec les différents États sont plus difficiles. En effet, les menaces sur l'Éthiopie demeurent nombreuses : l'Italie, la Russie, la France et la Grande-Bretagne demeurent intéressées<ref name="Pétridès-97">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. C'est essentiellement par sa « diplomatie adroite » que Mekonnen parvient à sauvegarder la façade orientale de l'empire éthiopien. D'après Pétridès : « L'Histoire devra reconnaître que si l'Éthiopie doit à Ménélik d'avoir reconquis le Harrar, c'est à Mekonnen qu'elle doit de l'avoir gardé ; c'est là le grand mérite de ce dernier »<ref name="Pétridès-97"/>.
La personnalité même de Mekonnen favorise le maintien des Éthiopiens sur place. En effet, les Européens — et les étrangers de façon générale — ne bénéficient d'aucun traitement de faveur, dans aucun domaine. Il s'agit en particulier des jugements du Ras, cités comme exemples ; plusieurs d'entre eux<ref group="Note">Tous cités dans Pétridès pages 98-99</ref> ont prouvé l'absolue égalité de traitement entre les personnes de différentes nationalités ou de différentes classes sociales<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le retour du gouverneur signifie en outre la réorganisation et le renouvellement du matériel de son armée comprenant environ Modèle:Unité hommes, un nombre considérable pour l'époque<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Mekonnen se distingue de plusieurs chefs éthiopiens en nommant en fonction, non pas du rang, mais exclusivement du mérite personnel ; « il n'hésitait jamais à confier un poste important à un ex-esclave efficient, plutôt qu'à un fils de noble incapable »<ref name="Pétridès-100">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.0</ref>. Pour s'assurer du bon état de ses troupes, il lance des campagnes dans la région de l'Ogaden ; les expéditions, parmi les plus difficiles endurées par les soldats de Mekonnen, atteignent d'abord Imi (Modèle:Unité au sud de Harar) puis Rer Ali (Modèle:Unité d'Imi). Plus qu'un simple entraînement, les troupes doivent avant tout rapporter du bétail en raison de la famine qui sévit dans plusieurs provinces de l'empire<ref name="Pétridès-100"/>. Comme à son habitude, Mekonnen participe, au premier rang, aux divers combats menés par ses troupes.
Les dernières réformes avant le déclenchement de la guerre
Pour redresser l'économie de l'empire, dévasté par trois années de famine, Mekonnen, connaisseur des fiscalités étrangères, décide en 1892 d'élaborer un système inspiré de la dîme et instauré par les Égyptiens pendant l'occupation de Harar<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.2</ref>. Menelik accepte cette proposition et adopte le plan ; la dîme est perçue sur les récoltes, réglant, outre la crise post-famine, la question du rationnement mensuel de l'armée. L'aspect le plus important de cette réforme reste la popularité du régime fiscal instauré. Le peuple éthiopien, fait rare dans l'histoire du pays, est soumis à un niveau d'impôts qu'il tolère<ref name="ref-1">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.3</ref>.
Malgré une ultime tentative italienne de négociation, les Éthiopiens refusent de céder leur indépendance ; le Modèle:Date-, suivant les conseils de Mekonnen, Menelik envoie une lettre à Umberto I, roi d'Italie dans laquelle il dénonce le traité de Wouchalé<ref name="Pétridès-109">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, le souverain éthiopien en informe les autres puissances étrangères<ref name="Pétridès-109"/>. En 1893, Menelik fait à nouveau appel à Mekonnen afin de moderniser le système économique national ; les finances sont réorganisées, la nouvelle monnaie à l'effigie de Menelik, au sceau de lion de Juda, entre en circulation<ref name="Pétridès-110">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.0</ref>. Plus généralement, l'Éthiopie adhère à l'Union postale universelle et émet ses premiers timbres. Mekonnen obtient l'autorisation du Negusse Negest pour la construction de la ligne télégraphique et du chemin de fer<ref name="Pétridès-110"/>. Les récentes mesures visant à préparer le pays semblent largement justifiées puisque Mekonnen apprend que le Modèle:Date-, les Italiens et les Anglais ont signé à Rome une convention dans laquelle l'Éthiopie, partagée en « zones d'influence », serait dépecée par les deux États : à l'Angleterre irait le Somaliland, à l'Italie, le Hararghe et l'Ogaden<ref name="Pétridès-117">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. De plus, les deux gouvernements discutent avec Mengesha Yohannes, gouverneur du Tigré, afin de l'amener à se lever contre Menelik ; ils profiteraient de cette déstabilisation pour envahir la région du nord<ref name="Pétridès-117"/>.
Furieux, Mekonnen s'adresse en ces termes à Felter et aux officiels britanniques : « Vous vous êtes partagés nos terres : le pays jusqu'à la mer est la propriété de l'Éthiopie ! » ; quant au gouvernement italien, il assure ne plus vouloir lui faire confiance<ref name="Pétridès-118">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. L'ensemble des rois locaux et gouverneur se réunit après l'ordre lancé par Menelik. Les Italiens, déçus de voir Mengesha participer à la guerre du côté éthiopien, prennent une décision qualifiée par Pétridès de « quasi invraisemblable » : ils se mettent à discuter avec Mekonnen<ref name="Pétridès-118"/>. En s'adressant à Mekonnen, cousin de Menelik, un de ses plus proches chefs militaires, et en souhaitant voir le gouverneur de Harar trahir le souverain éthiopien, les Italiens commettent une grande erreur<ref name="Pétridès-120">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Mekonnen va tout de même jouer le jeu puisque après avoir écouté la proposition, il part en parler à Menelik ; tous deux s'accordent et Mekonnen feint un intérêt dans le but de prendre connaissance des objectifs de Rome<ref name="Pétridès-120"/>. En 1909<ref name="Pétridès-120"/>, l'historien italien Vico Mantegazza reconnaît que croire Mekonnen, « le plus habile et le plus diplomate des grands chefs éthiopiens », capable de trahir son cousin, a été « la plus grande des illusions »<ref>Vico Mantegazza, Ménélik, l'Italia e l'Etiopia, Milan, 1910 ; cité dans Pétridès, op. cit., page 121</ref>.
La participation au conflit avec l'Italie
La marche vers le nord
En Modèle:Date-, l'armée impériale part dans une dernière campagne de préparation au sud d'Addis-Abeba. Le mois suivant, les Italiens, qui se sont aperçus de la supercherie de Mekonnen, décident d'envahir le Nord de l'empire éthiopien. Après deux victoires à Coatit et Senafé, ils occupent le Tigré. Mekonnen est tenu au courant par Menelik II, dont les espions rapportent les informations. En Modèle:Date-, les rois et gouverneurs sont appelés aux armes. À Harar, le 17<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, sur la grande place, la proclamation se fait de manière traditionnelle, sous le coup des timbales. Le Modèle:Date-, Mekonnen désigne les responsables des troupes chargés de la sécurité locale. Afin de défendre la province d'une éventuelle offensive de Rome et de la fomentation de troubles par les Italiens, Mekonnen leur ordonne de quitter la ville. Il souhaite également éviter des violences envers les Italiens en cas de défaite éthiopienne<ref name="Pétridès-128">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-128"/>, Mekonnen et ses troupes quittent Harar pour passer par Were Illu, lieu de rencontre de l'armée impériale fixé par Menelik<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et se rendre à Addis Abeba.
Avant d'arriver au palais impérial, Mekonnen se rend au tombeau de son grand-père où, les yeux fermés et les poings serrés, il prie :
Modèle:Citation<ref name="Pétridès-130">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Une fois dans la capitale, il discute pendant cinq jours avec Menelik de la campagne et de son organisation après quoi l'armée impériale quitte la ville<ref name="Pétridès-130"/>. Le Modèle:Date-<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, Mekonnen écrit une lettre à Pietro Felter, représentant de Rome à Zeilah, dans laquelle il précise les intentions pacifiques de la marche vers le nord où celui-ci espère négocier avec Oreste Baratieri, commandant des troupes italiennes<ref>Lettre citée par Oreste Baratieri dans ses Mémoires d'Afrique 1892-1896 ; cité dans Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Seulement, la lettre parvient à Zeila avec un considérable retard et c'est finalement Nerazzini qui la reçoit. Ce dernier prend du temps à transmettre la lettre à Baratieri qui ne lui arrive que le Modèle:Date-, lorsque Mekonnen atteint Alomata, face à Amba Alagi<ref name="Pétridès-133">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le lendemain, préoccupé par le silence de Felter, Mekonnen écrit directement à Baratieri, lui proposant de régler la crise par négociation ; le général reçoit la lettre le Modèle:1er décembre<ref name="Pétridès-133"/>. Au même moment, Mekonnen, nommé Fitawrari de l'armée impériale, met en place les troupes : ses Modèle:Unité hommes au centre, les Modèle:Unité soldats du ras Mikaél à sa gauche, les Modèle:Unité du Ras Wellé à sa droite et les Modèle:Unité du Ras Mengesha placés devant lui, enfin, il nomme Ras Alula son propre Fitawrari<ref name="Pétridès-133"/>,<ref name="Pétridès-134">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, les Italiens envoient un détachement de Modèle:Unité hommes mené par le major Toselli qui s'établit sur le mont Amba Alagi<ref name="Pétridès-134"/>.
La victoire d'Amba Alagi et la prise de Meqelé
Après le refus italien de se retirer du territoire éthiopien, Mekonnen ordonne l'encerclement de la montagne mais interdit aux officiers de déclencher l'assaut<ref name="Pétridès-134"/>. Néanmoins, le Modèle:Date-, vers Modèle:Nobr du matin, sans en avoir reçu l'ordre, le Fitawrari Gebeyehou charge l'aile gauche italienne ; l'ensemble des troupes est entraîné dans un combat de cinq heures<ref name="Pétridès-135">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Épaulée à gauche par les Ras Mengesha et Wellé, la colonne de Mekonnen, au centre, lance l'« attaque frontale décisive »<ref>D'après Gebre Selassie, Chronique du règne de Ménélik ; cité dans Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, un mouvement décisif ayant mené à la victoire éthiopienne<ref name="Pétridès-135"/>. Après la bataille, Mekonnen ordonne la recherche de la dépouille de Toselli et des autres officiers italiens pour leur donner la sépulture avec les honneurs militaires<ref>Luca Dei Sabelli, Storia di Abissinia, Éd. Roma 1938, vol. III, Modèle:P. ; cité dans Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Voyant le Ras s'incliner devant la tombe de Toselli, les frères du Dejazmach Batité, dont le corps a été jeté aux hyènes par les Italiens après une précédente bataille, lui ont initialement reproché. Mekonnen leur a alors répondu : « Serait-ce vraiment bien faire et se couvrir de gloire que de commettre nous-même le mal qui les a rendus odieux ? »<ref>Arthur Savaete, La Lionne du Tigré, Paris, s. d. (circa 1900) ; cité dans Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La victoire permet à Mekonnen et plus généralement au gouvernement éthiopien de gagner le soutien d'une série de seigneurs locaux discutant avec Rome.
Les Italiens, battus à Amba Alagi, se réfugient à Mekele, à Modèle:Unité au nord. Sans attendre le reste de l'armée impériale, Mekonnen progresse vers la forteresse tenue par ses adversaires ; il quitte Amba Alagi le Modèle:Date- et arrive à Mai Mensqui (Modèle:Unité de Meqelé) le 12<ref name="Pétridès-139">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Il envoie une demande de négociation à Baratieri qui après le refus de Francesco Crispi, est contraint de rejeter l'offre de paix<ref name="Pétridès-139"/>. Le même jour, Mekonnen ordonne l'encerclement du fort, construit sur la hauteur d'Ende Eyésous et protégé par les Modèle:Unité soldats du major Galliano. Il continue d'envoyer des messages appelant à une résolution pacifique<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, le reste de l'armée impériale arrive à Tchelekot (environ Modèle:Unité au sud de Meqelé) avec l'artillerie ; le 7, Menelik II s'installe à environ Modèle:Unité du fort<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et autorise l'offensive.
Après quelques jours de tirs au canon, Mekonnen, blessé durant les premiers combats, se rapproche du fort<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> ; les Éthiopiens apprennent la situation de détresse dans laquelle se trouvent les assiégés, Menelik consent de négocier et Mekonnen se charge de discuter avec Pietro Felter. Après diverses rencontres au cours desquelles le gouverneur du Hararghe assure aux Italiens qu'ils peuvent quitter le fort sans être attaquer par ses troupes, « une galanterie qui », d'après Richard Pankhurst, « n'a guère été appréciée par tous ces compatriotes »<ref>Richard Pankhurst, The Ethiopians : A History, Wiley-Blackwell, 2001, page 190</ref>. Le matin du Modèle:Date-, Galliano et ses hommes se retirent de Meqelé<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
En un mois, Mekonnen a infligé aux Italiens deux défaites capitales qui présagent d'une troisième victoire éthiopienne. Pour le féliciter, Menelik, qui l'a nommé avant le conflit Fitawrari, soit le commandant en chef de l'avant-garde impériale, décide d'en faire le commandant en chef des armées impériales<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Après un conseil le Modèle:Date-, les troupes de Mekonnen partent avec les Modèle:Unité prisonniers italiens afin de les escorter ; en vérité, il s'agit d'une ruse du Ras servant à protéger le flanc de l'armée éthiopienne<ref name="Pétridès-151">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En se rendant vers Adoua, l'armée impériale risque de se faire attaquer par les soldats italiens installés à Adigrat. Le 26, le gros de l'armée éthiopienne marche vers Adoua, sous protection des troupes de Mekonnen partis trois jours plus tôt<ref name="Pétridès-151"/>.
Le rôle de Mekonnen au cours de la bataille d'Adoua
Installés depuis Modèle:Date-, les Éthiopiens vont devoir attendre le matin du Modèle:1er mars avant d'enter en bataille contre les Italiens. Ce jour-là, vers Modèle:Nobr du matin, Mekonnen prie, à l'extérieur du monastère surplombant l'Abba Garima<ref name="Pétridès-157">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En voyant les colonnes ennemies s'approcher, il sourit et choisit la stratégie. Après avoir prié Dieu et Saint-Georges<ref group="Note">La bataille se déroule le jour de la Saint-Georges</ref>, il lève sa main droite, touche la croix d'or pendant à son cou et décide de ne pas envoyer une contre-attaque massive mais de lancer une multitude d'offensives, fractionner les colonnes italiennes, les isoler, les encercler au même moment pour les anéantir<ref name="Pétridès-157"/>. Il réunit ses lieutenants, leur explique le plan et envoie les ras Mikaél et Mengesha le transmettre à Menelik II<ref name="Pétridès-157"/>. Il appelle Gebeyehou avec lequel il discute et contemple le terrain de bataille. Il reçoit ensuite les dernières nouvelles du campement impérial. À Modèle:Nobr du matin, Mekonnen observe les premiers affrontements ; il aperçoit la brigade d'Albertone, totalement séparée de l'armée italienne<ref group="Note">La colonne d'Albertone se retrouve isolée du reste des colonnes italiennes dès le déclenchement de l'offensive. Se référer à la section dédiée à l'offensive italienne dans l'article bataille d'Adoua pour plus de détails.</ref> et s'exclame « Ceux-là sont à nous ! »<ref name="Pétridès-159">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Il tourne ensuite son regard vers le combat entre la colonne Arimondi et les troupes du Ras Mikaél et déclare : « Une fois que nous aurons liquidé ceux-ci, nous attaquerons ceux-là »<ref name="Pétridès-159"/>. Enfin, remarquant les Ras Mengesha et Alula Engeda encerclant la colonne Dabormida, il conclut : « Et finalement, nous tomberons sur ceux-là ». Mekonnen monte alors sur son cheval, rassemble ses hommes et avant de lancer l'attaque, clame :
Dès le début de la bataille, Mekonnen est touché par une balle, il poursuit néanmoins le combat ; en soixante-dix minutes, il bat d'abord le bataillon du colonel Turati, une partie de la colonne Albertone<ref name="Pétridès-160">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les troupes de Mekonnen utilisent une technique traditionnelle de l'armée éthiopienne : tout en attaquant de front, les ailes sont disposées en demi-lune afin d'encercler leur ennemi et le piéger dans un grand mouvement tournant, lui coupant la retraite. Le reste de la colonne Albertone s'est déployée entre le mont Goussosso<ref group="Note">Voir l'article bataille d'Adoua pour une description détaillée du terrain</ref> et l'Ende Kidané Meret<ref name="Pétridès-160"/> ; à Modèle:Nobr, il est partiellement battu par les troupes du Ras aidé par celles des autres chefs éthiopiens. Albertone résiste jusqu'à Modèle:Nobr<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les quatre offensives sont toutes repoussées par une colonne italienne particulièrement solide. À Modèle:Nobr, l'arrivée des troupes de Menelik et de son artillerie permet le resserrement des troupes de Mekonnen sur Albertone ; une heure plus tard, la colonne se défait et vers Modèle:Nobr, la victoire est acquise. Tout en combattant cette colonne, Mekonnen a également pris garde au cœur de l'armée italienne ; à Modèle:Nobr heures, il a ordonné à Mikaél et aux soldats de Mengesha d'occuper le mont Beleh, un point stratégique du champ de bataille<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Cette décision, décrite par Pétridès comme « le chef-d'œuvre de la stratégie mekonnienne », est un facteur essentiel de la victoire éthiopienne puisqu'ainsi, les colonnes italiennes n'ont pas pu se joindre<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Une fois au col Beleh, Mekonnen ordonne à un de ses généraux, le Dejazmach Mennayé, de pénétrer avec ses hommes dans les rangs italiens. Après Modèle:Nobr, Mekonnen lance l'assaut sur Rebbi Arienni, où il manque de perdre la vie avant d'être sauvé in extremis par un de ses soldats.
Le général Baratieri a fui le combat, la colonne centrale italienne est battue et celle de Dabormida résiste quelques instants. À la fin de l'affrontement, Mekonnen contemple une dernière fois le champ de bataille sur lequel les Éthiopiens viennent de remporter une victoire historique. Blessé deux fois, il est ramené au camp par ses lieutenants juste avant qu'il ne s'évanouisse<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Selon plusieurs historiens<ref group="Note">Modèle:Dr Merab, Impressions d'Éthiopie, vol. I, Modèle:P. ; Morié, Histoire d'Éthiopie, vol. II, Modèle:P., S. Vigneras, Une Mission française en Abyssinie, Colin, Paris, 1897, Modèle:P. ; tous cités dans Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, Mekonnen est « le grand triomphateur de la journée » et a fait preuve d'un grand talent de stratège. Tous reconnaissent et mettent en avant son rôle décisif ainsi que son « exceptionnelle bravoure »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>,<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les jours suivants, le 3 et Modèle:Date-, malgré ses blessures, Ras Mekonnen participe aux ultimes opérations de nettoyage jusqu'à la ville de Sawria ; la campagne prend fin le Modèle:Date- et les commandants retournent vers leur province<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Après Adoua : diplomatie et campagne de l'ouest
Négociations avec les puissances européennes
Après un passage à Addis-Abeba le Modèle:Date-, Mekonnen arrive à Harar le Modèle:Date-, avec quelques prisonniers italiens ; ceux-ci, bien traités et nourris, construisent par reconnaissance des routes et une résidence au Ras<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Il prend des informations du contingent envoyé en octobre 1895 vers les territoires somalis et placé sous les ordres du Dejazmach Welde Gebré ; l'objectif de cette expédition est de semer la panique dans les implantations italiennes<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>,<ref name="Pétridès-179">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Welde Gebré, resté sans nouvelles du traité de paix signé en Modèle:Date- met fin à la campagne en Modèle:Date-<ref name="Pétridès-179"/>. Rapidement, Menelik rappelle Mekonnen afin de participer aux négociations des traités avec les puissances européennes voisines ; il prend part aux discussions avec Rome au sujet du rapatriement des prisonniers<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>,<ref group="Note">Voir la convention relative à la reddition des prisonniers de guerre italiens dans l'article dédié au Traité d'Addis-Abeba</ref> ; son « attitude humanitaire » lui vaut le respect des historiens italiens et des captifs eux-mêmes<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
En 1897, il accueille à Harar plusieurs missions françaises dont celle du prince Henri d'Orléans<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Il rencontre également les missions britanniques de John Bull et celle de Rennell Rodd. En fait, la France et la Grande-Bretagne viennent tous deux demander un soutien pour leurs projets coloniaux. Pour Paris, il s'agit d'apporter une aide militaire à une expédition vers le Nil alors que les Anglais demandent une assistance contre les Mahdistes soudanais qu'ils comptent soumettre. Par ailleurs, Addis Abeba et Londres doivent discuter du tracé des frontières entre l'empire éthiopien et le Somaliland ; à cette occasion, Menelik II délègue l'autorité à Mekonnen en déclarant qu'il acceptera « tout ce que son cousin aurait décidé »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
La conquête de l'ouest
En 1897, Menelik II lance la conquête des territoires à l'ouest de l'empire afin d'exploiter les régions productrices d'or<ref name="Ofcansky-266"/> tout en protégeant la frontière occidentale de la menace coloniale européenne<ref>Harold G. Marcus, A History of Ethiopia, University of California Press, 2002, Page 105</ref>. Plusieurs généraux sont envoyés et le Negusse Negest tient à participer lui-même. Cependant, vers octobre, Menelik se sentant trop malade, il fait appel à Mekonnen afin de soutenir la campagne<ref name="Ofcansky-266"/>. Les deux cousins s'entretiennent le Modèle:Date- et Mekonnen quitte Addis-Abeba ; il est rejoint plus tard par le dejazmach Demissé et ses Modèle:Unité soldats<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En conformité avec les accords signés avec les Britanniques, les Éthiopiens contribuent à la défaite des Mahdistes. À la tête de ses Modèle:Unité hommes, Mekonnen traverse le Béni Changoul, atteint Fazgoli, à la hauteur de Djebel Iben il bat trois fois les Mahdistes, il soumet les Shanqellas et rentre à Harar le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-211">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Pendant quelques mois, il se remet de ses blessures mais une crise dans le Nord du pays, l'amène à quitter à nouveau sa province<ref name="Pétridès-211"/>.
La gestion des crises interne et frontalières
La révolte du Tigré
Vers la fin de l'année 1898, le ras Mengesha Yohannes, alors gouverneur du Tigré, décide de se rebeller contre le gouvernement central<ref>Paul B. Henze, Histoire de l'Éthiopie, Moulin du pont, 2004, page 174</ref> ; malgré sa participation active à la guerre contre l'Italie, il s'est vu refuser le titre de Négus. Il s'installe donc dans l'Adagamus, l'ancienne forteresse du général Oreste Baratieri<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Afin de résoudre cette crise, Menelik II appelle Mekonnen vers la capitale, ce dernier quitte Harar le Modèle:Date- accompagné de Modèle:Unité soldats auxquels s'ajoutent Modèle:Unité autres envoyés par le Negusse Negest<ref group="Note">Les Ras Mikaél et Welé Betoul sont également sollicités, mais seul le premier se présente avec Modèle:Unité hommes.</ref>. Mekonnen prépare le plan d'attaque qu'il présente à Menelik ; au dernier moment, il tente de résoudre pacifiquement la crise en envoyant une lettre à Mengesha. Celui-ci refuse et ouvre les hostilités ; son armée recule et voyant la défaite arriver, il accepte la négociation. Le Modèle:Date-, il se soumet à Menelik, au camp de Borou Méda ; assigné à résidence, il se voit retirer le poste de gouverneur du Tigré qui revient à Mekonnen<ref name="Ofcansky-266"/>.
Lorsqu'il arrive à la tête de la région, celle-ci se trouve dans une situation difficile ; elle est appauvrie, divisée entre plusieurs chefs locaux et travaillée au cours de dernières années par les espions italiens<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. À cela s'ajoute une population locale qui, bien que peu attachée à Mengesha, « répugne l'idée d'être gouvernée par un Shewan » ainsi que la « haine » de Taytu et de son frère Welé, tous deux mécontents de la nomination de Mekonnen à la tête d'une province du Nord<ref name="Pétridès-216">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En douze mois, il parvient, « sans verser une goutte de sang »<ref name="Pétridès-216"/> à ramener le calme dans la province ; attentif aux revendications de tous les chefs locaux, il travaille avec « acharnement »<ref name="Pétridès-216"/>. Après une année à la tête du Tigré, il demande, en Modèle:Date-, l'autorisation de quitter son poste pour retourner dans le Hararghe ; une rébellion ayant éclaté dans le Somaliland britannique, la frontière orientale semble menacée<ref name="Pétridès-217">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Remplacé par Ras Welé Betoul<ref>Paul B. Henze, Histoire de l'Éthiopie, Moulin du pont, 2004, page 175</ref>, Mekonnen quitte le nord de l'empire éthiopien, il passe par la capitale où il reçoit des « honneurs quasi royaux »<ref name="Pétridès-217"/> ; une marque d'affection qui paraît confirmer l'éventualité d'une nomination par le Negusse Negest, de son cousin en tant que successeur<ref name="Pétridès-217"/>.
Le Modèle:Date-, Mekonnen gagne Harar, il est accueilli par une foule enthousiaste. Pendant une semaine, les habitants défilent devant lui à sa résidence ; lors de sa nomination dans le Tigré, ils ont craint le perdre<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. L'ensemble de la province n'a pas souffert de son absence ; l'exploitation du café progresse rapidement à la suite des développements des infrastructures de communication dont la ligne téléphonique avec Addis Abeba<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En revanche, d'un point de vue sécuritaire, une menace s'est levée dans la zone frontalière avec le Somaliland britannique.
La première phase d'expéditions contre Mohammed Abdullah Hassan
En Modèle:Date-, un religieux musulman nommé Mohammed Abdullah Hassan commence une rébellion contre les forces britanniques présentes dans le Somaliland ; à la tête de Modèle:Unité soldats, il compte chasser les occupants qui décident de marcher vers lui<ref name="Pétridès-224">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Mollah fou — surnom attribué par les Anglais — souhaite par ailleurs mobiliser la population de l'Ogaden, alors sous contrôle éthiopien. Celle-ci ayant refusé de le suivre, Mohammed décide d'attaquer<ref name="Pétridès-224"/>. Mekonnen envoie Grazmach Banti et ses Modèle:Unité hommes<ref name="Pétridès-224"/> affronter l'armée adverse. Au cours de l'année 1900, une première rencontre se déroule à Djidjiga, Mohammed attend les Éthiopiens avec Modèle:Unité hommes armés de lance. Banti leur inflige quelques pertes mais décide finalement de se retirer ; il s'empresse de prévenir Mekonnen qui prend conscience du danger que peut représenter cette révolte<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En Modèle:Date-, il se rend à Addis-Abeba où il en discute avec Menelik II ; les deux cousins s'accordent sur l'importance d'une action coordonnée avec Londres. Ils prennent contact avec Sir John Lane Harringont, ministre britannique vivant dans la capitale, en informent Banti, gouverneur intérimaire du Hararghe, à qui Mekonnen demande de préparer une expédition comprenant Modèle:Unité hommes<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Le Modèle:Date-, Mekonnen passe en revue les Modèle:Unité soldats préparés pour l'expédition. Mécontent, il demande plus de provisions. Le Modèle:Date-, il accueille le Major A. Hanbury-Tracy et le capitaine R. Cobbold, des officiers de liaison chargés de communiquer avec l'état-major britannique<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Malgré les méfiances des Éthiopiens envers les Britanniques, l'expédition est lancée ; le Modèle:Date-, le Qegnazmach Abanabro atteint, avec ses Modèle:Unité hommes, la localité de Guerlogubi<ref name="Pétridès-231">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Conformément aux ordres, il pousse les troupes du Mollah fou vers les « mailles du filet anglais »<ref name="Pétridès-231"/> et envoie un détachement en pays Rer-Ibrahim contre la population qui a soutenu Mohammed Abdullah Hassan<ref name="Pétridès-231"/>. Bien que la campagne ait été jugée utile par les Britanniques<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>, le Mollah fou n'est pas définitivement battu ; Abanabro revient toutefois vers Harar et Mekonnen peut à nouveau se charger des affaires locales<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Les dernières années de Mekonnen
Deuxième voyage vers l'Europe
En 1902, à la suite du décès l'année précédente de la Reine Victoria, Edward VII s'apprête à monter sur le trône royal du Royaume-Uni. Une invitation, adressée au souverain et aux princes, est envoyée en Éthiopie et Menelik II désigne Mekonnen pour représenter son pays<ref name="Ofcansky-267">David Hamilton Shinn et Thomas P. Ofcansky, Historical Dictionary of Ethiopia, Scarecrow Press, 2004, Modèle:P.</ref>. À Londres, il est reçu avec « des honneurs royaux » et une population enthousiaste<ref>Sir E. A. Wallis Budge, A History of Ethiopia, Methuen, London, 1928, vol. III, Modèle:P. ; cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> ; de nombreuses personnes viennent rencontrer le cousin de Menelik. Les journalistes remarquent l'empressement du représentant de l'Italie à disparaître avec le plus de discrétion possible à la vue de Mekonnen. Lors de son arrivée, il apprend qu'Edward vient de tomber malade ; en entendant la nouvelle, Mekonnen se rend à l'Abbaye de Westminster à laquelle il offre une grande croix en or. Dans la cathédrale, il prie pour le rétablissement du nouveau souverain. Celui-ci retrouve sa santé et depuis, le Révérend de Westminster n'hésite pas à montrer aux visiteurs la croix de Mekonnen tout en leur expliquant son histoire<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Après les cérémonies du Couronnement, il visite Londres pendant plusieurs jours et rencontre des personnalités du monde politique et culturel.
En Modèle:Date-, il quitte le Royaume-Uni pour arriver en France, le 13 ; il est reçu à Calais par le commandant d'artillerie Ferrus. Le même jour, il prend le train pour Paris où la foule l'accueille aux cris de « Vive Mekonnen ! »<ref name="Lintingtre">Pierre Lintingre, L'Éthiopie d'aujourd'hui, juillet 1962, pModèle:P. et suiv. ; cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref> et l'acclame « à l'instar d'un héros national »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le lendemain, il assiste au défilé militaire traditionnel, depuis la tribune officielle aux côtés du président de la République, Émile Loubet qui le reçoit le 15 en audience solennelle à l'Élysée. Pendant une semaine, il rencontre des hommes politiques et des chefs d'entreprise, il visite des usines ainsi que des lieux culturels et touristiques tels que l'Hôtel des Invalides, la Tour Eiffel ou encore le musée du Luxembourg. Son séjour s'achève par un entretien avec le président Loubet, tous deux expriment une grande satisfaction ; le Modèle:Date-, Mekonnen quitte Paris, enchanté de l'accueil « cordial » de la population<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Lors de cette tournée, il reçoit, directement ou via les ambassades, les décorations suivantes :
- Badge & star of the Order of St. Michael and St. George (Knight Commander) au Royaume-Uni ;
- Croix de la Légion d'honneur en France ;
- Étoile de l'ordre russe de Sainte Anne ;
- Étoile de l'ordre de la Couronne d'Italie ;
- Étoile de l'ordre d'Osmanie de l'Empire ottoman.
La deuxième phase d'expéditions contre Mohammed Abdullah Hassan
Vers la fin de l'année 1902 et le début de l'année 1903, les Éthiopiens et les Britanniques, s'inquiétant de l'importance prise par le mouvement de Mohammed Hassan, décident de lancer à nouveau une offensive coordonnée. Les forces du ras Mekonnen doivent empêcher depuis Harar, la retraite des troupes de Mohammed, vers le sud et le sud-ouest<ref name="Pétridès-255">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le colonel A. N. Rochfort et le major R. P. Cobbold, deux officiers britanniques, servent d'agents de liaison auprès de l'armée éthiopienne et arrivent à Harar le Modèle:Date- pour s'entretenir avec Mekonnen<ref name="Pétridès-255"/>. Le Modèle:Date-, les Modèle:Unité guerriers d'élite éthiopiens quittent la ville, sous le commandement de Fitawrari Gebré et prennent la direction sud-ouest en suivant le cours du Webi Shebelé et atteignent Burhili le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-255"/>. Les Éthiopiens n'ont pas fini de construire leur position fortifiée qu'ils subissent l'offensive des forces de Mohammed Abdullah Hassan sur trois fronts<ref name="Pétridès-256">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Malgré quelques pertes, les forces du Fitawrari Gebré parviennent à repousser et à faire reculer leur adversaire. Elles avancent et arrivent à Makanné, près de Belet-Ouen, où elles restent du 14 au Modèle:Date-. En raison d'une défaite britannique à Gumburu le 17, les Éthiopiens décident de quitter Makanné<ref name="Pétridès-256"/> pour progresser vers Guerlogubi, et atteindre Bio-Adda le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-257">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Les marches s'effectuent dans des conditions difficiles, dans une région où l'eau est rare. Une nouvelle rencontre a lieu à Gueid et s'achève par la fuite des troupes de Mohammed qui perdent Modèle:Unité hommes dont l'oncle du Mollah<ref name="Pétridès-257"/>. L'absence de communication avec les Britanniques empêche néanmoins de conclure cette expédition par l'anéantissement absolu du Mollah. En Modèle:Date-, les Éthiopiens retournent à Harar alors que Mohammed Hassan poursuit sa rébellion, dans le Nogal oriental<ref name="Pétridès-257"/>.
Une nouvelle offensive se prépare, cette fois sous les ordres du général Egerton de l'armée des Indes<ref name="Pétridès-257"/>. Menelik accepte à nouveau d'apporter une aide. Mekonnen exige des Britanniques un soutien financier et matériel. Ils acceptent, versent Modèle:Unité livres sterling, apportent du matériel sanitaire et envoient du personnel médical et militaire<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Pour cette expédition, Mekonnen, qui a de nouveau confié la tête du détachement à Fitawrari Gebré, a organisé un contingent comprenant : Modèle:Unité guerriers d'élite, Modèle:Unité mulets, Modèle:Unité chameaux transportant l'approvisionnement, Modèle:Unité chameaux transportant l'eau<ref name="Pétridès-260">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. En outre, trois caravanes de chameaux transporteurs d'eau et de rations doivent suivre à intervalles réguliers. Les Éthiopiens, campent à Babilli, à Modèle:Unité au sud-ouest de Harar<ref name="Pétridès-260"/>. Ils doivent occuper Guerlogubi afin de couper la ligne de retraite du Mollah vers l'ouest tout en empêchant à ses forces d'atteindre les puits d'eau de la région<ref name="Pétridès-260"/>. La présence éthiopienne dès le Modèle:Date- à Sessebani et à partir de début Modèle:Date- à Werder<ref name="Pétridès-260"/> ont grandement aidé les Anglais qui battent les troupes du Mollah le Modèle:Date- à Jidballi<ref name="Pétridès-261">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le général Egerton admet avoir « apprécié l'occupation de Werder »<ref name="Pétridès-261"/>. Les Britanniques demandent ensuite aux Éthiopiens de se déplacer vers le Guerlogubi, où les troupes de Fitawrari Gebré arrive le Modèle:Date-<ref name="Pétridès-261"/>. Après deux mois de présence dans des conditions difficiles<ref name="Pétridès-261"/>, les Éthiopiens et Britanniques s'accordent, le Modèle:Date-, sur le retrait des troupes de la zone occupée depuis fin janvier<ref name="Pétridès-262">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Ils ont pris connaissance de l'impossibilité pour Mohammed Hassan, se trouvant à plus de Modèle:Unité de la région, de lancer une contre-offensive<ref name="Pétridès-262"/>. Trois semaines plus tard, les Éthiopiens retournent à Harar. Bien que le Mollah soit toujours en vie, Mekonnen n'a plus rien à craindre tant les coups portés aux troupes adverses ont été puissants et décisifs<ref name="Pétridès-262"/>.
La mort de Mekonnen
Le décès à Kulubi
Au début de l'année 1906, une décennie après la bataille d'Adoua, les Italiens tentent de reprendre contact avec les Éthiopiens. Menelik II, malade, confie à Mekonnen la tâche de rencontrer à Addis-Abeba en avril, Ferdinando Martini, le gouverneur d'Érythrée<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, le gouverneur du Hararghe contacte le Negusse Negest pour confirmer sa venue et le Modèle:Date-, il quitte sa province et part en direction de la capitale<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Alors qu'ils s'approchent de Kulubi, les domestiques remarquent que Mekonnen, chancelant sur sa selle, est livide et qu'il a le front couvert de sueur<ref name="Pétridès-275">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Dr Joseph Vitalien, docteur de Menelik II, arrive promptement et diagnostique une dysenterie ; il prescrit du laudanum et conseille au gouverneur de se reposer<ref name="Pétridès-275"/>.
D'heure en heure, l'état de Mekonnen empire. Il a de violents vomissements, il est assoiffé, il réclame de l'eau qu'il rejette immédiatement. « Il se sentait mourir, s'en aller dans une agonie atroce, interminable, inhumaine »<ref name="Pétridès-275"/>. Il passe une nuit terrible, il dort peu et au lever, il a du mal à distinguer les personnes l'entourant. La deuxième nuit est encore plus douloureuse, Mekonnen a du mal à respirer, il manque de force mais lutte avec « acharnement extraordinaire et cette ténacité admirable »<ref name="Pétridès-276">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Voyant la mort approcher, il demande aux scribes d'écrire plusieurs lettres. La première ordonne la libération d'esclaves. Dans la deuxième, adressée à Menelik, il lui demande de protéger son fils Teferi qu'il fait venir de Harar vers Kulubi<ref name="Pétridès-276"/>. Il appelle également Gerolimato, un commerçant grec basé à Harar avec lequel il s'est lié d'amitié. Il arrive, le Modèle:Date-. Apercevant son ami gravement malade, il ne peut retenir ses larmes<ref name="Pétridès-276"/>.
Il fait part aux personnes présentes de son inquiétude pour son fils, bientôt orphelin. Ensuite, il s'entretient seul avec Gerolimato. Il sort sa bourse, ses bagues, sa montre en or, son cachet personnel et ses papiers secrets — dont un reçu d'une banque anglaise pour un dépôt d'argent — et le confie à Gerolimato auquel il dit :
Il s'arrête un instant, le regarde dans les yeux et lui dit :
Après lui avoir serré la main, Gerolimato se retire, les larmes aux yeux. Plus tard, c'est au tour de Teferi, également venu de Harar. Tout d'abord choqué, il se reprend, embrasse la main de son père et attend qu'il parle en premier. Mekonnen, incapable de prononcer un seul mot, lève lentement sa main, la pose un instant sur la tête de son fils et lui indique des yeux une chaise où Teferi passe la nuit aux côtés de son père agonisant<ref name="Pétridès-278">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Le Modèle:Date-, Mekonnen rend le dernier soupir<ref name="Pétridès-278"/>. Le 22 au matin<ref name="Pétridès-279"/>, les soldats retournent vers Harar. Au milieu des troupes, on trouve une sorte de palanquin où de temps à autre un cavalier s'approche comme pour discuter. En fait, les proches du Ras ont décidé de cacher le décès de Mekonnen ; seuls les chefs les plus importants sont informés à Harar et quelques-uns téléphonent à Addis Abeba transmettre la nouvelle<ref name="Pétridès-279">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Dans la nuit du Modèle:Date-, vers Modèle:Nobr<ref name="Pétridès-279"/>, des coups de feu éclatent dans les rues de Harar, les habitants hurlent, les femmes se frappent la poitrine à coups de poing sur la grande place des milliers d'hommes et femmes crient et gémissent : le drapeau du palais du Ras vient d'être mis en berne. On ressent par la réaction de la population l'attachement que portent les Harreris à Mekonnen<ref name="Pétridès-280">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La province est en deuil et dans la capitale certains se sont même suicidés<ref>Modèle:Dr Mérab, Impressions d'Éthiopie vol I. Modèle:P. ; cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. L'enterrement dure près de deux heures, les plus grands dignitaires y participent<ref name="Pétridès-280"/> ; c'est à Addis Abeba, lors du teskar, que la classe dirigeant éthiopienne va rendre un dernier hommage à Mekonnen.
La cérémonie du teskar
On ne sait guère comment Menelik a appris la mort de Mekonnen, ni sa réaction immédiate. D'après Pétriedès, on peut croire « qu'elle lui porta un coup dont il ne se relèvera plus jamais »<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. À Addis-Abeba, trente jours après le décès, le coup de canon annonçant la mort de Mekonnen est tiré<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
La cérémonie religieuse, à laquelle assistent Modèle:Unité personnes dont les clercs des six églises d'Addis Abeba, a lieu dans l'enceinte du palais, sous de grandes tentes devant le portrait et le catafalque du défunt<ref name="Gebre-521">Gebre Selassié, op. cit., t. II, Modèle:P. ; cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Pendant trois jours et trois nuits, Menelik pleure sous la tente, il se frappe la poitrine et s'exclame : « Lidjé ! Lidjé ! En toi j'ai perdu mon bras droit »<ref name="Gebre-521"/>,<ref group="Note">Lidjé signifie « mon enfant » en amharique</ref>. Toute sa suite est en deuil mais une personne semble peu émue : Taytou Betul<ref name="Gebre-521"/>. Menelik veut pour son cousin, un teskar exceptionnel, il invite les différents chefs et lieutenants de Mekonnen vers la capitale<ref name="Pétridès-283">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La cérémonie se déroule le Modèle:Date-, elle est présidée par le Negusse Negest, qui reçoit les condoléances et fait distribuer de l'argent et de la nourriture aux plus humbles. Le lendemain, la maison de Mekonnen reçoit les condoléances<ref name="Pétridès-283"/>.
Une grande tente a été installée, Menelik et Teferi y prennent place après quoi un grand cortège défile<ref name="Pétridès-283"/>. Les meilleurs guerriers de l'armée du Ras Mekonnen se présentent en rang de deux, armés, chammas nouées autour de la taille en signe de deuil<ref name="Pétridès-284">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Après les soldats, les musiciens, puis les femmes ayant porté du ravitaillement durant les expéditions, un guerrier portant le parasol rouge et or, emblème du haut rang du défunt défilent. On apporte ensuite son cheval, Qagnew<ref name="Pétridès-284"/>. Enfin, c'est le tour des soldats les plus célèbres ; parmi eux les participants à la bataille d'Adoua et les Modèle:Unité guerriers d'élite de l'expédition en Ogaden<ref name="Pétridès-284"/>. Parfois, un homme se met devant la tente pour y chanter les louanges ou parler de Mekonnen en psalmodiant. Un quatrain devenu célèbre « arrache à l'assistance un cri de douleur unanime »<ref name="Pétridès-284"/> :
Vie privée et famille
Mekonnen est issu d'une famille noble, il est le fils du dejazmach Welde Mikaél, général et gouverneur des districts de Menz et de Doba<ref name="Pétridès-28"/>. D'après Arnoux, un voyageur français, son père est « un des plus vaillants généraux de l'époque » auquel Menelik II fait appel afin de réprimer une rébellion locale en 1877. En outre, il participe à la conférence de Borouméda, permettant à Arnoux d'ajouter qu'il est « aussi fin lettré que vaillant guerrier »<ref>L. L. Lande, Un voyageur français dans l'Éthiopie méridionale, Modèle:P.. Revue des deux Mondes, Paris, 15-12 1878 ; cité dans S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. La mère de Mekonnen est la Princesse Tenagné Werq Sahle Selassié, fille de Sahle Selassié, Negus du royaume du Shewa de 1813 à 1847<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Ainsi, Mekonnen est membre de la dynastie salomonide. Tenagné Werq étant la sœur de Haile Melekot, Mekonnen a également un oncle ayant dirigé le royaume (de 1847 à 1855). Enfin, un troisième parent de Mekonnen a été Negus du Shewa, il s'agit de Menelik II, son cousin, Negusse Negest de l'empire éthiopien de 1889 à 1913. Il entretient avec ce dernier une excellente relation ; ils discutent souvent et se consultent sur de nombreux sujets. C'est notamment sur les questions diplomatiques que Menelik sollicite l'aide de Mekonnen conduisant Pétridès à affirmer qu'il agit en tant qu'un « véritable ministre des Affaires étrangères de l'empire »<ref name="Pétridès-85"/>. Plus généralement, Bahru Zewde le considère comme « bras droit » de Menelik<ref>Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia, 1855-1991, James Currey, Londres, 2002, Modèle:P.</ref>.
En revanche, les rapports avec Taytu Betul, l'épouse de son cousin, sont mauvais. Ils représentent chacun une tendance politique opposée : Taytu, la fraction conservatrice et isolationniste de la Cour impériale face à Mekonnen, figure du parti progressiste voulant une ouverture au monde extérieur. En fait, Taytu se méfie beaucoup de Mekonnen qu'elle juge trop proche des Européens<ref name="Pétridès-229">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Lorsque celle-ci comprend l'éventualité d'une arrivée sur le trône de Mekonnen, elle compte imposer le mariage du gouverneur du Hararghe avec sa fille Mentewab<ref name="Pétridès-229"/>, une union qu'il refuse. Enfin, lors de la cérémonie du teskar, Taytou apparaît comme l'unique personne peu affectée par le décès de Mekonnen<ref name="Gebre-521"/>.
Durant sa jeunesse, Mekonnen a fréquenté plusieurs femmes. De ces relations, serait né son premier fils Yilma dont il a ignoré l'existence avant qu'on le lui informe<ref name="Pétridès-31">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Vers Modèle:Nombre, il épouse Woyzero Yeshiemebét, descendante de Yohannes I qui a régné sur l'empire éthiopien de 1667 à 1682<ref name="Pétridès-31"/>. D'après Pétridès, l'unique épouse de Mekonnen est le « grand amour de sa vie »<ref name="Pétridès-32">S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Après son décès, il ne se montre jamais attiré par une autre femme — un fait unique pour les mœurs de l'époque — et demeure veuf jusqu'à sa mort<ref name="Pétridès-32"/>.
En 1892, il apprend la naissance de son fils, Teferi, le Modèle:Date-. À peine informé, il se prosterne et remercie Dieu<ref name="ref-1"/>. Son enfant devient l'objet de toute son attention, il suit son éducation et charge le Modèle:Dr Vitalien de lui donner des cours de français. Lorsqu'il atteint l'âge de douze ans, Teferi est promu à la dignité de dejazmach par son père<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>. Le jour avant sa mort, il le fait venir de Harar afin qu'il puisse passer les derniers instants de sa vie avec son enfant. D'un point de vue politique, l'affection de Mekonnen envers son fils touche également la population de Harar qui s'attache à Teferi. Ainsi, lorsqu'en 1906, à la suite du décès de Mekonnen, un nouveau gouverneur doit être nommé pour la province, les habitants n'ont pas caché leur déception en apprenant l'arrivée au poste de Ylma — un candidat soutenu par Taytu — alors qu'ils attendaient Teferi<ref>S. Pierre Pétridès, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages généraux
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Paul B. Henze, Modèle:Google Livres, Paris, Moulin du Pont, trad. de l'anglais par Robert Wiren, 2004, Modèle:P. Modèle:ISBN Modèle:Plume
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Richard Pankhurst, Modèle:Google Livres, Wiley-Blackwell; New Ed édition, 2001, Modèle:P. Modèle:ISBN Modèle:Plume
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} David Hamilton Shinn et Thomas P. Ofcansky, Historical Dictionary of Ethiopia, Scarecrow Press, 2004, Modèle:P. Modèle:ISBN Modèle:Plume
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harold G. Marcus, A History of Ethiopia, University of California Press, 2002, Modèle:P. Modèle:ISBN Modèle:Plume
Ouvrages spécialisés
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stéphanos Pierre Pétridès, Le Héros d'Adoua. Ras Makonnen, Prince d'Éthiopie, Paris : Plon, 1963, 314 p., 21 × Modèle:Unité Modèle:Plume
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia, 1855-1991, James Currey, Londres, 2002, Modèle:P. Modèle:ISBN
Périodiques
Vidéographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Biography of Ras Mekonnen Wolde Mikael (1852-1906), court documentaire (en huit vidéos) en anglais retraçant la vie de Mekonnen Modèle:YouTube
Articles connexes
- Menelik II
- Campagnes de Menelik II
- Première guerre italo-éthiopienne
- Bataille d'Adoua
- Harar - Hararghe
- Teferi Mekonnen
Liens externes
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