Narcissisme
Le narcissisme désigne l'amour de soi en référence au mythe grec de Narcisse tombé amoureux de sa propre image. En psychanalyse, le concept est élaboré dans les années 1910 par Sigmund Freud en tant qu'étape du développement de la libido au cours de la formation du moi conçu comme objet d'amour. Pour introduire le narcissisme paraît en 1914.
Le terme peut aussi bien désigner l'estime de soi qui s'équilibre dans celle d'autrui, qu'une confiance en soi excessive, confinant à l'égocentrisme, c'est-à-dire non compensée par une considération d'autrui désintéressée. En psychiatrie contemporaine, il figure à titre classificatoire dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.
Né dans le champ de la psychologie, le concept de narcissisme a gagné celui des sciences sociales dans le dernier quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Le mythe de Narcisse
Le terme de narcissisme provient du mythe grec de Narcisse. Il ne reste que quelques traces de ce mythe dans la littérature grecque antique<ref>Modèle:Cf. Strabon, Géographie, Modèle:Nobr ; Pausanias Description de le Grèce, Modèle:Nobr et Photius, Bibliothèque, Modèle:III.</ref>.
Selon Jean-Pierre Vernant et Françoise Frontisi-Ducroux, c'est Conon qui aurait laissé le récit de la légende de Narcisse<ref>Françoise Frontisi-Ducroux et Jean-Pierre Vernant, Dans l'oeil du miroir, Paris, Odile Jacob, 1197, p.201.</ref>.
C'est le poète latin de l'époque augustéenne Ovide qui a donné au mythe la version la plus connue au Modèle:Nobr de ses Métamorphoses<ref>Ovide, Métamorphoses, Texte édité et traduit par Georges Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 1928 (Modèle:T.) - 1957 (Modèle:T.). (Coll. des Universités de France). Le mythe de Narcisse se situe au Modèle:Nobr, v. 339-510.</ref>. Il relie deux mythes à l'origine distincts : ceux de Narcisse et d'Écho. Narcisse est né du viol de la nymphe Liriope par le fleuve Céphise<ref>Marie-Laure Peretti, Le transsexualisme, une manière d'être au monde, L'Harmattan, 2009, Modèle:P..</ref>. Narcisse est un jeune homme dont s'éprend la nymphe Écho. Comme Écho ne sait que répéter la dernière syllabe des mots qu'elle entend, elle est incapable de lui exprimer son amour. À défaut de pouvoir lui parler, pour entrer en contact avec lui, elle veut le toucher. Après qu'il a repoussé ses avances, elle meurt. Modèle:Référence souhaitée.
ll vient près d'une source limpide et pure pour apaiser sa soif. En regardant le reflet de son visage, il s'extasie devant lui-même ; (…) il admire tout ce qui le rend admirable. Sans s'en douter, il se désire lui-même ; il est l'amant et l'objet aimé (…). Désespéré de ne pouvoir assouvir son amour, de l'impossible étreinte, Narcisse dépérit et meurt. Il est alors transformé en un narcisse, la fleur qui porte son nom<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le thème mythique de Narcisse intéresse les artistes et les penseurs depuis très longtemps : en 1435, le philosophe Leon Battista Alberti fait de Narcisse l'inventeur de la peinture : Modèle:Citation<ref name="Alberti">Modèle:Ouvrage</ref>.
Origine du terme « narcissisme »
Selon Roudinesco et Plon, le terme « narcissisme » avait d'abord été Modèle:Citation<ref name="Roudinesco"/>.
Au début de Pour introduire le narcissisme, Freud fait référence à Paul Näcke (1851-1913), psychiatre et criminologue allemand. Celui-ci a intégré le concept de narcissisme à la psychologie clinique en 1899 pour définir une forme de perversion : le terme de « narcissisme » désignait alors Modèle:Citation<ref name="Freudnarc"> Freud, Pour introduire le narcissisme, dans OCF.P, XII, PUF, 2005, Modèle:P..</ref>. Le narcissisme a dans cette perspective Modèle:Citation<ref name="Freudnarc"/>. Freud signale dans une note que le terme de « narcissisme » avait été utilisé en premier par Havelock Ellis (« Autoerotism ; a Psychological Study ») en 1898. Paul Näcke substitue au terme « narcissus-like » de Ellis celui de Modèle:Citation<ref name="Freudnarc"/>.
Psychanalyse
Sigmund Freud
Premières recherches
Le terme apparaît en 1910 dans les Trois essais sur la théorie sexuelle Modèle:Citation<ref name="L&Pnarc">J. Laplanche et J. B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), entrée : « narcissisme », Paris, P.U.F.,1984, Modèle:P..</ref> : d'après la notice des OCF.P, il se trouve Modèle:Citation<ref name="OCFXII">Notice à Freud, Pour introduire le narcissisme, dans OCF.P, XII, PUF, 2005, Modèle:P..</ref>.
En 1909, dans une discussion à la Société psychanalytique de Vienne et à la suite de Sadger, Freud avait entrepris de définir le narcissisme comme Modèle:Citation<ref name="OCFXII"/>. En 1909 en effet, Modèle:Citation<ref name="Roudinesco">É. Roudinesco et M. Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, 2011, Modèle:P..</ref>. Selon Laplanche et Pontalis, c'est en 1911 dans l'analyse du Cas Schreber que Modèle:Citation d'un tel « stade »<ref name="L&Pnarc"/>. Les deux auteurs citent ici Freud dans l'analyse du Cas Schreber : Modèle:Citation<ref name="L&Pnarc"/>, ce qui, ajoutent-ils, Modèle:Citation<ref name="L&Pnarc"/>. Freud reprend ces vues dans Totem et tabou en 1913<ref name="L&Pnarc"/>.
1914 : Pour introduire le narcissisme
Modèle:Article détaillé En 1914, paraît Pour introduire le narcissisme (Zur Einführung des Narzissmus), en même temps que « Contributions à l'histoire du mouvement psychanalytique », dont Ernest Jones souligne la continuité avec l'essai sur le narcissisme<ref name="OCFXII"/>. James Strachey rappelle que Freud écrivit Pour introduire le narcissisme Modèle:Citation<ref name="OCFXII"/>. Jean Laplanche précise qu'à la différence de Jung, Freud différencie deux degrés dans le repli de la libido, celui sur la vie fantasmatique correspondant à l'introversion de Jung, et celui Modèle:CitationModèle:Sfn.
Dans Pour introduire le narcissisme, il Modèle:Citation<ref name="OCFXII"/>.
Avec cet essai, où il entend introduire le concept de narcissisme Modèle:Citation, il va traiter en particulier dans son étude des Modèle:CitationModèle:Sfn : la psychose notamment, que Freud appelle alors « névrose narcissique », montre comment la libido peut Modèle:CitationModèle:Sfn.
Alain de Mijolla considère Pour introduire le narcissisme comme Modèle:CitationModèle:Sfn : des Modèle:Citation viennent y enrichir Modèle:Citation ouverts par la psychanalyseModèle:Sfn.
Narcissisme primaire, narcissisme secondaire
À partir de 1920, dans le cadre de la seconde topique, Freud oppose un état narcissique primitif ou premier, anobjectal, qu'il appelle « narcissisme primaire » (Modèle:Langue) et un « narcissisme secondaire » (Modèle:Langue), Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans Le Moi et le Ça (1923), il définit le narcissisme secondaire en ces termes : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Selon Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, ce profond changement théorique serait corrélatif Modèle:CitationModèle:Sfn.
Les contemporains de Freud
L'introduction du narcissisme signifie Modèle:Citation de Sigmund Freud qu'ont éclairé les contemporains du fondateur de la psychanalyseModèle:Sfn.
Pour Sándor Ferenczi (« Transfert et introjection », 1909), Modèle:Citation : l'enfant Modèle:CitationModèle:Sfn. C'est un point de vue que Melanie Klein Modèle:CitationModèle:Sfn. La notion ferenczienne de narcissisme apparaît en 1913 dans l'article sur le « Développement du sens de la réalité et ses stades »Modèle:Sfn,<ref>Judith Dupont, « Introduction. La démarche ferenczienne », Le Coq-Héron, vol. 212, no. 1, 2013, Modèle:P..</ref>.
Dès ses premiers travaux, Karl Abraham est amené à envisager le rôle que joue le narcissisme dans le traitement des névrosés ; dans l'Esquisse d'une histoire de la libido basée sur la psychanalyse des troubles mentaux (1924), il constate que l'étude de la psychose et plus encore celle de la mélancolie Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans la mélancolie, la surestimation et la sous-estimation sont les Modèle:CitationModèle:Sfn.
Dans l'article « De la genèse de la machine à influencer » (1919), Victor Tausk tient qu'au début de la vie psychique, la libido Modèle:CitationModèle:Sfn. La Modèle:Citation, ce que Tausk reconnaît comme un narcissisme positif auquel il oppose Modèle:CitationModèle:Sfn.
Lou Andreas-Salomé quant à elle considère en 1915 le narcissisme Modèle:Citation Le narcissisme est alors Modèle:Citation Chez Lou Andreas-Salomé, Modèle:Citation
Bien que dans la théorie de Mélanie Klein, il n'y ait de place Modèle:Citation, les descriptions par cette psychanalyste de l'omnipotence infantile et de la mégalomanie permettent de mieux comprendre Modèle:CitationModèle:Sfn.
Anglo-saxons et Self
Si Mélanie Klein ne théorise pas le narcissisme en tant que tel, son travail sur l'omnipotence infantile et la mégalomanie peut aider, selon Michel Vincent, à la compréhension des états narcissiquesModèle:Sfn. En 1963, Herbert Rosenfeld dans le rapport « À propos de la psychopathologie du narcissisme » (1965) a défini la relation d'objet et les mécanismes de défense dans le narcissisme ainsi qu'en 1987 son rôle dans les facteurs psychothérapeutiques, notamment, d'après Michel Vincent, d'un narcissisme destructeur en relation avec la pulsion de mortModèle:Sfn.
Heinz Kohut reformule le narcissisme qui devient un investissement des représentations de soi (différentes du Moi) en tant que composante de la personnalité permettant la relation, ce qui sera développé dans The Analysis of the Self (1971) et dans la Self psychologyModèle:Sfn. Selon Michel Vincent l'intérêt réside dans une écoute qui s'inscrit dans la perspective freudienne en associant narcissisme et objetsModèle:Sfn.
Donald Winnicott ne fait pas directement référence au narcissisme, et sa définition du Self est très différente de Kohut mais selon Michel Vincent ce qu'il a observé des relations mère-enfant permet de voir le narcissisme primaire comme le prolongement de celui de la mère, l'enfant se trouve et vit dans le miroir qu'est pour lui le visage de la mèreModèle:Sfn.
Selon Jean-Jacques Tyszler, ce qui fait le lien entre ces théories est la mention par Freud de la vie amoureuse et les quatre déclinaisons du narcissisme dans le choix de l'objet d'amour : en fonction de ce que l'on est ; de ce que l'on a été ; de ce que l'on voudrait être ; comme ce qui a été partie du soi propreModèle:Sfn. Tyszler avance que le Self est une réponse au moi clivé de Freud qui ne peut constituer la synthèse et l’adaptation souhaitée par la psychologie et les psychothérapies, et qu'il vient Modèle:CitaModèle:Sfn. Tyszler souligne également que Lacan s'opposera au long de son travail à cette conception du moi qui est pour lui une structure de méconnaissanceModèle:Sfn.
En France
Jacques Lacan
Modèle:Article détaillé Le stade du miroir, tel que le reprend Jacques Lacan trouve son origine dans Modèle:CitationModèle:Sfn. Lacan le comprend alors comme une identification : à la différence de Winnicott qui Modèle:CitationModèle:Sfn par l'enfant. En matière de Modèle:Citation, Lacan considère plutôt ici Modèle:CitationModèle:Sfn.
Selon Jean-Jacques Tyszler, Lacan s'éloigne tout autant d'un narcissisme séparé des pulsions tel que Bela Grunberger l'avait popularisé que du « mythe » d'une unité ou d'un idéal de conscience, ainsi que du Self anglo-saxon, par la reprise du narcissisme dans la triade réel, symbolique et imaginaireModèle:Sfn. L'approche lacanienne du narcissisme est plus précisément du registre du symbolique et se rapporte à l'image ou le reflet dans le miroir par quoi l'enfant appréhende son corpsModèle:Sfn dans les deux versants du narcissisme : à la fois jubilation partagée avec l'Autre et limite du réel par la contrainte agressive et jalouse de la prématuration, de la dépendance et de l'immaturitéModèle:Sfn. Le Moi devient ainsi une structure de méconnaissance, porteur d'agressivité, de paranoïa ordinaire voire de folieModèle:Sfn. Le spectre clinique du narcissisme allant du banal au pathologiqueModèle:Sfn.
Le narcissisme est ce qui vient répondre, « en l'obturant », à la question « qui suis-je ? » adressée à l'Autre dans le stade du miroir, question prise dans le langage et les signifiants qui précèdent l'existence même du sujet qui la poseModèle:Sfn. Il s'agit donc moins, selon Jean-Jacques Tyszler, d'une instance psychique telle que Freud l'entend dans la deuxième topique, que d'un entrelacement de l'ordre du symbolique, du langageModèle:Sfn. En ce sens, les effets signifiants du narcissisme se rapportent à la question de la « valeur » : celle des objets m'entourant ; celle de ma propre valeur, pour qui, au nom de quoi ; celle des engagements et des idéauxModèle:Sfn. La clinique lacanienne peut alors se référer à Marx avec les concepts de valeur d'usage, valeur d'échange, à quoi s'ajoute la valeur du phallusModèle:Sfn.
Lacan réinterrogera fréquemment la conception du narcissisme, ainsi pose-t-il, dans le séminaire « l'objet de la psychanalyse », la question de l'objet du regard comme objet de jouissance notamment avec cette formule : Modèle:CitaModèle:Sfn.
Autres auteurs
Bela Grunberger envisage le narcissisme sous un double aspect, d'après Michel Vincent : nécessité de s'affirmer et tendance à la dépendance permanenteModèle:Sfn. Surtout, Grunberger propose à partir de 1970 de le considérer comme étant autonome et donc comme une instance psychique à part entièreModèle:Sfn.
André Green dans Narcissisme de vie, narcissisme de mort (1983) s'intéresse à la conflictualité de l'objet du narcissisme dans son rapport au Moi, rappelle Michel VincentModèle:Sfn. Le narcissisme permet une indépendance de celui-ci par transfert du désir de l'Autre sur celui de l'Un, impliquant un narcissisme de mort qui tue l'objet, le Neutre prenant la place du plaisirModèle:Sfn. Green parlera, par analogie avec le masochisme de Freud de narcissisme corporel, intellectuel et moralModèle:Sfn.
Jung et la psychologie analytique
Modèle:Article détaillé Proche de Freud de 1907 à 1914, Carl Gustav Jung s'en est séparé au terme d'un profond différend portant sur la conception de l'inconscient. Dès 1909, il a entrepris de se référer aux symboles qui jalonnent les mythes et les religions pour élaborer ses propres théories, axées principalement sur deux concepts : l'inconscient collectif et les archétypes. Dans une lettre adressée alors à Freud, il a ainsi résumé sa position : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Son école est appelée « psychologie analytique ».
Freud et Jung
Pour Freud, le moment d'écriture de Pour introduire le narcissisme correspond à la période de rupture avec Jung et des critiques de ce dernier Modèle:Citation, Jung remarquant Modèle:CitationModèle:Sfn. Freud va s'interroger sur Modèle:CitationModèle:Sfn et donner à cette question la réponse suivante : Modèle:CitationModèle:Sfn. Martine Gallard observe que si Jung est Modèle:Citation dans la première partie du texte freudienModèle:Sfn, où l'expression « introversion de la libido » est employée, il s'agit plutôt pour Freud de distinguer entre névrose et psychoseModèle:Sfn. Et par la suite, Freud n’emploiera plus guère le terme d’« introversion », tandis que Jung en fera avec l’extraversion Modèle:CitationModèle:Sfn.
Élaboration du concept de Persona
Jung est attentif à l'impact psychologique de la société de masse naissante sur ses patients<ref>L'individu menacé par la société Espace francophone jungien</ref> (Modèle:Citation écrit-il notamment<ref>C.G. Jung, Présent et avenir, 1962. Réed. Le Livre de Poche, 1995. Édition originale, Gegenwart und Zukunft, 1957, p.88</ref>). C'est pourquoi il analyse les stratégies qu'ils mettent en place pour s'y donner une contenance.
S'il ne reprend pas explicitement le concept freudien de narcissisme, Jung élabore à la fin des années 1920 le concept de persona (en latin : masque) qui Modèle:Incise s'en rapprocherait : Modèle:Citation
En 2016, peu avant l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, des analystes jungiens américains font explicitement mention du narcissisme<ref>Leonard Cruz et Steven Buser (dir.), A clear and present danger - Narcissism in the era of Donald Trump, Chiron Publications, 2016</ref>. Selon eux, Modèle:Citation
Psychiatrie contemporaine
En 1986, le psychiatre français Paul-Claude Racamier développe le concept de perversion narcissique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Mini DSM-5. Critères diagnostiques, 2016) classifie les troubles dits « narcissiques »<ref name="DSM-IV">Modèle:Chapitre.</ref>. Il en donne cette définition : Modèle:Citation.
Sciences sociales
La notion de narcissisme s'applique également à l'observation de tendances actuelles des sociétés modernes occidentales.
À la fin des années 1970, les sociologues et historiens américains Christopher Lasch (auteur de La Culture du narcissisme) et Richard Sennett (auteur de Les Tyrannies de l’intimité) entreprennent des recherches sur l'apparition d'un nouveau type d'individu caractérisé par une « personnalité narcissique » et un certain « repli sur le privé »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Lasch perçoit le narcissisme comme « une figure sociale de repli ou d’implosion vers soi, conséquence de l’effondrement de l’autorité et des sources possibles d’identification normative »<ref>Danilo Martuccelli, « Figures de la domination », Revue française de sociologie, volume 45 2004/3, Modèle:P.. Modèle:Pdf Modèle:Lire en ligne</ref>.
Bien que largement diffusées<ref>Modèle:Article</ref>, ses analyses sont assez peu relayées en sociologie ; elles le sont en revanche par des personnalités issues du monde de la psychanalyse et de la psychiatrie, dans une optique résolument psychosociale.
Ainsi, selon Laurent Schmitt, médecin psychiatre à Toulouse et auteur d'un livre sur le narcissisme<ref>Laurent Schmitt, Le bal des ego, Odile Jacob, 2014</ref>, le phénomène de la télé-réalité ainsi que le fait que la technique permette aux individus de disposer de leurs propres médias (blogs, réseaux sociaux…) renforce le narcissisme en tant que phénomène de société : Modèle:Citation<ref>Les grands narcissiques sont des personnalités toxiques, interview de Laurent Schmitt, L'Express, 10 octobre 2014</ref>.
De même, en 2019, la psychologue Marie-France Hirigoyen, d'obédience freudienne, estime que Modèle:Citation
La question de savoir si le selfie constitue un symptôme de narcissisme (notamment chez les adolescents<ref>Les "selfies" exacerbent-ils le narcissisme des adolescents ?, Joëlle Menrath, Huffington Post, 4 décembre 2013</ref>) est largement débattue mais ne fait pas consensus, y compris chez les psychanalystes<ref>Selfies : narcissisme ou autoportrait ? Simone Korff-Sausse, Adolescence 2016/3 (T.34 n° 3), pp.623-632</ref>.
Opinion publique et médias
Développé au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par Freud, le narcissisme n'est resté qu'un objet d'étude chez les professionnels pendant plusieurs décennies. Mais au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il est devenu un véritable sujet de société, en particulier dans les médias qui tiennent parfois des discours contradictoires à ce sujet. Selon Marie-France Hirigoyen dans le sens populaire et courant du terme, le narcissisme est jugé moralement et péjorativement sous l'aspect de la mégalomanie, l'égocentrisme et l'indifférence aux autres. Les professionnels adoptent deux points de vue : la plupart des psychiatres et psychologues critiquent le narcissisme contemporain et ses effets délétères sur leurs patients entraînant le malaise de la solitude, des souffrances au travail et en amour ainsi que la perte de sens, en particulier pour les plus jeunes ; d'autres spécialistes, avec pour angle l'adaptation à la société le confondent avec la confiance en soi, et prônent un renforcement du narcissisme<ref>Marie-France Hirigoyen, ibid. pp.5-6</ref>,<ref>Ce genre de positionnement est particulièrement fréquent dans la presse du management et des ressources humaines. Pour exemple, cet article paru le Modèle:Date- dans la Harvard Business Review, au titre évocateur : « Pourquoi nous adorons les narcissiques »</ref>. Il existe ainsi une confusion entre un narcissisme Modèle:Cita<ref>Modèle:Pas clair</ref>.
Sa consœur Émilie Seguin estime quant à elle que la presse et certains professionnels emploient trop souvent la notion de « pervers narcissique » de façon inconsidérée et qui serait, face aux souffrances au travail ou en amour, une sorte de figure bouc-émissaire, propre à rassurer en fournissant une explication simplificatrice à la complexité des relations humaines<ref>Les « pervers narcissiques » ou le triomphe d'un concept flou, Emilie Seguin, Le Monde, 4 mars 2014</ref>.
Un certain nombre de médias rendent les réseaux sociaux responsables d'une montée en puissance du narcissisme<ref>Citons, parmi d'autres : L'Express, ("Facebook est dangereux parce qu'il développe le narcissisme", 19 juin 2012), Le Courrier international ("Comment les réseaux sociaux ont fait de nous des touristes de nos propres vies", 12 mars 2015), Les Échos ("Narcissisme 2.0", 6 juillet 2018), Le Nouvel Observateur ("La révolution numérique a créé un nouveau narcissisme", 11 août 2019)...</ref> ainsi que de nombreux blogs<ref>Citons ces titres, parmi beaucoup d'autres : "La culture du narcissisme sur les réseaux sociaux", "Narcissisme et les réseaux sociaux", "Internet et les réseaux sociaux me rendent-ils plus narcissiques ?", "Le Narcissisme et la mise en scène sur internet", "Réseaux sociaux ou le narcissisme de groupe", "Réseaux sociaux, narcissisme ou cyborguisation ?", "Réseaux sociaux : Sortir du narcissisme"...</ref>... bien que certains blogueurs doutent eux-mêmes que la blogosphère puisse être considérée comme un terrain neutre<ref>"Blogosphère et narcissisme", Dompteurs de mots, 2 janvier 2017</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Textes-sources en psychanalyse
- Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme (Zur Einführung des Narzismus, 1913-1914),
- Pour introduire le narcissisme, traduit par Jean Laplanche in S. Freud, La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, Modèle:P..
- Pour introduire le narcissisme, traduit par J. Laplanche, dans Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (OCF.P), Paris, PUF, volume XII, 2005, Modèle:P. Modèle:IsbnModèle:Plume
- Otto Rank,
- Une contribution au narcissisme (1911), in Topique, N° 14: « Du mouvement freudien », 1974, Modèle:Lire en ligne
- Modèle:Ouvrage.
- Lou Andreas-Salomé, L'Amour du narcissisme. Textes psychanalytiques, traduction de Isabelle Hildebrand, Préface de Marie Moscovici, Paris, Gallimard, 1980. Parmi les textes traduits:
- Du type féminin (1914)
- « Anal » et « Sexuel » (1915)
- Le narcissisme comme double direction (1921) ; et dans : Marie-Claire Durieux (éd.), Le narcissisme, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Monographies de psychanalyse », 2002, Modèle:P.. DOI : 10.3917/puf.socie.2002.01.0149. Modèle:Lire en ligne
- Modèle:Ouvrage.
Textes-sources en sociologie
- Christopher Lasch, La culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances (1979), trad. française : Michel L. Landa, éd. Climats, 2000 Modèle:ISBN (Texte original : The Fall of Public Man, Knopf, 1977)
- Richard Sennett, Les Tyrannies de l’intimité, Seuil, 1979 (Texte original : The Culture of Narcissism, W.W. Norton, 1979).
Études
(Classement par ordre alphabétique des auteurs)
- Liliane Abensour, « Bibliographie générale », dans : Marie-Claire Durieux (éd.), Le narcissime, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Monographies de psychanalyse », 2002, Modèle:P.. DOI : 10.3917/puf.socie.2002.01.0177. Modèle:Lire en ligne
- Jean Bergeret, La pathologie narcissique, Dunod, 1996
- Gérard Bonnet, Le narcissisme. De l'amour de soi à l'amour de l'autre, In-Press, collection « Psy pour tous », 2016
- Jean Cottraux, Tous narcissiques, Odile Jacob, 2017
- Maurice Dayan, « 4 - Destin du narcissisme », dans Maurice Dayan (dir.), Les Relations au réel dans la psychose. Critique de l'héritage freudien, Paris, Presses Universitaires de France, « Bibliothèque de psychanalyse », 1985, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.
- Paul Denis, Le narcissisme, PUF, Modèle:Coll., 2015
- Marie-Claire Durieux et Claude Janin (dir.), Le narcissisme, Presses universitaires de France, collection « Monographies de psychanalyse », 2002 Modèle:ISBN, Modèle:Lire en ligne
- Modèle:Article. Modèle:Plume
- André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Les éditions de minuit, 2007
- Bela Grunberger, La personnalité narcissique, Dunod, 1975, 2016, Modèle:Coll. Modèle:ISBN
- Le Narcissisme, l'amour de soi, Sand & Tchou, 1997 Modèle:ISBN
- Le narcissisme, Payot, 2003 Modèle:ISBN
- Marie-France Hirigoyen, Les Narcisse. Ils ont pris le pouvoir, La Découverte, 2019
- Otto F. Kernberg, La personnalité narcissique, Dunod, 1975, 2016, Modèle:Coll., Modèle:ISBN
- Heinz Kohut, « Réflexions sur le narcissisme et la rage narcissique », Revue française de psychanalyse, Vol. 42, Modèle:N°, 1978
- Modèle:Chapitre.
- Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), entrées: « narcissisme », « narcissisme primaire, narcissisme secondaire », Paris, P.U.F.,1984, Modèle:ISBN Modèle:Plume
- Alain de Mijolla, « Pour introduire le narcissisme », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 2.M-Z, Paris, Hachette, 2005 Modèle:ISBN Modèle:P. Modèle:Plume
- « Narcissisme » (article) dans: Modèle:OuvrageModèle:Plume
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Chapitre
- Modèle:Chapitre
Articles connexes
Liens externes
- Le narcissisme, Passeport santé, décembre 2016
- Les grands narcissiques sont des personnalités toxiques, interview du Dr Laurent Schmitt, L'Express, 10 octobre 2014
- Qui sont les narcissiques ? Achille Weinberg, Sciences humaines, septembre-novembre 2013
- Bibliographie sur le narcissisme, Psychologie clinique et projective, 1986/33, p. 79-83