Paul Biya

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Modèle:Infobox Personnalité politique

Paul Biya, né Paul Barthélemy Biya'a bi Mvondo le Modèle:Date à Mvomeka'a (arrondissement de Meyomessala, département du Dja-et-Lobo, Cameroun), est un homme d'État camerounais. Il est président de la République depuis le Modèle:Date-.

Il gravit rapidement les échelons dans le gouvernement d'Ahmadou Ahidjo dans les années 1960, exerçant les fonctions de chargé de mission à la présidence de 1962 à 1965; de directeur de cabinet et de secrétaire général du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture de 1965 à 1967 ; de directeur de cabinet civil de 1967 à 1968 ; de ministre secrétaire général de la présidence de 1968 à 1975, puis de Premier ministre du Cameroun de 1975 à 1982. Il succède à Ahidjo comme chef de l’État à la suite de la démission surprise de ce dernier, en 1982, et consolide son pouvoir après une tentative de coup d'État de la garde présidentielle en 1983-1984, éliminant alors tous ses rivaux. Biya maintient des relations étroites entre le Cameroun et la France, l'un des anciens mandataire de la Société des Nations avec le Royaume-Uni.

Biya introduit des réformes politiques dans les années 1980 et, sous de fortes pressions, accélère la mise en œuvre du multipartisme au début des années 1990. Il remporte l'élection présidentielle de 1992 avec 40 % des suffrages et est réélu par une large majorité en 1997, 2004, 2011 et 2018. Des personnalités de l'opposition et des gouvernements occidentaux mentionnent des irrégularités dans les votes et des fraudes à chaque élection.

Il est le dirigeant le plus âgé du monde et le cinquième plus ancien en fonction après le sultan Hassanal Bolkiah, la reine Margrethe II, le roi Charles XVI Gustave et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.

Biographie

Famille

D'ethnie « Fang-Beti-Boulou »<ref>Modèle:Article.</ref>, Paul Barthélemy Biya’a Bi Mvondo voit le jour le 13 février 1933 dans un village du Sud du Cameroun, en pleine forêt équatoriale, une zone placée sous mandat français.

Il est le fils d'Anastasie Eyenga Ellé et d'Étienne Mvondo Assam, un catéchiste qui voit en lui un futur prêtre et l'oriente d'abord à l'École catholique de Nden, puis aux Séminaires d'Édéa et Akono<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1961, il contracte un premier mariage avec Jeanne-Irène Biya, morte en 1992. Franck Emmanuel Biya est leur unique fils.

Paul Biya épouse en secondes noces Chantal Pulcherie Vigouroux dont il adopte les deux enfants, issus d'une précédente relation. De ce mariage naissent Paul Junior Biya et Anasthasia Brenda Eyenga (« Brenda »).

Il est catholique pratiquant<ref>Patrick Awondo, Peter Geschiere, Graeme Reid, Alexandre Jaunait, Amélie Le Renard et Élisabeth Marteu, « Une Afrique homophobe ? », Raisons politiques, 2013/1, n°49, p. 95-118.</ref>.

Formation

Après des études secondaires au lycée Général-Leclerc à Yaoundé, il étudie successivement, à Paris, au lycée Louis-le-Grand<ref name="Le Figaro">Tanguy Berthemet, « Paul Biya, la "gouvernance par l'absence" », Le Figaro, 6-7 octobre 2018, p. 8.</ref>, Modèle:Refsou. Il ne participe à aucune forme de militantisme politique au cours de ses années d'étude<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>.

Ascension en politique

Chargé de mission à la présidence

Il est recommandé en Modèle:Date- par Louis-Paul Aujoulat à Ahmadou Ahidjo, qui le nomme chargé de mission à la présidence de la République<ref name=":2" />. En Modèle:Date-, il est nommé directeur de cabinet du ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture (William Eteki Mboumoua). En Modèle:Date-, il occupe le poste de secrétaire général dudit ministère.

Secrétaire générale de la présidence

En Modèle:Date-, il est nommé directeur du cabinet civil de la présidence de la république. En Modèle:Date-, tout en conservant le poste de directeur du cabinet civil, Paul Biya est nommé secrétaire général de la présidence de la république. En août de la même année, il occupe uniquement la fonction de secrétaire général de la présidence de la république avec rang de ministre.

En Modèle:Date-, Paul Biya est promu ministre d'État, secrétaire général de la présidence de la république<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Premier ministre du Cameroun

Le Modèle:Date-, il est nommé Premier ministre<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref> par le président Ahmadou Ahidjo.

En 1979, la loi n° 79/02 du Modèle:Date- fait du Premier ministre Paul Biya le successeur constitutionnel du président Ahmadou Ahidjo. Celui-ci démissionne le Modèle:Date- et entre rapidement en conflit avec son successeur<ref name=":2" />.

L'hypothèse d'une intervention du gouvernement français dans l'accession de Paul Biya à la présidence du Cameroun semble vraisemblable<ref name=":2" />.

Président de la République

Fichier:Paul biya and colin powell.jpg
Paul Biya et le secrétaire d’État américain Colin Powell, le Modèle:Date- à New York.

Accession au pouvoir et débuts

Il devient président de la République le Modèle:Date-, après la démission du président Ahidjo. Au moment de son accession à la magistrature suprême, Paul Biya est le premier vice-président du comité central de l'UNC et membre du bureau politique dudit parti. Il est élu président de l'UNC le Modèle:Date- après la démission du désormais ex président Ahidjo de la tête du parti.

Le Modèle:Date-, Paul Biya, après d'habiles manœuvres, transforme l'UNC en RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais). En 1987, il publie l’ouvrage Pour le libéralisme communautaire.

Tentative de coup d’État de 1984

Le Modèle:Date-, il échappe à une tentative de coup d’État perpétrée par des membres de la Garde républicaine<ref>Modèle:Lien web</ref>. Plusieurs des putschistes sont arrêtés et quelques-uns exécutés. De nombreuses autres personnalités sont également interpellées et emprisonnées à cet effet. Associé au coup d’État manqué, l’ancien président Ahidjo sera condamné à mort par contumace puis gracié plus tard par le président Biya. La répression vise particulièrement les régions du Nord, où des centaines de personnes sont tuées. Paul Biya reprend dès lors en main le parti unique, qu'il rebaptise Rassemblement démocratique du peuple camerounais<ref name=":2" />.

Politique monétaire du pays

Seul candidat, il est élu président en 1984 et 1988. Il adopte un plan d’ajustement structurel qui lui est présenté par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale : privatisation, ouverture à la concurrence, réduction des dépenses sociales, etc. Les salaires des fonctionnaires sont réduits de 60 %, le secteur informel augmenté très significativement, mais les classes dirigeantes ne sont pas affectées par ce programme<ref name=":0">Modèle:Article</ref>. Le billet de Modèle:Nombre francs camerounais bleu émis à partir de 1985 porte son effigie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Cameroon banknotes », sur atsnotes.com</ref>.

Mise en œuvre du multipartisme

Au début des années 1990, à la suite d'opérations de désobéissance civile, baptisées « Villes mortes », et d'émeutes, il accélère la mise en œuvre du multipartisme. Il supprime la législation « contre-subversive » instaurée par son prédécesseur, restaurant ainsi la liberté d’association, et permet à une presse indépendante de commencer à paraître<ref name=":0" />. Cette démocratisation a ses limites : le gouvernement continue d'avoir recours aux fraudes électorales et instrumentalise les appareils judiciaire et policier contre l'opposition<ref name=":2" />.

En 1992, lors des premières élections multipartites, il est donné vainqueur face à John Fru Ndi avec un léger avantage (40 % contre 36 %), que l'opposition conteste<ref>Camer.be.</ref>. Il remporte ensuite les élections présidentielles de 1997 (92,6 %) et de 2004 (70,9 %).

Révision constitutionnelle de 2008

Le pays connaît quelques changements positifs en termes de constructions et de grands chantiers, notamment dans les domaines routiers et énergétiques<ref>Camerpost.</ref>.

En Modèle:Date-, lors de son discours de fin d’année à la nation, il annonce son intention de modifier la Constitution, qui limite le mandat présidentiel à deux exercices<ref>Pour ce faire, il doit changer la Modèle:Nobr de la constitution en vigueur qui limite les mandats présidentiels.</ref>. Très contesté, le projet de révision accorde également une immunité judiciaire au chef de l'État pour les actes accomplis pendant son mandat. En Modèle:Date-, des émeutes éclatent, réclamant la baisse des prix et le départ de Paul Biya. Les manifestants sont sévèrement réprimés : une centaine de morts, des milliers d’arrestations<ref name=":0" />.

Réélections de 2011 et de 2018

La révision constitutionnelle est votée par l'Assemblée nationale en 2008. Paul Biya est donc réélu le Modèle:Date-, avec 78,0 % des voix (pour un taux de participation de 68,2 %). Alors qu'une importante partie de la communauté internationale émet des doutes sur la validité des résultats, la Cour suprême rejette un appel de l'opposition destiné à annuler l'élection<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'ambassadeur des États-Unis au Cameroun, Robert Jackson, a dénoncé des Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le Modèle:Date-, il annonce qu'il sera candidat à sa propre succession lors de l'élection présidentielle de 2018<ref>Modèle:Lien web.</ref>, pour laquelle il fait figure de grand favori. Au même moment, le pays souffre d'une crise économique, l'afflux de réfugiés centrafricains ainsi que d'un conflit séparatiste dans ses régions anglophones<ref name="Le Figaro"/>. À l'issue du scrutin du Modèle:Date-, il est réélu avec un score de 71,28 %<ref>Modèle:Article</ref>

Crise de la Covid-19 et longévité

Début 2020, son silence alors que la pandémie de Covid-19 fait du Cameroun le deuxième pays le plus touché d'Afrique subsaharienne suscite des critiques. Pour l'économiste de la santé Albert Ze, « il y a un manque évident de coordination dans la réponse contre la Covid-19 »<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Paul Biya est désormais au pouvoir au Cameroun depuis plus de 40 ans. Âgé de 90 ans en 2023, il fait partie des chefs d'État à la longévité la plus importante, et est aussi le plus âgé d’entre eux<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Lors d’une conférence de presse conjointe à Yaoundé avec le président français Emmanuel Macron, en juillet 2022, il dessine les contours d’une potentielle candidature à l’élection présidentielle de 2025<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Bilan et critiques

Nature du régime

Fichier:Mbida-sequestre.JPG
Louis-Tobie Mbida séquestré à Mvolyé alors qu’il tente d’organiser une réunion politique le Modèle:Date-.

Son régime est souvent qualifié d'autoritaire<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Des organisations comme Amnesty International ont critiqué le régime de Paul Biya, accusé de restreindre les libertés fondamentales des Camerounais et de commettre des violations des droits de l’homme<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>.

En 1990, Michel Lévêque, directeur d'Afrique au Quai d'Orsay, rédige un rapport confidentiel intitulé Les Relations de la France avec les pays en développement, qui met en évidence le pluralisme de façade dans certains pays africains dont le Cameroun<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Un homme politique camerounais a d'ailleurs à ce sujet parlé de Modèle:Citation<ref>Anicet Ekanè, sur le plateau de la télévision LTM.</ref>.

Le Modèle:Date-, les services de sécurité du régime se font remarquer en séquestrant Louis-Tobie Mbida, homme politique pourtant de bien moindre influence, dans un bâtiment appartenant à l’Église catholique<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Cependant, ses partisans notent des progrès avec son arrivée au pouvoir (Modèle:Citation selon François Soudan de Jeune Afrique)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Les incarcérations de journalistes, écrivains, syndicalistes et activistes sont fréquentes<ref name=":0" />.

Le Cameroun constitue 60 % du PNB de l'ancienne Afrique-Équatoriale française, ce qui peut expliquer selon des analystes la tolérance de la France face aux faiblesses affichées du président Biya<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Corruption

La lutte contre la corruption a fait l'objet d'initiatives sous la présidence de Paul Biya<ref>Petit bilan sur Koaci.com.</ref>, avec notamment la mise sur pied en 2006 de l'opération Épervier. Cette opération judiciaire anti-corruption a conduit à l'arrestation de hauts fonctionnaires de l’État, mais a suscité le soupçon de servir le régime pour écarter ou sanctionner des concurrents, ou des compagnons de route infidèles ou encombrants<ref>Modèle:Citation dans Modèle:Article.</ref>,<ref name="Le Figaro"/>. Le succès mitigé de l'opération pourrait aussi s'expliquer par la quasi-impossibilité de récupérer les fonds détournés auprès des établissements financiers étrangers<ref>Modèle:Article.</ref>. Le Comité national contre la corruption (CONAC), institué en 2006, poursuit toutefois son activité<ref>Modèle:Lien web.</ref>. La corruption est utilisée par le régime afin de susciter des allégeances<ref name=":0" />.

In fine, la corruption reste très forte : en 2018, le Cameroun est classé Modèle:145e sur 176 pays dans ce domaine par l'ONG Transparency International<ref name="Le Figaro"/>.

Les forces de sécurité (police, armée, gendarmerie, service secret) sont privilégiées par le régime. Les hauts gradés de l'armée ont obtenu des concessions forestières et un accès privilégié à l'industrie du jeu. Les effectifs de la fonction publique et le salaire des fonctionnaires font l'objet de coupes récurrentes, sauf pour les militaires et policiers<ref name=":2" />.

Biens mal acquis

En Modèle:Date-, le rapport de CCFD-Terre Solidaire Biens mal acquis, à qui profite le crime ? revient sur les dépenses pharaoniques du président camerounais et sur sa fortune familiale<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Modèle:Date-, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « recel de détournements de fonds publics » sur Paul Biya, à la suite d'un dépôt de plainte par l’association Union pour une diaspora active (UDA) Modèle:Nobr plus tôt<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Selon Issa Tchiroma, porte-parole du gouvernement camerounais, Modèle:Citation, et dénonce une tentative de manipulation médiatique par des partis de l'opposition pour discréditer le président à l'aube des élections présidentielles de 2011<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Séjours privés et absences

Modèle:Article connexe Les nombreux « séjours privés » de Paul Biya en Europe, notamment en Suisse, sont l'objet de polémiques récurrentes<ref name="Le Figaro"/>.

Il est également reproché à Paul Biya un absentéisme néfaste au fonctionnement de l'État. Le conseil des ministres ne se réunit que rarement : ainsi, il s’en tient un en Modèle:Date-, pour la première fois en deux ans. Christian Penda Ekoka, son ancien conseiller pendant huit ans passé à l'opposition, déclare : Modèle:Citation<ref name="Le Figaro"/>.

Son biographe Michel Roger Emvana nuance les accusations d'absentéisme. Citant Modèle:Me Bédard, un proche du président Biya, il avance que Modèle:Citation. Le président Biya est selon lui Modèle:Citation. Parlant même du silence supposé du président Biya dans sa gestion du pouvoir, Modèle:Me Bédard avance qu'il le fait de manière délibérée : selon lui, Modèle:Citation<ref>Michel-Roger Emvana, Paul Biya : Les secrets du pouvoir, Paris, Karthala, 2015, pp. 60-61. Lire en ligne</ref>.

Décorations

Décorations camerounaise

Décorations étrangères

Distinctions

Paul Biya est désigné en 2011 par les chefs traditionnels du Sud, sa région natale, chez les Fang-Beti, Nnom Ngiii, c'est-à-dire chef des chefs, doté de pouvoirs surnaturels<ref>Modèle:Article</ref>. Il est également docteur honoris causa de l'université du Maryland.

Publication

  • Pour le libéralisme communautaire, Paris : Pierre-Marcel Favre, 1986, 158 p. (réédité en 2019)

Notes et références

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Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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