Peuples de la mer

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style="border-bottom:2px solid Modèle:Hiero/bord; background:Modèle:Hiero/couleur; padding:5px; text-align:center; font-size:small;" | Peuples de la mer
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Les Égyptiens anciens appelaient « peuples de la mer » (plus littéralement Gens des pays étrangers de la MerModèle:Sfn, en égyptien ancien : nȝ ḫȝt.w n pȝ ym) des groupes de différents peuples venus par la mer attaquer par deux fois au moins, mais sans succès, la région du delta du Nil, sous les règnes de Mérenptah et de Modèle:Monarque, à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant notre ère, à la fin de l'âge du bronze récent (période du Nouvel Empire).

On identifiait parmi eux les Lukkas (Lyciens ?), Pelesets (Philistins ?), Aqweshs (Grecs ?), Shardanes (Sardes ?) et Shekeleshs, entre autres. Certains de ces mêmes peuples sont présents dans les textes provenant de régions plus au nord, sur les côtes d'Anatolie méridionale et du Levant, où ils mettent à mal les royaumes dominés par les Hittites et prennent part à leur chute. Certains d'entre eux s'installent ensuite au Proche-Orient, les plus et mieux connus étant les Philistins, qui font souche au sud du Levant et sont souvent évoqués dans la Bible, en tant qu'ennemis mortels des Israélites.

Les peuples de la mer ont donc pu être interprétés comme des groupes accomplissant des mouvements migratoires d'ampleur, auxquels sont attribuées diverses destructions observées sur plusieurs sites situés sur le littoral de la Méditerranée orientale et datées des premières décennies du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant notre ère, même s'il est généralement impossible de déterminer avec certitude quelles sont les causes de ces destructions. Quoi qu'il en soit, ce phénomène prend place dans une dynamique conduisant à l'effondrement des royaumes dominant le Moyen-Orient et l'Est méditerranéen à la fin de l'âge du bronze récent, dans lequel il semble avoir eu un rôle déterminant. En raison d'une documentation textuelle peu abondante et souvent difficile à interpréter, ses modalités et ses causes restent encore très mal comprises.

Origine de l'expression

L'expression « peuples de la mer » trouve son origine dans un texte publié en 1855 par l'égyptologue Emmanuel de Rougé dans sa description des vestiges du second pylône du temple de Médinet Habou<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,Modèle:Sfn. Il écrit : Modèle:Citation

Gaston Maspero, successeur d'Emmanuel de Rougé au Collège de France, a popularisé l'expression « peuples de la mer » et lui a associé la théorie de leur migration. Maspero a évoqué cette hypothèse en 1873 dans la Revue critique d'histoire et de littérature puis l'a développée en 1895 dans son Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique<ref>Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn.

La situation avant les attaques

Les sources égyptiennes évoquant explicitement les attaques des peuples de la mer sont des inscriptions des règnes de Mérenptah et de Modèle:Monarque, qui peuvent être reconnues comme les périodes de la plus forte manifestation de ces groupes de populations, si on y ajoute les témoignages des textes contemporains d'Ougarit, datés du règne d'Ammourapi, et du fait que les destructions attestées sur les sites archéologiques du Levant sont datables du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Il est néanmoins possible de trouver dans des sources antérieures des attestations de plusieurs des futurs peuples de la mer, permettant une meilleure interprétation du phénomène et de relativiser sa soudaineté.

Contexte géopolitique : la Méditerranée orientale à la fin de l'âge du bronze récent

Fichier:Moyen Orient 13e siècle.svg
La situation géopolitique du Moyen-Orient vers 1275 avant notre ère, à la veille des attaques des peuples de la mer.

La partie orientale de la mer Méditerranée est un monde où les relations interrégionales sont de plus en plus actives, et bien connues grâce aux archives diplomatiques exhumées à Amarna en Égypte, éphémère capitale d'Akhenaton, à celles de Boğazkale en Turquie où se trouvent les ruines de l'ancienne capitale hittite, Hattusa, et enfin aux textes diplomatiques et commerciaux de Ras Shamra en Syrie, l'antique port d'Ougarit<ref>Pour une introduction sur les apports de ces textes, voir Modèle:Ouvrage.</ref>.

Aux Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plusieurs grandes puissances politiques sont riveraines de la mer Méditerranée. Au sud et au sud-est, le Nouvel Empire égyptien a établi sa domination sur la partie sud du Levant (principautés de Canaan, cités portuaires de Byblos, Tyr et Sidon). Au nord, il a été confronté à l'autre grande puissance, les Hittites, qui dominent une grande partie de l'Anatolie et sont suzerains de plusieurs royaumes du Nord du Levant (Ougarit, Amurru, Qadech, Alep, etc.). Entre les deux sphères d'influence, l'île de Chypre, dont au moins une partie est dominée par le royaume d'Alashiya, reste indépendante et a une place importante dans le concert international en raison de ses ressources importantes en cuivre.

Les Hittites ont également étendu leur influence vers l'ouest anatolien en direction de la mer Égée, soumettant au passage les pays d'Arzawa et plusieurs autres régions voisines. Ces territoires occidentaux se sont révélés être particulièrement difficiles à contrôler, un vent de révolte les parcourant en permanence<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Celui-ci est parfois attisé par un autre puissant royaume que les sources hittites mentionnent sur le littoral oriental de l'Égée, l'Ahhiyawa. On l'identifie couramment à la puissance politique dominant la Grèce mycénienne, peut-être centrée sur Mycènes, mais cela reste incertain en l'absence de sources plaidant en faveur de cette interprétation en Grèce même<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref> Modèle:Ouvrage.</ref>.

Relations maritimes et piraterie avant la période des peuples de la mer

Fichier:Uluburun1.jpg
Maquette du bateau échoué à Uluburun, un de ceux traversant l'est du bassin méditerranéen à la fin de l'âge du bronze.

Si elle n'est pas encore parcourue comme elle peut l'être quelques siècles plus tard après le développement des réseaux d'échanges maritimes phéniciens et grecs, la Méditerranée orientale connaît au bronze récent un relatif essor des relations maritimes à la suite du développement de plusieurs des régions qui la bordent, à commencer par le monde égéen des Minoens et des Mycéniens qui devient un partenaire plus important de l'Égypte, de l'Anatolie et du Proche-Orient. Cet essor est attesté par les produits circulant entre ces régions, mis au jour lors de fouilles archéologiques, ainsi que par la découverte de l'épave d'Uluburun, au large de la Lycie (Sud de la Turquie actuelle), qui contenait des objets provenant de Chypre (cuivre), du Levant, d'Égypte, de Crète et de Grèce continentale<ref>Modèle:Chapitre et pages suivantes pour des exemples d'objets trouvés dans l'épave.</ref>. Elle vient en complément des sources écrites cunéiformes contemporaines, notamment celles du port d'Ougarit, qui fournissent des informations sur les échanges maritimes au Levant<ref>Sur les échanges maritimes de biens à cette période : Modèle:Chapitre ; Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage ; Modèle:Chapitre.</ref>.

Parallèlement à ces circuits d'échanges réguliers, des pratiques de piraterie se développent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Gilan, « Pirates in the Mediterranean: a view from the Bronze Age », dans N. Jaspert et S. Kolditz (dir.), Seeraub im Mittelmeerraum: Piraterie, Korsarentum und maritime Gewalt von der Antike bis zur Neuzeit, Paderborn, 2013, p. 49–66.</ref>. Elles sont notamment attestées par une des lettres de la correspondance diplomatique d'Akhenaton retrouvée à Amarna, dans laquelle le roi d'Alashiya (Chypre) répond aux accusations du pharaon de complicité avec des pirates<ref>Modèle:Harvsp.</ref> :

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Les responsables de ces actes sont désignés par le roi d'Alashiya comme des Lukkas, donc des habitants de la Lycie, dans le Sud-Ouest anatolien<ref name=lukka>Modèle:Harvsp.</ref>. Ils sont manifestement en mesure de mener des raids à Chypre, mais aussi jusqu'en Égypte et ses dépendances du sud du Levant. On remarquera néanmoins le flou qui demeure, puisque le roi égyptien prétend (à juste titre ?) que des Chypriotes participent à ces raids. Quoi qu'il en soit, dès le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un des futurs peuples de la mer se fait remarquer sur les lieux mêmes que ravagent un siècle et demi plus tard ces groupes. Les Lukkas sont connus pour être des adversaires des Hittites après que ceux-ci ont étendu leur domination sur les territoires situés au nord de la Lycie, les pays de l'Arzawa. Malgré leurs apparents succès au cours des campagnes qu'ils y mènent, ils ne sont jamais en mesure de pacifier la région et d'y exercer autre chose qu'une suzeraineté nominale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dès la période d'Amarna et les débuts de la [[XIXe dynastie égyptienne|Modèle:Nobr]], un autre des futurs peuples de la mer apparaît dans la documentation égyptienne et proche-orientale : les Shardanes<ref name=shard/>. Une stèle retrouvée à Tanis rapporte que Modèle:Monarque les affronte dans la cinquième année de son règne, alors qu'ils arrivent sur des bateaux par la mer et qu'ils étaient inconnus auparavant en Égypte. Il en incorpore certains comme mercenaires dans son armée et ils sont à ses côtés lors de la bataille de Qadesh. Des documents d'Ougarit et de Byblos indiquent que d'autres Shardanes servaient dans les armées de ces royaumes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ces pirates et mercenaires ont donc pu constituer une « avant-garde » disposant d'informations qui vont sans doute être mobilisées au profit de leurs congénères restés dans leur pays d'origine au moment des « invasions »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les attaques en Égypte et ailleurs

Les peuples de la mer mènent deux vagues d'assauts contre le Nord de l'Égypte : une première sous Mérenptah et une seconde sous Modèle:Monarque ; chaque tentative d'invasion se solde par un échec. Elles s'inscrivent dans une série d'attaques venues de l'extérieur auxquelles font face depuis plusieurs décennies les rois du Nouvel Empire égyptien, impliquant en particulier les Libyens venus du désert occidental, qui se mêlent à l'occasion à d'autres groupe qui semblent venus du monde égéen au sens large. Ces deux tentatives, espacées l'une de l'autre d'une vingtaine d'années, trouvent également des échos dans les régions voisines, notamment par la documentation du Hatti et d'Ougarit. Elles participent à l'effondrement des royaumes du Moyen-Orient à partir du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui est un phénomène plus large qui ne se limite pas aux attaques des peuples de la mer. La nature et les causes de ces grands bouleversements sont très débattues et les réponses sont loin d'avoir été trouvées tant la documentation est difficile à interpréter. Les origines des peuples de la mer, la nature de leurs mouvements (invasions, migrations ?), les raisons de leurs assauts et leur devenir après ces années-là sont très mal compris, d'autant plus qu'il n'y a probablement pas d'interprétation simple.

Une première vague ?

Une première vague d'attaques semble s'effectuer dans les dernières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. C'est peut-être de cette époque que date l'apparition des peuples de la mer (même s'ils ne sont pas nommés ainsi) en tant qu'entité collective, dans une inscription de Mérenptah à Karnak :

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Elle concerne une campagne militaire ayant eu lieu durant sa cinquième année de règne dans la région du delta du Nil, opposant les troupes égyptiennes à un de leurs adversaires traditionnels dans cette région, les Libyens conduits par leur chef Meryre, mais cette fois-ci ces derniers sont alliés aux peuples de la mer où on retrouve les Shardanes (šrdn en hiéroglyphes) et Lukkas (rk). Les trois autres font leur apparition : les Shekeleshs (škrš)<ref name=shekelesh>Modèle:Harvsp.</ref>, les Aqweshs (aqywš) les Achéens, correspondant aux Ahhiyawas des sources hittites<ref name=eqwes/>, et les Tereshs (twrš)<ref name=teresh/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il s'agit en tout cas d'un conflit défensif pour les Égyptiens, attaqués sur leur frontière occidentale. Suivant le texte de Karnak, le combat en lui-même dura six heures, et fut un véritable carnage. Meryre fut contraint à la fuite et ses troupes se débandèrent et furent poursuivies par la charrerie égyptienne qui les massacra. Mais le chef libyen resta libre, vu qu'il s'était assuré le contrôle de plusieurs forteresses à l'ouest qui lui assuraient une retraite aisée. L'inscription donne le total de Modèle:Unité ou tués, dont 2 400 parmi les peuples de la mer, ce qui laisserait supposer qu'ils constituaient environ 3/Modèle:8e des troupes engagées au combat<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais la menace principale pour les Égyptiens est constituée par les Libyens.

Il apparaît en effet que ces bandes sont une menace plus importante pour les régions littorales d'Anatolie et du Nord du Levant, dans la sphère hittite, même s'ils ne sont jamais mentionnés explicitement dans les sources du Hatti, alors gouverné par Modèle:Monarque, et d'Ougarit, gouverné par Ammourapi. Une tablette provenant de ce dernier site mentionne ainsi la capture d'un certain Ibnadushu, un personnage important, par les Shekeleshs Modèle:Citation, qui sont également actifs dans cette région. Les campagnes menées par les rois hittites sont également des indications de l'instabilité des régions littorales. Modèle:Monarque, père de Modèle:Monarque, a mené des campagnes contre le pays de Lukka, avant de prendre le contrôle d'Alashiya (Chypre) d'après ce que nous raconte un texte du règne de son fils<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. Celui-ci indique que Suppiluliuma doit à son tour mener des campagnes à Alashiya, et sans doute aussi dans les pays des Lukkas<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. Les conquêtes maritimes, inhabituelles pour les rois hittites qui restent généralement cantonnés aux territoires continentaux, semblent bien plaider en faveur d'une menace importante venant de la mer, qu'il est donc très tentant de relier aux raids des peuples de la mer. La situation semble d'autant plus propice à ce genre d'attaques que les territoires hittites semblent souffrir de mauvaises récoltes liées apparemment à une sécheresse, le ravitaillement de l'Anatolie centrale depuis les régions du Sud étant difficile. Les victoires de Suppiluliuma, conjuguées à celle de Mérenptah, permettent néanmoins de juguler les assauts<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>.

Ramsès III contre les peuples de la mer

Fichier:Seevölker.jpg
Modèle:Monarque face aux peuples de la mer, d'après un bas-relief de Médinet Habou.

Une vingtaine d'années plus tard, les assauts des peuples de la mer sont plus pressants. Le jeune pharaon Modèle:Monarque doit à son tour les repousser dans la huitième année de son règne, entre des campagnes contre les Libyens qui sont restés la principale menace pour le nord de son royaume. Le récit de sa victoire a été inscrit et illustré sur les murs du temple de Médinet Habou, et des informations complémentaires sont apportées par le Papyrus Harris rédigé sous Modèle:Monarque en l'honneur des accomplissements de son père Modèle:Monarque. L'inscription du temple explique l'origine du conflit par des événements se produisant loin des frontières de l'Égypte :

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On y retrouve donc les Shekeleshs aux côtés de nouveaux peuples : les Pelesets (pršt) qui sont les Philistins bibliques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, les Denyens (dnjn)<ref name=denyen/>, les Wesheshs (wšš)<ref name=weses/> et Tjekers (ṯkr)<ref name=tjeker>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. Si l'on suit la description de Modèle:Monarque, ce nouvel assaut est coordonné comme le précédent, mais sans le commandement libyen, puisqu'il part de l'Amurru (entre la Syrie et le Liban actuels) après avoir ravagé les royaumes du Nord. Il se déroule cette fois-ci dans la partie orientale du delta du Nil, au moins pour la bataille navale. Les descriptions montrent les guerriers accompagnés par leurs familles, ce qui supposerait qu'il s'agit de migrations avec pour but l'implantation dans la région. Les combats se déroulent sur terre mais également sur des bateaux dans les chenaux du delta, les assaillants arrivant en partie par voie maritime. Les conditions des affrontements sont donc difficiles, les Égyptiens engageant des bateaux au combat et de nombreuses troupes au sol, dont de nombreux archers qui sont pratiques pour ce type d'affrontement (les chars et chevaux n'étant pas engagés en raison de la nature du lieu de combat), mais finalement l'affrontement principal se serait joué au corps à corps<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La localisation exacte des affrontements terrestres est en revanche débattue : soit ils se sont déroulés à proximité du combat naval, soit plus à l'est sur la côte levantine (notamment au nord de Megiddo). Dans ce second cas, le gros des troupes des peuples de la mer n'aurait donc atteint que le Proche-Orient, où elles auraient été arrêtées, et non pas l'Égypte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les peuples de la mer et les destructions au Levant

Si on suit la proclamation de Modèle:Monarque évoquée, cet assaut prendrait place après (ou pendant) une série d'offensives des peuples de la mer conduisant à la chute des plus puissants royaumes situés au nord : Hatti, Karkemish, Arzawa, Alashiya. Les troupes partant à l'assaut de l'Égypte se seraient d'ailleurs regroupés en Amurru, aux marges de la sphère de domination hittite. La fiabilité de cette proclamation a été discutée, étant donné qu'il s'agit d'un texte de propagande qui a surtout pour but de mettre en valeur la victoire du Pharaon et de ses troupes face à des ennemis terribles qui ont fait tomber toutes les autres grandes entités politiques qu'elles ont combattues. Mais le texte concorde bien avec toutes les destructions observées sur plusieurs sites du Levant et d'Anatolie qui ont lieu vers les années 1180-1170, liées à la chute de l'empire hittite et de la plupart de ses vassaux syriens, seule Karkemish subsistant au sortir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. Il est néanmoins impossible d'attribuer les destructions continentales, comme celle des cités hittites d'Anatolie centrale, aux peuples de la mer qui ne sont jamais mentionnés dans ces régions. Les assauts des peuples de la mer prennent place dans une crise qui touche tout le Moyen-Orient, et ils n'en sont qu'une manifestation. Il faudrait donc « seulement » leur attribuer les destructions sur le littoral qui ont lieu à cette période, essentiellement à Chypre et sur les côtes syriennes (Ougarit, Alalakh, Amurru). Les textes d'Ougarit précédant la destruction de la ville sont les plus instructifs sur ces années-là, même s'il est souvent complexe de les dater et de les contextualiser, notamment parce qu'ils ne mentionnent jamais explicitement les adversaires les menaçant. Une lettre du roi Ammourapi d'Ougarit au roi Kushmeshusha d'Alashiya, qui n'a peut-être jamais été expédiée (à moins qu'il ne s'agisse d'un brouillon ou d'une copie d'une lettre envoyée), montre bien l'urgence de la situation :

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Il apparaît donc que le roi hittite Modèle:Monarque a mobilisé les troupes de son vassal, notamment les navires qui sont la force majeure d'Ougarit, royaume peu puissant militairement, dans des combats sur le continent en Anatolie, et par mer en Lycie, terrain privilégié d'affrontements qui sert sans doute de base arrière aux peuples de la mer. Par sa position, le roi d'Alashiya est en mesure de suivre les mouvements des navires adverses qui peuvent aller faire de la rapine sur la côte syrienne (après être passé au travers des forces navales hittites ?), dans lesquels il faut reconnaître des peuples de la mer. D'autres textes indiquent des conflits se déroulant dans la région du Taurus, sans doute suivis par des affrontements dans la région d'Alalakh (au nord d'Ougarit), précédent la destruction d'Ougarit<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les combats ayant lieu en Anatolie, impliquant le roi hittite et sans doute le vice-roi de Karkemish qui supervise la sécurité en Syrie, ne sont pas connus par des textes provenant d'autres sites. Ils ne concernent sans doute pas les peuples de la mer, mais d'autres populations actives à l'intérieur des terres : Gasgas et Phrygiens en Anatolie centrale qui ont sans doute porté le coup de grâce aux Hittites, Araméens et Subriens en Syrie<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. Des sites chypriotes sont détruits vers la même époque, ce qui correspondrait bien à ce que les textes d'Ougarit et d’Égypte disent de la situation d'Alashiya, et a donc pu être attribué à des peuples de la mer ou du moins à des migrants venus du monde égéen, même si cela est discuté car d'autres événements peuvent en avoir été la cause<ref name=chypre>V. Karageorghis, Les Anciens Chypriotes : entre Orient et Occident, Paris, 1990, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn.

Plus au sud, les ports de Byblos, Sidon et Tyr ont sans doute subi des attaques voire des destructions, mais ils s'en sont remis rapidement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À Canaan il y a certes des destructions de sites à cette période mais leurs causes sont débattues, rien n'indiquant avec certitude qu'elles soient liées à des attaques venues de l'extérieur, d'autres causes étant possibles (destructions accidentelles, conflits internes, rivalités entre cités cananéennes)<ref>Modèle:Chapitre ; Modèle:Chapitre.</ref>,<ref name=maeir212/>. Du reste il est probable que le nombre de destructions attribuées aux Peuples de la mer soit surévalué, en raison d'une surinterprétation<ref>Modèle:Lien web ; Modèle:Lien web.</ref>.

Les attaques et les troubles qui les ont suivis ont néanmoins pu précipiter l'effondrement de la domination égyptienne sur le Sud du Levant et peut-être même celui du Nouvel Empire, qui reposait en partie sur ses possessions asiatiques et les richesses qu'elles lui fournissaient<ref>Modèle:Ouvrage. Voir aussi Modèle:Harvsp.</ref>.

Après les assauts : la question des implantations des peuples de la mer

Fichier:RasIbnHani,northpalaceW.jpg
Ruines de la résidence palatiale de Ras Ibn Hani, détruite et réoccupée un temps par un groupe des peuples de la mer.

La situation des régions qui semblent avoir été ravagées par les peuples de la mer après la grande vague d'attaques est documentée principalement par l'archéologie mais aussi par quelques textes. Un récit égyptien se déroulant aux alentours de 1100, l’Histoire d'Ounamon<ref>Wen-Amon pour les Anglo-Saxons.</ref>, relatant l'expédition commerciale d'Ounamon, membre de l'administration du temple d'Amon à Karnak, sur les côtes du Levant en direction de Byblos où il vient acheter du bois pour la barque sacrée du dieu<ref>Pour une traduction du récit, voir notamment Modèle:Ouvrage.</ref>. Sur son chemin, il fait escale à Dor qui est alors tenue par un des peuples de la mer, les Tjekers (appelés škl dans le texte, ce qui fait qu'ils ont également pu être interprétés comme des Shekeleshs). Il est ensuite volé et malmené, mais parvient tout de même à Byblos où il est retenu longtemps, notamment du fait de la menace de pirates tjekers qui souhaitent le tuer et piller sa cargaison. Il échoue ensuite à Alashiya où il survit grâce à la protection d'une reine locale, la suite du récit n'étant pas conservée. Il semble en ressortir que le commerce a repris dans ces régions, toujours menacées par des actes de piraterie, mais que les cités phéniciennes prospèrent aux côtés d'autres implantations des peuples de la mer. Un autre texte égyptien, l’Onomasticon d'Aménémopé, donne une liste des peuples de Palestine, parmi lesquels se trouvent les Tjekers, les Philistins et les Shardanes<ref>Modèle:Harvsp.</ref> qui auraient été cantonnés dans cette région après l'affrontement contre Modèle:Monarque. La présence des Philistins et de leurs ports (Gaza, Ashdod, Ascalon) renvoie aux épisodes de leurs luttes contre les tribus puis les rois d'Israël dans le Livre des Juges et le Premier Livre des Rois.

Ces différentes sources écrites, ainsi que celles des Assyriens et des auteurs classiques qui évoquent la région quelques siècles plus tard, indiquent qu'un processus de cohabitation voire de mélange a lieu entre les Cananéens implantés dans la région depuis longtemps et les peuples de la mer arrivés dernièrement, ce qui a pour effet de modifier considérablement le paysage politique et culturel du Levant méridional au début de l'âge du fer. Les fouilles archéologiques de sites de Palestine ont donc cherché à y repérer les territoires occupés par les peuples de la mer, en premier lieu les Philistins localisés précisément grâce aux sources bibliques, mais aussi les Tjekers qu'on a tenté de trouver à Tel Dor ou les Shardanes à Tell Akko (Acre). Il a même été avancé sans fondement que les Denyens soient les ancêtres de la tribu de Dan. L'identification se fait notamment sur la base d'une céramique d'inspiration mycénienne (mais qui peut être aussi chypriote), qualifiée parfois de « philistine », qui est clairement différente de celle des cultures locales traditionnelles. Cela suit la théorie dominante de l'origine égéenne de ces peuples (voir plus bas), et le fait que l'arrivée des Philistins sur place est le seul phénomène connu que l'on peut avancer pour expliquer l'apparition de cette céramique<ref name=grabb90>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais elle reste problématique parce que l'adéquation entre une culture matérielle et un groupe ethnique n'est pas systématique. De plus, la chronologie de la diffusion de cette céramique est débattue : si on pense généralement qu'elle concorde bien avec les suites de la seconde « invasion » des peuples de la mer, d'autres avancent qu'elle pourrait être plus tardive (dans le courant de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), ce qui indiquerait que les Philistins sont arrivés dans la région plusieurs décennies après l'attaque repoussée par Modèle:Monarque (comme proposé par D. Ussishkin)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Au nord du Levant, la situation est différente, puisqu'il semble que les peuples de la mer y aient eu moins d'importance, en tout cas le principal phénomène qui y est observable est l'irrésistible ascension des cités phéniciennes, héritières des royaumes de l'âge du bronze<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>.

Encore plus au nord sur le littoral syrien, les peuples de la mer n'ont apparemment pas duré : un groupe d'entre eux, identifié comme en Palestine par la présence d'une céramique d'inspiration mycénienne, s'est installé sur les ruines de Ras Ibn Hani, un site palatial d'Ougarit, ou à Modèle:Lien dans le même royaume. Mais ses traces sont perdues par la suite sans doute du fait d'une fusion rapide avec les populations locales<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le même type de céramique a été mis au jour à Alalakh et pourrait témoigner du même phénomène<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. La Syrie devient durant cette période une terre dominée par des royaumes araméens et néo-hittites. Une inscription en hiéroglyphes hittites retrouvée dans un temple d'Alep mentionne un certain Taita « roi de Palistin », qu'il faut peut-être identifier comme un Philistin qui aurait établi un royaume dans cette région, mais cela est très incertain<ref>Cela s'appuie sur des inscriptions de Tell Tayinat, la capitale de ce royaume : Modèle:Article.</ref>.

Plus à l'est, l'île de Chypre a été profondément bouleversée par les événements ayant eu lieu durant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, puisqu'elle a vu l'arrivée d'une population grecque qui influence fortement la culture locale, un élément de plus en faveur des liens entre les peuples de la mer et le monde égéen<ref name=chypre/>.

Enfin, il est souvent proposé que d'autres groupes aient migré plus à l'ouest. Sur la base de la proximité des noms, il a ainsi été proposé que les Shekeleshs soient les ancêtres des Sicules établis en Sicile, et que les Shardanes soient les ancêtres des Sardes et auraient de la même manière donné leur nom à la Sardaigne. En fait ces propositions ne reposent pas sur des preuves solides (en particulier l'absence de trace archéologique) et ne peuvent être étayées (voir ci-dessous)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'idée selon laquelle les Tereshs seraient les ancêtres des Tyrrhéniens et des Étrusques est encore moins tenable<ref name=teresh>Modèle:Harvsp.</ref>. Il en ressort en tout cas une image hétérogène des peuples de la mer, qui ne peuvent plus vraiment être considérés comme une entité collective après la bataille contre Modèle:Monarque.

À la recherche d'explications

Fichier:Map of the Sea People invasions in the Aegean Sea and Eastern Mediterranean at the end of the Late Bronze Age.jpg
Exemple de carte cherchant à figurer les événements potentiellement attribuables aux peuples de la mer à l'échelle de la Méditerranée orientale en fonction des dates données aux destructions de différents sites, selon D. Kaniewski et al., 2011<ref>https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0020232</ref>.

D'où venaient les peuples de la mer ?

Fichier:Pulasti (Philistine) and Tsakkaras (painting).png
Combattants pelesets et tjekers d'après les bas-reliefs de Médinet Habou, armés de lances et épées.

Parmi les peuples de la mer cités par les pharaons, seuls les Lukkas ont une origine géographique claire, la Lycie, puisqu'ils y sont connus et localisés avant cette époque par les textes hittites<ref name=lukka/>. Pour les autres, le doute demeure et il est impossible de savoir avec certitude d'où ils venaient, et même s'ils étaient apparentésModèle:Sfn.

Cela n'empêche pas de nombreuses propositions d'avoir été formulées. Elles reposent avant tout sur des extrapolations faites à partir de leurs noms, ou du moins de la lecture des hiéroglyphes (qui ne comprennent pas de voyelles, rendant l'exercice incertain), en tentant de les relier avec des noms ethniques ou géographiques (régions ou lieux) connus par d'autres textes antiques, contemporains ou pasModèle:Sfn. Ainsi les Shekeleshs sont reliés aux Sicules de Sicile, les Shardanes aux Sardes de Sardaigne, les Pelesets aux Philistins de Palestine. Dans ces cas, il est généralement considéré que ce seraient les régions où ils se sont installés par la suite, ce qui est à peu près assuré pour les Pelesets/Philistins. R. Drews a cependant proposé que ces peuples viennent des régions auxquelles leurs noms renverraient, mais ce n'est généralement pas accepté<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. D'autres fois il s'agit de la région d'origine : les Aqweshs, que l'on identifie comme les Achéens en acceptant qu'ils correspondent aussi aux Ahhiyawas, viendraient donc de Grèce continentale<ref name=eqwes>Modèle:Harvsp.</ref>. Les régions d'origines d'autres peuples ont fait l'objet de propositions diverses en partant des similitudes phonétiques : ainsi il a été proposé que les Denyens viendraient tantôt de Cilicie, ou bien d'une région de Canaan ou encore correspondraient aux Danéens homériques et seraient donc originaires d'Argolide en Grèce<ref name=denyen>Modèle:Harvsp.</ref> ; les Tereshs viendraient de Troade<ref name=teresh/>, région également proposée comme origine des Wesheshs (par proximité avec Wilusa)<ref name=weses>Modèle:Harvsp.</ref> ; les Shardanes sont peut-être originaires de Syrie du Nord<ref name=shard>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il est également courant de rechercher l'origine des peuples de la mer, ou au moins de certains d'entre eux, dans les îles du monde égéen et les régions littorales de l'Asie Mineure<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>. L'inscription de Médinet Habou a ainsi été interprétée comme les faisant venir des îles de l'Égée, tandis que le livre d'Amos (rédigé au plus tôt dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, donc près de quatre siècles après les faits) dit que les Philistins sont originaires de Caphtor/Keftiu, la Crète<ref>Livre d'Amos, chapitre 9, verset 7.</ref>.

Il est considéré que les populations qui arrivent à Chypre à cette période sont grecques<ref name=chypre/> et que se produit par la suite un « métissage » entre elles et les populations autochtones. Pour ce qui est de celles qui se rendent au Levant, des indices plaident en faveur d'une même origine géographique. En effet, comme cela a été évoqué on trouve de la céramique ressemblant à celle des dernières phases de la civilisation mycénienne, l'Helladique récent Modèle:IIIC (HR Modèle:IIIC), sur les sites côtiers et notamment ceux du sud du Levant, pour les périodes suivant les mouvements des peuples de la mer (et immédiatement après la destruction à Ras Ibn Hani)<ref name=grabb90/>.

Néanmoins, cette identification céramique pose certains problèmes, entre autres parce que des formes rappelant celles de l'HR Modèle:IIIC se retrouvent en plus grande quantité à Chypre, qui est donc un très bon candidat pour l'origine de cette influence égéenne au Levant car elle sert traditionnellement de relais entre les deux régions. De plus, ce type de céramique est isolé aux côtés d'autres types d'origine ou inspiration chypriote plus assurée, et de ceux liés à des évolutions locales levantines<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, tandis qu'on ne retrouve aucun des autres marqueurs des élites de la civilisation mycénienne (sceaux, tombes à tholos, habitats fortifiés) en Méditerranée orientale<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les domaines de la culture matérielle du sud du Levant qui trahissent des influences extérieures au moment de l'installation des Philistins témoignent du reste d'influences plus diverses qu'on ne l'a longtemps considéré : pas seulement de type mycénien, elles ont aussi un profil chypriote, crétois, anatolien, ce qui pourrait plaider pour l'implantation des groupes ayant un profil de « pirates », amalgame de personnes de divers horizons<ref name=maeir212>Modèle:Chapitre.</ref>.

Quelle était la nature des déplacements des peuples de la mer ?

Fichier:Philistine ship of war.jpg
Combattants pelesets sur un bateau, d'après un bas-relief de Médinet Habou.

Les mouvements des peuples de la mer ont été depuis longtemps assimilés à des invasions violentes suivant le modèle qu'on retenait par le passé pour les « invasions barbares » de l'Europe du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de notre ère. Modèle:Monarque les présente comme un groupe uni, conspirant de concert depuis leurs îles et ravageant sans pitié tous les pays qu'ils peuvent atteindre. En réalité, cette vision d'un groupe cohérent ne semble pas coller à la réalité : les peuples de la mer ont des origines diverses et leurs mouvements semblent être plutôt peu organisés. Selon T. Bryce, ils seraient constitués de bandes de maraudeurs agissant généralement chacun de leur côté mais pouvant s'unir de temps en temps pour des opérations mieux organisées, avec l'hégémonie des Libyens sous Mérenptah<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On a proposé de voir dans les groupes philistins s’implantant à Canaan des sortes de bandes de pirates réunissant des gens d'origines variées, unis et conduits par des chefs charismatiques, dont le titre tel qu'il est retranscrit dans la Bible, seren, pourrait dériver du louvite tarwanis, « seigneur »<ref name=maeir212/>.

Mais il est possible qu'au moins une partie d'entre eux ait aussi cherché une nouvelle patrie pour s'établir<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon E. Cline, les Peuples de la mer Modèle:Citation dans le contexte des bouleversements de l'époque, des « réfugiés » en quête d'Modèle:Citation La présence de femmes et d'enfants sur les reliefs égyptiens semble plaider en faveur d'une telle interprétation, qui paraît avérée au moins pour le cas des Pelesets/Philistins. Mais l'étude des sites archéologiques de Palestine aux périodes de leur établissement semble indiquer qu'ils n'ont pas été nombreux à s'y installer, les entités politiques qu'ils forment étant alors peuplées surtout de Cananéens dominés par des élites philistines<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le processus semble du reste avoir été au moins en partie pacifique, également opportuniste en profitant du vide politique de la région, ce qui semble de nature à remettre en cause son interprétation comme un phénomène essentiellement violent et destructeurModèle:Sfn.

Dans ces conditions, les évaluations du nombre de migrants s'installant à Canaan sur cette période (possiblement en plusieurs vagues) est débattu : certains estiment que cela concerne Modèle:Nombre, ce qui est jugé peu<ref>Modèle:Chapitre</ref>, alors que d'autres comme A. Killebrew envisagent une véritable vague de colonisation étalée sur plusieurs décennies<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Quelles étaient les causes des déplacements des peuples de la mer ?

Il a également été tenté de trouver des explications pour la raison des mouvements des peuples de la mer. Les facteurs incitatifs (les « pull factors »), poussant les populations hors de leurs territoires, sont discutés. La recherche de rapine semble avoir motivé les déplacements. Selon R. Drews, les peuples de la mer sont des groupes de pillards venus pour faire du butin en Méditerranée orientale, avant de retourner dans leurs pays. Leur efficacité serait due à leurs techniques militaires, reposant sur l'infanterie et l'utilisation d'armes comme les javelines et les épées longues, qui auraient mis fin au système militaire des royaumes proche-orientaux reposant sur les chars<ref>Modèle:Ouvrage. Voir les critiques dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Les facteurs répulsifs (« push factors ») ont aussi probablement joué un rôle : à la fin de l'âge du bronze, les régions égéennes et ouest-anatoliennes d'où semblent venir les peuples de la mer connaissent de grands bouleversements qui peuvent avoir des causes climatiques (la sédimentologie indique des sécheresses prolongées alternant avec des pluies diluviennes, d'où perte probable des récoltes et turbidité de la mer réduisant les prises de pêche)<ref>J. Faucounau, Les peuples de la mer et leur histoire, L'Harmattan, Paris, 2003.</ref>, volcaniques (les dépôts de tephras anéantissant les ressources habituelles)<ref>Erkan Aydar, H. Cubukcu, H. Evren; Erdal Sen, Orkun Ersoy, Robert A. Duncan, Attila Ciner, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Timing of Cappadocian volcanic events and its significance on the development of Central Anatolian Orogenic Plateau », Egu General Assembly Conference Abstracts n° 12, 10147, January 2010.</ref> ou les deux. Ces bouleversements, qui se traduisent par la destruction généralisée des sites de la civilisation mycénienne et la disparition radicale de celle-ci en quelques décennies, n'ont rien à envier à ceux de l'Anatolie centrale, de la Syrie et du Levant. Il est difficile de ne pas voir un lien entre les deux, surtout si les peuples de la mer sont issus du premier et jouent un rôle dans le second. Les perturbations environnementales peuvent être aussi à l'origine des « invasions doriennes » dans les Balkans, entraînant à leur tour, par « effet domino », des vagues migratoires depuis les territoires où ils arrivent, dont celles des peuples de la mer (encore une fois c'est le modèle des « invasions barbares »). Mais la réalité des phénomènes migratoires dans le monde égéen n'est pas démontrée, de même que l'origine externe de l'effondrement du monde mycénien (qui semble plus être bouleversé par des mutations internes), et du reste la question de savoir si ces mutations se produisent avant ou après les assauts des peuples de la mer est loin d'être réglée<ref>Modèle:Ouvrage pour une discussion sur les « invasions » dans le monde égéen.</ref>. Les textes hittites sembleraient bien indiquer une détérioration de la situation dans l'Anatolie occidentale, dont des parties restent insoumises au pouvoir hittite et hors de sa portée, notamment celles où agit l'Ahhiyawa<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les peuples de la mer et l'effondrement de la fin de l'âge du bronze

Modèle:Article détaillé

Les questions autour des mouvements des peuples de la mer ne peuvent être dissociées de celles autour de l'« effondrement » des civilisations du bronze récent : celle des Hittites en Anatolie centrale, les différentes cités syriennes, les cités de la Grèce mycénienne, et aussi de façon moins radicale le Sud du Levant, la Haute Mésopotamie puis la Basse Mésopotamie et à un degré encore moindre l'Égypte. Les « barbares » que sont les peuples de la mer jouent un rôle majeur dans les scénarios explicatifs traditionnels (depuis l'époque de G. Maspéro), qui postulent des destructions généraliséesModèle:Sfn. Un rôle similaire est attribué à d'autres envahisseurs, sorte de contrepartie continentale des peuples de la mer : les Araméens, qui causent également des troubles en Syrie et en Mésopotamie peu après. Les nouveaux venus Phrygiens ainsi que les Gasgas implantés depuis longtemps en Anatolie ont pu jouer un rôle dans la chute du Hatti<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pourtant il est avancé que d'autres forces ont probablement joué dans ces bouleversements qui se déroulent en l'espace de quelques décennies, les « barbares » ne faisant alors qu'achever le travail de sape à l'œuvre sous l'effet de forces internes aux royaumes en crise tandis qu'ils sont eux-mêmes en partie victimes de ces troubles (au moins dans leurs régions d'origine) qui incitent leurs mouvements : de cause de la crise, les peuples de la mer en deviennent aussi une conséquence. Une fois écartées des explications peu réalistes comme d'importants tremblements de terre ayant affaibli les cités syriennes et le Hatti, une explication avancée couramment est celle d'une sécheresse ayant provoqué des disettes récurrentes dans les dernières années de l'hégémonie hittite sur l'Anatolie et la Syrie et également en Grèce. D'autres explications se sont orientées vers des facteurs internes, une crise « systémique » touchant les différents systèmes politiques et économiques du bronze récent, par exemple des tensions sociales croissantes en Syrie et au Levant. Tout un faisceau de causes peut donc être avancé et doit sans doute être combiné, sans doute de manière différente selon les lieux. Le rôle des Peuples de la mer dans cet effondrement a donc été relativisé (notamment parce qu'on leur attribue moins de destructions que par le passé), sans pour autant être complètement invalidé<ref>Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp - Modèle:Harvsp.</ref>.

Notes et références

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Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes

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