Politiquement correct

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Modèle:À sourcer

Le politiquement correct (anglicisme de Modèle:Lang ou Modèle:Lang, souvent abrégé PC en anglais) ou rectitude politique (au Québec) désigne, principalement pour la dénoncer, une attitude qui consiste à policer excessivement ou modifier des formulations parce qu'elles pourraient heurter certaines catégories de personnes, notamment en matière d'ethnies, de cultures, de religions, de sexes, d'infirmités, de classes sociales ou d'orientation sexuelle<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Les locutions et mots considérés comme offensants ou péjoratifs sont remplacés par d'autres considérés comme neutres et non offensants. Le langage politiquement correct utilise abondamment l'euphémisme, les périphrases, les circonlocutions, voire les créations de mots et de locutions nouvelles.

L'expression<ref name="Académie">Modèle:Académie [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref>,<ref name="Larousse">Entrée Modèle:Lien web des Dictionnaires de français, sur le site des éditions Larousse [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref> Modèle:Citation est un calque<ref name="Académie" />,<ref name="Larousse" /> de l'anglais<ref name="Académie" /> ou de l'anglais américain<ref name="Larousse" /> Modèle:Langue. Elle est apparue vers la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour qualifier la rectitude diplomatique, c'est-à-dire une façon acceptable de s'exprimer en société, en public. On l'utilise soit pour promouvoir ce mode d'expression soit pour le tourner en dérision. Au Québec, le terme utilisé est surtout celui de rectitude politique, mais il est moins connoté négativement<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Si la promotion de pratiques qualifiées aujourd'hui de politiquement correctes est ancienne, la nouveauté du concept est de désigner explicitement ce contrôle social du langage, de le revendiquer comme légitime et même d'y intégrer une pseudo-contestation, toute contestation réelle étant aussitôt récusée.Modèle:Précision nécessaire

Histoire

On trouve des traces relativement anciennes de l'expression « politiquement correct ». Elle apparaît ainsi dès 1793 dans un jugement rendu par la Cour suprême des États-Unis<ref>Associate Justice James Wilson, of the U.S. Supreme Court comments: "The states, rather than the People, for whose sakes the States exist, are frequently the objects which attract and arrest our principal attention. […] Sentiments and expressions of this inaccurate kind prevail in our common, even in our convivial, language. Is a toast asked? 'The United States', instead of the 'People of the United States', is the toast given. This is not politically correct." Chisholm v. Georgia, 2 U.S. (2 Dall.) 419 (1793) Findlaw.com – Accessed 6 February 2007.</ref>. En France, le philosophe Michel Foucault écrit en 1968 : Modèle:Citation Mais le sens diffère ici de celui de l'expression consacrée. Utilisée ultérieurement par les milieux conservateurs américains<ref>«Politiquement correct», deuxième acte. L'offensive conservatrice relance la polémique sur les campus américains. sur liberation.fr du 19 avril 1995.</ref>, diffusée sur les campus américains au cours des années 1980, l'expression visait à moquer, et à combattre, les discours employés à gauche qui instaureraient une forme de censure pour ne pas offenser tel ou tel groupe d'individus<ref>Vous avez dit… politiquement correct ? sur lexpress.fr du 12 janvier 2001.</ref>. L'expression s'est répandue en français au début des années 1990Modèle:Refnec. Elle se rapproche, dans le langage courant, des expressions Modèle:Non neutre ou « conformisme ». Modèle:Qui contre le politiquement correct, c'est qu'il constituerait une limitation de la liberté d'expression, de par la volonté de n'employer que certains termes, et une déconnexion des réalités, car les termes non-employés sont généralement remplacés par d'autres qui ne représentent pas Modèle:QuoiModèle:Refnec.

Aux États-Unis

Aux États-Unis, l'expression Political Correctness a une longue histoire. Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et longtemps au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, elle s'appliquait plutôt à désigner la justesse dans des contextes juridiques ou politiques. Les mots « correct » et « correctness » y avaient l'acception de « correction grammaticale » ou de « correct selon les règles du droit », que ce soit le droit civil ou le droit constitutionnel. Ce n'est que tardivement, dans la décennie 1980, qu'il acquit une nouvelle acception, qu'on peut exprimer comme linguistiquement conforme ou approprié<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref> au regard des mœurs et des opinions courantes, propres à un lieu et à une époque.

De nos jours, cela désigne un discours ou des attitudes cherchant à réduire les possibilités d'offense ou d'outrage contre un groupe de personnes ou une communauté. Cette notion est généralement considérée comme propre à la culture anglo-saxonne<ref name=":0" />.

D'abord utilisé au sein de la gauche américaine pour se moquer des idées trop rigides ou doctrinaires dans leur propre camp, le terme est repris par les conservateurs<ref>Hentoff 1992, Schlesinger 1998, Brandt 1992.</ref>, pour dénoncer une idée qui conduirait à la censure et constituerait une atteinte à la liberté d'expression. Le politiquement correct inspirerait l'évolution du multiculturalisme, de l'identité politiqueModèle:Quoi, de la sociologieModèle:Vague, il servirait la cause des mouvements progressistes tels que le féminisme.

Cependant, des commentateurs de la gauche nord-américaine soutiennent que l'expression « politiquement correct » a été forgée par les conservateurs américains vers 1980 pour discréditer le progressisme. Selon ces commentateurs il n'y a jamais eu de « mouvement du politiquement correct » aux États-Unis, et le terme serait utilisé pour détourner l'attention du débat de fond sur la discrimination et les inégalités de traitement basés sur la race, la catégorie sociale, le genre ou l'orientation sexuelle<ref>Messer-Davidow 1993 et 1994 ; Lauter 1995 ; Scatamburlo 1998.</ref>.

En France

La langue de bois est un corollaire français du politiquement correct. Celle-ci comporte plusieurs variantes selon le contexte et l'époque.

Robert Beauvais en 1970, nomme « hexagonal »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> un langage constitué de poncifs journalistiques<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; l'« hexagonalisation lénifiante » tend à masquer des réalités gênantes par des formules tarabiscotées, ainsi quand un ministre parle de la Modèle:Citation pour dire que les impôts augmentent<ref>Pierre-Valentin Berthier et Jean-Pierre Colignon, Avoir une belle plume: Trouver son style en toute simplicité, De Boeck Supérieur, 2017, p. 35-36 [1]</ref>. À l'époque, si l'emploi du terme « Hexagone » pour dire « France » était inoffensif, l'usage de « handicapé » pour « invalide » ou de « non-voyant » pour « aveugle » étaient perçus comme une étrangeté, mais s'est pérenniséModèle:Refnec .

La langue de bois de combat fait l'inverse en amplifiant les différences : « les agresseurs américains et leurs laquais », « la gangrène syndicale », et autres locutions à l'usage des militantsModèle:Refnec .

Le langage politiquement correct évolue avec le temps et selon les contextes. S'il est assez facilement détectable dans le discours des partis politiques, il s'impose de façon plus insidieuse dans la langue quotidienne, en particulier celle des médias. De nos joursModèle:Quand, le politiquement correct concerne surtout le sexe ou le genre.Modèle:Précision nécessaire

Dans la francophonie, l'expression « politiquement correct » s'est diffusée assez récemment et semble en retrait. Il s'agit d'un anglicisme, les deux termes n'ayant pas, en français, la même extension qu'en anglais. Le développement de son usage s'est fait surtout durant la décennie 1990, mais, à cause de son manque de motivation linguistique, elle n'a jamais eu la même extension d'usage que dans les pays anglophones.Modèle:Précision nécessaire

Conception anglo-saxonne

Utilisation

Le principe du politiquement correct est que le choix des mots peut encourager, favoriser ou même établir certains rapports sociaux, et que les résultats obtenus profitent à la société. Cette observation à l'égard du politiquement correct concerne certains mouvements politiques, notamment le mouvement pour les droits des homosexuels, les féministes, le multiculturalisme et le mouvement des droits civiques. Par exemple, des expressions comme Modèle:Citation étrangère au lieu de Modèle:Citation étrangère (« monteur à la chaîne », en anglais, l'ancienne expression contenait le mot « homme » et a donc été jugée discriminatoire envers les femmes), Modèle:Citation étrangère ou Modèle:Citation étrangère à la place de Modèle:Citation étrangère (la « personne du fauteuil », ou le « fauteuil », à la place de « l'homme du fauteuil », c'est-à-dire le président), ou l'usage systématique de l'expression Modèle:Citation étrangère (« Américains natifs ») plutôt que d'« Indiens », sont des références pour caractériser les partisans du politiquement correct comme excessivement pointilleux ou même coercitifs. Le politiquement correct s'applique même aux objets inanimés, ce qui est encore un autre aspect du débat.Modèle:Précision nécessaire

Le terme politiquement correct, de la manière dont il est utilisé le plus souvent, implique qu'une proportion importante des gens font un choix politique conscient des mots qu'ils utilisent dans leurs paroles et leurs écrits, avec l'intention de répandre cette pratique le plus largement possible, et ainsi, de changer les rapports sociaux ; implicitement, il est entendu que ces personnes sont la gauche, ou une partie importante de la gauche ; que ce choix politique des mots est un phénomène unique, concerté, qu'on appelle le « politiquement correct » ; et enfin, que l'utilisation de ces mots choisis s'est développée d'une manière à porter atteinte à la liberté d'expression.

Ce à quoi ceux qui pratiquent de tels choix répondent que l'expression « politiquement correct » fait partie des attaques contre la justice sociale ou le progressisme politique<ref>Messer-Davidow 1993, 1994.</ref>, et que le fait d'exprimer une opinion, ou de débattre publiquement de l'usage de la langue ne peuvent en eux-mêmes constituer de l'intolérance ou de la censureModèle:Refnec.

Ceux qui utilisent le terme « politiquement correct » pour désigner une mode expriment souvent des craintes sur la possible dilution du discours et l'impossibilité de décrire et de relier entre eux les problèmes sociaux. La critique politiquement correcte du langage inhibe l'expression libre, particulièrement celle d'opinions qui risquent de blesser tel ou tel groupe. Ils ajoutent également que le discours politiquement correct protège exagérément des groupes minoritaires, notamment lorsqu'il est utilisé pour éviter de reconnaître toute imperfection ou écart de conduite d'un des membres du groupeModèle:Refnec .

L'expression est tirée du vocabulaire Modèle:Refsou, où elle qualifie la ligne du parti après la révolution russe de 1917, puis elle est utilisée de manière plaisante dans la gauche nord-américaine au début des années 1980. Dans ce contexte, elle est appliquée à tout engagement excessif pour l'une des causes de gauche, spécialement marxistes et féministes, ainsi qu'à tous ceux qui, concernés par ces causes, se consacrent davantage au discours ou au vocabulaire qu'à l'actionModèle:Refnec.

L'expression redevient populaire au début des années 1990 comme élément de la tentative des conservateurs d'influencer les méthodes d'enseignement et les programmes des universités<ref>D'Souza 1991</ref>,<ref>Berman 1992</ref>,<ref>Schultz 1993</ref>,<ref>Messer Davidow 1993, 1994</ref>,<ref>Scatamburlo 1998.</ref>. Dans ce contexte, la notion de politiquement correct est présentée comme un mouvement de gauche, venu des cercles gauchistes universitaires, comme une tentative de créer une nouvelle doctrine sur l'orthodoxie sociale incluant une modification du vocabulaire que certains trouvent offensant.

L'utilisation de l'expression décline à la fin des années 1990, et ne se retrouve plus que dans les comédies, avec une signification incertaine. Elle est toutefois reprise depuis quelques années par des groupuscules ou des écrivains multiculturalistes qui rejettent (ou ignorent) ses origines et ses connotations controversées. Elle est aussi reprise par la gauche pour moquer les clichés conservateurs, comme les « valeurs familiales », le « conservatisme compatissant » ou « Dieu et la patrie »Modèle:Refnec .

Quelques effets significatifs dans les expressions usuelles sont l'expression Modèle:Citation étrangère remplaçant parfois Modèle:Citation étrangère, ou la règle du Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation étrangère serait correct, Modèle:Citation étrangère serait considéré comme insultant), ou encore l'acceptation grandissante — en dépit de la grammaire classique — de Modèle:Citation étrangère et Modèle:Citation étrangère employés au singulier comme une forme neutre supplantant Modèle:Citation étrangère ou Modèle:Citation étrangère, Modèle:Citation étrangère ou Modèle:Citation étrangère, dans les formulations collectives ou indéterminées, de façon à ne pas privilégier l'un ou l'autre genre (ou même ceux qui se définissent comme intermédiaires, voire dépourvus de genre)Modèle:Refnec .

Usages antérieurs

L'expression « politiquement correct » est utilisée bien avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ce qui conduit les défenseurs du concept à penser que la sensibilité politique de certaines expressions n'est pas nouvelle. La plus ancienne utilisation citée est celle de la décision de la Cour suprême dans l'affaire Chisholm vs. Georgia (1793), où il est avancé que l'emploi de certains termes n'est pas correct, dans le contexte politique des États-Unis de cette époqueModèle:Refnec .

Modèle:Citation bloc

Le premier usage au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle se retrouve au chapitre 1 de l'autobiographie du sénateur Robert La Follette junior, parue en 1912Modèle:Où. À propos de son éducation à l'université du Wisconsin, il ditModèle:Référence nécessaire : Modèle:Citation bloc

Là encore, l'expression « politiquement correct » fait expressément référence, dans l'opinion de l'auteur, à des opinions politiquement incorrectes, ce qui est différent de Modèle:Lequel.

On peut citer encore un autre usage littéral dans le roman de Modèle:Lien, In the Steps of St. Paul (paru en 1936) : Modèle:CitaBloc

Justifications linguistiques

L'un des principaux arguments avancés en faveur de l'utilisation du langage politiquement correct est d'empêcher l'exclusion ou les insultes discriminantes, basées sur des différences physiques ou des handicaps. Un autre repose sur l'hypothèse de Sapir-Whorf, qui énonce que les structures grammaticales d'une langue façonnent les idées des orateurs et les actions de tout un chacun. Le but est donc de faire prendre conscience à chacun de ces biais inconscients, pour leur permettre de faire un choix volontaire de leurs mots, sachant ce que les autres personnes trouvent offensantModèle:Refnec .

Un exemple courant est l'usage de l'expression « mentalement déficient » de préférence à « fou »Modèle:Refnec.

Malgré tout, les critiques avancent que les nouveaux termes sont maladroits ou laids, souvent de simples euphémismes substitués à des termes rigoureux concernant la race, le sexe, l'orientation sexuelle, le handicap, la religion ou la tendance politique. Les défenseurs avancent que la modification de la langue et du vocabulaire se justifie par ces quatre points :

  1. les droits, possibilités ou libertés de certains sont limités à cause de la catégorisation comme membres d'un groupe frappé d'un stéréotype infamant ;
  2. cette catégorisation est largement non-dite, inconsciente, et facilitée par le vocabulaire abondant ;
  3. en rendant ce vocabulaire problématique, on fait prendre conscience aux gens de la façon dont ils décrivent autrui ;
  4. lorsque la catégorisation est volontaire, le mérite personnel d'une personne, plus que son appartenance à un groupe, est plus apparentModèle:Refnec .

En linguistique, l'hypothèse Sapir-Whorf, dans une formulation stricte, avance que la langue d'une personne limite ses possibilités de pensée et de formulation. Par exemple, un vocabulaire sexiste entraîne des pensées sexistes. La plupart des linguistes penchent pour une version plus modérée, selon laquelle la façon dont nous voyons le monde est influencée par le niveau de langage que nous utilisons. La situation se complique du fait que certains groupes refusent le changement de vocabulaire que d'autres cherchent à imposer. Ainsi, les sourds n'ont jamais considéré le terme comme insultant en lui-même. Le mot « malentendant », qui s'est substitué à « sourd », et qui permet d'inclure dans le groupe ainsi créé les personnes victimes d'une diminution de l'audition à la suite d'un accident, ou du vieillissement, est ainsi considéré comme plus adapté pour cet usage. Il est cependant considéré comme discriminant par les sourds. Toutefois, en 2016, l'expression la plus courante utilisée en France dans les médias pour désigner ces personnes est « sourds et malentendants » qui échappe à cette critiqueModèle:Refnec.

Aspects politiques

Aux États-Unis, la critique du politiquement correct est fréquente dans le discours politique conservateur<ref>Modèle:Article</ref>.

En France, la critique a longtemps été plus diffuseModèle:Refnec bien qu'elle vise également des vecteurs politiques et médiatiques. La critique du politiquement correct (corollaire de la critique de la bien-pensance) devient de plus en plus, en France, l'apanage des milieux conservateurs ou des partis politiques de droite — à l'image de son emploi aux États-Unis<ref>« Le "politiquement correct" est-il devenu minoritaire ? », Du Grain à moudre, Hervé Gardette, France Culture, émission du 15 octobre 2015.</ref>. Selon le juriste Pascal Mbongo, la dénonciation du politiquement correct est couramment pratiquée par certains commentateurs, surtout de droite, pour critiquer des inculpations ou décisions de justice visant les discours de haine, malgré les différences importantes entre les droits français et américain relatifs à la liberté d'expression<ref>Pascal Mbongo, « Les juges, les discours de haine (et le politiquement correct) », Revue des droits et libertés fondamentaux, Chronique n°13, 2016 [2]</ref>.

Aspects sociologiques

Le politiquement correct peut se rapprocher des notions de conformisme et de pensée de groupe en psycho-sociologie. Afin de se valoriser, l'individu tend à exprimer l'opinion la plus largement partagée au sein du groupe auquel il se rattache. Il se valorise ainsi de deux façonsModèle:Refnec :

  1. aux yeux du groupe en exprimant une idée qui fait consensus — une idée hétérodoxe entraînant a contrario un risque d'ostracisme ;
  2. à ses propres yeux en renforçant la cohésion du groupe auquel il s'identifie.

Aspects linguistiques

Problème du sens

Le mot Modèle:Lang connaît plusieurs acceptions. La première renvoie à Modèle:Lang, qui signifie « politique » au sens de « doctrine » (à la fois « pratique concertée d'un État », comme dans « politique publique » ou « politique de la terre brûlée »), mais aussi « règles sociales » (comme dans « police des mœurs »), ainsi que « règles formelles ou légales applicables à l'usage d'un certain objet » (cf. la partie « policy » des modes d'emploi en anglais). La seconde acception renvoie à Modèle:Lang qui équivaut au sens restreint de « politique » du français contemporain (« qui concerne les affaires publiques et le gouvernement »)Modèle:Refnec .

Inversement, les mots Modèle:Citation étrangère, Modèle:Citation étrangère ont, dans leur usage courant, un sens plus restreint et se traduiraient mieux par « exact », « exactitude »Modèle:Refnec .

D'un point de vue linguistique, on peut dire qu'en français les expressions « politiquement correct » et « correction politique » n'ont pas beaucoup de sens en raison de la restriction d'usage du terme « politique » et de l'affaiblissement des termes « police », « policé » : ceux-ci ne sont plus que rarement employés comme synonyme de « civilité » ; ils figurent surtout dans des expressions figées telles que « police des mœurs », « mœurs policées », « langage policé ». En français contemporain le terme « politiquement » n'est associé qu'à la politique comme instrument de gouvernement.

Cette différence fait que la compréhension de l'expression est très différente pour un anglophone ou un francophone : pour le premier elle désigne généralement une manière de s'exprimer socialement admissible, alors qu'en français elle a plutôt le sens de « discours politique normatif et élusif », qu'on appelle aussi « langue de bois ».

Usages

Lors de son acclimatation au français, l'expression visait à pointer les mêmes objets que dans son usage aux États-Unis, c'est-à-dire une certaine « police du langage » et un abus de périphrases euphémisantes. Modèle:Refnec.

En francophonie hors d'Amérique du Nord, l'expression a pris avec le temps une autre acception, devenant pratiquement synonyme de « langue de bois » : discours à base de circonlocutions, de périphrases, d'euphémismes et d'expressions figées.

Dans la catégorie du « politiquement correct, l'usage de termes tels que « handicapé », « non-voyant », « RMiste », « Africain », « migrant » est devenu quasiment obligatoire, en remplacement de termes français qui n'avaient rien de particulièrement stigmatisant comme « infirme » ou « invalide », « aveugle », « nécessiteux » ou « pauvre », « noir », « immigré ».

Le terme « handicapé » s'est substitué à « infirme » vers 1973-1974.

Modèle:Refnec

Modèle:Référence nécessaire Les notions les plus problématiques font l'objet d'une réactualisation régulière du terme en vigueur, chaque nouveau terme acquérant au bout de quelques années les connotations négatives intrinsèquement liées à la notion dont on cherche pourtant à occulter toute négativité — phénomène désigné par la formule « Modèle:Lien » soit « tapis roulant euphémistique ». Ainsi, « vieux » a été supplanté par « personne âgée », puis à nouveau par Modèle:Citation étrangère francisé en « sénior ». « Nègre » a été remplacé par « noir » puis par « personne de couleur » (formule dont on a moqué la mauvaise foi confinant au comique, dans la mesure où les peaux claires présentent davantage de variance de tons, aussi bien d'un individu à l'autre que sous l'effet des émotions), puis de plus en plus par Modèle:Citation étrangère, soit un terme anglais qui est l'équivalent exact de « noir », mais qui est censé moins heurter les sensibilités…

L'humoriste George Carlin a évoqué ce phénomène, prenant notamment l'exemple du syndrome d'effondrement psychique et endocrinologique des soldats au combat : durant la Première Guerre mondiale, on appelait ce syndrome Modèle:Citation étrangère, soit un terme direct et explicite, évoquant par sa sonorité même la brutalité du combat armé ; puis durant la Seconde Guerre mondiale, le même syndrome a été renommé Modèle:Citation étrangère, soit un terme plus long (deux mots, quatre syllabes) et à la connotation nettement plus douce ; puis durant la guerre de Corée ce syndrome a été requalifié en Modèle:Citation étrangère, une expression encore plus longue (huit syllabes) et à la tonalité mécanique, évacuant toute humanité de la formulation, évoquant un problème qui pourrait affecter une voiture ; puis enfin durant la Guerre du Viêt Nam, cette même condition a été rebaptisée Modèle:Citation étrangère (expression réduite à l'acronyme « PTSD »), une expression aussi longue que la précédente, mais avec un trait d'union en plus, et basée sur un jargon psychiatrique qui oblitère la réalité de la douleur des personnes concernées ; et il concluait en disant que si cette condition s'était encore appelée Modèle:Citation étrangère, les vétérans du Viêt Nam auraient certainement bénéficié de l'attention et de la compassion dont ils avaient besoin<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Critiques du politiquement correct

Modèle:Catégorie principale

Un instrument au service de la tyrannie des minorités

Pour le sociologue Raymond Boudon, Modèle:Citation<ref name=RB-O>« Que signifie donner le pouvoir au peuple ? », Raymond Boudon, conférence du 29 septembre 2010.</ref>.

Pour cet auteur, le phénomène peut s'expliquer par l'effet Olson, désignant un mécanisme par lequel une minorité organisée et décidée peut imposer ses vues à un groupe plus large mais désorganisé et au sein duquel chacun fait le raisonnement implicite que les autres parmi son groupe s'occuperont de résister pour lui<ref name=RB-O/>.

Pour le philosophe Dominique Lecourt, le politiquement correct est « une rhétorique de dissuasion », « un moyen d'intimidation qui laisse penser qu'il existerait une pensée unique, une voie droite par rapport à laquelle nous devrions tous être jugés ». Il est devenu par le biais de lois dites antiracistes ou mémorielles « un instrument de conquête du pouvoir » utilisé par « des minorités actives bien organisées qui répandent leur conformisme propre », « souvent de tonalité religieuse »<ref>« Le politiquement correct favorise le retour de toutes les violences », entretien Dominique Lecourt, lefigaro.fr, 21 octobre 2016.</ref>.

Une diminution de la liberté d'expression

Pour le philosophe Jean-Claude Michéa, le politiquement correct témoigne de la Modèle:Citation, s'élevant au détriment de la Modèle:Lien défendue par George Orwell, c'est-à-dire les vertus élémentaires de la vie en société<ref>compte-rendu de conférence avec J.-C. Michéa, revue du Mauss, 16 février 2008.</ref>.

Pour Jean Dutourd, romancier et éditorialiste français, dans un discours à l'Académie française, un homme politiquement correct est : Modèle:Citation bloc

Pour Jacques Barzun, historien et théoricien de l'éducation franco-américain, « le politiquement correct ne légifère pas sur la tolérance ; il ne fait qu'organiser la haine » (Modèle:Citation étrangère).

Dans les années 2000, le journaliste Éric Zemmour développe l'idée que le refus d'utiliser un langage politiquement correct est criminalisé, et condamne la « logique inquisitoriale » qui serait celle des associations anti-racistes<ref>Zemmour refuse de "se coucher devant le politiquement correct", humanite.fr, 11 janvier 2011.</ref>.

Dans un discours au Parlement du Royaume-Uni, le Modèle:Date-, Theresa May, alors secrétaire d'État à l'Intérieur, fustige l'Modèle:Citation qu'elle classe parmi les causes de l'incurie des autorités locales dans l'affaire des viols collectifs de Rotherham<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Un instrument de domination de classe

Le géographe Christophe Guilluy considère que le politiquement correct est avant tout une arme de classe très efficace contre l'ancienne classe moyenne. Cette novlangue serait d'abord un instrument de domination, la mise en avant des minorités offrant une caution sociale à un système qui exclut la majorité des classes populaires. Cette instrumentalisation s'accompagnerait d'un Modèle:Lang très avantageux pour les grandes entreprises<ref>Christophe Guilluy, No Society. La fin de la classe moyenne occidentale, Flammarion, 2018, p.89 et suiv.</ref>.

Défense du politiquement correct

Pour ses défenseurs, comme le philosophe Jacques Derrida, le politiquement correct est, à l'inverse, un cadre qui fait valoir une éthique et des principes. La critique systématique du politiquement correct serait dangereuse car elle annihilerait toute pensée critique par sa seule force d'intimidation : Modèle:Citation<ref>Jacques Derrida, Élisabeth Roudinesco, De quoi demain… : dialogue, Fayard-Galilée, 2001.</ref>.

Selon le sociologue Philippe Corcuff, certains auteurs prétendant parler de façon politiquement incorrecte s'exonèrent par là même d'argumentation : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Selon le journaliste Jean Birnbaum, qui s'appuie sur l'ouvrage De quoi demain… coécrit par Jacques Derrida, l'accusation d'être « bien-pensant », « politiquement correct », est devenue presque automatique pour disqualifier « toute pensée critique », « au prétexte de combattre les abus d'une certaine gauche intellectuelle ». Par ailleurs, toujours selon Jean Birnbaum : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Pour Isabelle Barbéris, le politiquement correct forme un système clos avec le politiquement incorrect, le premier étant la surréaction puritaine aux pulsions excessives du second, ce qui finit par figer la pensée : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Applications de l'expression

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'expression est devenue d'usage beaucoup plus courantModèle:Refnec, mais avec des différences selon les pays. Pour prendre les quatre principaux pays francophones :

  • en Belgique et en France, l'absence à la fois de groupes politiques et idéologiques d'orientation libérale ou conservatrice qui soient organisés et importantsModèle:Refnec, et d'organisations ou de groupes de pression tendant à promouvoir la « correction politique » qui aient une base sociale, politique ou universitaire forte, fait que dans ces deux pays son usage comme instrument politique de dénigrement de groupes adverses reste assez marginal et d'une faible efficacitéModèle:Refnec ; son usage le plus courant y est plutôt une mise en cause de certaines élites et la dénonciation d'une tendance — réelle ou supposée — des administrations à jargonner, à abuser d'un langage hermétique et creuxModèle:Refnec ;
  • au Canada, la proximité culturelle avec les États-Unis, une structure des groupes politiques voisine, font que l'usage et la fonction de l'expression correspond beaucoup à l'emploi qu'on en fait aux États-Unis, tenant compte, pour le Québec, des différences d'acception tenant à la langue évoquées supra ;
  • la Suisse enfin est dans une situation intermédiaire : si l'on y trouve des groupes politiques d'orientation libérale ou conservatrice plus structurés qu'en France et en Belgique, on n'y constate pas, en revanche, de tendance à la « correction politique », ce qui fait que l'usage de dénigrement politique y est plus répandu, mais que ce discours n'a pas de cible clairement identifiableModèle:Pas clair.

Usage satirique

Les modifications de la langue dans le sens du politiquement correct ont une histoire dans la satire et la comédie.

Un des thèmes majeurs de la bande dessinée Dilbert est le vocabulaire abscons de son encadrement, visant à masquer son manque de morale et son incompétence.

Un exemple parmi les plus précoces et les plus connus est le livre Politically Correct Bedtime Stories, de James Finn Garner, dans lequel les contes de fée sont réécrits d'un point de vue politiquement correct exagéré. Les rôles du bon et du méchant sont inversés, dans le but de montrer que le politiquement correct ignore ou inverse la moralité. La satire du politiquement correct est largement déclinée dans les médias nord-américains aujourd'hui.

Citations

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Notes et références

Modèle:Crédit d'auteurs Modèle:Crédit d'auteurs

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Contexte francophone

Contexte anglophone

  • Aufderheide, Patricia. (ed.). 1992. Beyond P.C.: Toward a Politics of Understanding. Saint Paul, Minnesota: Graywolf Press.
  • Paul Berman, (ed.). 1992. Debating P.C.: The Controversy Over Political Correctness on College Campuses. New York, New York: Dell Publishing.
  • Switzer, Jacqueline Vaughn. Disabled Rights: American Disability Policy and the Fight for Equality. Washington DC: Georgetown University Press, 2003.
  • Wilson, John. 1995. The Myth of Political Correctness: The Conservative Attack on High Education. Durham, North Carolina: Duke University Press.
Défenseurs du politiquement correct
  • Dinesh D'Souza, Illiberal Education: The Politics of Race and Sex on Campus New York: Macmillan, Inc./The Free Press, 1991, Modèle:ISBN
  • Henry Beard and Christopher Cerf, The Official Politically Correct Dictionary and Handbook, Villard Books, 1992, paperback 176 pages, Modèle:ISBN
  • Nat Hentoff, Free Speech for Me - But Not for Thee, HarperCollins, 1992, Modèle:ISBN
  • Diane Ravitch, The Language Police: How Pressure Groups Restrict What Students Learn, Knopf, 2003, hardcover, 255 pages, Modèle:ISBN
  • Nigel Rees, The Politically Correct Phrasebook: what they say you can and cannot say in the 1990s, Bloomsbury, 1993, 192 pages, Modèle:ISBN
  • Arthur Schlesinger Jr., The Disuniting of America: Reflections on a Multicultural Society, W.W. Norton, 1998 revised edition, Modèle:ISBN
  • The Politically Correct Scrapbook by John and Laura Midgley illustrated by Beverley Rodgers Modèle:ISBN - a collection of examples of political correctness etc. Available from the Campaign Against Political Correctness [3]
Sceptiques à l'égard du politiquement correct
  • Ellen Messer-Davidow. 1993. "Manufacturing the Attack on Liberalized Higher Education." Social Text, Fall, p. 40–80.
  • Ellen Messer-Davidow. 1994. "Who (Ac)Counts and How." MMLA (The Journal of the Midwest Modern Language Association), vol. 27, no. 1, Spring, p. 26–41.
  • Scatamburlo, Valerie L. 1998. Soldiers of Misfortune: The New Right's Culture War and the Politics of Political Correctness. Counterpoints series, Vol. 25. New York: Peter Lang.
  • Debra L. Schultz. 1993. To Reclaim a Legacy of Diversity: Analyzing the "Political Correctness" Debates in Higher Education. New York: National Council for Research on Women.
  • P. Lauter. 1995. "'Political correctness' and the attack on American colleges." In M. Bérubé & C. Nelson, Higher education under fire: Politics, economics, and the crisis in the humanities. New York, NY: Routledge.

Articles connexes

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