Rasoir d'Ockham

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Fichier:William of Ockham - Logica 1341.jpg
Frater Occham iste : illustration manuscrite de Guillaume d'Ockham (1341).

Le rasoir d'Ockham ou rasoir d'Occam est un principe de raisonnement philosophique entrant dans les concepts de rationalisme et de nominalisme. Le terme vient de « raser » qui, en philosophie, signifie « éliminer des explications non nécessaires d'un phénomène » et du philosophe du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Guillaume d'Ockham.

Également appelé principe de simplicité, principe d'économie ou principe de parcimonie (en latin « Modèle:Lang »), il peut se formuler comme suit : Modèle:Énoncé

Une formulation plus moderne est que Modèle:Citation. C'est un des principes heuristiques fondamentaux en science, sans être pour autant à proprement parler un résultat scientifique. Dans le langage courant, le rasoir d'Ockham pourrait s'exprimer par les phrases Modèle:Citation ou Modèle:Citation.

Cependant, « la simplicité » dont il est question ici ne signifie pas que l'hypothèse la plus simpliste, la plus évidente ou la plus conventionnelle soit forcément la bonne. Le rasoir ne prétend pas désigner quelle hypothèse est vraie, il indique seulement laquelle devrait être considérée en premier<ref name="charlatans.info">Modèle:Lien web.</ref>.

La rationalité est aujourd'hui comprise comme la pratique de la logique à laquelle on a adjoint le principe de parcimonie. Ce principe, ou principe d'économie d'hypothèses, implique que lorsqu'un chercheur propose Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Historique

En philosophie, le terme « rasoir » désigne un principe ou une règle générale qui permet de réduire (de « raser ») le nombre d'explications d'un phénomène. Le rasoir d'Ockham tient son nom du frère franciscain anglais Guillaume d'Ockham (v. 1285 - Modèle:Date-), philosophe et logicien qui le formula, bien que ce concept fût connu au moins depuis le Grec Empédocle (Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle). Il est parfois orthographié « rasoir d'Occam », ces deux graphies du nom du philosophe étant acceptées. En réalité, on n'a, jusqu'à présent, jamais trouvé l'adage écrit dans l'un des ouvrages du philosophe<ref>{Armstrong David M. Les Universaux (trad. française), Les Editions d'Ithaque, Paris 2010. Modèle:P..</ref>.

Le principe tel que formulé par Guillaume d'Ockham est Modèle:Citation (Modèle:Lang), dans son ouvrage Modèle:Lang, Modèle:Nobr (1319). L'énoncé Modèle:Lang, littéralement Modèle:Citation, est une variante souvent attribuée à Guillaume d'Ockham, sans cependant qu'il y en ait trace dans ses écrits.

Des principes proches du rasoir d'Ockham ont été formulés bien avant ce philosophe :

Le rasoir d'Ockham sera également abondamment repris après lui :

Fondements du principe

Aussi appelé « principe de simplicité », « principe de parcimonie », ou encore « principe d'économie », il exclut la multiplication des raisons et des démonstrations à l'intérieur d'une construction logique. Cependant lorsqu'une erreur se glisse dans les propositions de départ, utiliser le rasoir d'Ockham peut s'avérer par la suite une erreur.

Le principe du rasoir d'Ockham consiste à ne pas utiliser de nouvelles hypothèses tant que celles déjà énoncées suffisent, à utiliser autant que possible les hypothèses déjà faites, avant d'en introduire de nouvelles, ou, autrement dit, à ne pas apporter aux problèmes une réponse spécifique, Modèle:Lang, avant d'être (pratiquement) certain que c'est indispensable, sans quoi on risque de complexifier le problème, et de passer à côté d'un théorème ou d'une loi physique. Modèle:Citation (Isaac Newton). On traduit souvent ce principe sous la forme d'une préférence de l'hypothèse « la plus simple » parmi toutes celles qui sont échafaudées, mais il convient d'approfondir différents points :

  • ce n'est pas (seulement) la simplicité d'une hypothèse qui compte ; étant donné un ensemble déterminé de conclusions, c'est la simplicité (faible complexité) de l'ensemble des hypothèses faites pour aboutir à ces conclusions. Par exemple, les mathématiciens ont cherché à déduire le cinquième postulat d'Euclide à partir des quatre premiers, ce qui s'est avéré finalement vain et a conduit à désigner ce postulat comme le cinquième axiome ;
  • l'hypothèse d'un contrôle divin permanent sur les mouvements célestes paraît, à première vue, plus simple que les lois de la physique. Toutefois, elle implique qu'on y postule l'existence d'un dieu, ce qui introduit des éléments supplémentaires de complexité : d'où vient-il ? Quelles sont ses intentions ? Etc. Elle ne répond même pas au problème de départ puisqu'elle ne permet de tirer aucune conclusion : les choses sont ainsi parce qu'elles ont été voulues ainsi<ref name="charlatans.info"/> ;
  • le même principe est utilisé pour affirmer que la sélection naturelle est plus simple pour expliquer la vie que l'existence d'un dieu, selon Richard Dawkins, éthologiste évolutionniste<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La création du monde telle que relatée dans le Livre de la Genèse est en apparence simple, mais elle introduit des problématiques supplémentaires par rapport aux explications de la science. Si les animaux n'ont jamais évolué, on peut se demander comment des espèces dont on connaît l'existence grâce aux fossiles ont pu disparaître. Par ailleurs, la Bible relate que l'Homme fut créé juste après les animaux, ce qui signifie qu'il fut contemporain des dinosaures et pose des problèmes de datation et de chronologie ;
  • Modèle:Pas clair ;
  • l'idée du rasoir n'est pas de supprimer purement et simplement des principes pour en diminuer le nombre, mais de densifier ceux qui restent afin qu'ils incluent tous les autres ;
  • le rasoir est illustré notamment par la théière de Russell.

Rasoir d’Ockham et science moderne

Le rasoir d'Ockham n'est pas un outil très incisif, car il ne donne pas de principe opératoire clair pour distinguer entre les hypothèses en fonction de leur complexité<ref>C'est ainsi qu'on l'a allégué contre la théorie microbienne des maladies contagieuses : De Rumilly considérait à ce sujet qu'il était inutile Modèle:Citation. (Cité par P. Pinet, Pasteur et la Philosophie, Paris, L'Harmattan, 2005, Modèle:P., qui renvoie à Chicoyneau, Verny et Soulier, Observations et Réflexions touchant la nature, les événements, et le traitement de la peste de Marseille, Lyon, 1721, Modèle:P..</ref> : ce n'est que dans le cas où deux hypothèses ont la même vraisemblance (ou poids d'évidence) qu'on favorisera l'hypothèse la plus simple (ou parcimonieuse). Il s'agit en fait d'une application directe du théorème de Bayes<ref>Modèle:Lien web.</ref>, où l'hypothèse la plus simple a reçu la probabilité Modèle:Lang la plus forte. Modèle:Pas clair

Par ailleurs, si le rasoir d'Ockham est une méthode efficace pour obtenir une bonne théorie prédictive, il ne garantit aucunement la justesse d'un modèle explicatif. Notamment le rasoir d'Ockham peut souvent inviter à négliger la différence entre causalité et corrélation.

Cette nuance entre théorie prédictive et théorie explicative est souvent illustrée par ce dialogue célèbre mais probablement apocryphe<ref> Hervé Faye, Sur l'origine du monde, théories cosmogoniques des anciens et des modernes, 1884, Modèle:P..</ref> :

Napoléon : Modèle:Citation
Laplace : Modèle:Citation
D'autres savants ayant déploré que Laplace fasse l'économie d'une hypothèse qui avait justement Modèle:Citation, Laplace répondit cette fois-ci à l'Empereur :
Laplace : Modèle:Citation<ref>Cité par Ian Stewart et Jack Cohen La Science du Disque-monde.</ref>.

La science actuelle, quand elle se satisfait de modèles prédictifs, fait bon usage du rasoir d'Ockham. Mais utiliser celui-ci pour choisir une théorie explicative est dangereux dans la mesure où une mauvaise théorie explicative peut sérieusement retarder les développements ultérieurs<ref>Du rasoir d’Ockham et de son usage inadéquat sur pseudo-scepticisme.com.</ref>.

Ludwig Wittgenstein, dès le Modèle:Lang a opéré une importante critique d'un certain scientisme (notamment russellien) qui consistait à considérer la devise d'Occam comme une « maxime de la philosophie scientifique » (Modèle:Cf. Russell, Notre connaissance du monde extérieur), qui nous autoriserait de pourchasser les entités surnuméraires. Or pour Wittgenstein, ce n'est certainement pas une maxime que l'on peut se proposer d'utiliser (parce qu'alors on pourrait la refuser) : c'est bien une « devise », elle s'applique d'elle-même :

« 3.328<ref>Modèle:Harvsp.</ref> - Modèle:Citation
5.47321<ref>Modèle:Harvsp.</ref> - Modèle:Citation

L'induction de Solomonoff est une formalisation mathématique et une preuve<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang JJ McCall - Metroeconomica, 2004 - Modèle:Lang.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang Modèle:Lang, 2001.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang Modèle:Lang, 2002, Springer.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang Modèle:Lang, 2000, dsi.uclms.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang Modèle:Lang, 2003, Springer.</ref> du rasoir d'Ockham, sous l’hypothèse que l'environnement suit une loi de probabilité inconnue mais calculable. Les théories calculables les plus courtes ont un plus grand poids dans le calcul de la probabilité de l'observation suivante, en utilisant toutes les théories calculables qui décrivent parfaitement les observations précédentes.

Anti-rasoirs

Antiquité

Entre -367 et -361 avant J.-C., Platon, dans Le Politique, dénie à la brièveté du raisonnement une priorité intrinsèque par rapport à sa longueur. L'Étranger d'Élée, bouche de Platon dans le dialogue, cherche à convaincre Socrate le Jeune que les arguments accumulés dans la discussion, sans un rapport direct avec le sujet, ne sont pas « inutiles » et superflus (283b) :

« XXIV. – L'ÉTRANGER : Bon. Mais alors pourquoi donc n'avons-nous pas répondu tout de suite : « Le tissage est l'entrelacement de la trame avec la chaîne », au lieu de tourner en cercle et de faire tant de distinctions inutiles ?

– SOCRATE LE JEUNE : Pour moi, étranger, je ne vois rien d'inutile dans ce qui a été dit.

– L'ÉTRANGER : Je ne m'en étonne pas ; mais il se peut, bienheureux jeune homme, que tu changes d'avis. Contre une maladie de ce genre, si par hasard elle te prenait par la suite – et il n'y aurait à cela rien d'étonnant –, je vais te soumettre un raisonnement applicable à tous les cas de cette sorte. »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>

Ainsi, selon Platon, ce n'est ni la longueur, ni la brièveté du raisonnement qui détermine sa pertinence argumentative, mais sa « convenance » (286c) par rapport à la mesure du discours, en l’occurrence la qualité de la dialectique. On ne doit donc pas s'émouvoir de l'accumulation des hypothèses : le risque du principe de parcimonie est d'affecter l'inventivité de l'auditeur (287 a-b) :

« – L'ÉTRANGER : [...] Car nous n'aurons nul besoin d'ajuster la longueur de nos discours au désir de plaire, sinon accessoirement, et quant à la manière la plus facile et la plus rapide de chercher la solution d'un problème donné, la raison nous recommande de la tenir pour secondaire et de ne pas lui donner le premier rang, mais d'estimer bien davantage et par-dessus tout la méthode qui enseigne à diviser par espèces, et, si un discours très long rend l'auditeur plus inventif, de le poursuivre résolument, sans s'impatienter de sa longueur ; et sans s'impatienter non plus, s'il se trouve un homme qui blâme les longueurs du discours dans des entretiens comme les nôtres et n'approuve point nos façons de tourner autour du sujet, il ne faut pas le laisser partir en toute hâte et tout de suite après qu'il s'est borné à blâmer la longueur de la discussion ; il lui reste à faire voir qu'il y a des raisons de croire que, si elle eût été plus courte, elle aurait rendu ceux qui y prenaient part plus aptes à la dialectique et plus ingénieux à démontrer la vérité par le raisonnement. »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>

Le critère ici avancé par Platon contre le principe de parcimonie est donc sa nuisance à l'inventivité de l'auditeur et, plus largement, à l'exercice de la dialectique (285d). L'opposition de Platon au principe de parcimonie érigé comme fin suffisante du discours se retrouve dans ses nombreuses digressions dans ses différents dialogues, digressions qui, chacune, sont en fait d'une importance capitale en ce qu'elles « ouvrent le Logos à une autre dimension, comme si, en "évoluant" autour d'un objet, la pensée prenait de la hauteur. »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>

Moyen Âge

Modèle:Lien était un contemporain de Guillaume d'Ockham qui contestait la théorie de ce dernier et proposa son anti-rasoir<ref>Voir Modèle:Lang, art. Walter Chatton, en ligne.</ref>, en expliquant que la quantité des moyens de vérifier une proposition ne doit être épuisée qu'une fois que l'on s'est bien assuré d'avoir fait le tour du sujet : Modèle:Citation bloc

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Plus tard, le mathématicien Karl Menger formule une « loi contre l'avarice » : Modèle:Citation et, plus généralement, Modèle:Citation, et démontre que parfois trop de concepts différents sont unis sous un seul terme (par Modèle:Ex « variable »).

Sans être fondamentalement « anti-rasoir », Stephen Jay Gould, dans Le Pouce du panda<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, pense que Modèle:Citation

Dans la même veine, Eugene Koonin, dans The Logic of Chance<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, précise que : Modèle:Citation bloc

Concepts similaires

Il existe de nombreux principes similaires, par exemple :

Dans la culture populaire

Le rasoir d'Ockham est connu au-delà des cercles scientifiques au travers de divers supports de la culture populaire.

Littérature

Dans le Modèle:3e tome de la trilogie 1Q84 de Haruki Murakami, le principe du rasoir d'Ockham est évoqué lorsque le personnage d'Ushikawa enquête sur les liens qu'il soupçonne entre Aomamé et la fondatrice d'une Safe House pour femmes battues.

Dans le livre Le Rasoir d'Okham de Henri Loevenbruck, le policier Ari Mackenzie met en oeuvre le principe du rasoir d'Ockham pour résoudre les enquêtes dont il a la charge.

Cinéma et télévision

Dans la série télévisée Dr House (2004-2012), dans laquelle le personnage éponyme accorde une grande importance à la logique et au rationalisme, le rasoir d'Ockham est préconisé ainsi : Modèle:Citation. La même métaphore se retrouve dans le film Red Lights (2012) : Modèle:Citation.

De façon plus légère encore, le rasoir d'Ockham est parodié et inversé dans la série d'animation Les Shadoks (1968-1973), dont l'une des devises est : Modèle:Citation

Dans la série d’animation Les Simpson, Lisa, la fillette intellectuelle du couple Simpson, fait régulièrement allusion au rasoir d'Ockham.

Dans la série HPI (saison 3, épisode 6), le personnage de Morgane Alvaro explique le principe de rasoir d'Ockham, au cours d'une enquête aux tendances un peu loufoques.

Musique

Occam's Razor est le titre de la première chanson de l'album The Incident (2009) du groupe britannique Porcupine Tree.

Jeu vidéo

Dans Fallout 3 (2008), on trouve un couteau unique nommé « rasoir d'Occam » sur le corps du commandant Jabsco, le chef de la compagnie Talon. Aucune quête n'est liée à cet objet, il s'agit seulement d'un easter egg.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

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