Roger Salengro
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique
Roger Salengro, né le Modèle:Date de naissance à Lille (Nord) et mort le Modèle:Date de décès dans la même ville, est un homme politique socialiste français.
Député du Nord et maire de Lille, il devient en Modèle:Date- ministre de l'Intérieur du gouvernement Blum. Il met fin à ses jours en novembre de la même année, après avoir été la cible d'une campagne de presse l'accusant à tort d'avoir déserté pendant la Première Guerre mondiale.
Situation personnelle
Enfance et formation
Né le Modèle:Date de naissance- au 19 rue Mirabeau dans le vieux quartier populaire lillois de Fives, Roger Henri Charles Salengro est issu de la moyenne bourgeoisie : son père Henri Salengro est entrepreneur en bonneterie, sa mère Anna Louise Herreman (1868-1938), institutrice publique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il passe son enfance à Dunkerque, de 1891 à 1904. Élève très brillant du collège Jean-Bart, il y improvise une campagne électorale en soutien aux candidats de gauche à la mairie de Dunkerque<ref name="Bermond">Modèle:Ouvrage</ref>.
En 1904, après la naissance de son frère Henri, les Salengro reviennent vivre à Lille, où Roger poursuit ses études au lycée Faidherbe<ref>« Où sont passés les personnages célèbres anciens élèves du Lycée Faidherbe ? », sur la page de l'Association des anciens élèves de Faidherbe</ref> et obtient son baccalauréat à 16 ans. Ses bons résultats lui permettent en 1907 d’être admis comme boursier au lycée Lakanal à Sceaux, en lettres supérieures. Le départ du foyer familial de son père en 1909 l'incite à rejoindre sa mère, son frère Henri et sa sœur Jeanne qui s'installent à Lambersart. Il s'inscrit à la faculté des lettres de Lille et s'engage plus intensément pour la cause socialiste<ref name="Bermond"/>. Militant SFIO, il devient responsable de la section de Lambersart où il rencontre Léonie Venant, ouvrière et militante qu'il épouse le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Dans ses années de jeunesse, il est initié en franc-maçonnerie au sein de la loge no 256 « La Fidélité » de la Grande Loge de France, à Lille<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Grande Guerre
En 1912, il effectue son service militaire au sein du [[33e régiment d'infanterie de ligne|Modèle:33e RI]]<ref name="lecourrier"/> et est inscrit au Carnet B pour avoir, pendant l'une de ses permissions, manifesté contre la loi des trois ans<ref name="lecourrier">Thibaut Kaeser, « La rumeur assassine », Le Courrier, 12 décembre 2006, sur le site lecourrier.ch, consulté le 17 avril 2009.</ref>.
Le Modèle:Date-, il est arrêté sur ordre du préfet du Nord, de même que tous les inscrits du département, contrairement aux instructions données par le ministre de l'Intérieur Louis Malvy de ne pas inquiéter les syndicalistes portés sur le carnet. Libéré sur l'intervention de Gustave Delory<ref name="lecourrier"/>, il rejoint son unité et participe aux combats d'Artois et de Champagne. Il est fait prisonnier le Modèle:Date- : coursier à vélo (c'est-à-dire estafette) du Modèle:6e du Modèle:33e RI, il est autorisé par son chef de section le lieutenant Deron à quitter sa tranchée et rampe pour aller rechercher dans le no man's land le corps de son ami le sergent Demailly, tué la veille<ref>Ils s'étaient faits ce serment conjoint en cas de la mort de l'un.</ref>. L'opération tourne mal et il est capturé par les Allemands : ses compagnons d'armes, qui entendent trois coups de feu, pensent qu'il a été tué<ref name="lecourrier"/>. Quelques jours après sa disparition, le capitaine Arnould, chef de bataillon, classe l'affaire mais sa marraine de guerre reçoit un courrier de sa part racontant qu'il a été fait prisonnier de guerre. Arnould le soupçonne alors de désertion : le Modèle:Date-, un Conseil de guerre le juge par contumace et l'acquitte par trois voix contre deux<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Il est détenu par les Allemands dans différents camps d'internement, dont le dernier est un camp disciplinaire en Prusse. Au cours de sa captivité, il est condamné par un tribunal militaire allemand avec 39 compagnons pour acte de désobéissance après avoir refusé de travailler dans une usine de munitions allemande. Il revient affaibli par ses trois années de détention (rapatrié sanitaire en Modèle:Date-, il ne pèse alors plus que Modèle:Unité)<ref name="lecourrier"/> et se lance ensuite dans le journalisme et le militantisme.
Parcours politique
Débuts
Alors qu'il est étudiant, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) et fonde un groupe d'étudiants collectivistes<ref name="lecourrier"/>.
Devenu l'un des principaux animateurs de la SFIO dans le Nord<ref name="lecourrier"/>, il est élu conseiller municipal de Lille<ref name="lecourrier"/> sur la liste Gustave Delory et conseiller général dans le canton de Lille-Sud-Ouest. Il devient secrétaire administratif de la fédération socialiste du département.
Maire et député de Lille
Roger Salengro succède à Gustave Delory comme maire de Lille en 1925<ref name="lecourrier"/> puis est réélu en 1929 à la suite de la démission d'Alexandre Bracke-Desrousseaux en sa faveur<ref name="bnf-ouest-eclair">l'Ouest-Eclair No 10.063 du 17 mai 1929, sur le site BNF-Gallica, consulté le 26 oct. 2014.</ref>, avant d'être à nouveau élu en 1935. Il est également député à partir de 1928<ref name="lecourrier"/>.
Ministre de l’Intérieur
En 1936, il devient, après la victoire du Front populaire, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Léon Blum<ref name="lecourrier"/>. En Modèle:Date-, c'est lui qui annonce la signature des accords Matignon<ref name="lecourrier"/> et qui présente les décrets sur la dissolution des ligues.
Affaire Salengro
Déroulement
Dès 1924, Roger Salengro fait l'objet de campagnes de presse virulentes. La presse communiste locale l'accuse d'avoir trahi la classe ouvrière et relaye une rumeur de désertion<ref>Le Quid 2000, Modèle:P.675 et Modèle:Éd. 2001, Modèle:Nobr.</ref>. Des journaux d'extrême droite l'attaquent régulièrement, notamment en raison de son action contre les ligues (loi sur la dissolution des ligues, projet de nationalisation des gazettes d'extrême droite) et de son appartenance à la franc-maçonnerie. Des rumeurs racontent que sa femme lui a été infidèle pendant qu'il était au front<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Une campagne de calomnie hostile débute le Modèle:Date- à la Chambre des députés lorsque le chef de file de l'opposition municipale à Lille, Henri Becquart, interpelle le ministre de la Guerre Daladier et lui demande d'éclaircir la situation du soldat Salengro. Le Modèle:Date-, jour de la fête nationale, le quotidien royaliste du parti éponyme de Charles Maurras, L'Action française, s'empare du sujet et publie un article non signé s'indignant que Roger Salengro puisse s'incliner devant la tombe du soldat inconnu<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le Modèle:Date-, l'hebdomadaire d'extrême droite Gringoire publie un article qui pose la question Modèle:Citation et met au défi le ministre de répondre<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
L'Action française reprend et renforce les attaques les jours suivants et ses articles sont repris par d'autres journaux<ref name="lecourrier"/>. Roger Salengro oppose démenti sur démenti aux accusations, mais fait chaque fois l'objet d'une nouvelle attaque<ref name="lecourrier"/>.
Salengro ayant été coursier à vélo pendant la guerre, ses adversaires le surnomment volontiers le Modèle:Citation<ref name="lecourrier"/> ; on le caricature à l'envi sous les traits d'un cycliste fuyant à vélo devant l'ennemi, et il est surnommé « le rétro-pédaleur » ; les rumeurs, dont certaines le présentent comme un alcoolique ou un homosexuelModèle:Référence nécessaire, se multiplient. On dépose même sur la tombe de sa défunte femme Léonie (morte d'un cancer en 1935<ref name="lecourrier"/>), en guise de couronne mortuaire, un vieux pneu usagé de vélo qu'il jette à terre de rage lors d'une visite à sa mère<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Bien que l'accusation de désertion ait été reconnue comme infondée des années auparavant, le soldat Salengro ayant en fait été capturé par l'ennemi<ref name="lecourrier"/>, la polémique enfle durant l'été, dans un pays où le souvenir de la guerre demeure très vivace. Le Modèle:Date-, une commission d'enquête dirigée par le général Gamelin délivre un rapport qui confirme l'innocence de Roger Salengro<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le Modèle:Date-, après un discours de Léon Blum et de lui-même à la tribune de la Chambre des députés, où il se défend tant bien que mal contre les mensonges dont il fait l'objet, la majorité parlementaire, qui reçoit le soutien des députés de la droite modérée, rejette par Modèle:Nombre sur 530 contre 63 les accusations de l’extrême droite<ref name="lecourrier"/>, mais Gringoire, par la plume d'Henri Béraud, continue d'attaquer le ministre blanchi par le rapport Gamelin en l'affublant du sobriquet de Modèle:Citation<ref name="lecourrier"/>. L'opinion publique, influencée par ces attaques à répétitions, ne retient que le soupçonModèle:Refnec.
Suicide
Le Modèle:Date-, ne supportant plus les calomnies, le ministre de l'Intérieur, fragilisé et déprimé, décide de mettre fin à ses jours dans son appartement lillois situé au Modèle:N°, boulevard Carnot<ref name="lecourrier"/>. Il organise sa mort en laissant en vue deux exemplaires de Gringoire et, dans son portefeuille, trois lettres testamentaires pour son frère, son ami de jeunesse et principal collaborateur Roger Verlomme, et Léon Blum<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il meurt quelques minutes après avoir ouvert les robinets de sa gazinière, non sans avoir pris soin de calfeutrer la porte et d'enfermer son chat dans une autre pièce de la maison. Il laisse en épitaphe sur une des lettres : Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, devant l'hôtel de ville de Lille, lors de ses obsèques rassemblant un million de personnes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Léon Blum rend hommage dans une oraison funèbre à son défunt ministre en accusant les journaux d'opposition de sa mort<ref>Il déclare : Modèle:Citation. Des extraits de sa prise de parole se retrouvent dans le quotidien L'Humanité Modèle:N°13856 daté du Modèle:Date-.</ref>. Le chef du gouvernement déclare alors au sujet de Roger Salengro : Modèle:Citation<ref name="lecourrier"/>.
Conséquences
Son éloge funèbre est prononcé à la Chambre des députés le Modèle:Date-. Édouard Herriot demande une loi contre la calomnie et reçoit de vifs applaudissements<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En décembre, la chambre basse vote une modification à la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, visant Modèle:Citation, imposant que la plupart des délits de presse soient jugés par un tribunal correctionnel et non par un jury. La loi est cependant rejetée par le Sénat<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Hommages
En France, de nombreux odonymes notoires portent son nom dont :
- Place Roger-Salengro à Nantes
- Place Roger-Salengro à Toulouse
- Avenue Roger-Salengro à Chaville
- Avenue Roger-Salengro à Marseille
- Avenue Roger-Salengro à Villeurbanne
- Rue Roger-Salengro à Bondy
- Rue Roger-Salengro à Villetaneuse
- Parc Roger-Salengro à Nevers
- Parc Roger-Salengro à Clichy.
La chanson Rue Roger-Salengro (2010) de Juliette fait référence à sa jeunesse passée à Suresnes, où une rue longeant une ligne de train porte son nom.
Un des hôpitaux du centre hospitalier régional universitaire de Lille porte son nom.
Filmographie
- L'Affaire Salengro, téléfilm d'Yves Boisset, diffusé sur France 2 le Modèle:Date-, avec Bernard-Pierre Donnadieu dans le rôle de Roger Salengro.
- Roger Salengro, l'idéal et le réel, documentaire à base d'archives et de témoignages sur la vie de Roger Salengro, diffusé sur Wéo le Modèle:Date-.
- Un extrait filmé d'un discours de Roger Salengro est repris dans le film Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film « La Société du spectacle » de Guy Debord, paru en 1975.
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Christian Blanckaert, Roger Salengro : chronique d'une calomnie, Paris, Balland, 2004, 186Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
- Daniel Bermond, L'affaire Salengro : quand la calomnie tue, Paris, Larousse, 2011, 285Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.