Simon le Cananéen
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Saint
Simon le Cananéen ou Simon le Zélote (de l’hébreu שִׁמְעוֹן Shiemone), est un Juif du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et l'un des douze apôtres de Jésus-Christ. Il est un apôtre, à ne pas confondre avec le disciple Simon le Magicien qui lui aussi devint chrétien (Actes 8, 9-13). La tradition voit l'apôtre Simon comme un des quatre « demi-frères » de Jésus (Mathieu 13, 55 et Marc 6, 3). Un texte attribué à Hippolyte de Rome indique que Siméon de Clopas aurait lui aussi été surnommé « le Zélote ». Sur cette base, certains auteurs émettent l'hypothèse que Simon le Cananéen aurait pu être le deuxième évêque de Jérusalem.
Tradition et histoire
Simon est mentionné dans les listes des douze apôtres figurant dans les trois évangiles synoptiques (Mc 3, 18 ; Mt 10, 4 ; Lc 6, 15) et les Actes des Apôtres (Ac 1, 13)<ref name="APaul_EU">André Paul, Encyclopædia Universalis, article Simon le Zélote, saint ( Ier s.).</ref>. Il figure aussi dans plusieurs sources chrétiennes occidentales, mais ne fait pas partie des Hommes illustres auxquels saint Jérôme consacre une notice<ref>A.D. Booth, The Chronology of Jerome's Early Years, Phoenix 35, 1981, Modèle:P..</ref>. On le rencontre beaucoup plus souvent dans les sources chrétiennes orientales, écrites notamment en syriaque.
Il est appelé Cananéen pour le distinguer de l'apôtre Pierre ayant d'abord le même nom et sans doute parce qu'il est natif de la ville de Cana, là où Jésus de Nazareth va opérer son premier miracle en changeant de l'eau en vin à des noces, qui sont considérées par certains, notamment des orthodoxes, comme celles de Simon lui-même<ref>L'apôtre saint Simon identifié à l'époux des noces de Cana, site Missel.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cana, les noces de l'apôtre saint Simon, site St Nicholas Russian Orthodox Church.</ref>. Autrement, l'hébreu qin’ah de qana’ traduit en latin par cananæus signifie « plein d'ardeur », « zélé » ou « jaloux ».
Dans les évangiles de Marc et de Matthieu on trouve Simon Kananaios (« Cananéen ») (probablement une translittération de la tournure hébraïque qannaim, du verbe qana’, « être jaloux », c'est-à-dire être « plein de zèle », « zélote »<ref name="APaul_EU"/>). Pour André Paul, l'auteur de l'évangile de Marc, ayant écrit au moment du triomphe de Titus et de Vespasien consécutif à la prise de Jérusalem (v. 71) a conservé la forme hébraïque dans ce texte pourtant écrit en grec<ref name="APaul_EU"/>. Une quinzaine d'années plus tard, l'évangéliste Luc s'affranchira de cette contrainte linguistique.
Son surnom, « le Zélote » permet de penser que Simon était membre du groupe zélote<ref name="Nahon_EU">Gérard Nahon , article Zélotes de l'Encyclopædia Universalis.</ref>, ayant quitté ce mouvement pour suivre Jésus<ref name="APaul_EU"/>. Pour Gérard Nahon et André Paul, l'apôtre Simon était bien un Zélote, au sens politique du terme d'alors. Toutefois pour Simon Claude Mimouni, l'appellation « Simon le Zélote » ne renvoie pas à ce mouvement mais signifie simplement « Simon le Zélé »<ref name="Mimouni2012_p444">Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant notre ère au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, Modèle:P..</ref>. C'est que, selon lui, le mouvement des Zélotes n'existe pas à l'époque de Jésus.
Selon la tradition chrétienne, après avoir évangélisé l'Égypte et les Berbères<ref>Modèle:Cf. Les Actes d'André, cité par Maxime Yevadian, Le catholicos arménien Sahak Modèle:III Dzoroporetsi et l'Église de Chine in L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, éd. AED, Paris, 2013, Modèle:P..</ref>, Simon aurait rejoint l'apôtre Jude de l'autre côté de l'Euphrate pour prêcher en Perse, ce qui à l'époque correspond à l'Empire parthe. De très nombreuses sources chrétiennes convergent pour parler de cette prédication dans l'espace parthe et au sud de l'Arménie. D'autres sources le situent dans la région de la mer Noire comme l'apôtre André principalement en Abkhazie actuelle où il aurait séjourner dans une grotte à Soukhoumi (à l'époque Sebastopolis).
Selon les sources, Simon est martyrisé, découpé à la scie ou crucifié. Dans son Histoire d'Arménie, Moïse de Khorène rapporte une tradition selon laquelle il serait mort à Weriosphora (Vériospora) dans le royaume d'Ibérie (Caucase), tout en précisant qu'il n'est pas sûr de cette information<ref>Moïse de Khorène, Histoire d'Arménie, livre Modèle:II, chap. Modèle:XXXIV.</ref>. Les Chroniques géorgiennes et le chapitre Passio SS. Apostolorum Simonis et Judæ du Passiones et vitae sanctorum, disent qu'après avoir évangélisé en Perse il a été martyrisé dans la ville de Nikopsia (frontière circassienne) ou à Suanir (proche de Nouvel Athos) en Colchide (Abkhazie actuelle).
Problème d'identification
Confusion avec le deuxième évêque de Jérusalem
Modèle:Détail Simon le Zélote a parfois été confondu avec Siméon fils de Clopas, le deuxième « évêque » (episkopos) de Jérusalem ayant succédé à Jacques le Juste<ref name="Mimouni_Évêques_448">Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. Modèle:XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, Modèle:P..</ref>,<ref name="Baslez">Marie-Françoise Baslez, Persécutions dans l'Antiquité: Victimes, héros, martyrs, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2007, Modèle:P..</ref>,<ref name="Blanchetière_257">François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Modèle:P..</ref>. Selon Hippolyte de Rome, Siméon fils de Clopas a lui aussi été surnommé « le Zélote » (Hippolyte sur les douze apôtres). Ils sont ainsi différents, Siméon fils de Clopas mourant crucifié dans l'Empire romain, condamné par un consul romain au plus tôt en 106<ref name="Mimouni_Évêques_448"/>, alors que l'apôtre Simon le Zélote est martyrisé scié en deux, dans un pays situé de l'autre côté de l'Euphrate Modèle:Incise plusieurs décennies auparavant.
Jérôme de Stridon a affirmé que ce que les évangiles appellent parfois « frères de Jésus » sont en réalité des cousins au premier ou au second degré de ce dernier, précisément les fils de Clopas et de Marie Jacobé<ref name="Bernheim_p17">Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus, Modèle:Éd. Albin Michel, 2003, Modèle:P..</ref>. Comme cette précision de Jérôme a été acceptée par l'ensemble de l'Église catholique<ref name="Bernheim_p17"/>, certains historiens ont considéré que tous ceux qui étaient appelés « frère de Jésus » étaient des fils de Clopas, bien que Jérôme n'ait parlé que des deux fils mentionnés dans les évangiles: Jacques le Mineur et José. Cependant, les Églises orientales font une distinction entre Jacques le Mineur et Jacques « frère du Seigneur » et les fêtent séparément<ref name="Bernheim_p17"/>. Pour la tradition catholique, le « frère » de Jésus appelé Simon dans les évangiles synoptiques est à la fois Simon le Cananéen et Siméon, fils de Clopas deuxième évêque de Jérusalem, tous deux surnommés « Zélote »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} "The Brethren of the Lord". Catholic Encyclopedia.</ref>. Mais selon Hippolyte de Rome, dans un écrit qui lui est attribué, Hippolyte, sur les douze Apôtres, non reconnu par l'Église catholique, Simon le Zélote serait mort et fut enterré à Jérusalem à l'âge de 120 ans.
Si on en croit Bède le Vénérable (mort en 735), ce serait également Isidore de Séville<ref>Probablement Isidore de Séville (mort le 4 avril 636) qui écrit : Modèle:Citation, Isidore de Séville, Hispalensis episcopi, Opera omnia, Modèle:P..</ref> qui aurait fait la confusion entre Simon le Zélote (Ac 1, 13) et Siméon qui a succédé à Jacques comme « évêque » de Jérusalem<ref>Calvin B. Kendall, Faith Wallis, in Bède le Vénérable, Bede: On the Nature of Things and on Times, 2010, Liverpool University Press, Liverpool, Modèle:P..</ref>. Après avoir repris cette information fournie par Isidore dans un premier livre de son Commentaire sur les Actes des Apôtres, Bède indique avoir cherché à la vérifier et n'avoir trouvé nulle trace dans les sources de l'époque d'un autre auteur qui ait fait la même identification<ref name="Bède_14">Calvin B. Kendall, Faith Wallis, in Bède le Vénérable, Bede: On the Nature of Things and on Times, 2010, Liverpool University Press, Liverpool, Modèle:P..</ref>,<ref>Dans son Commentaire sur les Actes des Apôtres, Bède le Vénérable écrit: Modèle:Citation Il indique avoir alors supposé « de confiance » qu'Isidore reportait ce que disait « les anciens ». Modèle:Cf. Calvin B. Kendall, Faith Wallis, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Simon le Zélote et Siméon fils de Clopas sont d'ailleurs fêtés à des dates différentes et figurent à des dates différentes dans les martyrologes.
Éventuel « frère » de Jésus
Une large partie de la tradition chrétienne considère que Simon était un des quatre « frères » de Jésus, c'est-à-dire des cousins au premier ou au second degré<ref>Catholic Encyclopedia, The Brethren of the Lord.</ref>. C'est ce qu'indique Isidore de Séville au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui est plus tard développé dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Conformément à l'exégèse donnée par S. Jérôme de Stridon, il est considéré comme fils de Clopas, donc comme un cousin de Jésus (voir à ce sujet l'article Frères de Jésus). Eusèbe de Césarée dans son ouvrage Histoire de l'Église (III 11 et 22) confirme qu'un certain Siméon (ou Simon) était bien le fils de Clopas et de Marie Jacobée son épouse, une des saintes femmes que l'on retrouve au pied de la croix, tel que précisé dans l'Évangile de Jean.
L'apôtre saint Simon et saint Jude Thaddée sont souvent associés dans l'iconographie, comme ils le sont dans les listes d'apôtres<ref name="Driot_309">Marcel Driot, Le saint du jour, article Saints Simon et Jude, 1995, Modèle:P..</ref>. Ils ont évangélisé les mêmes régions, à l'est de l'Euphrate, où Simon aurait rejoint Jude après son action missionnaire chez les « Berbères »<ref name="Yevadian_129">Maxime Yevadian, Le catholicos arménien Sahak Modèle:III Dzoroporetsi et l'Église de Chine in L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, éd. AED, Paris, 2013, Modèle:P..</ref>. Il est possible que Jude Thaddée soit le « demi-frère » de Jésus appelé Jude dans les listes de frères des évangiles canoniques<ref name="Driot_309"/>. Dans ce cas Simon et Jude Thaddée seraient demi-frères.
Iconographie
S. Simon le Zélote est traditionnellement représenté avec une scie, instrument de son martyre, pour avoir été sauvagement coupé en deux à la scie, d’après une tradition très ancienne et continue dans les Églises d’Orient. L'Église catholique reçoit cette même tradition. On retrouve cette représentation notamment dans les basiliques de Saint-Jean-de-Latran et des Saints-Achille-et-Nérée, à Rome, et dans le Chiostro dei Voti de la basilique della Santissima Annunziata de Florence. Il est parfois représenté tenant un livre ou un phylactère, en référence à l'Annonce évangélique. Comme déjà signalé, S. Simon le Zélote est souvent accompagné de saint Jude Thaddée<ref>Norman Pagé, La cathédrale Notre-Dame d'Ottawa: histoire, architecture, iconographie, Modèle:P..</ref> qui tient une massue en référence à la façon dont il a été tué<ref>Norman Pagé, La cathédrale Notre-Dame d'Ottawa: histoire, architecture, iconographie, Modèle:P..</ref>,<ref>Eliane Burnet, Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Nouveau testament, 2006, Modèle:P..</ref>
- Peintures du sujet
- Carlo Dolci : Saint Simon, Palazzo Pitti, Florence ;
- Rembrandt : Saint Simon, (1661), Kunsthaus, Zurich
- Antoine van Dyck : L'Apôtre Simon, vers 1618, Los Angeles, The Jean-Paul Getty Museum of Art
- Médaillon peint à fresque du Chiostro dei Voti de la basilique de la Santissima Annunziata, Florence
Culte et reliques
- Dans l'Église catholique, il est fêté le 28 octobre avec l'apôtre saint Jude appelé aussi Thaddée<ref name="Driot_309" />.
- Dans l'Église orthodoxe il est fêté le 10 mai, et avec tous les apôtres le 30 juin.
À Nouvel Athos en Abkhazie, près de l'emplacement présumé de son martyre, existent une église du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle qui lui est dédiée, plusieurs fois reconstruite ou restaurée et qui conserve des reliques, et un monastère élevé par des moines du Mont Athos au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Ceux-ci aménagèrent et consacrèrent une grotte où aurait vécu l'apôtre en chapelle près d'une source considérée comme sacrée.
La basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome possède également des reliques de l'apôtre Simon le Zélote, qui sont vénérées avec celles de l'apôtre Jude Thaddée depuis le Modèle:Date- à l'autel central du transept gauche, autel qui porte leur nom et qui, depuis 1963, est également dédié à saint Joseph. D'autres reliques se trouvent aussi à la basilique Saint-Sernin de Toulouse.
Notes et références
Source
- Gaston Duchet-Suchaux, Michel Pastoureau La Bible et les Saints.- Guide iconographie, Flammarion, Collection Tout l'Art, Paris, 1994, Première édition 1990 Modèle:ISBN.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Saint Simon le Cananéen sur le site Iconographie chrétienne
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} St. Simon the apostle
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Présentation de l'apôtre saint Simon, site Santi e Beati