Vénus de Milo

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Modèle:Infobox Artéfact archéologique

La Vénus de Milo est une statue en marbre représentant la déesse Vénus (en grec Aphrodite) retrouvée dans l'île grecque de Milos en avril 1820, sans ses bras. C'est une œuvre originale de l'époque hellénistique, créée vers 150-130 av. JC.

Son exposition au musée du Louvre en 1821 a fait sensation : c'était la première statue venue de Grèce dans les collections et la première à être montrée incomplète. Sa célébrité est due à la grande beauté de son corps à demi dénudé, mais aussi aux polémiques suscitées par son identité et la position de ses bras. Parmi les nombreuses propositions pour restituer son attitude, les archéologues en privilégient deux : celle où Aphrodite tient la pomme du jugement de Pâris, et celle où elle se regarde dans le bouclier d'Arès.

Historique

1820-1821 : de Milo à Paris

Fichier:Vigée Lebrun - Charles de Riffardeau de Rivière (1763-1822).jpg
Le marquis de Rivière, par Élisabeth Vigée Le Brun, 1828.

Une dizaine de personnes, grecques et françaises, participent à la découverte et surtout à l’acquisition de la Vénus de Milo. Divers documents d’archives et plusieurs récits permettent d’établir le rôle de chacune d'entre elles.

Entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, plusieurs navires de l'escadre française du Levant, parmi lesquels l'Estafette et la Lionne, stationnent ou font escale dans la rade de l'île de Milos<ref>S. Reinach, Documents sur la Vénus de Milo I, dans Amalthée 1930, Modèle:P..</ref>. Dans cet intervalle, un paysan grec découvre dans son terrain une statue féminine en deux parties. Un aspirant de l'Estafette nommé Olivier Voutier écrira beaucoup plus tard<ref>Lettre à M. de Marcellus du 3 mars 1860, L'enlèvement de la Vénus de Milo, 1994, p. 85-86 et récit publié en 1874, Ibidem, p. 98-110.</ref> avoir participé à la découverte et réalisé aussitôt un dessin (voir ci-dessous). Les documents contemporains de la découverte sont très brefs, et concernent surtout la possibilité d'acquérir la statue pour la France. Le premier est la lettre d'un commandant de navire, Modèle:M., arrivé le Modèle:Date- à Milo. Il écrit dès le Modèle:Date- au consul général à Smyrne, pour signaler la découverte Modèle:Citation de la « Vénus », déjà évaluée à Modèle:Unité. Le lendemain, Louis Brest, l'agent consulaire français de Milo, écrit<ref>Publication des deux lettres par M de Vogüé, Seconde lettre sur la découverte de la Vénus de Milo, Comptes-rendus de l'académie des inscriptions et belles-lettres, 1874, Modèle:P.. Modèle:Lire en ligne</ref> lui aussi à son supérieur, en faisant état de la statue « un peu mutilée, aux bras cassés » et de deux piliers à tête sculptée. Il s'inquiète de savoir s'il doit acheter la statue et ajoute que les dignitaires de l'île veulent de leur côté la proposer à Nicolaos Morousi, drogman de la flotte ottomane, le fonctionnaire grec dont ils dépendent à Constantinople<ref>Il s'agit du phanariote Nicolas Mourousi, drogman de la flotte de l'Empire ottoman.</ref>. Le 14 avril, l'Estafette et la Lionne quittent Milos pour Smyrne, où les deux lettres sont portées au consul général, le 24 avril. Ce dernier écrit aussitôt à l'ambassadeur de France à Constantinople, le marquis de Rivière, pour lui demander s'il veut acquérir la statue Modèle:Citation à Paris<ref>F. Ravaisson, La Vénus de Milo, Mémoire de l'institut de France, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1892, Modèle:P.. Modèle:Lire en ligne</ref>.

Fichier:Ingres - Le comte de Marcellus.jpg
Le vicomte de Marcellus par Ingres, vers 1825.

Le Modèle:Date-, un navire chargé d'un voyage d'exploration dans le Pont-Euxin, la Chevrette, fait une brève escale à Milos. À son bord se trouve l'enseigne de vaisseau Jules Dumont d'Urville. Botaniste, il va le Modèle:Date- examiner par curiosité la statue de Vénus ainsi que le lieu de la découverte, et note ses observations<ref>Il tenait son journal tous les jours. Cf. M. Besnier, La Vénus de Milo et Dumont d'Urville, in Revue des Études Anciennes, 10, 1908, Modèle:P..</ref>. La Chevrette poursuit sa route et fait escale du Modèle:Date- au Modèle:Date- à Constantinople. Invité à l'ambassade, Dumont d'Urville est interrogé sur la statue par M. de Rivière, puis il remet le Modèle:Date- une courte notice<ref>Publiée par É. de Marcellus, La Vénus de Milo, Le Temps, 4 mars 1874.</ref> à son sujet au vicomte de Marcellus, secrétaire d'ambassade.

Enfin le Modèle:Date-, l'Estafette, basée à Smyrne, arrive à Constantinople pour embarquer Modèle:M. dans une tournée des établissements français du Levant, prévue de longue date ; son commandant, Modèle:M., s'entretient aussi de la statue avec l'ambassadeur. Sur la foi de ces différents témoignages, Modèle:M. décide d'acheter la statue à son propre compte et il demande à M. de Marcellus de se rendre d'abord à Milo pour traiter l'affaire<ref>C. de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, 1839, Modèle:P..</ref>.

Mais dans l'intervalle à Milo, un religieux grec nommé Verghi s'était chargé d'acheter pour le compte du drogman la statue au paysan qui l'avait découverte et il en avait offert 718 piastres, d'après Brest<ref>Lettre de Brest du 25 mai 1820 dans E. de Marcellus, Le Temps, 14 mai 1874, 4e page..</ref>. Et quand l'Estafette approche l'île le 22 mai 1820, le moine fait rapidement embarquer la statue sur un navire prêt à partir pour Constantinople. Malgré cela, M. de Marcellus est déterminé à la récupérer et à l'acheter. Deux jours de négociations très tendues avec les dignitaires de l'île et l'offre d'un paiement de 836 piastres<ref>D'après le reçu de la vente, 718 piastres pour la statue « à rembourser à Verghi » et 118 drachmes de dédommagement pour les dignitaires, cf. M. de Vogüé, Lettre sur la découverte de la Vénus de Milo, Comptes-rendus de l'académie des inscriptions et belles-lettres, 1874, p. 154.</ref> sont nécessaires pour qu'il puisse faire passer à son bord la statue, avec Modèle:Citation et trois piliers à tête sculptée. Il quitte Milo dès le Modèle:Date-, et dans la dépêche<ref>Extrait dans É. de Marcellus, la Vénus de Milo, Le Temps, 14 mai 1874.</ref> qu'il expédie le Modèle:Date- de Rhodes à l'ambassadeur pour lui narrer son succès, il précise ne pas avoir recouru à la force comme le lui suggéraient ses compagnons. De son côté, Brest écrit<ref>É. de Marcellus, La Vénus de Milo, Le Temps, 14 mai 1874, 4e page.</ref> en demandant à l'ambassadeur d'intervenir pour que les dignitaires grecs ne soient pas sanctionnés par le drogman pour avoir vendu la statue à des étrangers, en vain<ref>Les représailles infligées par le drogman seront sévères : prison, bastonnade et amende de Modèle:Unité. Cf. C. de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, 1839, Modèle:P..</ref>. En 1826 seulement, M. de Rivière leur remboursera les Modèle:Nb qu'ils avaient dû payer comme amende au drogman.

Puis l'Estafette entreprend son périple en Méditerranée orientale, fait escale entre autres au Pirée le Modèle:Date-, où l'archéologue Louis Fauvel admire la statue sur le pont du navire la nuit, Modèle:Citation<ref>C. de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, tome I, 1839, Modèle:P..</ref>. La mission de M. de Marcellus se termine le 27 septembre à Smyrne, et le Modèle:Date-, les sculptures sont transbordées sur le navire la Lionne qui doit ramener en France Modèle:M., relevé de son poste d'ambassadeur. Sur le chemin du retour, ce dernier fait escale à Milo le Modèle:Date- et acquiert encore quelques fragments de marbres.

Arrivés le Modèle:Date- à Toulon, les objets sont acheminés par voie fluviale jusqu'à Paris où ils parviennent à la mi-février<ref>É. Michon, La Vénus de Milo. Son arrivée et son exposition au Louvre, Revue des Études Anciennes, 1900, Modèle:P..</ref>. Cela permet à Modèle:M. d'offrir la statue au roi Louis XVIII lors d'une audience qui lui est accordée le Modèle:Date- au palais des Tuileries. Le roi l'accepte et l'offre à la France pour enrichir les collections du musée du Louvre<ref>Elle est inscrite sur le livre d'entrée du règne de Louis XVIII sous le numéro LL 299.</ref>, mais il n'ira jamais la voir<ref>É. Michon, « La Vénus de Milo. Son arrivée et son exposition au Louvre », Revue des Études Anciennes, 1900, Modèle:P..</ref>.

1821-1874 : les récits

Plusieurs récits de ces événements paraissent au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui n'ont pas tous le même rapport à la réalité à mesure que le temps passe.

En Modèle:Date-, Dumont d'Urville publie la relation du voyage<ref>J. Dumont d'Urville, Relation du voyage de la Chevrette, Annales maritimes 13, 1821, Modèle:P..</ref> que la Chevrette a fait l'année précédente. Pour la statue de Milo, il copie sa note du Modèle:Date-, augmentée de ce qu'on lui a dit de la suite des événements. C'est le témoignage le plus direct que l'on possède de la trouvaille et de son contexte.

En mars-avril 1821, Marcellus fait parvenir au directeur du Musée Royal une note<ref>Document aux Archives Nationales</ref> très détaillée sur les conditions de l'acquisition de la Vénus, où il a en effet joué un rôle essentiel et déterminant par la négociation. Il dit avoir payé la statue directement au paysan<ref>Contrairement au reçu signé en mai 1820, cf. note 10. </ref> qu'il appelle Georges. Le peu qu'il dit sur la découverte, qu'il date fin février, est de seconde main.

En 1821, le comte de Clarac, conservateur des Sculptures au Louvre, publie une étude<ref>F. de Clarac, Sur la statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo, Paris, 1821.</ref> sur la Vénus de Milo. Il reprend les notes de Dumont d'Urville et de Marcellus, et les complète avec les informations que lui fournit de vive voix Modèle:M. d'Ailly, commandant de la Lionne, présent à Milo en Modèle:Date-.

En 1839, Marcellus consacre un chapitre de ses Souvenirs de l'Orient<ref>C. de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, Paris, 1839, tome I, Modèle:P..</ref> à l'acquisition de la statue. Il recopie pour l'essentiel sa note de 1821, qu'il augmente largement ; il décrit ainsi sa tentative de monter à bord du navire en partance pour Constantinople pour voir la statue avant de l'acheter.

En 1862, Brest rédige un rapport<ref>Salomon Reinach, Chronique des arts, 1897, 9, Modèle:P..</ref> à la demande de l'ambassadeur de France à Athènes. Il donne pour la première fois le nom de Théodoros Kendrotas au paysan grec qui avait découvert la statue. Oublieux de ce qu'il avait lui-même écrit en 1820, il s'attribue tout le mérite de l'acquisition de la statue pour la France.

En 1874, paraît le récit de Matterer<ref>J. Aicard, La Vénus de Milo : recherches sur l'histoire de la découverte d'après des documents inédits, 1874, Modèle:P..</ref>, lieutenant sur la Chevrette en 1820. Il affirme que les bras de la Vénus ont été cassés dans une violente bagarre entre les Français et les Grecs survenue lors de son embarquement en Modèle:Date- sur le port de Milo : il n'a pas pu voir cette scène, la Chevrette naviguant à ce moment-là dans le Pont-Euxin.

La même année, Olivier Voutier réagit en publiant sa version des faits<ref>Large extrait dans Salomon Reinach, Amalthée : mélanges d'archéologie et d'histoire, 1930-1931, Modèle:P., note ; version complète dans L'enlèvement de Vénus, Paris, 1994, Modèle:P..</ref> : il peut assurer que la statue a été trouvée les bras cassés, puisque c'est lui qui l'a fait exhumer par le paysan grec - sinon elle serait restée enfouie ; et ne parvenant pas à convaincre Brest de l'acheter, il est parti aussitôt sur l'Estafette prévenir l'ambassadeur à Constantinople – Voutier ignorait le passage de Dumont d'Urville à Milo et à Istanbul. Très tardif, son récit n'est pas dépourvu d'invraisemblances<ref>Voutier a pour habitude d'enjoliver ses récits et de s'y attribuer un rôle prépondérant ou exagéré, comme c'est le cas pour ses publications sur la guerre d'indépendance grecque (Modèle:Ouvrage).</ref> (comme redresser la statue sur-le-champ), ni d'inexactitudes (à la mi-Modèle:Date-, son navire a quitté Milo pour regagner Smyrne). Dès 1896, S. Reinach mettait en garde : « Écrite, cinquante-quatre ans après les événements, par un homme évidemment fatigué, la brochure de M. Voutier doit être consultée avec grande précaution. »<ref>S. Reinach, Amalthée, 1930 [1897], p. 274, n. 1.</ref>

En 1892, est publié le calque d'un dessin<ref>Félix Ravaisson, « La Vénus de Milo », Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1892, pl. II.</ref> fait par Voutier, représentant la Vénus en deux morceaux disjoints et deux piliers à tête sculptée sur des bases inscrites. Le dessin a pu être fait rapidement à Milo en Modèle:Date- ou entre Modèle:Date- et Modèle:Date- 1820 sur l'Estafette.

Découverte

Date

La découverte de la statue par le paysan grec s'est faite par hasard et sans aucune méthode. Dauriac la place Modèle:Citation sa lettre du Modèle:Date-, soit le Modèle:Date-. L'agent consulaire de Milo écrit à Smyrne le Modèle:Date- qu’Modèle:Citation la statue, sans plus de précision. Dumont d'Urville situe la découverte un mois environ avant le rapport qu'il rédige le Modèle:Date- à Constantinople<ref>Dans son rapport de 1820 : Modèle:Citation avant le Modèle:Date- ; dans sa relation de 1821 : Modèle:Citation à Milo le Modèle:Date-.</ref>, soit vers le Modèle:Date-. Il s'est écoulé un certain temps entre la découverte de la statue et son exhumation complète. Le paysan met vite le haut de la statue à l'abri chez lui où Dauriac l'a vu le Modèle:Date-, et laisse la partie inférieure sur place où Dumont d'Urville l'examine le Modèle:Date-. Aucun des témoignages de 1820 ne renvoie à la « fin février », date donnée par Marcellus, reprise par Clarac et d'autres<ref>É. Michon, La Vénus de Milo, son arrivée et son exposition au Louvre, Revue des Études Anciennes, 1900, Modèle:P..</ref> par la suite.

Lieu

Les renseignements les plus complets se trouvent dans l'étude de Clarac<ref>F. de Clarac, Sur la statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo, 1821, Modèle:P..</ref>. Le paysan grec travaillait Modèle:Citation. Cela correspond à l'emplacement de la ville antique de Mèlos, à flanc de montagne entre le village de Tripiti et la mer, le long de la vallée de Klima. Les fouilles modernes ont permis d'identifier deux temples, dont un de Poséidon, une agora avec des portiques, un stade et, en contrebas sur la pente, le théâtre. L'endroit où a été découverte la Vénus se trouve tout à côté du stade<ref>R. Kousser, Creating the Past : the Vénus of Milo and the Hellenistic Reception of Classical Greece, American Journal of Archeology, 109, 2005, Modèle:P., Modèle:Fig.16.</ref>.

Le paysan repère des blocs de marbre bien taillés affleurant le terrain et continue de creuser pour en récupérer davantage. Ils proviennent du haut des murs d'une petite construction alors complètement enterrée, qualifiée dans les premiers récits de « grotte », « niche » ou « petite chapelle », « cintrée » ou « voûtée ». C'est une pièce carrée d'environ quatre pieds de large (Modèle:Unité), enfouie de sept ou huit pieds (Modèle:Unité/2) sous le niveau du sol moderne. Seul Dumont d'Urville signale<ref>J. Dumont d'Urville, Relation du voyage de la Chevrette, Annales maritimes 13, 1821, Modèle:P..</ref> que l'entrée était surmontée d'un marbre de quatre pieds et demi de long sur six à huit pouces de large (Modèle:Dunité), soit la taille d'un linteau. Il portait gravée la dédicace, d'époque hellénistique d'après la forme des lettres<ref>Copie la plus approchante dans Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, 1841, II, 2, pl. LIV.</ref>, du petit bâtiment nommé « exèdre ». Il ne reste plus rien aujourd'hui de cette exèdre.

Objets découverts

Les sculptures

Dans cet espace restreint étaient enfouies plusieurs sculptures de marbre, accompagnées de fragments<ref>M. Hamiaux, Musée du Louvre. Les sculptures grecques, II, 1998, Modèle:P., Modèle:N°, avec photographies.</ref>, mais on ignore s'il s'agit de leur emplacement antique ou d'un regroupement postérieur<ref>Par exemple, une réserve pour un four à chaux, cf. Reinach, La Vénus de Milo avant 1890, 1930, Modèle:P..</ref>. On possède un dessin des principales sculptures fait par Olivier Voutier en 1820. D'après les premiers témoignages, s'y trouvaient certainement :

Fichier:Dessin de Voutier.jpg
Le dessin d'Olivier Voutier réalisé en 1820.
  • la partie supérieure de la Vénus, les bras cassés, le chignon encore attaché<ref>Il sera brisé au cours de son transfert sur le rivage. Cf. C. de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, 1839, p. 248</ref> (Louvre, Ma 399)
  • la partie inférieure de la Vénus, sans le pied gauche (Louvre, Ma 399)
  • le morceau intermédiaire de la hanche droite (Louvre, sur la statue)
  • une main tenant une pomme (Louvre, Ma 400)
  • un pied chaussé d'une sandale<ref>N'appartient pas à la Vénus de Milo qui a les pieds nus.</ref> (Louvre, Ma 4794)
  • un pilier avec une tête d'Hermès barbu (Louvre, Ma 405)
  • un pilier avec une tête d'Héraclès imberbe (Louvre, Ma 403)

Marcellus dit avoir emporté aussi :

  • un troisième pilier fragmentaire avec une tête d'Héraclès imberbe (Louvre, Ma 406).

Il est plus difficile d'identifier les fragments de bras mentionnés en avril près de la statue ou ceux emportés en mai et novembre<ref>Analyse détaillée dans É. Michon, La Vénus de Milo, son arrivée et son exposition au Louvre, Revue des Études Anciennes, 1900, Modèle:P..</ref>, avec ceux répertoriés au Louvre, qui sont :

  • une partie de bras gauche (Louvre, Ma 401)
  • un avant-bras très fruste (Louvre, Ma 402)

Les inscriptions

Grâce à Dumont d'Urville, on sait qu'il y avait aussi dans l'exèdre :

  • une base de pilier hermaïque avec une dédicace du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle (Louvre, Ma 1441)<ref>Inscriptiones Graecae XII, 3, 1092/1662 ; É. Michon, la Vénus de Milo, son arrivée son exposition au Louvre, Revue des Études Anciennes, 1900, Modèle:P..</ref>. Dumont d'Urville disait l'inscription illisible, Voutier l'a déchiffrée et a dessiné la base très petite sous le pilier avec la tête d'Hermès :

Théodoridas fils de Laistratos, à Hermès.

  • le linteau avec la dédicace incomplète de l'exèdre d'époque hellénistique<ref>Inscriptiones Graecae XII, 3, 1091. F. de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, II, 2, 1838, Modèle:P., Modèle:N°, pl. LIV.</ref>. Il a été emporté en novembre par M. de Rivière qui l'aurait donné au Louvre en 1822, où il ne se trouve plus.

Modèle:Grec ancien Bacchios fils de Sattos étant hypogymnasiarque [a dédié] l'exèdre et [la statue ?] à Hermès et à Héraclès.

Le lieu de découverte de la dernière inscription est incertain. Dumont d'Urville, pourtant attentif aux inscriptions, ne la mentionne pas dans l'exèdre :

« Modèle:Grec ancien » ...andros fils Ménidès, de la ville d'Antioche du Méandre a fait [la statue].

Le fragment, brisé à gauche, comporte un trou d'encastrement de pilier. Il est dessiné par Voutier comme base du pilier avec la tête d'Héraclès, et représenté avec soin comme partie de la plinthe de la statue dans l'étude de Clarac. Parvenu au Louvre en 1821, il a ensuite été perdu.

La statue

Description

La statue est plus grande (Modèle:Unité) que la taille naturelle. Elle représente certainement la déesse grecque Aphrodite (Vénus chez les Romains), debout, le torse dénudé et les jambes drapées.

Fichier:Venus de Milo, Paris 28 June 2010.jpg
Vénus de Milo, vue de dos (Juin 2010, après restauration).

La déesse est coiffée très simplement : les cheveux, divisés par une raie en épais bandeaux ondulés, forment derrière la tête un chignon rond d'où s'échappent trois mèches tombant dans le cou. La tête était ornée d'un diadème en métal fixé sur une bande lisse (les trous de fixation sont visibles), et les oreilles de boucles en métal. Le visage est plein et lisse, le nez droit, les yeux petits et peu enfoncés, la bouche à la lèvre inférieure charnue est à peine entrouverte. C'est un visage calme et sans expression, encore très classique.

Le haut du corps dénudé est parfaitement proportionné. Les seins sont écartés et très fermes, le torse est modelé par la ligne blanche et les muscles abdominaux, le ventre est légèrement bombé. Le bras droit, conservé jusqu'au milieu du biceps, est dirigé vers le bas, pressé contre le sein ; au-dessus de la fracture, deux trous servaient peut-être à fixer un bracelet en métal. Le dos est modelé par la dépression de la colonne vertébrale, les fesses sont peu volumineuses.

La jambe droite tendue porte le poids du corps, le pied nu bien à plat. La jambe gauche, à la cuisse un peu trop courte, est légèrement fléchie, car le pied maintenant disparu était posé sur un support bas. Le bas du ventre et les jambes sont couverts d'une draperie qui n'est pas celle d'un himation, manteau que les femmes ne portaient pas à même la peau, mais celle d'une grande étoffe, qui pouvait servir à la sortie du bain. Roulée en bourrelet sous les hanches, elle drape d'abord l'avant, puis l'arrière des jambes, revient à l'avant sur la cuisse gauche relevée, et se termine en tombant verticalement à l'intérieur de la jambe. Cette disposition est censée permettre à une étoffe de tenir en place toute seule, sans l'aide des mains<ref>M. Hamiaux, Le type statuaire de la Vénus de Milo, Revue Archéologique, 2017, Modèle:P..</ref>. Très inhabituelle, elle permet d'identifier toutes les statues d'Aphrodite du même type.

Les mesures principales de la Vénus de Milo sont les suivantes :

Technique

La statue est en marbre de Paros d'excellente qualité. Son corps a été fabriqué dès l'origine en deux blocs superposés. Cette technique de fabrication s'est répandue à l'époque hellénistique en Asie mineure et dans les Cyclades<ref>Marianne Hamiaux, « La Victoire de Samothrace : étude technique de la statue », Monuments Piot, 83, 2004, Modèle:P..</ref>. Elle permettait d'extraire des carrières des blocs de marbre moins importants donc moins rares et moins coûteux que pour un corps entier.

Les surfaces jointives se raccordent horizontalement au milieu du bourrelet de draperie. Les deux blocs étaient fixés l'un à l'autre par deux goujons de fer, implantés à l'intérieur de chaque hanche<ref>J.-L. Martinez, La Vénus de Milo, Paris, 2022, p. 90 </ref>. Du côté de la hanche droite, au bloc supérieur, une pièce horizontale a été découpée dès l'origine pour réparer un gros accident du marbre, dû sans doute à la proximité du tenon métallique<ref>Félix Ravaisson, La Vénus de Milo, 1871, Modèle:P., et photographie de la statue avec le morceau déboîté.</ref>.

D'autres parties de la statue étaient rapportées sur le corps :

  • le bras gauche, fixé à l'épaule par un goujon rectangulaire dans un trou de scellement horizontal ;
  • le bras droit à partir du bas du biceps ;
  • le pied gauche avec le bord inférieur de la draperie ;
  • toute la partie droite de la plinthe, suivant une grande surface de joint coupée en biseau dans la draperie au bas de la jambe gauche.

Le travail de la draperie à l'arrière et sur le côté gauche des jambes est délibérément plus sommaire, ces parties n'étant pas destinées à être vues par le spectateur. Cette différence ne se retrouve pas dans la partie supérieure.

Datation et style

Dès le début, la Vénus de Milo a frappé les commentateurs par la qualité de sa sculpture. Ils ont tout de suite fait la différence entre elle et les copies romaines auxquelles ils étaient habitués. Les sculptures grecques étaient encore rares à l'époque dans les musées européens<ref>F. de Clarac, Sur la statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo, 1821, Modèle:P. ; A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo en 1820, 1821, Modèle:P..</ref>, la seule référence étant la frise et les statues des frontons du Parthénon exposées à Londres (les marbres Elgin). La Vénus de Milo a été rapprochée successivement des écoles de Praxitèle ou de Scopas<ref>A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo en 1820, 1821, Modèle:P. ; W. Fröhner, Notice de la sculpture antique, 1869, Modèle:P., Modèle:N° ; S. Reinach, La Vénus de Milo en 1890, dans Amalthée, 1930, Modèle:P..</ref>, puis les progrès de l'archéologie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ont mis en lumière les caractéristiques de la sculpture hellénistique.

Le style de la sculpture de la Vénus de Milo n'est pas uniforme. À la partie supérieure, le visage peu expressif est empreint de classicisme, tout comme le modelé des parties nues sans ruptures ni effets d'ombre. À la partie inférieure au contraire, le rendu des plis de la draperie est très graphique et l'emporte visuellement sur la forme des jambes. Une telle disparité a fait penser que la partie inférieure pouvait être une restauration antique tardive<ref>F. Clarac, Sur la statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo 1821, Modèle:P. ; A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo en 1820, 1821, Modèle:P. ; F. Ravaisson, La Vénus de Milo, 1871, Modèle:P..</ref>. Elle relève en fait d'une volonté de créer un fort contraste entre le nu et le drapé. La combinaison de ces effets de style très marqués en même temps qu'un retour au classicisme caractérise le goût de l'époque hellénistique. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Adolf Furtwängler propose de dater la Vénus de Milo dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle<ref>A. Furtwängler, Masterpieces of Greek Sculpture, traduction 1895, Modèle:P..</ref>.

En 1954, Jean Charbonneaux compare le profil de la Vénus de Milo à celui du torse dit l'Inopos conservé au Louvre<ref>J. Charbonneaux, La Vénus de Milo et Mithridate le Grand, Revue des Arts, 1951, Modèle:P..</ref>, qu'il identifie comme un portrait de Mithridate VI, roi du Pont de 111 à Modèle:Date- Jugeant les profils similaires, il en conclut que les deux statues sont l'œuvre du même sculpteur, donc contemporaines, et propose de dater vers Modèle:Date- la statue de Milo. Mais le profil de l'Inopos était une restauration en plâtre du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, maintenant supprimée<ref>A. Pasquier, J.-L. Martinez, 100 chefs-d'œuvre de la sculpture grecque au Louvre, 2007, Modèle:P..</ref> : il n'y a donc plus d'argument pour dater la Vénus de Milo à la toute fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle

Le nom du sculpteur de la Vénus n'est pas connu. Pourtant, le fragment avec la signature d'un sculpteur d'Antioche du Méandre, même s'il n'appartient pas à la statue, est important car il témoigne de l'activité à Milo, comme dans tout l'archipel des Cyclades, de sculpteurs venus d'Asie mineure, sans doute en lien avec la fin des travaux du Grand autel de Pergame<ref>M. Hamiaux, Le type statuaire de la Vénus de Milo, Revue Archéologique, 2017/1, Modèle:P., Modèle:Fig.8-9.</ref>. D'où aussi la comparaison souvent faite entre la Vénus de Milo et une tête d'Aphrodite trouvée à Tralles<ref>Louvre, Ma 3518. A. Furtwängler, Masterpieces of Greek Sculpture, traduction, Londres, 1895, Modèle:P. ; A. Pasquier, J.-L Martinez, 100 chefs-d'œuvre de la sculpture grecque au Louvre, 2004, Modèle:P..</ref>, datée vers Modèle:Date- La statue de Poséidon trouvée à Milo près du port de Klima, dans un style et une technique tout à fait comparables, a été attribuée au même sculpteur que la Vénus<ref>Chr. Maggadis, « The Aphrodite and Poseidon of Melos. A Synthesis », Acta Archaeologica, 69, 1998, p. 175-197.</ref>.

Restaurations

Dans l'Antiquité

Plusieurs indices font penser que la statue avait subi des dommages dans l'Antiquité, et avait été réparée<ref>A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo en 1820, 1821, Modèle:P..</ref>. L'avant-bras droit avec le coude avait été complété en marbre et il était maintenu par une tige métallique fixée dans une mortaise sous le sein droit<ref>J.-L. Martinez, La Vénus de Milo, Paris, 2022, p. 87, fig. 91 b</ref>. L'avant de la plinthe a été retaillé parallèle au plan des épaules à grands coups de pointe<ref>M. Hamiaux, Le type statuaire de la Vénus de Milo, Revue archéologique, 2017/1, Modèle:P., Modèle:N°.</ref>. La restauration ne devait pas être très soignée. Et pour certains archéologues, le fragment de bras gauche, la main avec le fruit, et le fragment de base avec la signature sont aussi les restes de cette restauration antique<ref>F. de Clarac, Sur la statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo, 1821, Modèle:P., qui précise qu'elle était d'un marbre légèrement différent.</ref>.

À l'époque moderne

État de conservation

La statue, dont le cou est resté intact, n'a plus ses bras : le gauche est absent à partir de l'épaule, et le droit depuis le bas du biceps. Il manque également la partie droite de la plinthe, le pied gauche, et quelques petits fragments (une partie du nez, les lobes des oreilles, le bout du sein gauche, le gros orteil du pied droit et de petites portions de plis). La surface du marbre est arrachée dans le dos, notamment derrière l'épaule droite, et celle des plis posés sur la cuisse gauche est érodée.

La statue présente des fractures importantes dans la zone des hanches et du haut des cuisses. Du côté droit, un gros morceau de la cuisse avec la fesse attenante est brisé ainsi que, du côté gauche, deux fragments superposés de la hanche et de la cuisse. Marcellus impute ces dégâts au transport de la statue jusqu'au port, fait sans aucun ménagement, mais il n'énumère pas les fragments parmi ceux qu'il a embarqués avec la statue, alors qu'ils sont pourtant bien parvenus en France.

Première restauration

Fichier:Paris Louvre Venus de Milo Debay drawing-edit.png
Dessin de la Vénus de Milo avec des restaurations non réalisées, publié par F. de Clarac en 1821.

À la mi-Modèle:Date-, la statue arrive dans l'atelier de restauration des sculptures du Louvre pour être confiée au sculpteur-restaurateur Bernard Lange. La restitution des bras en marbre est d'abord envisagée. Faute de consensus sur l'attitude générale de la statue (voir ci-dessous), Antoine Quatremère de Quincy, membre éminent de l'Institut dont l'entourage du Roi sollicite l'avis, recommande d'exposer la statue Modèle:Citation<ref>A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo en 1820 1821, Modèle:P. ; É. Michon, La Vénus de Milo, son arrivée et son exposition au Louvre, Revue des Études Grecques, Modèle:P..</ref>. Cadeau royal, la statue doit être rapidement exposée, et en moins de trois mois sont réalisées les opérations suivantes :

  • creusement de nouvelles mortaises pour les goujons métalliques nécessaires à l'assemblage des deux blocs de la statue<ref>Révélés par la gammagraphie réalisée en 2010 : J.-L. Martinez, Les secrets de la Vénus de Milo, dans L'Encyclopédie des collections, Modèle:P..</ref>.
  • remise en place des fragments cassés aux deux cuisses et à la hanche gauche, et de la pièce intermédiaire à la hanche droite. Les deux parties du corps une fois réunies, il reste un vide à la jointure, qui est colmaté au plâtre.
  • fixation du chignon, complément en plâtre du nez, du pouce du pied droit, bouchage du trou sous le sein droit ; modelage en plâtre d'un pied gauche.
  • nettoyage de toute la surface de la statue pour lui rendre une blancheur parfaite<ref>Modèle:Citation, F. de Clarac, La statue antique de Vénus Victrix découverte dans l'île de Milo, 1821, Modèle:P..</ref>, selon le goût de l'époque.
  • retaille de la plinthe antique sur les côtés et une partie de l'arrière, pour l'insérer dans un socle moderne.

La statue ainsi restaurée est exposée à la fin du mois de Modèle:Date- et un an plus tard elle trouve sa place au centre de la « Salle du Tibre », entourée de sculptures romaines. Elle la quittera en 1853, pour l'extrémité du « Corridor de Pan »<ref name=":0">É. Michon, La Vénus de Milo, son arrivée et son exposition au Louvre, Revue des Études Grecques, Modèle:P..</ref>.

Seconde restauration

Durant la guerre de 1870, la Vénus de Milo est mise à l'abri dans les caves de la Préfecture de Paris<ref>Théophile Gautier, la Vénus de Milo, dans Tableaux de siège, 1871</ref>, mais à cause de l'humidité, le joint de plâtre entre les deux blocs du corps s'est désagrégé. Félix Ravaisson, le conservateur des antiques du Louvre à l'époque, constate alors que la restauration de 1821, sans doute faite trop vite, était défectueuse au niveau de la jonction des deux blocs du corps<ref>F. Ravaisson, La Vénus de Milo, 1871, Modèle:P. et photographie de la statue détériorée dans sa caisse de transport</ref> : le fragment de la cuisse gauche recollé trop haut faisait une saillie sur le lit d'attente du bloc inférieur, compensée dans la partie droite par l'adjonction de cales en bois insuffisantes. Il entreprend une restauration fondamentale de la statue qui a pour effet de redresser l'aplomb vertical du torse. Il supprime le pied gauche en plâtre dont il rebouche le trou de fixation, et inclut la plinthe dans un socle circulaire tournant.

Depuis 1871

Par la suite, la statue n'a pas subi d'autres restaurations que des nettoyages et des interventions ponctuelles rendus nécessaires au fil du temps ou de ses déplacements<ref>1914 : mise à l'abri ; 1939 : évacuation au château de Valençay ; 1964 : exposition à Tokyo et Kyoto.</ref>. Lors du réaménagement des salles du Louvre après la Seconde Guerre mondiale, la plinthe antique, dégagée de son socle, redevient visible. Après le dernier nettoyage réalisé en 2010, durant lequel ont été entrepris des examens scientifiques<ref>J.-L. Martinez, Les secrets de la Vénus de Milo, dans L'Encyclopédie des collections 2010, Modèle:P..</ref>, elle quitte le « Corridor de Pan » pour regagner la salle qu'elle occupait en 1822, qui lui est désormais presque entièrement consacrée.

Restitutions

Fichier:Hypothèses sur les gestes de la Vénus de Milo.jpg
Panneau avec des hypothèses sur la gestuelle de la Vénus de Milo

La mutilation des bras de la Vénus de Milo a alimenté la légende, voire les fantasmes. Si les archéologues eux-mêmes en ont proposé des restitutions très différentes, c'est que les informations trop imprécises fournies au moment de la découverte laissent planer le doute sur l'appartenance ou non à la statue d'éléments déterminants pour l'attitude : une main gauche tenant un fruit rond, un morceau de bras gauche, le fragment de base avec encastrement et signature. De plus, la plinthe retaillée permet d'envisager différentes vues principales<ref>M. Hamiaux, Le type statuaire de la Vénus de Milo, Revue Archéologique, 2017/1, Modèle:P..</ref>. La plupart des restitutions peuvent se regrouper autour de trois propositions, auxquelles se rattachent des variantes.

Vénus tenant une pomme

Fichier:Reconstitution de Furtwängler 1893.jpg
Restitution de la Vénus de Milo par Furtwängler, 1893.

La présence dans l'exèdre d'une main gauche tenant un fruit a conduit les premiers témoins à Milo à interpréter la statue comme Vénus tendant la pomme qui lui a été attribuée lors du « Jugement de Pâris », pour l'avoir emporté par sa beauté sur Athéna et Héra. Ils l'appellent pour cela « Vénus Victrix ». La déesse se tient de face, la main gauche portée haut vers l'avant ou vers le côté, la main droite abaissée vers la draperie posée sur la cuisse gauche<ref>J. Dumont d'Urville, Annales maritimes , 1821, Modèle:P. ; Bins de Saint-Victor dans J. Bouillon, Musée des antiques, I, pl. 11 ; W. Fröhner, Notice de la sculpture antique, 1869, Modèle:N°, Modèle:P..</ref>.

Furtwängler en 1893 défend l'appartenance à la statue dès l'origine du fragment de plinthe avec la signature et un encastrement de pilier. Il dessine alors une variante<ref>A. Furtwängler, Masterpieces of Greek Sculpture, trad. Londres 1895, appartenance de la plinthe : Modèle:P. ; restitution de l'attitude : Modèle:P., Modèle:Fig.163.</ref> où Aphrodite, vue de face, tend la pomme dans la main gauche, l'avant-bras posé sur un pilier assez haut, la main droite abaissée vers la draperie sur la cuisse gauche (transposition du dessin en 3D sur YouTube<ref>Modèle:Lien web</ref>).

Avec ou sans le pilier, cette restitution est communément admise<ref>R. Kousser, « Creating the Past: The Venus de Milo and the Hellenistic Reception of Classical Greece », AJA, 109, 2005, Modèle:P. ; Andrew Stewart, Art in the Hellenistic World, Cambridge Mss., 2014, Modèle:P., Modèle:Fig.7, et Modèle:P. ; Modèle:Harvsp .</ref>, quoique sans comparaison. En 2022, Jean-Luc Martinez en propose une variante où Aphrodite, vue de trois quarts droit, présente la pomme de l'avant-bras gauche levé vers le ciel, le bras droit replié devant le torse<ref>J.-L. Martinez, La Vénus de Milo, Paris, 2022, p. 97-98</ref>.

Vénus groupée avec Mars

Fichier:Vénus de Milo et Arès Borghèse.jpg
Vénus et Mars, restitution en plâtre, par Ravaisson, 1892.

Dès 1821, Quatremère de Quincy compare la Vénus de Milo à plusieurs Vénus romaines au drapé identique enlaçant le dieu Mars<ref>A. Quatremère de Quincy, Sur la statue antique de Vénus découverte dans l'île de Milo, Paris, 1821, Modèle:P..</ref>, et à une monnaie représentant le groupe avec la légende « Vénus Victrix ». Tournée de trois quarts vers le dieu de la guerre debout à sa gauche, la déesse lui enlace les épaules du bras gauche. La main avec la pomme serait une restauration antique, après la disparition de la statue de Mars à la suite d'un accident, tout comme le fragment de base pour en compléter la plinthe brisée.

Une reconstitution en plâtre du groupe, un peu différent, est publiée par Félix Ravaisson en 1892 : la Vénus de Milo se tourne de profil vers un Mars du type de l'Arès Borghèse, le bras gauche plié, la main tenant la pomme posée sur l'épaule droite du dieu, le bras droit passant à demi fléchi devant le torse<ref>F. Ravaisson, La Vénus de Milo, Mémoire de l'institut de France, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1892, Modèle:P., pl. IX.</ref>. Toutefois, ce groupe semble être une variante romaine du type suivant, où Mars a pris la place du bouclier et de son support.

Vénus se regardant dans un bouclier

Fichier:Venus of Capua MAN Napoli Inv6017 n01.jpg
La Vénus de Capoue. Modèle:Sap- Naples, Musée archéologique national.

James Millingen en 1826 compare la statue de Milo à la Vénus de Capoue<ref>J. Millingen, Ancient Unedited Monuments, II, Londres, 1826, Modèle:P., pl. IV-V et Modèle:P., pl. VI.</ref>, pareillement drapée. C'est une copie romaine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ap. J.-C. qu'il rapproche d'une monnaie de la ville de Corinthe représentant une déesse les deux bras tendus sur le côté, tenant un bouclier. Par la suite, Furtwängler démontre<ref>A. Furtwängler, Masterpieces of Greek Sculpture, traduction Londres, 1895, Modèle:P..</ref> que ce type est celui de la statue de culte créée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle pour le temple d'Aphrodite sur l'acropole de Corinthe<ref>Mentionnée dans Pausanias, Périègèse, II, 4/7</ref>. Il en identifie le sujet grâce à un poème grec décrivant une Aphrodite qui se sert du bouclier poli d'Arès pour se regarder : Modèle:Citation<ref>Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques, I, 742-746, trad. Chr. Cusset dans la base Callythea.</ref>.

Au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nouvelles trouvailles<ref>M. Hamiaux, « Le type statuaire de la Vénus de Milo », Revue Archéologique, 2017, 1, Modèle:P., Modèle:Fig.2.</ref> ont renforcé cette hypothèse : à Corinthe même, une fresque montrant la déesse portant un bouclier et une statuette flanquée d'un pilier, à Pergé (Turquie) une statue de Vénus de même type écrivant sur un bouclier. En 2017, Marianne Hamiaux propose une restitution<ref>M. Hamiaux, « Le type statuaire de la Vénus de Milo », Revue Archéologique, 2017, 1, Modèle:P., Modèle:Fig.16.</ref> de la Vénus de Milo tournée de trois quarts droit, tenant des deux mains un bouclier posé sur un pilier à sa gauche. La déesse, au sortir du bain et parée de ses bijoux, admire son reflet dans le bouclier de son amant guerrier. La tête droite pour se regarder, elle est plus fidèle à l'original du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle que les statues de Capoue et de Pergé, qui sont des variantes d'époque romaine où Vénus, la tête penchée, écrit sur le bouclier.

Autres identifications

On ne connaît pas de représentation grecque d'Amphitrite comparable à la Vénus de Milo<ref>Sur cette identification voir S. Reinach, Documents sur la Vénus de Milo I, dans Amalthée 1930, p. 310-312.</ref>. La statue dite d'Amphitrite trouvée à Milo en 1877 avec celle du Poséidon de Milo et exposée au musée national d'Athènes<ref>N. Kaltsas, Sculpture in the National Archaeological Museum , 2002, Modèle:P..</ref> est vêtue d'un chiton et d'un himation.

La découverte d'une statue de Victoire en bronze à Brescia (Italie)<ref>Modèle:Lien web.</ref> en 1826 a pu faire penser que la Vénus de Milo était une Victoire écrivant sur un bouclier<ref>A. Marinoff, Le magasin pittoresque, 1893, série 2, volume 11, Modèle:P..</ref>, mais cette hypothèse qui confond l'arrachement en surface du marbre derrière l'épaule droite avec l'attache d'une aile est à exclure.

L'interprétation de la Vénus de Milo comme une fileuse de laine provient d'une mauvaise restauration, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, du geste des mains de la Vénus de Capoue.

Déclinaisons et détournements

Peinture et sculpture

Littérature

  • Théodore de Banville, « À la Vénus de Milo », dans Les Cariatides, 1842 Modèle:Lire en ligne
  • Charles Henri Leconte de Lisle, « Vénus de Milo » dans Poèmes antiques, 1852 Modèle:Lire en ligne
  • Armand Silvestre, « Vénus de Milo » dans Le Pays des roses, 1882 Modèle:Lire en ligne
  • Sully Prudhomme, « Devant la Vénus de Milo », dans Le Prisme, partie Prélude, 1886
  • Tákis Theodorópoulos, L'Invention de la Vénus de Milo, traduit du grec par Michel Grodent, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, 2008
  • Constantin Mourousy, L'Énigme de la Vénus de Milo, L'Archipel, 2020, 224 p.
  • Candice Nedelec, Le Roman vrai de la Vénus de Milo, Fayard, 2021, 256 pages.
  • László Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur Terre, chapitre 12 là où tu regardes, traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly, Cambourakis, 2018, 412 p.

Divers

Notes et références

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Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes

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  • La statue sur le site du musée du Louvre : [3]

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