Vertu cardinale
Modèle:Infobox Concept historique Une vertu cardinale est une vertu qui joue un rôle charnière (l'adjectif « cardinal » vient du latin cardo qui signifie « charnière, pivot ») dans l'action humaine, notamment dans la doctrine morale chrétienne, et détermine les autres vertus. Les vertus cardinales sont au nombre de quatre, à savoir la prudence, la tempérance, la force et la justice. Connues et louées par les philosophes avant le christianisme, elles forment avec les trois vertus théologales de celui-ci les vertus catholiques.
La prudence est la sagesse qui dispose la raison pratique<ref group=Note>La raison en tant qu'elle détermine ce qui est moral ou non.</ref> à discerner, en toutes circonstances, le véritable bien et à choisir les justes moyens de l'accomplir.
La tempérance assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l'honnêteté, procurant ainsi l'équilibre dans l'usage des biens.
La force est nécessaire à la pratique des autres vertus et s'oppose à la faiblesse. Il s'agit d'une qualité physique, et aussi d'une faculté qui permet de surmonter la faiblesse.
Finalement, la justice correspond à la constante et ferme volonté de donner moralement à chacun ce qui lui est universellement dû.
Origines
Les vertus cardinales sont au nombre de quatre : la prudence, la justice, le courage et la tempérance. Elles ont été décrite par Aristote et Thomas d'Aquin<ref group="Note">La continence et ses variantes : le premier nom donné à la continence est tempérance ; cette tempérance sous-entend, entre autres synonymes, la continence, la pudeur et la prudence.</ref>,<ref name=":1">Modèle:Chapitre</ref>.
Des quatre vertus, la prudence est la première et la principale. Il s'agit de la faculté de discernement qui détermine toutes les actions humaines. C'est ce qui permet de régler et d'évaluer le bien des les attitudes humaines. La prudence naturelle, en est la partie utilitaire. La prudence surnaturelle concerne le Salut et la grâce, considérée comme un don de Dieu, elle est assimilable à la sagesse<ref name=":1" />.
La justice est la seconde vertu, valeur indispensable à l'accomplissement de la société idéale. Définie par Thomas d’Aquin comme étant une volonté, fondée sur l'harmonie entre deux personnes ou appliquée universellement. Elle repose sur le principe de l’égalité arithmétique ou de la valeur respective et des mérites inégaux<ref name=":1" />.
La force est nécessaire à la pratique des autres vertus et s'oppose à la faiblesse. Il s'agit d'une qualité physique, et aussi d'une faculté qui permet de surmonter la faiblesse du pêché<ref name=":1" />.
La tempérance est la quatrième vertu, et se caractérise par la modération, la maîtrise des excès, des pulsions et des passions. Elle permet de dompter et de canaliser les élans de la nature, en apportant de la mesure et de la raison<ref name=":1" />.
Selon Platon<ref>Platon, Ménon.</ref>, les biens, soit existent par eux-mêmes, soit sont le résultat d'une perception. La seconde espèce ici décrite découlant de la première. Ce groupe de quatre vertus fut mis en évidence par Platon, suivi par Aristote et les philosophes stoïciens. Pour Aristote :
Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
L'ordre d'importance platonicien est le suivant<ref>Apulée, De la doctrine de Platon, Livre II.</ref> : la prudence, la tempérance, la justice et la force.
Ces quatre vertus sont également présentes dans le judaïsme hellénistique (Philon d'Alexandrie, IVe livre des Maccabées) et chez les Pères de l'Église.
D'après le philosophe Marcel Conche, Confucius énonce lui aussi quatre vertus « inhérentes à l'homme » : humanité, justice ou équité, prudence, vaillance<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Chez les pères chrétiens
Ambroise de Milan écrit :Modèle:Citation bloc
Augustin d'Hippone, contemporain d'Ambroise, reprend les vertus cardinales en les articulant à la fin ultime de l'homme, à savoir l'amour de Dieu : Modèle:Citation bloc
Vertus cardinales et vertus théologales
Dans le christianisme, ce groupe de quatre vertus humaines, « cardinales », est complété par trois autres vertus dites « théologales » (foi, espérance et charité), car surnaturelles, données par Dieu même, ce qui les rend plus parfaites. Leur ensemble est parfois appelé celui des sept vertus.
Dans la perspective chrétienne, les vertus humaines acquises par l’éducation, par des actes délibérés et par une persévérance toujours reprise dans l’effort, sont purifiées et élevées par la grâce divine. Avec l’aide de Dieu, elles forgent le caractère et donnent aisance dans la pratique du bien. L’homme vertueux est heureux de les pratiquer. Les vertus sont les fruits et les germes des actes moralement bons ; elles disposent toutes les puissances de l’être humain à communier à l’amour divin. Vertu cardinale, la justice est appelée « vertu de religion » quand il s'agit de justice envers Dieu.
Elles sont directement évoquées dans le Livre de la Sagesse (8,7), livre tardif de rédaction grecque de l'Ancien Testament, non inclus au canon juif ni protestant : « Aime-t-on la rectitude ? Les vertus sont les fruits de ses travaux, car elle enseigne tempérance et prudence, justice et force. »
Représentations artistiques
Dans les œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance, et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, étudiées par l'iconologie, les vertus sont généralement représentées de façon allégorique sous les traits de femmes. Les vertus sont représentées avec des attributs symboliques, qui varient selon les artistes et les auteurs. Néanmoins certains attributs donnent lieu à de nombreux réemplois. La prudence peut être associée au miroir et au serpent. La tempérance est symbolisée par deux récipients avec l'eau passant de l'un à l'autre. Pour ce qui est de la force d'âme, l'attribut est généralement un glaive ou une couronne. Et enfin, pour représenter la justice, ce sont souvent la balance ou l'épée qui servent d'attribut <ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":1" />.
La représentation des vertus, sur les porches des cathédrales au Moyen-Âge, montre des allégories des vices jouxtant celles de vertus, ce qui symbolise le combat spirituel. Par exemple, le vice qui s'oppose à la force, c'est la faiblesse, la lâcheté. Le contraire de la prudence c'est la sottise, la stupidité. A la tempérance, s'oppose l'avidité et l'orgueil. La justice, s'oppose à la tromperie, l'usurpation<ref name=":0">Modèle:Article</ref>.
Dans la cathédrale de Nantes, le tombeau de François II de Bretagne, duc de Bretagne et de Marguerite de Foix, exécuté entre 1502 et 1507, met en scène les quatre vertus d'une manière symbolique. Chaque sculpture possède des attributs et une représentation individualisée pour les traits des visages et le drapé des vêtements. La prudence et la tempérance sont représentées par une attitude sereine et la simplicité des vêtements tandis que la force et la justice sont représentées avec une attitude de détermination et des vêtements fastes<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ce travail, œuvre de Michel Colombe est considéré comme une œuvre majeure de l'art de la Renaissance en France<ref>Modèle:Article</ref>.
On peut voir les quatre vertus cardinales au portail central de l'Hôtel de ville de Bruxelles.
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La Prudence, Hôtel de ville de La Rochelle, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
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La Justice, Hôtel de ville de La Rochelle
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La Force, Hôtel de ville de La Rochelle
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La Tempérance, Hôtel de ville de La Rochelle
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La Prudence par Gaetano Fusali, église Sainte-Marie-du-Rosaire de Venise, 1737
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La Justice par Francesco Bonazza, église Sainte-Marie-du-Rosaire de Venise, 1737
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La Force par Giuseppe Torretto, église Sainte-Marie-du-Rosaire de Venise, 1737
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La Tempérance par Alvise Tagliapietra, église Sainte-Marie-du-Rosaire de Venise, 1737
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Remo Bodei, Giulio Giorello, Michela Marzano, Salvatore Veca, Le virtù cardinali. Prudenza, Temperanza, Fortezza, Giustizia, éditions Laterza, Roma-Bari, 2017 Modèle:Isbn
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Carl Joachim Classen, « Der platonisch-stoische Kanon der Kardinaltugenden bei Philon, Clemens Alexandrinus und Origenes », in Adolf Martin Ritter (Hrsg.), Kerygma und Logos, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1979, S. 68–88 Modèle:Isbn
- Modèle:Ouvrage
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Josef Pieper, Das Viergespann – Klugheit, Gerechtigkeit, Tapferkeit, Maß. München, 1998 Modèle:Isbn