Guillaume Dustan

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William Baranès, plus connu sous son nom de plume Guillaume Dustan, né le Modèle:Date de naissance- à Paris et mort dans la même ville le Modèle:Date de décès-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>,<ref name="a1">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>, est un écrivain, éditeur et magistrat administratif français.

Conseiller de tribunal administratif, il est en parallèle l'auteur d'une œuvre littéraire, pour l'essentiel autobiographique, en grande partie centrée sur les pratiques et les problématiques concernant l'homosexualité.

Biographie

L'énarque

Fils d'une architecte d'intérieur d'origine juive ashkénaze et d'un psychiatre d'origine juive sépharade<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>, Guillaume Dustan obtient les premiers prix de français et d'anglais au concours général. Élève au [[Lycée Henri-IV|lycée Henri-Modèle:IV]], où il effectue sa khâgne, il décide de ne pas passer le concours d'entrée de l’École normale supérieure<ref name=":2">Modèle:Article</ref>. Il suit alors le parcours classique Sciences Po-ENA (promotion 1991 Victor Hugo), avant de se lancer dans une carrière juridique. Juge administratif, il dirige, en 1994 et 1995, avec Marie-Anne Frison-Roche, La Justice : l'obligation impossible, pour la collection « Valeurs » des éditions Autrement ainsi que De l'injuste au juste, aux éditions Dalloz. Il est conseiller au tribunal administratif de Versailles et rédige des articles pour les éditions Dalloz<ref name=":2" />.

Vie sexuelle

Il expérimente la « drague » sur Minitel rose, les Modèle:Lang et les rapports avec des partenaires multiples. Il connaît ses premières expériences avec la drogue. En 1990, il apprend sa séropositivité<ref name=":2" />,<ref>« Dans l'intimité de Guillaume Dustan », Vice, Modèle:Date-.</ref>.

Écriture et médiatisation

Le nom de plume « Guillaume Dustan » a été choisi en 1994 en référence à saint Dunstan de Cantorbéry dont la biographie avait été écrite dans La Sainte Lettre, revue confidentielle à laquelle participait William Baranes (Guillaume étant la traduction de William en français)<ref>Raffaël Enault, Dustan Superstar. Biographie, Paris, Robert Laffont, 2018, Modèle:P..</ref>.

En 1994, à Paris, il rédige son premier roman, Dans ma chambre, qu'il corrige sur épreuves à Tahiti où, entre-temps, il avait demandé son affectation en tant que magistrat. Dans ma chambre est publié aux éditions POL en 1996. Judith Perrignon, journaliste à Libération, écrit : « [Guillaume Dustan] laisse tomber la défroque de l'élite bourgeoise, troque ses prestigieux diplômes contre les tares d'une époque puritaine : il est pédé, séropositif, drogué et le fait savoir<ref name=":2" />. »

En 1997, il quitte Tahiti, se met en disponibilité de son administration. Revenu en métropole, il rédige un second récit, Je sors ce soir, publié chez le même éditeur en 1997 ; c'est dans ce livre que le mot "sida" apparaît pour la première fois sous la plume de Guillaume Dustan. Jusque-là anonyme et caché derrière son nom de plume, il commence alors à apparaître à visage découvert dans les médias, tout en évitant encore de révéler son véritable nom<ref>Guillaume Dustan, c'est qui ?, Têtu no 18, Modèle:Date-.</ref>. En 1998, toujours chez POL, il publie Plus fort que moi<ref name=":1">Modèle:Article</ref>, dernier tome de ce qu'il considérait comme une trilogie « autopornographique ». La même année, il collabore au dixième numéro de la revue Écritures, consacrée à Renaud Camus<ref>Guillaume Dustan, « Tribu(t) », Écritures, no 10, 1998.</ref>.

Il crée alors aux Éditions Balland la collection « Le Rayon gay », dans laquelle il publie, en 1999, pour la première fois en France, Les Monologues du vagin. « Le Rayon gay » deviendra par la suite « Le Rayon ». Ce sera la première collection entièrement LGBT éditée en France<ref>Modèle:Article</ref>.

Une cinquantaine de titres y seront publiés jusqu'à sa fermeture en 2003<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>, dont trois titres de Guillaume Dustan : Nicolas Pages (1999, titre qui fait référence à l'écrivain et plasticien Nicolas Pages), Génie Divin (2001) et LXiR ou Dédramatison La Vi Cotidièn (2002).

Il reçoit le prix de Flore, en 1999, pour son roman Nicolas Pages<ref>Modèle:Article</ref>. La même année, de Modèle:Date- à Modèle:Date, il dirige le magazine gay hebdo gratuit e-m@le rebaptisé CQFG pour le compte de radio FG sur proposition d'Henri Maurel<ref>Guillaume Dustan, Génie Divin, Balland, Modèle:Coll., 2001, Modèle:P..</ref>. Modèle:Lang lui consacre un reportage : « Modèle:Lang<ref>Modèle:Lang, YouTube, consulté le Modèle:Date-.</ref> ».

Il fait quelques apparitions au cinéma<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>, en 2001, dans le court-métrage Les Éléphants de la planète Mars, de Philippe Barassat, et en 2003, dans Process, de C.S. Leigh.

En 2001, il intègre le jury du Prix Sade. La même année, il se présente aux élections municipales, dans le [[4e arrondissement de Paris|Modèle:4e de Paris]]<ref>Séverine Pierron, « Cartographie : bazar à l'hôtel de ville », Technikart, Modèle:Date-.</ref>.

Entre 2000 et 2004, il réalise une vingtaine de vidéos expérimentales<ref>Guillaume Dustan, Premier Essai, Paris, Flammarion, 2005, Modèle:P..</ref>, non commercialisées, et dont la distribution (restreinte) s'organisera après sa mort.

En 2003, il participe à la revue littéraire Bordel, dirigée par Frédéric Beigbeder et Stéphane Millon<ref>Guillaume Dustan, « Bons baisers du réel », Bordel, no 3, Flammarion, 2003.</ref>.

Ses apparitions médiatiques sont souvent remarquées : Guillaume Dustan se présente sur les plateaux avec une perruque verte ou argentée, notamment à deux reprises chez Thierry Ardisson, dans Tout le monde en parle<ref>Modèle:Cf. vidéos, dans la partie « liens externes » de l'article.</ref>, militant pour une « cohabitation pacifiste de l'homme et de la femme au sein d'un même corps ».

Génie divin

Génie divin est un livre de Guillaume Dustan, paru chez Balland, dans la collection Le Rayon en 2001, puis dans le deuxième volume de ses œuvres complètes chez P.O.L en 2021. Il y théorise la pratique du barebacking<ref>Modèle:Lien web</ref> comme défense du libre arbitre et les politiques queer en tant que résistances au capitalisme<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Polémique sur le bareback

La médiatisation de Guillaume Dustan s'accroît avec la polémique sur le [[barebacking|Modèle:Lang]]. Act Up-Paris s'oppose à lui parce qu’il défend les relations sexuelles non protégées entre adultes consentants (Modèle:Lang). Cela lui vaut d'être, à partir de 2001, attaqué violemment par Didier Lestrade, membre historique d’Act Up-Paris qui juge les positions de Dustan criminelles<ref>Albert Le Dorze, La politisation de l'ordre sexuel, L'Harmattan, 2009, Modèle:Nobr.</ref>. Mais après la mort de Dustan, il écrit<ref>in : Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation.

Dustan avait affirmé, chez Thierry Ardisson : Modèle:Citation. Derrière ces mots qui paraissent anodins, il y a un enjeu politique, et personne ne s’y est trompé. Modèle:Citation, affirme Wilfried Salomé dans Modèle:Lang<ref>Modèle:Lang est publié sur le site de la revue Arès.</ref> : Modèle:Citation Salomé poursuit : Modèle:Citation

Thomas Dreneau, dans Libération, écrit quant à lui : Modèle:Citation.

Mais cela n’a pas suffi. « Dans le consensus mou en train de créer une nouvelle police du langage, Guillaume Dustan tient une position insupportable », écrivent les auteurs de Une perruque et un stylo. Légender Dustan<ref>Anne-Marie Ringenbach, Mayette Viltard, in : Une perruque et un stylo légender Dustan, Unebévue éditeur, Modèle:P..</ref>. Wilfried Salomé continue : « Après Nicolas Pages, Génie Divin et LXiR, Guillaume est devenu un écrivain polémique. Un écrivain politique et importun. S'était-il imaginé plus fort qu'il ne l'était ? En tout cas Paris fut plus fort que lui ».

Retrait du milieu culturel

Après la fin de sa collaboration avec Balland, Guillaume Dustan réintègre la magistrature. Nommé à Douai, il continue de publier mais se tient désormais éloigné du milieu littéraire et des médias<ref name="Revue-@nalyses.org 3/04/2006">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Têtu, Modèle:Date-.</ref>,<ref>Bande à part, Libération, Modèle:Date-.</ref>. Dans un texte paru dans Technikart, il évoque une vie « d'un ennui mortel<ref>Guillaume Dustan, « Retraître », Technikart, Modèle:Date-.</ref> ».

En 2004, la revue Écritures lui consacre un numéro spécial intitulé « Danger Dustan / Engagement », constitué de textes inédits de l'auteur et d'articles critiques<ref>« Danger Dustan / Engagement », nombreux textes inédits de l'auteur, collectif, Écritures, no 14, éd. La Cinquième Couche, 2004.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>. La même année, il publie Dernier roman chez Flammarion et, en 2005, Premier essai. Ces deux textes sont ignorés par les critiques littéraires qui les jugent « illisibles »<ref name="Revue-@nalyses.org 3/04/2006" />.

Décès et postérité

Fichier:Immeuble où meurt Guillaume DUSTAN.jpg
Immeuble où meurt Guillaume Dustan.

Guillaume Dustan meurt à Modèle:Nombre, en 2005, au 18 rue des Feuillantines dans le 5e arrondissement de Paris, d'une intoxication médicamenteuse involontaire<ref name="a1" /> liée à une consommation excessive de médicaments pour contrer les effets secondaires du traitement anti-VIH et d'antidépresseurs<ref>Thierry Ardisson, Cyril Drouet et Joseph Vebret, « Guillaume Dustan : agitateur gay », Dictionnaire des provocateurs, Plon, 2010.</ref> ayant entraîné une embolie pulmonaire<ref>Thomas Clerc, préface aux Œuvres de Guillaume Dustan, P.O.L, 2013, Modèle:P.</ref>. Il est enterré au cimetière du Montparnasse (Modèle:Nobr, petit cimetière). Comme épitaphe, sur sa tombe, on peut lire :Modèle:Citation bloc Il a été dit après sa mort : « Écrivain maudit, sans penser à l’étymologie de “maudit”. Celui qui dit mal, toujours… »<ref>Anne-Marie Ringenbach, Mayette Viltard, in Une perruque et un stylo. Légender Dustan, Unebévue éditeur, Modèle:P..</ref>.

Des personnalités lui rendent hommage. Thomas Clerc, universitaire, publie dans le journal Libération un article intitulé « Mon cœur est mort (pour Guillaume Dustan) » dans lequel il déclare que « Guillaume Dustan était l'un des écrivains les plus forts de la littérature contemporaine, celle qui prend des risques parce qu'elle n'est pas formatée. » Il voit en Dustan un écrivain qui « a posé quelques jalons décisifs pour saisir l'esprit d'une époque et qui restera donc dans les têtes comme les tubes qu'il aimait tant. Il a lié le monde et la littérature parce qu'il ne faisait pas de différence entre l'art et la vie. Avec une sorte d'innocence superbe, il écrivait pour aujourd'hui. Il est mort, mais ses textes dansent »<ref>Thomas Clerc, « Mon cœur est mort (pour Guillaume Dustan) », Libération, Modèle:Date-.</ref>.

Des écrivains réagissent également à sa disparition. Michel Houellebecq écrit : Modèle:Citation Erik Rémès rend quant à lui hommage à un Modèle:Citation

Dans une lettre posthume adressée à Dustan, Virginie Despentes écrit : Modèle:Citation bloc

En 2007, la Fémis projette Modèle:Lang, un film réalisé par Guillaume Dustan<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2008 parait en France le livre Testo Junkie : sexe, drogue et biopolitique de Paul B. Preciado qui rend un hommage posthume à Guillaume Dustan, ami proche de l'auteur<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2012, des textes inédits de Guillaume Dustan paraissent dans la revue Monstre (no 4). La même année, POL Éditeur annonce la publication de ses Œuvres complètes (en trois tomes) accompagnées d'inédits<ref>Thomas Clerc, « Oublier Dustan ? », Monstre, no 4, 2012.</ref>, dans une édition dirigée par Thomas Clerc. Le premier tome, Modèle:Nobr romains, paraît en Modèle:Date<ref>Modèle:Nobr romains sur le site des éditions P.O.L, consulté le Modèle:Date-.</ref>. La même année, le jury du prix Sade lui décerne un prix spécial, à titre posthume<ref>« Le prix Sade 2013 à… Pornographia », Le Nouvel Observateur, Modèle:Date-.</ref>.

En 2021, le deuxième des trois tomes de ses œuvres paraît aux éditions P.O.L.

Le samedi 2 octobre 2021, le Prix Sade célèbre ses vingt ans ; lors de la remise du prix, un hommage est rendu à Guillaume Dustan (juré du Prix Sade) à l’occasion de la parution du volume Œuvres II (P.O.L.)<ref>Modèle:Article.</ref>.

Guillaume Dustan est mentionné dans l'exposition EXPOSÉ - ES au Palais de TOKYO du 17 février au 14 mai 2023<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Biographies

En 2018, Raffaël Enault publie une biographie de Guillaume Dustan, Dustan Superstar<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Colloques universitaires

En 2019, un colloque sur Guillaume Dustan, organisé par Raffaël Enault, se tient à Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref> avec la participation entre autres de Marie-Anne Frison-Roche, Julie Wolkenstein et Philippe Di Folco.

Le colloque, Les corps de Guillaume Dustan, organisé par Flavia Bujor, Thibaut Casagrande et Geoffrey Gilbert, se tient les 22 et 23 juin 2023, à Paris<ref>Modèle:Lien web</ref> avec la participation entre autres de Thomas Clerc et Modèle:Lien.

Prix

Écriture

Influences et style

Guillaume Dustan reconnaît plusieurs influences. Son style s'inspire incontestablement de la littérature anglo-saxonne, qu'il préfère au classicisme français, qu'il qualifie de « bourgeois ». Il écrit :

Modèle:Citation bloc

Ses trois premiers romans (Dans ma Chambre, Je sors ce soir, Plus fort que moi) apparaissent dès lors comme une « adaptation française » du style anglo-saxon, plus souple, plus oral, moins académique, plus déconstruit, plus subversif, avec tout ce que cela sous-tend en termes d'éclatement de la phrase, de libertés dans la ponctuation, la syntaxe et même les thématiques abordées (le corps, le sexe, la drogue, l'exploration du moi). Les influences les plus évidentes sont incontestablement celles de Bret Easton Ellis et Dennis Cooper dont les œuvres sont basées sur la description clinique des faits (notamment sexuels), ce que note Dustan :

Modèle:Citation bloc

Anne-Marie Vanhove souligne aussi sa proximité avec Andy Warhol<ref>Anne-Marie Vanhove « Dit que si aux nerfs Dustan-Warhol » in Une perruque et un stylo légender Dustan, Modèle:Op. cit., Modèle:P.</ref>.

Guillaume Dustan avoue son admiration sans limite pour Marguerite Duras, dont il salue la capacité à écrire avec du « mauvais français », à s'être libérée, à utiliser un style oral, donnant ainsi l'impression que tout le monde peut être écrivain. Il apprécie aussi en elle la figure militante, capable de prendre la plume à un moment où être une femme écrivain et artiste était loin d'être courant (et accepté). Il note d'ailleurs que « la littérature moderne (c'est-à-dire ayant échappé au patriarcat autoritariste) en France date de Duras »<ref>Nicolas Pages, Modèle:P..</ref>, et cite abondamment La Vie matérielle, livre d'entretiens de cette dernière, pour parler de sa « culture littéraire » dans Nicolas Pages. Il évoque aussi son goût pour les œuvres d'Hervé Guibert, dont il admire la mise en scène « gore-morbide » de soi et la capacité à transcrire (au-delà du pur acte sexuel) des relations amoureuses homosexuelles, et de Renaud Camus, dont il souligne « l'allégresse qui se dégageait encore à l'époque [de ses écrits pornographiques]<ref name="Pages_382">Ibid., Modèle:P..</ref> ». Il publie d'ailleurs, en 1998, un texte-hommage à Renaud Camus<ref>Guillaume Dustan, « Tribu(t) », Écritures, no 10, 1998.</ref>. Guillaume Dustan s'inscrit lui-même dans « le filon des écrivains de l'extrême : Sade, Artaud, Bataille, Genet, Guibert »<ref name="Pages_382" />.

Cependant, Dustan tente aussi de se démarquer de certains prédécesseurs en littérature gay : Genet en particulier, mais aussi Proust et même Hervé Guibert, l’auteur du roman Les chiens. Il estime que leurs écrits sont caractérisés par une culpabilité sous-jacente. À propos de la sodomie, il écrit ainsi : « Je voulais dire la vérité. Montrer que celui qui faisait ça était quand même un être humain. Pas un chien. Maintenant que j’y pense, quel titre atroce : Les chiens »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

« Derrière le style et les thèmes qui se veulent provocateurs, l’auteur poursuit un but : la réhabilitation de ces semblables, des hommes qu’il a aimés, sodomisés, côtoyés. Décrire crûment, presque cliniquement des relations sexuelles entre hommes est une manière de les normaliser. Dustan reste un homme de loi et qualifie son écriture de justicielle<ref>Nausica Zaballos. "Cacher cette perruque que je ne saurais voir.

</ref> comme le montre l'entretien qu'il avait accordé à Technikart en 1999 : « Mon écriture avait pour justification de me faire du bien — la continuation de la psychanalyse — et de montrer que mes amis étaient beaux. À l’époque, en 1993, ils n’avaient pas trop la cote. Ils étaient pédés SM, drogués, séropo. Ça me détruisait que ces gens ne soient pas vus comme je les voyais : comme des anges. Avec le deuxième livre, je me suis mis à comprendre ce qu’il pouvait y avoir de vital dans la culture gay, dans laquelle j’étais immergé mais qui n’avait pas de valeur à mes yeux. De la même manière que je n’avais pas de valeur à mes propres yeux parce que (…) je voyais ça comme une sous-vie. Et puis je me suis rendu compte que c’était plutôt une ‘sur-vie’ Il y a eu un renversement des valeurs »<ref>Modèle:Article.</ref>.

Dustan exprime une répulsion toute particulière envers certains écrivains, entre autres : Angelo Rinaldi (« une resucée de Proust en plus triste »), Borgès (« inventeur de fables qui se mordent la queue ») ou encore Alain Robbe-Grillet (« un escroc ») et Claude Simon et Jean Rouaud (« Litanie, liturgie, léthargie… », écrit-il dans Nicolas Pages).

Parmi ses contemporains, Dustan fut rapproché de Christine Angot, son « alter-angot », selon une critique qui voyait chez les deux auteurs une même pratique de mise à nu frontale du moi autobiographique. La confrontation radicale entre la vie et l'écriture serait alors un point de rapprochement entre les deux auteurs. Dans son Premier essai, Dustan parle d'ailleurs des « écrivains des Modèle:Nobr », ceux dont il reconnaît l'importance dans l'avènement d'une nouvelle littérature et d'un nouveau style : Vincent Ravalec, Virginie Despentes ou encore Michel Houellebecq.

De l'autofiction

Angot, comme Dustan, ne peut envisager qu’une écriture de soi qui ne soit pas de l’invention romanesque, mais qui ne soit pas non plus de l’autobiographie. Dans Quitter la ville elle expose son projet : « La réalité et la fiction ; au milieu, un mur. Être incapable d’inventer n’est pas de l’impuissance, c’est un principe ». Elle serait donc du côté de l’autobiographie, mais elle en dénonce toutes les impasses. La plupart de ses livres sont intitulés roman. Elle serait donc en principe pour l’autofiction<ref>Mais elle remarque : « Si ce “je” est celui du miroir, je ne fais pas d'autofiction. Si on reconnaît que ce “je” peut s'élaborer dans l'imaginaire, alors oui, je fais de l'autofiction ». Le mot autofiction a été inventé pour résoudre la double impasse de l’autobiographie et de la fiction romanesque.</ref>. Elle fait la même connexion que Dustan entre écriture du Je, autofiction et politique. La question politique est dès lors présente, associant enjeu politique et écriture du Je. C’est ce qu’on a appelé l’enje Dustan<ref>Colette Piquet, « L’enje Dustan », in Une perruque et un stylo légender Dustan, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Dans Nicolas Pages, Dustan radicalise ses aspirations littéraires, et note : Modèle:Citation bloc

Dès lors, l'œuvre dustanienne est un « abandon de la grande fiction » au profit d'« une sorte de narration domestique »<ref name="Pages_384" />. Écriture acharnée du corps, du sexe, de la drogue, de la danse, du mouvement et du moi, l'œuvre de Dustan propose une autofiction intégrale, sans — selon les dires de l'auteur — aucun ajout romanesque ou fictionnel : « Au début, je pensais romancer, comme on dit. Changer des trucs. Mourir à la fin. Et puis je n'ai pas voulu. »<ref>Ibid., Modèle:P..</ref>. En outre, la psychanalyse et l'auto-psychanalyse émaillent quasiment tous ses textes, de même que les rapports de force entre hommes (sadomasochisme), la drogue (théorisation de la consommation et de l'exploitation corporelle et psychique de l'ecstasy en particulier), sur fond de réflexion politique.

Chez Dustan, l'autofiction prend la forme d'une écriture performative, où la vie débouche vers l'écriture, et non le contraire. Lors d'une interview accordée à Fluctuat.net, il déclare : Modèle:Citation bloc

Mais à la question « Pourquoi aurait-on envie de raconter sa vie ? », Dustan répond : Modèle:Citation bloc

C’est là que commence son projet politique. « Il a mis une perruque pour dire qu’il réunissait l’homme et la femme en lui. Et il a pris son stylo pour s’engager dans son projet, littéraire et politique tout à la fois. Qu’il appelle comment ? Pas seulement autobiographie, ni autographie, ni égologie, ni même autofiction, quoique, il hésite, il varie, il se contredit, il cherche. Mais il ne transige pas. Il l’a toujours proclamé, Je est le seul chemin, virtuel sans doute, mais d’autant plus nécessaire, d’autant plus réel, d’autant plus périlleux, pour sa révolution qu’il va alors nommer d’un néologisme énigmatique : autobiopornographie, ou souvent plus simplement autopornographie. »<ref>Colette Piquet, « L’enje Dustan », Modèle:Op. cit., Modèle:P.</ref>

En Modèle:Date, donc après Nicolas Pages et Génie divin, Laurent Galiana interroge Dustan<ref>Sur le site E-llico, Modèle:Date-.</ref> : Modèle:Citation bloc

L'auto(bio)pornographie

D'un point de vue thématique, l'œuvre dustanienne se présente, dans un premier temps, comme une sorte « d'Odyssée du sexe » : Modèle:Citation bloc

La trilogie dite « autopornographique » (néologisme créé par Dustan dans Génie divin) publiée chez P.O.L. explore alors trois « dimensions sexuelles » : celle de la sexualité quotidienne et domestique d'un homosexuel parisien des Modèle:Nobr-1990 (Dans ma chambre), celle du « milieu » gay (Je sors ce soir) et celle du sadomasochisme (Plus fort que moi).

L'autopornographie serait ainsi une autofiction du « moi sexuel », dont l'exposition crue apparaît comme une ultime provocation, et l'urgence de l'écriture un des moteurs :

Modèle:Citation bloc

Dans cette perspective, la sexualité, chez Dustan, se présente comme une libération. L'auteur plaide pour une sexualité sans protection entre adultes consentants (Modèle:Lang) en évoquant la liberté de chaque individu de se mettre en danger et de se débarrasser de l'autorité moralisante :

Modèle:Citation bloc

C’est son enjeu à la fois politique et littéraire. Mais dans Nicolas Pages il récuse fortement et ironiquement l’expression « littérature homosexuelle »<ref>Nicolas Pages, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Nicolas Pages

Ce roman a été couronné en 1999 par le prix de Flore. Après une première page rappelant sa trilogie autobiopornographique, le livre est construit, « magnifiquement construit, entre deux trains, entre deux ratages… Avec l’inclusion de textes fondateurs sur la littérature, l’écriture. Une réflexion sur le roman dans le roman, en abyme », écrit Colette Piquet<ref name="JQYT0I">Colette Piquet, Modèle:Op. cit. Modèle:P..</ref>.

À l’aller vers Liège, où le héros rencontre Nicolas Pages, il se trompe de wagon, change avant Bruxelles, tombe sur un vieux hideux tout maigre en tenue de cycliste, sa carte de crédit ne marche pas. Pourtant une histoire d’amour s’engage avec Nicolas Pages. Lors du second voyage vers Lausanne, il part avec retard vers la gare et rate son train.

Modèle:Citation blocEntre ces deux moments du récit, ces deux ratages, un patchwork cousu de son aventure avec Nicolas Pages racontée au jour le jour, du récit de sa grande histoire d’amour avec Nelson, appelé tendrement Lapin, de son quotidien dans le milieu gay, de son travail littéraire, de ses pensées du moment, du texte de ses projets et articles, et même du journal tenu par sa grand-mère avant sa mort, respectant scrupuleusement la graphie de celle-ci (les fautes d'orthographe et de syntaxe, les raturesModèle:Etc.)<ref name="JQYT0I" />.

Les dernières phrases du livre ouvrent vers un après :

Modèle:Citation bloc

Dans Nicolas Pages, le projet politique et littéraire de l'auteur se précise, comme il le dit en interview :

Modèle:Citation bloc

Littérature expérimentale

Par la suite, dans Génie divin ou Premier essai, la construction des romans de Dustan est le plus souvent une mise en perspective, d'apparence anarchique, de textes hétéroclites (récit, journal, articles, citations, courts essais) qui s'accompagne de variations dans la police des caractères (utilisation de l'italique, du gras, du souligné, changements fréquents de police). L'auteur assume cette déconstruction :

Modèle:Citation bloc

Réception de l'œuvre

On peut distinguer, selon David Vrydaghs<ref name="Revue-@nalyses.org 3/04/2006"/>, « trois moments dans la trajectoire de Guillaume Dustan ». Dans un premier temps, de 1996 à 1999, il est lentement propulsé sur le devant de la scène littéraire, ce qui fait de lui un écrivain culte dans le milieu homosexuel. Dans ma chambre est comparé à Tricks, de Renaud Camus, Guillaume Dustan fait quelques apparitions télévisuelles, notamment dans Le Cercle de minuit. Un écho médiatique commence à se former.

Après cette « phase d’émergence », interviendrait « une phase intermédiaire, de 1999 à 2001, où Dustan cherche à constituer une position collective dans la niche où il travaille depuis ses débuts, comme à percer en littérature au moyen de textes formellement plus ambitieux, et proches, à bien des égards, de l’essai. » De fait, dans Nicolas Pages ou Génie divin, il fait de ses œuvres des laboratoires d'expérimentations stylistiques remarquées par la critique. On note un « passage progressif au genre de l'essai, qui voit donc Dustan abandonner la littérature homosexuelle grâce à laquelle il s'était fait un nom pour une production à la fois littéraire et politique, située à l'intersection de la littérature et du champ intellectuel ». C’est également à cette époque qu’il commence à intervenir régulièrement dans l'espace public. Élargissant le lectorat homosexuel de ses premiers écrits, il est invité dans des émissions « grand public ». Le prix de Flore encourage sa médiatisation mais Guillaume Dustan regrette de n'avoir pas la visibilité et la reconnaissance qu'il pense mériter<ref>Dans Quitter la ville (Stock, 2000, Modèle:P.), Christine Angot raconte que Guillaume Dustan lui a reproché de lui avoir volé sa rentrée littéraire, en 1999 et déclarant souffrir du manque de reconnaissance qui recouvrait ses livres.</ref>.

David Vrydaghs constate alors que cette phase est suivie par une autre, qu'il qualifie de « phase de déclassement, de 2001 à sa mort en 2005, pendant laquelle Dustan n’est plus lu. […] Le déclassement de Guillaume Dustan, effectif à partir de Génie Divin, ne fait que se confirmer par la suite. Après avoir été remercié par Balland, Dustan quitte Paris pour Douai, puis Lille, où il écrit encore deux textes, Dernier roman et Premier essai, publiés chez Flammarion mais boudés par la critique au point, par exemple, que Jean Birnbaum, journaliste au Monde, ignore l’existence du dernier livre de Dustan dans sa notice nécrologique. Quant aux critiques qui connaissent ces deux livres, ils les jugent “illisibles” ».

Œuvres

Bibliographie

Romans et récits

Œuvres réunies

Vidéographie

La filmographie complète, incluant les vidéos non distribuées, est disponible dans le Premier essai de Guillaume Dustan, Paris, Flammarion, 2005, Modèle:P.. La distribution des vidéos est assurée par Le Peuple qui manque<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>.

Audiographie

  • O fantasma (Dustan lit et dit), disque audio, dans Écritures, no 14 « Danger Dustan/Engagement », 2004.

Photographie

Ouvrages juridiques

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Biographie

  • Raffaël Enault, Dustan Superstar. Biographie, Paris, Robert Laffont, 2018.
  • Collectif, revue Écritures, no 14 spécial « Danger Dustan/Engagement », 2004.
  • Collectif, Une perruque et un stylo légender Dustan, dir. Anne-Marie Ringenbach, Paris, Cahiers de l'Unebévue, L'unebévue éditeur, 2015, 226Modèle:Nb p.

Articles

Fictions

Émissions

Exposition

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

Notes et références

Modèle:Crédit d'auteurs Modèle:Références nombreuses

Modèle:Portail