Antonin Artaud
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Écrivain
Antonin Artaud, né le Modèle:Date de naissance à Marseille et mort le Modèle:Date de décès à Ivry-sur-Seine, est un théoricien du théâtre, acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français.
La poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, un moyen pour développer son art.
Toute sa vie, il a lutté contre des douleurs physiques, diagnostiquées comme issues de syphilis héréditaire, avec des médicaments, des drogues. Cette omniprésence de la douleur influe sur ses relations comme sur sa création. Il subit aussi des séries d’électrochocs lors d’internements successifs, et il passe les dernières années de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques, notamment celui de Rodez. Si ses déséquilibres mentaux ont rendu ses relations humaines difficiles, ils ont aussi contribué à alimenter sa création. Il y a d’un côté ses textes Modèle:Citation, de l’autre, selon Évelyne Grossmann, les textes fulgurants de ses débuts<ref name="EG 10">Modèle:Harvsp.</ref>.
Inventeur du concept de « théâtre de la cruauté » dans Le Théâtre et son double, Artaud a tenté de transformer radicalement la littérature et surtout le théâtre. S’il n’y est pas parvenu de son vivant, il a certainement influencé les générations de l’après Mai 68, en particulier le théâtre américain, et les situationnistes de la fin des années 1960 qui se réclamaient de son esprit révolutionnaire. Il a aussi influencé le théâtre anarchiste Living Theatre, qui se réclame de lui dans la pièce The Brig où il met en pratique les théories d’Artaud<ref name="FJ 101">Modèle:Harvsp.</ref>.
Dans son œuvre immense, il fait délirer l’art (comme Gilles Deleuze, grand lecteur d’Artaud, fera délirer la théorie autour du corps sans organe). Son œuvre graphique est également importante. Il a fait l’objet d’un legs important au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou en 1994<ref>les dessins d'Antonin Artaud La Personne d'Antonin Artaud section Ses Œuvres.</ref>. Une partie de ses œuvres a été exposée en 2011<ref>Modèle:Article.</ref>.
Biographie
Sur la question de la biographie, Florence de Mèredieu prévient que l’œuvre et la vie d’Artaud sont « un titanesque effort pour ruiner les balises et limites censées canaliser l’existence et l’être d’un individu<ref name="FdM 21">Modèle:Harvsp</ref>. » Il se met en scène en continu, vivant comme à distance de lui-même. Il écrit « Antonin Artaud fut d’abord un modèle perverti, une esquisse essayée que j’ai reprise moi-même à un certain moment, pour rentrer chez moi habillé<ref>(Œuvres Complètes T.XVI Modèle:P.)</ref> ». Il va passer sa vie à perturber toutes les données de ce que l’on dénomme, dans nos sociétés un état civil<ref name="FdM 25">Modèle:Harvsp</ref>.
Jeunesse (1896-1920)
Antonin Artaud est né le Modèle:Date de naissance à Marseille<ref name="ledelarge">Modèle:Lien web.</ref>. Il est issu d’une famille bourgeoise aisée avec des racines maltaises, arméniennes, italiennes-venitiennes, grecques et françaises<ref>site geneastar</ref>. Son père, Antoine-Roi Artaud, capitaine au long cours, et sa mère, Euphrasie Nalpas, sont cousins germains : ses deux grands-mères sont sœurs, elevées à Smyrne (Izmir - aujourd’hui en Turquie). L’une, Catherine Chilé, née a Smyrne, a été élevée ensuite à Marseille, où elle a épousé Marius Artaud, l’autre, Mariette Chilé, née en Malte, a grandi à Smyrne, où elle a épousé Louis Nalpas (d'origine arménienne - Nalpasoglou, et italienne-grecque - Filipucci), marchand de fournitures pour navires. Son oncle maternel, John Nalpas, rencontre la sœur de son père, Louise Artaud lors du mariage de leurs frères et sœurs, et ils se marient aussi. John et Louise s’installent à Marseille, les familles sont très proches, les enfants forment une tribu soudée. Antonin connaît à Marseille une petite enfance choyée dont il garde des souvenirs de tendresse et de chaleur<ref name="EG 1707">Modèle:Harvsp</ref>.
Cette enfance est cependant perturbée par la maladie. Le premier trouble apparaît à l’âge de quatre ans et demi, lorsque l’enfant se plaint de maux de tête et qu’il voit double. On pense à une méningite consécutive à une chute. Déjà, on préconise l’électricité pour le soigner. Son père se procure une machine qui transmet l’électricité par des électrodes fixées sur la tête<ref name="FdM 47">Modèle:Harvsp</ref>. Cette machine est décrite dans le Traité de thérapeutique des maladies nerveuses du docteur Grasser. Bien que très différent des électrochocs, ce système relève de l’électrothérapie et l’enfant Artaud en a beaucoup souffert<ref name="FdM 48">Modèle:Harvsp</ref>.
D’autres traumatismes suivront. À six ans, il aurait failli se noyer lors d’un séjour chez sa grand-mère de Smyrne<ref name="EG 1707"/>. Mais son premier grand choc vient de la mort d’une petite sœur âgée de sept mois, bousculée par un geste violent d’une bonne. Elle apparaît dans les écrits d’Antonin Artaud comme une de ses « filles de cœur » : Modèle:Citation bloc
Cependant, Antonin a aussi le sens du jeu et de la mise en scène. C’est à lui que l’on confie la mise en place de la crèche à Noël chaque année<ref name="FdM 60">Modèle:Harvsp</ref>. Pour les enfants de la famille son talent de metteur en scène apparaît dans ses tableaux vivants : reproduction de tableaux célèbres, ou spectacles familiaux montés avec ses cousins. Souvent, les spectacles d’Antonin ont des « résonances macabres » : un enterrement au crépuscule, (Antonin tenant le rôle du cadavre). Une autre fois il invente une mise en scène pour effrayer son cousin Marcel Nalpas. C’était, selon le récit de sa sœur, une mise en scène macabre avec installation de têtes de mort et de bougies dans une chambre. Antonin fait ensuite entrer Marcel en déclamant un poème de Baudelaire. D’abord effrayé, Marcel a ensuite bien ri, avec Antonin. (Marcel était ami de Marcel Pagnol, qui le cite dans « Le temps des secrets », sous son pseudonyme de « Nelps », abréviation de Nalpas). Dans ce Théâtre de la cruauté, Théâtre de la peur, Marie-Ange voit l’influence d’Edgar Poe<ref name="FdM 61">Modèle:Harvsp</ref>.
Artaud a quatorze ans lorsqu’il fonde, avec ses camarades du collège du Sacré-Cœur de Marseille, une petite revue où il publie ses premiers poèmes inspirés de Charles Baudelaire, d’Arthur Rimbaud ou Edgar Poe. Mais lors de sa dernière année de collège, en 1914, il est atteint de dépression, ne se présente pas au baccalauréat, et l’année suivante, sa famille le conduit à Montpellier pour consulter un spécialiste des maladies nerveuses. Il est envoyé au sanatorium de la Rouguière, en 1915 et 1916 et publie en Modèle:Date- des poèmes dans La Revue de Hollande<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le conseil de révision le déclare d’abord bon pour le service avant que l’armée le réforme provisoirement pour raisons de santé, puis définitivement en Modèle:Date- grâce à l’intervention de son père<ref name="EG 1709">Modèle:Harvsp</ref>.
L’année 1914 est un tournant dans la vie du jeune homme, à cause de la guerre, mais c’est aussi pour Antonin sa dernière année de collège. Il doit passer l’examen de philosophie, mais son état de santé ne le lui permet pas. Artaud est en état de dépression après avoir connu sa première expérience sexuelle, qu’il décrit comme dramatique, comme un traumatisme sur lequel il reviendra souvent dans ses écrits. Il a le sentiment qu’on lui a volé quelque chose. C’est ce qu’il exprime à Colette Allendy en 1947, peu avant sa mort<ref name="FdM 85">Modèle:Harvsp</ref>.
Entre 1917 et 1919, il fait un certain nombre de séjours dans des lieux de cure et maisons de santé. Il peint, dessine, écrit. Plus tard, lors de son séjour à l’hôpital Henri-Rouselle pour une cure de désintoxication, il indique qu’il a commencé à prendre du Laudanum en 1919. Modèle:Citation
Premières années à Paris (1920-1924)
Théâtre : la période Dullin
En 1920, sur les conseils du docteur Dardel, sa famille confie Antonin Artaud au docteur Édouard Toulouse<ref>Artaud dans la revue "Demain"</ref>, directeur de l’asile de Villejuif, dont il devient le co-secrétaire pour la rédaction de sa revue Demain. Le docteur l’encourage à écrire des poèmes, des articles<ref>épisode de Villejuif</ref>, jusqu’à la disparition de la revue en 1922. En juin de cette même année 1920, Artaud qui s’intéresse au théâtre rencontre Lugné-Poë et il quitte Villejuif pour s’installer dans une pension à Passy. Il s’intéresse aussi au mouvement Dada et découvre les œuvres d’André Breton, de Louis Aragon et de Philippe Soupault.
Il rencontre Max Jacob qui l’oriente vers Charles Dullin<ref name="EG 1712">Modèle:Harvsp</ref>. Dullin l’intègre dans sa compagnie en 1921. Là, il rencontre Génica Athanasiou dont il tombe amoureux et à laquelle il écrit un grand nombre de lettres réunies dans le recueil Lettres à Génica Athanassiou avec deux poèmes<ref>Lettre à Génica et poèmes</ref>. Leur passion orageuse va durer Modèle:Nobr. Jusqu’en 1922, Antonin Artaud publie poèmes, articles et comptes-rendus à plusieurs revues : Action, Cahiers de philosophie et d’art, L’Ère nouvelle, revue de l’entente des gauches<ref>les revues auxquelles Artaud collabore</ref>,<ref name="EG 1713">Modèle:Harvsp</ref>. L’aventure théâtrale d’Artaud commence en 1922 avec la première répétition des spectacles de l’Atelier, où il joue L’Avare de Molière. Suivront d’autres rôles, toujours avec Dullin qui lui demande de dessiner les costumes et les décors de Les Olives de Lope de Rueda. Un exemplaire de ces dessins est conservé au Centre Pompidou<ref>Modèle:Article</ref>. Toute l’année 1922 est occupée par le théâtre et par les nombreux rôles que joue Artaud malgré sa santé défaillante et malgré les difficultés financières de la compagnie. Il interprète notamment Apoplexie dans La Mort de Souper adaptation de la Condamnation de Banquet de Nicole de La Chesnaye<ref name="EG 1715">Modèle:Harvsp</ref>et le rôle de Tirésias dans Antigone de Jean Cocteau dans une mise en scène de Charles Dullin.
En même temps, il produit aussi à la demande de Daniel-Henry Kahnweiler un recueil de Modèle:Nobr tiré à Modèle:Nobr et il fait la connaissance d’André Masson, de Michel Leiris, de Jean Dubuffet et de Georges Limbour. Sa correspondance témoigne de l’intérêt que lui portent artistes et écrivains. Elle occupe une très grande place dans le recueil de ses œuvres.
En 1923, il publie, à compte d’auteur et sous le pseudonyme d’Eno Dailor, le premier numéro de la revue Bilboquet, une feuille composée d’une introduction et de deux poèmes : Modèle:Citation bloc
1923 est l’année où Artaud ajoute le cinéma aux modes d’expression qu’il cultive (peinture, littérature, théâtre). Le Modèle:Nobr, le cinéaste René Clair lance une vaste enquête dans la revue Théâtre et Comœdia illustré, car, selon lui, peu de cinéastes savent tirer parti de « l’appareil de prise de vue<ref name="FdM 193">Modèle:Harvsp</ref> ». Il se tourne alors vers des peintres, sculpteurs, écrivains, musiciens, en leur posant la double question : 1) « Quel genre de films aimez-vous ? », 2) « Quel genre de films aimeriez-vous que l’on créât ? ». Antonin Artaud répond qu’il aime le cinéma dans son ensemble car tout lui semble à créer, qu’il aime sa rapidité et le processus de redondance du cinématographe<ref name="FdM 194">Modèle:Harvsp</ref>. Il aura par la suite l’occasion de tourner avec un grand nombre de réalisateurs parmi lesquels Carl Dreyer, G.W Pabst, Abel Gance. Le cinéma lui apparaît Modèle:Citation
Le mois de Modèle:Date- est aussi celui de sa rupture avec Charles Dullin, au moment où l’Atelier crée Huon de Bordeaux mélodrame dans lequel Artaud a le rôle de Charlemagne. Mais il est en total désaccord avec le metteur en scène et l’auteur de la pièce sur la manière de jouer<ref name="FdM 198">Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Date-, le rôle est repris par un autre acteur : Ferréol (Marcel Achard). Interrogé par Jean Hort<ref group="note">Hort et ses écrits à la BNF</ref>, Artaud aurait dit : Modèle:Citation
D'André de Lorde à Jacques Hébertot et à Pitoeff
Par l’intermédiaire de Madame Toulouse, Antonin est présenté à André de Lorde, auteur de Grand-Guignol, bibliothécaire de métier. André de Lorde a déjà mis en scène une adaptation d’une nouvelle d’Edgar Poe Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume qui se déroule dans un asile d’aliénés. Et il a mis au point ce qu’il nomme le « Théâtre de la peur » et le « Théâtre de la mort », un style qui va inspirer Antonin Artaud pour le Théâtre de la cruauté<ref name="FdM 201">Modèle:Harvsp</ref>. Engagé par Jacques Hébertot, Artaud interprète le rôle du souffleur au Théâtre de la Comédie des Champs-Élysées dans la pièce de Luigi Pirandello : Six personnages en quête d’auteur montée par Georges Pitoëff, avec Michel Simon dans le rôle du directeur. Artaud et Simon ont en commun une grande admiration pour Alfred Jarry<ref name="FdM 202">Modèle:Harvsp</ref>.
La correspondance d’Antonin Artaud avec Jacques Rivière, directeur de la NRF, commence cette année-là, en mai-juin, alors qu’Artaud joue au théâtre Liliom de Ferenc Molnár mis en scène par Pitoëff. Une correspondance que Rivière publie plus tard<ref name="FdM 205">Modèle:Harvsp</ref>. L’essentiel de sa formation théâtrale est due à Pitoëff sur lequel Artaud ne tarit pas d’éloges dans ses lettres aux Toulouse ou à Génica avec laquelle il vit « un an d’amour entier, un an d’amour absolu »<ref name="FdM 209">Modèle:Harvsp</ref>.
Dans ses lettres à Génica, Antonin détaille tous les événements de sa vie quotidienne, même les plus infimes. Ces Lettres à Génica sont réunies en recueil, précédé de Deux Poèmes à elle dédiés<ref group="note">Modèle:Ouvrage</ref>.
L'entrée en littérature : la période surréaliste (1924-1927)
En 1946, Antonin Artaud décrit son entrée en littérature ainsi : Modèle:Citation
Sa véritable entrée en littérature commence dans les années 1924-1925, période de ses premiers contacts avec la NRF et de sa Correspondance avec Jacques Rivière qui est publiée en 1924. Jacques Rivière a refusé les poèmes d’Artaud, et c’est à partir de ce refus que s’est établie cette correspondance entre les deux hommes<ref name="EG 64">Modèle:Harvsp</ref>. Cette première publication fait apparaître le rôle très particulier que l’écriture épistolaire joue dans toute l’œuvre d’Artaud<ref name="EG 65">Modèle:Harvsp</ref>. La critique littéraire s’accorde à trouver les poèmes refusés assez conventionnels, tandis que les lettres témoignent, par leur justesse de ton, de la sensibilité maladive d’Artaud que l’on retrouve même dans les plus courts billets et aussi dans ses lettres à Génica, et ses lettres au docteur Toulouse<ref name="FdM 215">Modèle:Harvsp</ref>.
Dans ces années-là, si Artaud se plaint de la nécessité de prendre des substances chimiques, il défend aussi l’usage des drogues. C’est l’usage des drogues qui lui permet Modèle:Citation Dans les milieux de la littérature, mais aussi du théâtre et du cinéma, l’usage de l’opium est très répandu, vanté jusque dans les milieux surréalistes, le surréalisme se présentait lui-même comme une drogue dans la préface de La Révolution Surréaliste : Modèle:Citation.
Cette métaphore indique que c’est à la littérature de jouer le rôle de stupéfiant. Mais Artaud préfère se heurter au réel et il vante les mérites de la lucidité anormale que la drogue lui procure dans L’Art et la mort. L’opium constitue pour lui un territoire de transition qui finit par dévorer tous ses territoires. Bien que Jean Cocteau ait averti que Modèle:Citation, cela a justement tout pour plaire au grand anarchiste qu’est Artaud<ref name="FdM 224">Modèle:Harvsp</ref>.
Dès 1924, il adhère au surréalisme, et tout en se lançant à l’assaut de le république des lettres il entame une carrière de théâtre et de cinéma<ref name="FdM 243">Modèle:Harvsp</ref>.
Inspiré par les tableaux d’André Masson, il rédige son premier texte pour le Modèle:Nobr de la revue La Révolution surréaliste paru en Modèle:Date-<ref name="EG 123">Modèle:Harvsp</ref>. C’est son admiration pour Masson qui le conduit à adhérer au mouvement surréaliste, en même temps que le peintre, le Modèle:Date-<ref name="EG 1719">Modèle:Harvsp</ref>. Artaud, qui n’a vécu ni l’expérience Dada, ni les premiers temps du surréalisme, est tout d’abord circonspect sur la théorie de l’automatisme psychique chère à André Breton. Son passage par le surréalisme va d’ailleurs moins influer sur son évolution littéraire, que ce qui reste, dans le groupe, de l’anarchisme de Dada<ref name="FdM 271">Modèle:Harvsp</ref>. De 1924 à 1926, Artaud participe activement au mouvement avant d’en être exclu. La permanence de la Centrale du bureau de recherches surréalistes, créée le Modèle:Date- au 15 rue de Grenelle, est assurée par Pierre Naville et Benjamin Péret qui en sont les directeurs. Le dynamisme des textes d’Artaud, sa véhémence, apportent un sang neuf à un mouvement qui s’étiole, et soutenu par Breton, il a pour mission de « chasser du surréalisme tout ce qui pourrait être ornemental<ref name="FdM 273">Modèle:Harvsp</ref> ».
Après l’Enquête sur le suicide parue dans le Modèle:N° de la revue, Artaud rédige une adresse au Pape dans le Modèle:N° de la Révolution surréaliste (Modèle:Date-) qu’il remanie en 1946 lors du projet de publication des œuvres intégrales d’Antonin Artaud<ref name="EG 134">Modèle:Harvsp</ref>, ainsi qu’une Adresse au Dalaï-Lama qu’il remanie en 1946 toujours dans l’optique d’une publication d’œuvres complètes<ref name="EG 137">Modèle:Harvsp</ref>. D’autres textes sont encore publiés dans la revue. Mais le lien avec le collectif ira en s’amenuisant jusqu’à la rupture liée à l’adhésion des surréalistes au communisme. Des divergences sont déjà apparues dès le numéro un dans le groupe. Artaud a tenté de reprendre en main cette Centrale Surréaliste dont André Breton lui a confié la direction le Modèle:Date-<ref name="FdM 286">Modèle:Harvsp</ref>. Cependant, au moment où Breton envisage l’adhésion au Parti communiste français Artaud quitte le groupe : Modèle:Citation
À l’occasion de son départ, Louis Aragon, Breton, Paul Éluard, Benjamin Péret, Pierre Unik publient une brochure intitulée Au Grand Jour, destinée à informer publiquement des exclusions d’Artaud et de Philippe Soupault du groupe surréaliste, et de l’adhésion des signataires au parti communiste. Artaud y est violemment pris à partie : Modèle:Citation Brochure à laquelle Artaud répond sans tarder en Modèle:Date- avec un texte intitulé À la grande nuit ou le bluff surréaliste<ref>O.C.I Modèle:P.</ref>,<ref group="note">publié Chez L'Auteur descriptif et prix en salle des ventes</ref>, en termes plus choisis mais non moins violents : Modèle:Citation
Le cinéma (1924-1928)
Déçu par le théâtre qui ne lui propose que de petits rôles, Antonin Artaud espère du cinéma une carrière d’une autre envergure. Modèle:Citation<ref>Œuvres complètes, tome III, page 64.</ref> Il s’adresse alors à son cousin Louis Nalpas, directeur artistique de la Société des Cinéromans, qui lui obtient un rôle dans Surcouf, le roi des corsaires (1924) de Luitz-Morat et dans Fait divers, un court-métrage de Claude Autant-Lara, tourné en Modèle:Date-, dans lequel il interprète « Monsieur 2 », l’amant étranglé au ralenti par le mari.
Toujours par l’intermédiaire de son cousin, Artaud rencontre Abel Gance et sympathise avec lui, au grand étonnement de l’entourage du cinéaste, réputé d’accès difficile. Pour son film Napoléon (1927) en préparation, Abel Gance lui promet le rôle de Marat<ref>Une photo d'Artaud en Marat est reproduite dans Les Surréalistes de Philippe Audoin, Le Seuil, 1973, Modèle:P..</ref>.
Antonin Artaud commence à écrire des scénarios dans lesquels il essaie de « rejoindre le cinéma avec la réalité intime du cerveau ». Ainsi Dix-huit secondes propose de dérouler sur l’écran les images qui défilent dans l’esprit d’un homme, frappé d’une « maladie bizarre », durant les dix-huit secondes précédant son suicide.
À la fin de l’année 1927, apprenant la préparation du film La Chute de la maison Usher de Jean Epstein, Artaud propose à Abel Gance de jouer le rôle de Roderick Usher : Modèle:Citation Après quelques essais, Artaud ne sera pas retenu.
La même année, Artaud justifie auprès des surréalistes sa participation au tournage du film de Léon Poirier Verdun, visions d’histoire, au motif que Modèle:Citation bloc
De la dizaine de scénarios écrits et proposés, un seul sera tourné : La Coquille et le Clergyman par Germaine Dulac. Artaud exprime ses objectifs : Modèle:Citation bloc
Engagé en même temps par Carl Theodor Dreyer pour son film La Passion de Jeanne d’Arc, Artaud délaisse le rôle du clergyman qui lui était dévolu et ne suit que par intermittence la réalisation de La Coquille. Le soir de la première projection au Studio des Ursulines, le Modèle:Date-, les surréalistes venus en groupe à la séance manifestent bruyamment leur désapprobation<ref>André S. Labarthe donne crédit à Germaine Dulac, « une femme de métier », d'avoir été fidèle « à la lettre » au scénario, mais Artaud en attendait de la « vigueur », de « l'humour », du « jaillissement »..., entretien avec Évelyne Grossman dans "Europe", op. cité, Modèle:Nobr et suivantes.</ref>.
Dès lors, la magie du cinéma n’existe plus pour lui. Il poursuit malgré tout une carrière d’acteur, pour subvenir à ses besoins. L’avènement du parlant le détourne de cette Modèle:Citation à laquelle il oppose Modèle:Citation.
En 1933, dans un article paru dans le numéro spécial Cinéma 83 Modèle:N° Les Cahiers jaunes<ref>Artaud : les cahiers jaunes</ref> il écrit un éloge funèbre du cinéma : « La Vieillesse précoce du cinéma » Modèle:Citation bloc
En 1935, il apparaît deux ultimes fois dans Lucrèce Borgia d’Abel Gance et dans Kœnigsmark de Maurice Tourneur.
Antonin Artaud a tourné dans plus de vingt films, sans jamais avoir obtenu le moindre premier rôle ni même un second rôle d’importance.
Le Théâtre Alfred Jarry (1927-1930)
Ayant quitté Dullin, Artaud rejoint la compagnie de Georges et Ludmilla Pitoëff installée à la Comédie des Champs-Élysées. Puis avec Roger Vitrac, Robert Aron et l’aide matérielle du Modèle:Dr René Allendy, psychiatre et psychanalyste, qui le soigne, il fonde le Théâtre Alfred Jarry en 1927. Il définit une conception nouvelle de l’art dramatique, publiée plus tard, en 1929-1930, dans une brochure intitulée Théâtre Alfred Jarry et l’Hostilité publique, rédigée par Roger Vitrac en collaboration avec Antonin Artaud qui rappelle les objectifs du Théâtre Alfred Jarry Modèle:Citation, mais aussi de Modèle:Citation
Le Théâtre Alfred Jarry présente quatre séries de spectacles : Les Mystères de l’amour de Vitrac, Ventre brûlé ou la Mère folle d’Artaud et Gigogne de Max Robur (pseudonyme de Robert Aron), Le Songe d’August Strindberg perturbé par les surréalistes (Modèle:Date-), le troisième acte du Partage de midi de Paul Claudel joué contre la volonté de l’auteur qu’Artaud qualifie publiquement d’« infâme traître ». Il s’ensuit une brouille avec Jean Paulhan et la reconsidération des surréalistes (Modèle:Date-). Victor ou les enfants au pouvoir de Vitrac sera la dernière représentation (Modèle:Date-).
En 1971, Jean-Louis Barrault fera un rapprochement entre Alfred Jarry et Antonin Artaud : Modèle:Citation
Dans sa biographie parue en 1972, Jean-Louis Barrault reconnaît tout ce qu’il doit à Artaud :
Artaud au cinéma, au théâtre et en littérature (1930-1935)
De juillet à Modèle:Date-, Antonin Artaud et Roger Vitrac élaborent la brochure qui sera intitulée Théâtre Alfred Jarry et l’Hostilité publique, et il refuse de signer le Second manifeste du surréalisme qui attaque Breton. La brochure, qui parait en 1930, est un ensemble de photo-montages, mis en scène par Artaud, photographiés par Eli Lotar. Roger Vitrac, Artaud et son amie Josette Lusson ont posé pour les photos. Artaud rédige deux projets de mise en scène, un pour La Sonate des spectres de Strindberg, l’autre pour Le Coup de Trafalgar de Roger Vitrac. Mais il décide de quitter le Théâtre Alfred Jarry. Il s’en explique dans une lettre à Jean Paulhan du Modèle:Date- : Modèle:Citation
Artaud, qui mène de front ses activités littéraires, cinématographiques et théâtrales, a cependant déjà la tête ailleurs. En 1931, il assiste à un spectacle du Théâtre Balinais présenté dans le cadre de l’Exposition coloniale et fait part à Louis Jouvet de la forte impression ressentie : Modèle:Citation bloc
Poursuivant sa quête d’un théâtre du rêve et du grotesque, du risque et de la mise en danger, Artaud écrit successivement deux manifestes du Théâtre de la Cruauté : Modèle:Citation bloc
Sa première réalisation, Les Cenci, jouée dans des décors et des costumes de Balthus, au théâtre des Folies-Wagram, s’arrête faute de moyens financiers. La pièce est retirée de l’affiche après Modèle:Nobr (1935). La critique est partagée et l’article élogieux de Pierre-Jean Jouve dans la NRF arrivera trop tard. Artaud considère cela comme un « demi ratage » : Modèle:Citation
Cette expérience marque la fin de l’aventure théâtrale d’Antonin Artaud, qui envisage déjà de partir au Mexique pour « se CHERCHER » ainsi qu’il l’écrit à Jean Paulhan dans une lettre du Modèle:Date-<ref name="EG 1733" />. Peu avant, il a assisté à la représentation du spectacle de Jean-Louis Barrault Autour d’une mère, qui est l’adaptation du roman de William Faulkner Tandis que j’agonise. Il écrit une note qui sera publiée dans le NRF Modèle:Numéro avec majuscule du Modèle:Date-<ref name="EG 592">Modèle:Harvsp</ref> :
Le Modèle:Date-, paraîtra un recueil de textes sous le titre Le Théâtre et son double comprenant Le Théâtre et la peste, texte d’une conférence littéralement incarnée. Artaud y jouait sur scène les dernières convulsions d’un pestiféré Modèle:Citation Selon le récit d’Anaïs Nin, les gens eurent d’abord le souffle coupé, puis ils commencèrent à rire, puis un à un ils commencèrent à s’en aller. Modèle:Citation
De voyages en dérives (1936-1937)
En 1936, Artaud part pour le Mexique. Il écrit qu’il s’est rendu à cheval chez les Tarahumaras. Modèle:Citation Il découvre le peyotl, substance dont Modèle:Citation Son initiation se fait au cours de la Danse du Peyotl, après la douzième phase. Modèle:Citation
De ce séjour dans la Sierra Tarahumara, on ne dispose que des témoignages d’Artaud et on n’a aucune certitude sur son initiation au rite du peyotl. On n’a pas non plus la certitude qu’il ait effectivement assisté aux danses des indiens, ou même qu’il soit réellement allé dans ce territoire d’accès difficile : s’est-il inspiré des récits d’explorateurs ? En 1932, il avait déjà publié dans le magazine Voilà deux articles sur des régions où il n’était jamais allé : Galapagos et les îles du bout du monde et L’Amour à Changaï<ref name="EG 748">Modèle:Harvsp.</ref>. Pourtant selon J.M. Le Clézio la question de la véracité anthropologique des textes d’Artaud n’a guère de sens : Modèle:Citation
Outre le récit de son périple au Mexique, il y a encore beaucoup d’autres textes d’Antonin Artaud intitulés Textes Mexicains, ainsi que les textes de trois conférences données à l’université de Mexico, reproduits dans l’édition Arbalète par Marc Barbezat en 1963. Le premier Surréalisme et révolution daté Mexico, Modèle:Date-, le deuxième L’Homme contre le destin daté Mexico Modèle:Date-, le troisième Le Théâtre et les Dieux daté Mexico Modèle:Date-<ref name="AAMB 208">Modèle:Harvsp.</ref>.
Les trois conférences ont été réunies sous le titre Messages révolutionnaires qui est le titre qu’Artaud donna à ses textes dans la lettre adressée à Jean Paulhan le Modèle:Date-<ref name="EG 685">Modèle:Harvsp.</ref> et qui comprennent d’autres textes d’Artaud publiés au Mexique principalement dans El Nacional, mais aussi dans Revistas de revistas, notamment pour l’exposition de peintures de Maria Izquierdo et de sculptures d’Eleanor Boudin. Les trois conférences ont été traduites en français parce que Artaud les avait fait parvenir à Jean Paulhan<ref>O.C. VIII Modèle:P..</ref>.
La conférence intitulée Surréalisme et révolution commence avec la présentation du tract du Modèle:Date-, au Grenier des Grands-Augustins rédigé par Georges Bataille. Artaud décrit ainsi le mouvement surréaliste et Contre-Attaque : Modèle:Citation
Et pour décrire son retrait du surréalisme il déclare : Modèle:Citation
Parmi les très nombreux articles d’Artaud publiés au Mexique<ref>O.C. VIII Modèle:P..</ref>, L’anarchie sociale dans l’art paru le Modèle:Date- sous le titre La anarquía social del arte dans El Nacional définit ainsi le rôle de l’artiste: Modèle:Citation
Dès son retour en France, il retrouve sa fiancée Cécile Schramme, qu’il avait rencontrée en 1935 chez René ThomasModèle:Qui. La jeune fille appartient à la bourgeoisie belge. Son père est directeur des tramways de Bruxelles et sa mère, une riche héritière flamande. Artaud contribue à organiser une exposition des gouaches de María Izquierdo en janvier-Modèle:Date-, mais dès le Modèle:Nobr et jusqu’au Modèle:Nobr, il entre en cure de désintoxication au Centre français de chirurgie, dont les frais seront réglés par Jean Paulhan<ref name="EG 1744">Modèle:Harvsp.</ref>. Cécile, qui était devenue la compagne d’Antonin avant son départ, a partagé sa vie quotidienne à Montparnasse, allant même jusqu’à l’accompagner dans sa prise de drogue<ref name="FdM 588-589">Modèle:Harvsp.</ref>.
Artaud prend contact avec les milieux littéraires bruxellois. Le 18 mai 1937, il se rend à Bruxelles pour faire une conférence à la Maison de l’Art. Devant une salle comble, de Modèle:Nobr, il raconte son aventure mexicaine. Il y a ensuite trois témoignages différents. Pris d’une crise, il aurait quitté la salle en criant : « Qui vous dit que je suis encore vivant ? » Selon le témoignage de Marcel Lecomte, qui assistait à la conférence, Artaud se serait écrié : « En vous révélant cela je me suis tué. » D’autres témoins racontent qu’il serait arrivé sur scène en disant : Modèle:Cita. En réalité, on ne sait pas avec certitude de quoi il parla : de son voyage au Mexique selon certains, de la pédérastie selon lui. De toute façon, il fit scandale<ref name="EG 1750">Modèle:Harvsp.</ref>. Artaud est hébergé dans sa belle-famille. Jusque-là, son beau-père se plaisait à lui faire visiter les hangars des tramways. Mais le scandale de la conférence met un terme au projet de mariage avec Cécile. Leurs relations sont rompues le Modèle:Nobr<ref name="FdM 595-96">Modèle:Harvsp.</ref>.
Les Nouvelles Révélations de l’Être paraissent le 28 juillet 1937 : cette plaquette de trente-deux pages, signée « Le Révélé », est imprimée par Denoël sans nom d’auteur. C’est un texte à tonalité apocalyptique fondé sur son interprétation des tarots et des horoscopes. Quelques jours plus tard, le Modèle:Date-, Artaud embarque au Havre pour un périple irlandais. Le Modèle:Nobr il débarque à Cobh, puis il séjourne dans le village de Kilronan, dans l’une des îles d'Aran. Financièrement démuni, il demande de l’aide à Paulhan, à sa famille, au consulat de France. Il semble avoir quitté sans payer son logement chez un couple à Kilronan et dans un hôtel à Galway. Sa mère découvrira plus tard, lors de ses recherches, qu’il aurait été hébergé à l’asile de nuit Saint Vincent de Paul à Dublin où il est de retour le Modèle:Nobr<ref name="EG 1752">Modèle:Harvsp.</ref>. Il avait écrit à sa famille qu’il était sur les traces de la culture celte, Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, Antonin Artaud est arrêté à Dublin pour vagabondage et trouble de l’ordre public. Le 29, il est embarqué de force sur un paquebot américain faisant escale au Havre. Dès son arrivée en France, le lendemain, Artaud est remis directement aux autorités françaises qui le conduisent à l’Hôpital général, entravé dans une camisole de force. On le place dans le service des aliénés. Jugé violent, dangereux pour lui-même et pour les autres et souffrant d’hallucinations et d’idées de persécution comme l’indique le certificat du Modèle:Date-, établi par le docteur R. avant le transfert aux Quatre-Mares : Modèle:Citation Il est transféré sous placement d’office à l’hôpital psychiatrique Les Quatre-Mares de Sotteville-lès-Rouen. Selon le certificat du Modèle:Date-, établi par le docteur U. de l’hôpital des Quatre-Mares, et reproduit, Artaud Modèle:Citation.
Les premiers internements (1937-1943)
Le Modèle:Date-, le préfet de la Seine-Inférieure déclare le sieur Antoine Artaud Modèle:Citation, de sorte qu’Artaud est interné à l’asile des Quatre-Mares. On dispose de peu d’informations sur cet internement. L’hôpital a été détruit pendant la guerre. On ignore quel traitement lui a été appliqué. Une partie de son dossier aurait subsisté après la guerre et aurait fait l’objet de demandes qui n’auraient jamais abouti<ref name="FdM 655">Modèle:Harvsp</ref>. Mais comme il était déclaré dangereux, il était isolé dans une cellule et condamné à l’immobilisation par une camisole de force<ref name="FdM 655" />.
Sa famille et ses amis, restés sans nouvelles, s’inquiètent. Sa mère Euphrasie entreprend des recherches. Elle s’adresse tour à tour au docteur Allendy, à Jean Paulhan, à Robert Denoël. Elle finit par retrouver son fils en Modèle:Date-. Antonin, qui pourtant ne la reconnaît pas, donne des détails sur son aventure irlandaise. Un litige oppose alors la famille Artaud et les autorités irlandaises, Euphrasie accuse la police irlandaise, dont les méthodes seraient responsables de l’état d’Antonin, les autorités irlandaises réclament le paiement d’une dette laissée par Antonin<ref name="FdM 655" />.
Au mois de Modèle:Date-, Antonin adresse une lettre à Modèle:Citation, dans laquelle il déclare être l’objet d’une méprise, dit qu’il écrit sur les conseils du docteur Germaine Morel médecin chef de l’asile d’aliénés de Sotteville-lès-Rouen. Modèle:Citation
En Modèle:Date-, les démarches de sa mère pour le faire transférer aboutissent. Artaud est admis au centre psychiatrique de Sainte-Anne où il reste onze mois sans que l’on connaisse les détails de ce séjour, à l’exception du certificat de quinzaine du Modèle:Date-, signé du docteur Nodet, qui indique : « Mégalomanie syncrétique : part en Irlande avec la canne de Confucius et la canne de St Patrick. Mémoire parfois rebelle. Toxicomanie depuis Modèle:Nobr (héroïne, cocaïne, laudanum). Prétentions littéraires peut-être justifiées dans la limite où le délire peut servir d’inspiration. À maintenir. »<ref>Certificat reproduit dans Antonin Artaud - Lettres 1937-1943 - Gallimard, 2015, Modèle:P..</ref>. Artaud refuse toute visite y compris de sa famille. Il n’a cependant jamais cessé d’écrire, bien que l’on ne connaisse aucun texte de lui à cette époque, et malgré l’hypothétique déclaration de Jacques Lacan qui l’aurait déclaré « définitivement perdu pour la littérature », l’indication « graphorée » portée sur le certificat de transfert suivant donne une indication<ref name="EG 1753">Modèle:Harvsp</ref>.
Le certificat du Modèle:Date-, établi par le docteur Longuet de Sainte-Anne lors du transfert d’Antonin Artaud à l’hôpital de Ville-Évrard (près de Neuilly-sur-Marne, Seine-Saint-Denis) indique : Modèle:Citation À partir de cette date, il est interné à Ville-Evrard pour trois ans et onze mois. Considéré comme incurable, il ne reçoit aucun traitement. Mais il écrit de nombreuses lettres, et parmi celles-ci, une « Lettre à Adrienne Monnier », qui la fait publier dans La Gazette des amis du livre du Modèle:Nobr, et qui reste le seul texte connu d’Artaud pour la période 1938-1942. En réponse au reproche que lui fait Jean Paulhan, Adrienne Monnier répond que ce texte témoigne de la grande richesse imaginative que les psychiatres appellent « accès de délire ». Pendant cette période, Antonin Artaud remplit aussi des cahiers d’écoliers de gris-gris, qui mélangent écriture et dessins<ref name="EG 1754">Modèle:Harvsp</ref>. Dès 1940, la situation des internés dans les hôpitaux devient plus difficile du fait du rationnement. Sa mère et ses amis lui envoient des colis, mais ses lettres comportent toutes des appels pour qu’on lui envoie des aliments, et aussi à Genica Athanasiou, pour de l’héroïne<ref name="EG 1755">Modèle:Harvsp</ref>.
Début 1942, Antonin est dans un état inquiétant : il a faim, il est d’une maigreur effrayante, après avoir perdu dix kilos. Sa mère alerte alors ses amis et persuade Robert Desnos d’entreprendre des démarches auprès de Gaston Ferdière afin qu’Artaud soit transféré dans un autre hôpital<ref name="FdM 744">Modèle:Harvsp</ref>.
La technique de l’électrochoc a été importée par des médecins allemands pendant la période d’occupation de la France. À l’époque où Artaud est interné à Ville-Évrard, le docteur Rondepierre et un radiologiste nommé Lapipe ont entrepris d’appliquer la technique de l’électrochoc. Ils font des essais sur des lapins, des porcs, puis sur des patients, la même année. En Modèle:Date-, ils présentent leurs résultats devant la Société Médico-psychologique. Artaud n’est pas encore soumis au traitement, mais tout se met en place<ref name="FdM 745">Modèle:Harvsp</ref>. La mère d’Antonin, se souvenant des essais pratiqués sur l’enfant à l’électricité, demande au docteur Rondepierre s’il serait bon de faire appel à cette méthode pour son fils. Les éléments du dossier médical sont contradictoires sur ce point. Une lettre du docteur Menuau à la mère indique en 1942 « une tentative de traitement qui n’a pas modifié l’état du malade<ref name="FdM 746">Modèle:Harvsp</ref>. » En contradiction totale avec une lettre, adressée à Gaston Ferdière par Euphrasie Artaud, dans laquelle le docteur dit qu’Antonin était trop faible pour supporter le traitement. L’usage de l’électrochoc a pourtant bien eu lieu, mais il s’est peut-être soldé par un coma prolongé, et pour cette raison Rondepierre a préféré taire l’incident ? En l’absence d’informations supplémentaires, cela reste une simple hypothèse<ref name="FdM 747">Modèle:Harvsp</ref>.
En Modèle:Date-, Robert Desnos prend contact avec le docteur Gaston Ferdière, ami de longue date des surréalistes et médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Rodez (Aveyron), situé en zone « non-occupée » où la pénurie alimentaire semble moins sévère. Mais les hôpitaux psychiatriques subissent les mêmes, sinon de pires, restrictions que l’ensemble de la population<ref group="note">Selon les propos de Patrick Coupechoux, auteur de Un monde de fous, dans l'émission Concordance des temps, diffusée sur France Culture le Modèle:Date-</ref>. Les démarches aboutissent et Artaud sera transféré le Modèle:Date-.
En Modèle:Date-, la santé d’Artaud s’est encore dégradée, il pèse entre Modèle:Nobr. Desnos entreprend des démarches pour faire sortir un Antonin Modèle:Citation Ce n’est que le Modèle:Date- que Desnos et le docteur Ferdière obtiennent son transfert à Rodez, où on l’installe le Modèle:Date- pour trois ans, jusqu’au Modèle:Date-<ref name="EG 1756">Modèle:Harvsp</ref>. Entre-temps, Artaud fait un court séjour à l’hôpital de Chezal-Benoît où le certificat de vingt-quatre heures donne les observations suivantes : Modèle:Citation Le court séjour à l’hôpital psychiatrique de Chezal-Benoît est une étape administrative obligatoire en raison de la ligne de démarcation. Artaud y séjourne du Modèle:Nobr au Modèle:Nobr.
À Rodez, le docteur Gaston Ferdière, un des pionniers de l’Art-thérapie, accordera immédiatement beaucoup d’attention à Antonin Artaud<ref name="EG 1757">Modèle:Harvsp</ref>.
Les années à Rodez (1943-1946)
Au moment où Artaud arrive à Rodez, le Modèle:Date-, l’hôpital ne pratique pas encore l’électrochoc. Ce n’est que peu après son arrivée, en Modèle:Date-, que l’appareil du docteur Delmas-Marsalet est livré à l’hôpital par les ateliers Solex<ref name="FdM 764">Modèle:Harvsp</ref>.
Ainsi, même à Rodez, la technique de l’électrochoc est employée, cette thérapie étant supposée d’une grande efficacité. Artaud subit une première série en Modèle:Date-. Mais la deuxième séance provoque une fracture d’une vertèbre dorsale ce qui l’oblige à garder le lit pendant deux mois. Cela n’empêche pas les médecins de poursuivre le traitement dès le Modèle:Date- avec une série de Modèle:Nobr d’électrochocs, dont ils se félicitent, jugeant qu’ils ont obtenu « moins de gesticulations et de confusion mentale<ref name="EG 1758">Modèle:Harvsp</ref>. »
Dans le cadre de l’Art-thérapie, Antonin Artaud avait écrit en septembre deux textes adaptés de Lewis Carroll : Variations à propos d’un thème et Le Chevalier de Mate-Tapis. À partir du Modèle:Nobr, Henri Parisot lui propose de publier chez Robert. J. Godet éditeur, un petit volume comprenant Un voyage au Pays des Tarahumaras qui était paru dans la NRF en 1937, et de l’augmenter. Artaud écrit Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras. Dès le mois de Modèle:Date-, le docteur Ferdière donne à Artaud une chambre individuelle, où il écrit encore Supplément au Voyages chez les Tarahumaras. L’artiste exécute aussi de petits dessins, écrit, adapte. Mais sa vie d’écrivain et d’artiste est mise en pointillés entre les séances d’électrochocs, qui reprennent dès le mois de Modèle:Date-, Modèle:Nobr du Modèle:Nobr au Modèle:Date-. Antonin Artaud écrit au docteur Latrémolière le Modèle:Date- : Modèle:Citation bloc
Le Modèle:Date-, il envoie une lettre demandant à sa mère de faire interrompre le traitement à l’électrochoc. À chaque série de séances, il perd conscience pendant deux ou trois mois. Il dit avoir besoin de cette conscience pour vivre : Modèle:Citation,<ref>Antonin Artaud, L'homme et sa douleur, André Gassiot et Frédéric Raffaitin, entretien avec son médecin, Gaston Ferdière à Modèle:Nobr.</ref>,<ref>Dans le documentaire Artaud cité : Atrocité d'André S. Labarthe, le commentaire parle de Modèle:Nobr (à Modèle:Nobr).</ref>.
Dès Modèle:Date-, Artaud commence à faire de grands dessins en couleurs qu’il commente ainsi dans une lettre à Jean Paulhan du Modèle:Date- : Modèle:Citation Le mois suivant, il se met à travailler quotidiennement sur de petits cahiers d’écoliers où il écrit et dessine. Ce sont les Cahiers de Rodez, mêlant écriture et dessins. À Rodez, en quinze mois, Artaud en réalise une centaine<ref name="FdM 811">Modèle:Harvsp</ref>. Après les Modèle:Nobr de Rodez, suivront les Modèle:Nobr dits du retour à Paris <ref name="EG 956">Modèle:Harvsp</ref>.
1945 est l’année de la renaissance créatrice d’Artaud. Inlassablement, il écrit, le sujet de ses textes est toujours la question d’un autre théâtre à inventer. En regard de ses grands dessins, l’artiste rédige des commentaires<ref name="EG 957">Modèle:Harvsp</ref>. Evelyne Grossman y voit Modèle:Citation Deux ans plus tard, dans une lettre adressée à Marc Barbezat, Artaud écrit : Modèle:Citation
Cette même année, Les Tarahumaras sont publiés par Henri Parisot dans la collection « L’Âge d’or » qu’il dirige aux éditions Fontaine sous le titre Voyages au pays des Tarahumaras. Des écrits d’Artaud sortent de l’hôpital malgré les protestations du docteur Ferdière qui protège les droits financiers et moraux d’Artaud au nom de la défense de biens des aliénés placés sous autorité administrative. Ce sont les Lettres de Rodez qui paraîtront l’année suivante, en Modèle:Date-<ref name="EG 1761">Modèle:Harvsp</ref>
En Modèle:Date-, Jean Dubuffet rend visite à Antonin Artaud. Il s’ensuivra avec Jean et madame Dubuffet une correspondance affective, d’autant plus que les recherches de Dubuffet le conduisent très souvent dans des asiles d’aliénés<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En 1946, Dubuffet fait le portrait d’Artaud : Antonin Artaud, cheveux épanouis <ref>portrait en gros plan</ref>,<ref>portrait d'Artaud dans un ensemble</ref>. Il fait part à Dubuffet et à Paulhan de son désir de sortir de l’hôpital. Dubuffet s’enquiert des possibilités de sorties. Peu avant, Artaud a lancé des appels à Raymond Queneau et Roger Blin pour qu’on vienne le chercher. Il dit avoir été libéré par le docteur Ferdière. Ferdière a en effet envisagé de le faire sortir mais il temporise car Artaud se déclare toujours la proie d’envoûtements, en particulier dans une lettre à Jean-Louis Barrault le Modèle:Date-<ref name="FdM 834">Modèle:Harvsp</ref>.
En février 1946, les éditions Guy Lévis Mano (GLM) publient sous le titre de Lettres de Rodez plusieurs lettres d’Artaud à Henri Parisot<ref name="FdM 837">Modèle:Harvsp</ref>.
Marthe Robert et Arthur Adamov rendent visite à Artaud le 26 et Modèle:Date-, Henri et Colette Thomas les 10 et 11 mars. Dès le 28 février, Artaud demande, dans une lettre à Jean Paulhan, qu’on le fasse sortir de toute urgence : Modèle:Citation bloc
De retour à Paris, les visiteurs d’Artaud, très impressionnés par l’environnement asilaire, considèrent qu’il est nécessaire qu’il revienne à Paris. Un « Comité de soutien des amis d’Antonin Artaud » présidé par Jean Paulhan, et dont Jean Dubuffet est secrétaire, regroupe notamment Arthur Adamov, Balthus, Jean-Louis Barrault, André Gide, Pierre Loeb, Pablo Picasso, Marthe Robert, Colette et Henri Thomas. Roger Blin et Colette Thomas s’emploient à organiser un gala au profit d’Artaud au Théâtre Sarah-Bernhardt<ref name="EG 1762"/>.
Retour à Paris et dernières années (1946-1948)
Les amis d’Artaud obtiennent qu’il sorte de l’asile de Rodez et retourne à Paris dans une clinique « ouverte », celle du docteur Delmas, à Ivry. Le Modèle:Date-, Jean Dubuffet, Marthe Robert, Henri et Colette Thomas l’accueillent à la gare d’Austerlitz. Le Modèle:Nobr de la même année, une séance d’hommage à Antonin Artaud est donnée au Théâtre Sarah-Bernardt, avec un discours d’André Breton en ouverture, et des textes d’Artaud lus notamment par Adamov, Jean-Louis Barrault, Rober Blin, Alain Cuny, Jean Vilar et Colette Thomas. Le Modèle:Nobr, il enregistre à la radio Les malades et les médecins, texte diffusé le Modèle:Nobr, publié dans le Modèle:Nobr<ref>Sommaire du Modèle:Nobr Les Quatre Vents</ref> de la revue Les Quatre Vents<ref group="note">La revue Les Quatre Vents 1945-1947, a été fondée par Henri Parisot Les Quatre Vents à la bibliothèque Kandinsky</ref>,<ref name="EG 1763">Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Nobr, la vente aux enchères de tableaux offerts par des artistes (Pierre Brasseur en est le commissaire priseur), lui rapporte assez d’argent, ajoutée à la faible somme recueillie au théâtre Sarah-Bernardt et à ses droits d’auteur, pour vivre jusqu’à sa mort<ref name="EG 1764">Modèle:Harvsp</ref>.
Durant la période où il est hébergé dans la clinique d’Ivry-sur-Seine, Artaud est libre de ses mouvements. Il y écrit sur plus de quatre cents cahiers d’écolier, dessine des autoportraits et des portraits de ses amis à la mine de plomb et craies de couleurs. Toujours souffrant, Artaud a repris sa consommation de drogues pour calmer ses douleurs. Il n’effectue pas un séjour de désintoxication, mais continue d’écrire. Il donne notamment au metteur en scène Michel de Ré le texte Aliéner l’acteur. Il écrit également une Lettre contre la Cabale adressée à Jacques Prevel publiée en 1949 chez Aumont, et le Modèle:Nobr, il signe deux contrats avec Marc Barbezat : pour L’Arve et l’Aume et pour Les Tarahumaras<ref name="EG 1766">Modèle:Harvsp</ref>.
Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, Artaud séjourne à Sainte-Maxime avec Colette Thomas (qui y possède une maison de famille), Paule Thévenin et Marthe Robert<ref name="EG 1764" />. Il y écrit L’Adresse au Dalaï Lama et L’Adresse au Pape <ref name="CE 165">Modèle:Harvsp</ref> et y termine Le Retour d’Artaud le Momo. Il corrige aussi des textes de 1925 en vue de la parution de ses œuvres complètes chez Gallimard (celles-ci ne seront finalement publiées que de façon posthume).
Le Modèle:Date-, devant une salle comble au Théâtre du Vieux-Colombier, Artaud fait un retour éclatant sur scène avec une conférence intitulée d’après l’affiche : Histoire vécue d’Artaud-Momo, Tête à tête par Antonin Artaud, Le Retour d’Artaud le Momo Centre Mère et Patron Minet-La Culture indienne. Selon André Gide, Modèle:Citation bloc
À la fin de l'année 1947 paraissent coup sur coup Artaud le Momo (Bordas), Van Gogh le suicidé de la société (K éditeur) et Ci-git (K éditeur).
En Modèle:Date-, Artaud enregistre pour la radio Pour en finir avec le jugement de dieu avec la participation de Maria Casarès, Paule Thévenin et Roger Blin. Programmée pour le Modèle:Date-, l’émission ne sera finalement pas diffusée, le directeur de la Radiodiffusion française, Wladimir Porché, s’effrayant du langage trop cru employé par Artaud (et ce contre l’avis favorable d’un jury composé d’artistes et de journalistes). Le texte fera l’objet d’une publication posthume en Modèle:Date-<ref group="note">L'œuvre est diffusée, pour la première fois, sur France Culture en 1973, éditée sous forme de CD par Sub Rosa puis par André Dimanche.</ref>.
Atteint d’un cancer du rectum diagnostiqué trop tard, Antonin Artaud est retrouvé mort sur son lit, dévêtu, en position assise, une chaussure à la main<ref>cf http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/antonin-artaud-310.php</ref> le matin du Modèle:Date-, probablement victime d’une surdose d’hydrate de chloral. Sur la dernière page de son dernier cahier de brouillon (cahier 406, feuillet 11), figurent comme dernière phrase :Modèle:Citation bloc
Quelques heures après sa mort, toutes ses affaires – notes, livres, cahiers, manuscrits, dessins accrochés aux murs – sont volées<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ou mises en sécurité, selon les interprétations<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Antonin Artaud est enterré civilement au cimetière parisien d’Ivry par le cercle de ses amis. Sa famille fera transférer ses restes près de trente ans plus tard (Modèle:Date-) au cimetière Saint-Pierre à Marseille.
Artaud avait convenu par contrat avec les éditions Gallimard en date du Modèle:Date-, de la publication de ses œuvres complètes (composées d’au moins quatre tomes), dont il avait lui-même dressé la liste dans une lettre datée du Modèle:Date- à Gaston Gallimard. Ces œuvres complètes verront finalement le jour de façon posthume et sous une forme très différente, en vingt-cinq volumes, par l'entremise de Paule Thévenin.
Artaud et le surréalisme : des rapports marqués d'ambivalence
L’esthétique d’Artaud se construit constamment en rapport au surréalisme, d’abord en s’en inspirant, puis en le rejetant (notamment sous la forme que lui donne André Breton).
André Breton, dans son premier Manifeste du surréalisme (1924), mentionne Artaud en passant, sans lui accorder une importance particulière<ref name="AB 27">Modèle:Harvsp</ref>. Le second Manifeste (1930) arrive après la rupture d’Artaud avec les surréalistes, et Breton lui adresse une critique sévère, quoique esthétiquement peu développée (ses griefs sont surtout d’ordre personnel). Il dénonce notamment le fait que l’« idéal en tant qu’homme de théâtre » d’« organiser des spectacles qui pussent rivaliser en beauté avec les rafles de police » était « naturellement celui de M. Artaud »<ref name="AB 84">Modèle:Harvsp</ref>.
Ce jugement qui paraissait irrévocable est corrigé par André Breton après l’hospitalisation d’Artaud : dans l'Avertissement pour la réédition du second manifeste (1946), Breton dit n’avoir plus aucun tort à compter à Desnos et Artaud, à cause des « événements »<ref name="AB 64">Modèle:Harvsp</ref>(Desnos est mort en camp de concentration et Artaud passe plusieurs mois en psychiatrie à subir des électrochocs). Pure politesse peut-être ; reste que Breton, dans des entretiens publiés en 1952, reconnaît à Artaud une profonde influence sur la démarche surréaliste. Il dit également de lui qu’il était « en plus grand conflit que nous tous avec la vie »<ref name="AB 64"/>.
Pour Jean-Pierre Le Goff, la démarche surréaliste est essentiellement ambivalente, « marquée à ses deux pôles par les figures d’André Breton et d’Antonin Artaud »<ref name="JPLG 347">Modèle:Harvsp</ref>. Ces deux visions du surréalisme sont comme opposées et complémentaires à la fois. Breton cherchait essentiellement la beauté et l’émerveillement dans la vie, il souhaitait dompter au moyen de l’art « l’altérité inquiétante » de l’inconscient, centrant sa pensée sur la « dynamique positive de l’Eros » aboutissant à la révolution.
Artaud rompt avec cette vision de la poésie et de la vie, expliquant dans son texte « À la grande nuit ou le bluff surréaliste » qu’« ils [les surréalistes] aiment autant la vie que je la méprise »<ref name="JPLG 347"/>. La rage d’exister d’Artaud n’est pas caractérisée par la capacité de s’émerveiller, mais au contraire par la souffrance et l’angoisse incurables. Cela se ressent dans son esthétique littéraire : Artaud déclare dans Le Pèse-nerfs que « toute l’écriture est de la cochonnerie » <ref name="JPLG 348">Modèle:Harvsp</ref>. En fait, il refuse violemment toute parenté avec la littérature et les littérateurs. Toujours dans Le Pèse-Nerfs il poursuit : Modèle:Citation Artaud s’éloigne ainsi irrémédiablement de tout platonisme en art : Modèle:Citation
Le regard posé par Artaud sur Breton était ambivalent. En 1937, au moment où il écrit les Nouvelles révélations de l’être, il appelle Breton « l’Ange Gabriel ». Il s’adresse à lui de la même façon dans les lettres qu’il lui écrit depuis l’Irlande. Mais Breton est aussi celui dont Artaud dira (à son ami Jacques Prevel), vers la fin de sa vie, à Paris : Modèle:Citation (En compagnie d’Antonin Artaud, de J. Prevel).
Lors de l’exposition surréaliste à la galerie Maeght, en Modèle:Date-, André Breton lui avait demandé d’y participer. Le refus d’Artaud dans une lettre à Breton datée du Modèle:Date-, ne laisse aucun doute sur sa position vis-à-vis du surréalisme. Il écrit : Modèle:Citation bloc
L’influence d’Antonin Artaud
Antonin Artaud a eu une profonde influence sur le théâtre, notamment le théâtre américain, mais aussi sur les situationnistes de la fin des années 1960 qui se réclamaient de son esprit révolutionnaire. Pierre Hahn rapporte qu’en Modèle:Date-, au moment où les universités étaient occupées, la Lettre aux recteurs des universités d’Artaud était affichée sur la porte d’entrée. Modèle:Citation bloc Artaud y disait entre autres : « Je me suis rendu compte que l’heure est passée de réunir des gens dans un amphithéâtre même pour leur dire des vérités et qu’avec la société et son public, il n’y a pas d’autre langage que celui des bombes, des mitrailleuses et tout ce qui s’ensuit - Antonin Artaud cité par Pierre Hahn<ref name="MdS 115"/> ». Artaud ne pouvait évidemment qu’attirer vers lui des révolutionnaires extrêmes comme le sont les situationnistes<ref name="MdS 115"/>.
De même, le théâtre de l’extrême que fut le théâtre américain des années 1960, a pris au pied de la lettre les consignes données par Antonin Artaud dans le théâtre de la cruauté. Dans The Brig du Living Theatre, les acteurs sont enfermés dans des cages, humiliés, frappés, réduits aux éléments passifs et neutres dont parle Artaud : Modèle:Citation
René Lalou rappelle que Modèle:Citation
Christian Gilloux compare la réflexion d’Artaud sur ce que doit être le théâtre, avec l’interprétation qu’en a faite Peter Schumann dans le Bread and Puppet Theatre. Modèle:Citation La forme épurée, minutieusement façonnée, la lenteur des processions, ce jeu artaudien des Doubles que l’on retrouve dans le Bread and Puppet part de Modèle:Citation
Le renouveau de la mise en scène par les auteurs du Nouveau Théâtre provient en grande partie de leur lecture d’Antonin Artaud et de la manière dont il a conçu l’écriture scénique<ref name="MV 230">Modèle:Harvsp</ref>.
La conception par Artaud de son Théâtre de la Cruauté est fréquemment citée comme source d'influence pour certains cinéastes, tel Gaspar Noé ou plus généralement le mouvement du New Extremism <ref>Modèle:Article</ref>.
Postérité et hommages
Le Modèle:Date- Artaud reçoit le Prix Sainte-Beuve pour Van Gogh le suicidé de la société<ref name="EG 1767">Modèle:Harvsp</ref>
En 1973, le groupe de rock argentin Pescado Rabioso, mené par Luis Alberto Spinetta, nomme son Modèle:3e "Artaud" en référence au poète. Spinetta consacre l’œuvre à Artaud après l’avoir bien lu. La thématique est une réponse au désespoir créé par sa lecture. L’album sera reconnu comme le meilleur album de rock argentin, dans une liste faite par le magazine Rolling Stone (Argentine) en 2007.
En 1981, la chanteuse Colette Magny lui consacre toute une face d’un disque : Thanakan<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 1983, le groupe de batcave anglais Bauhaus consacre une chanson à l’écrivain dans son album Burning From the Inside.’
En 1986, FR3 diffuse la conférence donnée par Artaud le Modèle:Date- au Vieux Colombier, Modèle:Citation<ref>document d'archive FR3</ref>.
En 2003, l'écrivain Bernard Noël publie Artaud et Paule aux éditions Lignes/Léo Scheer.
En 2010, du Modèle:Date- au Modèle:Date- au Théâtre de l’Atelier, Carole Bouquet a lu les Lettres à Génica et autres poèmes d’Artaud. Elle a réitéré sa performance à Rodez en 2011, invitée par l’association Rodez Antonin Artaud<ref>Carole Bouquet à Rodez</ref>.
En 2013, L’association Rodez Antonin Artaud créée par Mireille Larrouy, professeur de français, a présenté une exposition : Antonin Artaud, autoportraits<ref>Rodez Antonin Artaud</ref>.
En 2014, du Modèle:Date- au Modèle:Date- le musée d’Orsay a présenté une exposition associant Vincent van Gogh et Antonin Artaud. Les œuvres de van Gogh était organisée dans un parcours qui mêlait une sélection de tableaux du peintre, des dessins et des lettres de Van Gogh avec des œuvres graphiques d’Artaud. Le texte d’Antonin Artaud Van Gogh le suicidé de la société a été lu à cette occasion tous les soirs<ref>Van Gogh /Artaud : le suicidé de la société</ref>
En 2015, la Compagnie du Chêne Noir a repris la conférence du Modèle:Date- Artaud le Momo, dans une mise en scène de Gérard Gelas au Théâtre des Mathurins sous le titre Histoire vécue d’Artaud-Mômo du Modèle:Nobr au Modèle:Nobr<ref>Histoire vécue d'Artaud le momo au théâtre des mathurins d'après la conférence du vieux colombier</ref>, avec Damien Remy dans le rôle d’Antonin Artaud.
Le monde de la chanson lui a également rendu hommage en l’évoquant ou en le citant. Serge Gainsbourg en 1984, Serge Gainsbourg lui consacre un couplet de sa chanson Hmm, hmm, hmm de l’album Love on the beat :
Une piste de l’album Folkfuck Folie, publié en 2007 par le groupe de black metal français Peste noire, est un « extrait radiophonique d’Antonin Artaud »<ref>mention Artaud Folfuckfolies</ref>.
Une chanson du triple album Messina de Damien Saez lui rend hommage en 2012. Intitulée Les fils d’Artaud, la chanson évoque l’auteur<ref>Voir sur parolesmania.com.</ref> :
Hubert Félix Thiéfaine, célèbre pour ses textes flous et philosophiques, glisse un passage d’une conférence de Artaud à la fin de son morceau "Quand la banlieue descendra sur la ville" de la compilation "40 ans de chansons"<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Œuvres
Œuvre graphique et manuscrits
Le Modèle:Date-, par testament olographe sur papier simple, Antonin Artaud écrit : Modèle:Citation Remis en cause par les héritiers, le travail de Paule Thévenin a donné lieu à une « affaire des manuscrits d’Antonin Artaud » dont Libération s’est fait l’écho en 1995<ref>affaire des manuscrits d'Artaud</ref>. Parmi ces manuscrits se trouvaient les dessins d’Artaud que la Bibliothèque nationale de France a exposés en 2007 avec l’ensemble des manuscrits<ref>exposition 2006-2007</ref>.
Les dessins d’Antonin Artaud ont été réunis par Paule Thévenin et Jacques Derrida dans Antonin Artaud, dessins et portraits paru le Modèle:Date-, réédité chez Gallimard en 2000<ref>les parutions sur Worldcat</ref>. En 1994 Paule Thévenin a fait un important legs des dessins d’Antonin Artaud au Centre Pompidou, ce qui permet d’accéder à environ une quarantaine de ses œuvres que Jean Dubuffet, amateur de l’art des fous appréciait grandement lorsqu’il avait rendu visite à Artaud à Rodez<ref name="CLille 163">Modèle:Harvsp</ref>.
On peut consulter en ligne une grande partie des œuvres graphique dont dispose le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou. À titre d’exemple, pour éviter un copié-collé intégral, sont donnés ci-dessous la plus ancienne et la plus récente accessibles en ligne:
- 1921, Autoportrait, mine graphite sur papier Modèle:Dunité conservé au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, legs Modèle:Mme Paule Thévenin, 1994<ref>Autoportrait</ref>.
- 1948 (Modèle:Date-), Sans titre, mine graphite sur papier Modèle:Dunité, legs Modèle:Mme Paule Thévenin, 1994<ref>Sans titre</ref>.
Les dessins et peintures d’Artaud ont été exposés de son vivant par Pierre Loeb à la galerie Pierre du Modèle:Date- au Modèle:Date- sous le titre Portraits et dessins par Antonin Artaud. C’est précisément Pierre Loeb qui avait conseillé au poète d’écrire sur van Gogh, après qu’Artaud, bouleversé par l’exposition Van Gogh du Modèle:Date-, au musée de l’Orangerie lui eut fait part de ses impressions, rédigées très rapidement et publiées sous le titre Van Gogh le suicidé de la société<ref name="EG 1439">Modèle:Harvsp</ref>. À cette époque, chez Pierre Loeb, Hans Hartung a manifesté auprès du critique d’art Charles Estienne, le désir d’illustrer les textes d’Artaud. Lorsqu’il apprend cela, Artaud réagit violemment dans une lettre adressée à « Mr. Archtung » auquel il explique crument qu’il ne saurait en être question<ref name="FdM 959">Modèle:Harvsp</ref>. Modèle:Citation La lettre comporte une de ses formes noircies, brutes dont il a le secret, qui sont ses gris-gris<ref name="FdM 960">Modèle:Harvsp</ref>. Beaucoup de ses œuvres sont conservées au Centre Pompidou, dont un autoportrait de Modèle:Date-<ref>autoportrait Artaud décembre 1947</ref>, et un portrait de Henri Pichette<ref>Henri Pichette</ref>
Écrits
- Tric Trac du Ciel, illustré de gravures sur bois par Élie Lascaux, Paris, Simon, 1923
- L’Ombilic des limbes, Paris, Gallimard, N.R.F., 1925
- Le Pèse-nerfs, Paris, Leibovitz, 1925
- Correspondance avec Jacques Rivière, Paris, N.R.F., 1927
- La Coquille et le Clergyman, scénario
- L’Art et la Mort, Paris, Denoël, 1929
- Le Moine, raconté par Antonin Artaud. Traduction et adaptation, Paris, Denoël & Steele, 1931
- Le Théâtre de la cruauté (manifeste), Paris, Gallimard, N.R.F., 1932
- Héliogabale ou l’Anarchiste couronné, Paris, Denoël & Steele, 1934 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 1978. Modèle:Citation
- Les Nouvelles Révélations de l’être, Paris, Denoël, 1937 ; réédition (accompagnée d’un choix de lettres et d’une préface d’Olivier Penot-Lacassagne), Paris, Éditions Prairial, 2019
- Le Théâtre et son double, Paris, Gallimard, 1938 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1964 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « Folio/essais » (no 14), 1985
- Révolte Contre La Poésie, Paris, Éditions du Pirate, MXXVIM Rodez, 1943
- Lettres de Rodez : Lettres à Henri Parisot, Paris, G.L.M., 1946 cinq lettres publiées en 1946, d’autres Lettres de Rodez paraîtront après la mort d’Artaud<ref name="EG 957" />. Elles sont réunies dans les tomes XI et XII des Œuvres complètes, édition de Paule Thévenin, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 1956-1994
- Van Gogh, le suicidé de la société, Paris, K éditeur, 1947 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 1990, rééd. Paris, Allia, 2019.
- Artaud le Mômo, Paris, Bordas, 1947
- Ci-gît, précédé de la Culture indienne, Paris, K éditeur, 1947
- Pour en finir avec le jugement de dieu, Paris, K éditeur, 1948 ; rééd. suivi de Le Théâtre de la cruauté, éd. E. Grossman, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 2003
- Supplément aux Lettres de Rodez, suivi de Coleridge le traite, Paris, G.L.M., 1949
- Lettres à Jean-Louis Barrault, préface de Paul Arnold - notes d’André Frank, Paris, Bordas Éditeur, coll. « Documents de la revue théâtrale », 1952
- Œuvres complètes, vingt-six tomes publiés (en 28 volumes), édition de Paule Thévenin, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 1956-1994
- Les Cenci, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1964
- L’Ombilic des limbes suivi de Le Pèse-Nerfs et textes surréalistes, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1968
- Lettres à Génica Athanassiou, Paris, Gallimard, coll. « Le point du jour », 1969
- Les Tarahumaras, publié pour la première fois sous le titre Voyage au pays des Tarahumaras le Modèle:Date dans la collection l’« Âge d’or » dirigée par Henri Parisot aux éditions Fontaine<ref name="EG 1761"/>,<ref group="note">Alors que Artaud était encore à l'asile psychiatrique de Rodez</ref>; réédité en 1955 par les éditions de l’Arbalète (Décines), réédition 1963 par Marc Barbezat, Paris, L’Arbalète Modèle:Retrait Réédition Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1974 ; Paris, Gallimard, Œuvres complètes tome 9, coll. « Blanche » 1979 ; rééd. Paris, Gallimard, coll. « Folio/Essais », 1987
- Lettres à Annie Besnard, Paris, Le Nouveau Commerce, 1977
- Messages révolutionnaires (textes mexicains), Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1979
- Dessins et portraits, texte de Jacques Derrida et Paule Thévenin, Paris, Gallimard, 1986
- L’Arve et l’Aume, accompagné de 24 lettres inédites à Marc Barbezat, Paris, L’Arbalète, 1989
- Nouveaux Écrits de Rodez, Lettres au docteur Ferdière et autres textes inédits, Préface de G. Ferdière, Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 1994 ; rééd. en tirage limité à l’occasion des trente ans de la collection « L’Imaginaire », accompagnés d’un CD rassemblant des documents rares (témoignages d’André Breton et du Modèle:Dr Gaston Ferdière), Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2007
- 50 Dessins pour assassiner la magie, édition et présentation d’Évelyne Grossman, Paris, Gallimard, 2004
- Suppôts et suppliciations, présentation d’Évelyne Grossman, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 2006
- Cahier d’Ivry, Modèle:Date-, fac-similé, édition et présentation d’Évelyne Grossman, Paris, Gallimard, 2006
- Histoire vécue d’Artaud-Mômo (texte des trois cahiers apportés par Antonin Artaud au Théâtre du Vieux Colombier le Modèle:Date-), Saint-Clément-de-Rivière, éd. Fata Morgana, 2009
- Les Cenci, édition de Michel Corvin, Paris, Gallimard, coll. « Folio théâtre », 2011
- Cahiers d’Ivry - Modèle:Date--Modèle:Date- (tome I : cahiers 233 à 309 ; tome II : cahiers 310 à 406), édition d’Évelyne Grossman, Paris, Gallimard, 2011
- Antonin Artaud - Lettres 1937-1943, édition établie par Simone Malausséna, préface de Serge Malausséna, introduction d’André Gassiot, Paris, Gallimard, 2015
- Je ne suis pas Nanaky, texte daté de 1946 et écrit à Paris, illustrations de Jean-Gilles Badaire, éd. Fata Morgana, 2020
Documents sonores
- Van Gogh le suicidé de la société, émission radiophonique, INA, André Dimanche Éditeur, 1995.
- Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras
- Pour en finir avec le jugement de dieu, Sub Rosa, 1995 / INA et André Dimanche Éditeur, 1995
- Pour en finir avec le jugement de dieu, intégralité de l’émission et remix par Marc Chalosse, Artaud Remix, préface de Marc Dachy, France Culture, collection Signature, 2001
- Un extrait de Pour en finir avec le jugement de dieu
Filmographie
- Artaud acteur
- 1917 : Mater dolorosa d’Abel Gance
- 1923 : Fait divers de Claude Autant-Lara (court métrage) : Monsieur 2
- 1923 : L’Enfant roi de Jean Kemm
- 1924 : Surcouf de Luitz-Morat : Jacques Morel
- 1926 : Graziella de Marcel Vandal (tourné en Italie)
- 1926 : Le Juif errant de Luitz-Morat : Jacques Dupuis, dit Gringalet
- 1927 : Mathusalem ou l’éternel bourgeois de Jean Painlevé (cinq courtes séquences réalisées pour une pièce de théâtre d’Ivan Goll)
- 1927 : Napoléon d’Abel Gance : Marat ; (en 1935, sortie d’une nouvelle version modifiée et sonorisée)
- 1928 : La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer : le moine Jean Massieu
- 1928 : Verdun, visions d’histoire de Léon Poirier : l’intellectuel
- 1928 : L’Argent de Marcel L’Herbier : Mazaud, le secrétaire
- 1928 : Autour de l’argent de Jean Dréville (documentaire) : lui-meme
- 1930 : Tarakanova de Raymond Bernard : le jeune tzigane
- 1930 : La Femme d'une nuit de Marcel L’Herbier (tourné à Berlin) : Jaroslav le traître
- 1931 : L’Opéra de quat’sous de Georg Wilhelm Pabst (version française, tournée à Berlin) : un apprenti mendiant
- 1931 : Faubourg Montmartre de Raymond Bernard : Follestat, un meneur de révolte
- 1931 : Verdun, souvenirs d’histoire de Léon Poirier (version sonorisée du film de 1928)
- 1932 : Mater Dolorosa d’Abel Gance
- 1932 : Les Croix de bois de Raymond Bernard : le soldat Vieublé
- 1932 : Coup de feu à l'aube de Serge de Poligny : le trembleur, chef de gang
- 1933 : L’Enfant de ma sœur de Henry Wulschleger : Loche
- 1934 : Sidonie Panache de Henry Wulschleger : l'émir Abd-el-Kader
- 1934 : Liliom de Fritz Lang : le rémouleur ange-gardien
- 1935 : Lucrèce Borgia d’Abel Gance : Savonarole
- 1935 : Kœnigsmark de Maurice Tourneur : Cyrus Back
- Artaud dans le cinéma
- 1967 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier, comporte une séquence Artaud avec interview d’Arthur Adamov, Roger Blin, Alain Vian, etc.
- 1993 : En compagnie d’Antonin Artaud de Gérard Mordillat, scénario d’après Jacques Prevel par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Arte éditions
- 1993 : La Véritable Histoire d'Artaud le Mômo de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Arte éditions
- 2000 : Artaud cité : Atrocité d'André S. Labarthe, 47 min, production A.M.I.P. / France 3, collection Un siècle d’écrivains
- 2007 : Tumulte aux Ursulines d'Alexandre Deschamps, Nicolas Droin et Laurent Navarri, 15 min, entretien Alain Virmaux et Prosper Hillairet au Studio des Ursulines
- 2009 : Matricule 262 602 de Nicolas Droin et Alexandre Deschamps, 40 min, entretien d’Alain Virmaux et André Roumieux dans l’hôpital de Ville-Évrard.
- 2009 : Artaud aux Iles d’Aran de Rossa Mullin, Poolen Production Ltd
- 2011 : The Door Ajar de Paddy Jolley, Irlande, 89 min, Lst assembly
Notes et références
Notes
Références
Bibliographie
Modèle:Article détaillé Modèle:Plume ouvrages utilisés pour les sources
- Modèle:Ouvrage Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage Modèle:Plume Modèle:Retrait
- Florence de Mèredieu, Antonin Artaud, Portraits et gris-gris, Paris, Blusson, 1984. - Il s’agit du premier livre portant sur les dessins et pages de Cahiers d’Artaud. Très largement illustré et comportant les principaux textes qu’Artaud a consacé à ses propres dessins. Nouvelle édition augmentée de deux articles (datant de 1983 et 1985 et portant respectivement sur les rapports d’Artaud au peintre Balthus et sur la relation d’Artaud à l’art brut et aux graffitis), 2008. Cette dernière édition a fait l’objet, en 2019, d’une édition enrichie de 22 hors-textes couleur. Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage Modèle:Plume
- Florence de Mèredieu, Sur l’électrochoc, le Cas Antonin Artaud, Blusson, 1996, 254 p. Modèle:ISBN.
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- Modèle:OuvrageModèle:Plume
- Modèle:OuvrageModèle:Plume
- Paule Thévenin (avec Jacques Derrida), Antonin Artaud. Dessins et portraits, Paris, Gallimard, 1986.
- Paule Thévenin, Antonin Artaud, ce Désespéré qui vous parle, Paris, Le Seuil, 1993, coll. "Fiction et Cie".
- Paule Thévenin, Textes (1962-1993), Paris, Lignes, 2005.
- Paule Thévenin, Antonin Artaud : fin de l'ère chrétienne, Paris, Lignes/Léo Scheer, 2006.
- Laurent Vignat, Antonin Artaud, le visionnaire hurlant, Clichy, Éditions du Jasmin, coll. Signes de vie, 2017, 216 p. Modèle:ISBN
- Thierry Galibert, La bestialité, Cabris, Sulliver, 2008, 570 p. Modèle:ISBN
- Thierry Galibert, La sauvagerie, Cabris, Sulliver, 2018, 348 p. )Modèle:ISBN
- Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, La véritable histoire d’Artaud le mômo, éditions Le Temps qu’il fait, 2020, 155 p.
Voir aussi
Articles connexes
Notices
Liens externes
- Bulletin international Antonin Artaud
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