Max Jacob

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Écrivain Max Jacob, né Max Jacob Alexandre le Modèle:Date de naissance à Quimper<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref> et mort le Modèle:Date de décès à Drancy, est un poète moderniste, romancier et peintre français.

Précurseur de Dada puis du surréalisme sans y adhérer, il bouleverse de son vers libre et burlesque la poésie française dès 1917, après avoir renoncé à sa carrière de journaliste auprès d'Alphonse Allais et s'être intimement lié à Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, André Salmon, Amedeo Modigliani. Artiste vivant principalement de sa peinture, laquelle a été assimilée à l'École de Paris, il devient à partir de 1934 un épistolier influent, en particulier sur Jean Cocteau, et prolixe, dont la théorie esthétique, au-delà du mysticisme qui anime son écriture, sert en 1941 de fondement à l'École de Rochefort.

Né en Basse Bretagne dans une famille juive voltairienne et non pratiquante, Max Jacob, qui restera toute sa vie tourmenté par son homosexualité, se convertit en 1915 au catholicisme après avoir eu plusieurs visions, tout en continuant à animer l'avant-garde montmartroise et montparnassienne. À partir de 1936, il mène à Saint-Benoît-sur-Loire la vie monacale d'un oblat séculier rattaché à l'abbaye de Fleury. Sa poésie témoigne dès lors du quasi quiétisme dans lequel il assume douloureusement sa vie de pécheur comme une condition de sa rédemption. Ses origines ashkénazes lui valent, six mois avant la Libération de Paris, d'être arrêté par la Gestapo, destin qu'il accepte comme un martyre libérateur. Interné par la gendarmerie française dans le camp de Drancy, il y meurt en cinq jours, trente heures avant sa déportation programmée pour Auschwitz.

Biographie

Années de formation

Histoire d'un nom

Max Jacob Alexandre naît le Modèle:Date de naissance au 14, rue du Parc à Quimper<ref name=":1" />, à l'entresol du café qui fait l'angle avec la rue Saint-François, dans une famille juive voltairienne<ref>Max Jacob, « Lettre à Moïse Kisling », 1924, in Correspondance, Modèle:Vol., Paris, Éditions de Paris, 1953, Modèle:P..</ref> non pratiquante, ne serait-ce qu'en raison de l'absence de coreligionnaires<ref name="HH">Hélène Henry, « Biobibliographie de Max Jacob », AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, 200?.</ref> et de synagogue. Madame Alexandre, née Jacob, donne à ses trois cadets Jacob pour deuxième prénom (Gaston Jacob, Max Jacob, Jacques Jacob)<ref name=":1" />.

Fichier:Paul Gauguin 137.jpg
Max Jacob, toute sa vie tourmenté par ses démons, placera l'ensemble de son œuvre sous le signe de Jacob luttant avec l'Ange<ref>R. Szigeti, « Max Jacob poète et peintre de Dieu. », in Créer, n° spéc., Modèle:P., 1976.</ref>, représenté ici par Gauguin, en 1888. Il finira par voir dans le changement de nom d'Israël et l'acquisition du droit d’aînesse par celui-ci la prémonition de la conversion des Juifs au christianisme<ref>M. Jacob, Lettre à C. Moricand, Modèle:Date-, cité in S. J. Collier, Lettres à Claude Valence & à Théophile Briant, Modèle:P., Blackwell, Oxford, 1966.</ref>, dont enfant il souffrait d'être exclu.

Le grand-père paternel de Max Jacob, Samuel Alexandre, est un colporteur né dans la Sarre, autrefois française, au sein d'une famille de maquignons. Il est issu de ces familles ashkénazes de l'ex-Cisrhénanie qui ont été émancipées par la France révolutionnaire et ruinées par les guerres napoléoniennes. Il immigre en France à l'âge de treize ans et finit par s'installer en 1858 à Quimper, où il fera fortune dans la confection. Aidé de ses deux fils, il ouvre en 1870 plusieurs succursales, dont un magasin proposant toutes sortes d'objets pittoresques bretons, pratique des campagnes publicitaires et remporte plusieurs prix d'expositions universelles, notamment celle de 1867<ref>"Journal de l'exposition universelle, 1867.</ref>. Le couturier saisit le goût celtisant de l'époque et se fait styliste. Pour le mobilier, il invente le style breton. En brodant les motifs des parois du cairn de Gavrinis, il a une influence certaine sur la mode bretonne<ref>Y. Brékilien, La Vie quotidienne des paysans bretons au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:P., Librairie Hachette, Paris, 1966.</ref>.

Le père de Max Jacob, Lazare Alexandre, exerce le métier de kemener, c'est-à-dire tailleur-brodeur. Dans la Bretagne d'alors, c'est un métier estimé par les coquettes de Quimper et leurs maris bourgeois, mais, en raison de préjugés relatifs à la virilité, moqué par le peuple des campagnes et les enfants. Quand Lazare Alexandre<ref>« Casier judiciaire », Tribunal de première instance, Quimper, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref> épouse en 1871 une Parisienne, Prudence Jacob<ref name="naiss">« Bulletin de naissance », Mairie, Quimper, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref>, il est, dans l'entreprise paternelle, à la tête d'une équipe de dennerien neud, brodeurs travaillant à domicile. Les Jacob possèdent des ateliers de confection à Lorient, et c'est sous la marque « Jacob » que l'entreprise Alexandre développe sa notoriété.

Le Modèle:Date-, Samuel Alexandre et ses fils font changer leur nom à l'état civil<ref name=":1" /> et adoptent officiellement le nom de famille « Jacob », sous lequel ils sont connus de leurs clients. « Jacob » a en outre l'avantage d'être, comme beaucoup de prénoms bibliques, un patronyme typiquement cornouaillais. Max Jacob Alexandre a douze ans quand il devient Max Jacob.

Max Jacob a de nombreux cousins plus ou moins éloignés<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, comme : la résistante Andrée Jacob<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, le compositeur Maxime Jacob, alias Dom Clément Jacob<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Jean-Richard Bloch<ref>Modèle:Article</ref>, Ernest La Jeunesse, Sylvain Lévi.

Enfance bretonne (1876-1894)

Fichier:L'Odet et la cathédrale Louis Barroin Le nouveau voyage en France 1899 Gallica.jpg
Le pâté de maisons où habitent les Alexandre devant les marronniers qui bordent l'Odet (gravure de Louis Barroin, L'Odet et la cathédrale de Quimper, 1899). De sa chambre, Max Jacob voyait la cathédrale Saint-Corentin où il n'avait pas le droit de rejoindre ses camarades.

Vivant au premier étage d'une élégante maison neuve au 8, rue du Parc, le long de l'Odet, le petit Max passe à Quimper une enfance confortable, imprégnée de légendes et de la ferveur catholique des pardons qu'exaltent la défaite de 1870, la Grande Dépression, l'implication du clergé dans le revanchisme et le « redressement moral », puis la politique de l'« esprit nouveau », notamment par le culte du Sacré-Cœur. N'ayant pas reçu le baptême, il souffre d'être exclu de cette vie fervente, particulièrement quand les processions défilent sous les six fenêtres du balcon. Il apprend l'orgue dans la cathédrale Saint-Corentin avec son professeur de piano.

Depuis son plus jeune âge, il manifeste une phobie des chiens même petits, peur irrationnelle qui le poursuivra toute sa vie, de sorte qu'il se fera mordre de nombreuses fois et que les animaux représenteront souvent dans sa poésie des lieux d'angoisse<ref>M. Jacob, Lettre à A. Moricand, Modèle:Date-, cité in S. J. Collier, Lettres à Claude Valence & à Théophile Briant, Modèle:P., Blackwell, Oxford, 1966.</ref>. Dès l'âge de huit ans, il s'amuse à prédire avec assurance l'avenir de ses camarades et fait des horoscopes. Il se moque des enfants bretonnants et joue aux « rêves inventés ». Battu par sa sœur et son frère aînés, il ne trouve pas de consolation auprès d'une mère railleuse, toute à sa toilette, et restera très attaché à la petite dernière, Myrthe-Léa, qui a huit ans de moins que lui.

À treize ans, afin de soigner sa nervosité débordante, il est envoyé à Paris consulter Jean-Martin Charcot<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>, lequel pratique une psychothérapie fondée sur la suggestion et utilise parfois l'hypnose. Il passe l'année scolaire 1890-1891 dans une maison de santé pour adolescents issus des milieux favorisés. Au retour de cette expérience parisienne, où la fréquentation des pensionnaires l'a sensibilisé aux beaux-arts et à la musique<ref name=":0" />, il entame une scolarité des plus brillantes, conversant souvent en privé avec ses professeurs, collectionnant les prix en histoire, en sciences naturelles, en allemand, en rhétorique. Il s'enthousiasme pour Baudelaire et Jules Laforgue<ref>A. Gaultier, Abécédaire du cubisme, Modèle:P., Flammarion, Paris, 2002 Modèle:ISBN.</ref> et, avec ses camarades les plus exaltés, essaie de lancer des revues littéraires qui fâchent le proviseur. En 1894, il obtient un huitième accessit au concours général de philosophie, et se voit proposer une bourse pour préparer le concours de Normale, dans une classe du prestigieux lycée Lakanal, à laquelle il renonce.

Étudiant dans le Paris de la Belle Époque (1895-1898)

À la rentrée 1894, Max Jacob choisit de suivre à Paris les traces de son frère aîné, Maurice « l'Africain », à l'École coloniale. Il s'y oriente pour devenir cadre dans l'administration coloniale de l'Indochine. Logeant à l'hôtel Corneille, rue Corneille, dans le Quartier latin, il suit en parallèle le cursus de la Faculté de droit de la Sorbonne.

Le Modèle:Date-, son meilleur ami, Raoul Bolloré, petit-neveu de l'industriel Jean-René Bolloré et génie précoce, auquel il voue une admiration particulière empreinte d'exaltation<ref>Y. Pelletier, cité in A. G. Hamon, « Max Jacob ou l'image d'un raté », in La Bretagne, Modèle:P., Paris, Modèle:Date-.</ref>, se suicide à Rennes, en se jetant dans la Vilaine. Il en portera le deuil mélancolique toute sa vie<ref>M. Jacob, « Lettre à René Villard », Modèle:Date-, in Y. Pelletier, Lettres à René Villard, Modèle:T., Modèle:P., Rougerie, Mortemart, 1978.</ref>. Il échoue à tous ses examens et l'année scolaire 1895-96 est une année de redoublement, tant à la Faculté de droit qu'à l'École coloniale. Dans celle-ci, il prépare par anticipation les concours d'entrée dans l'administration pénitentiaire coloniale.

Réformé en Modèle:Date- pour insuffisance pulmonaire au bout de deux mois<ref name="Rens2">M. Jacob, « Renseignements produits à l'appui d'une proposition de Chevalier dans la Légion d'honneur », Modèle:P., Ordre national de la Légion d'honneur, Paris, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref> de service militaire passé au [[118e régiment d'infanterie|Modèle:118e de ligne]]<ref name="Rens2"/> de Quimper, il attend la rentrée suivante dans une mansarde de la maison paternelle aménagée par lui<ref>Robert Gulette, La Vie de Max Jacob, Modèle:P., Nizet, Paris, 1976.</ref>, en s'adonnant avec rage au piano et au dessin paysager. Au bout du premier trimestre de sa seconde année, en Modèle:Date-, il est conduit à démissionner de l'École coloniale. Renonçant aux rêves de voyages exotiques, il retourne pour quelques semaines à Quimper, où il retrouve son piano et son désœuvrement.

À vingt et un ans, attiré par le tourbillon de la fête parisienne, rêvant de devenir l'homme de lettres promis par le concours général, il profite de sa majorité, au grand dam de ses parents, pour retrouver Paris en Modèle:Date-, où un collègue l'héberge provisoirement. Tout en continuant ses études de droit, passant d'une chambre misérable à l'autre, boulevard Arago puis rue Denfert-Rochereau, il tâche de gagner sa vie comme accompagnateur de piano, puis animateur d'un cours de dessin dans une école communale. En Modèle:Date-, il passe avec succès ses examens et reçoit son diplôme de licence de droit<ref name="Rens1">M. Jacob, « Renseignements produits à l'appui d'une proposition de Chevalier dans la Légion d'honneur », Modèle:P., Ordre national de la Légion d'honneur, Paris, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref>, option droit maritime, le Modèle:Date-.

Journaliste caractériel (1899-1901)

En Modèle:Date-, Max Jacob, introduit par le peintre et ami Fernand Alkan-Lévy auprès de Roger Marx et recommandé par celui-ci, commence à exercer comme critique d'art sous le nom de son grand-père maternel, Léon David, au Moniteur des arts<ref name="Godard">J. Godard, « Sources d'Apollinaire », in M. Décaudin, Apollinaire en son temps. Actes du quatorzième colloque de Stavelot Modèle:Date- - Modèle:Date-., Modèle:P., Sorbonne nouvelle, Paris, 1989.</ref>, ce qui lui permet de parcourir les expositions. En Modèle:Date-, il est promu rédacteur en chef<ref name="Rens2"/> de La Revue d'art<ref name="Joseph">L.-A. Joseph, Chroniques d'art 1898-1900, Lettres modernes, Paris, 1987, Modèle:EAN, Modèle:Nb p.</ref>, nouveau titre de cette revue, publiée par Ernest Flammarion et reprise par Maurice Méry.

Fichier:Max Jacob autoportrait.jpg
Autoportrait au crayon daté de 1901<ref name="Tuduri">Cité in Claude Tuduri, « Max Jacob, cet inconnu. », in Études, Modèle:T., Modèle:P., Société d’éditions de revues, Paris, Modèle:Date- Modèle:DOI Modèle:ISSN.</ref>.

Celui-ci veille comme un père sur le jeune homme et Madame Méry reçoit à dîner le protégé de son mari. Installé dans la carrière de journaliste, Max Jacob, alias Léon David, porte barbe et redingote. Il est devenu l'objet de la fierté familiale. Payé vingt francs, somme relativement considérable, par article hebdomadaire, il s'offre des cours de dessin à l'atelier dont Jean-Paul Laurens a confié l'animation à ses élèves, à l'Académie Julian.

Le ton condescendant et le style pédant par lesquels les articles de Léon David proclament la fin du classicisme agacent, au point que son directeur, Maurice Méry, se sent obligé de prendre la plume et de défendre l'indépendance de ses journalistes. Lassé du métier d'écrivaillon tirant à la ligne, exaspéré par un lectorat conformiste, Max Jacob démissionne à la fin<ref name="Joseph"/> d'Modèle:Date-<ref name="Godard"/> et tombe malade. En Modèle:Date-, il revient prendre un poste de secrétaire de rédaction au Sourire, une revue satirique fondée par Maurice Méry quatre mois plus tôt Modèle:Référence nécessaire. Il y publie quelques articles, dont certains signés du nom de son rédacteur en chef, Alphonse Allais.

C'est à Montmartre, chez Pedro Mañach, qu'en Modèle:Date, après en avoir admiré une des toiles exposées chez Ambroise Vollard<ref>Ch. van Rogger Andreucci, Max Jacob : acrobate absolu., Modèle:P., Champ Vallon, Seyssel, 1993 Modèle:ISBN.</ref>, Max Jacob, qui a laissé sa carte à chaque fois qu'il passait à la galerie avec un mot pour le peintre méconnu<ref name="Henry">Modèle:Article.</ref>, fait la connaissance de Pablo Picasso. Auprès du critique, de cinq ans son aîné, le jeune peintre fraichement arrivé d'Espagne et dont le compagnon d'infortune, Carlos Casagemas, perdu d'alcool, vient de se suicider, se familiarise avec le français et le Paris des arts.

Max Jacob, reconnu par la profession et estimé des peintres, mais déçu par sa Modèle:Citation, décide de tenter sa chance dans sa province. Ce qui le détermine à briser sa carrière, c'est la prise de conscience de l'écart entre la langue pratiquée par les journalistes et son projet initial de devenir écrivain. Il publie son dernier article dans Le Sourire le Modèle:Date-, un poème intitulé en forme de sourire Enterrement, trois jours avant Noël.

L'aventure de l'art moderne

Le tournant Picasso (1902)

Rentré à Quimper, Max Jacob, à vingt-cinq ans, s'essaie à divers métiers, dont celui de menuisier. Son espoir d'obtenir par relation un poste de petit fonctionnaire ayant été déçu, il retourne à Paris, où il trouve à louer une chambre quai aux Fleurs. Il se retrouve sans soutien et multiplie les emplois à l'essai. En 1902, il est clerc d'avoué, précepteur, employé de l'Entrepôt Voltaire.

En Modèle:Date-, Pablo Picasso, rencontré quinze mois plus tôt et reparti à Barcelone en janvier, revient à Paris. Les deux crève-la-faim s'entendent pour partager la chambre que Max Jacob loue boulevard Voltaire, dans le quartier de la rue Popincourt de Casque d'or et des Apaches. Ils y dorment à tour de rôle, le poète la nuit, le peintre le jour<ref name="Delpirou">D. Delpirou, « Quand Max Jacob vivait à Montmartre », in Le 18e du mois, Paris, Modèle:Date-.</ref>. Cette surexploitation pratiquée par les marchands de sommeil est tout à fait habituelle dans un Paris haussmannien peuplé d'ouvriers. Pour payer sa part, Max Jacob accepte tout travail. Il vend des horoscopes dans les palaces, à des femmes du demi-monde et à leurs clients, de faux princes russes<ref name="Quintrec71">Ch. Le Quintrec, Anthologie de la poésie bretonne 1880-1980, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1980 Modèle:ISBN.</ref>.

La bohème montmartroise (1903-1906)

Fichier:Barbes3.jpg
Le Barbès de Max Jacob.

En Modèle:Date-, Pablo Picasso repart pour Barcelone et Max Jacob emménage 33 boulevard Barbès<ref name="Delpirou" />, au pied de la butte Montmartre. Il entame une amitié indéfectible avec André Salmon, qu'il a rencontré en Modèle:Date-, en même temps qu'Edmond-Marie Poullain au Caveau du Soleil d'or, au cours d'une des soirées de La Plume qu'organise Karl Boès et que fréquente aussi un ami de ce dernier, son ancien directeur Alphonse Allais. Il se lie aux autres peintres qui fréquentent la bohème montmartroise au Chat noir, 68 boulevard de Clichy : Georges Braque, Henri Matisse, Amedeo Modigliani, mais aussi les critiques d'avant-garde, dont Beatrice Hastings. Il a une aventure libertine<ref>M. Jacob, Lettre à É. Gazanian, Paris, 1903, cité in F. Garnier, Correspondance, Modèle:T., Modèle:P., Éditions de Paris, Paris, 1953.</ref> avec une femme pauvre<ref name="Segal">A. Segal, « Max Jacob amoureux », in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref> rencontrée à l'entrepôt Voltaire<ref>M. Béalu cité in Ségal, op. cité.</ref>, Cécile Acker, Modèle:Citation<ref>M. Jacob, « Cécile, la seule passion violente de ma vie », 1903, crayon graphite, encre et lavis sur papier, Collection privée, cité in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref> qui le désespère<ref name="Culpabilité">Ch. Pelletier, « Une culpabilité : l'homosexualité. », in Biocritique non autorisée, Christian Pelletier, [s.l.], [s.d.].</ref>.

C'est la misère noire. Plutôt que de se nourrir, Max Jacob dépense avec ses amis le peu de pension qu'il reçoit de son père en mauvais vin au Lapin Agile et autres guinguettes. Il survit grâce à de petits métiers, balayage, garde d'enfants… Déguisé en disciple de l'École de Pont-Aven, il porte le costume glazic de son Quimper natal, s'initie en autodidacte<ref name="Quintrec71"/> à la poésie et à la gouache, et essaie de vendre ses œuvres le soir dans les cafés du quartier interlope de Montmartre. De Barcelone, Pablo Picasso lui conseille de renoncer à Cécile Acker<ref>P. Picasso, « Mon cher et vieux Max [...] et toi et bien amouré de ta pas belle et pas très-fine 1 de famme marié ; o les amours. [...] il faut que toi la vexes beaucoup pas que comé ça ça passera plus vitte. [...] Adieu mon Vieux et je te ambrase. », Barcelone, Modèle:Date-, cité in Ch. Pelletier, op. cité.</ref> et lui suggère d'écrire pour les enfants. L'Histoire du roi Modèle:Souverain- et de son marmiton Gauwain lui rapporte cent francs<ref name="Quintrec72">Ch. Le Quintrec, Anthologie de la poésie bretonne 1880-1980, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1980 Modèle:ISBN.</ref> et un début de reconnaissance, le livre servant de prix scolaire<ref name="Rens3">M. Jacob, « Renseignements produits à l'appui d'une proposition de Chevalier dans la Légion d'honneur », Modèle:P., Ordre national de la Légion d'honneur, Paris, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref>.

En 1904, il est employé à la centrale d'achat que son cousin Gustave Gompel possède, Paris-France, mais son incompétence fait interrompre l'expérience au bout de huit mois. Il abuse en effet de l'éther, source de son inspiration. En novembre, Picasso lui présente un critique avant-gardiste, Guillaume Apollinaire. La rencontre a lieu dans un bar de la rue d'Amsterdam, l'Austin's Fox<ref>M. Jacob, Lettre du Modèle:Date-, in Lettres à Bernard Esdras-Grosse, Sghers, Paris, 1953.</ref>. Le Journal des Instituteurs publie de lui, en quatre épisodes, un conte pour enfants, Le Géant du Soleil.

En 1905, il se fiance<ref>M. Jacob, Lettre à Guillaume Apollinaire, Paris, [s. d.], cité in H. Seckel, E. Chevrière & H. Henry, Max Jacob et Picasso, Modèle:P., RMN, Paris, 1994.</ref> à Cécile Acker, mais les crises mystiques de celle-ci<ref name="Amitiés235">Les Amitiés & les Amours : correspondances., Modèle:T., Modèle:P., L'Arganier, Nantes, 2005.</ref> mettent un terme<ref name="Culpabilité"/> au projet de ménage après seulement quelques mois<ref name="Segal"/>. Les anciens amants resteront liés<ref>Les Amitiés & les Amours : correspondances., Modèle:T., Modèle:P., L'Arganier, Nantes, 2005.</ref> par une foi mystique partagée<ref name="Amitiés235"/>. Un soir de 1905, en rentrant du cirque Medrano avec Max Jacob, Pablo Picasso demande à celui-ci de poser<ref name="Penrose">R. Penrose, Picasso, Modèle:P., Champs, 1971.</ref>. Picasso sculpte dans la glaise ce qui, après l'ajout d'un bonnet de bouffon, deviendra un de ses plus célèbres bronzes, Le Fou, mais le lendemain, du portrait, seul le sourire de son ami est conservé par l'artiste<ref name="Penrose"/>.

La phalange cubiste (1907-1908)

En 1907, Max Jacob s'installe dans une des chambrettes du Bateau-Lavoir, au 7 rue Ravignan, où Pablo Picasso et Juan Gris ont la leur. Trois ans plus tôt, quand Picasso s'y était installé, c'était Max Jacob qui avait donné le nom de « lavoir » à cette résidence d'artistes sordide, dont l'escalier central évoque un bastingage, car il n'y a, dans toute cette maison qu'il appellera l'« Acropole du cubisme »<ref>H. R. Lottman, trad. M. Véron, Amedeo Modigliani Prince de Montparnasse, Calmann Lévy, Paris, 2005 Modèle:ISBN.</ref>, qu'un seul et unique point d'eau.

Pablo Picasso y est en train d'achever le manifeste du cubisme qu'est Le Bordel d'Avignon. D'aucuns ont voulu voir dans le portrait d'une des femmes du tableau celui de la grand-mère avignonnaise de Max Jacob, qui a pu confier au peintre l'impression que lui inspirait durant son enfance ce personnage rude et austère<ref>X. Grall, « Max Jacob le poète : tribulations d'un funambule de Quimper à Drancy », in Les Nouvelles littéraires, Paris, Modèle:Date-.</ref>. Désormais la millionnaire américaine Gertrude Stein et son frère Léo, pilotés par celui qui ne se fait pas encore appeler Pierre Roché, soutiennent Picasso. En revanche, les gouaches de Max Jacob, que Daniel-Henry Kahnweiler expose, ne se vendent guère, mais la galerie de la rue Vignon attire les amateurs de nouveauté et facilite les échanges intellectuels. C'est sans doute là que deux ans plus tard Max Jacob rencontrera Fernand Léger. Quasi mendiant, il passe le soir dans les restaurants proposer ses poèmes aux clients.

Au printemps, Marie Laurencin, amie de Braque lancée par le collectionneur Roché, rencontre Picasso à la galerie de Clovis Sagot, où elle expose. La bande du Bateau-Lavoir s'en trouve bouleversée. Elle est la seule jeune fille peintre, et non pas seulement un modèle, Suzanne Valadon faisant déjà figure de matrone. Max Jacob, qui accuse une différence d'âge, est à la fois séduit par Marie Laurencin<ref>M. Jacob, « Lettre à M. Jouhandeau, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date- », in A. S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau, Modèle:P., Droz, Genève, 1979.</ref>, choqué par l'amour libre<ref>M. Jacob, « Lettre à M. Jouhandeau, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date- », in A. S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau, Modèle:P., Droz, Genève, 1979.</ref> et blessé d'être rejeté<ref>M. Jacob, « Lettre à M. Jouhandeau, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date- », in A. S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau, Modèle:P., Droz, Genève, 1979.</ref>. Le groupe se restructure autour des deux couples Laurencin-Apollinaire et Fernande-Picasso, éloignant un peu plus Max Jacob de ce dernier. L'admiration pour Apollinaire n'est pas non plus réciproque. Quand celui-ci devient le principal animateur de La Phalange, revue que dirige Jean Royère, il se garde bien de prévenir son ami poète<ref>J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref>. C'est qu'il le considère, ainsi que Picasso, non comme un artiste, mais comme un compagnon loufoque, un peu stupide sinon complètement fou, mais sachant rire à propos<ref>M. Jacob, Lettre à N. Clifford Barney, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in F. Chapon, N. Prévot & R. Sieburth, dir. G. Blin, Autour de Natalie Clifford Barney, Modèle:P., BLJD, Paris, 1976.</ref>,<ref>M. Jacob, Lettre à N. Clifford Barney, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in F. Chapon, N. Prévot & R. Sieburth, dir. G. Blin, Autour de Natalie Clifford Barney, Modèle:P., BLJD, Paris, 1976.</ref>,<ref>M. Jacob, Lettre à Henry Lasserre, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref>.

Ah! L'envie me démange
De te faire un ange,
De te faire un ange
En fourrageant ton sein,
Marie Laurencin,
Marie Laurencin!
Chansonnette galante
de Max Jacob, vers 1908.

Un soir de Modèle:Date-, en compagnie des deux couples, auxquels se sont joints Maurice Princet et sa femme Alice, il expérimente le haschich<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>. En juillet, c'est lui que Fernande Olivier, rendue stérile par une « fausse couche », charge de ramener à l'orphelinat la petite Raymonde, âgée de treize ans, que le couple avait trois mois plus tôt envisagé d'adopter<ref>H. Seckel & A. Cariou, Max Jacob-Picasso, Modèle:P., RMN, Paris, 1994.</ref>. Seul Max Jacob avait prêté un peu d'attention à l'orpheline. Jalousie ou prévention maternelle, sa mère adoptive craignait désormais de la voir entraînée dans les fantasmes de Picasso. Celui-ci avait en effet commencé à dessiner l'adolescente nue.

Peu de temps après, à cause d'une chansonnette grivoise sur Marie Laurencin qu'il a composée et fait jouer dans un cabaret, Max Jacob manque de se faire casser la figure par Guillaume Apollinaire. Au printemps 1908, la fâcherie oubliée, celui-ci, qui a le sens des relations et de la publicité, ce que Max Jacob n'a pas, consent enfin, pour une fois, à l'occasion de la présentation de la nouvelle formule de La Phalange, à le révéler au public<ref name="Tempshéros"/>, à le compter parmi les acteurs de ce qu'il appellera L'Esprit nouveau<ref>G. Apollinaire, L'Esprit nouveau et les poètes, Vieux Colombier, Paris, Modèle:Date-, rééd. Altamira, 1997 Modèle:ISBN;</ref> et à publier deux<ref>Brosse contre brosse,
Traduit peut-être de Henri Heine.</ref> de ses poèmes<ref>Ch. van Rogger-Andreucci, Poésie et religion dans l’œuvre de Max Jacob, Modèle:P., n. 34, Champion, Paris, 1994.</ref>.

Vocation mystique (1909-1911)

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Guillaume Apollinaire et sa muse, réponse donné en 1910 par le peintre Max Jacob à La Muse inspirant le poète du Douanier célébrant le couple Laurencin-Apollinaire.

Seul face à ses démons, Max Jacob étudie, à la bibliothèque le jour et veillant la nuit, les textes mystiques, le Zohar et quelques autres textes de la Kabbale, le bouddhisme, l'astrologie, l'occultisme<ref name="Quintrec72"/>. Toujours affamé<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>, il ajoute à sa consommation d'éther, qu'il achète au litre, celle des tisanes de jusquiame, qui lui servent à invoquer les démons, mais ce qui lui arrive le Modèle:Date-, à l'âge de trente-trois ans, est d'une tout autre nature. Alors qu'il rentre de la Bibliothèque nationale, l'image d'un ange lui apparaît sur le mur de sa chambre au 7, rue Ravignan : Modèle:Citation Il entoure l'apparition d'un cercle tracé sur le revêtement du mur. Élevé dans l'athéisme, mais sensible aux racines juives de sa famille, il se convertit intérieurement au catholicisme.

Pendant deux années<ref>P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref>, il se plonge dans ce qui restera l'œuvre de sa vie<ref>M. Jacob, Lettre à Raymond Queneau, Modèle:Date-, cité in P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref>, une exégèse occultiste<ref name="Andreu76">M. Jacob, Lettre à Daniel-Henry Kahnweiler, Modèle:Date-, cité in P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref> de l'Évangile, de l'Ancien Testament et des Pères de l'Église, qui lui donne les clefs des visions qui continuent d'absorber son esprit<ref name="Andreu76" />. Il y cherche les réponses aux voix qui lui disent Na !, c'est-à-dire « secret » en hébreu<ref>E. Jabès, in Coll., C'était il y a trente ans. In Memoriam Max Jacob, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoit-sur-Loire, 1974.</ref>. Il y trouve les preuves que le génie est une forme du phénomène de possession, manifestation du Saint Esprit qui est, selon lui, le nœud de l'Évangile<ref>M. Jacob, Lettre à Louis Guillaume, Modèle:Date-, cité in France-Asie, III, Modèle:N°, Modèle:P., EFEO, Saïgon, Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>.

Il reste logé et habillé misérablement. Picasso, devenu riche, s'est installé dans un grand appartement bourgeois de la place de Clichy, 11 boulevard de Clichy, et a une domestique, mais refuse à son ex-compagnon d'infortune l'aide financière qu'il lui demande<ref>J. Oberlé, « Max Jacob, poète et martyr », in La France libre, Modèle:N°, Modèle:P., Paris, Modèle:Date-.</ref>. Toutefois, le peintre grave quatre cuivres pour illustrer le premier ouvrage proprement moderne de son ami, Saint Matorel<ref>M. Jacob, Saint Matorel, Kahnweiler, Paris, 1911.</ref>. C'est le premier livre cubiste<ref>H. Seckel, E. Chevrière & H. Henry, Max Jacob et Picasso, Modèle:P., RMN, Paris, 1994.</ref>. L'idée de l'éditeur, Daniel-Henry Kahnweiler, est de promouvoir l'art moderne en associant les peintres et poètes. Il récidivera.

Max Jacob a l'habitude de distribuer des talismans à ses amis. Un soir de chiromancie, en 1911, chez le couple Laurencin-Apollinaire, il prédit à celui-ci son destin tragique<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>. En septembre, l'affaire du vol de la Joconde rompt les amitiés. Pablo Picasso, dans une crise de paranoïa agoraphobique au cours de laquelle il rase les murs pour éviter une police imaginaire et s'enferme à triple tour, exclut celui qui est devenu son rival le plus talentueux, Juan Gris.

En Modèle:Date-, au terme de deux années d'études, le Commentaire des Évangiles de Max Jacob est prêt à imprimer<ref name="Andreu76"/>. Selon la Doctrine, depuis la fin des temps évangéliques, Jésus Christ, comme celui-ci l'a annoncé dans son Modèle:Lien, intervient auprès des croyants par l'intermédiaire de l'Église qu'il a fondée et de ses saints, pour être les seuls interprètes du Paraclet, et non directement par des apparitions de lui-même. Sous peine de passer pour hérétique, Max Jacob doit renoncer à le publier. Il n'en restera que quelques échos dans des conférences qu'il donnera, notamment chez Paul Poiret le Modèle:Date- et à Madrid en Modèle:Date-<ref>A. Blanchet, in M. Jacob, La Défense de Tartufe, suivi du Récit de ma conversion., Modèle:P., n. 3, Gallimard, Paris, 1964.</ref>. Le manuscrit, remanié et refusé par Gallimard<ref>P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref> en Modèle:Date-<ref>M. Jacob, Lettre à Raymond Queneau, Modèle:Date-, cité in P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref>, est archivé à la Bibliothèque Doucet<ref>BLJD, cote 8214 (1-132), Sorbonne, Paris.</ref>. Une version posthume sera publiée en 1947.

L'avant-garde montparnassienne (1912-1914)

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De 1913 à 1921, Max Jacob habite au bout de cette impasse de Montmartre, no 17 rue Gabrielle (au fond, à hauteur des lanternes).

À partir de la mi-Modèle:Date-, Max Jacob est hébergé par Pablo Picasso dans le grand appartement bourgeois de la place Clichy<ref>M. Trebitsch, « Lettres à Jean-Richard Bloch - I "1909-1914" », in Europe, Modèle:N°, Modèle:P., Modèle:Date-.</ref>. Six mois plus tard, il a achevé Mémoires apocryphes, mise en scène de personnages animés par l'inconscience, mais le manuscrit, trop avant-gardiste<ref>M. Jacob, cité in Carnets de l'Association Louis Guillaume 1937-1944, Modèle:N°, Modèle:P., Paris, 1989.</ref>, est refusé par Fasquelle, malgré le soutien de Paul Poiret<ref>M. Jacob, Lettre à J. R. Bloch, Modèle:Date-, M. Trebitsch, « Lettres à Jean-Richard Bloch - I "1909-1914" », in Europe, Modèle:N°, Modèle:P., Modèle:Date-.</ref>. Il ne sera publié qu'en 1920 sous le titre Cinématoma.

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L'Ancienne Maison Delcros, 3 rue des Evadés de France à Céret.

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C'est avec un Juan Gris, resté brouillé avec Pablo Picasso, qu'en 1913 Max Jacob séjourne à Céret, dans le Vallespir. Il y réalise une série de dessins du village. À son retour, il quitte définitivement sa chambrette du Bateau-Lavoir déserté. Il emménage seul à l'autre bout de la rue, au no 17 rue Gabrielle. Le numéro d'août de La Phalange a publié cinq de ses poèmes, ce qui provoque une colère mémorable de Guillaume Apollinaire, qui n'a pas été consulté<ref>P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref>.

À la fin de cette année 1913, il est toutefois de ceux que Guillaume Apollinaire sollicite pour la nouvelle édition des Soirées de Paris, Revue littéraire dont la direction a été confiée à celui-ci par le peintre Serge Férat. Jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale, il fréquente, au cours des soirées mondaines organisées à Montparnasse, au siège de la revue, 278 boulevard Raspail<ref name="artcurial">J. Warnod, Serge Ferrat et ses amis in présentation de la vente Modèle:N° Hommage à Serge Ferrat - collection Haba et Alban Roussot, Arcturial, Paris, Modèle:Date-.</ref>, ou chez la baronne Oettingen, au 229<ref name="artcurial"/>, tout ce que la peinture, la littérature et la critique comptent de plus avant-gardiste, sur le plan artistique autant que sur le plan moral : Irène Lagut, Maurice Raynal, Blaise Cendrars, André Salmon, Fernand Léger, Albert Gleizes, Marc Chagall, Sonia Delaunay<ref name="artcurial"/>... Il est des membres de la fantomatique Société des Amis de Fantômas, qui n'a ni statut ni siège.

En 1914, il achève par Le Siège de Jérusalem, Modèle:Citation<ref name="Rens3"/> illustré par Pablo Picasso et Eugène Delâtre, le cycle de la transcription de son itinéraire spirituel<ref name="Larrouse"/> commencé en 1911 à travers le personnage de Saint Matorel, auquel il ajoutera un codicille en 1921. Le Modèle:Date-, il a une vision du Christ, durant une séance de cinéma. Il en aura d'autres<ref name="Clézio12"/>. Deux mois après sa vision, le Modèle:Date, Max Jacob, âgé de trente-huit ans, reçoit enfin le baptême sous le patronage de Cyprien au couvent de Sion, rue Notre-Dame-des-Champs, Pablo Picasso étant son parrain<ref>http://www.max-jacob.com/biobibliographie.html</ref>. Il pense pouvoir partager son mysticisme avec le magnétique Amedeo Modigliani, mais celui-ci, comme Picasso précédemment, préfère se tourner vers les femmes.

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Le front de la révolution artistique (1915-1918)

Durant la Grande Guerre, Max Jacob, réformé en 1896, profite de la cantine de Marie Vassilieff. Il découvre avec André Salmon, Paul Fort, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Pierre Reverdy la jeune génération de l'intelligentsia, Jules Romains, André Breton, Philippe Soupault, Jacques Lacan, Jean Paulhan, Tristan Tzara, Jean Cassou, Louis Aragon<ref>Modèle:Article.</ref>, à la Maison des Amis du Livre, librairie qu'Adrienne Monnier a ouvert en Modèle:Date-. Il y rencontre André Gide et Paul Valéry. Il est sollicité pour rédiger des textes présentant les expositions de ses amis peintres.

Fichier:Modigliani, Amedeo (1884-1920) - Ritratto di Max Jacob (1876-1944).jpg
Portrait sans chapeau par Modigliani, 1916.
Fichier:Modigliani, Amedeo (1884-1920) - Ritratto di Max Jacob (1876-1944) 2.jpg
Portrait de Max Jacob par Modigliani, 1916.
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Amedeo Modigliani, Max Jacob, André Salmon et Manuel Ortiz de Zárate. Photographie prise par Jean Cocteau à Montparnasse en 1916.

En Modèle:Date-, il est le chef de chœur des Mamelles de Tirésias. Son père est mort quelques semaines plus tôt à Quimper, où il a été enterré avec les honneurs municipaux. Max Jacob édite à compte d'auteur Le Cornet à dés, chef-d'œuvre<ref name="Livredor">P. Seghers, Le Livre d'or de la Poésie française, Modèle:P., Marabout Université, Verviers, 1970.</ref> par lequel il accède à la notoriété d'écrivain. Le titre répond au célèbre poème graphique Un coup de dés jamais n'abolira le hasard de Stéphane Mallarmé<ref name="Logist"/>, modernisateur de la poésie française décédé alors que Max Jacob n'avait que treize ans. Le Cornet à dès est une construction inventive de trois cents poèmes en prose méditatifs et aphorismes, presque tous écrits avant la guerre<ref>A. Rodriguez, in M. Jacob, Œuvres, collect° Quarto, Gallimard, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref> : Modèle:Citation À l'instar de Pierre Reverdy, il qualifiera lui-même cet enchaînement de tours de passe-passe<ref>Y. Belaval, La rencontre avec Max Jacob, Modèle:P., Vrin, Paris, 1974 Modèle:ISBN.</ref> verbaux d'œuvre cubiste<ref>Col., Centre de recherches Max Jacob, Modèle:N°, Modèle:P., Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 1985.</ref>.

En 1918, Max Jacob se lie avec le jeune Raymond Radiguet, qu'il présente à Jean Cocteau mais qui, à l'insu de celui-ci et sous une homosexualité duplice, profite, tel Henri-Pierre Roché, d'un Paris vidé de ses hommes pour multiplier les liaisons féminines, telle Irène Lagut<ref>J. J. Marchand, « Jean Cocteau », in La Quinzaine littéraire Modèle:N°, Modèle:P., Nadeau, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>. Ému par le récit du génocide arménien que lui font des réfugiés, il publie une sorte de manifeste poétique pour une intervention humanitaire, Les Alliés sont en Arménie.

Le Modèle:Date-, il est<ref>L. Campa, « L'enterrement d'Apollinaire », in L'Histoire, Modèle:N°, Sophia Publications, Paris, Modèle:Date-.</ref> avec Jean Cocteau, Ruby, et Pablo Picasso au chevet de Guillaume Apollinaire, quand celui-ci expire à l'hôpital sous le tableau Apollinaire et ses amis qu'avait peint Marie Laurencin en 1908 et qu'ils ont dressé dans la chambre pour évoquer les amours croisées d'antan. Le lendemain, au Sacré-Cœur, il entend Modèle:Citation<ref name="Guillaume">M. Jacob, « Si la mort de Guillaume fut chrétienne », in M. Jacob, Derniers poèmes, Modèle:P., NRF, Paris, réed. Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>, parole du Christ transfiguré s'adressant à ses disciples, et dessine la vision qu'il a du défunt devenu ange Modèle:Citation<ref name="Guillaume"/>.

Un mélancolique dans les Années folles (1918-1920)

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J. É. Blanche, Étude pour le portrait de Max Jacob, 1921.

La guerre finie, Max Jacob, dans les cafés en fête, Le Dôme, La Rotonde, La Coupole, retient l'attention d'une jeunesse frivole et désirable, mais il est convenu que tout ce qui a plus de trente ans sera vomi, Max Jacob<ref>P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref> comme Romain Rolland. Autour de celui-là, se forme toutefois un cénacle de jeunes auteurs qui résistent au matérialisme. Max Jacob y cultive l'amitié de Jacques Maritain, Marcel Jouhandeau, Modèle:Citation, Aurenche et Cocteau, Jacques-Émile Blanche.

Aux folles soirées du comte et de la comtesse de Beaumont, Lucien Daudet se travestit en Spectre de la rose, mais Max Jacob, lui, paraît en robe monastique<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>. Il se lasse du Paris des années folles et de lui-même, qui ne connaît pas la fortune, de ses amis partis, direction Nord-Sud, pour Montparnasse.

En 1920, Max Jacob participe à l'érection de la fictive République de Montmartre. Francis Poulenc lui commande Quatre poèmes. Les mélodies seront achevées en Modèle:Date- et créées le Modèle:Date-, mais la mode est versatile plus que jamais et le compositeur, délaissant la polyphonie, les reniera moins d'un an plus tard<ref>C. Schneider, « Quatre poèmes de Max Jacob », in Lettre & Mots, Modèle:N°, Modèle:P., Les Amis de Max Jacob, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref>.

Le Dos d'Arlequin, tentative de « synthèse du théâtre contemporain »<ref name="Rens3"/>, ne suscite pas l'intérêt des spectaculaires et provocateurs Mamelles de Tirésias, Parade et Mariés de la Tour Eiffel mis en scène par la jeune génération. Celle-ci pourtant, tels Joseph Delteil, Michel Leiris ou Antonin Artaud en 1921, le découvre, l'admire et prise ses conseils, alors que deux ans plus tôt Paul Dermée, qui appartient à la plus ancienne, assimilait son œuvre à une production déliquescente de malade mental. À une époque où Jacques Lacan n'avait pas encore réhabilité la théorie aristotélicienne<ref>Pseudo Aristote, Προβλήματα, Modèle:XXX,
trad. J. Barthélemy Saint Hilaire, Problèmes, Modèle:XXX "De la réflexion, de l'intelligence et de la sagesse", Hachette, Paris, 1891.</ref> du fou génial ni Salvador Dalí inventé celle de la paranoïa critique, c'était une faute de goût qui valut au critique d'être exclu du mouvement Dada<ref>A. Cape, Les Frontières du délire. Écrivains et fous au temps des avant-gardes, Modèle:P., Champion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>.

« Homme de lettres »

Désintoxication, reconstruction (1921-1925)

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Max Jacob, humoriste croqué par Les Nouvelles littéraires le Modèle:Date-<ref name="NL"/>.

Un an et demi après la mort prématurée d'Amedeo Modigliani, tuberculeux détruit par l'alcool, Max Jacob renonce définitivement aux psychotropes et en 1921, sur les conseils d'un ami prêtre, il s'exile à Saint-Benoît-sur-Loire, où il est hébergé au presbytère par l'abbé Albert Fleureau. C'est là qu'il achève un long poème en vers qui exprime sa lente revertébration, Le Laboratoire central, qu'il dédie au jeune Abbé Morel, Modèle:Citation. À Saint-Benoît, il reçoit les visites de ses amis en route pour la Côte et la villa Noailles, tels André Sauvage<ref>« Amitiés intellectuelles : Max Jacob, André Sauvage », BMO, Orléans, Modèle:Date--Modèle:Date-.</ref> ou Jean Cocteau<ref>J. Cocteau, Enveloppe autographe, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, in Catalogue de vente Ancienne collection Guillaume Apollinaire de Jean Cocteau, Modèle:P., S.v.v. Hubert Brissonneau, Paris, Modèle:Date-.</ref>.

Quand il n'écrit pas, Max Jacob se fait voyageur<ref name="Guiziou">Marie-Claire Durand Guiziou, « Max Jacob et l'Espagne », in Cahiers Max Jacob, Modèle:N°, Presses Universitaires de Pau, Pau, 2007.</ref>. À Saint Brieuc, Jean Grenier lui fait rencontrer le romancier qu'il ne sait lui-même pas être, Louis Guilloux. Dans sa Cornouaille natale, il se lie au peintre Lionel Floch et est reçu dans le cercle de Saint-Pol-Roux. Il séjourne chez des compagnons de fêtes, tel Louis Émié à Bordeaux, occasions de rechuter dans son alcoolisme mondain<ref name="Pougy60"/>. Quand il est de passage à Paris, il se rend aux dimanches de Boulogne, où il a l'occasion d'introduire un jeune talent, André Malraux.

En 1925, il est à Rome pour le Jubilé, où, hébergé par Paul Petit, il retrouve son ami Jean Grenier. Si un de ses plus importants ouvrages, Les Pénitents en maillots roses, parait, il n'arrive pas à achever un roman, Les Gants blancs<ref name="Guiziou"/>. À court d'argent, il est sur le point de vendre les lettres qu'il a d'Apollinaire et de Picasso, mais se ravise<ref name="Guiziou"/>.

L'homosexualité platonique (1925-1927)

Marianne avait un cheval blanc
Rouge par derrière noir par devant
Il avait une crinière
Comme une crémaillère
Il avait une étoile au front
Du crin sur les boulons
Il avait des sabots grenat
De la même couleur que vos bas
Où allez vous Marianne
Avec votre alezane
[...]
La Chanson de Marianne, mise en musique et chantée après-guerre par Jacques Douai, est un des dix-huit poèmes publiés en 1925<ref>M. Jacob, Les Pénitents en maillots roses, Collect° Les Cahiers nouveaux, Krà, Paris, 1925.</ref>.

En Modèle:Date-, Max Jacob fait la connaissance de Pierre-Michel Frenkel, incarnation de Thomas l'imposteur<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref> qui vit de l'argent que lui donnent pour un tour de piste les dames fréquentant les dancings<ref name="Kimball339">M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>. Max Jacob éprouve pour cet étudiant de vingt ans de l'Modèle:Citation et pendant deux mois entreprend de le convertir à la méditation religieuse mais il finit par céder au charme du Modèle:Citation<ref name="Kimball339" />,<ref name="Kimball362">M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>,<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>,<ref name="Jouhandeau247">M. Jacob, Lettre à Marcel Jouhandeau, Modèle:Date-, cité in A. S. Kimball, Lettres de Max Jacob à Marcel Jouhandeau, Modèle:Vol., Modèle:P., UW, Madison, 1969.</ref>.

Pour celui-ci, le quinquagénaire nourrit une passion<ref name="Peyre90">A. Peyre, Max Jacob quotidien, Modèle:P., J. Millas Martin, Paris, 1976.</ref> littéralement péderastique, mêlant homosexualité et éducation intellectuelle, qui transcenderait l'amour charnel et, contrairement à celui-ci, ne réduirait pas le partenaire à un objet de jouissance, mais désirerait son élévation<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>. Max Jacob se conforte dans cet amour mystique conçu comme une sublimation de l'amour charnel par l'enseignement du Livre de l'Ami et de l'Aimé, qu'il a traduit en 1919, et par l'exemple d'Anne Catherine Emmerich, dont les visions ont été publiées à l'occasion de son second procès en béatification. Cette éthique platonique partagée avec Cocteau heurte l'idéal grégorien de chasteté et les milieux bien-pensants. À l'occasion de la publication par Jean Cocteau du recueil Opéra, son ami maritaniste Julien Lanoë dénonce l'hypocrisie qu'il y aurait à confondre ange et éromène<ref>L. Émié, Dialogues avec Max Jacob, Modèle:P., réed. Le Festin, Bordeaux, 1994.</ref>. Modèle:Citation

De son côté, Jean Cocteau se plaint d'être l'objet de brimades, et effectivement, Max Jacob ne modère pas sa sévérité à l'endroit de la poésie de son éphèbe de trente-huit ans. Leur relation orageuse<ref name="Peyre90"/>, plus épistolaire que physique, s'interrompra en 1928<ref>M. Béalu, Le chapeau magique, Modèle:P., Belfond, Paris, 1980.</ref> pour sombrer définitivement dix ans plus tard quand Jean Cocteau viendra séjourner à Montargis, à quelques kilomètres de Saint-Benoît, en compagnie de Jean Marais<ref name="Peyre90"/>.

Le Modèle:Date-, à l'initiative de José Bergamín, Max Jacob est à Madrid<ref name="Guiziou"/>. Accueilli à la Résidence des étudiants par Alberto Jiménez Fraud<ref name="Guiziou"/>, auprès duquel Salvador Dalí et la future Génération de 27 terminent leurs études, il donne deux conférences<ref>M. Jacob, « Las diez plagas de Egipto y el dolor », in trad. J. Cordoba, Centre de recherche Max Jacob, Modèle:N°, Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 1983.
M. Jacob, « El verdadero significado de la religión católica », in trad. J. Cordoba, Centre de recherche Max Jacob, Modèle:N°, Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 1983.</ref> alimentaires<ref name="Pougy60">M. Jacob, Lettre au Prince Ghika, Saint-Benoit-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in J. Chalon, Lettres à Liane de Pougy, Modèle:P., Plon, Paris, 1980.</ref>. Désinvolte, il ne les a pas préparées mais elles sont très bien reçues<ref name="Guiziou"/>. Il profite de ces deux semaines<ref name="Guiziou"/> pour découvrir le Prado, l'Escurial et Tolède.

Au cours de cette année 1926, Pierre Reverdy, ami de quinze ans ayant rompu avec Coco Chanel, se retire définitivement à l'abbaye de Solesmes. Inversement, Max Jacob a acquis suffisamment de notoriété, reçoit assez de revenu de ses éditeurs, dont la prestigieuse maison Gallimard auprès de laquelle il s'est deux ans plus tôt imprudemment engagé à écrire deux romans en échange d'une mensualité de cinq cents francs, pour envisager de mettre un terme à sept années de retraite. Il reste obsédé par la figure de Robert delle Donne, qu'il revoit à Paris<ref>M. Jacob, Lettre à Maurice Sachs, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in H. Raczymow, Maurice Sachs ou les travaux forcés de la frivolité, Modèle:P., NRF Biographies, Paris, 1988 Modèle:ISBN.</ref>.

[...] mon Dieu joli. Je tiens tes bras entre mes bras et mon corps sur ton corps. [...] Tu es encore plus beau qu'auparavant, chéri [...]. J'aime à sentir ton corps dans mes bras [...]. Ton ventre est dur aussi. [...] Je suis amoureux de ton cadavre et je vois combien je t'aimais sans le savoir [...] jeune homme plus que charmant, plus que séduisant [...].
Mise au tombeau<ref>M. Jacob, La Défense de Tartuffe, Modèle:P., Société littéraire de France, Paris, 1919.</ref>,
hymne amoureux et ironique de Max Jacob
au corps du Christ descendu de la croix.

Au début de septembre de la même année, c'est Paris qui vient à lui en la personne de Maurice Sachs<ref name="Kimball450">M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>, secrétaire de Jean Cocteau rencontré chez celui ci à l'automne 1925. Maurice Sachs courtise lui aussi Robert delle Donne<ref name="Raczymow115-116">M. Jacob, Lettre à Maurice Sachs, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in H. Raczymow, Maurice Sachs ou les travaux forcés de la frivolité, Modèle:P., NRF Biographies, Paris, 1988 Modèle:ISBN.</ref>, lequel lui a trouvé un poste dans l'hôtel Vouillemot que possède son père 15 rue Boissy d'Anglas. Max Jacob avait donné une importante somme d'argent au jeune homme en échange de deux précieux boutons de manchettes, que le premier ne savait pas avoir été dérobés par le second au patron de celui-ci<ref name=Mousli316>Béatrice Mousli, Max Jacob, Modèle:P., collect° Grandes biographies, Flammarion, Paris, 2005 Modèle:ISBN.</ref>. Les deux hommes ont passé ensemble les deux derniers mois du printemps à Paris<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Cocteau, fin Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Max Jacob, Jean Cocteau : correspondance 1917-1944., Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>. Durant les deux mois et demi de cet automne 1926 qu'il passe chez de Max Jacob, à Saint-Benoît-sur-Loire, l'accompagnant dans deux courts voyages, Maurice Sachs apprend par l'exemple la discipline du métier d'écrivain, et l'objet du larcin qui a scellé leur « amitié », les boutons de manchettes, sont restitués à André delle Donne<ref name=Mousli316/>.

Un an plus tard, Maurice Sachs confie à Jacques Paul Bonjean, qui deviendra avec Pierre Colle l'agent de Max Jacob, une édition de luxe de quarante dessins de celui-ci, Visions des souffrances et de la mort de Jésus Fils de Dieu. Max Jacob est amoureusement<ref>M. Jacob, Lettre à Maurice Sachs, Saint-Benoît-sur-Loire, 1929, cité in H. Raczymow, Maurice Sachs ou les travaux forcés de la frivolité, Modèle:P., NRF Biographies, Paris, 1988 Modèle:ISBN.</ref> fasciné par Maurice Sachs. Il voit en lui le futur grand romancier français<ref name="Kimball450"/> mais il lui reproche d'aimer d'autres hommes et de s'intéresser moins à sa personne qu'au profit qu'il tire de ses œuvres<ref>M. Jacob, Lettre à Maurice Sachs, Saint-Benoît-sur-Loire, [s. d.], cité in H. Raczymow, Maurice Sachs ou les travaux forcés de la frivolité, Modèle:P., NRF Biographies, Paris, 1988 Modèle:ISBN.</ref>. Cet amour sans retour vire à la haine la plus noire quand Maurice Sachs publie son premier roman, en 1935. L'auteur, non sans manifester quelques relents d'antisémitisme, y caricature sous les traits d'un escroc en littérature, César Blum, le parangon du vice manipulant les sentiments des jeunes gens qu'il séduit pour son profit personnel.

Accident et frasques (1928-1931)

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Christopher Wood, Max Jacob, 1929, musée des Beaux-Arts de Quimper.

En 1928, Max Jacob retourne à Paris, et s'installe aux Batignolles, 55 rue Nollet<ref name="recept">A. Salmon, « Procès-verbal de réception d'un chevalier de la Légion d'honneur numéro de la matricule 191349 », Ordre national de la Légion d'honneur, Paris, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref>, dans un hôtel bon marché peuplé d'artistes, Jean Follain, Antonin Artaud, Georges Schehadé, Henri Sauguet<ref name="Delpirou"/>.

Le Modèle:Date-, la voiture qui le ramène de Saint-Malo<ref name="GautreauII">J. L. Gautreau, « Histoire d'une amitié, fidèle au-delà de la mort. Modèle:2e. », in Les Amis de Roger Toulouse, Modèle:N°, Modèle:P., Musée des beaux arts, Orléans, Modèle:Date-.</ref> à travers la campagne bretonne crève un pneu<ref name="GautreauII"/> et rencontre un arbre<ref>M. Jacob, Lettre à Sylvette Fillacier, 1929, cité in Europe, n° spéc. 93, Éditeurs français réunis, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>. Tibia et péroné gauches cassés<ref name="GautreauII"/>, une épaule démise<ref>M. Sachs, Télégramme, Modèle:Date-, Fond Max Jacob, BMO, Orléans.</ref>, son hospitalisation est prolongée de quatre mois<ref>M. Jacob, Lettre à Sylvette Fillacier, Modèle:Date-, cité in A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref> par une pneumonie nosocomiale. Cocteau, Picasso, Georges Ghika et sa femme Liane de Pougy, Coco Chanel, Misia Sert, Marie Laurencin se relaient à son chevet. Le Modèle:Date-, il chute et sa jambe se fracture au même endroit<ref name="GautreauII"/>. L'accident ouvre une procédure judiciaire de trois années entre assureurs au terme desquelles, moyennant une déclaration incriminant son ami quimpérois et agent Pierre Colle, le chauffeur, il obtient une pension viagère de sept mille francs qui constitueront l'essentiel de ses maigres revenus.

Il passe deux années de suite ses vacances à Tréboul, à l'hôtel Ty Mad, où le rejoignent sur la plage des amis artistes, tel Charles-Albert Cingria. Le port de Douarnenez et la société des marins lui offrent une atmosphère moins pesante que celle, bourgeoise et conformiste, voire homophobe, de son Quimper natal. C'est là, en Modèle:Date-, qu'il retrouve le couple Francis Rose et Frosca Munster accompagné de leur amant, Christopher "Kit" Wood, un peintre de vingt-neuf ans, qui a fait de lui un célèbre portrait, et auquel les amis de Max Jacob, qui a confessé à Charles Vildrac ses habitudes des jeunes agents de police<ref>J. Romains, Amitiés et rencontres, Modèle:P., J. Tallandier, Paris, 1970.</ref> moustachus<ref>P. Cabanne, Le siècle de Picasso, Modèle:Vol., Modèle:P., Bibliothèque Médiations, Paris, 1975.</ref>, prêtent une relation homosexuelle avec le poète de cinquante quatre ans<ref>« Christopher Wood et Max Jacob : quelles relations ? », in Bulletin mensuel, Modèle:N°, Modèle:P., Éditions Quintes-feuilles, Paris, Modèle:Date-.</ref>. Moins d'un mois plus tard, Christopher Wood, matériellement et moralement ruiné par ses toxicomanies, se suicide devant les yeux de sa mère à Salisbury, en se jetant sous le train entrant en gare.

Au début des années 1930, au sortir de l'hôpital, Max Jacob s'installe dans le même hôtel que Jean Cocteau, le Boissy d'Anglas<ref name="Lucien">L. Colle, « Souvenirs de Max Jacob », in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., Amis de Max Jacob, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref>, ex hôtel Vouillemont, au 15 de la rue du même nom. Il est des habitués du Bœuf sur le toit voisin. Il y retrouve les anciens musiciens du Groupe des Six et se fait librettiste pour les compositeurs Francis Poulenc, Henri Sauguet, Georges Auric... Il y fréquente aussi les jeunes gens comme Alain Messiaen<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Alain Daniélou, Christian Dior, Christian Bérard et s'éprend d'un gigolo argentin, Reggie de Sablon-Favier<ref>M. Jacob, Lettre à Pierre Minet, Paris, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Lettres à Pierre Minet, Modèle:P., Calligrammes, Quimper, 1988.</ref>, alias Reggy, qui devait se pendre à la suite de revers de fortune<ref>A. Kimball, Lettres à Pierre Minet, note, Modèle:P., Calligrammes, Quimper, 1988.</ref>. Dans les salons de l'hôtel de la Madeleine, il rencontre un sanskritiste du cercle de Cocteau, Philippe Lavastine, qui est le fils du psychiatre Maxime Laignel-Lavastine et a été l'élève de l'indianiste Sylvain Lévi<ref>A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., n. 1, Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref>. Tout en redoutant les tendances psychopathiques qu'il observe chez le jeune homme de vingt-deux ans et qui se retrouvent systématiquement chez ses partenaires, quatre ayant déjà réussi leur suicide, il nourrit pour celui-ci le même amour bercé de l'espoir de faire naître un écrivain<ref>M. Jacob, Lettre à Blaise Allan, Bénodet, été 1930, cité in A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref>.

La figure des années trente (1932-1935)

Modèle:Citation bloc

En 1932, pour une des dernières soirées données à la villa Noailles par Anna de Noailles, Francis Poulenc conçoit à partir d'extraits choisis et recomposés du Laboratoire central, qui a consacré le poète dix ans plus tôt, une cantate profane, Le Bal masqué.

[...]
Après la mort de mon amour, oh ! de longs mois après, la douleur et la joie d'avoir aimé (t'aimè-je encore ?) après l'obscur charnier des ruptures sanglantes, et morte et mort et toi en moi et moi en toi, et morte et mort, moi que voici et toi là-bas, je te parlai, ô l'angélique, je te parlai de cette visite dans la neige à la porte de ta maison en ce Paris de velours blanc, pierre de lune, ombre et lumière en chaque rue.
« Je savais que vous êtes fou, car tous les médecins vous le diront, les plus vrais fous sont les plus calmes. »
Et morte et mort, et toi en moi et moi en toi, et morte et mort, moi que voici, et toi là-bas
Ballade de la visite nocturne,
un des plus célèbres poèmes de Max Jacob<ref>M. Jacob, Ballades, Modèle:P., Nouvelles Éditions Debresse, Paris, 1954.</ref>.
La « femme » en question pourrait être René Dulsou.

À la fin de cette année 1932, Max Jacob a cinquante-six ans et une couronne de cheveux blancs quand il rencontre chez Léon Merle de Beaufort le jeune René Dulsou<ref name="PJ399">A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref>, étudiant en droit<ref name="Myrtille">M. Hugnet, cité in P. Sustrac, « Max Jacob - René Dulsou », in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref> qui multiplie les relations homosexuelles<ref>M. Jacob, Lettre à Liane de Pougy, Modèle:Date-, cité in J. Chalon, Lettres à Liane de Pougy, Modèle:P., Plon, Paris, 1980.</ref> et publie des critiques cinématographiques sous le pseudonyme de Sinclair<ref name="Myrtille"/>. Les sentiments d'amour Modèle:Citation qu'il éprouve pour celui-ci, contrevenant à son engagement en religion, le mettent à la torture<ref>M. Jacob, Lettre à Pierre Minet, Paris, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Lettres à Pierre Minet, Modèle:P., Calligrammes, Quimper, 1988.</ref> et le conduisent au bord du suicide<ref name="Pougy119">M. Jacob, Lettre à Liane de Pougy, Modèle:Date-, cité in J. Chalon, Lettres à Liane de Pougy, Modèle:P., Plon, Paris, 1980.</ref>. Par trois fois, son confesseur lui refuse l'absolution<ref name="Pougy119"/>. En juin, il est invité pour une semaine de vacances par les parents de René<ref>A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref> et en septembre, il part pour Lourdes, mais c'est pour rejoindre son amant dans le village voisin de Saint-Marcel-sur-Aude<ref>M. Jacob, Lettre à Pierre Minet, Paris, Modèle:Date-, cité in A. Kimball, Lettres à Pierre Minet, Modèle:P., Calligrammes, Quimper, 1988.</ref>.

Entretemps, le Modèle:Date-, André Salmon<ref name="recept"/> le fait nommer chevalier de la Légion d'honneur par le ministre de l'Éducation nationale<ref>« Légion d'honneur numéro de la matricule 191349 », Ordre national de la Légion d'honneur, Paris, Modèle:Date-, in Archives nationales, cote 19800035/307/41401, SIAF, Fontainebleau, 1962, cité in Base Léonore, Notice c-116812, Ministère de la culture, Paris, 2016.</ref> Anatole de Monzie, un ami de Marc Sangnier. À l'automne, il s'installe dans un entresol de la rue de Duras, qu'il loue et habite avec son agent Pierre Colle, le fils d'un ami d'enfance<ref name="Lucien"/> qui depuis deux ans tient avec le jeune Christian Dior une galerie d'art. Dans le Paris mondain, il fait montre d'un certain dandysme.

Sa notoriété lui vaut les sollicitations de jeunes poètes qui l'importunent, tel Edmond Jabès, mais auxquels il s'astreint de prodiguer ses conseils agacés<ref>S. Jaron, Lettres de Max Jacob à Edmond Jabès, Opales, Bordeaux, 2003, Modèle:Nb p.</ref>. Elle lui vaut aussi depuis une dizaine d'années l'opprobre de la presse catholique, ce qui le met au désespoir<ref>Ch. van Rogger Andreucci, Jacob, poète et romancier - Actes du colloque du CRPC, Modèle:P., Université de Pau, Pau, Modèle:Date-.</ref>. Il y a loin de Max Jacob à Paul Claudel ou François Mauriac. Dix ans plus tôt, il appuyait chaleureusement le pamphlet de Julien Green<ref>Th. Delaporte, Revue pamphlétaire, Modèle:N°, Paris, Modèle:Date-.</ref> dénonçant l'hypocrisie catholique<ref>A. S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau, Modèle:P., n. 2, Droz, Genève, 1979.</ref>. Pour surmonter l'hostilité des conservateurs, il compte dès 1934 sur l'appui du jeune Abbé Morel dans la rédaction d'une anthologie catholique qui obtienne l'imprimatur mais le projet, repris maintes fois sous de nouvelle formes jusqu'à la veille de sa mort, n'aboutira pas<ref>Ch. van Rogger Andreucci, Jacob, poète et romancier - Actes du colloque du CRPC, Modèle:P., Université de Pau, Pau, Modèle:Date-.</ref>.

En 1935, Max Jacob déménage avec Pierre Colle pour un grand appartement ensoleillé au 17 de la rue Saint-Romain<ref name="Lucien"/>, rive gauche, non loin de Montparnasse. Il organise<ref name="Seghers320">P. Seghers, La Résistance et ses poètes, Modèle:P., Seghers, Paris, Modèle:Date-.</ref> à Paris pour Jean Moulin, alias Romanin, secrétaire général de préfecture et peintre amateur rencontré en 1932 quand celui-ci était sous-préfet de Châteaulin, une exposition des eaux fortes de son ami qui ont servi à illustrer une édition<ref>T. Corbière, ill. Romanin, Amor, René Helleu, Paris, 1935.</ref> des poèmes de Tristan Corbière. À Quimper, il rencontre un jeune pion qu'il encourage<ref>H. Henry, « Hommage à Marguerite Toulouse », in Bulletin semestriel, Modèle:N°, Modèle:P., Association des Amis de Max Jacob, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref> dans la voie de l'écriture, Per Jakez Helias.

Dévalués par la crise, ses revenus, malgré les sept mille francs de rente obtenus en Modèle:Date- à la suite de l'accident automobile d'Modèle:Date-, ne lui permettent pas, comme il l'envisageait initialement, de maintenir un train de vie parisien, d'autant plus qu'ayant omis de déclarer cette pension il est poursuivi par le fisc. Le Modèle:Date-, il apprend que René Dulsou, qu'en deux ans et demi il a fervemment tenté de convertir à la prière, le trompe<ref name="Myrtille"/>.

Retraite testamentaire

Oblat et maître (1936-1939)

Fichier:Max Jacob Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire 2.jpg
Max Jacob avant guerre, en promenade aux alentours de l'abbaye de Fleury.
Fichier:Statue N D de FLEURY, où Max JACOB priait.jpg
Statue Notre-Dame-de-Fleury, où Max Jacob priait.
Fichier:Au sol dans la chapelle, en avant droit de l'autel est gravé cette indication "Max JACOB priait ...".jpg
Au sol dans la chapelle, en avant droit de l'autel, est gravée cette indication « Max Jacob priait... ».

René Dulsou l'ayant quitté en Modèle:Date-<ref name="PJ399"/> pour un Lou<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Fraysse, Quimper, Modèle:Date-, cité in N. Oxenhändler, « Unpublished letters to Jean Fraysse », in Modern Philology, Modèle:Vol., Modèle:N°, Modèle:P., Université de Californie, Berkeley, 1964.</ref>, Max Jacob, sans désespérer dans un premier temps de retrouver son amant<ref>M. Jacob, Lettre à Jean Fraysse, Saint-Benoit-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in N. Oxenhändler, « Unpublished letters to Jean Fraysse », in Modern Philology, Modèle:Vol., Modèle:N°, Modèle:P., Université de Californie, Berkeley, 1964.</ref>, revient à Saint-Benoît-sur-Loire en 1936. Sa retraite y sera définitive. Pensionnaire de l'inconfortable hôtel Robert, il y adopte une vie quasi monastique<ref name="Masson">P. Masson, Une amitié de Max Jacob suivi de Dernière visite à Max Jacob : lettres de Max Jacob à Robert Levesque, Modèle:P., Rougerie, Mortemart, 1994, Modèle:Nb p.</ref>, en suivant la règle de saint François de Sales. Il communie tous les matins<ref name="Eluard"/>, assiste très régulièrement à la messe<ref name="Masson"/>, uniquement celle des domestiques<ref name="Quintrec72"/>, et participe à son service<ref name="Eluard"/>. On le voit souvent en prière devant la statue de la Sainte Vierge ou sur le chemin de croix<ref name="Eluard"/>. Pris initialement pour un original très parisien, sa dévotion exemplaire lui procure l'amitié de nombreux villageois et provoque même des conversions<ref name="Eluard"/>. Il accomplit des retraites parmi les rares bénédictins dépêchés à la restauration de l'abbaye de Fleury, qui est désertée depuis 1903. La tâche lui est confiée de faire visiter aux pèlerins de passage l'ancienne abbatiale qui abrita les reliques de saint Paul Aurélien, premier évêque du Finistère, et il rédige un guide touristique à leur intention. Il entretient une volumineuse correspondance, écrit beaucoup, en particulier de longues méditations religieuses qu'il rédige de très bon matin<ref name="Masson"/> et qui attestent une foi fulgurante.

Dès l'été 1936, Roger Lannes, Pierre Lagarde, Jean Oberlé, Jean Fraysse viennent le voir<ref>Annie Marcoux et Didier Gompel-Netter, Max Jacob. Les propos et les jours., Modèle:P., Zodiaque, Saint-Léger-Vauban, 1989.</ref>. Il reçoit les visites d'amis de longue date, Paul Éluard, Jean Cocteau, Maurice de Vlaminck, Fernand Léger, Pablo Picasso, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès, Georges Hugnet, Yanette Delétang-TardifMarie Laurencin, dont il prise les dons de médium<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>, vient régulièrement partager sa ferveur religieuse<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>. Cependant, il ne renoncera jamais à ses furtives amours pour les garçons<ref>P. Caizergues & P.M. Héron, Le siècle de Jean Cocteau : actes du colloque de Toronto, 2-Modèle:Date-., Modèle:P., [[Université Paul Valéry|Centre d'étude du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]], 2000 Modèle:ISBN.</ref>, ce qui est pour lui le sujet d'une souffrance morale dont il ne s'arrange pas toujours.

À partir de 1937, il se lie à la nouvelle génération de poètes, peintres et musiciens, sur lesquels ses conseils, sa correspondance, ses essais, sa théorie esthétique ont une grande influence. Ce sont, entre autres<ref name="Bibliocorresp">A. Rodriguez & P. Sustrac, « Bibliographie de la correspondance de Max Jacob », in Cahiers Max Jacob, Modèle:P., Saint-Benoît-sur-Loire, 2014.</ref>, Yanette Delétang-Tardif, Michel Manoll, René Lacôte, René Guy Cadou, Jean Bouhier, Marcel Béalu, qui formeront en 1941 un mouvement littéraire, l'École de Rochefort, Olivier Messiaen, Roger Toulouse, Jean Rousselot, Benjamin Fondane, Charles Trenet, Jean-Bertrand Pontalis… La lecture de Paul Vulliaud et sa présentation du Zohar<ref>P. Vulliaud, La Kabbale juive, Nourry, Paris, 1923, Modèle:Nb vol., 521 & Modèle:Nb p.</ref> le conforte<ref>M. Jacob, Lettre à C. Moricand, Modèle:Date-, cité in S. J. Collier, Lettres à Claude Valence et à Théophile Briant, Modèle:P., Blackwell, Oxford, 1966.</ref> dans sa théorie gnostique<ref>René Plantier, Max Jacob, Modèle:P., Collection Les Écrivains devant Dieu, Desclée De Brouwer, Paris, 1972.</ref> que le mot a un pouvoir magique<ref>L. A. Joseph, Lettres à Michel Levanti, Modèle:P., Rougerie, Limoges, 1975.</ref> de faire entendre quelque chose de l'indicible<ref>A. S. Kimball, Lettres à Pierre Minet, Modèle:P., n. 6, Calligrammes, Quimper, 1988.</ref>.

Le Modèle:Date-, il est à Quimper pour l'enterrement de sa mère. Quand il retourne dans sa ville natale, les années suivantes, il accompagne un ami médecin dans ses consultations auprès des réfugiés de la guerre d'Espagne<ref name="Guiziou"/>.

En Modèle:Date-, il est un des seuls, avec Charles Mauron et Jean-Paul Sartre, à féliciter Nathalie Sarraute, dont Tropismes, paru dans l'indifférence, inaugure ce qui sera appelé le Nouveau roman. Il répond volontiers à la demande de Max-Pol Fouchet de contribuer à Fontaine, nouvelle revue algéroise<ref>F. Vignale, « Max Jacob, Max-Pol Fouchet et Fontaine », in Cahiers Max Jacob, Modèle:N°, 2009.</ref>. De mai à Modèle:Date-, il se consacre à illustrer pour le banquier Robert Zunz, mécène et ami, une sélection de poèmes rassemblés sous le titre Méditations sur le chemin de croix<ref name="Zunz">P. Sustrac, « Enrichissement de fonds précieux de la médiathèque d'Orléans », in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref>. Durant la drôle de guerre, il se fait parrain de guerre, écrivant aux soldats mobilisés pour soutenir le moral des troupes, jusqu'à quatre-vingts correspondants à raison de quatre lettres par jour. En Modèle:Date-, il sollicite l'abbé de la Pierre-qui-Vire pour entrer dans les ordres. Il se voit proposer l'ostariat, auquel il renonce au dernier moment.

Fichier:Christ en bronze doré par le sculpteur Henri NAVARRE.jpg
Christ en bronze doré par le sculpteur Henri Navarre.
Fichier:St Sébastien en terre cuite par le sculpteur Henri NAVARRE, à la sortie de st benoit sur la gauche en direction de SULLY SUR LOIRE.jpg
Saint Sébastien en terre cuite par le sculpteur Henri Navarre, à la sortie de Saint-Benoît sur la gauche, en direction de Sully-sur-Loire.

À droite de la statue Notre-Dame-de-Fleury, la chapelle où Max Jacob priait. Dans cette chapelle, au fond à droite, une croix en bois, avec un Christ en bronze doré, réalisé par le sculpteur Henri Navarre (1885-1971). Ce sculpteur installa son atelier au hameau des Places en 1921. On lui doit aussi le saint Sébastien en terre cuite de l'oratoire du même nom, à Fleury, en direction de Sully-sur-Loire, à gauche à la sortie de Saint-Benoît.

Juif sous l'Occupation (1940-1943)

À l'annonce de l'entrée des troupes allemandes dans Paris, le Modèle:Date-, une cousine de Max Jacob, Noémie Gompel, se suicide à Biarritz. Dès l'automne sont mises en œuvre à Quimper les « lois » d'aryanisation « votées » par le régime de Vichy. Le magasin d'antiquités de Gaston Jacob, l'oncle du poète, est placardé d'une affiche « JUDE »<ref name="Graal">Jean Graal, cité in Carnets 1938-1944, Modèle:P., Centre culturel Quimpérois, Quimper, 2004.</ref>. Le propriétaire affiche sur la vitre de la boutique « Liquidation - Profitez des derniers jours »<ref name="Graal"/>. En octobre, Max Jacob se rend à la sous-préfecture de Montargis pour se faire inscrire sur un registre de recensement des Juifs alors que les préfets n'ont pas reçu de consignes à ce sujet. À la suite de l'édiction de la [[Loi portant statut des Juifs|« loi » du Modèle:Date-]], la Société des gens de lettres le raye de la liste de ses adhérents. Il ne peut plus percevoir ses droits d'auteur.

À Saint-Benoît-sur-Loire, il se passionne pour les mystères du miracle de Fatima<ref name="Eluard"/>. En Modèle:Date-, c'est son frère Jacques, tailleur dans le [[14e arrondissement de Paris|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIVe{{#if:|  }} }}]], qui est mis sur le pavé. Interdit de publication, voire de citation, il donne dès 1941 des poèmes aux revues clandestines publiées par la Résistance, Confluences<ref>R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Modèle:P., Tallandier, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>, qu'a fondé Jacques Aubenque et que dirige à Lyon René Tavernier, et Les Lettres françaises, recommandant<ref>R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Modèle:P., Tallandier, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref> à Jean Paulhan, à cause de l'antisémitisme régnant à Paris, de le publier sous le pseudonyme de Morvan le Gaëlique utilisé en 1931 pour ses Poèmes bretons. Il ne se fait plus adresser de courrier que sous le nom de « Monsieur Max », Jacob faisant trop « juif »<ref name="Lefilm">P. Sustrac, « Max Jacob : le film! », in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref>.

Le vendredi Modèle:Date- est opérée à Paris par la police française la troisième rafle antijuive, la « rafle des notables ». Sept cent quarante trois citoyens sont arrêtés, dont René Blum et Lucien Lévy, bijoutier qui est le beau-frère de Max Jacob. Au début de l'année 1942, celui ci se cache pendant un mois à Orléans chez les Tixier, belle famille de son ami peintre et sympathisant communiste<ref name="GautreauI"/> Roger Toulouse, où il trouve confort et réconfort<ref name="Henry"/>. Le Modèle:Date-, Lucien Lévy meurt au camp de Royallieu, à Compiègne, d'où partiront le Modèle:Date- les premiers déportés raciaux qui auront jusque là survécu à leurs épouvantables conditions d'internement. En mai, Max Jacob assiste à Quimper à l'enterrement de sa sœur aînée Julie-Delphine, tuberculeuse tuée par le chagrin le Modèle:Date-.

À Jean Rousselot
Qui a vu le crapaud traverser une rue ?
[...]
Il sort de l'égout, pauvre clown.
Personne n'a remarqué ce crapaud dans la rue.
Jadis personne ne me remarquait dans la rue,
maintenant les enfants se moquent de mon étoile jaune.
Heureux crapaud, tu n'as pas l'étoile jaune.
Max Jacob, Amour du prochain, 1943<ref>M. Jacob, Derniers poèmes, Modèle:P., NRF, Paris, réed. Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>,
poème que l'auteur se récitait<ref>P. Seghers, La Résistance et ses poètes, Modèle:P., Seghers, Paris, Modèle:Date-.</ref> « au Drancy »<ref>Y. Ménager, Paroles de déportés, Modèle:P., L'Atelier, Ivry, 2005.</ref>.

Avant la guerre, Max Jacob recevait de Marie Laurencin une abondante correspondance signée Modèle:Citation<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>, sur laquelle son exemple de piété aura une influence radicale, puis, comme d'autres amis, tel Marcel Jouhandeau, elle a cédé à un certain antisémitisme. À partir de Modèle:Date-, bouleversée par le port rendu obligatoire de l'étoile jaune<ref>B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>, elle lui adresse des colis, nourriture, cigarettes, tricots, couvertures, qui l'aident à survivre<ref name="Stabley">B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, Modèle:P., Pygmalion, Paris, 2011 Modèle:ISBN.</ref>.

Il survit aussi grâce à la diligence du relieur Paul Bonet, qui lui envoie, avec un billet glissé entre les pages, les éditions de ses propres ouvrages à illustrer pour quelques riches collectionneurs<ref name="Vie&Mort280">P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, Modèle:P., La Table ronde, Paris, 1982.</ref>. Un Max Jacob, ainsi illustré, doré et relié, décuple sa valeur<ref name="Vie&Mort280"/>.

Pour son soixante sixième anniversaire, le Modèle:Date-, Max Jacob reçoit la visite de deux gendarmes français venus vérifier qu'il respecte l'assignation à résidence qui pèse sur les « Juifs » et qu'il porte effectivement l'étoile jaune. Imposée le Modèle:Date- précédent par un décret d'application d'une ordonnance allemande, il la laisse au vestiaire jusqu'en Modèle:Date-. Il la porte alors pour ainsi dire « zazou », non pas découpée et cousue sur la poitrine mais dessinée sur son bandeau et recouvrant le revers du veston, sous la boutonnière marquée de la légion d'honneur<ref name="Lefilm"/>. Les enfants dans la rue se moquent de cette étoile. Il n'a plus le droit de voyager, ni même d'écouter la messe à l'abbaye<ref name="Henry"/>, l'accès aux monuments historiques étant désormais interdit aux « Juifs ». Il est régulièrement contrôlé à son domicile, par les gendarmes, les gestapistes, les miliciens.

Son frère aîné Gaston, arrêté une première fois en août, l'est de nouveau à Quimper ce même mois de décembre puis déporté de Compiègne le Modèle:Date- vers Auschwitz<ref name="Arrestation">Patricia Sustrac, La mort de Max Jacob, janvier - Modèle:Date-, Un calendrier fatidique, AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, 2006.</ref>, où il est gazé à son arrivée, le 16, mais la famille reste dans une angoisse entretenue par l'ignorance de cette fin rapide<ref name="Esdras">M. Jacob, Lettre du Modèle:Date-, in Lettres à Bernard Esdras-Grosse, Seghers, Paris, 1953.</ref>, ce qui est précisément l'effet théorisé et recherché par le chef de la Gestapo, Heinrich Himmler. La maison familiale est saccagée et les souvenirs dispersés. Il chantonne Modèle:Citation<ref>J. Rousselot, « Max Jacob et l'osmose », AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, [s. d.]</ref>.

Max Jacob se croit protégé par son baptême et la Providence, comme le prouverait le contre exemple de ses frères et sœurs<ref>M. Jacob, Méditations religieuses, Modèle:P., la Table ronde, Paris, 1945.</ref>, et par le réseau chrétien<ref>Ch. Molette, Résistances chrétiennes à la nazification des esprits, Modèle:P., F.-X. de Guibert, Paris, 1998, Modèle:ISBN, Modèle:Nb p.</ref> La France continue, dont un des fondateurs<ref>P. Petit, Résistance spirituelle, Gallimard, Paris, 1947.</ref>, son ami le diplomate Paul Petit, a pourtant été arrêté dès le Modèle:Date- pour avoir exprimé trop radicalement son opposition à la Collaboration et à Pétain<ref>S. Fishman, La France sous Vichy : autour de Robert O. Paxton., Modèle:P., Collect° "Histoire du temps présent", Complexe, Bruxelles, 2004, Modèle:ISBN, Modèle:Nb p.</ref>. Le nouveau commissaire de police d'Orléans, Jean Rousselot, est un poète, un admirateur et un ami qui s'engage en Modèle:Date- dans le réseau de résistance Cohors sous la direction de Jean Cavaillès. Max Jacob refuse les évasions qui lui sont proposées. Il écrit : Modèle:Citation

Son ami Jean Moulin, organisant la Résistance sous la couverture d'un marchand d'art niçois, adopte entre janvier et Modèle:Date- le pseudonyme de « Max », en souvenir de leur rencontre à Quimper et au manoir de Coecilian chez Saint-Pol-Roux<ref name="Seghers320"/> au début des années 1930, rencontre restée d'autant plus vive dans son esprit<ref>Jean Moulin, cité in G. de Gaulle-Anthonioz, « Max Jacob et Jean Moulin », in Voix et visages, Modèle:N°, Modèle:P., ADIR, Paris, Modèle:Date-.</ref> que Saint-Pol-Roux est mort dans des conditions qui ont révolté tous ses amis. « Max » représente toute la synthèse culturelle de la France la plus avant-gardiste en même temps que la plus ancrée dans son histoire telle que la chante à sa façon Aragon dans La Diane française, et tout ce que l'Allemagne nazie honnit de l'« art dégénéré ».

Fichier:Chapelle où Max JACOB assista la messe de sept heures à la chapelle de l'hospice, actuelle mairie, avant sa déportation.jpg
Max Jacob assista la messe de sept heures à la chapelle de l'hospice, actuelle mairie, avant sa déportation.

Internement (1944)

Le Modèle:Date, la sœur préférée de Max Jacob, Myrté-Léa Lévy, dont le mari, le bijoutier Lucien Lévy, est mort le Modèle:Date- au camp de Royallieu, est arrêtée à son tour. Elle se cachait à Paris, visitant tous les dimanches son fils unique, interné à l'hôpital psychiatrique de Villejuif. Le 20, elle est déportée<ref name="Arrestation"/> de Drancy, et gazée à son arrivée à Auschwitz. Le poète, effondré<ref name="Esdras"/>, la croit vivante et se démène pour faire intervenir ses connaissances, Jean Cocteau, Paul Claudel, René Fauchois, qui est l'intime et le secrétaire de Sacha Guitry, Sacha Guitry lui-même, qui a sauvé Tristan Bernard en octobre, Coco Chanel, Misia Sert<ref name="Arrestation"/>, qui ne répondra pas, et Marie Laurencin, qui est proche de l'influent Karl Epting et multiplie les démarches<ref name="Stabley"/>. Un mois plus tard, le dimanche Modèle:Date-, à la fin d'une visite de la basilique en compagnie de Marguerite et Marcel Béalu, il signe le registre « Max Jacob (1921-1944) »<ref name="GautreauI">J. L. Gautreau, « Histoire d'une amitié, fidèle au-delà de la mort. Modèle:1re. », in Les Amis de Roger Toulouse, Modèle:N°, Modèle:P., Musée des beaux arts, Orléans, Modèle:Date-.</ref>.

Fichier:Saint-Benoît-sur-Loire - Maison Max Jacob 01.jpg
Maison à Saint-Benoît-sur-Loire, place du Martroi, où Max Jacob, chassé de la pension Robert, louait à partir de Modèle:Date- à Madame Persillard, veuve de soixante-sept ans insomniaque et anorexique, un petit deux pièces du premier étage, et où il sera arrêté.
Fichier:Plaque dans la salle de mairie indiquant la dernière messe où Max JACOB assista.jpg
Plaque dans la salle de la mairie indiquant la dernière messe à laquelle Max Jacob assista.

Le jeudi Modèle:Date, trois jours après l'exécution des « terroristes » de l'Affiche rouge, deux jours après l'incarcération de Robert Desnos et de René Lacôte à Fresnes, Max Jacob, après avoir assisté à la messe de sept heures à la chapelle de l'hospice, actuelle mairie, passe à la poste prendre le courrier, qui lui donne des nouvelles de l'emprisonnement de son contact au sein du réseau La France continue<ref name="Arrestation"/>. À onze heures, trois membres de la Gestapo d'Orléans se présentent pour la troisième fois en deux jours à son domicile, et, cette fois là, l'y trouvent<ref>« Note de renseignements », Commissariat de police, Orléans, Modèle:Date-, in Demande de classement « mort pour la France », Direction de la mémoire du patrimoine du Ministère de la Défense, Paris, Modèle:Date-.</ref>. De la rue, rien ne transparait de l'arrestation qui ne dure pas plus d'une heure<ref name="Arrestation"/>. Sont présents un invité, le docteur André Castelbon venu de Montargis pour la semaine<ref>Ch. Van Rogger-Andreucci & P. Sustrac, Correspondance, Modèle:P., Librairie bleue, Troyes, 1992.</ref>, sa logeuse, un voisin, auxquels il transmet l'adresse d'un ami à prévenir qui travaille à Radio Paris, l'occultiste et illustrateur pornographique Conrad Moricand, ce qu'ils feront sans délai. Ils lui donnent précipitamment, dans la voiture qui l'emporte, un caleçon, un couvre-lit.

Lui qui est fragile des poumons depuis l'enfance, gros fumeur, qui pis est, il est emprisonné quatre jours dans la glaciale prison militaire d’Orléans, à l'emplacement de laquelle se situe l'actuel palais des sports. La femme de son ami Roger Toulouse, Marguerite Toulouse, dont il avait été le Modèle:Date- témoin de mariage<ref name="Henry"/>, s'y présente chaque jour pour lui transmettre nourritures et vêtements, ce que les officiers lui refusent<ref name="Arrestation"/>. Max Jacob s'emploie à s'occuper des malades et à divertir ses soixante-cinq codétenus<ref name="Arrestation"/>. Il leur chante des airs d'opéras, dont un irrésistible Ô Vaterland ! Ô Vaterland !, air qui clôture en allemand Le Petit Faust d'Hervé<ref name="Arrestation"/>. Le lundi Modèle:Nobr, le commissaire Rousselot, prévenu quatre jours plus tôt, vient tenter de le délivrer mais quand il arrive à la prison, les prisonniers n'y sont plus<ref name="Arrestation"/>.

Le matin de ce Modèle:Date-, mal en point<ref name="Arrestation"/>, Max Jacob est emmené avec soixante-deux autres détenus en train via la gare d'Austerlitz au Judenlager de Drancy<ref>P. Favre, « Max Jacob à Drancy ou l’ultime vision du poète », in Europe, Modèle:N°, Modèle:P., Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>, qui est gardé par la gendarmerie française sous la direction d'Alois Brunner. Dès son arrivée en fin d'après-midi, Modèle:Citation<ref>L. Aragon, « L'an deux mille n'aura pas lieu », in Les Adieux, Temps actuels, Paris, Modèle:Date-.
:Le distique de Louis Aragon est une référence à Max Jacob et le cite au vers suivant, « Et me parvient par le porche parfois le rire insultant du crime arpentant le parvis » (Note de Hélène Henry, op. cité).</ref> est affecté au contingent qui doit remplir le prochain [[Convoi n° 69 du 7 mars 1944|convoi qui partira le Modèle:Nobr]] pour Auschwitz<ref name="Arrestation"/>. Le zèle des arrestations des derniers jours vise à rentabiliser ces convois. Le matricule 15 872 est torturé moralement par l'absence de sa sœur cadette Myrthe-Léa, qu'il espérait retrouver à Drancy. Au greffe du camp, il dépose les Modèle:Nombre qu'il a emportés et la montre en or<ref name="Arrestation"/> de Filibuth. Il se voit attribuer une paillasse, escalier Modèle:N°. Dès le lendemain, il écrit à l'abbé Fleureau, curé de Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Citation, et, grâce à la complaisance des gardes mobiles<ref>M. Jacob, Modèle:Date-, in Choix de lettres à Jean Cocteau, Paul Morihien, Paris, 1949.</ref>, fait parvenir des messages à son frère Jacques, à son relieur Paul Bonet, à André Salmon, à Jean Cocteau<ref>A. Kimball, Correspondances, Modèle:P., Paris Méditerranée, Paris, 2000.</ref>, à Conrad Moricand.

Je dirais de Max Jacob que c'est un grand poète si ce n'était pas un pléonasme, c'est poète tout court qu'il faudrait dire, car la poésie l'habite et s'échappe de lui, par sa main, sans qu'il le veuille. Avec Apollinaire, il a inventé une langue qui domine notre langue et qui exprime les profondeurs. Il a été le troubadour de cet extraordinaire tournoi où Picasso, Matisse, Braque, Derain, Chirico s'affrontent et opposent leurs armoiries bariolées. De longue date, il a renoncé au monde et se cache à l'ombre d'une église. Il y mène (à Saint-Benoît-sur-Loire) l'existence exemplaire d'un paysan et d'un moine. La jeunesse française l'aime, le tutoie, le respecte et le regarde vivre comme un exemple. En ce qui me concerne, je salue sa noblesse, sa sagesse, sa grâce inimitable, son prestige secret, sa " musique de chambre" pour emprunter une parole de Nietzsche.
Dieu lui vienne en aide.
Jean Cocteau.
- PS : Ajouterai-je que Max Jacob est catholique depuis vingt ans ?"
Pétition rédigée par Jean Cocteau le Modèle:Date-<ref name="GautreauI"/>

Roger Toulouse, parti à Paris dès le Modèle:Date-, y donne l'alerte. Pour faire libérer le poète, Jean Cocteau, Sacha Guitry, André Salmon, Marcel Jouhandeau, José Maria Sert, Conrad Moricand, Charles Trenet<ref name="Varrod">D. Varrod, « Douce France », France Inter, Paris, Modèle:Date-.</ref>, Henri Sauguet, mais aussi le journaliste allemand de la Pariser Zeitung et mari de l'actrice Modèle:Lien, Albert Buesche, ainsi que le conseiller municipal collaborationniste de la ville de Paris Georges Prade (1904-1992) font des démarches auprès de la Gestapo et auprès de l'ambassade d'Allemagne, où le conseiller juridique Hans von Bose est un admirateur de Max Jacob<ref name="Arrestation"/>.

À la demande de Georges Prade, Pablo Picasso reste en retrait et ne signe pas la pétition de Cocteau<ref name="Arrestation" />. Une réunion est organisée le 27 chez André Salmon, rue Notre-Dame-des-Champs, pour faire le point<ref name="GautreauI" />. Les amis de Max Jacob sont optimistes mais sans résultats immédiats, ils font circuler une pétition rédigée le 29 par Jean Cocteau. Marie Laurencin y ajoute sa signature et la porte personnellement à von Bose<ref name="Stabley" />. Gerhard Heller, responsable de la censure à l'ambassade d'Allemagne et ami de la « peintresse », intervient auprès d'Otto Abetz et de la Gestapo, mais son intervention reste vaine. Le Modèle:Date-, celle d'Albert Buesche reçoit un bon accueil<ref name="GautreauI" />. Un jour plus tard, le dimanche Modèle:Date- à vingt et une heure trente<ref name="Seghers319">P. Seghers, La Résistance et ses poètes, Modèle:P., Seghers, Paris, Modèle:Date-.</ref>, Max Jacob, entré en agonie vers neuf heures<ref>Yanette Delétang-Tardif, « La mort d’un poète », in Poésie 44, Modèle:N°, Modèle:Date-.</ref>, meurt à l'infirmerie de la cité de la Muette de Drancy, où règne la dysenterie, d'un arrêt cardiaque induit par la fièvre d'une pneumonie en murmurant Modèle:Citation<ref name="Seghers319" />. Modèle:Citation bloc

Il est trop tard quand le lendemain, avec une offre de prendre la place de Max Jacob<ref>Jean Touzot, Journal de Jean Cocteau 1942-1945, Modèle:P., Gallimard, Paris, 1989.</ref>, la pétition de Jean Cocteau, « indésirable » vilipendé par la presse collaborationniste et fiché par la police nationale comme anarchiste, est remise par Georges Prade au conseiller von Bose, qui transmet aussitôt à son supérieur Modèle:Lien en poste à Berlin. Ce Modèle:Date-, la Kommandantur, au terme de tractations dont il n'est resté aucune trace, contacte Charles Trenet par téléphone et lui annonce, cynisme des circonstances, que Max Jacob est enfin libre<ref name="Varrod"/>,<ref> Dans son autobiographie, Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975, page 153 Modèle:ISBN, Jean Marais écrit que Jean Cocteau, voulant sauver son ami Max Jacob par tous les moyens, prit contact par l'intermédiaire de José Maria Sert avec l'ambassade d'Espagne, pour faire porter une lettre émouvante au chef qui s'occupait des prisons juives. Les amis de Max Jacob obtinrent sa libération… le jour de sa mort.</ref>.

Destin posthume

Modèle:Citation bloc

Figure de la Résistance

Le certificat de décès de Max Jacob déposé en préfecture le Modèle:Date- ne parvient à la mairie de Saint-Benoît-sur-Loire que le 13, Jean Cocteau et la plupart de ses amis, incertains quant à la rumeur, ayant jusque-là continué leur démarches. Dès le Modèle:Date-, Pablo Picasso invite toute l'intelligentsia anti-nazie de Paris à venir chez Michel Leiris, son voisin, écouter sous le dernier portrait qu'il a fait deux ans plus tôt de Max Jacob, sa pièce Le Désir attrapé par la queue<ref>Présentation de l'exposition L’art en guerre, Musée d’art moderne de la ville de Paris, Paris, Modèle:Date--Modèle:Date-.</ref>.

En Modèle:Date-, Les Lettres françaises, en réponse aux injures de Paris-Midi<ref>Paris-Midi, Modèle:P., Paris, Modèle:Date-.</ref> et de Je suis partout<ref>« Max Jacob est mort. Juif par sa race, breton par sa naissance, romain par sa religion, sodomiste par ses mœurs, le personnage réalisait la plus caractéristique figure de Parisien qu'on pût imaginer, de ce Paris de la pourriture et de la décadence dont le plus affiché de ses disciples, Jean Cocteau, demeure l'échantillon également symbolique. Car, hélas ! après Jacob, on ne tire pas l'échelle. », in Je suis partout, Paris, Modèle:Date-.</ref>, consacrent les deux tiers de leurs une à un hommage de Paul Éluard intitulé, par référence au poète assassiné, « Max Jacob assassiné »<ref>R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Modèle:P., Tallandier, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>. Michel Leiris y ajoute un article. Louis Parrot évoque, par un poème de sa composition<ref>L. Parrot, « Tu dis merci à tes bourreaux », in Les Lettres françaises, Paris, Modèle:Date-.</ref>, la conception quiétiste de la résistance qu'avait le poète, un mélange d'autodérision exemplaire et d'amour sacrificiel du prochain<ref>Lévitique, XIX, 18.</ref>, qui est plus que résister à la tentation de rejeter l'autre, s'identifier à lui et l'identifier à soi jusque dans ses turpitudes et abjections, comme lorsqu'il était allé serrer la main de miliciens tenant publiquement des propos antisémites et leur déclarer Modèle:Citation<ref name="Seghers319"/>.

Des poèmes inédits de Max Jacob continuent d'être diffusés immédiatement après sa mort par les revues clandestines. Parmi d'autres, ils circulent dans le stalag XI-A d'Altengrabow, ronéotypés par Gaston Ciel pour ses quatre-vingts exemplaires des Cahiers littéraires XIA<ref>R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Modèle:P., Tallandier, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>.

En Modèle:Date-, Max Jacob est célébré dans sa ville natale lors d'un gala hilarant<ref name="Lucien"/> donné au théâtre de Quimper et présidé par le maire catholique Yves Wolfarth, un artiste peintre. Son autoportrait, cosigné Picasso, figure parmi les œuvres transmises en Modèle:Date- par Adrienne Monnier à un comité pour être vendues aux enchères à Buenos Aires<ref>R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Modèle:P., Tallandier, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref>. L'argent récolté permet de distribuer des vivres aux écrivains français dans un Paris soumis au rationnement et au marché noir. René Guy Cadou, disciple, dédie son poème sur les fusillés de Châteaubriant Modèle:Citation<ref>R. G. Cadou, in Pleine Poitrine, 1946, rééd. in Poésie la vie entière, Modèle:P., Seghers, Paris, 1978.</ref>.

Le Modèle:Date-, Max Jacob est reconnu officiellement « poète mort pour la France »<ref name="HH"/>.

Pierre Seghers, dans son témoignage militant La Résistance et ses poètes, le consacre comme père<ref>P. Seghers, La Résistance et ses poètes, Modèle:P., Seghers, Paris, Modèle:Date-.</ref> de tous les « poètes casqués » de la Seconde Guerre mondiale et des générations futures<ref>P. Seghers, La Résistance et ses poètes, Modèle:4e de couverture, Seghers, Paris, Modèle:Date-.</ref>.

Tombeau

Fichier:Tombe Max Jacob.JPG
La sépulture de Max Jacob à Saint-Benoît-sur-Loire.

Comme tous les prisonniers décédés à Drancy, Max Jacob est enterré dans le cimetière d'Ivry<ref name="Seghers319"/>. L'inhumation est confiée à l'UGIF et a lieu le samedi Modèle:Date-.

Conformément au vœu du poète, qui voyait dans le paysage de Saint-Benoît-sur-Loire un tableau cubiste<ref name="GautreauII"/>, la dépouille de Max Jacob repose depuis le Modèle:Date- dans le cimetière de ce village. La veille, les ossements étaient exhumés du cimetière d'Ivry, après accord de la veuve de l'exécuteur testamentaire Pierre Colle, mort à quarante ans un an plus tôt, et du dernier survivant de la famille du défunt, son frère Jacques<ref name="GautreauII"/>. Le transport s'est fait en camion militaire aux frais de l'État, au titre de la Modèle:Citation.

Fichier:Synthèse de la vie de Max JACOB à l'entrée du cimetière.jpg
Synthèse de la vie de Max Jacob à l'entrée du cimetière.

La tombe est désormais ornée d'un portrait en bronze réalisé en 1935 par son ami René Iché.

Les Amis de Max Jacob

À l'occasion du transfert du cercueil de Max Jacob sur les bords de la Loire, ses amis Jean Denoël et Henri Dion, le chanoine Frédéric Weill, les docteurs Robert Szigeti et Georges Durand, le peintre Roger Toulouse fondent l'Association des Amis de Max Jacob<ref name="Asso">« L'association », AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, 200?.</ref>. Elle rassemble initialement les poètes de l'École de Rochefort, Marcel Béalu, René Guy Cadou, Michel Manoll, Jean Rousselot, et leur ami résistant Roger Secrétain ainsi que l'abbé Garnier<ref name="Asso"/>. Un comité d'honneur présidé par Pablo Picasso apporte les soutiens de Jules-Marie-Victor Courcoux, Paul Claudel, Carmen Baron, Jean Cassou, Jean Cocteau, Albert Fleureau, Jean Follain, Louis Guilloux, Jacques Jacob, Julien Lanoë, Maurice Morel, André Salmon, Jean Paulhan, Henri Sauguet, qui présidera l'association jusqu'en 1976<ref name="Asso"/>.

Depuis, l'association édite un bulletin semestriel, Lettres et mots. Elle a publié pendant dix ans une revue annuelle, Les Cahiers Max Jacob<ref name="Asso"/>, qui ont été édités de 1978 à 1991 par un département de l'université de Saint-Étienne sous le titre Le Centre de recherche Max Jacob avant d'être repris par l'association sous un format bisannuel. En mars de chaque année, elle organise à la Maison Max Jacob de Saint-Benoît-sur-Loire le Mois Max Jacob, événement inscrit à l'agenda du Printemps des Poètes qui inclut spectacles, brigades d'Intervention poétique, poésie en appartement, café littéraire<ref name="Asso"/>…

Célébration

En 1950, est fondé par Florence Gould un prix de poésie qui porte son nom, le prix Max-Jacob.

Fichier:Paris 13e Rue Max-Jacob 350.JPG
Une rue de Maison Blanche à Paris a été renommée en 1956 en l'honneur du poète.
Fichier:Saint-Benoît-sur-Loire - Maison Max Jacob 02.jpg
Plaque commémorative sur la maison où la Gestapo a arrêté Max Jacob.

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À la scène
À Quimper
Fichier:Cour jacob.JPG
La cour de la Maison Max Jacob à Quimper à l'été 2014.

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Portraits

Quelques peintres majeurs ont fait son portrait, parmi lesquels, Amadeo Modigliani, Roger Toulouse, Marie Laurencin<ref>Notice du portrait par Marie Laurencin, musée des Beaux-Arts d'Orléans</ref>.

Personnage littéraire

Personnage étrange cultivant ses mensonges autobiographiques et pratiquant l'autofiction, Max Jacob fascine ses contemporains et devient une légende de son vivant<ref>P. Sustrac, « Max Jacob, personnage romanesque ? », in Les Cahiers Max Jacob, Modèle:N°, Presses universitaires de Pau, Pau, 2008.</ref>. Comme l'a théorisé Marcel Duchamp et comme le réalisera l'alter ego de celui-ci, Henri-Pierre Roché, l'art, pour Max Jacob et ses amis, est un acte et la vie de l'artiste son propre Modèle:Anglais. Sept auteurs de l'entre-deux-guerres ont fait de lui un personnage de roman<ref>A. Rodriguez & P. Sustrac, « La vie dans les romans à clés. Les figurations de Max Jacob et la cohérence d’un genre », in Les Cahiers Max Jacob, Modèle:N°, Presses universitaires de Pau, Pau, 2008.</ref>.

Les apparitions posthumes du personnage de Max Jacob dans la littérature, le théâtre et le cinématographe ne se comptent pas. Outre le film Monsieur Max mentionné plus haut, on note le premier volume en bande dessinée, intitulé Max Jacob, de la série consacrée par Julie Birmant à Pablo Picasso<ref>J. Birmant & C. Oubrerie, Pablo, Modèle:T. "Max Jacob", Dargaud, Paris, 2012 Modèle:ISBN.</ref>

Du symbolisme à l'école de Rochefort

Le post symbolisme

Modèle:Citation bloc Conçu à l'ombre d'Apollinaire et dans l'intimité de Picasso, le vers libre de Max Jacob, par sa simplicité et sa profusion, inscrit irrévocablement la poésie française dans l'art moderne<ref name="Eluard"/>. Il le fait de façon fracassante, quoique encore confidentielle, quand, en 1917, pendant la Grande guerre, parait un recueil de poèmes, ou textes se donnant pour tels, élaborés durant la décennie précédente, Le Cornet à dés. 1917, c'est l'année où La Jeune Parque, chef-d'œuvre de l'académisme mallarméen, révèle Paul Valéry.

Treize ans plus tôt, Max Jacob se liait à André Salmon, animateur, avec Paul Fort et Jean Moréas, du cercle de la revue post symbolisme Vers et prose<ref>P. Fort, Mes mémoires : Toute la vie d'un poète 1872-1944., Modèle:P., Flammarion, Paris, 1944.</ref>. Tous les mardis, quelques abonnés de la revue se réunissaient à la Closerie des Lilas pour célébrer le vers libre et hermétique de Stéphane Mallarmé. Parmi les habitués figurait Henri-Pierre Roché, qui introduisait là Marie Laurencin, future sœur en voyance et en foi de Max Jacob, et qui fondera en Modèle:Date- avec Marcel Duchamp la première revue Dada, Rongwrong. Par son titre, Le Cornet à dés répond au testament de Mallarmé, dont le poème graphique Un coup de dés jamais n'abolira le hasard<ref name="Logist">K. Logist, « Max Jacob - Le cornet à dés », in Culture, Université de Liège, Liège, Modèle:Date-.</ref>, inventant un procédé de dérivation métonymique qui préfigure le calligramme, rompt avec la métaphore symboliste.

Le cubisme littéraire et la « situation »

Fichier:Macke Wuerfelspiel-JD.jpg
Modèle:Citation - Son disciple René-Guy Cadou, en 1950<ref>R. G. Cadou, « La vie d'un poème », in Cahiers du Nord, n° spéc. 184, Modèle:P., Nouvelles éditions européennes, Charleroi, 1950.</ref>.

En 1907, Max Jacob invente le terme de cubisme et se fait le chantre, à l'instar de Pierre Reverdy, d'une « littérature cubiste »<ref>A. S. Kimball, « Max Jacob », in Lettres de Max Jacob à Marcel Jouhandeau, Modèle:Vol., UW, Madison, 1969.</ref>, c'est-à-dire d’une écriture où la métonymie, l'allitération, la contrepèterie, le calembour, l'allusion, l'aphorisme, l'ellipse, l'antithèse, la parataxe démultiplient les masques signifiants<ref name="Larrouse"/>. Il s'en explique. Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à sa mère, Modèle:Date-, cité in C. Jean-Nesmy, Apollinaire, Max Jacob et le Futurisme, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui Vire, [s. d.]</ref>.

Cette distance, ou Modèle:Citation, entre le poème, voire l'œuvre d'art en général, et ce qu'il représente, est un espace pour la rêverie et procède d'une distanciation qui est plus que l'effet de surprise brechtien<ref>Gérard Antoine, « Max Jacob : une doctrine littéraire », in Le Français dans le monde, Modèle:N°, Modèle:P., CLE International, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>, un choix affirmé de l'artiste de Modèle:Citation<ref name="Préface1916">M. Jacob, « Préface de 1916 », Modèle:Date-, in M. Jacob, Le Cornet à dès, Chez l'auteur, Paris, Modèle:Date-.</ref> son œuvre par rapport à la réalité qu'il décrit, qui peut être, par exemple, un degré défini d'abstraction, d'absurdité ou d'humour, seule libération possible du dérisoire et du tragique du monde et préalable à tout engagement<ref>M. Jacob, Conseils à un jeune poète, Éditions Gallimard, Paris, 1945.</ref>. Max Jacob appelle cet écart entre le mot et la chose la situation de l'œuvre<ref name="Préface1916"/>. C'est ce qui crée l'atmosphère de l'œuvre et, plus que le style, propre à l'auteur qui séduit, lui donne sa puissance intrinsèque, emporte le lecteur ou le spectateur<ref name="Préface1916"/>. C'est ce qu'il signale à l'exemplaire<ref>M. Jacob, Lettre à Michel Levanti, Modèle:Date-, cité in L. A. Joseph, Lettres à Michel Levanti, Modèle:P., Rougerie, Limoges, 1975.</ref> Georges Simenon<ref>M. Jacob, Lettre à Georges Simenon, Paris, Modèle:Date-, cité in R. Georgin, Simenon, Modèle:P., L'Age d'Homme, Lausanne, 1980.</ref> commençant d'inventer ses romans policiers sans intrigues. C'est ce qu'il admire dans le précurseur du Nouveau roman qu'est Tropismes de Sarraute, puis dans le premier roman existentialiste qu'est L'Étranger<ref>M. Jacob, Lettre à Marcel Bealu, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in E. Vitte, Lettres à Marcel Béalu, Modèle:P., Lyon, 1959.</ref> de Camus, auteur qu'il a soutenu depuis 1932 et qui lui a beaucoup pris.

Max Jacob est ainsi amené à se méfier de toute rhétorique<ref name="Lannes">R. Lannes, « Max Jacob », in Art Modèle:N°, Modèle:P., Modèle:Date-.</ref> qui ne ferait pas la première place à la rigueur d'écriture que seul exige son objet et refuse de s'inscrire dans tout mouvement littéraire ou artistique, allant jusqu'à affirmer Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à Conrad Moricand, Modèle:Date-, cité in S. J. Collier, Lettres à Claude Valence & à Théophile Briant, Modèle:P., Blackwell, Oxford, 1966.</ref>, autant dire un effet de mode, ou du hasard. Pour la même raison, il n'intègre pas le groupe des surréalistes, auxquels il reproche de manquer de cœur, Modèle:Citation<ref>P. Andreu, Max Jacob, Modèle:P., Collection des Conversions célèbres, Wesmael-Charlier, 1962.</ref>.

L'émotion comme culte du Sacré-Cœur

Fichier:Nuremberg chronicles f 149v 1.jpg
Modèle:Citation<ref>M. Jacob au Docteur Szigeti, cité in Rousselot, op. cité, Modèle:P..</ref>

En effet pour Max Jacob, non pas les artifices de l'écriture, telle que l'écriture automatique ou tout autre procédé, mais l'émotion, littéralement ce qui fait sortir de soi, Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à Michel Manoll, Modèle:Date-, cité in M. Green, Lettres à Michel Manoll, Modèle:P., Rougerie, Limoges, 1985.</ref>. Il précise toutefois que les uns sont la condition nécessaire de l'autre. Modèle:Citation<ref>L. A. Joseph, Lettres à Michel Levanti, Modèle:P., Rougerie, Limoges, 1975.</ref>. Il demeure que Modèle:Citation<ref>M. Le Bot, « Max Jacob esthéticien », in Europe, Modèle:N°, Modèle:P., Paris, Modèle:Date-.</ref>.

Max Jacob compare cette émotion artistique, cette élévation de l'âme suscitée par l'œuvre d'art, au coup de lance donné au Sacré-Cœur, ultime plaie<ref>M. Jacob, Art Poétique, Modèle:P., Émile Paul, Paris, 1922.</ref> par laquelle la divinité Modèle:Citation se sépare du cadavre et l'esprit, du péché<ref name="Rousselot163">J. Rousselot, Max Jacob au sérieux, Modèle:P., Éditions Subervie, Rodez, 1958.</ref>. Il voit dans le Sacré-Cœur le lieu d'une union de la matière et de l'esprit, de la sensibilité et de l'intelligence, qui se traduit en art par Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à Francis Guex-Gastambide, cité in Les Cahiers bleus, Modèle:N°, Modèle:P., Troyes, 1994.</ref>, qui est l'intelligence des poètes<ref>M. Jacob, Modèle:Date-, in Choix de lettres à Jean Cocteau, Modèle:P., Paul Morihien, Paris, 1949.</ref>. Le poète donne de la vie aux idées et de l'esprit à la vie.

Les symboles du Sacré-Cœur, auquel il mêle des considérations alchimiques et astrologiques, sont au centre de la théorie esthétique<ref name="noteRogger">Note à la lettre du Modèle:Date-, in Christine Van Rogger Andreucci, Lettres à Michel Leiris, Champion, Paris, 2001.</ref> de Max Jacob mais aussi d'une éthique<ref name="noteRogger"/> de la compassion<ref>M. Jacob, Trad.. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Cordoba, « Le vrai sens de la religion catholique », in Centre de recherche Max Jacob, Modèle:N°, Modèle:P., Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 1983.</ref>, l'émotion poétique n'étant pas un moment d'effusion sentimentale mais une recherche d'intériorité<ref>M. Le Bot, « Max Jacob esthéticien », in Europe, Modèle:N°, Modèle:P., Paris, Modèle:Date-.</ref>. Max Jacob y ajoute une préoccupation politique voire eschatologique, espérant que le culte du Sacré-Cœur convertisse une France<ref>M. Jacob, « L'apparition de Jean Desbordes », in Les Annales politiques et littéraires, Modèle:P., Modèle:Date-, rééd. in A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990..</ref>, qu'en écrivain fin de siècle il juge décadente<ref>M. Jacob, Lettre à Paul Bonet, in Catalogue de la vente Paul Bonet, lot 258, Galerie Paul Blaizot, Paris, 22 & Modèle:Date-.</ref>, à une intelligence mise au service de la charité<ref>M. Jacob, Modèle:Date-, cité in Ch. Andreucci & M. Green, Lettres à René Rimbert, Modèle:P., Éditions Rougerie, Limoges, 1983.</ref> et qu'ainsi l'hitlérisme soit vaincu<ref>M. Jacob, Lettre du Modèle:Date-, cité in J. Rousselot, Max Jacob au sérieux, Modèle:P., Éditions Subervie, Rodez, 1958..</ref>.

Le lyrisme nouveau de l'œuvre « plafonnante »

[...] Or, voici qu'à la Bibliothèque nationale je m'aperçois que je suis surveillé. Quatre employés s'avancent vers moi avec une épée de poupée chaque fois que je cherche à lire certains livres. Enfin un tout jeune groom s'avance: "Venez!" me dit-il. Il me montre un puits caché derrière les livres; il me montre une roue de planches qui a l'air d'un instrument de supplices : "Vous lisez des livres sur l'Inquisition, vous êtes condamné à mort!" et je vis que sur ma manche on avait brodé une tête de mort [...]
Générosité espagnole<ref>M. Jacob, Le Cornet à dès, Chez l'auteur, Paris, 1917.</ref>,
exemple du « lyrisme » onirique de Max Jacob<ref>M. Pinguet, « L'écriture du rêve dans le Cornet à dés », in La Revue des lettres modernes, Modèle:N°, Modèle:P., Michel J. Minard, Paris, 1973.</ref>

C'est dès 1904<ref name="NL">F. Lefèvre, « Une heure avec Mr. Max Jacob Poète, romancier et humoriste », in Les Nouvelles littéraires, Modèle:P., Larousse, Paris, Modèle:Date-.</ref> que Max Jacob développe, sans jamais cesser de versifier, son esthétique<ref>M. Jacob, Art poétique, 1922, rééd. L'Élocoquent, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN, Modèle:Nb p.</ref> du poème en prose<ref name="Larrouse" />, et dépouille le vers mallarméen de sa préciosité en lui donnant la vigueur de la fantaisie enfantine.

Admirateur de Vigny<ref name="MJ&A472">J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref>, il le fait moins par une volonté de rompre avec le romantisme ou le symbolisme que par la recherche du moment où la langue traduit un dépassement de la conscience emportée par les sentiments<ref>J. Schneider, « Le jongleur de notre temps », in Notre Temps, Bruxelles, Modèle:Date-.</ref>. Il appelle lyrisme ce franchissement, propice à la rêverie, de la limite du dicible par la sonorité de la langue, qu'il repère chez Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à F. Lefèvre, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in A. Marcoux & D. Gompel-Netter, Les Propos et les jours, Modèle:P., Zodiaque, La Pierre qui vire, 1990.</ref>, Apollinaire. Modèle:Citation<ref>M. Jacob, Lettre à A. Doucet, Modèle:Date-, cité in F. Garnier, Correspondance de Max Jacob, Modèle:T.. "1876-1921", Modèle:P.. Éditions de Paris, Paris, 1953.</ref>.

Il s'agit d'un lyrisme nouveau en ce sens qu'il ne s'exprime pas par le développement de la phrase ou de la strophe autour du thème qui suscite l'émotion mais par le choix d'une épithète qui ouvre l'imagination<ref name="MJ&A472"/> sur un sens inconscient ou caché. C'est un lyrisme des idées mais un antilyrisme des mots. Cette avarice des mots<ref>J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref>, cet effacement des effets de style et des artifices rhétoriques, vise à concentrer l'effort d'écriture, par des images concrètes, sur ce que Max Jacob appelle l'Modèle:Citation, et qu'il compare à un plafond<ref>J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref> au-delà duquel la vision se perd. C'est l'univers spirituel du poète, ce qu'il est en tant qu'homme, et non pas seulement son art, en même temps que sa capacité à en faire un objet étranger à lui-même<ref>M. Jacob, Lettre à Jacques Doucet, cité in J. Rousselot, Max Jacob au sérieux, Modèle:P., Subervie, Rodez, 1958.</ref>, qui donne à une œuvre du « plafond »<ref>M. Jacob, Lettre à Francis Guex-Gastembide, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-, cité in J. de Palacio, « Max Jacob et Apollinaire : documents inédits », in Studi Francesi, Modèle:N°, Modèle:P., Turin, Modèle:Date-.</ref>.

Une esthétique de la transfiguration

Max Jacob, Modèle:Citation<ref>J. M. Lustiger, cité in Lettres et mots, Modèle:N°, Modèle:P., AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-.</ref>, illustre et défend un art poétique où l'art Modèle:Citation<ref>J. M. G. Le Clézio, Préface, Modèle:Date-, in M. Jacob, Derniers poèmes, Modèle:P., NRF, 1994 Modèle:ISBN.</ref> tend à s'effacer devant la révélation mystique<ref name="Clézio8">J. M. G. Le Clézio, Préface, Modèle:Date-, in M. Jacob, Derniers poèmes, Modèle:P., NRF, 1994 Modèle:ISBN.</ref>, la transfiguration<ref name="Clézio12">J. M. G. Le Clézio, Préface, Modèle:Date-, in M. Jacob, Derniers poèmes, Modèle:P., NRF, 1994 Modèle:ISBN.</ref> de l'être le plus quotidien et son indicible<ref name="Clézio8"/>.

Dès 1922, comme le montrent ses lettres au futur historien du monde du cirque qu'est Tristan Rémy<ref>A. Ségal, Max Jacob : Fragments de pensées et de vie littéraire dévoilés dans quelques lettres de Max Jacob à Tristan Rémy (1922-1923), Du Lérot, Tusson, 2014.</ref>, il se fait le pédagogue d'une poésie lyrique dont l'émotion est le but<ref name="Pédagogue">Christine Van Roger Andréucci, « Max Jacob et l'école de Rochefort : poétique et pédagogie. », AMJ, Saint-Benoît-sur-Loire, 200?.</ref>, le but premier du moins. Modèle:Citation<ref>M. Green, Lettres à Michel Manoll, Modèle:P., Rougerie, Mortemart, 1985.</ref>. Son œuvre d'essayiste et d'épistolier se fait dès lors la source d'un mouvement littéraire plus sensible à la poésie du quotidien qu'au rôle politique du poète. Ce ne sera que durant l'Occupation, que cette jeune génération, qui, sans toujours suivre le maître dans ses constructions métaphysiques et religieuses, ne renie pas son héritage symboliste<ref name="Pédagogue"/>, s'affirmera sous le nom d'École de Rochefort.

De même que sa peinture ne rivalisera jamais avec celle de Picasso, l'œuvre littéraire de Max Jacob reste cependant, comme par l'effet d'une névrose d'échec ou d'un sentiment mélancolique d'autodérision et d'humilité, dans le sillage des inventions d'Apollinaire<ref>Y. Pelletier, cité in A. G. Hamon, « Max Jacob ou l'image d'un raté », in La Bretagne, Paris, Modèle:Date-.</ref>. Si, dans le prolongement de la théorie des correspondances, Max Jacob a abordé des disciplines<ref name="Larrouse">« Max Jacob », in P. Mougin & K. Haddad-Wotling, Dictionnaire mondial des littératures, Larousse, Paris, Modèle:Date- Modèle:ISBN.</ref> et des genres différents, en se faisant peintre, librettiste et parolier, il demeure avant tout un écrivain dont l'eutrapélie cache une foi candide<ref name="Eluard">P. Éluard, « Max Jacob assassiné », in Les Lettres françaises, Paris, Modèle:Date-.</ref> et anxieuse, à l'écoute des mystères occultes. Modèle:Citation bloc

Modèle:Article connexe

Œuvre poétique

Fichier:La Sirène Max Jacob Cinématoma.png
Première édition de Cinématoma. Œuvre prête à imprimer en Modèle:Date- qui ne le sera qu'après la mort d'Apollinaire, elle illustre la théorie de la situation, dont Max Jacob voit tardivement l'illustration dans L'Étranger de Camus.

Contes et nouvelles

rééd. Le roi Kaboul et le marmiton Gauvin, Gallimard, Paris, 1971.
nouvelle intégrée en 1921 dans le recueil Le Roi de Béotie.

Romans poétiques

pseudo roman épistolaire.

Poèmes en prose et en vers

Avez vous rencontré la fille au muguet bleu
Qui m'aime sans me vouloir ?
Avez vous rencontré le lièvre au poil de feu
Qui broute à mes réfectoires ?
Avez vous rencontré [...]
[...]
Avez vous, tout compte fait, avez vous gobé les œufs
Venant de mon poulet noir ?
« Pastiche », octuple distique sur deux rimes
paru en 1922 dans Le Laboratoire central<ref name="Livredor"/>.

Poèmes posthumes

Poésie musicale

A Paris
Sur un cheval gris
A Nevers
Sur un cheval vert
A Issoire
Sur un cheval noir
Ah! Qu'il est beau, qu'il est beau!
Ah! Qu'il est beau, qu'il est beau!
Tiou!
[...]
« Pour les enfants et les raffinés »,
Œuvres Burlesques et Mystiques
de Frère Matorel
, 1912<ref>M. P. Fouchet, Anthologie thématique de la poésie française, Modèle:P., Seghers, Paris, rééd. Modèle:Date-.</ref>.
opéra bouffe en deux actes, texte perdu,
première dir. L. Masson, Trianon Lyrique,Paris, Modèle:Date-<ref>F. Garnier, « Max Jacob et le théâtre », in Europe, Modèle:P., Paris, Modèle:Date- Modèle:ISSN.</ref>.
  • Musique F. Poulenc, trad. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Hugo, Quatre poèmes, [s. éd.], 1920, rééd. Association Max Jacob 1993,
    • « Poète et ténor », rééd. in Le Laboratoire central, 1921,
    • « Est-il un coin plus solitaire », rééd. in Les Pénitents en maillots roses, 1925,
    • « C’est pour aller au bal », rééd. ibidem,
    • « Dans le buisson de mimosa », rééd. ibidem.
  • Musique H. Sauguet, Un amour de Titien, 1928, éd. in Théâtre I, Cahiers Max Jacob, Saint-Benoît-sur-Loire, Modèle:Date-,
opérette en cinq actes.

Miscellanées

nouv. éd., introd. & notes André Blanchet, La défense de Tartufe : extases, remords, visions, prières, poèmes et méditations d'un Juif converti., Gallimard, Paris, 1964, Modèle:Nb p.
Ce livre devait avoir initialement pour titre Le Christ à Montparnasse<ref>« Max Jacob, un crucifié étoilé. »</ref>.

Traduction

Drames

nouvelle dialoguée en un acte,
première, par P. Bertin, M. Jacob dans le rôle du proviseur, galerie Barbazanges, Paris, 1919<ref>R. Guiette, La vie de Max Jacob, Modèle:P., Nizet, Paris, 1976.</ref>.
  • Ruffian toujours, truand jamais., 1919,
pièce en un acte,
première et dernière, par P. Bertin, musique Groupe des Six, musique d'entracte E. Satie (Musique d'ameublement), galerie Barbazanges, Paris, 1920.
première, par Ch. Dullin, Vieux Colombier, Paris, 1922.
comédie en trois actes,
mise en scène au Théâtre Daniel Sorano de Toulouse, le Modèle:Date-.

Œuvre critique

Modèle:Citation bloc

Essais de critique littéraire

Modèle:1re Modèle:Éd., ill. P. Picasso, Louis Broder, Paris, 1956,
document sur la naissance du cubisme.
Modèle:2e Modèle:Éd., ill. P. Picasso, Éditions Fata Morgana, Saint-Clément-de-Rivière, 2020.

Préfaces

Articles

Correspondance

Critiques d'art

L'exposition a eu lieu en Modèle:Date-.

Œuvre d'exégèse spirituelle

Essais anthumes
commandé puis refusé par Gallimard.
Conférences
  • « La Symbolique de Saint Luc », inédit, 1911,
tirée du Commentaire et donnée dans les salons de Paul Poiret.
  • « La Symbolique des Évangiles », inédit, 1912,
idem.
  • « La Symbolique dans les Écritures », inédit, Modèle:Date-,
tirée du même et donnée le Modèle:Date- à la Résidence d'étudiants de Madrid.
trad. J. Cordoba, « Vrai sens de la religion catholique », in Centre de recherche Max Jacob, Modèle:N°, Université de Saint Étienne, Saint-Étienne, 1982.
trad. J. Cordoba, « Les plaies d'Égypte et la douleur », in Centre de recherche Max Jacob, Modèle:N°, Université de Saint Étienne, Saint-Étienne, 1982.
Essais posthumes

Œuvre peint

Illustration

Dessins

Le Vin de la Cène, (19)37, dessin coloré, au Musée Gaspar-Collection de l'Institut Archéologique du Luxembourg à Arlon, Belgique.

Gouaches

Max Jacob a été un peintre estimé<ref>Robert Guiette, « Max Jacob, peintre. », in L'art et les artistes, revue mensuelle d'art ancien et moderne., Modèle:Date-.</ref>.

Expositions

rééd. Musée Picasso, Paris, Modèle:Date--Modèle:Date-.

Réception

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Annexes

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Bibliographie

Biographies
Témoignages
Sur l'œuvre écrit
avec des lettres inédites de Max Jacob, Valery Larbaud et Jean Cocteau.
Sur le lyrisme nouveau
Thèses de doctorat
Sur l'oblat
Sur le peintre
  • Nieszawer & Princ, Histoires des artistes Juifs de l'École de Paris, 1905-1939, (Denoël, 2000 - Somogy, 2015) Les étoiles éditions, 2020, p.193-197.
  • A. Cariou, Max Jacob, le peintre inavoué., Coop Breizh, Spézet, 2014.
Catalogues d'œuvres picturales
Études jacobiennes
Iconographie

Sources

Modèle:Références nombreuses

Liens externes

Sur l'homme

Textes en ligne

Autres

Bases de données et dictionnaires

Modèle:Liens

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