Chasteté

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Hans Memling, Allégorie de la chasteté, 1475, musée Jacquemart-André.

La chasteté est une attitude morale liée à la vie sexuelle ou relationnelle. Dans le domaine sexuel, elle vise à vivre sa sexualité selon son statut. Dans le domaine relationnel, elle se veut établir une relation dont l'objet n'est pas le seul plaisir des personnes aimées ou de soi-même.

Cependant, la chasteté ne doit pas être confondue avec (et réduite à) la continence qui consiste à s'abstenir de toutes pratiques, de toutes pensées sexuelles et à faire preuve de retenue dans le domaine sexuel en général. Selon certaines définitions, la chasteté inclut toutes les relations entre deux personnes (amicales, lien d'autorité…), et exige un strict respect de la liberté de l'autre (les Modèle:Citation, manipulations, pressions diverses constituant des actions Modèle:Citation). Ainsi, une personne continente peut être non-chaste dans ses relations avec des tiers.

Étymologie

Le mot chasteté vient du latin « castus », dont le contraire est « incastus », d'où provient le mot « incestueux ». Et aussi « caste » comme groupe endogame. La chasteté comme vertu est alors un idéal moral et religieux. Parallèlement, le sacré et la pureté sont des dispositions principalement liturgiques et religieuses.

Monde occidental contemporain

Dans le monde occidental, la chasteté est souvent associée à l'abstinence sexuelle, en particulier l'absence de relations sexuelles avant le mariage en raison de l'interdit de ces dernières dans les religions dominantes de ce groupe culturel. Le terme prend également un sens particulier dans le cas des religieux.

Dans l'Antiquité

Dans le monde gréco-romain, la valeur de la chasteté a été débattue à la fois dans le cas de l'homosexualité et dans le cas de l'hétérosexualité. En particulier, Socrate défendait des relations pédagogiques et chastes entre hommes adultes et jeunes hommes, par opposition à la pédérastie, qui était commune. Platon, en transmettant les enseignements de Socrate, est devenu l'éponyme de ce genre de chasteté, connue aujourd'hui sous le nom d'amour platonique.

Modèle:Citation, les prêtres châtrés qui se consacraient au culte de Cybèle.

Religions abrahamiques

Dans le contexte éthique juif, chrétien ou musulman, les actes de nature sexuelle sont réservés au mariage. Ainsi, pour les personnes non mariées, la chasteté est identifiée à l'abstinence sexuelle. Dans le contexte du mariage, les époux s'engagent à une relation pour la vie excluant les relations intimes avec d'autres personnes. La chasteté implique alors la fidélité et souvent une intention de procréer. Certaines pratiques sexuelles peuvent ne pas être considérées comme chastes.

Ainsi, dans le cas de l'Église catholique, les pratiques sexuelles à l'intérieur du mariage sont considérées comme chastes, s'il y a volonté d'union des époux et ouverture à la vie, mais l'usage de moyens de contraception ne l'est pas, car ils sont perçus comme contraires à la volonté divine en tant qu'ils sont la marque du refus de l'ouverture à la vie. À l'inverse, les Églises anglicanes autorisent cet usage, percevant la réduction de la taille de la famille comme non nécessairement contraire à la volonté divine. Les Shakers enfin interdisent le mariage et voient ainsi toute relation sexuelle comme contraire à la chasteté. Dans le cas des ecclésiastiques de tradition chrétienne, la chasteté peut impliquer l'abstinence sexuelle. C'est le cas pour tous les moines et pour les prêtres catholiques de rite latin. Les prêtres catholiques de rite oriental, comme les maronites, peuvent prétendre au mariage si celui ci est contracté avant l'ordination à la prêtrise, à l’instar des prêtres de tradition orthodoxe. En revanche, les pasteurs de tradition protestante, toutes tendances confondues et les pasteurs de tradition anglicane peuvent contracter un mariage.

Dans l'Église catholique

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Le vœu à Sainte-Anne d'Auray, William-Adolphe Bouguereau (1869).

La vertu de chasteté a une définition beaucoup plus large et concerne toutes les relations affectives entre personnes et le bon usage des dons de chacun (tels la beauté, le charme, l'intelligence, la sensibilité…) qui peuvent être utilisés soit pour aider l'autre à grandir à travers une relation libre, soit pour l'enfermer dans son propre désir. La chasteté revient alors à être au service des autres plutôt que se servir des autres (ou d'un autre) pour satisfaire ses envies, son désir de reconnaissance, de puissance… La vertu de chasteté est la liberté de pouvoir aimer Dieu et son prochain de manière désintéressée, de respecter chaque personne.

La chasteté ne doit pas être confondue avec la continence qui consiste à se priver volontairement de toutes pratiques sexuelles. Même, l'abstinence peut être non chaste<ref>Un chartreux, Le bonheur d'être chaste, Presses de la Renaissance, 2004</ref>.

Chasteté et respect de la liberté

La vertu de chasteté est la liberté de pouvoir aimer Dieu et son prochain de manière désintéressée, l'engagement à aimer Dieu par-dessus toutes choses, et à aimer les autres de l'amour même que Dieu leur porte. La pratique de cette vertu exprime le désir conscient, pour le chrétien, de respecter chaque personne comme le demande la loi de Dieu<ref name="OCDS13">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="cit13">Modèle:Citation</ref>. L’Église invite les chrétiens à pratiquer la chasteté à la suite du Christ<ref>Extrait de la Lettre de saint Ignace aux Philadelphiens Modèle:Lien web : Modèle:Citation.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, qui a été chaste par son attitude envers les personnes rencontrées : pleinement attentif à celui qu'il rencontrait, l'aimant avec son affectivité d'homme, rejoignant l'autre pour le faire grandir et avancer dans sa foi<ref>Exemple : Évangile de la Samaritaine Modèle:Réf Bible</ref>. La vertu de chasteté comporte l’intégrité de la personne et l’intégralité du don. Elle devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne<ref group="C" name="N2337">Modèle:Lien web</ref>.

La vertu de chasteté s’épanouit dans l’amitié entre personnes de même sexe ou de sexes différents. Cette amitié conduit à la communion spirituelle<ref group="C" name="N2347">Catéchisme de l'Église Catholique Modèle:N°</ref>. La chasteté est une vertu morale. Elle est aussi un don de Dieu, une grâce, un fruit de l’œuvre spirituelle<ref group="C">Catéchisme de l'Église Catholique Modèle:N°</ref>.

La chasteté concerne les relations affectives entre personnes et le bon usage des dons de chacun (tels la beauté, le charme, l'intelligence, la sensibilité...). Ces dons peuvent être utilisés pour aider l'autre à grandir à travers une relation libre, soit pour l'enfermer dans son propre désir, saturer son propre affectif : vivre une relation qui ne respecte pas la liberté propre de la personne rencontrée (par une relation non chaste).

La chasteté consiste en le respect profond de toute personne : être au service des autres plutôt que se servir des autres (ou d'un autre) pour se satisfaire (de ses envies, désirs de reconnaissance, de puissance…). La chasteté est une dimension du véritable amour<ref name="ocds">Livret de formation des Carmes Déchaux Séculiers, Province Avignon-Aquitaine, Fiche A-2-1 Pauvreté, chasteté, obéissance (Modèle:P.), et fiche B2-2 L'esprit du conseil évangélique de chasteté (Modèle:P. à 68).</ref>. La pratique de la chasteté est un accès à la liberté personnelle comme le dit l’Église dans son catéchisme : Modèle:Citation<ref group="C">Catéchisme de l'Église Catholique Modèle:N°</ref>.

La pratique de la chasteté nécessite un long travail quotidien, comme le dit le moraliste Xavier Thévenot : Modèle:Citation<ref>Xavier Thévenot, Repères éthiques pour un monde nouveau, Édition Salvador, 1995.</ref>. Elle ramène l'homme à une unité de tout son être<ref>Modèle:Citation Augustin d'Hippone, conf. 10, 29)</ref>.

La chasteté, si elle déborde largement de la sexualité (en intégrant les relations amicales, familiales, professionnelles…) intègre également cette dernière de manière respectueuse (de l'autre) et libre (liberté donnée à l'autre) : Modèle:Citation<ref name="encyclo">Théo, Nouvelle Encyclopédie catholique, Droguet-Ardant/Fayard, 1989, article « Chasteté », Modèle:P..</ref>.

Modèle:Citation<ref name="encyclo"/>.

Conséquences sur la sexualité

Le Catéchisme de l'Église Catholique décrit et, en un certain sens, définit ainsi la chasteté : Modèle:Citation<ref group="C" name="N2337"/>. L'Église considère qu'une relation sexuelle vécue sans amour, créerait une rupture<ref group="C" name="N2353"/> entre ce que n'éprouve pas le cœur et ce que manifeste pourtant le corps. Cette situation ne serait pas équilibrante pour l'être humain et l'empêcherait de réaliser cette « intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l'unité intérieure de l'homme dans son être corporel et spirituel » qu'est la chasteté<ref>Modèle:Citation(Jean-Paul II)</ref>.

Concernant la sexualité, l'enseignement de l'Église recommande de rechercher « l'amour véritable » entre les humains c'est-à-dire vouloir pour les autres ce qui est bien pour eux, ce qui renforce l'amour conjugal, et ce qui anoblit l'âme et le corps.

Ainsi, la chasteté pour une personne célibataire est une sexualité exprimée non activement (c’est-à-dire en termes de génitalité)<ref name="c2349" group="C">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N°</ref> mais qui s'exprime à travers l'amitié, l'énergie donnée dans certains projets.

À partir de ce principe, elle recommande le mariage vécu dans la fidélité et la volonté de prendre les moyens d'aimer, qui selon elle, répond seul à la demande profonde d'amour dans la durée qu'éprouve tout être humain<ref group="C" name="N2353">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N°</ref>. L'Église indique que la chasteté renforce une attention à l'autre à travers des gestes adaptés, une écoute plus forte de l'autre et une attention à ce que la seule recherche de plaisir physique n'occulte pas la tendresse, le dialogue et l'écoute mutuelle. Modèle:Citation<ref> Xavier Thevenot, Repères éthiques pour un monde nouveau, Édition Salvador, 1995, Page 45.</ref>. Les périodes d'abstinence sexuelle (comme les fiançailles) peuvent être considérées comme des moyens de nourrir un amour non exclusivement physique<ref group="C">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N° et Modèle:N°</ref>.

La recherche de plaisir sexuel seul (par exemple par la masturbation) est considérée comme un acte « gravement désordonné » qui nuit à l'unité de l'homme (unité physique, morale, spirituelle…). Cette recherche est donc contraire à la chasteté<ref group="C">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N°</ref>. De même l’Église considère que la pornographie, parce qu’elle dénature l’acte conjugal, (qui est le don intime des époux l’un à l’autre), et porte gravement atteinte à la dignité des personnes qui s'y livrent, est une faute grave et porte atteinte à la chasteté<ref group="C">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N°</ref>. De même pour la prostitution et le viol qui « porte atteinte à la dignité de la personne qui se prostitue » pour le premier, « est atteinte à la justice et à la charité, blesse profondément le droit de chacun au respect, à la liberté, à l’intégrité physique et morale » pour le second. Ils sont tous deux condamnés avec force par l’Église<ref group="C">Catéchisme de l’Église catholique, Modèle:N° et Modèle:N°</ref>.

Conséquences pour moines et membres du clergé

Fichier:José de Jesús María (1601) Primera parte de las excelencias de la virtud de la Castidad.png
"Des excellences de la vertu de chasteté" (José de Jesús María, 1601).

Si la chasteté a un impact direct sur la sexualité des membres du clergé régulier et séculier en imposant, en conséquence de leur célibat<ref>Dans l’Église Catholique, les prêtres, évêques, moines et religieuses sont célibataires. Les prêtres font même vœu de célibat avant d'être ordonné.</ref>, l'abstinence sexuelle ; la chasteté, et même le vœu de chasteté pour les moines, a surtout un impact beaucoup plus large puisqu'il consiste à aimer toute personne en vérité en respectant pleinement sa liberté<ref name="OCDS13"/>, se mettant à son service pour l'aider à grandir (dans la foi, dans l'unification de tout son être)<ref name="ocds"/>. Et donc de ne pas utiliser sa propre position (responsable de formation, père supérieur du monastère, prêtre, ancien…) pour agir avec « autorité » sur la personne, et satisfaire ses propres désirs (orgueil…).

Résumé de manuscrits sur la chasteté

Simon-Auguste Tissot (1728-1797) publia un traité sur l'onanisme, qui donne des remèdes médicaux pour vaincre les tentations. Il connut un grand succès et soixante-trois éditions entre 1760 et 1905. Il donnait une multitude de conseils : le sommeil, prendre du vin avant de dormir, entre autres il recommande de ne pas rester trop longtemps au lit une fois réveillé, et l'exercice ; il recommande la ceinture de chasteté, mais par contre il déplore les saignées.

Le Modèle:Dr Fournier citait beaucoup Saint François de Sales qui recommandait aux membres des communautés religieuses de dormir sous surveillance, les mains en dehors des couvertures et d’abolir les chambres privées. Il affirmait également : Modèle:Citation

Le Modèle:Dr Fournier, dans son Traité des maladies causées par l'onanisme (1875), utilisa l'ouvrage de Tissot comme livre de référence. Fournier écrit que tout instinct qu'on ne nourrit pas finit par s'éteindre, que l'onanisme n'est qu'une mauvaise habitude et qu'une fois réglées, les pulsions arrivaient très rarement. Comme Tissot, le Modèle:Dr Fournier recommandait le camphre comme étant reconnu comme un antiaphrodisiaque puissant.

Notes et références

Modèle:Références Modèle:Lien web Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes

Textes explicatifs de la chasteté selon diverses traditions religieuses.

Église catholique

Shakers

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