Pierre Naville

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Pierre Naville, né le Modèle:Date de naissance à Paris où il est mort le Modèle:Date de mort<ref>Relevé des fichiers de l'Insee</ref>,<ref>"1903" pour Adam Biro & René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme, Office du livre, Fribourg, Suisse, page 298</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, était un écrivain, homme politique et sociologue français. Surréaliste de 1924 à 1926, membre du Parti communiste français jusqu'en 1928, puis trotskiste avant de rejoindre le PSU, il a mené en parallèle de son engagement politique une carrière de sociologue du travail.

Avant guerre : surréalisme et trotskisme

Issu de la haute bourgeoisie genevoise et parisienne, son père, banquier suisse protestant et ami d'André Gide, Pierre Naville fait ses études à l'École alsacienne, où il obtient le baccalauréat de philosophie, puis à la Sorbonne. Il admire Henri Bergson et Albert Einstein et s'enthousiasme pour la science du comportement que développe John Broadus Watson. Intéressé par la politique, il suit attentivement les événements qui se déroulent en Russie<ref>Entretien Alain Cuénot et Maurice Nadeau, dans La Quinzaine littéraire n°972, Modèle:1er juillet 2008, p. 27-28.</ref>. Il noue des liens d'amitié avec Georges Politzer et Henri Lefebvre dont il partage l'intérêt pour le marxisme.

En 1922, il fonde avec Philippe Soupault, Francis Gérard (pseudonyme de Gérard Rosenthal), Max Jacob, Louis Aragon, Blaise Cendrars et Mathias Lübeck la revue d'avant-garde l'Œuf dur qui publie ses premiers poèmes. Il rencontre André Breton en 1923<ref name=Nick>Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, Modèle:P.175 sq. </ref>, puis de nouveau à Lorient (Morbihan) en juillet 1924. Il pratique l'écriture automatique, et grâce à son père, les éditions Gallimard publient le récit poétique « Les Reines de la main gauche »<ref name="La Quinzaine littéraire">La Quinzaine littéraire, art. cit.</ref>. Il rencontre alors Denise Lévy (née Kahn), la muse d'Aragon, qu'il finit par épouser<ref name=Nick/>.

Codirecteur avec Benjamin Péret des trois premiers numéros de la revue La Révolution surréaliste, il ouvre le Bureau de recherches surréalistes, au 15 rue de Grenelle, dans un immeuble qui appartient à son père (Modèle:Date-). La parution du troisième numéro de La Révolution surréaliste, le Modèle:Date-, marque le début d'une prise de distance entre Breton et Naville. Pour deux raisons essentielles : son article « Beaux-Arts », dans lequel il déclare « Plus personne n'ignore qu'il n'y a pas de peinture surréaliste », ainsi que ses doutes sur les réelles capacités du groupe surréaliste à « changer la vie ». Pour lui, il importe de savoir « si l'idée de révolution doit prendre le pas sur l'idée surréaliste, si l'une est la rançon de l'autre ou si les deux vont de pair ».

En 1924, il effectue son service militaire, échappant à la guerre du Rif grâce à ses relations<ref name=Nick/>. Il en profite pour lire Lénine et Trotski et prendre ses distances avec l'idée d'une révolution seulement artistique<ref name=Nick/>. Il passe en conseil de guerre pour « outrage au drapeau français ». Il entre en contact avec les intellectuels communistes qui dirigent la revue Clarté et fait la liaison avec les surréalistes. Il participe à la déclaration commune publiée dans le quotidien L'Humanité : « La révolution ne peut être conçue que sous sa forme économique et sociale », il ne peut y avoir de « conception surréaliste de la révolution »<ref name="La Quinzaine littéraire"/>.

Les « Adresses » au Pape, au Dalai-Lama, aux « médecins-chefs des asiles de fous », écrites par Antonin Artaud lui paraissent de vaines provocations. Pierre Naville voudrait que le groupe passe d'une révolte littéraire à l'action révolutionnaire. Sur ce point, Breton répond : Modèle:Début citation Nous demeurons acquis au principe de toute action révolutionnaire, quand bien même elle prendrait pour point de départ une lutte des classes, et pourvu seulement qu'elle mène assez loin<ref>Henri Béhar, André Breton. Le Grand indésirable, Fayard, 2005, Calmann-Lévy 1990, page 198. André Breton, Œuvres complètes, tome 1 », Gallimard, Paris, 1988, page 906. La Quinzaine littéraire, art. cit.</ref>.Modèle:Fin citation

Dès son retour à la vie civile, il adhère au Parti communiste français qui lui demande de prendre la direction de la revue Clarté, animée par Henri Barbusse<ref name="La Quinzaine littéraire"/>. En 1926, il publie La Révolution et les Intellectuels (Que peuvent faire les surréalistes), écrit lors de son service militaire, où il tente de faire évoluer le surréalisme vers le marxisme. Ce texte provoque des tensions avec le groupe surréaliste, bien que l'orientation du mouvement ne semble pas différente. Selon Breton :Modèle:Début citationIl n'est personne de nous qui ne souhaite le passage du pouvoir des mains de la bourgeoisie à celles du prolétariat. En attendant, il n'est pas moins nécessaire, selon nous, que les expériences de la vie intérieure se poursuivent et cela, bien entendu, sans contrôle extérieur, même marxiste.Modèle:Fin citation

En Modèle:Date-, son adhésion au PCF est suivie de celle des surréalistes Louis Aragon, Jacques Baron, André Breton, Paul Éluard, Benjamin Péret et Pierre Unik<ref>Marguerite Bonnet « Chronologie d'André Breton. Œuvres complètes, tome 1 », Gallimard, p. LIII.</ref>. Naville se tient informé de ce qui se passe en URSS grâce à Victor Serge, dont il publie dans Clarté un chapitre de L'An I de la révolution russe<ref>Biro & Passeron, op. cit.</ref>. Avec Gérard Rosenthal, rencontré à l'l'Œuf dur, il fait partie de la délégation de 1927 à Moscou, voyage dont il profite pour rencontrer Trotski.

Il transforme alors Clarté en tribune de l'Opposition de gauche au PCF, y publiant notamment le Testament de Lénine, tenu secret par Staline. Le journal est alors renommé La lutte des classes <ref name=Nick/>. Ces publications entraînent son exclusion du PCF en 1928. Il rencontre alors l'autre leader trotskiste français, Raymond Molinier, avec qui les relations resteront tendues au niveau personnel<ref name=Nick/>. Après l'expulsion de Trotski d'URSS, en 1929, il se rend dans l'île de Prinkipo avec Molinier et Rosenthal pour lui rendre visite<ref name=Nick/>. Le « VieuxModèle:Qui » charge Alfred Rosmer d'unifier la tendance de Molinier avec les surréalistes, ce qui est fait avec la création de La Vérité en 1929, suivie de la Ligue communiste<ref name=Nick/>.

Après l'exclusion des trotskistes, réunis au sein du Groupe bolchévique-léniniste, de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), en 1935, il participe à la création du Parti ouvrier internationaliste (POI) en 1936, adhérant du même coup à la [[Quatrième Internationale|{{#ifeq:Internationale | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:Internationale| Internationale }} }}]]<ref name="La Quinzaine littéraire"/>. Malgré son engagement auprès de Trotski en exil aux côtés de Jean van Heijenoort, il sera peu à peu déçu par les positions de celui-ci et rompt avec le courant en 1939, refusant en Modèle:Date- la fusion du POI dans le Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) de Marceau Pivert.

Après guerre

Fait prisonnier en 1940 puis libéré en 1941, il reprend ses études de philosophie, devient Conseiller d'orientation professionnelle avant d'entrer au CNRS. Naville est l'un des contradicteurs de Jean-Paul Sartre lors de la conférence L'existentialisme est un humanisme. On peut retrouver le contenu de ses critiques à la fin de l'ouvrage. Il reproche notamment à l'existentialisme d'être un idéalisme et de nier la causalité naturelle.

Nommé directeur de recherche en 1947, il travaille avec Georges Friedmann au Centre d'études sociologiques, consacrant ses travaux à la psycho-sociologie du travail, à l'étude de l'automation, de la société industrielle, à la psychologie du comportement. En Modèle:Date-, la publication d’un texte d'inspiration marxiste révolutionnaire, « Les États-Unis et les contradictions capitalistes », est l'occasion de la brouille entre Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty. Ce dernier juge l'article impubliable sans un avertissement de la rédaction, que Sartre supprime peu de temps avant impression, sans en avertir Merleau-Ponty. Naville s'intéresse également aux stratèges et théoriciens de la guerre, notamment Clausewitz, dont il supervise la traduction et édite l'œuvre complète. La publication du Nouveau Léviathan, en 1957, montre qu'il n'a jamais cessé de réfléchir en historien et en philosophe sous le couvert de la sociologie et de la science économique<ref name="La Quinzaine littéraire"/>.

Politiquement, Pierre Naville tente de créer une gauche marxiste démarquée du stalinisme et fonde La Revue internationale. En passant par le Parti socialiste unitaire (dit « premier PSU »), il persiste dans sa volonté à initier une gauche moderne au sein du Parti socialiste de gauche (PSG) puis de l'Union de la gauche socialiste (UGS) avant de participer à la fondation du Parti socialiste unifié (PSU) sous la [[Cinquième République (France)|{{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:République| République }} }}]], faisant partie de son comité politique national aux côtés d'Yvan Craipeau. Il écrit également pour France Observateur, l'hebdo de Claude Bourdet, qui participe de près à l'aventure PSU.

Il y reste fidèle malgré son opposition aux « réalistes » Gilles Martinet et Michel Rocard, et bien qu'il ait exprimé un profond rejet de François Mitterrand.

Ouvrages

Politiques et sociologiques
  • La Révolution et les intellectuels, 1927
  • La Psychologie, science du comportement, Gallimard, coll. «L'avenir de la science», 1942, Modèle:ISBN
  • D'Holbach et la philosophie scientifique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 1943, réédition Gallimard, 1967, Modèle:ISBN
  • Théorie de l'orientation professionnelle, 1945, Modèle:ISBN
  • De la guerre, traduit de Carl Von Clausewitz, avec Denise Naville et Camille Rougeron
  • Psychologie, marxisme, matérialisme, 1948
  • La Guerre du Viêt-Nam, 1949
  • Les Jacobins noirs. Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, 1949 (traduction de l'ouvrage de C.L.R. James, The Black Jacobins, 1938)
  • La Chine future, 1952
  • La Vie de travail et ses problèmes, 1954, Prix Fabien de l'Académie française
  • Essai sur la qualification du travail, 1956
  • Le Nouveau Léviathan, 1957-75
  • L'Armée et l'État en France, 1961
  • Le Traité de sociologie du travail, avec Georges Friedmann, 1961-62
  • Trotsky vivant, 1962
  • Vers l'automatisme social, 1963,Modèle:ISBN
  • La Psychologie du comportement, Gallimard, collection Idées, 1963
  • La Classe ouvrière et le régime gaulliste, 1964
  • Épistémologie sociologique, revue qu'il dirige de 1964 à 1972 au Centre d'Études Sociologiques, dans le cadre du Centre National de la Recherche Scientifique.
  • L'État entrepreneur : le cas de la régie Renault, avec Jean-Pierre Bardou, Philippe Brachet et Catherine Lévy, 1971
  • L'Entre-deux-guerres, 1976
  • Autogestion et planification, 1980
  • Sociologie d'aujourd'hui, 1981
  • La Maîtrise du salariat, 1984
Autres
  • Les Reines de la main gauche, 1924, récit poétique
  • Le Temps du surréel, 1977, réflexions sur le surréalisme
  • Mémoires imparfaites (Le Temps des guerres), 1987.

Bibliographie

  • Des Sociologies face à Pierre Naville ou l'archipel des savoirs, Centre Pierre Naville.
  • Françoise Blum (éd.), Les Vies de Pierre Naville, Presses Universitaires du Septentrion, 2007, Modèle:ISBN
  • Alain Cuénot, Pierre Naville (1904-1993). Biographie d'un révolutionnaire marxiste, Bénévent éditeur, 2008, 686 p.
  • Pierre Rolle, « Les Logiques de la découverte et celles de l'action », dans Pierre Naville, la passion de la connaissance, Michel Eliard, Presses universitaires de Toulouse-le-Mirail, 1996.

Liens externes

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Notes et références

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