Île des Faisans
L'île des Faisans<ref name="CNIG">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Ouvrage</ref> (en Modèle:Lang-eu ; en Modèle:Lang-es) ou île de la Conférence (en Modèle:Lang-eu) est une petite île fluviale située sur la Bidassoa, près de son embouchure et de la baie de Chingoudy, sur la frontière franco-espagnole.
Ayant le statut de condominium<ref name="CNIG"/>, elle est administrée alternativement par la France et l'Espagne avec un changement d'administration tous les six mois. Il s'agit du seul exemple dans les relations internationales contemporaines d'une souveraineté alternée sur un même territoire<ref name="lesmanantsduroi">L'île des Faisans et le vice-roi de la République.</ref>. Son accès est interdit au public.
Toponymie
À l'époque romaine, l'île aurait été nommée Pausu<ref>Modèle:Lien web.</ref> comme tout le proche quartier (Béhobie d'Urrugne et Behobia d'Irun). Elle est ensuite connue en espagnol sous le nom Modèle:Lang et en français « île des Faussans », puis « Faisans » (en espagnol « Faisanes »), appellation usitée en 1658 au début de la conférence de la paix et dont l’origine n’est pas certaine et se rapporterait soit à la présence ancienne de volatiles, soit à des faisances (redevances de passage) mais nullement à des faceries (type de négociation inexistant sur les rives de la Bidassoa)<ref>« La Controverse artificielle sur l’identification de l’Île des Faisans », Jean Sermet (Bulletin d’études de la Bidassoa, n° 4, Irun, 1987)</ref>, excluant ainsi la possibilité d’une référence à des « faisants »<ref>Pedro Sanchez Blanco, « L'Ile des Faisans ou de la Conférence » (Oroitza - cercle de recherches sur l’histoire de Hendaye) : [1]</ref> : d’Après Luis de Uranzu dans « Lo que el rìo viò », cette dénomination d’Île des Faisans apparaît pour la première fois<ref>« Ile des Faisans, Ile de la Conférence », Jean Sermet (Annales du Midi, Année 1961, nº 73)</ref> dans le « Compendio Historial » d’Esteban de Garibay publié à Anvers en 1571<ref>« (...) la isleta llamada de los Faisanes que el río hace junto a la orilla de Francia (…) » (traduction : la petite île appelée des Faisans que la rivière fait du côté de la rive de France), source : ibidem</ref>, à propos d'un épisode de la bataille de San Marcial (fort surplombant Irún) en date du 30 juin 1522.
Avant les événements de 1658 et 1659 qui la firent entrer dans la postérité, l'île était également nommée Insura Haundia (la « grande île », en basque)<ref name="Elkar">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le toponyme « île de la Conférence » apparaît sous la forme Modèle:Lang en 1690 sur la carte de Cantelli<ref name="Raymond">Modèle:Dictionnaire topographique des Basses-Pyrénées.</ref>. Joseph Nogaret signale qu’avant de se nommer « île de la Conférence », l’île était appelée « île de l'Hôpital »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, en raison de son appartenance au prieuré-hôpital de Saint Jacques de Subernoa, situé à gauche de l'actuel Pont Santiago entre Irun et Hendaye<ref>Jean Fourcade, « Île des Faisans, Île de la Conférence », Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, nouvelle série, n° 118, 2ème trimestre 1968)</ref>.
Géographie
L'île des Faisans mesure environ Modèle:Unité de long sur Modèle:Unité dans sa plus grande largeur pour une superficie de Modèle:Unité. Elle est située sur la rivière Bidassoa, entre Hendaye en France et Irun en Espagne, à Modèle:Unité en aval du pont international de Béhobie et à environ Modèle:Unité en amont des ponts ferroviaires de la ligne Hendaye-Irun à l'embouchure dans la baie de Chingoudy.
La frontière franco-espagnole se situant – en application du traité de Bayonne – sur la ligne médiane du cours principal de la rivière, situé au nord de l'île, le territoire du condominium constitue une enclave en Espagne<ref>Condominium international (Xavier Henry Mermoz M. du Pré-Maillard, International Boundaries Review, 2013) : *Cette possession territoriale est une dépendance à la fois de la République française et du Royaume d'Espagne et est actuellement située comme enclave en Espagne car - conformément au traité de 1856 - la frontière avec la France se trouve en plein milieu du chenal principal de la rivière Bidassoa.*</ref>.
L'île est un simple dépôt d'alluvions de peu d'étendue, que le fleuve aurait fait disparaître depuis longtemps si elle n'avait été entourée d'une palissade et d'empierrements en raison des souvenirs historiques qui s'y rattachent
Historique
Dès le Modèle:S mini- siècle, l'île se prête à des rencontres diplomatiques et royales. En 1463, [[Louis XI|Modèle:Louis XI]] (roi de France) et [[Henri IV (roi de Castille)|Modèle:Henri IV de Castille]], s'y rencontrent. En 1526, Modèle:François Ier, fait prisonnier par Charles Quint à la bataille de Pavie (1525), y est échangé contre ses deux fils<ref>Guide Michelin Aquitaine, édition 2001, article « Hendaye ».</ref>.
Échange de fiancées royales (1615)
En 1615, les ambassadeurs français et espagnols font dans l'île des Faisans l'échange de deux fiancées royales : Élisabeth, fille d'[[Henri IV (roi de France)|Modèle:Henri IV]], roi de France, promise à [[Philippe IV (roi d'Espagne)|Modèle:Nobr]], roi d'Espagne ; et la sœur de celui-ci, Anne, destinée à [[Louis XIII|Modèle:Louis XIII]], frère d'Élisabeth et fils d'Modèle:Henri IV.
Négociations du traité des Pyrénées
[[Fichier:Traite-Pyrenees.jpg|vignette|Entrevue de [[Louis XIV|Modèle:Louis XIV]] et de [[Philippe IV (roi d'Espagne)|Modèle:Nobr]] sur l'île des Faisans en 1660 (Entrevue des deux rois sur l'île des Faisans, tableau de Jacques Laumosnier).]]
Jusqu'en 1659, l'île est possession de la ville de Fontarrabie<ref name="Elkar"/>. En 1659, sur ce petit espace de vase desséchée, le mariage de [[Louis XIV|Modèle:Louis XIV]] avec Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne [[Philippe IV (roi d'Espagne)|Modèle:Nobr]] et d'Élisabeth de France, est âprement négocié, en même temps que le traité de paix dit des Pyrénées — d'où l'autre nom parfois donné à l'île : « île de la Conférence ». Les pourparlers entre le cardinal Mazarin et don Luis de Haro durent trois mois (Modèle:Nobr<ref name="Elkar"/> du Modèle:Date au Modèle:Date, date du mariage).
Les 5 et Modèle:Date, Modèle:Louis XIV et Modèle:Nobr s'y rencontrent en personne pour la confirmation du traité et la conclusion du mariage, dont la célébration a lieu à Saint-Jean-de-Luz le Modèle:Date.
Un monument commémoratif de la conférence de 1659 est élevé en 1861 sur l'île des Faisans par les deux pays limitrophes.
Traité de Bonne Correspondance
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}}, l'île est également le lieu de rencontre des délégués du biltzar du Labourd, et ceux de Bayonne d'une part, et des représentants du Guipuscoa et de la Biscaye, pour la signature des divers traités de Bonne Correspondance.
Nouvel échange de princesses (1722)
Le Modèle:Date, a lieu un nouvel échange entre deux princesses : Marie-Anne-Victoire, infante d'Espagne, trois ans, promise à [[Louis XV|Modèle:Louis XV]], roi de France, onze ans ; et Louise-Élisabeth d'Orléans, douze ans, fille du Régent, promise au prince des Asturies, le futur roi d'Espagne [[Louis Ier (roi d'Espagne)|Modèle:Louis Ier]], quatorze ans<ref>Saint-Simon, Mémoires, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1988, Modèle:T., Modèle:P., 294, 298.</ref>.
Remise d'une princesse (1723)
Le Modèle:Date, Philippine-Élisabeth d'Orléans, dite « mademoiselle de Beaujolais », huit ans, fille du Régent fiancée à l'infant Charles, sept ans, est conduite dans l'île par le duc de Duras, qui la remet au duc d'Osuna<ref>Saint-Simon, Modèle:Opcit, Modèle:P. et Modèle:Nobr.</ref>.
Souveraineté alternée : statut de condominium
Le traité de Bayonne signé le Modèle:Date établit dans ses articles 9 et 27 un statut de condominium pour l'îlot sous l'autorité indivise de la France et de l'Espagne<ref name="lesmanantsduroi" />.
Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc
Une convention signée le Modèle:Date entre les deux pays précise la gestion de son territoire, notamment en matière des « droits de police et de justice ». Les ratifications de cet acte sont échangés à Biarritz le Modèle:Date-. Le décret qui met en exécution la convention est signé le Modèle:Date- à Paris — par le président de la République, Émile Loubet ; le ministre des Affaires étrangères, Théophile Delcassé ; le président du Conseil et ministre de l'Intérieur et des Cultes, Émile Combes ; le ministre de la Justice, Ernest Vallé — et publié le Modèle:Date- au Journal officiel<ref name="JORF 1902-09-06">Modèle:Article</ref>.
Article | Version en français<ref name="JORF 1902-09-06" /> | Version en espagnol<ref name="dipublico.org">Modèle:Lien web</ref> |
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Modèle:1er | Le droit de police dans l’île des Faisans sera exercé par la France et par l’Espagne tour à tour, pendant six mois, dans l’ordre que déterminera le sort. | El derecho de vigilancia en la isla de los Faisanes corresponderá por turno a España y Francia, durante seis meses, en el orden que determine la suerte. |
2 | Les Français et les Espagnols, pour les infractions commises par eux dans l’île des Faisans, sont justiciables de leurs tribunaux nationaux respectifs. | Los españoles y franceses son justiciables de sus Tribunales nacionales respectivos por las infracciones que cometan en la isla de los Faisanes. |
3 | Les délinquants d’une autre nationalité sont justiciables des tribunaux du pays qui avait le droit de police dans l’île de la Conférence, lors de l’infraction. Toutefois, s’ils sont impliqués dans une affaire conjointement avec des Français ou des Espagnols, ils seront justiciables des mêmes tribunaux que ceux-ci. | Los delincuentes de otra nacionalidad son justiciables de los Tribunales del país que ejerza el derecho de vigilancia en la isla de los Faisanes cuando la infracción se cometa. Sin embargo, si se hallan juntamente complicados en una misma causa en unión de españoles o de franceses, serán justiciables de los-mismos Tribunales que éstos. |
4 | Les autorités de chacun des deux pays se remettront respectivement, sans formalité, avec les procès-verbaux qui auraient été dressés, les délinquants qui seraient en leur pouvoir et qui seraient, par application des articles 2 et 3, justiciables des tribunaux de l’autre pays. | Las Autoridades de cada uno de los países se entregarán respectivamente, sin más formalidades, con las diligencias instruidas, los delincuentes que se hallen en su poder y que, según los artículos II y III, sean justiciables de los Tribunales del otro país. |
5 | Chacun des gouvernements intéressés prendra, en ce qui le concerne, les mesures nécessaires en vue de déterminer les autorités judiciaires respectivement compétentes pour la poursuite et le jugement des infractions qui sont l’objet de la présente convention. | Cada uno de los Gobiernos interesados adoptará, en lo que le concierne, las medidas necesarias a fin de determinar cuáles sean las Autoridades judiciales respectivamente competentes para perseguir y juzgar las infracciones que son objeto del presente Convenio. |
6 | La présente convention sera ratifiée et les ratifications en seront échangées à Bayonne, le 31 décembre prochain, ou plus tôt, si faire se peut. | El presente Convenio se ratificará, y las ratificaciones serán canjeadas en Bayona el 31 de diciembre próximo o antes si es posible. |
La souveraineté sur l'île est depuis alternée tous les six mois<ref name="lesmanantsduroi" /> : du Modèle:Date- au Modèle:Date- pour la France, du Modèle:Date- au Modèle:Date- pour l'Espagne.
Depuis cette convention de 1901 et le règlement du conflit frontalier, aucun événement majeur ne s'est produit sur l'île des Faisans, hormis une tentative de franchissement illégal de la frontière franco-espagnole en 1974 par un groupe armé de l'ETA, qui provoqua l'intervention de la garde civile espagnole entraînant la mort de deux personnes (un agent espagnol et un militant basque)<ref name="juillet2017_politica.elpais.com" />.
La commission internationale des Pyrénées est chargée de régler tous les problèmes frontaliers : c'est ainsi qu'elle a accordé alternativement aux riverains des deux pays le droit de pêche sur la Bidassoa et dans la baie. L'île des Faisans a déjà été la plateforme de rencontres binationales. Ainsi, y a été signée le Modèle:Date-, une convention sur le rejet des eaux usées entre l’agglomération Sud Pays basque (Hendaye, Biriatou, Urrugne, Béhobie, etc.) et la Mancomunidad de Txingudi (Irun, Fontarrabie).
L'entretien de l'île est assuré à tour de rôle par les villes d'Hendaye (pour la France) et d'Irun (pour l'Espagne)<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Administration et titre de vice-roi
Le titre de « vice-roi » de l’île des Faisans repose sur une continuité historique. Il est conféré à deux personnes qui administrent ainsi le condominium : l'un commandant de la station navale de l'Adour à Bayonne (en service depuis 1983), l'autre commandant de la station navale de Fontarrabie et de Saint-Sébastien pour l'Espagne<ref name="lesmanantsduroi"/>. Pierre Loti a été un de ces vice-rois à deux reprises entre 1891 et 1898<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Ce titre était jadis accordé aux commissaires royaux à qui l'on avait confié la surveillance de la frontière, et la charge de la souveraineté de l'île par alternance, dans le traité de Bayonne. Le titre est maintenu en France, bien que République, par égard pour l'Espagne (qui est une monarchie constitutionnelle), afin de respecter une certaine homogénéité entre les deux homologues<ref>Modèle:Lien web.</ref>. De la même manière en Andorre, le président de la République française est co-prince de ce petit État.
Le Modèle:Date-, la passation de pouvoirs entre les représentants des marines française et espagnole s'est déroulée pour la première fois sur l'île elle-même, alors qu'auparavant un simple courrier formalisait le relais entre les deux pays. Jusqu'ici la cérémonie ne pouvait être organisée compte tenu des contraintes de sécurité à mettre en place en raison des menaces terroristes des nationalistes basques. La signature de la paix entre l'État espagnol et les organisations séparatistes en Modèle:Date- a écarté cette éventualité<ref name="MEM 2012-02-01">Modèle:Lien web.</ref>. À l'occasion de la fermeture en Modèle:Date- de la base navale de l'Adour, la charge de vice-roi est transférée au commandant de la marine à Bordeaux<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le titre est conféré depuis le Modèle:Date- par décret du président de la République au délégué à la mer et au littoral (DML) des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, qui commande également la station navale française de la Bidassoa. Il s'agit d'un officier de la Marine nationale détaché dans un emploi de direction de l'administration territoriale de l'État, et qui est directeur adjoint de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Pyrénées-Atlantiques. Ce haut fonctionnaire cumule donc l'administration des usages de la Bidassoa et la gouvernance de l'Île des Faisans, et les missions territoriales civiles au sein d'un service interministériel placé sous l'autorité du préfet de département. Cette organisation fait suite au retrait de la Marine nationale de la base de l'Adour, où sont toujours stationnées les unités locales de l'action de l'État en mer, dont la coordination est assurée par le DML.
Statut patrimonial
L'île fait l'objet d'un classement au titre des sites historiques par arrêté ministériel du Modèle:Date<ref name="Arrêté 1958-11-17">Modèle:Ouvrage</ref>.
Dans les arts
Peinture
- L'Échange des deux princesses de France et d'Espagne, de Pierre Paul Rubens, vers 1622-1625.
- Entrevue des deux rois sur l'île des Faisans, de Jacques Laumosnier, fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ou début du Modèle:S mini.
Littérature
- Jean de La Fontaine fait une allusion malicieuse à la rencontre de 1660 dans sa fable Les Deux Chèvres :
- Honoré de Balzac évoque l'île ainsi dans son roman Modeste Mignon :
La dernière lettre écrite par Modeste, et que voici, permet d’apercevoir l’île des Faisans où les méandres de cette correspondance conduisaient ces deux amants.
- Chantal Thomas, dans son roman historique L'Échange des princesses (2013), fait une large part à l'île et aux événements liés à l'échange en 1722 entre l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne — destinée à épouser [[Louis XV|Modèle:Louis XV]] — et Louise-Élisabeth d'Orléans — qui devait pour sa part épouser le prince des Asturies. Seul le second de ces mariages aura finalement lieu.
Cinéma
En 2017, le roman de Chantal Thomas est porté à l'écran par Marc Dugain, toujours sous le titre L'Échange des princesses.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Jacques-François Abbadie, L'Île des Faisans et la paix des Pyrénées, 1880.