Économie politique
L'économie politique peut s'entendre dans un sens général comme étant l'économie de la cité par opposition à l'économie domestique. L'expression d'« économie politique » est créée au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et employée à l'origine selon Charles Gide<ref> (Charles Gide, Principes d’économie politique, 1931)</ref> pour décrire Modèle:Citation. Pour Léon Walras, l'économie politique se définit comme l’exposé de ce qui est, et le programme de ce qui devrait être<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Si Antoine de Montchrestien, avec son Traicté de l'Œconomie Politique paru en 1615, est traditionnellement considéré comme l'un des premiers<ref>Henri Denis, Histoire de la pensée économique, Thémis 1966, Modèle:P. §4</ref>,<ref>Histoire des pensées économiques, T1 les fondateurs, Modèle:P., Sirey, 1993 Modèle:ISBN</ref> à employer ce vocable dans le sens précité, Gregory King, historien de l'économie<ref>Voir Défaillance_du_marchéau paragraphe 1.2 Loi de King</ref>, indique pour sa part que le premier à utiliser l'expression « économie politique » serait Louis Turquet de Mayerne en 1611<ref>Gregory King, « Modèle:Lang », Journal of Modern History, 1948</ref> dans son livre La Monarchie Aristodémocratique ; ou le gouvernement composé et meslé des trois formes de légitimes républiques.
Dans la seconde partie du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le mot « économie » remplace progressivement le terme d'« économie politique ». Si William Stanley Jevons, un tenant de l'emploi de méthodes mathématiques, a dès 1879 plaidé pour l'adoption du terme « économie » qu'il trouve à la fois plus bref et dont il espère la reconnaissance en tant que science (la science économique), il intitule malgré tout encore son livre publié en 1879 Modèle:Lang<ref>Jevons, W. Stanley. The Theory of Political Economy, 1879, Modèle:2nd-en ed. p. xiv.</ref>. Ce n'est qu'en 1890 que le mot d'économie s'impose avec la publication par Alfred Marshall des Modèle:Lang<ref>Marshall, Alfred (1890) Principles of Economics</ref>,<ref name="Groenwegen">Groenwegen, Peter. (1987 2008). Voir aussi les entrées political economy et economics, dams The New Palgrave: A Dictionary of Economics, v. 3, Modèle:P.. [[[:Modèle:P.]].]</ref>. Dans l'esprit de Marshall, le fait d'éviter l'emploi du terme « politique » affranchit l'économie de ses liens avec les partis politiques<ref>Voir Cannan Modèle:P.</ref>.
Jusqu'à la crise financière mondiale débutant en 2007, le terme d'économie politique peut référer : à l'analyse marxiste ; à des approches émanant de l'école de Chicago (économie), ou à l'école de Virginie ; ou simplement aux conseils donnés par les économistes aux gouvernements concernant les politiques économiques globales ou des sujets plus restreints<ref name="Groenwegen"/>. Selon Alberto Alesina, Modèle:Citation<ref name="Alesina">Alesina, Alberto F. (2007:3) « Political Economy », NBER Reporter, Modèle:P. (press +). Abstract-links version.</ref>. Après la crise de 2007, le terme d'« économie politique » revient sur le devant de la scène, notamment en France<ref>Modèle:Article</ref>.
L'économie politique selon Antoine de Montchrestien
Antoine de Montchrestien forge le terme d'économie politique pour Modèle:Citation<ref>Henri Denis, Histoire de la pensée économique, Thémis, Paris, 1966.</ref>. Il ajoute : Modèle:Citation<ref> Traité de l'économie politique, nouv édit°, Paris, 1889</ref>. De même : Modèle:Citation<ref>op cit p. 21</ref> ; ou encore : Modèle:Citation<ref>op cit p. 99</ref>.
Montchrestien fait valoir :
- que l'enrichissement du peuple est au moins aussi efficace que de recourir à la guerre (comme le prône Machiavel) ou de se livrer à la contemplation (comme le préconise Aristote) ;
- qu'il faut célébrer le travail de l'agriculture, faire l'éloge de l'industrie et de la manufacture ;
- qu'il faut mettre dans la société au-dessus de tout le rôle du marchand. Dans le corps social il est semblable au cerveau dans le corps de l'individu<ref>op cit p. 32</ref>. Modèle:Citation<ref>op cit p. 137-138</ref>.
Premières évolutions du concept
Modèle:Article connexe La signification du terme « économie politique » va fluctuer selon les périodes en fonction des situations économiques rencontrées par les sociétés globales.Modèle:Référence nécessaire
Selon les mercantilistes
Les thèses développées par Antoine de Montchrestien font entendre un son nouveau et préfigurent les idées mercantilistes : Modèle:Citation<ref> op. cit. page 138 </ref>.
Le mercantilisme, qui domine la pensée économique entre le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et le milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, modifie le sens du terme « économie politique » en ne s'intéressant — avec l'émergence des monarques absolus — d'abord qu'à la richesse du Prince, censée être équivalente à la prospérité du royaume et de ses sujets. Les mouvements les plus avancés dans cette perspective sont fournis par le colbertisme français ou le caméralisme allemand. Adam Smith avait conscience de ce que la définition de Montchrestien comporte d'arrière-fonds mercantiliste, aussi Modèle:Pas clair.
Selon les physiocrates
À la suite de Pierre de Boisguilbert et Richard Cantillon, François Quesnay et le marquis de Mirabeau fondent l'école des physiocrates<ref>Modèle:Article</ref>. Ceux-ci professent que la richesse d'une nation consiste en la richesse des produits agricoles et donc des propriétaires terriens. En étudiant la formation de cette richesse, leur réponse à la question de la politique économique des États est en substance qu'ils ne doivent pas en avoir ou que le pouvoir d'État doit intervenir aussi peu que possible dans la vie économique. Les physiocrates contribuent ainsi de façon décisive à la création de la tradition libérale qui domine la pensée économique jusqu'à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle : l'économie qu'ils appellent de leurs vœux est une économie plus « entrepreneuriale et individualiste » que « politique ».
En défendant l'existence de droits naturels supérieurs dans leur théorie du despotisme légal,les physiocrates rejoignent aussi la tradition libérale de philosophie politique inaugurée par John Locke et diffusée notamment par Frédéric Bastiat (1801-1850).
L'école d'économie politique anglaise
Présentation et membres
En général on distingue trois générations :
- La première, celle des fondateurs, couvre la période de 1798 à 1830 et comprend notamment : James Mill, David Ricardo (qui écrit en 1817 ses Principes d'économie politique), Thomas Malthus (qui écrit en 1798 son Essays on Population), Robert Torrens, Thomas Tooke]<ref name="Waterman3">Modèle:Harvsp</ref>. À ces économistes, on peut ajouter Jean-Baptiste Say, qui est élu en 1822 membre étranger honoraire du Modèle:Lang de Londres (cercle fondé en 1821 et dont furent membres l'essentiel des économistes politiques anglais de l'époque<ref name="Waterman5">Modèle:Harvsp</ref>), ainsi qu'une vulgarisatrice influente, Mrs Marcet, qui écrit en 1817 Conversations on Political Economy<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
- La seconde génération, qui va de 1830 à 1860, regroupe des auteurs comme Richard Whately, Nassau Senior (le premier professeur d'économie politique à Oxford, en 1826), McCulloch (qui écrit en 1847 Literature of Political Economy), et John Stuart Mill (qui publie en 1848 ses Principles of Political Economy, un livre utilisé dans le monde anglophone jusque dans les années 1930<ref name="Waterman9">Modèle:Harvsp</ref>).
- La troisième génération inclut notamment : Bagehot, Stanley Jevons, Henry Sidgwick (qui écrit un livre intitulé Political economy en 1883 et qui joue un rôle important dans la mutation de l'économie politique anglaise à une vision cambridgienne de l'économie<ref>Modèle:Harvsp</ref>), John Neville Keynes (père de John Maynard Keynes et auteur de Scope and Method of Political economy en 1891).
Art, science et politique
Les nuances, pour ne pas dire les différences, entre les membres de l'école d'économie politique anglaise sont notables. Ainsi David Ricardo écrit à Malthus en 1820<ref> Lettre à Malthus du 9 octobre 1820, citée par A. Piettre dans « Fondements, moyens et organes de la répartition du revenu national », Annales des Modèle:35e Semaines sociales, Dijon 1952 </ref> : Modèle:Citation
Mais ce qui fait la spécificité de cette école, c'est qu'elle distingue nettement l'art de gouverner de la Modèle:Citation, dont le but pour Nassau Senior est d'établir Modèle:Citation<ref name="Waterman3"/>. Au contraire, les économistes politiques des autres pays ne font pas cette différence à cette époque et chez eux, l'économie politique était à la fois un art et une science. Toutefois, si la distinction entre l'art du politique et la science de l'économie politique est forte dans cette école, il n'en demeure pas moins que le lien entre l'économie politique et la politique est dans les faits complexe. En effet, il y a une volonté de propager notamment par le biais du Modèle:Lang les « vrais » principes de l'économie politique<ref name="Waterman5"/>. Les membres de ce club sont hautement impliqués dans la vie politique anglaise puisque 52 des 151 membres de ce club élus entre 1821 et 1870 furent parlementaires. Parmi eux, certains furent des hommes politiques de premier plan tel William Ewart Gladstone, un des grands premiers ministres anglais du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Waterman5"/>.
Il y a entre ces membres une très forte controverse vers 1820, entre le courant dit du « radicalisme philosophique » ou utilitarisme, courant laïque, et ceux qui pensent qu'il faut réconcilier l'économie politique et la théologie, qui veulent monter que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Finalement, un accord est trouvé entre les deux parties en séparant l'économie politique de la théologie<ref name="Waterman9"/>. Mais en réalité, le débat ne cesse jamais réellement car il sous-tend le problème du laissez-faire et reparaîtra très fortement sous cette forme à la fin du Modèle:S mini- et au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Les principaux axes analytiques
Les principaux axes sont :
- La loi de la population de MalthusModèle:Référence nécessaire ;
- la théorie des rendements décroissants<ref>Modèle:Harvsp</ref> ;
- la théorie de la valeur travail de Ricardo<ref>Modèle:Harvsp</ref> ;
- La Loi de Say, qui dans sa version forte conduit au principe de neutralité de la monnaie<ref name="Waterman12">Modèle:Harvsp</ref> (c'est-à-dire que la monnaie ne peut pas créer de l'activité) ;
- La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, complétée par John Stuart Mill qui introduit la demande réciproque<ref name="Waterman12"/>.
L'économie politique allemande, dite « école historique allemande » (1848-1918)
Présentation et membres
L'école historique allemande a été, pour Heath Pearson, Modèle:Citation<ref name="Pearson1">Modèle:Harvsp</ref>. Elle compte trois générations d'économistes qui ont été très influents dans leur pays, en particulier dans l'instauration de lois sociales ; raison pour laquelle ils ont parfois été appelés Modèle:Lang (socialistes de la chaire, au sens de chaire universitaire)<ref name="Pearson3">Modèle:Harvsp</ref>.
La première génération est composée de Wilhelm Roscher (1817-1894), qui écrit en 1843 Outline of Lectures on Political Economy according to the Historical Method, Bruno Hildebrand (1812-1878) et Karl Knies (1821-1898). La seconde génération compte notamment Gustav Schmoller (1838-1917) et Lujo Brentano. Pour la dernière génération, on peut citer Werner Sombart (1863-1941), ainsi que des auteurs souvent associés à eux : Max Weber et Adolph Wagner<ref name="Pearson5">Modèle:Harvsp</ref>.
D'une manière, les membres de l'école d'économie politique allemande sont plus interventionnistes que les membres de l'école anglaise. Si Gustav Schmoller est en faveur d'une Modèle:Citation, d'autres sont en faveur d'un gouvernement plus démocratique, et d'autres encore (Robert WagnerModèle:Lequel et le jeune Werner Sombart) pour un socialisme d'État<ref name="Pearson4">Modèle:Harvsp</ref>. D'une façon générale, ils réinterprètent le caméralisme et seront les conseillers du Prince, dont ils Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
La méthode
Entre eux et l'école anglaise, les différences culturelles et d'axes de recherche sont fortes<ref name="Pearson2">Modèle:Harvsp</ref>. Les Anglais sont fils des Lumières et cosmopolites, ils veulent comprendre les ressorts de la société commerciale, cherchant une théorie générale, et veulent défendre l'entreprise privée. Les Allemands sont plus nationalistes (ils parlent de Modèle:Lang)<ref>Modèle:Harvsp</ref> et romantiques, ils veulent comprendre l'évolution qui a conduit à cette société commerciale, étudiant des cas concrets, et se tournent vers l'intervention de l'État. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'école historique allemande tienne l'école d'économique politique anglaise pour trop déductive, et ne pense pas que les lois économiques soient aussi universelles que ce que soutiennent leurs homologues anglais<ref name="Pearson1"/>. Pour Pearson<ref name="Pearson3"/>, il y a chez les Allemands moins de constantes et plus de variables, telles que les institutions, l'environnement, l'esprit, etc. Ils ont aussi tendance à voir le développement économique comme suivant des stades d'évolution, ce qui tend à les faire passer pour des holistes. Pour Heath Pearson, ce jugement est exagéré, et Wilhelm Roscher par exemple écrit que l'économie reste Modèle:Citation<ref name="Pearson5"/>. Par ailleurs, les Allemands utilisent beaucoup les statistiques, notamment Karl Knies, Bruno Hildebrand ou Robert WagnerModèle:Lequel<ref name="Pearson2"/>. Alfred Marshall, dans son livre Principle of Economics, a plutôt une bonne opinion d'eux<ref name="Pearson2"/>, contrairement à Carl Menger, fondateur de l'école autrichienne, qui s'opposera à eux dans ce qui est connu comme la querelle de la Modèle:Lang<ref name="Pearson2"/>. On note enfin chez les Allemands la place du droit, particulièrement celui de l'école historique du droit de Friedrich Carl von Savigny<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Influence
L'école historique allemande fonde en 1872 le Modèle:Lang (union pour la politique sociale)<ref name="Pearson3"/>. Sur ce modèle sont créées l'Modèle:Lang en 1885 et Modèle:Lang<ref name="Pearson4"/>. En effet, l'université allemande est alors très réputée et 20 des 26 premiers présidents de l'Modèle:Lang ont étudié en Allemagne, notamment les chefs de file de l'institutionnalisme américain. Mais ils ont été aussi influents en Inde et au Japon, ainsi que sur de nombreux économistes comme Joseph Schumpeter, ou de grands noms de l'anthropologie économique comme Bronislaw Malinowski ou Karl Polanyi<ref name="Pearson2"/>. En France, ils influencent les premiers travaux d'Émile Durkheim.
L'école elle-même entre en déclin après la première Guerre mondiale et disparaît après la seconde Guerre mondiale<ref name="Pearson2"/>
La relance de l'économie politique
Modèle:Quand, compte tenu de l'émergence de la question sociale, la notion d'économie politique est relancée.
Relance par les penseurs allemands
L'économiste Adolph Wagner (1835-1917) critique ainsi les doctrines des physiocrates et des libéraux : Modèle:Citation bloc
Wagner entend promouvoir l'économie politique comme Modèle:Citation<ref>Wagner, les Fondements de l'économie politique</ref>. L'économie nationale étant un tout, un système fondé sur la division du travail et la circulation entre les exploitations particulières, ce tout doit être Modèle:Refnec.
De son côté, Karl Marx réclame l'interventionnisme de l'État dans l'économie, dans le cadre de la lutte des classes avec la socialisation des biens et des moyens de production.
Relance par les partisans d'une économie politique « pure »
Dans les années 1874-1877, Léon Walras met en avant le concept de Modèle:Citation de l'économie politique pure : Modèle:Citation bloc
Walras veut faire de l'économie une science : Modèle:Citation bloc
En 1878, l'enseignement de l'économie politique prend place officiellement en France dans les programmes des cours et des examens dans les facultés de droit<ref> Revue d'économie politique, mai-juin 1917.</ref>.
Relance par l'école Keynésienne
Plus modéré, le keynésianisme (inspiré par John Maynard Keynes dans les années 1930) pointe à certaines périodes l'insuffisance de la demande effective, et revendique un rôle actif de l'État lorsqu'il s'agit de faire face aux crises de sous-production par une politique de relance. Les résultats très contrastés du Modèle:Lang, puis l'échec relatif des plans de relance dans les années 1970 marquent la fin de la dominance du courant keynésien.
L'économie politique dans la culture anglo-saxonne
L'expression « économie politique » revêt une connotation particulière dans la culture et la pensée économiques anglo-saxonne. Ainsi, pour les économistes de langue anglaise, Modèle:Référence nécessaire :
- Modèle:Lang, une branche de la science économique qui décrit et analyse l'activité économique par rapport aux données politiques, en essayant d'expliquer le fonctionnement et de trouver les lois qui régissent l'activité économique par rapport à l'action des pouvoirs publics (voir Politique économique) ;
Dans son sens d'analyse économique des politiques publiques, l'économie politique naît dès Adam Smith avec son ouvrage La Richesse des Nations (1776), dans lequel il développe implicitement le concept de biens publics, biens pour lesquels l'intervention de l'État s'avère nécessaire. Toutefois, l'analyse économique des politiques publiques apparaît véritablement dans les années 1930, avec notamment les travaux de Paul Samuelson sur les biens collectifs et la fonction de bien-être social. Samuelson est le premier à distinguer les biens collectifs purs des biens collectifs mixtes (dans ces derniers, l'exclusion des Modèle:Lang est aisée). Dans une perspective différente, Ronald Coase apporte une contribution majeure avec son article Modèle:Lang (1960) où il émet l'idée que l'intervention de l'État est justifiable en cas d'existence de coûts de transaction (voir Théorème de Coase).
Dans une perspective relevant autant de l'économie que de la philosophie politique, mention doit être faite des travaux de John Harsanyi et de John Rawls. Le premier développe une approche utilitariste de l'action publique. Dans la lignée de Jeremy Bentham et de Paul Samuelson, Harsanyi établit une fonction de bien-être social à partir de laquelle il tente de définir le critère de répartition du revenu qui serait adopté par des individus rationnels et impartiaux. À l'opposé, la démarche de Rawls est dite contractualiste et déontologique : à partir de la situation fictive du voile d'ignorance, Rawls montre quels seraient les critères de justice adoptés par des individus rationnels.
Dans le domaine plus restreint de l'analyse du choix des agents publics et du fonctionnement des régimes démocratiques, il faut noter la contribution fondamentale de l'économiste Anthony Downs avec son ouvrage Modèle:Lang (1957), puisqu'il s'agit de la première tentative d'application systématique de la méthode d'analyse économique aux phénomènes politiques. Downs transpose à la sphère politique l'ensemble des outils d'analyse de l'économie : les hommes politiques sont considérés comme des entrepreneurs en concurrence pour satisfaire une demande provenant des électeurs, les agents étant supposés rationnels et maximisateurs et l'univers certain. Dans le même ouvrage, Downs procédera à une analyse des stratégies mises en place par les gouvernements et les partis politiques. Il montre notamment que, dans un régime démocratique, le gouvernement n'est pas incité à adopter les politiques optimales pour plusieurs raisons (la configuration des préférences individuelles et l'existence d'externalité, l'incertitude pesant sur les préférences des citoyens et sur l'effet des mesures politiques, ou les stratégies du gouvernement afin de maximiser le nombre de votes en sa faveur).
Downs a ainsi ouvert la voie à de très nombreux travaux portant sur l'efficacité du système démocratique. Dans cette optique, Kenneth Arrow démontre à travers son théorème d'impossibilité l'incapacité d'un régime démocratique à faire émerger des choix stables et cohérents. Modèle:Refnec, et en adoptant pourtant des hypothèses beaucoup moins restrictives, Amartya Sen montre l'incompatibilité, dans un régime démocratique, entre l'efficacité parétienne et la liberté individuelle.
Par ailleurs, la théorie des choix publics dédie Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre</ref>.
Enfin, les travaux de Mancur Olson (La Logique de l'action collective, 1971) doivent également être mentionnés. Ce dernier s'intéresse au rôle joué par les groupes d'intérêts dans les processus de décisions publiques.
L'économie politique aujourd'hui
Pensée pluri-dimensionnelle
Pour beaucoup de ses fondateurs, l'économie politique est une pensée pluri-dimensionnelle qui assume la triple dimension humaine, sociale et historique : c'est une science « morale » et « politique » car elle est à la fois Modèle:Citation, et Modèle:Citation<ref name="Beaud Dostaler">M. Beaud et G. Dostaler, La pensée économique depuis Keynes, le Seuil, Economica, 1996, p. 233 Modèle:ISBN. </ref>.
À l'instar du sociologue Alain Caillé<ref>Modèle:Ouvrage (en particulier le chapitre « L'épuisement de l'économie politique », Modèle:P.). Voir aussi : Modèle:Article.</ref>, Michel Beaud et Gilles Dostaler déplorent dès 1996<ref name="Beaud Dostaler" /> une démobilisation de la pensée pluridimensionnelle, favorisée par l'énorme production écrite et cristallisée dans la spécialisation et le cloisonnement des écoles et des langues.
Néanmoins, les deux économistes notent que Modèle:Citation<ref name="Beaud Dostaler" />.
Critiques
Alain Caillé est beaucoup plus sceptique quant au renouveau de l'économie politique. Tandis qu'il considère qu'elle Modèle:Citation<ref>A. Caillé, op. cit., Modèle:P.</ref>, il conclut que Modèle:Citation<ref>A. Caillé, op. cit., Modèle:P.</ref>.
Un tableau de l'économie politique en 1984
Source : tableau de P. Davidson dans Modèle:Lang de Daniel Bell et Irving Kristol<ref> Traduction de Jean-Claude Milleron dans « Analyses de la SEDEIS », citées par Jacques Lesourne in Études, mars 1984, Paris, Modèle:P.</ref>.
«Radicaux» et socialistes | Post-keynésiens | Keynésiens | Synthèse néo-classiques/Keynésiens | Monétaires, néo-classiques | |
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Politique | Gauche | Centre Gauche | Centre | Centre Droit | Droite |
Monnaie | Les forces de l'économie réelle sont prédominantes. La monnaie n'est qu'un outil dans les mains des structures de pouvoir du moment | Les forces de l'économie réelle sont prédominantes. Quant à la monnaie, on suppose qu'elle s'adapte | Les forces de l'économie monétaire et de l'économie réelle sont intimement liées | La monnaie doit être prise en compte, mais ce n'est qu'un élément parmi d'autres | La monnaie est de première importance |
Taux de salaire | Le taux de salaire est la base de la valeur. | Le salaire nominal est le point clef du niveau des prix | Le taux de salaire nominal est fondamental | Le taux de salaire n'est qu'un prix parmi d'autres | Le taux de salaire n'est qu'un prix parmi d'autres |
Distribution du Revenu | La distribution du revenu est la question économique la plus importante | La distribution des revenus est très importante | Les questions de distribution des revenus sont de moindre importance | La distribution des revenus est la résultante de toutes les équations de demande et d'offre dans un système d'équilibre général. C'est une affaire d'équité et ne peut être l'objet d'une recherche scientifique | La distribution des revenus est la résultante de toutes les équations de demande et d'offre dans un système d'équilibre général. C'est une affaire d'équité et ne peut être l'objet d'une recherche scientifique. |
Théorie du Capital | Surplus engendré grâce à l'« armée de réserve » | Surplus nécessaire au-delà des salaires | Théorie de la rareté (quasi-rente) | Théorie de la productivité marginale : fonctions de production à facteurs substituables | Théorie de la productivité marginale : fonctions de production à facteurs substituables |
Théorie de l'emploi | N'importe quel niveau d'emploi est possible. L'emploi augmente au cours du temps. le plein emploi est porteur de crise en économie capitaliste. | La croissance est possible avec n'importe quel niveau d'emploi : cependant l'accent est mis sur la croissance de plein emploi. | N'importe quel niveau d'emploi est possible ; le plein emploi est souhaitable | Le plein emploi est possible. Le sous-emploi est vu comme une situation de déséquilibre. | Le plein emploi est postulé à long terme : pas de théorie explicité de l'emploi à court terme. |
Inflation | Due d'abord aux variations du salaire nominal : peut être aussi due à des variations des marges de profit. | Due au salaire nominal ou aux variations des marges de profit. | Due aux variations du salaire nominal, de la productivité et/ou des marges de profit | À long terme un phénomène monétaire relié avant tout à l'offre de monnaie à travers les décisions des agents économiques concernant leurs actifs. À court terme relation possible avec la courbe de Phillips. | Avant tout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est reliée à l'offre de monnaie à travers les décisions des agents concernant leurs actifs. |
Représentants les plus connus | Galbraith, Bowles, D. Gordon, les Marxistes | Mrs Robinson, Kaldor, Sraffa, Pasinetti, Eichner, Kregel, Harcourt | Harrod, Shackle, Weintraub, Davidson, Minski, Wells, Vickers | Solow, Samuelson, Tobin, Clower, Leijonhufvud, Hicks | Friedman, Brunner, Meltzer, Parkin, Laidler |
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Gustave Bessière, L’arithmétique à l'usage des hommes d'État en cinq leçons, Dunod, Paris, 1935
- Woll Cornelia, « Préface : Regard sur l’évolution de l’économie politique dans l’espace francophone », in Julien Bokilo, Economie politique en science politique : penser le fait politique comme fait économique, Paris, Connaissances et Savoirs, 2021, pp. 5-6.
- Bokilo Lossayi Julien, Economie politique en science politique : penser le fait politique comme fait économique, Paris, Connaissances et Savoirs, 2021.
Articles connexes
Ouvrages pour aller plus loin
- Frédéric Bastiat, Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, Choix de sophismes et de pamphlets économiques, Modèle:ISBN.
- Chevalier John Nickolls (pseudonyme de Louis-Joseph Plumard de Dangeul), Remarques sur les Avantages et les Désavantages de la France […] (1754).
- Antoine-Elisée Cherbuliez, Étude sur les causes de la misère, tant morale que physique et sur les moyens d’y porter remède (1853).
- Jacques Généreux, L'économie politique. Analyse économique des choix publics et de la vie politique, Paris, Larousse, 1996.
- Alexis Jacquemin, Henry Tulkens et Paul Mercier, Fondements d'économie politique, Modèle:3e, Bruxelles, 2001. Accessible en ligne et téléchargeable en pdf sur la page web personnelle de Henry Tulkens (via Google).
- Robert Leroux, Lire Bastiat : Science sociale et libéralisme, Paris, Hermann, 2008.
- Modèle:Ouvrage
- Antoin Murphy, « L.-J. Plumard de Dangeul (1722-1777), Membre de l'Académie des Sciences de Stockholm - Un précurseur de l'Économie politique », in Revue Historique et Archéologique du Maine, Le Mans, 2000, Modèle:3e T. 20, tome CLI de la Collection, Modèle:P.81 - 96 (+ ill.); édition numérique, mode image et texte, in : DVD/CD-ROM, Revue hist.et archéol.du Maine 1876-2000, par la Société Historique et archéologique du Maine, Le Mans, 2006.
- Rosa Luxemburg, Introduction à l'économie politique (1907-1917), Toulouse, Smolny, 2008.
- Alain Queruel, Découvrir l'économie politique. De Colbert à Sarkozy, Paris, Éditions Praelego, 2010.
- Alphonse Courtois, Annales de la société d'économie politique, en plusieurs tomes, le plus souvent un tome par année. Tome 1 : 1889. Paris, Guillaumin.