Antonine Maillet
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2
Antonine Maillet, née le Modèle:Date de naissance- à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick (Canada), est une romancière et dramaturge acadienne. Ses œuvres les plus connues sont la pièce La Sagouine et le roman Pélagie-la-Charrette.
Biographie
Enfance et études
Antonine Maillet naît le Modèle:Date- à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick<ref name="paroles">Modèle:Ouvrage</ref>. Elle a cinq sœurs et trois frères et elle est l'une des plus jeunes enfants de la famille<ref name="Lavoie_1974">Modèle:Article</ref>,<ref name="bottos_45">Modèle:Harvsp</ref>. Ses parents sont instituteurs mais son père abandonne son emploi pour devenir gérant du magasin général Irving de la ville, une période rappelée dans le monologue Nouël de La Sagouine<ref name="shek_1983">Modèle:Article</ref>. Sa mère est une Cormier, et c'est une Modèle:Mme Cormier qui est la narratrice de son premier roman, Pointe-aux-Coques<ref name="shek_1983"/>. Elle soutient que le nom Maillet est une déformation de Martel et fait donc remonter ses ancêtres à Charles Martel, père de Pépin le Bref et grand-père de Charlemagne<ref name="an_don"/>. Son premier ancêtre en Acadie est Jacques Maillet, le seul originaire de Paris<ref name="bottos_45"/>.
Elle fréquente l'école de Bouctouche, de 1935 à 1944<ref name="shek_1983"/>. Très jeune, elle découvre dans son village la séparation des « gens bien, l'occurrence riches et puissants » et des « éprouvés, pauvres et souvent isolés », qui deviendra un thème important de ses romans<ref name="bottos_45"/>. Ses parents, des patriotes, lui inculquent l'acadianité et la culture française<ref name="bottos_45"/>.
Elle entre, en 1944, au Collège Notre-Dame d'Acadie de Memramcook<ref name="anthologie">Modèle:Ouvrage</ref>. Elle est éditrice du journal étudiant Bleuettes<ref name="Lavoie_1974"/>. Le collège est déplacé à Moncton en 1949<ref name="Lavoie_1974"/>. C'est là qu'elle obtient son baccalauréat en arts en 1950<ref name="encyclopedie_maillet">Modèle:Lien web</ref> ou 1952, selon les sources<ref name="Lavoie_1974"/>.
Courte vocation religieuse et premiers textes
Après son baccalauréat, elle entre à la Congrégation Notre-Dame du Sacré-Cœur et prend le nom de sœur Marie-Grégoire<ref name="paroles"/>. Elle est tout d'abord institutrice à Richibouctou-Village, dans Cap-de-Richibouctou<ref name="anthologie"/>. Elle enseigne ensuite les lettres au Collège Notre-Dame d'Acadie de 1954 à 1960<ref name="paroles"/>. Elle obtient entre-temps une maîtrise ès arts au même établissement en 1959<ref name="paroles"/>,<ref name="encyclopedie_maillet"/>.
C'est pour les étudiantes de son collège qu'elle écrit ses premières pièces de théâtre, Entracte en 1957 et Poire-Acre en 1958<ref name="paroles"/>. C'est d'ailleurs dans une collection jeunesse que son premier roman, Pointe-aux-Coques, est publié en 1958<ref name="paroles"/>. Ce roman traite de l'année qu'elle a passée à Richibouctou-Village et est narré par une Modèle:Mme Cormier, qui est en fait le nom de sa mère<ref name="shek_1983"/>. C'est la première fois qu'elle utilise le français acadien dans un texte<ref name="shek_1983"/>.
Elle obtient le prix du Festival national d'arts dramatiques pour sa pièce Poire-Acre en 1958<ref name="shek_1983"/>. Elle obtient le prix du Conseil des arts du Canada de la meilleure pièce canadienne en 1960 pour Les Jeux des enfants sont faits, présentée à Vancouver<ref name="Lavoie_1974"/>. La même année, on lui décerne le prix Champlain pour Pointe-aux-Coques<ref name="anthologie"/>. Antonine Maillet quitte la congrégation peu de temps après<ref name="shek_1983"/>.
Retour aux études et enseignement
Elle s'inscrit en 1961 à l'Université de Montréal<ref name="Lavoie_1974"/>, où elle obtient une licence en lettres un an plus tard<ref name="anthologie"/>. Elle rédige un mémoire de maîtrise portant sur Gabrielle Roy de 1962 à 1963<ref name="Lavoie_1974"/>. Elle obtient une bourse du Conseil des Arts du Canada afin d'aller étudier à Paris où elle commence ses recherches sur François Rabelais<ref name="Lavoie_1974"/>. Elle entreprend aussi un voyage au Proche-Orient et en Afrique<ref name="Lavoie_1974"/>.
Elle enseigne à l'Université de Moncton de 1964 à 1967<ref name="Lavoie_1974"/>. De juin à août 1966, elle effectue des recherches sur le folklore acadien en vue de sa thèse de doctorat<ref name="Lavoie_1974"/>. Elle enseigne au Collège des Jésuites de Québec de 1968 à 1969<ref name="paroles"/>. Entre-temps, elle fait des recherches sous la supervision de Luc Lacourcière<ref name="Lavoie_1974"/> et elle obtient un doctorat en lettres de l'Université Laval en 1969<ref name="anthologie"/> ou 1970, selon les sources<ref name="encyclopedie_maillet"/>,<ref name="paroles"/>. Sa thèse, Rabelais et les traditions populaires en Acadie, est publiée en 1971<ref name="paroles"/>. Elle étudie à Paris de 1969 à 1970<ref name="anthologie"/>. Elle en profite pour écrire des contes et les premières versions de La Sagouine<ref name="Lavoie_1974"/>. Elle retourne à Montréal mais part aussitôt enseigner la création littéraire et la littérature orale à l'Université Laval<ref name="Lavoie_1974"/>. Elle devient professeure à l'Université de Montréal en 1974<ref name="anthologie"/>. Elle enseigne aussi à l'Université de Californie à Berkeley et à l'Université d'État de New York à Albany<ref name="encyclopedie_maillet"/>. À la suite du succès important de La Sagouine, elle quitte l'enseignement en 1975 pour se consacrer entièrement à l'écriture<ref name="shek_1983"/>. Elle travaille ensuite pour Radio-Canada à Moncton<ref name="encyclopedie_maillet"/>, en qualité de scénariste et animatrice.
Cycle de Radi
Dans On a mangé la dune (1962), l'auteure introduit un premier personnage récurrent, Radi<ref name="paroles"/>. Radi est en fait l'enfant qu'a été Radegonde, un nom que se donne Antonine dans les romans inspirés par sa vie et son milieu<ref name="paroles"/>. Radi réapparaît dans Le Chemin Saint-Jacques (1996) et Chronique d'une sorcière de vent (1999)<ref name="paroles"/>.
Cycle de l'Île-aux-Puces
Elle écrit Les Crasseux en 1966 mais la pièce n'est publiée qu'en 1968<ref name="shek_1983" />. Dans un texte ne comportant pas beaucoup de français acadiens, elle introduit La Sagouine, Don l'Orignal, Michel-Archange, Noume, Citrouille, La Sainte et La Cruche<ref name="paroles" />.
Elle lit des textes de La Sagouine à la Première Chaîne en 1970<ref name="Lavoie_1974" />. Elle fait sa première lecture publique de ce texte en 1971 au Centre d'Essai des auteurs dramatiques de Montréal<ref name="Lavoie_1974" />. La Sagouine est publiée la même année chez Leméac ; tous les exemplaires sont écoulés en cinq mois<ref name="Lavoie_1974" />. La pièce est mise en scène par Eugène Gallant et produite par la troupe Les Feux chalins de Moncton en 1971<ref name="Lavoie_1974" />. L'interprétation de Viola Léger contribue au succès de la pièce<ref name="paroles" />. En 1972, la pièce est en tournée dans plusieurs villes dont Saskatoon et Montréal<ref name="Lavoie_1974" />. C'est la présentation au Théâtre du Rideau Vert de cette ville qui donne véritablement sa popularité à Antonine Maillet<ref>rideauvert.qc.ca</ref>. La Sagouine fait partie du cycle de l'Île-aux-Puces, qui regroupe plusieurs de ses œuvres ultérieures<ref name="paroles" />.
Le roman Don l'Orignal, publié en 1972, lui mérite le prix du Gouverneur général<ref name="anthologie" />. Elle introduit finalement le personnage de Mariaagélas dans le recueil de contes et de souvenirs Par derrière chez mon père (1972)<ref name="paroles" />. Elle obtient un doctorat honorifique de l'Université de Moncton la même année<ref name="Lavoie_1974" />.
La Sagouine est produite à Monaco, Montréal et Moncton en 1973<ref name="Lavoie_1974" />.
Mariaagélas (1973) mérite le Grand prix de la Ville de Montréal à son auteure ainsi que le prix des Volcans et le prix France-Canada en 1975<ref name="anthologie" />. Il est en effet considéré comme l'un de ses plus beaux textes en prose, abondant de passages poétiques et d'humour mais constituant aussi une critique sociale<ref name="shek_1983" />.
Le cycle de l'Île-aux-Puces se poursuit en 1973 avec Gapi et Sullivan, en 1977 avec La Veuve enragée et en 1981 avec La Contrebandière<ref name="Lavoie_1974" />,<ref name="paroles" />.
Le succès d'Antonine Maillet ne plait pas à tout le monde, Victor-Lévy Beaulieu y voyant une « Acadie arriviste », s'affichant avec « outrecuidance », parlant de « ce nulle part de l'enpremier » et récoltant « baveusement tous les marbres [de la littérature] »<ref name="shek_1983" />.
L'ouverture du complexe récréo-touristique du Pays de la Sagouine en 1992 à Bouctouche donne vie aux personnages du cycle de l'Île-aux-Puces<ref name="paroles"/>. Deux séries télévisées sont aussi réalisées sur La Sagouine.
Autres œuvres
Son roman de la « nativité acadienne », Emmanuel à Joseph à Dâvit, lui vaut le prix France-Acadie en 1975<ref name="shek_1983"/>. En 1977, Les Cordes-de-bois, son premier long texte de fiction, est en nomination pour le prix Goncourt et remporte le Prix des quatre jurys<ref name="shek_1983"/>. Le vote pour le Prix Goncourt avait en fait donné lieu à une égalité avec le roman John l'Enfer de Didier Decoin<ref name="an_don">Modèle:Article</ref>. Le jury aurait alors affirmé que le prix ne peut être donné « à une œuvre écrite dans la langue d'avant Malherbe », ce qui fut critiqué par la presse<ref name="an_don"/>.
En 1976, elle a été créée officier de l'Ordre du Canada et a été promue Compagnon en 1981. Modèle:Mme Maillet a reçu de la Société royale du Canada la médaille Lorne Pierce en 1980. En 1985, elle a été faite officier de l'ordre des Arts et des Lettres de France et en 2005, elle a été nommée à l'Ordre du Nouveau-Brunswick. Elle est membre du Conseil privé de la Reine pour le Canada.
En 1979, son œuvre Pélagie-la-Charrette a remporté le prix Goncourt. La même année, la ville d’Outremont, où habite Modèle:Mme Maillet, a renommé la rue Wilder où elle habite en avenue Antonine-Maillet, afin d’honorer la récipiendaire du Prix Goncourt. Son roman ouvre la voie à une écriture plus complexe, basée plus sur la narration que sur l'intrigue et construite autour de la relation entre les personnages et l'auteure<ref name="paroles"/>.
Elle est l'auteur de nombreux romans et pièces de théâtre très populaires. Son roman Pélagie-la-Charrette évoque le Grand Dérangement de 1755 (déportation des Acadiens par les Britanniques). C'est l'histoire et le folklore de l'Acadie qui l'inspirent.
Vie personnelle
Elle fut de nombreuses années la compagne<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>de Mercedes Palomino, la cofondatrice du théâtre du Rideau Vert.
Écriture
Ethnologie
Antonine Maillet utilise le français normatif ou le vieux français acadien dans ses œuvres, le tout dans une recherche constante de l'oralité<ref name="paroles"/>. Victor-Lévy Beaulieu moque l'usage du français acadien par Antonine Maillet, ce que Ben-Z. Shek dénonce comme une tentative d'imposer son point de vue de ce qu'est un roman à l'ensemble des auteurs<ref name="shek_1983"/>.
Le « pays » délimité par un triangle situé entre Rogersville, Saint-Norbert et Bouctouche figure sous différents noms dans ses romans et c'est celui qui est évoqué lorsque les personnages sont contraints de vivre ailleurs, comme dans Évangéline Deusse (1975)<ref name="paroles"/>.
Pointe-aux-Coques introduit un aspect ethnologique et ce de manière mal intégrée à l'univers imaginaire, selon Ben-Z. Shek, qui dénonce aussi cela pour l'ensemble son œuvre<ref name="shek_1983"/>.
Critique sociale
Quoiqu'elle ne soit ni pauvre comme la Sagouine ni une historienne ou une sociologue, Antonine Maillet prend clairement parti pour les pauvres, et se dit attirée par ces gens, partout dans le monde<ref name="shek_1983"/>. Elle décrit ce choix comme étant à la fois « humain et esthétique »<ref name="shek_1983"/>. Décrite par Ben-Z. Shek comme une néo-nationaliste, elle se sent concernée par la « domination économique » et « l'oppression nationale » mais aussi par la diversification sociale au sein de l'Acadie<ref name="shek_1983"/>. Son roman Pointe-aux-Coques (1958) fait déjà mention, quoique de manière rudimentaire, de ce parti pris. Elle y décrit « l'armée » de chômeurs de la Grande Dépression, et le besoin pour les pêcheurs de s'organiser<ref name="shek_1983"/>. Les Crasseux (1966) introduit la division physique, sociale et culturelle entre les « gens d'en haut » et les « gens d'en bas », qui figure dans plusieurs de ses textes<ref name="shek_1983"/>. La Sagouine combine habilement la critique sociale et une forme esthétique appropriée, en faisant l'une des œuvres les plus remarquables de la littérature canadienne francophone d'après-guerre<ref name="shek_1983"/>. Selon Simone Leblanc-Rainville, sa publication est même un événement d'une grande portée sociale car elle laisse « les plus défavorisés parler pour tous », causant un choc chez l'élite, pour qui « la misère est un reproche à sa bonne conscience »<ref name="shek_1983"/>. Bruno Drolet parle même d'injustices sociales « sans doute réelles »<ref name="shek_1983"/>. La Sagouine cause aussi un débat sur la résignation et le fatalisme du personnage, son trait « le plus typiquement acadien » selon Simone Leblanc-Rainville, pour qui elle annonce la « révolte contenue » d'un « peuple bafoué », que seuls des gens « naïfs » ne peuvent pas voir<ref name="shek_1983"/>.
Influences
L'une des grandes influences d'Antonine Maillet est François Rabelais, qui est non seulement l'objet de sa thèse de doctorat mais dont l'œuvre est intégrée dans la pièce Panurge, ami de Pantagruel en 1983<ref name="paroles"/>. L'œuvre toninienne rejoint la rabelaisienne par sa verve, ses jeux de mots et son sens de la formule<ref name="paroles"/>. L'auteure affirme que ses idoles sont William Faulkner, Marcel Proust et Gabriel García Márquez<ref name="an_don"/>.
Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie
Le Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie est une entreprise qui vise à promouvoir la littérature acadienne et à reconnaître des Acadiens et Acadiennes qui, par la qualité de leur travail dans le domaine littéraire, contribuent au rayonnement de l'Acadie dans le monde.
Par ce prix, la compagnie d'assurance Acadie Vie affiliée au Mouvement des caisses populaires acadiennes, rend hommage à la fois à la première grande écrivaine Acadienne, mais aussi aux créateurs littéraires acadiens. Évaluées par un jury, les œuvres littéraires retenues sont récompensées lors de l'ouverture du Festival acadien de la poésie.
Dans la culture
L’« œuvre immense » d'Antonine Maillet est mentionnée dans le recueil de poésie La Terre tressée, de Claude Le Bouthillier<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Honneurs
Affiliations
- Membre de l'Académie des lettres du Québec
- Membre de l'Association des écrivains de langue française
- Membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de France
- Membre de la Société des gens de lettres de France
- Membre de l'Académie des lettres du Québec
- Membre du conseil littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco
- Membre de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois
- Membre du Haut Conseil de la francophonie
- Chancelier de l'Université de Moncton (1989-2000)
- Membre de la Société royale du Canada
Œuvres choisies
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Robert Viau, Antonine Maillet : 50 ans d'écriture, Éditions David, Ottawa, 2008, 349 p. Modèle:ISBN
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Archives de Radio-Canada sur Antonine Maillet
- Antonine Maillet - Les possibles sont infinis Bande-annonce. Documentaire de Ginette Pellerin, produit par l'Office national du film du Canada