Camp de concentration
Un camp de concentration est un lieu fermé de grande taille construit pour regrouper et pour détenir une population considérée comme ennemie, généralement dans de très mauvaises conditions de vie. Cette population peut se composer d'opposants politiques, de ressortissants de pays avec lesquels le pays d'accueil est en état de guerre, de groupes ethniques ou religieux spécifiques, de civils d'une zone critique de combats, ou d'autres groupes humains, souvent pendant une guerre. Les personnes sont détenues en raison de critères généraux, sans procédure juridique, et non en vertu d'un jugement individuel. Le terme est surtout connu par la création de très nombreux camps par le régime nazi. Si les conditions de détention dans les camps de concentration nazis menaient de fait à des taux de morbidité et de mortalité extrêmement élevés, ils sont distincts des centres d'extermination nazis.
L'expression « camp de concentration » est née à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Son origine provient du terme « Modèle:Lang » utilisé par les Espagnols d'après les ordres du général Valeriano Weyler, pendant la guerre d'indépendance cubaine (1895-1898)<ref name=":1" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Par la suite, les Britanniques reprirent cette méthode durant la seconde guerre des Boers (1899-1902) et donneront naissance à l'expression.
Camps de concentration pour civils ennemis
Internement de civils de pays ennemis
L'histoire d'un camp de concentration, bien qu'il soit admis par le droit de la guerre pour l'internement des civils ennemis, est difficile à justifier en ce sens qu'alors, l'internement constitue une mesure collective et non individuelle, qui ne sanctionne pas des actes individuels, mais une situation indépendante de la volonté de la personne internée.
De tels camps sont utilisés en tant que mesure conservatoire militaire : si des ressortissants du pays B vivent dans le pays A lors de la déclaration de guerre entre A et B, le pays A peut considérer que les ressortissants de B sur son territoire sont des ressortissants d'un pays ennemi, qu'il importe d'interner, pour éviter qu'ils rejoignent l'armée adverse ou se lancent dans des opérations d'espionnage. Ainsi, certains responsables des camps d'internement parleront de simples prisons élargies pour recevoir un plus grand nombre d'internés prisonniers, ou même — dans certains pays et hors temps de guerre — de « structures éducatives ».
Apparition des camps de concentration : Cuba, seconde guerre des Boers, Namibie
Les premiers camps de concentration ont été formés par les Espagnols à Cuba dans un contexte colonial<ref name=":2" />,<ref>Modèle:Article</ref>, pendant la Guerre d'indépendance cubaine. Le général Valerià Weyler i Nicolau a l'idée en 1897 de « concentrer » les populations civiles dans des places contrôlées par l'armée pour enlever tout soutien à la rébellion, d'où le nom de politique espagnole de reconcentration. Près de Modèle:Unité sont ainsi déplacées dans ces camps. Les civils sont invités à rentrer dans ces camps, avec leur bétail, sous le délai de huit jours<ref name=":1">Annette Becker, « La genèse des camps de concentration : Cuba, la guerre des Boers, la Grande Guerre, de 1896 aux années vingt », article paru dans la Revue d'Histoire de la Shoah, Modèle:N°, juillet-décembre 2008, Violences de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah Modèle:Lire en ligne.</ref>. Passé ce délai, ceux qui se trouvent à l'extérieur sont considérés comme rebelles et donc tués. Le sénateur américain Redfield Proctor se rend sur place et visite ces camps ; il en rend compte au Sénat américain le 17 mars 1898 :
Le terme, « re-concentration » (Modèle:Citation étrangère, en espagnol), et son principe est repris par les Anglais pour lutter contre les Boers.
La première apparition de la dénomination « camp de concentration » est due aux Britanniques en Afrique du Sud, également dans un contexte colonial,durant la seconde guerre des Boers (Transvaal, 1899-1902) ; sur ordre du général Frederick Roberts puis de Lord Kitchener, les Britanniques y enfermaient les femmes, les vieillards et les enfants des Boers, ainsi que des membres de tribus indigènes<ref name=":2" />.
Il y a eu également les camps de concentration construits par le général Lothar von Trotha dès 1904, comme le camp de concentration de Shark Island en Namibie pour éliminer le peuple Héréro opposé à la colonisation entreprise par le gouverneur Heinrich Göring et aux armées du chancelier Von Bülow. Le désastre humanitaire fut effrayant : plus de Modèle:Nombre morts avant ou dans les camps de concentration (pour cause de malnutrition, mauvais traitements, exécutions sommaires des malades ainsi que des plus faibles). Il ne faut pas oublier les expériences anthropologiques, scientifiques et médicales transformant les prisonniers hereros en cobayes humains.
Évolution historique
Première Guerre mondiale
Modèle:Voir aussi D'une manière générale, tous les pays liés à la Première Guerre mondiale ont ouvert des camps pour regrouper les civils des nations ennemies : camps pour Allemands en Australie, pour Belges en Afrique allemande, pour Autrichiens en RussieModèle:Nobr<ref>Annette Becker, « La genèse des camps de concentration… », Modèle:Opcit, Modèle:P.115.</ref>. Au Royaume-Uni, Modèle:Nombre ou espions supposés ou Irlandais après 1916, ont été enfermés dans des camps comme le champ de course de Newbury, puis dans une prison de l'île de Man qui n'était pas prévue pour des civils. Des tailleurs juifs de Londres, issus de Galicie (donc de l'Autriche-Hongrie) sont aussi internés dans des camps<ref>Annette Becker, « La genèse des camps de concentration… », Modèle:Opcit, Modèle:P.116.</ref>.
La France a utilisé des camps de concentration durant la Première Guerre mondiale, dont ceux de Pontmain<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref> ou de Crest, pour y enfermer les ressortissants allemands, austro-hongrois et ottomans présents sur son territoire à l'ouverture des hostilités. De nombreuses îles françaises de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditerranée ont été utilisées pour implanter de tels campsModèle:Ref nec.
Entre-deux-guerres
L’entre-deux-guerres fut une période de grand développement des camps de concentration et de perfectionnement des méthodes de soumission, d’exploitation économique et d’extermination des catégories jugées « nuisibles », à mesure que se multipliaient les systèmes politiques totalitaires<ref>Joël Kotek, Pierre Rigoulot, Le Siècle des camps : emprisonnement, détention, extermination, cent ans de mal absolu, Paris, éditions J.-C. Lattès, 2000. Modèle:ISBN.</ref>.
Des bagnes appelés katorgas existaient déjà dans l’Empire russe notamment dans les zones peu peuplées de l’Extrême-Orient russe, donnant à ces contrées une réputation de punition. Pendant la Révolution russe, ils furent abolis par la République russe après la révolution de Février, mais rétablis en septembre 1918 par la Russie soviétique après celle d’Octobre<ref>Alexandre Soljenitsyne cite dans son essai d'investigation L'Archipel du Goulag : [...] le 5 septembre 1918, une dizaine de jours après ce télégramme, fut publié le Décret du SNK sur la Terreur rouge, signé Pétrovski, Kourski et Bontch-Brouïévitch. Outre les instructions concernant les exécutions massives par fusillade, il y était notamment prescrit de « protéger la république des Soviets contre ses ennemis de classe en isolant ces derniers dans des camps de concentration »</ref> : réorganisés en camps de travaux forcés<ref>Raymond Duguet, Un Bagne en Russie rouge. Solovki : l’île de la faim, des supplices, de la mort, Balland 2004, Modèle:ISBN</ref>, ils peuvent être comparés à des camps de concentration puisqu’ils fonctionnent en dehors d’un système judiciaire régulier et réunissent un grand nombre de détenus dans des conditions très dures<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Le réseau de camps de travaux forcés de l’URSS compta à son apogée plus de 650 camps (des « villes-prisons » dont plusieurs dizaines regroupaient entre Modèle:Unité et Modèle:Unité)<ref>Paul Barton, L’Institution concentrationnaire en Russie (1930-1957), Plon 1959, 516 pages</ref> ; il reçut en 1930 le nom de Goulag<ref>Marie Jégo, « Modèle:Date-, le bureau politique instaure le Goulag », dans Le Monde du 03/03/2003, Modèle:Lire en ligne</ref>. Il était géré par la police politique (Tchéka, Guépéou, NKVD) comme instrument de terreur et d’expansion économique<ref>Selon Nicolas Werth, « Goulag : les vrais chiffres », in : L'Histoire Modèle:N°, septembre 1993, Modèle:P., GOULAG est un acronyme apparu en 1930 pour le russe Главное управление лагерей : « Administration principale des camps ». C’était un département de la police politique soviétique issu de la réorganisation de la Guépéou et de son rattachement au NKVD. Avant la réorganisation du Goulag, les camps étaient placés sous l’autorité de chaque ministère des Républiques concernées : jusqu’en 1930, le ministère de l’Intérieur, puis de 1930 à 1934 le ministère de la Justice.</ref>. Cette administration pénitentiaire connut une croissance constante jusqu’à la mort de Staline, à mesure que de nouvelles catégories de citoyens étaient incarcérés et déportées, et que ses prérogatives économiques se développaient<ref>Anne Applebaum, Pierre-Emmanuel Dauzat (trad.), Goulag : Une histoire, Grasset 2003 et 2005, Modèle:ISBN</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Jean-Jacques Marie, Le Goulag, Presses Universitaires de France 1999.</ref>.
Des camps de concentration ont aussi été créés par l’Italie fasciste en Libye italienne pour permettre le contrôle des populations libyennes et dans le but de priver la rébellion dirigée par Omar Al Mokhtar de tout soutien, mais des opposants politiques au fascisme y sont également détenus<ref>A.Adu Boahen (dir.), General History of Africa Volume 7: Africa Under Colonial Domination 1880-1935, James Currey/UNESCO, 1990, page 51</ref>.
En France, le décret-loi du 12 novembre 1938 du gouvernement Daladier prévoit l’internement des « indésirables étrangers », élargi par la loi du 18 novembre 1939 qui permet l’internement « de tout individu, Français ou étranger, considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Dès 1939, les camps d’internement français furent utilisés, moins dans un but de défense du pays que pour rassembler les quelque Modèle:Nombre espagnols (réfugiés républicains fuyant l’avancée du camp franquiste) arrivés en France en moins d’un mois, soit le premier plus grand déplacement de population en Europe occidentale du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ces camps étaient situés à Vernet, Gurs<ref>Le camp de Gurs est construit par le gouvernement d'Édouard Daladier entre le 15 mars et le 25 avril 1939 pour accueillir des anciens combattants de la Guerre civile espagnole après la prise de pouvoir du général Franco</ref>, Rivesaltes, Argelès-sur-Mer et Agde<ref> Modèle:Lien web </ref>,<ref> Modèle:Lien web </ref>,<ref> Modèle:Lien web </ref>. Si, au départ, les autorités françaises furent dépassées par la gestion du nombre de réfugiés amenant une situation sanitaire déplorable au sein de ces camps<ref>De février à juillet 1939, Modèle:Nombre meurent dans ces camps, la plupart de dysenterie.</ref>, très rapidement des mesures furent prises afin d’améliorer les conditions de vie des réfugiés et ainsi faire chuter la propagation de maladies, notamment la dysenterie.
C’est pourquoi l’utilisation du terme « camp de concentration » dans ce cadre français est contestée : pas de travail forcé, pas de dépersonnalisation<ref name="histoireetmoi">Les routes de l'exode en 1940, chemins croisés: réfugiés espagnols et l'exode des français Intervention de Denis Peschanski sur France Inter, 31 juillet 2010</ref>, libre déplacement à l’extérieur de ces camps (d’ailleurs très peu étaient fermés). Pour certains historiens<ref>Bartolomé Bennassar, La Guerre d'Espagne et ses suites, coll. « Tempus ».</ref>, ajouter le qualificatif « de concentration » à ces camps est un abus de langage. Le terme « camp d’internement » est souvent préféré mais la terminologie a varié au cours de l’histoire concentrationnaire puis au cours des recherches sur cette histoire. Selon Geneviève Dreyfus-Armand, spécialiste de l’exil républicain espagnol : Modèle:Citation.
Seconde Guerre mondiale
Lors des débuts de la Seconde Guerre mondiale, de nouveau, le procédé a été employé en France pour interner les ressortissants des pays ennemis, mais dans ce cas la police française n'a pas fait de différence entre les Allemands et Autrichiens réfugiés en France et les partisans d'Hitler dont certains avaient organisé en France, dès le temps de paix, une « cinquième colonne »<ref>Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, éd. Fayard, 1986, Paris Modèle:ISBN ; rééd. Club France Loisirs, Paris, 1987, Modèle:P.57.</ref>. À partir de 1939, des mesures découlant de l’état de guerre imposent également des restrictions pour les gens du voyage.
Les Britanniques aussi ont organisé des camps de concentration de civils de l’Axe. C’est ainsi que des civils du sexe masculin résidant aux Indes, allemands, italiens, et même français après la mise en place du régime de Vichy, voire britanniques jugés suspects, se sont retrouvés, en 1940, internés au camp de Deraa Doun, sur les contreforts de l’Himalaya.
Des camps de concentration ont été ouverts aux États-Unis, notamment ceux destinés à l’Internement des Japonais-américains, à la suite de l’attaque de Pearl Harbor<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hirasaki National Resource Center : « Resources – Frequently Asked Questions », sur le site du Modèle:Lien, janm.org, consulté le 28 octobre 2009.</ref>,<ref name="prebin">Élise Prébin, « Mémoire des camps américains. L’exemple japonais », Ateliers, Modèle:N°30, « Ethnographies japonaises », avril 2006, Modèle:P.251-282, mis en ligne le 8 juin 2007, consulté le 28 octobre 2009.</ref>,<ref name="sabbagh">Modèle:Pdf Daniel Sabbagh, « Le statut des « Asiatiques » aux États-Unis – L’identité américaine dans un miroir », Critique internationale Modèle:N°20, juillet 2003, Modèle:P.77-78, sur le site ceri-sciencespo.com, consulté le 28 octobre 2009.</ref>. Des années plus tard, le souvenir de ces rafles de civils japonais et Nippo-Américains a refait surface dans l’opinion publique américaine<ref name="prebin"/>. Le gouvernement des États-Unis présenta des excuses à ce sujet en 1988<ref name="sabbagh"/>. Modèle:Loupe
D’autres camps de concentration ont été instaurés ailleurs, entre 1940 et 1945, comme ceux du Canada destinés aux Nippo-Canadiens<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Japanese Canadian Internment », Information at the University of Washington Libraries and Beyond, sur le site lib.washington.edu, consulté le 28 octobre 2009.</ref> et, entre autres, aux ressortissants d’origine italienne et allemande.Modèle:Loupe
Des camps de concentration ont été constitués par le régime de Vichy en zone non occupée et en Afrique du Nord entre 1941 et 1944 pour interner des Juifs (à commencer par les juifs étrangers), des résistants, des engagés allemands de la Légion étrangère, des Roms (par exemple : le camp de concentration de Montreuil-Bellay) et des antifascistes d’Europe centrale et orientale qui avaient trouvé refuge en France<ref>Assemblée nationale, « Proposition de loi Modèle:N°171 du groupe communiste tendant à assurer le droit à réparation pour les résistants déportés, emprisonnés et internés en Afrique du Nord (1940-1944) », 20 août 1997.</ref>. Certains camps furent utilisés ensuite à la libération pour les prisonniers allemands, comme le camp de Mulsanne.
À ces camps, il faut ajouter ceux des pays-satellites de l’Allemagne nazie dont les principales victimes furent, entre 1941 et 1944, les juifs, les roms et les antifascistes : le régime fasciste hongrois de Ferenc Szálasi en Bácska et en « région autonome subcarpatique » (Kárpátaljai kormányzói biztosság), le régime fasciste roumain d’Ion Antonescu en Transnistrie, théâtre de la Shoah en Roumanie, le régime fasciste bulgare de Bogdan Filov et Dobri Bojilov en Thrace prise à la Grèce, où périrent la plupart des juifs grecs, ou encore du régime fasciste croate d’Ante Pavelić, dirigé par les Oustachis, qui, au camp de concentration de Jasenovac et ailleurs, tuèrent de Modèle:Unité à Modèle:Unité, Croates antifascistes, Juifs, Roms et opposants.
Après 1945
C’est à l’issue de la Seconde Guerre mondiale que le Goulag soviétique atteignit son apogée, mais il déclina progressivement à partir de la mort de Staline en 1953 et surtout de la déstalinisation en 1956 : beaucoup de survivants furent alors libérés (quitte à être assignés à résidence dans les régions sous-peuplées de l’URSS) ; une autre vague de libérations, avec autorisation de retour dans les foyers d’origine, eut lieu à partir de 1986 avec la perestroïka. Le dernier camp correctionnel de travail, Perm-35, fut fermé en 1991. Perm-36, le dernier encore sur pied en Russie, abrite le musée de l'histoire de la répression politique et du totalitarisme en URSS<ref>Nicolas Werth, "GOULAG : les vrais chiffres", L'Histoire Modèle:N°, septembre 1993, Modèle:P..</ref>.
Certains camps de concentration nazis ont été « réutilisés » après la libération comme le camp de Zgoda en Pologne. En France, des camps du régime de Vichy ont également servi comme camps de prisonniers de guerre à la libération<ref>Voir le cas du camp de Margueritte près de Rennes : [1] et [2]</ref>.
Des camps de regroupement ont été créés pendant la guerre d'Algérie pour permettre le contrôle des populations algériennes<ref>La visite de Pierre Macaigne à Bessombourg sert de référence aux articles qu’il a publiés le 22 juillet 1959, puis le 6 et le 7 octobre suivant [3].</ref>,<ref>La triste affaire du camp de Zitouna ex Bessombourg : « Il s'agit d'enfants […] Sous des conditions inhumaines, des parties entières des huit millions que comptait la population algérienne étaient tenues dans les camps de l'armée française. […] En 1957, pour des raisons de stratégie militaire le village de Ziabra s'est retrouvé en zone interdite : résultat de ce découpage, Modèle:Unité de ce village vont être rassemblés à Bessombourg (Zitouna), dans la presqu'île de Collo, un ancien centre d'exploitation forestière au milieu de la montagne. » [4]</ref>.
Par contre, les camps de regroupement de harkis après les accords d'Évian ne sont pas des camps de concentration : ils n'en avaient pas le caractère (les harkis, loin d'être des ennemis de la France, l'avaient au contraire servie, ils étaient de plein droit citoyens français, et ces camps ne comportaient ni régime carcéral, ni brimades), mais constituaient tout de même des camps de regroupement de la population. Leur durée d'existence, supérieure à dix ans, est allée bien au-delà de celle des simples camps de réfugiés, car les autorités françaises n'ont pratiquement rien fait pour assurer leur intégration.
Dans les années 1960 à Cuba, le gouvernement castriste crée les Unités militaires d'aide à la production destinées selon Pierre Rigoulot Modèle:Citation. Martha Frayde évoque en ces termes ces unités militaires : le régime Modèle:Citation<ref name="PRT"> Pierre Rigoulot Les droits de l’homme à Cuba: retour sur une polémique</ref>. L'usage de l'expression « camps de concentration » pour désigner ces camps est toutefois contesté par Mariela Castro, puisque les « détenus » étaient rémunérés et n'y restaient que pour la durée de leur service militaire<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Fidel Castro indique en 2010 Modèle:Citation<ref>Quand Castro envoyait les homosexuels dans des camps Les Inrockuptibles, septembre 2010</ref>,Modèle:Pertinence détail.
Durant la guerre en ex-Yougoslavie, le régime de Slobodan Milosevic a mis en place une trentaine de camps de concentration dans lesquels furent internés 93 000 civils musulmans, catholiques et opposants politiques. Le plus connu est le camp de concentration d'Omarska où Modèle:Nombre périrent sur les 13 000 détenus du camp selon une enquête du Congrès américain<ref>Reporter sans frontières, Le Livre Noir de l'ex-Yougoslavie : purification ethnique et crimes de guerre, Arléa, 1993.</ref>.
En Chine communiste, le Laogai (dit « Goulag chinois ») a connu une période d’expansion massive durant la période maoïste, puis a progressivement régressé notamment à partir du Boluan Fanzheng (la « perestroika chinoise », sous les auspices de Deng Xiaoping) dans la décennie 1980, sans toutefois disparaître<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En Corée du Nord, l’équivalent du Goulag et du Laogaï est le Kwanliso où plus de Modèle:Unité se trouveraient<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>, et dont le camp de concentration de Yodok est le plus connu<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Des « expériences médicales » y sont effectuées sur les prisonniers<ref>Selon le documentaire Les Héritiers du Docteur Mengele diffusé sur Arte en 2010.</ref>.
Même s’il n’y a pas de commune mesure avec l’importance du système concentrationnaire de sa voisine du Nord, la Corée du Sud n’est pas exempte de camps où règne la brutalité : les sans-abri ont été, entre 1975 et 1990 systématiquement arrêtés et internés par les services de police dans des camps de regroupement où des détenus sont morts en raison des traitements subis<ref>Modèle:Article</ref>.
Camps de concentration de l’Allemagne nazie
À partir de 1933<ref>Le camp de Dachau est mis en service le Modèle:Date.</ref>, le Troisième Reich met en place des camps de concentration (Konzentrationslager ou KZ) dans des buts punitifs et discriminatoires : pour éloigner les opposants au régime et enfermer, maltraiter diverses catégories de rejetés par la société allemande : les juifs, les communistes, les criminels, les Témoins de Jéhovah, alors appelés Bibleforscher, les homosexuels, les asociaux, etc.
Après l'attaque allemande contre l'URSS, en 1941, les Allemands transforment certains de ces camps de concentration en camps d'extermination (Auschwitz) et construisent des camps uniquement affectés à la Shoah (Treblinka, Sobibor…) : ces camps sont mis en place pour y exterminer immédiatement ou par épuisement au travail et par mauvais traitement, les Juifs et les Tziganes.
Buts des camps de concentration de l'Allemagne nazie
Les objectifs des camps de concentration mis en place par le régime de l'Allemagne nazie sont notamment :
- anéantir les mouvements de Résistance ;
- écraser toute opposition politique et syndicale ;
- exploiter un grand nombre de travailleurs forcés (camp de travail). La carte industrielle de l'Allemagne nazie s'harmonisait parfaitement avec la carte des camps de concentration : Volkswagen, Varta, Siemens, Bosch, Opel, BMW, Henkel, entre autres, utilisèrent la main d’œuvre concentrationnaire<ref>Source: France Inter, Au fil de l'histoire du 6 novembre 2011, Patrick Liégibel</ref> ;
- exterminer les Juifs<ref>Modèle:Lien web</ref>, les Slaves et les Tziganes (camps d'extermination) ;
- purger la population des personnes considérées comme inutiles ou nuisibles.
Les personnes incarcérées dans de tels camps le sont souvent pour des motifs politiques, religieux, raciaux, d'une façon générale en raison d'une discrimination ou d'un soupçon à leur encontre.
Les déportés internés y sont séparés de leurs proches, gardés dans des conditions très précaires et difficiles, souffrant de malnutrition aigüe, forcés à travailler et maltraités par les gardiens. La mortalité est variable selon le statut des camps : extrêmement élevée dans les camps d'extermination, sensiblement moindre dans les camps de travail.
Bagnes et colonies pénitentiaires
Contrairement aux camps de concentration, les bagnes faisaient partie du système judiciaire ordinaire de la France ou du Royaume-uni et les katorgas de celui de la Russie impériale, mais en partagent les autres mêmes caractéristiques :
- confinement ;
- installations sommaires et étendues contrairement aux prisons ;
- travail forcé, en général dur (beaucoup de prisonniers en mouraient) et sans qualification.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
En décembre 2003, l'Assemblée nationale cubaine a également qualifié publiquement le centre de détention de la base militaire américaine de Guantánamo de « camp de concentration »<ref>« La base de Guantanamo est un « camp de concentration » », Associated Press, La Havane, in El Correo, 26 décembre 2003.</ref>.
Modèle:Refsou et le Kwanliso en Corée du Nord, mais ailleurs, de nombreux camps de regroupement forcé existent, notamment en lien avec les guerres civiles en cours et la crise migratoire : à titre d’exemple la Libye interne les réfugiés et les migrants vers l’Europe, de sorte que l’Union européenne est accusée d’« externaliser la gestion des flux migratoires » après avoir encouragé la dictature de Kadhafi à créer de tels camps<ref>Claire Rodier, UE-Libye - Des milliers d’étrangers encore détenus, article paru dans Libération, 27 août 2007.</ref>.
Le camp de concentration dans la culture
Littérature
- Le Choix de Sophie, roman de William Styron (1979)
- Une journée d'Ivan Denissovitch, roman d’Alexandre Soljénitsyne (1962)
- Le Pavillon des cancéreux, même auteur (1968)
- Prisonnier de Mao, roman de Jean Pasqualini (1975)
Filmographie
- Le Choix de Sophie film d’Alan J. Pakula (1982)
- La vie est belle, film de Roberto Benigni (1997)
- Goulag, film d’Hélène Châtelain et Iossif Pasternak (2000)
Poésie et chanson
- La relégation en Guyane selon la loi du Modèle:Date jusqu'en 1939 a inspiré la chanson de Léo Ferré et Pierre Seghers, Merde à Vauban !
Dictons populaires
Dans les dictons populaires, il existe des références aux camps de concentration :
- Le pasteur allemand Martin Niemöller (1892–1984) évoque la lâcheté des intellectuels face aux systèmes totalitaires et aux purges qui les déciment, un groupe après l'autre<ref name=quotation>Modèle:Lien web</ref> : la version suivante est une de celles reconnues comme définitives par la Fondation Martin Niemöller<ref name="martin-niemoeller-stiftung.de">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Als die Nazis die Kommunisten holten... », Martin Niemöller Stiftung, 22 septembre 2005.</ref> :
Modèle:Début citation Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit : je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit : je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit : je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. Modèle:Fin citation
- Les anekdot des pays communistes évoquent également les camps, dont ces quatre exemples parmi des centaines<ref>Nina et Jean Kéhayan, Rue du prolétaire rouge, Seuil 1978, Modèle:ISBN</ref>,<ref>Guy Konopnicki, Vive le centenaire du P.C.F., 1920-2020 !, ed. Libres/Hallier 1979, Modèle:ISBN</ref>,<ref> Antoine et Philippe Meyer, Le communisme est-il soluble dans l'alcool ?, Seuil, 1979 Modèle:ISBN</ref>,<ref>Viktor A. Pogadaev, The Origin and Classification of Russian Anecdotes as a Folklore Genre, Université Chulalongkorn, Bangkok 2009 et Université de Malaya, Kuala-Lumpur 2012</ref>,<ref>Amandine Regamey, Prolétaires de tous pays, excusez-moi !, Buchet-Chastel, 2007 Modèle:ISBN</ref> :
- Trois prisonniers en camp : -"J'avais une montre qui retardait et je suis arrivé plusieurs fois en retard : ils m'ont collé trois ans pour sabotage de l'économie !" -"Moi, ma montre avançait, et je suis arrivé plusieurs fois en avance : j'ai eu quatre ans pour espionnage !" -"Eh bien moi j'avais une montre toujours à l'heure, grâce à elle j'étais ponctuel et ils m'ont mis cinq ans pour utilisation de la technologie étrangère !"
- Trois prisonniers en camp : -"J'avais une famille à nourrir et j'ai pris des œufs pour moi au kolkhoze : ils m'ont collé trois ans pour sabotage de l'économie populaire !" -"Moi, j'ai hébergé l'un de mes élèves dont les parents avaient été arrêtés : j'ai eu quatre ans pour complicité avec des ennemis du peuple !" -"Eh bien moi je n'ai rien fait du tout et ils m'ont mis cinq ans tout de même !" -"Ne nous prends pas pour des billes, mon vieux : pour rien du tout, c'est deux ans !"
- Trois prisonniers en camp : -"J'ai pris position pour la ligne du camarade Konyédur Aplémov au Congrès : ils m'ont collé trois ans pour déviationnisme !" Le second dit : -"Moi, je me suis opposé à cette ligne : j'ai eu quatre ans pour manque de confiance dans le Parti !" Le troisième se tait. Les deux autres le regardent avec insistance, alors il soupire et finit par lâcher : -"Oh, moi c'est très différent : je suis Konyédur Aplémov !"
- Les camps ? il y a trois sortes de citoyens : ceux qui y ont été, ceux qui y sont, et ceux qui y seront.
Notes et références
Note
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Gaston Davoust (Henry Chazé) : « Le crime des bagnes nazis : le peuple allemand est-il coresponsable ? (Chazé, 1945) », Franche-Comté Libération, 1945.
- Primo Levi, Si c'est un homme, 1947.
- Manuel Razola et Mariano Constante, Triangle bleu. Les républicains espagnols à Mauthausen, Gallimard, Paris, 1969.
- Jean-Claude Farcy, Les camps de concentration de la Première Guerre mondiale (1914-1918), Les cahiers de la sécurité intérieure, Modèle:N°, 1994, Modèle:P..
- Jean-Claude Farcy, Les camps de concentration français de la Première Guerre mondiale (1914-1920), Anthropos, Paris, 1995.
- Antoine Blanchet, Le camp de concentration de Pontmain, 1914-1920, mémoire de maîtrise, Université du Maine, 1998.
- Jean Léger, Petite Chronique de l'Horreur ordinaire, 1999.
- Denis Peschanski, La France des camps. L'internement, 1938-1946, Paris, Gallimard, 2001
- Joël Kotek, Pierre Rigoulot, Le Siècle des camps : emprisonnement, détention, extermination, cent ans de mal absolu, J.-C. Lattès, 2001 Modèle:ISBN
- Florent Brayard, La « solution finale de la question juive ». La technique, le temps et les catégories de la décision, Fayard, 2004.
- Nathalie Heinich, Sortir des camps, Sortir du silence, éd. Les Impressions Nouvelles, coll. « Réflexions faites », 2011, 224 p.
- Peter Gaida, Camps de travail sous Vichy. Les "Groupes de travailleurs étrangers" (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944, Lulu Press 2014.
- Peter Gaida, Les camps de travail en Aquitaine 1940-1944, Lulu Press 2014.
- Peter Gaida, "Le travail en temps de guerre", in: Robert Frank/Aylan Aglan (dir.), 1937-1947. La guerre-monde II, Paris, Gallimard 2015, tome 2, Modèle:P..
Articles connexes
Sur les différents camps dans différents pays
- au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle :
- les camps de Cuba durant la Guerre hispano-américaine ;
- au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle :
- Camp de concentration de Shark Island
- Camps de concentration allemands 1914-1918 ;
- Camp de concentration français qui tente de comptabiliser les camps français au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le Camp des Milles, Drancy, font partie de la quarantaine recensée ;
- Crimes nazis contre les prisonniers de guerre soviétiques ;
- Camps de concentration des Japonais-américains aux États-Unis ;
- Camps de concentration franquistes ;
- Enric Marco ;
- Camps de concentration nazis ;
- Liste des camps de concentration nazis ;
- Camps de concentration oustachi dans l'État indépendant de Croatie ;
- Camps de concentration britanniques (Afrique du Sud), pendant la seconde guerre des Boers ;
- Camps de concentration de Corée du Nord;
- Otages et camps de rééducation du Việt Minh ;
- Prisons des Khmers Rouges
- Camp de Tarrafal ;
- Le Goulag soviétique (Vorkoutlag) ;
- Le Laogai chinois ;
- Les Unités militaires d'aide à la production à Cuba.
- Omarska, Prijedor, et d'autres villes du nord de la Bosnie-Herzégovine ont abrité les camps de concentration mis en place par les autorités de la République serbe de Bosnie en 1991 et 1992 ;
- Long Kesh est également considéré comme un camp de concentration par les républicains irlandais et le reste de la communauté internationale ;
- Le Camp Boiro en Guinée sous le régime d'Ahmed Sekou Touré.
- Système de marquage nazi des prisonniers
- Kapo
- Primo Levi
- David Rousset
- Réfugiés et exilés de la guerre d'Espagne
- Varlam Chalamov
- Alexandre Soljenitsyne
- Robert Antelme auteur de L'espèce humaine. Un camp de travail vu psychologiquement
- Zoran Mušič
- Georges Boudarel
- Kang Kek Ieu
- Francisco Boix (1921-1951, le Photographe de Mauthausen
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Camp d'Argelès-sur-Mer
- Goulag soviétique
- Interner en République : le cas de la France en guerre d’Algérie.
- Existe-il un modèle français du camp ?
- Le site du mémorial de la Shoah : archives, documents pédagogiques, témoignages.
- {{#invoke:Langue|indicationMultilingue}} Les déporté(e)s né(e)s en France, décédés en déportation. Site en mémoire des disparus de la guerre de 1939-1945.