Idéaliste de son temps, Cecil John Rhodes est un fervent partisan de l'impérialisme britannique. Historiquement représentative des mentalités britanniques de son époque, la figure de C. J. Rhodes, ainsi que sa postérité politique, ont été remises en question au cours de la seconde partie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et sont toujours sujettes à débats. Plusieurs territoires africains de l'empire britannique ou issus de celui-ci ont porté son nom, notamment la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie) et la Rhodésie du Sud (devenue ensuite la Rhodésie indépendante, puis le Zimbabwe).
Cinquième fils du révérend (Église d'Angleterre) Francis William Rhodes (1807–1878) et de Louisa Peacock (1816–1873), sa seconde épouse, Cecil John Rhodes est né le Modèle:Date en Angleterre. La fratrie compta en tout neuf garçons (dont deux morts en bas âge) et trois filles (dont l'une née du précédent mariage du révérend Rhodes).
Enfant brillant mais affligé d'une santé fragile, Cecil Rhodes n'a que 17 ans en 1870 quand, pour soigner son asthme<ref>Henri Wesseling, dans son ouvrage Le Partage de l'Afrique (Denoël, 1991), remet en cause la gravité des problèmes de santé de Rhodes.</ref>, son père lui fait interrompre ses études pour rejoindre son frère Herbert établi comme fermier au Natal en Afrique du Sud où le climat devrait lui être plus favorable.
Après 70 jours de traversée de l'océan Atlantique, Cecil Rhodes débarque en Afrique le Modèle:1er septembre 1870. C'est alors un jeune homme sorti de l'adolescence, grand, dégingandé, anémique, blondinet, timide et réservé<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il vit d'abord à Pietermaritzburg avec l'argent prêté par sa tante Sophie avant de rejoindre son frère Herbert pour travailler dans les champs de coton de sa ferme située dans la vallée d'Umkomanzi. La terre est cependant impropre à cette culture ce qui pousse Herbert Rhodes, ayant entendu parler de la découverte des premiers diamants à Kimberley, à partir y tenter sa chance en mars 1871. Il est rejoint par son frère Cecil en octobre.
Sur les champs diamantifères, le jeune Rhodes se montre audacieux et inventif. Avec son frère, C.J. Rhodes commence à creuser pour trouver des diamants mais très vite, il réalise que vendre du matériel (telle des pelles) et des denrées alimentaires aux mineurs est plus rentable. Il prend aussi conscience que le contrôle du volume de la production de diamant permet de déterminer les prix du marché à Londres. Il se donne alors l'objectif de construire un monopole sur les champs de Kimberley pour influer sur les prix du marché. Son frère Herbert, dépassé et dépité comme beaucoup de mineurs par la dureté de la prospection minière, abandonne pour sa part les champs diamantifères et laisse son jeune frère à ses affaires et à ses ambitions.
C.J. Rhodes réalise ses premiers profits par la vente de matériels et de denrées alimentaires, avec lesquels il rachète progressivement les concessions minières à des prospecteurs qui ne trouvent rien et qu'il rassemble en une concession unique. Il tisse également un réseau de relations d'affaires avec les diamantaires influents de Kimberley avec lequel il s'engage à travailler. Parmi ces hommes figurent Charles Rudd, Barney Barnato, Alfred Beit, Leander Starr Jameson ainsi que John X. Merriman. C'est à Charles Rudd que Rhodes confie ses intérêts financiers à Kimberley en 1873, quand il retourne en Angleterre pour compléter ses études au Oriel College à Oxford.
À partir de 1885, toutes les mines de diamants de la région de Kimberley lui appartiennent à quelques exceptions près.
En mars 1888, après avoir triomphé de son unique rival, Barney Barnato, Rhodes forme l'entreprise Modèle:Lang contrôlant 90 % de la production mondiale de diamants. Il investit également dans la Modèle:Lang au côté de Charles Rudd et fonde Modèle:Lang dans le district viticole de Stellenbosch, où il achète plusieurs fermes dont notamment les domaines viticoles de Rhone et Boschendal.
Si Cecil Rhodes est désormais un homme riche, l'argent n'est pas pour lui une finalité mais un moyen au service d'une grande ambition, la suprématie de la Grande-Bretagne. Cette ambition résulte de l'influence à Oxford des cours de John Ruskin qu'il suit assidûment et renforcent sa foi en la cause de l'Empire britannique<ref name="Church">Cecil Rhodes, The Greatest Story Never Told</ref>. Il est notamment marqué par un discours de Ruskin exhortant ses étudiants à se fixer un objectif à réaliser pour leur pays (l'Angleterre) et pour eux-mêmes, de faire en sorte que cet objectif permette de faire de leur pays une source d'inspiration éclairée et de paix pour le reste du monde.
Plus spécifiquement, Ruskin fait de la création de colonies à travers le monde la raison d'être de l'Angleterre<ref name="Church" />. L'attachement de Rhodes à développer l'Empire britannique est une ambition d'autant plus notable parmi ses pairs que c'est un roturier, qu'il n'est ni membre de l'aristocratie britannique ni fonctionnaire de haut rang du gouvernement. Mais Rhodes croit en l'ascension sociale et ses études à Oxford lui ouvrent les portes d'une loge maçonnique<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} FAMOUS FREEMASONS. A Talk to our less senior Brethren</ref> ainsi que celles de la haute société britannique. Elles lui permettent ainsi de rencontrer des gens influents qui seront ses futurs associés en affaires, comme Rochefort Maguire et Charles Metcalfe, et jusqu'à pouvoir dîner avec la reine d'Angleterre.
Premier ministre de la Colonie du Cap
Fichier:CecilRhodes.jpgCecil Rhodes, un homme d'affaires doué et un Premier ministre habile.
De retour en Afrique du Sud, à tout juste 28 ans et fraîchement diplômé, il se fait élire en 1881 comme député de Modèle:Lang à l'assemblée législative du Cap avec l'appui des nationalistes afrikaners de l'Afrikaner Bond, le parti de Jan Hofmeyr. Modèle:Lang était une circonscription rurale à majorité boer, difficile a priori pour un anglophone. Elle lui reste cependant acquise jusqu'à son dernier souffle.
En politique intérieure britannique, Rhodes soutient le parti libéral en Angleterre mais aussi Charles Stewart Parnell et l'Modèle:Lang, du moment qu'ils acceptent de demeurer dans l'Empire britannique. En politique intérieure sud-africaine (colonie du Cap), il soutient l'égalité entre le néerlandais et l'anglais dans l'enseignement public.
En 1890, il est élu premier ministre de la colonie du Cap, alors qu'il est nommé au même moment directeur de la Modèle:Lang (BSAC), société qu'il a fondée, et dont il se sert pour revendiquer et coloniser au nom de la couronne britannique les territoires situés au nord du fleuve Limpopo.
En tant que premier ministre, Rhodes fait voter des lois favorables aux mines et aux industriels, comme le Modèle:Lang qui incite les populations noires à quitter les zones rurales pour s'établir près des zones urbaines afin d'y rechercher du travail, et devenir ainsi un réservoir de main d'œuvre à bon marché pour les magnats miniers. Il est aussi à l'initiative du développement des chemins de fer pour faciliter le commerce, mais aussi du développement du transport routier. Rhodes initie notamment la construction d'une grande route vers le nord (actuelle route nationale 1) qui va du Cap à Beitbridge.
Dans les années 1880, Cecil Rhodes est la personnalité politique et économique la plus influente d'Afrique australe. Globalement, son ambition est de favoriser l'impérialisme britannique en Afrique du Sud. Ses rêves impériaux ne se limitent pas à cette seule région. Son ambition impériale englobe le Moyen-Orient, les côtes de la Chine et du Japon, l'océan Pacifique et l'Amérique du Sud<ref>Henri Wesseling, ibid, Modèle:P.</ref>. Il entreprend de faire de ses rêves une réalité à commencer par le sud de l'Afrique. Son ambition politique est d'ailleurs de repeindre celle-ci aux couleurs du Royaume-Uni. Ainsi, dès son élection au parlement du Cap en 1881, il envisage l'annexion de territoires permettant de relier l'ensemble des possessions africaines de l'Empire britannique et de créer une liaison ferroviaire qui irait du Caire, au nord, au Cap, tout au sud.
Cette grande ambition est cependant entravée par la présence des républiques boers et des possessions matabélées au nord du fleuve Limpopo. Rhodes n'est toutefois pas un ennemi des Afrikaners, avec qui il collabore étroitement au Cap via l'Afrikaner Bond. Ainsi défend-il régulièrement la cause des républiques boers car le fondement de son système philosophique est l'unité de la race germanique, anglo-saxonne, appelée selon lui à diriger le monde. Les Boers sont ainsi intégrés dans sa vision du monde dominée par l'Empire britannique. Il souhaite par conséquent la mise en place d'une fédération d'Afrique du Sud qui serait comparable à celle du Canada, mais les dirigeants des républiques boers n'en veulent pas. Par ailleurs, la construction de la ligne de chemin de fer reliant le Transvaal à la baie de Delagoa, en territoire mozambicain, est un frein au rêve fédéral de Rhodes, car elle permet à cette République sud-africaine enclavée de ne plus être dépendante de la colonie du Cap.
Le fait que le bassin du Limpopo-Zambèze n'ait pas été attribué à une quelconque sphère d'influence lors de la conférence de Berlin, en 1884-1885, complique en outre les ambitions de Rhodes. Dès 1885, dans un article du Modèle:Lang, il incite le gouvernement britannique à établir un protectorat sur le Matabeleland, situé au nord du Transvaal. En 1887, depuis la colonie du Cap, Cecil Rhodes commence à faire campagne pour l'annexion du Matabeleland et du Mashonaland par le Royaume-Uni, faisant pression sur plusieurs hauts responsables coloniaux dont le haut-commissaire pour l'Afrique du Sud, Hercules Robinson, et Sidney Shippard, l'administrateur britannique du territoire du Bechuanaland. Grâce à De Beers et à Modèle:Lang, la société d'extraction aurifère qu'il créée avec Charles Rudd, Cecil Rhodes a maintenant les moyens financiers de faire de son rêve d'un empire africain une réalité. Il a néanmoins encore besoin d'une charte royale pour pouvoir administrer des territoires au nom du Royaume-Uni via une compagnie à charte et, à cette fin, doit présenter à Whitehall une concession, signée par un souverain local, lui accordant des droits de prospection exclusifs dans les territoires qu'il espère annexerModèle:Sfn. Rhodes vise le bassin du Limpopo-Zambèze alors dominé politiquement depuis le Matabéléland par le roi Lobengula. Mais ce sont cependant les Boers de la République sud-africaine du Transvaal (ZAR) qui sont les premiers à obtenir des succès diplomatiques avec le Roi des Matabélés.
Alerté par ce rapprochement diplomatique qui contrarie l’expansionnisme britannique, Cecil Rhodes dépêche à la cour de Lobengula, dès Modèle:Date, ses propres représentants afin de discréditer les Boers. Parmi eux, le missionnaire John Smith Moffat qui doit convaincre le roi d'être plus favorable aux intérêts britanniques et de s'opposer aux Boers. Le Modèle:Date, Lobengula accepte finalement l'accord britannique. Le document que paraphe Lobengula proclame que les Matabélés et les Britanniques sont en paix, que Lobengula négocie exclusivement avec les Britanniques et que le roi ne vendra ou ne cédera aucune partie du Matabeleland ou du Mashonaland. À la suite de la signature de ce document, Rhodes peut maintenant négocier une concession et désigne Charles Rudd pour mener le groupe des négociateurs britanniques auprès de Lobengula. Le Modèle:Date, celui-ci, en échange de fusils et d'une rente, « concède » aux commanditaires de Rudd des droits miniers sur les territoires du Matabeleland, au sud du fleuve Zambèze, paraphant alors l’annexion de son royaume (Modèle:Unité/2) mais aussi celui du Mashonaland sur lequel il ne règne pas en totalité. Pour Rhodes, cette concession est Modèle:Citation. Inquiet cependant à l'idée de s'être fait flouer, Lobengula décide de suspendre la concession et envoie une délégation en Angleterre, munie d'une lettre et d'un message oral, à destination de la reine VictoriaModèle:Sfn.
Rhodes passe alors plusieurs mois du printemps 1889 à rassembler des soutiens à sa cause dans le West End, la Cité de Londres, mais aussi dans les propriétés rurales de l'aristocratie foncière. Il parvient ainsi à rallier des personnalités influentes comme Harry Johnston et à recevoir celui de la presse britannique pour la création d'une compagnie à charte dans le centre-est de l'Afrique. Le Modèle:Date, près d'un an jour pour jour après la signature de la concession Rudd, la nouvelle compagnie de Rhodes, la Modèle:Lang (BSAC ou « Compagnie britannique d'Afrique du Sud »), reçoit officiellement la charte royale de la part de la reine VictoriaModèle:Sfn garantissant la légitimité de la concession par la Couronne britannique. La charte, accordée pour une durée de 25 ans, donne à la BSAC l’autorisation d’exploiter la concession et lui attribue tous les pouvoirs similaires à ceux des compagnies d'Afrique de l'Est, du Niger et de Nord-Bornéo. La zone d'opération de la BSAC est cependant définie de manière extrêmement vague : elle a le droit d'opérer au nord du Bechuanaland et du Transvaal et à l'ouest du Mozambique portugais, mais les limites septentrionale et occidentale ne sont pas indiquées. La Compagnie est enfin rendue responsable du maintien de la paix et de l'ordre dans ses territoires et a non seulement ainsi l'autorité pour entretenir des forces de police mais aussi pour missions d'abolir l'esclavage, d'interdire la vente d'alcool aux autochtones et de protéger les traditions locales.
Cecil Rhodes capitalise la BSAC à hauteur d'un million de livres (environ 630 millions de livres de 2012<ref name="measuringworth1">Valeur calculée en part de PIB (Modèle:Lang) avec le site Measuring Worth.</ref>) et utilise ses autres sociétés pour investir dans sa nouvelle entreprise. De Beers et Gold Fiels investissent respectivement 200 000 et Modèle:Unité/2, tandis que Rhodes apporte personnellement Modèle:Unité/2. Finalement, près de la moitié du capital de la Compagnie est détenu par ses principaux responsables (Rhodes, Beit, Rudd et leurs associés)Modèle:Sfn.
En juillet 1890, Rhodes devient Premier ministre de la colonie du Cap grâce au soutien de l'Afrikaner Bond et annonce que son premier objectif est l'occupation du bassin du Limpopo-ZambèzeModèle:Sfn. En quelques mois, sa compagnie constitue la Pioneer Column (ou colonne de pionniers) composée d'une centaine de volontaires qui a pour mission d'occuper et de commencer le développement du Mashonaland.
Le Modèle:Date, au nom de l’Empire britannique, pour Cecil Rhodes et pour la Reine Victoria<ref>Doris Lessing, Rires d’Afrique, Albin Michel, 1992, Modèle:P. (un peu d’histoire)</ref>, ces pionniers partent de Kimberley en direction du Matabeleland, menés par le major Frank Johnson et le célèbre explorateur Frederick Courtney Selous, escortés par des policiers. À chaque pionnier, la BSAC attribue Modèle:Unité/2 de terres et 15 droits de prospection en récompense de ses servicesModèle:Sfn. Après avoir contourné le centre des territoires de Lobengula, ils fondent Fort Victoria (Modèle:Date) et Fort Charter avant de s'arrêter le Modèle:Date sur le site de la future capitale, Fort Salisbury (nommé d'après le premier ministre britannique), où ils hissent le drapeau du Royaume-UniModèle:Sfn.
En 1891, Cecil Rhodes rachète la concession de l'homme d'affaires hambourgeois Eduard Lippert, que celui-ci avait obtenue de Lobengula pour administrer le commerce, fonder des banques et frapper de la monnaie dans le territoire de la BSAC et sur des terres du Mashonaland situées en bordure extérieure. Rhodes récupère notamment des droits fonciers exclusifs accordés pour un siècle par Lobengula, y compris la permission de fonder fermes et villes et de lever l'impôtModèle:Sfn. Si Lobengula pensait conclure avec un concurrent de la BSAC, il ne réalise la tromperie et la cession du contrat à Rhodes qu'en mai 1892Modèle:Sfn. Le royaume matabélé, affaibli, coexiste alors difficilement avec les implantations de la BSAC dans le Mashonaland et au nord du Zambèze.
Le Modèle:Date, Lobengula refuse d'accepter le paiement qui lui était dû dans les termes de la concession Rudd. Après quelques escarmouchesModèle:Sfn, la Première Guerre ndébélé éclate en octobre 1893. Très vite, grâce à leur puissance de feu, les troupes de la BSAC progressent tandis que les Ndébélé subissent une grave défaite à la bataille de la Shangani (Modèle:Date). Le Kraal royal ndébélé de Bulawayo est incendié par Lobengula, obligé de s'enfuir. Ses terres sont partagées par la BSAC qui accorde 3 000 morgens, 20 titres aurifères et une partie du bétail aux colons de Fort Victoria. Quant aux autres chefs tribaux matabélés, ils acceptent à l'unanimité la paix avec la BSAC.
Le nom de Rhodésie, qui était utilisé depuis 1892 par la plupart des premiers colons pour désigner les possessions de la BSAC, est officialisé par la compagnie de Rhodes en mai 1895 et par le Royaume-Uni en 1898Modèle:Sfn. Plus particulièrement, les territoires jusque-là divisés en Zambézie du Nord et Zambézie du Sud en amont et en aval du fleuve Zambèze, sont baptisés Rhodésie du Nord et Rhodésie du Sud en l’honneur de Rhodes (le nom faillit être celui de Cecilia, en l’honneur de la marquise de Salisbury).
En Modèle:Date, constatant la surprenante faiblesse de l’armée de la BSAC après l’échec du raid Jameson sur le Transvaal, les Ndébélés déclenchent la « première chimurenga » (rébellion ou guerre de libération) pour protester contre les conditions de vie imposées par les Britanniques. Les districts les plus isolés du Matabeleland sont évacués par les colons, retranchés dans les enceintes de Bulawayo, Gwelo, Belingwe et Tuli qui sont vite assiégées. En juin, le Mashonaland est à son tour gagné par la révolte. La route Salisbury-Umtali est coupée par les rebelles shonas. Assiégés dans leurs villes, les colons rhodésiens plaident alors auprès de Cecil Rhodes pour qu'il mette en œuvre une politique d’extermination des autochtones. Il refuse, mais sous la pression du gouvernement de Londres, il vient en personne — et seul — au milieu des monts Matobo afin de négocier un armistice avec les chefs ndébélés, le Modèle:Date. Deux mois plus tard, la paix est signée : les Ndébélés récupèrent une partie de leurs terres et un certain degré d’autonomie sur leurs affaires intérieures, mais de leur côté, les Shonas continuent de résister. Rhodes est tenté d’accepter la proposition de paix du chef shona Makoni mais le haut commandement britannique s’interpose, résolu à exiger une reddition sans condition. Celle-ci intervient finalement après la pendaison, à titre d'exemple, des principaux dirigeants, Kagubi et Nehanda, le Modèle:Date.
Tenant en estime les Ndébélés, Cecil Rhodes se déclare prêt à pratiquer une politique humaniste et libérale de coopération loyale. Lord Grey, un autre administrateur de la BSAC, est quant à lui convaincu de la capacité des Shonas à moderniser leur économie et ne les juge nullement serviles ou stupides comme les lui avaient décrits des colons<ref>Roland Pichon, Le drame rhodésien, Idoc-France, 1975, Modèle:P.</ref>, mais ces derniers, opposants irréductibles à l'assimilation, empêcheront de telles politiques de se réaliser.
Après la défaite de Lobengula, les territoires au nord du fleuve Limpopo sont sous domination britannique, mais l'ambition de Rhodes de relier Le Caire au Cap reste contrariée par l'existence des républiques boers, totalement affranchies du Royaume-Uni. La république sud-africaine du Transvaal, riche en or et dirigée par Paul Kruger, est convoitée à la fois par l'homme d'affaires et par l'impérialiste Cecil Rhodes. Désapprouvant les méthodes de gouvernement de Kruger et sa politique vis-à-vis des uitlanders (étrangers anglophones), son souhait est de voir renverser le patriarche et d'installer au Transvaal un gouvernement favorable aux intérêts britanniques et des grands groupes miniers. Prétextant du refus de la république boer d'accorder le droit de vote aux centaines de milliers de résidents étrangers venus s'établir à Johannesbourg, le docteur Leander Starr Jameson, confident de Rhodes, organise directement en 1895 une expédition punitive contre le Transvaal, en fait une tentative de coup d'État. Ce « raid Jameson » est un fiasco qui débouche sur la mise en cause de Cecil Rhodes puis sa démission en 1896 de son poste de Premier ministre de la Colonie du Cap, alors que son propre frère, Frank Rhodes, est inculpé au Transvaal pour haute trahison.
Durant la Seconde Guerre des Boers, Rhodes est retranché à Kimberley durant le siège de la ville, où il organise la résistance et fait notamment construire le canon « Long Cecil » par une équipe de la De Beers, pour compenser le manque de pièces d'artillerie de la garnison<ref> Le siège de Kimberley</ref>,<ref>LONG CECIL The Gun made in Kimberley during the Siege Colonel D.E. Peddle, Military History Journal Vol 4 No 1 - Juin 1977, The South African Military History Society</ref>.
Sa santé fragile l'oblige néanmoins à s'éloigner des affaires politiques.
Après des funérailles nationales au Cap où son corps est exposé dans l'enceinte du parlement, sa dépouille est transportée par train jusqu'en Rhodésie du Sud via des arrêts marqués à Kimberley et Mafeking. Il est enterré le Modèle:Date près de Bulawayo, sur les Monts Matopo, après la lecture d'un poème spécialement écrit en son honneur par Rudyard Kipling et salué notamment par des centaines de guerriers Ndébélés qu'il avait combattus quelques années auparavant<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} South Africa Magazine, 12 avril 1902</ref>.
Sur sa tombe figurent ces simples mots : « Ci-gît Cecil John Rhodes ».
Un mythe impérial
Rhodes est resté dans l'imaginaire britannique et sud-africain comme l'archétype de l'homme d'affaires impitoyable, un impérialiste nationaliste déterminé et parfois cruel, mais aussi comme un visionnaire.
Son charisme, son appétit, son tabagisme, son obsession pour les bains et les rasages ainsi que son penchant pour la boisson faisaient partie de ses caractéristiques notoires. Bien que riche, il ne vivait pas dans un luxe ostentatoire. Sa propriété de Groote Schuur était néanmoins somptueuse. Il la légua à l'État sud-africain.
Soulignant son rôle dans l'histoire impériale britannique, l'historien Richard McFarlane mentionne que Rhodes a eu un impact sur l'histoire de l'Afrique australe équivalent aux rôles joués à leur niveau par George Washington et Abraham Lincoln sur l'histoire des États-Unis<ref> Modèle:Article </ref>,<ref> Who was Cecil John Rhodes, Paul Fogarty, HITC, 9 juin 2020</ref>.
L'historien Raymond C. Mensing note que Rhodes croyait en la supériorité et l'exemplarité des institutions britanniques et souligne qu'il n'était pas raciste, du moins d'un point de vue biologique, mais croyait en la supériorité et la domination culturelle des Anglo-saxons et des Britanniques en particulier<ref> Cecil Rhodes's Ideas of Race and Empire, Raymond Mensing, International Social Science Review, 1986, P 99-106 </ref>. Rhodes avait notamment l'idée de développer un Commonwealth permettant aux territoires sous gouvernance Britannique d'être représentés au parlement britanniqueModèle:Sfn.
Si ses contemporains lui ont dressé de nombreuses louanges, la postérité retient par la suite qu'il était un ardent colonialiste et impérialiste, représentatif de valeurs obsolètes qui n'ont plus cours après la période de décolonisation de la seconde partie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ainsi, à l'aune de l'évolution des mentalités, les portraits dressés de Rhodes par les historiens et les journalistes se font rétrospectivement de plus en plus négatifs, notamment en ce qui concerne son comportement vis à vis des populations noires<ref>Cecil Rhodes monument: A necessary anger?, BBC News, 11 avril 2015 </ref>,<ref name="Mnya">'Cecil Rhodes' colonial legacy must fall – not his statue', Siya Mnyanda, The Guardian, 25 mars 2015</ref>. À partir de 2015 en particulier, il est présenté dans les médias comme un Modèle:Citation<ref> Oxford University Will Keep Statue of Cecil Rhodes, Stephen Castle, New York Times, 30 janvier 2016]</ref> voire un Modèle:Citation<ref name="Mnya"/>,<ref>From Cecil Rhodes to Mahatma Gandhi: why is South Africa tearing its statues down?, Martin Plaut, New Statesman, 16 avril 2015</ref>, même s'il a soutenu le droit de vote (pondéré) pour les Africains dans une vision paternaliste des rapports sociaux, quand d'autres l'excluaient totalement<ref>Bernard M. Magubane, The Making of a Racist State: British Imperialism and the Union of South Africa, 1875–1910, Trenton, New Jersey: Africa World Press, 1996, p 109</ref>.
D'autres refusent de rejeter en bloc l'homme d'affaires et le mécène et, à l'instar d'Allister Sparks, ancien militant anti-apartheid et éditorialiste du Rand Daily Mail, préfèrent affirmer que Cecil Rhodes était, malgré tout, un homme remarquable, quelles que soient ses zones d'ombres<ref name="Al">AT HOME AND ABROAD: Let us leave the past and focus on today’s failures, Allister Sparks, Busisness Day, 22 avril 2014 </ref>. Ainsi, relève t-il qu'il devait sa fortune précoce (32 ans) à sa force de travail, à sa persévérance et à son intelligence. À son crédit sont mentionnés le développement accéléré des chemins de fer, la fondation de deux universités de prestige, une bourse scolaire de renommée mondiale et même la fondation de deux pays<ref name="Al"/>. Sparks lui attribue surtout le mérite d'avoir, avec d'autres comme Barney Barnato, introduit l'esprit d'entreprise qui a jeté les bases de la révolution industrielle en Afrique du Sud et fait de ce pays le plus riche (à moment donné) et le plus développé du continent africain<ref name="Al"/>. De son côté, l'auteur zimbabwéen Peter Godwin, tout en critiquant Rhodes, souligne qu'il ne doit pas être jugé à travers d'autres prismes culturels et sociaux que de ceux de son époque. Il écrit que Rhodes était un homme de son temps et en aucun cas un Modèle:Citation ou quelconque autre monstre. S'il s'est mal comporté selon les normes d'aujourd'hui, écrit-il, ce ne fut Modèle:Citation et il ne peut pas lui être reproché, au contraire de ces derniers, de Modèle:Citation des populations locales<ref>« Rhodes to Hell », Slate, 11 janvier 1998.</ref>.
La Rhodésie du Sud, plus communément appelée Rhodésie à partir de 1964, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1965 afin de préserver la domination politique et économique de la minorité blanche. Le pays a finalement été rebaptisé Zimbabwe lors de sa seconde et véritable indépendance, en avril 1980. Les nouvelles autorités se sont par la suite appliquées à effacer du paysage les traces emblématiques de la période coloniale, en commençant par la toponymie et les effigies de Rhodes.
En juillet 1980, sa statue érigée en 1928 sur Modèle:Lang est déboulonnée quelques heures avant la visite officielle du président mozambicain Samora Machel et transportée aux archives nationales du Zimbabwe, où elle côtoie d'autres monuments rhodésiens (notamment une version de la statue physical energy érigée en 1959 à Lusaka). Les demandes de députés conservateurs britanniques pour la récupérer et l'installer ensuite à Salisbury, en Angleterre, n'ont pas eu de suite.
La statue de Rhodes (1902) située sur Modèle:Lang à Bulawayo est également retirée de l'espace public et déplacée au Modèle:Lang au centre de la ville. Son wagon personnel, conservé en l'état, est exposé au musée des chemins de fer de Bulawayo, au côté de nombreuses locomotives et trains à vapeur de l'époque rhodésienne.
En 1984, le parc national Rhodes-Matopos, où est située la tombe de Cecil Rhodes, est renommé parc national de Matopos. Sa sépulture constitue un des hauts lieux touristiques du pays et demeure en l'état malgré les menaces récurrentes de politiciens zimbabwéens de renvoyer au Royaume-Uni les restes du défunt. De même, le parc national Rhodes-Inyanga, créé par Rhodes dans l'est du Mashonaland, a été rebaptisé parc national de Nyanga au début des années 1980.
En dépit de la suppression globale du nom de Rhodes de la toponymie locale des principales villes du pays, plusieurs sites, équipements ou infrastructures du Zimbabwe conservent le nom de Rhodes à l'instar du barrage de Rhodes et de l'ancien cottage de Rhodes au parc national de Nyanga ou de l'école Cecil John Rhodes à Gweru. Si une voie nommée Modèle:Lang dans le quartier de Modèle:Lang, à Harare, n'a été officiellement renommée qu'en novembre 2019<ref> Name changes for streets, roads and avenues, The Herald, 22 novembre 2019 </ref>,<ref> Zimbabwe uproar as roads named after Emmerson Mnangagwa, BBC, 22 novembre 2019</ref> et sans être concrètement appliquée (où l'avenue Rhodesville conserve son toponyme dans la même ville), une voie à son nom a été créée à Bulawayo (Cecil Avenue, qui rendait sans doute hommage à Lord Cecil, marquis de Salisbury<ref>La ville de Salisbury, actuelle Harare, fut nommée en référence au marquis, alors premier ministre du Royaume-Uni et le square Cecil, actuel african unity square, baptisé en son honneur </ref>,<ref>Chains shackling African minds, The Patriot, 22 septembre 2016 </ref>, promue en février 2020 sous le nom de Cecil John Rhodes Avenue)<ref> Chief Ndiweni defends Cecil John Rhodes, Bulawayo 24 News, 6 février 2020</ref>, mais là aussi sans se concrétiser dans la signalétique.
Alors que le nom et les symboles de Rhodes ont été globalement retirés des espaces publics de Zambie et du Zimbabwe, son nom et son effigie sont toujours présents en Afrique du Sud et en Angleterre.
Statues et monuments
Le Cap est la ville qui rend le plus hommage à Cecil Rhodes, où il est honoré en de multiples endroits :
Sa statue en bronze, érigée en 1908 et œuvre de Henry Pegram, domine le Jardin de la Compagnie (Modèle:Lang) au centre-ville. Montée sur un piédestal en grès conçu par Herbert Baker, Rhodes est représenté en costume trois-pièces, debout avec sa main gauche levée et pointant vers le nord. Sur le piédestal figure les mots Cecil John Rhodes (1853-1902) your hinterland is there. À l'origine, la statue devait être installée en haut de Adderley Street (à l'endroit où se situe de nos jours la statue de Smuts). Sir Herbert Baker s'y est opposé en raison de la proportion de la statue à côté de la cathédrale Saint Georges et des bâtiments dans le voisinage.Fichier:Rhodes Memorial 1998.jpgLe Modèle:Lang au Cap.
Le Rhodes Memorial (1906-1911) est un ensemble monumental de style temple grec ancien, comprenant un buste de Rhodes, qui fut inauguré en 1912. La statue physical energy est également un hommage à Rhodes, à l'homme et au visionnaire. On accède au monument par Modèle:Lang. Plusieurs fois pris pour cible, en 2001 et en 2015, le buste de Cecil Rhodes est décapité à la meuleuse en juillet 2020, avant d'être restauré et renforcé<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Groote Schuur, un manoir Cape Dutch situé à Rondebosch, sur les pentes du Pic du Diable, a été la résidence de Cecil Rhodes. Acheté par Rhodes en 1893 et transformé et réaménagé par Sir Herbert Baker, ce prestigieux bâtiment blanc de style hollandais a été de 1910 à 1994 la résidence officielle au Cap des premiers ministres de l'Afrique du Sud puis des présidents d’États Pieter Botha et Frederik de Klerk. Groote Schuur est maintenant un musée ouvert au public uniquement sur rendez-vous.
le cottage où il est décédé à Muizenberg est un musée.
À Kimberley, à l'intersection de Du Toitspan Road, Regiment Way et d'Arcy Street a été érigée, en 1907, une statue équestre en bronze orientée vers le nord, représentant Cecil Rhodes sur son cheval, une carte de l'Afrique à la main, portant les vêtements qu'il avait durant son indaba avec les chefs matébélés. Œuvre de Hamo Thornycroft, elle a été financée par une souscription publique des habitants de Kimberley qui souhaitait lui rendre hommage pour son action au bénéfice de la ville.
Fichier:Rhodes statue Bulawayo.jpgA Bulawayo, la statue de Rhodes, autrefois érigée sur Main street (actuel Nkomo Str.), est aujourd'hui située dans les jardins du Centenary Park, près du muséum d'histoire naturelle. Elle y fait face à celle de Charles Coghlan.
Pour lui, Modèle:Citation<ref> « No student shall be qualified or disqualified for election to a scholarship on account of his race or religious opinions » - Monopolist’s quest for martyrdom, BusinessDay, 30 mars 2015</ref>,<ref name="SGDM"/>.
Dans son testament, il crée une fondation (Fondation Rhodes) chargée de la gestion d'une bourse scolaire. Celle-ci, la bourse scolaire Rhodes (Rhodes Scholarships), permet aux étudiants les plus méritants de poursuivre leurs études gratuitement à l'université d'Oxford. Conformément aux souhaits de Cecil Rhodes, Modèle:Citation. La bourse Rhodes est habituellement accordée pour une durée de deux ans, selon le programme suivi par le boursier qui doit être originaire d'un pays ou ancien pays du Commonwealth ou bien d'Allemagne ou des États-Unis.
En 2003, en ligne avec les principes formulés dans son testament par Cecil Rhodes, un programme de développement d'une hégémonie pour l'Afrique a été créé en 2003 par la fondation Rhodes et par la Fondation Nelson Mandela. L'activité principale de la fondation Mandela-Rhodes est d'offrir une bourse aux étudiants africains qui entreprennent des études de troisième cycle dans les universités sud-africaines. En participant à la création de cette fiducie philanthropique, la fondation Rhodes entendait marquer le centenaire de sa création par un geste significatif pour l'investissement en Afrique du Sud<ref>The Mandela Rhodes Foundation.</ref>.
Cecil Rhodes ne se maria jamais, disant avoir trop de travail. Des écrivains tels Wilbur Smith, mais aussi des universitaires ont suggéré que Rhodes était homosexuel<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Neville Pickering, son secrétaire privé avec lequel il vécut quatre ans (1882-1886), fut décrit comme ayant été son amant. Rhodes lui avait légué ses biens dans un premier temps, mais Pickering est mort avant lui<ref>Biographie</ref>. Ses relations proches avec ses autres secrétaires tels Henry Latham Currey et Philip Jourdan, ainsi qu'avec Leander Starr Jameson, ont alimenté également les rumeurs sur son orientation sexuelle.
Jameson est mort en Angleterre en 1917, son corps a été transféré en 1920 dans une tombe située à côté de celle de Rhodes.
Culture populaire
Le personnage de Cecil Rhodes apparaît dans des films à caractères historiques, des romans, des livres de souvenirs et des œuvres de fiction.
Paul Kruger (1956), film sud-africain de Werner Grünbauer avec David Rens dans le rôle de Cecil Rhodes ;
Modèle:Lang (1996), une série télévisée britannique produite par David Drury et écrite par Antony Thomas. Elle raconte la vie de Cecil Rhodes, particulièrement sa relation avec la princesse Catherine Radziwill. Le personnage de Rhodes est interprété par Martin Shaw et par son fils Joe Shaw. Le film évoque notamment les relations de Cecil Rhodes avec ses secrétaires particuliers.
L'Œil du faucon (1980), À la conquête du royaume (1981), La Troisième Prophétie (1982), trois livres écrit par Wilbur Smith dans le cadre de sa saga consacrée aux Ballantyne.