Claudine Guérin de Tencin
Modèle:Sources Modèle:Infobox biographie2 Claudine Alexandrine Sophie Guérin de Tencin, baronne de Saint-Martin de l’isle de Ré, née le Modèle:Date<ref>Des sources du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle peuvent donner l'année 1681. Cependant après consultation des registres de baptême, l'ensemble des biographes modernes donnent la date de 1682. Voir par exemple pour l'année de naissance erronée Bibliothèque du Dauphiné, contenant l'histoire des habitants de cette Province qui se sont distingués par leur génie, leurs talents et leurs connaissances, par Guy Allard (1797, éditeur Giroud & fils), page 304.</ref> à Grenoble, morte le Modèle:Date à Paris, est une femme de lettres tenant un célèbre salon littéraire de l'époque. Elle est la mère de Jean d'Alembert.
Après vingt-deux années passées de force au couvent, elle s'installe à Paris en 1711 et est introduite dans les milieux du pouvoir par ses liens avec le cardinal Dubois. Six ans plus tard, elle ouvre l'un des salons littéraires les plus réputés de l'époque appelé La Ménagerie. D'abord essentiellement consacré à la politique et à la finance avec les spéculateurs de la banque de Law, ce salon devient à partir de 1733 un centre littéraire. Les plus grands écrivains de l’époque et des personnalités célèbres le fréquentent, en particulier Fontenelle, Marivaux, l’abbé Prévost, Charles Pinot Duclos et plus tard Marmontel, Helvétius, Marie-Thérèse Geoffrin et Montesquieu.
Madame de Tencin publie des romans qui rencontrent le succès dont les Mémoires du comte de Comminge en 1735, Le Siège de Calais, nouvelle historique en 1739 et Les Malheurs de l'amour en 1747.
Biographie
Le quadrisaïeul de la famille, Pierre Guérin, issu d'une famille travaillant la terre près de Gap, à Ceillac, était simple colporteur. La trentaine venue, il vint s'établir en 1520 à Romans dans le Dauphiné. Habile de ses mains et ayant quelques économies, il acheta une petite boutique où il vendit tout d'abord des articles d'épicerie puis de joaillerie<ref>Duc de Castries, La Scandaleuse Madame de Tencin : 1682-1749. Paris, Perrin, coll. « Présence de l’histoire », 1986. 293 Modèle:P.-[19] Modèle:P.de pl., 21 cm. Modèle:ISBN. Réédition sous le nouveau titre Madame de Tencin : 1682-1749. Paris, Perrin, 2004. 293 Modèle:P.-[16] Modèle:P.de pl., 23 cm. Modèle:ISBN..) : cf. p. 13 à 40.</ref>.
Une Amazone dans un monde d’hommes
Ayant retenu la leçon, pendant les dix années qui suivirent, son activité se fit plus discrète<ref group="note">Modèle:Source insuffisante</ref>. Désormais, elle réserve le meilleur de son temps à son salon qui devient un centre de littérature et de conversations fines. Les plus grands écrivains de l’époque, qu’elle recueillit du salon de la marquise de Lambert en 1733, s’y pressèrent. On y vit, entre autres, Fontenelle, l’ami de toujours, Marivaux, qui lui doit son siège à l’Académie (1742) et le renflouage incessant de ses finances, l’abbé Prévost, Duclos et plus tard Marmontel, Helvétius, Marie-Thérèse Geoffrin et Montesquieu, son « petit Romain », qu’elle aide à la première publication sérieuse De l'esprit des lois (1748), après la première édition « estropiée » de Genève (1748). Des écrivains Modèle:Incise, mais également les plus grands savants de l’époque, des diplomates, des financiers, des ecclésiastiques et des magistrats de toute nationalité qui portèrent le renom de son salon bien au-delà de la France. Un jour, le mardi, cependant était réservé uniquement à la littérature. Dans une atmosphère de grande familiarité, ses amis écrivains, qu’elle appelait « ses bêtes », venaient présenter leurs derniers écrits ou assister à la lecture d’œuvres de jeunes débutants, à qui Alexandrine manquait rarement de donner quelques conseils. Souvent également ils se livraient aux plaisirs de la conversation et s’adonnaient à leur sujet préféré, la métaphysique du sentiment. D’après Delandine, ce seraient même eux qui auraient remis à la mode ces questions de casuistique sentimentale qui, par leur abstraction même, permettent les opinions les plus subtiles et les plus paradoxales. Nul n’excellait d’ailleurs plus à ce genre d’esprit que la maîtresse de maison qui goûtait tout particulièrement maximes et tours sentencieux. Elle en a, du reste, parsemé ses romans qui, de ce fait, ainsi que l’écrit Jean Sareil, « donnent souvent l’impression d’être le prolongement romancé des conversations qui se tenaient dans son salon », et dont voici quelques-uns tirés des Malheurs de l’amour en guise d’illustration : « Lorsque l’on n’examine point ses sentiments, on ne se donne pas le tourment de les combattre » ; « Le cœur fournit toutes les erreurs dont nous avons besoin » ; « On ne se dit jamais bien nettement qu’on n’est pas aimé » ; « La vérité est presque de niveau avec l’innocence »…<ref>Modèle:Article</ref>
Un cœur au service de la raison
Au goût immodéré de Modèle:Mme de Tencin pour le pouvoir s'associe celui prononcé pour la galanterie. En effet, si elle sut à la fin de sa vie se forger une image de respectabilité, en se faisant passer pour une « Mère de l’Église », il n’en demeure pas moins que jusqu’à un âge fort avancé, elle ne cessa de défrayer la chronique scandaleuse de l’époque par ses aventures galantes dans la grande société parisienne. « Intrigante (le mot revient et chez le maréchal de Villars et chez [[Félicité de Genlis|Modèle:Mme de Genlis]])<ref>Modèle:Mme de Genlis, De l’Influence des femmes sur la littérature française (...),, Paris, chez Maradan, libraire, 1811, Modèle:P.275.</ref> accoutumée à faire tous les usages possibles de son corps et de son esprit pour parvenir à ses fins »<ref>Maréchal de villars, Mémoires, publiés d’après le manuscrit original par le marquis de Vogüé, Paris, Renouard, 1884-1892, t.V, Modèle:P.13.</ref>, opinion que partage également Saint-Simon, elle devint très tôt la cible des nouvellistes qui lui prêtèrent de nombreux amants. Le critique Pierre-Maurice Masson prétend même que Modèle:CitationModèle:Sfn.
La rumeur très tôt l'a associée intimement aux plus hautes sphères du pouvoir. Dès 1714, elle devient la maîtresse en titre de l'abbé Dubois qui n'a pas encore prononcé ses vœux et qui aide à la carrière de Pierre-Paul de Tencin. Ce premier amant pourrait même lui avoir dicté les suivants. Le Régent par exemple, qu’elle lassa à force de plaider la cause du Prétendant et qui la renvoya, selon Duclos, d’un mot très dur (il se plaignit qu’Modèle:Citation)Modèle:Sfn. On peut y ajouter un lieutenant de police, le comte d’Argenson, sous la protection duquel elle put agioter en toute tranquillité lorsqu’il devint garde des Sceaux, son fils reprenant la charge et la maîtresse, le comte de Hoym et le duc de Richelieu, son meilleur atout à la cour.
La liste fournie par les chroniqueurs de l’époque s'étend encore à des politiques. On y trouve des noms connus à l'époque, Lord Bolingbroke, Matthew Prior, grâce à qui elle pénètre les dessous de la politique étrangère, ou Charles-Joseph de La Fresnaye, banquier en Cour de Rome, avocat puis conseiller au Grand Conseil, gendre du baron Jean Masseau<ref group=note>Jean Masseau était baron de l'île de Ré.</ref>, qui fut utile au frère et à la sœur dans des placements d’argent. Elle dut d’ailleurs se résoudre à abandonner ce dernier amant qu’elle adorait véritablement : accoutumé au jeu et à l’agiotage, il n’arrivait plus à rembourser les divers prêts qu’Alexandrine lui avait accordés et, de surcroît, se permettait de la calomnier un peu partout. Pour une fois d’ailleurs, elle manqua de prudence : La Fresnaye, ayant perdu l’esprit et toute sa fortune, eut la fâcheuse idée de venir se suicider dans l’arrière salon d'Alexandrine le Modèle:Date- ; tout en ayant pris soin au préalable, dans un testament, de la rendre responsable de sa mort. Cette aventure valut à Madame de Tencin le Châtelet, puis la Bastille où on ne la ménagea point : elle fut confrontée nuitamment avec le cadavre exhumé et à demi putréfié de La Fresnaye et dut souffrir encore les railleries de son illustre voisin de cellule, Voltaire. Elle ne sortit de cet enfer que trois mois plus tard, acquittée et légalement enrichie des dépouilles de sa victime.
On le voit pour Madame de Tencin, il semble qu’aimer, ce soit aimer utilement, et que le verbe s’attacher n’ait comme unique objet, que le mot pouvoir. « La plupart de ses amitiés, toutes ses galanteries, semblent se succéder pour ainsi dire, dans le silence de son cœur et même des sens : avoir un ami, c’est pour elle prendre un parti ; se donner un amant, c’est travailler à un dessein. Chez elle, tout est volonté ; chaque désir tend impérieusement à sa réalisation, et les mouvements de l’esprit s’achèvent en effort et en lutte », nous prévient Pierre-Maurice MassonModèle:Sfn.
Elle-même, dans sa correspondance, n’hésite pas à avouer un certain arrivisme, témoin cet extrait d’une lettre du Modèle:Date adressée au duc de Richelieu : Modèle:Citation bloc
Il ne faudrait conclure trop rapidement à une femme sans cœur. En effet, on ne connaît d’elle que ses liaisons publiques qui sont avant tout des affaires. Rien de transpire jamais, dans sa correspondance, de sa vie privée. A-t-elle connu le véritable amour ? Les dédicaces de plusieurs de ses romans tendraient à le prouver. Il ne serait guère aisé de donner quelque nom à l’heureux élu : Jean Astruc, son médecin et amant depuis 1723, qui hérita en sous-main de plusieurs centaines de milliers de livres ? Sir Luke Schaub, qu’elle appelait « mon mari » ? Le duc de Richelieu<ref group=note>Lettre au duc de Richelieu, Modèle:Date</ref> ? :
Ou pourquoi pas le prince hollandais Léopold-Philippe d'Arenberg<ref name=Launay/> (1690-1754), qui avait un logement entre différentes campagnes militaires à Paris. De leurs probables amours passagères lors du carnaval de 1717 naquit un fils – le futur D'Alembert –, qu’elle abandonna le lendemain de sa naissance – de gré ou de force, on ne sait –, le Modèle:Date, sur les marches de l’église Saint-Jean-le-Rond à Paris. Ce fut un homme de confiance de ce prince, Destouches-Canon, qui sera chargé seul de l’entretien et de l’éducation de cet enfant placé finalement chez une nourrice, la bonne dame Rousseau. Alexandrine n’ira le voir – et rapidement encore – qu’une seule fois en 1724… Ce sera Destouches, puis son frère Michel et sa veuve, Jeanne Mirey, qui pourvoiront toujours au versement d'une pension viagère de 1200 livres<ref name=Launay>Modèle:Article</ref>.
Une œuvre encensée et une femme du monde décriée
S’il se trouve fort peu de gens au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour critiquer les ouvrages ou le salon de Modèle:Mme de Tencin, ses intrigues sentimentales, affairistes, religieuses ou politiques ont par contre soulevé l’indignation générale de l’époque : Saint-Simon, ainsi que la plupart des mémorialistes, ne manque jamais de la fustiger dans ses Mémoires ou ses Annotations au journal du marquis de Dangeau, de même que les chansonniers qui s’en donnent à cœur joie pour la trainer dans la boue au moindre éclat ; sans parler des attaques qui fusent de ses proches, telles celles de la fameuse [[Charlotte Aïssé|Modèle:Mlle Aïssé]], qui dans sa correspondance ne se prive pas de l’égratigner à plusieurs reprises. Plus tard, après sa mort, vers la fin du siècle, sa réputation fut encore plus ternie. Comme l’écrit Jean Decottignies, elle Modèle:Citation
Les laudateurs de la Modèle:Citation, selon le mot de l’époque, ne sont pas nombreux. On y recense un Piron qui la loue systématiquement, un mystérieux témoin anonyme qui, sous le nom du Solitaire des Pyrénées, nous décrit en 1786 dans le Journal de Paris les charmes de son salon<ref>Le Solitaire des Pyrénées, « Aux Auteurs du Journal » (Souvenir sur Modèle:Mme de Tencin), in Journal de Paris, mardi 11 septembre 1787, no 254.</ref>, et surtout Marivaux. Ce dernier, dans la Vie de Marianne, donne en effet un portrait avantageux de Modèle:Mme de Tencin, ou plutôt de Modèle:Mme Dorsin, puisque tel est le nom sous lequel il a choisi de lui rendre hommage :
Un tel portrait est exceptionnel chez les écrivains de l’époque qui, connaissant la dame et ses frasques, préféraient être discrets à son sujet, choisissant de passer sous silence ses turpitudes Modèle:Incise ; soit, à l’instar d’un Marmontel, d’adopter une attitude de stricte neutralité par rapport à des rumeurs qu’ils ne pouvaient ignorer.
La réputation de Modèle:Mme de Tencin n’était donc pas des meilleures tout au long du siècle. Pourtant, étant une femme en vue, au cœur de toutes sortes d’intrigues et, pour reprendre le mot de Marivaux, à l’« esprit supérieur », elle fut tout naturellement en butte à la jalousie et à la diffamation. De surcroît, ces calomnies, et c’est sans doute ce qui lui a causé le plus de tort, elle ne les a jamais réfutées, car, à l’instar du marquis de La Valette des Malheurs de l’amour, elle semble ne jamais avoir fait cas de sa « réputation qu’autant qu’elle était appuyée du témoignage qu’(elle) se rendait à elle-même. (Elle) faisait ce qu’(elle) croyait devoir faire, et laissait juger le public ».
À ce mépris pour sa réputation s’ajoute encore un activisme forcené qui n’a pu qu’irriter la bonne société de l’époque. On connaît le statut juridique de la femme de l’Ancien Régime : il équivaut à celui de « serve »<ref>Pierre Fauchery, La Destinée féminine dans le Roman européen du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Colin, 1972, Modèle:P.40.</ref>. Son rôle social consistait, par son sexe, à obéir. Ce point de vue était d’ailleurs partagé par la plupart des participants – tant masculins que féminins ! – au débat pour déterminer qui devait gouverner dans la société. Alexandrine n’a pu que souffrir de ce préjudice social, elle qui ne s’épanouissait que dans l’action et qui n’avait rien de la femme passive que l’on rencontre encore dans nombre de romans de la première moitié du siècle. En fait, elle était très peu femme. Son esprit, ainsi que l’écrit Marivaux dans les Étrennes aux Dames, possédait « toute la force de celui de l’homme ». L’aspect « mâle »Modèle:Sfn de son caractère, également souligné par Delandine, était même si prédominant que la bonne baronne dut être rappelée à l’ordre par le cardinal de Fleury :
Madame de Tencin femme de lettres
La fortune littéraire des œuvres
Après le coup de semonce de Fleury en 1730, Modèle:Mme de Tencin jugea préférable de se consacrer désormais – quoique non exclusivement – à la tâche de présidente de sa « ménagerie » dont la réputation allait devenir européenne. C’est là, qu’entourée des plus grands écrivains de l’époque, elle rédigea ses premières œuvres. Reconversion ? Désir de faire oublier des scandales qu’elle eût préférés moins notoires, de rendre hommage à l’homme qu’elle aimait ? Ou, ainsi que le pense P.-M. Masson, pour « faire à sa manière œuvre d’art, pour purifier, en quelque sorte, son passé et reconquérir une certaine estime par le sérieux et la distinction de sa plume » ? Il n’est guère aisé de trancher, Modèle:Mme de Tencin ne s’étant jamais expliquée sur les raisons qui la poussèrent à prendre la plume. Toutefois, comme elle n’a jamais cessé d’intriguer ni reconnu publiquement aucun de ses ouvrages, il est préférable de penser avec Delandine qu’ « en voyant les savants les plus goûtés dans la capitale, qu’en appréciant leurs ouvrages, elle eut envie d’en faire elle-même (…) et que la littérature fut pour elle un moyen de se délasser de ses orages, comme un voyageur à qui le désir d’être heureux, a fait braver les flots, les écueils et les tempêtes, profite d’un moment de calme pour écrire ses observations, et confier à ses amis éloignés, et ses espérances et ses dangers »Modèle:Sfn.
Quelles que fussent ses motivations réelles, elle publia anonymement chez Néaulme (Paris) en 1735, sans privilège, un court roman-mémoires de 184 pages in-12 : Mémoires du comte de Comminge. Le succès fut immédiat, comme le prouve le fait qu’il fut réédité l’année même. Et pour une fois, la critique et le public apprécièrent de concert : ils furent unanimes à apprécier les qualités littéraires de l’ouvrage. L'abbé Prévost, dans le Pour et Contre<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, y loue la « vivacité », l’« élégance » et la « pureté » du style, assurant que la nouvelle se fait lire « de tout le monde avec goût »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et le critique d’origine suisse La Harpe, dans son Lycée ou cours de littérature ancienne et moderne (1799), ira même jusqu’à la considérer comme le « pendant de la Princesse de Clèves »<ref>La Harpe, Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, Paris, Agasse, An VII-XII, 16 vol., t. VII, Modèle:P.306.</ref>. Le roman eut même une vogue européenne : très rapidement on en fit des traductions anglaise (1746), puis italienne (1754) et espagnole (1828). Il inspira même une héroïde<ref>Claude-Joseph Dorat, « Lettre du comte de Comminge à sa mère », t. I, in Œuvres complètes, Paris, 1764-1777.</ref> à Dorat et une nouvelle à [[Madeleine-Angélique de Gomez|Modèle:Mme de Gomez]]<ref>[[Madeleine-Angélique de Gomez|Modèle:Mme de Gomez]], « Les Amans cloîtrés », in Cent nouvelles nouvelles (septième partie), Jorry, 1737.</ref>. Pour Delandine, Madame de Tencin devrait servir de modèle. Et elle le fut, puisque sa nouvelle connut vers la fin du siècle cette forme populaire de la gloire que donnent les imitations et les contrefaçons. On l’adapta également au théâtre : Baculard d’Arnaud par exemple s’en inspira pour son drame Les Amans malheureux (1764). Avec plus de cinquante rééditions jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’ouvrage est resté très présent sur la scène du livre. Après un purgatoire d’une cinquantaine d’années, il fut redécouvert dans les années soixante et depuis constamment réédité.
Quatre ans plus tard, en 1739, parut sans nom d’auteur à Paris et toujours sans privilège, le second ouvrage de Modèle:Mme de Tencin : Le Siège de Calais, nouvelle historique, roman en deux volumes composé sous la forme d’un récit à tiroirs. Il souleva également un enthousiasme universel et tout comme le précédent se verra comparé au chef-d’œuvre de [[Madame de La Fayette|Modèle:Mme de La Fayette]]. Comparaison pour le moins étrange en fait, car si le style est magnifique, la retenue des personnages l’est moins, le roman débutant là où finissent tous les autres… : Modèle:Citation bloc
On le voit, ces deux ouvrages ont été jugés dignes d’être placés au nombre des chefs-d’œuvre de la littérature féminine du temps et leur succès alla même croissant jusque vers le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, avec une réédition tous les deux ans entre 1810 et 1840Modèle:Sfn. Ils furent, par ailleurs, encore souvent réédités entre 1860 et 1890 et leur gloire ne s’éteindra finalement qu’à l’aube du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. C’est dire si le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle les goûta encore énormément. Le critique Villemain, dans son Tableau de la littérature française au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (1838) écrira même que Modèle:Mme de Tencin est l’auteur de « quelques romans pleins de charme » parmi lesquels les Mémoires du comte de Comminge, représente certainement « le plus beau titre littéraire des femmes dans le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle »<ref>Villemain, Tableau de la littérature française au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Didier, 1838, t. I, Modèle:P.261-262.</ref>.
C’est grâce à ces deux romans que le nom de Modèle:Mme de Tencin survivra littérairement jusqu’à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Elle est encore pourtant l’auteure de deux autres ouvrages : les Malheurs de l’amour (1747), véritable perle de la littérature du Modèle:S mini, et d’un roman inachevé, de facture plus surannée, les Anecdotes de la cour et du règne d'Édouard II, roi d'Angleterre.
Les Anecdotes furent publiées après sa mort en 1776, chez le libraire Pissot à Paris, avec approbation et privilège du roi. Alexandrine n’est l’auteure que des deux premières parties, les suivantes sont l’œuvre de Anne-Louise Élie de Beaumont qui, vingt-cinq ans après la mort de Modèle:Mme de Tencin, décida de finir l’ouvrage que celle-ci avait laissé inachevé. De toute évidence, Madame de Tencin jouissait donc encore dans ces années-là d’une grande réputation. Comment expliquer, sinon, qu’un écrivain aussi célèbre qu’Élie de Beaumont, l’auteure des fameuses Lettres du marquis de Rozelle (1764), encensées de toute la critique, et femme du plus célèbre encore avocat des Calas, décidât de terminer le roman d’une autre au lieu de donner à nouveau au public une œuvre de son cru. Malgré tout son savoir-faire, l’ouvrage passa néanmoins presque inaperçu. Pierre-Maurice Masson nous indique qu’il n’a été réédité que huit fois jusqu’au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et toujours dans les œuvres complètes de Modèle:Mme de Tencin, alors qu’on recense par exemple plus d’une quarantaine de rééditions des Mémoires du comte de Comminge. La critique est, quant à elle, généralement muette à son sujet. C’est probablement que la structure baroque de l’œuvre, faite d’histoires enchâssées et de rebondissements improbables, ne plaisait plus à l’époque et il y a fort à parier, ainsi que le pense Joël Pittet, que c’est là une œuvre de jeunesse que Modèle:Mme de Tencin a tôt abandonnéeModèle:Sfn.
Il reste à signaler, avant de revenir à l’examen des Malheurs de l’amour réédités au début du siècle (Desjonquères, 2001), qu’on lui attribue encore trois autres ouvrages. Elle aurait ainsi écrit vers 1720 une Chronique scandaleuse du genre humain, « histoire ordurière et manuscrite des actions crapuleuses des libertins connus par l’histoire de toute l’antiquité et composée à l’usage de Dubois et du Régent » écrit P.-M. MassonModèle:Sfn pour qui l’ouvrage serait assez du genre de la dame. Cette chronique n’a jamais été retrouvée. D’après Jules Gay, elle fut « très probablement détruite par nos cafards molinistes ou jansénistes, méthodistes ou révolutionnaires »<ref>Jules Gay, Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, aux femmes, au mariage et des livres facétieux, pantagruéliques, scatologiques, satyriques, etc., par M. le C. d’I***, Genève, Slatkine reprints, 1990, 4 vol., vol.I, Modèle:P.583.</ref>. On lui attribuait également Chrysal ou les aventures d’une guinée (1767) qui est en fait de l’Anglais Charles Johnstone. Reste enfin l’épineux problème que soulève l’Histoire d’une religieuse écrite par elle-même. En effet, en mai 1786 paraît à Paris, dans la Bibliothèque universelle des romans, cette courte nouvelle de vingt-quatre pages in-16, qu’une note des éditeurs attribue à Modèle:Mme de Tencin : ce serait là « le fruit des premiers amusements de la jeunesse » de notre auteur, qu’elle aurait remis entre les mains de son ami l’abbé Trublet. Convient-il d’accorder quelque crédit à cette note ? La critique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle – celle des deux siècles précédents ainsi que les répertoires bibliographiques du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle passant complètement sous silence cette nouvelle qui n’eut jamais de réédition – reste partagée : Pierre-Maurice Masson, Georges May, Henri Coulet et Pierre Fauchery pensent qu’elle en est l’auteure, sans pourtant en fournir la preuve absolue, tandis que Jean Sareil, Jean Decottignies, Martina Bollmann, auteure d’une thèse remarquable sur les romans de Modèle:Mme de Tencin, et Joël Pittet sont d’avis contraireModèle:Sfn. Une thématique différente, l’absence de tout dialogue, des différences importantes dans le traitement psychologique et dans le vocabulaire de cette œuvre semblent aller pourtant dans le sens de la non attribution. Un autre fait vient encore corroborer cette prise de position : l’abbé Trublet était mort depuis seize ans, quand parut cette histoire. Selon le critique Franco Piva, elle serait en fait de Jean-François de Bastide, ce qui expliquerait sa parution tardiveModèle:Sfn.
S’il convient donc très certainement de considérer l’Histoire d’une religieuse comme un pastiche adroit, cette nouvelle n’en reste pas moins intéressante à plus d’un titre : elle souligne en premier lieu l’engouement pour Modèle:Mme de Tencin vers la période révolutionnaire, engouement que confirment en 1786 les deux premières éditions de ses œuvres complètes ainsi que la publication de ses pseudo-mémoires secrets en 1792<ref>Abbé Louis Barthélémi (1759 - vers 1815), « Mémoires secrets de Modèle:Mme de Tencin, ses tendres liaisons avec Ganganelli, ou l’heureuse découverte relativement à d’Alembert ; pour servir de suite aux Ouvrages de cette femme estimable », en deux parties, s. l., 1792, 142 et 123 pages.</ref>. Qui plus est, elle fournit de précieux renseignements sur la fortune littéraire des Malheurs de l’amour en montrant que ce roman, qui a largement inspiré Jean-François de Bastide, répondait encore au goût de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Avant que d’examiner plus avant ce dernier roman, petit chef-d’œuvre d’écriture classique qui exprime pourtant au mieux les idées novatrices et subversives de Modèle:Mme de Tencin, il convient encore de dire un mot des problèmes d’attribution.
Une attribution quelque temps contestée
La fortune littéraire de Modèle:Mme de Tencin ne coïncide pas avec celle de ses œuvres. En effet, si la critique de nos jours attribue unanimement à la divine la maternité des quatre ouvrages précités, son œuvre lui fut longtemps disputée.
À l’instar la plupart des femmes de lettres de son époque, Alexandrine publia ses ouvrages sous le couvert de l’anonymat. Le nom de Modèle:Mme de Tencin ne tarda pas cependant à circuler sous le manteau, comme le prouve une lettre de l’abbé Raynal (1749) à un correspondant étranger, dans laquelle il signale qu’il convient d’attribuer à Alexandrine « trois ouvrages pleins d’agrément, de délicatesse et de sentiments » dont il donne les titres. Ses « bêtes » (les familiers de son salon) étaient d’ailleurs certainement dans la confidence et, bien qu’ils gardassent, pour la plupart, le silence, un poème de Piron, en termes à peine voilés, laisse entendre la véritable identité du plus accompli des trois romans. Il s’agit de Danchet aux Champs-Élysées qui décrit un cercle de neuf Muses, rencontré au séjour des Bienheureux, dont Alexandrine doit un jour occuper le siège présidentiel :
- Car vous seule y devez prétendre,
- Vous seule y monterez un jour,
- Vous dont le pinceau noble et tendre
- A peint les malheurs de l’Amour.<ref>Alexis Piron, Œuvres Complètes, éd. Rigoley de Juvigny, Paris, Lambert, 1776, t.VI, Modèle:P.375.</ref>
À part ces quelques indications éparses, dans les trente années qui suivirent la première publication de Modèle:Mme de Tencin (1735), on ne trouve aucun témoignage imprimé où le nom de l’auteur soit explicitement donné. Aussi la rumeur se plut à attribuer ces trois romans à d’autres écrivains, et principalement à ses propres neveux : d’Argental et Pont-de-Veyle.
Trois théories s’affrontent donc dans le public jusqu’en 1767 : il y a les gens instruits qui savent ce qu’il en est, ceux qui penchent pour une collaboration entre la tante et les neveux, et ceux qui n’accordent, comme Voltaire qui la détestait, la paternité des œuvres qu’aux seuls neveux.
Le parti des instruits finit par l’emporter, car en 1767 apparaît le premier texte auquel on peut accorder tout crédit, qui divulgue enfin la véritable identité de l’auteur des trois romans. En effet, l’abbé de Guasco dans une note de son édition des Lettres familières du Président de Montesquieu nous apprend que son frère, le comte de Octavien de Guasco, demanda en 1742 à Montesquieu si Modèle:Mme de Tencin était bien l’auteure des ouvrages que certains lui attribuaient. Ce dernier lui répondit qu’il avait promis à son amie de ne point révéler le secret. Ce n’est que le jour de la mort d’Alexandrine qu’il avoue enfin la vérité au vieil abbé.
Son opinion fait école, car dès cette date, le nom d’Alexandrine figure régulièrement dans les histoires littéraires et les dictionnaires de l’époque. Ainsi, vers 1780, la majorité du public et de la critique – à l’exception notable de l'abbé de Laporte dans son Histoire littéraire des femmes françoises (1769) – pense qu’elle en est l’unique auteur. En tout cas on en est suffisamment convaincu pour, lors de la première édition de ses œuvres complètes en 1786, faire apparaître pour la première fois son nom sur la page de titre. Depuis l’ouvrage de Pierre-Maurice Masson (1909, revu et corrigé en 1910), consacré à la vie et aux romans d’Alexandrine, ces œuvres lui sont définitivement attribuées.
Les Malheurs de l'amour
Après huit ans de silence littéraire, Modèle:Mme de Tencin, devenue impotente et ne quittant plus guère son appartement, se décida à sortir quelque peu de sa réserve pour publier anonymement son troisième roman : Les Malheurs de l'amour (1747). L’édition originale de ce roman-mémoires sentimental consiste en deux volumes in-12 de 247 et 319 pages où l’histoire enchâssée d’Eugénie – la confidente de l’héroïne Pauline – occupe les 180 pages du deuxième volume. Elle fut publiée sans privilège à Paris, même si la page de garde mentionne Amsterdam.
Le roman connut un grand succès lors de sa parution, tant est qu’il fut réédité plusieurs fois l’année même. Il fut en vogue quelque temps à Versailles. Daniel Mornet, dans son article Les Enseignements des bibliothèques privées (1750-1780), nous apprend même qu’il fit partie jusqu’en 1760, avec les Lettres d'une Péruvienne ou les Confessions du comte de ***, des neuf romans les plus lus en France ! Cet engouement ne se cantonna pas à la France uniquement. Dès les années 1750 il fut traduit en anglais et inspira plusieurs auteurs britanniques comme Miss Frances Chamberlaine Sheridan dans ses Memoirs of Miss Sidney Bidulph, extracted from her own Journal (1761; traduit en français par l'abbé Prévost en 1762) dont une partie de l’intrigue semble directement inspirée des Malheurs de l’amour. Jean-Rodolphe Sinner de Ballaigues l’adaptera en 1775 pour le théâtre, en conservant certaines répliques du roman. Pendant la période révolutionnaire, il connaît même une nouvelle vogue, étant très souvent réédité, et pas toujours sous son titre d’origine, mais sous celui de Louise de Valrose ou Mémoires d’une Autrichienne, traduits de l’allemand sur la troisième édition (1789). Enfin, la troisième période de gloire des Malheurs de l’amour se situe pendant les trente premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle où l’on recense en moyenne une réédition tous les cinq ans : les post-classiques en apprécièrent le style naturel et de bon goût et la génération romantique, la mélancolie et la passion dominatrice qui caractérisent, par ailleurs, tous les romans de Modèle:Mme de Tencin. Dès les années 1880, le roman sombre peu à peu dans l’oubli et ce n’est qu’à l’aube de ce siècle qu’il a été redécouvert (Desjonquères, 2001).
Une morale du cœur et de l’instinct
L’être humain, pour citer Paul van Tieghem, ne vit donc Modèle:Citation La morale naturelle que Modèle:Mme de Tencin nous propose est en ce sens assez proche de celle des auteurs sensibles de la deuxième moitié du siècle qui réagissent contre le culte de la raison gouvernant la volonté, idéal de l’âge classique, en privilégiant le sentiment et en revendiquant les droits de la passion. Celle-ci n’est plus considérée comme une faiblesse, un égarement ou un malheur, mais comme un privilège des âmes sensibles. Elle devient Modèle:Citation
Si la lettre est donc essentiellement communicative et dramatique, elle reste cependant avant tout le signe et le substitut d’une passion qui ne peut s’assouvir. En ce sens, elle ne fait que transposer dans l’histoire cet espace d’écriture et d’évasion qu’offre lui-même le roman à l’amour, ce sentiment qui n’avait lieu à l’époque, si ce n’est la clandestinité, pour s’épanouir. L’acte d’écriture, voire l’acte de narration, justifiés explicitement dans les romans, procède donc d’un refus d’être, ou du moins d’être sans l’être aimé. Il trahit un désir du « nous », de l’unité qui ne peut être résolu que dans l’écriture ou, paradoxalement, dans l’absence, car l’on sait depuis Proust que cette dernière, pour qui aime, est « la plus certaine, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences (…). »<ref>Marcel Proust, Les Plaisirs et les jours, Paris, Gallimard, coll. « l’Imaginaire », 1988, Modèle:P.138.</ref>.
L’image d’une femme – ou d’un homme – qui se réalise dans l’amour ou, par procuration, dans l’écriture ne manque pas d’étonner de la part d’un écrivain dont la vie fut caractérisée essentiellement par la tutelle de la raison sur le cœur. Du moins, c’est là le portrait que se sont plu à dresser la totalité de ses biographes. Mais ont-ils vraiment vu juste, eux qui se sont efforcés de recréer la personne intime à partir du personnage public ? Laissons le mot de conclusion à Stendhal qui la proposait comme modèle à sa sœur Pauline et qui avait deviné son grand secret (Lettre à Pauline Beyle, 8 mars 1805):
Madame de Tencin épistolière
De l’abondante correspondance de Modèle:Mme de Tencin, il ne reste que peu de choses accessibles en édition. Huitante lettres dans une vieille compilation lacunaire de Soulavie<ref group=note>Les originaux de plus de la moitié de ces lettres se trouvent dans le Fonds Richelieu de la Bibliothèque Victor Cousin à Paris</ref>, écrites entre novembre 1742 et juillet 1744, deux petits recueils de Stuart Johnston et de Joël Pittet, de nombreuses lettres inédites citées ici et là, notamment chez P.-M. Masson, Jean Sareil ou M. Bollmann. Des originaux également, qui apparaissent de temps en temps dans les ventes aux enchères. Aucun critique n’a encore consacré d'étude sérieuse à la totalité de sa correspondance retrouvée, soit cent cinquante lettres environ.
Voici son avis sur le ministre Maurepas dans une lettre au duc de Richelieu du Modèle:1er août 1743 :
Pour Alexandrine, avec de tels serviteurs, « à moins que Dieu n’y mette visiblement la main, il est physiquement impossible que l’État ne culbute » (Lettre au duc d’Orléans du 2 juin 1743). Les ministres « ont le ton plus haut actuellement que les ministres de Louis XIV, et ils gouvernent despotiquement (...). Tandis que les affaires actuelles occuperaient quarante-huit heures -si les journées en avaient autant-, les meilleures têtes du royaume passent leur temps à l’Opéra » (idem) ! Mais le grand coupable, c’est le roi, comme elle ne se prive pas de le démontrer dans différentes lettres (des 22 juin, 24 juillet, Modèle:1er août et 30 septembre 1743) au duc de Richelieu :
Et de terminer à propos du roi :
Les lettres de Modèle:Mme de Tencin offrent donc le spectacle, qui n’est « ni sans rareté ni sans beauté »Modèle:Sfn.
La Ménagerie
(musée de la Révolution française).
Quelques grands noms des Lettres, des Arts et des Sciences fréquentèrent durablement ou occasionnellement le salon de Madame de Tencin et formèrent sa Ménagerie. Voici quelques-unes de ses « Bêtes » : l’abbé Prévost, Marivaux, l’abbé de Saint-Pierre, l’académicien de Mairan, Louis La Vergne, comte de Tressan, le docteur et amant Jean Astruc, le poète janséniste Louis Racine, Jean-Baptiste de Mirabaud, l’abbé Le Blanc, son neveu d’Argental, [[Louise Marie Madeleine Fontaine|Modèle:Mme Dupin]] qu'elle appelait « ma chère friponne »<ref>Gaston de Villeneuve-Guibert, Le Portefeuille de Modèle:Mme Dupin, Calmann-Lévy Éditions, Paris, 1884, Modèle:P..</ref>, Duclos, l’académicien de Boze, Émilie du Châtelet, Houdar de la Motte, [[Marie Thérèse Rodet Geoffrin|Modèle:Mme Geoffrin]], Réaumur, Montesquieu qu’elle appelait « le petit romain », Helvétius, les écrivains Piron et Marmontel, la marquise de Belvo, Modèle:Mme de La Popelinière, Bernard-Joseph Saurin, Sir Luke Schaub qu’elle surnommait « le Petit » ou « mon mari », l’abbé Trublet, Charles-Henry (comte de Hoym) qu’elle surnommait « le Grand ou le Dégoûté », Fontenelle, Françoise de Graffigny, l’abbé de Mably, son neveu Pont-de-Veyle, le médecin suisse Théodore Tronchin, Chesterfield, Bolingbroke ou le peintre François Boucher dont elle possédait un tableau (Le Foyer enchanté).
On peut à cette liste rajouter Collé et Gallet qui formaient à cette époque avec Piron un trio inséparable de trois joyeux compagnons fondateurs du célèbre « Caveau » comme nous le rappellent Rigoley de Juvigny dans les mémoires de Piron et J. Bouché dans Gallet et le Caveau à travers une anecdote qui a eu lieu chez Modèle:Mme de Tencin et qui se termine dans les rues de Paris après cette soirée bien colorée. Ils avaient en commun avec Modèle:Mme de Tencin la même opinion sur Voltaire qui craignait de se trouver face à Piron. Gallet ayant de son côté fait le pamphlet Voltaire Âne, jadis poète.
Œuvres
- Mémoires / du Comte / de Comminge. / A La Haye (Paris), / chez J. Néaulme, Libraire. / 1735, 1 vol. in-12, 184 p.Modèle:Commentaire biblio
- Le Siège / de / Calais, / Nouvelle Historique. / A La Haye (Paris), / chez Jean Néaulme. / 1739, 2 vol. in-12 de 271 et 282 p.Modèle:Commentaire biblio Il y eut deux rééditions la même année.
- Les / Malheurs / de / l’amour. / - Insano nemo in amore sapit, Propert. / A Amsterdam (Paris / Ambroise Tardieu). / 1747, 2 vol. in-12 de 247 et 319 p.Modèle:Commentaire biblio
- Anecdotes / de la cour / et du règne / d’Édouard II, / Roi d’Angleterre. / Par Mde L.M.D.T., & Mde E.D.B., / À Paris, / chez Pissot, libraire, quai des / Augustins. / 1776. / Avec Approbation et Privilège du Roi. In-12, [1 (faux-titre)], [1 bl.], [1 (titre], [1 bl.], [2 (Avertissement de l’éditeur)], 326, [2 (approbation et privilège)].Modèle:Commentaire biblio
- (Duc de Richelieu, cardinal de Tencin et Modèle:Mme de Tencin), Correspondance du cardinal de Tencin, ministre d’État, et de Madame de Tencin sa sœur, avec le duc de Richelieu, sur les intrigues de la cour de France depuis 1742 jusqu’en 1757, et surtout pendant la faveur des dames de Mailly, de Vintimille, de Lauraguais, de Châteauroux et de Pompadour, éd. Soulavie, (s.l. Paris ?), 1790, 1 vol., 385 pages (sur les 400 annoncées, la publication s'étant interrompue). Il y a un exemplaire à Paris à la BnF (RES-8-LB38-56 et VELINS-1178). La moitié des lettres originales se trouve dans le Fonds Richelieu 64 de la Bibliothèque Victor Cousin à Paris.
- (Faur ?, secrétaire de Richelieu ou Laborde ?), Vie privée du maréchal de Richelieu, Paris, Buisson, 1791, tome II, app., 312-346. (On y trouve cinq lettres non publiées dans le précédent volume en raison de leur virulence contre le roi).
- Lettres de Modèle:Mme de Tencin au duc de Richelieu, Paris, L. Collin, An XIII - 1806. (9 lettres)
- Joël Pittet, Lettres privées de Modèle:Mme de Tencin et du futur cardinal de Tencin à leur frère le président de Tencin et autres, Fribourg, Imprimerie Saint-Paul, 2010. (14 lettres inédites dont les originaux se trouvent à la bibliothèque du château d'Oron en Suisse.)
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stuart Johnston, Letters of Madame de Tencin and the Cardinal de Tencin to the Duc de Richelieu, Paris, éditions Mazarine, 1967. (On y trouve quatre lettres non publiées dans les autres volumes).
- Paul Vernière, « Sur trois lettres de Madame de Tencin partiellement inédites », Essays in Diderot and the Enlightenment in Honour of Otis Fellows, Edit. by John Pappas, Genève, Droz, 1974, (Histoire des idées et critique littéraire, 140), Modèle:P..
- Gaston de Villeneuve-Guibert, Le Portefeuille de Modèle:Mme Dupin, Calmann-Lévy Éditions, Paris, 1884. (Une lettre à Modèle:Mme Dupin).
Adaptation scénique
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'histoire de sa vie servit de canevas pour une pièce de théâtre :
- Fournier et de Mirecourt, Modèle:Mme de Tencin, drame en quatre actes, J.-A. Lelong, Bruxelles, 1846 [1].
Adaptation romanesque
- Joël Pittet, Les Aquatiques, nouvelles, Edilivre, Saint-Denis, 2016. (La première nouvelle "La mule de velours vert à talon rouge" met en scène Mme de Tencin et son salon.)
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Livres
- Jean-Rodolphe Sinner de Ballaigues, Les Malheurs de l’amour, drame, Berne, chez B.L. Walthard, 1775.
- Modèle:Ouvrage
- Félicité de Biron, The Adventures and Amours of the Marquis de Noailles and Mademoiselle Tencin, translated from a French manuscript, Londres, J. Robinson, 1746 [National Library of Australia 3202898].
- Christophe Bois, La Construction de l’illusion dans les récits de Madame de Tencin, thèse de doctorat, Lyon, université Lyon-III, 2005.
- Martina Bollmann, Madame de Tencin romancière, thèse Modèle:3e, Paris, Université de Paris III, 1982.
- Maurice Boutry, Une créature du cardinal Dubois : Intrigues et missions du cardinal de Tencin, Modèle:3e, Paris, Emile-Paul Éditeur, 1902.
- Modèle:Ouvrage.
- Réédition sous le titre : Madame de Tencin : 1682-1749, Paris, Perrin, 2004, 293 Modèle:P.-[16] Modèle:P.de pl., Modèle:Unité. Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage
- Charles Coynart, Les Guérin de Tencin (1520-1758), Paris, Hachette, 1910.
- Modèle:Ouvrage
- Précédées d’Observations sur les romans et en particulier sur ceux de Modèle:Mme de Tencin, par M. Delandine, correspondant de l’Académie royale des Belles-Lettres et inscriptions, etc., à Amsterdam
- Modèle:Chapitre
- : Modèle:Langue, 339
- Pascale Sylvie Vergereau Dewey, Mesdames de Tencin et de Graffigny, deux romancières oubliées de l’école des cœurs sensibles, Thèse de l’université de Rice, Houston, 1976.
- Modèle:Chapitre
- Marianna D'Ezio, ed., Claudine Alexandrine Guérin de Tencin, The History of the Count de Comminge, translated by Charlotte Lennox, Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars Publishing, 2011
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Christopher Erold, Love in Five Temperaments, New York, Atheneum, 1961. (Biographies de Madame de Tencin, Mademoiselle Aissé, Mademoiselle Delaunay, Mademoiselle de Lespinasse et de Mademoiselle Clairon.)
- Pierre Fauchery, La Destinée féminine dans le roman européen du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, A.Colin, 1975.
- Karen Patricia Gusto, Une contestation voilée : une étude des « Malheurs de l’amour » de Modèle:Mme de Tencin, thèse, Université du Manitoba, 1996.
- Michaela A. Ionescu, Le Sentiment de la solitude chez quelques romancières du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Mesdames de Tencin, de Graffigny et de Charrière, Thèse, Indiana University, 1997.
- Modèle:Ouvrage
- Troisième édition, augmentée et corrigée
- Réédition en fac-similé : Genève, Slatkine, 1970. II-340 Modèle:P., Modèle:Unité.
- Troisième édition, augmentée et corrigée
- Robert Mauzi, L’Idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Colin, 1960.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jennifer McGonagle, (Un)masking Masculinity: The dominant Voice in the Mémoirs-novels of four 18th-century French Women: Mesdames de Tencin, Levesque, Leprince de Beaumont and de Puisieux, PhD, Boston College, Boston, 2003, 510 Modèle:P.
- Eugène de Mirecourt et Marc Fournier, Madame de Tencin, Paris, G. Roux et Cassanet, 1847. 2 volumes in-8°, pagination inconnue.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Patricia A. Sadler Moore, The Birth of the Corrupt Heroine. Gestations in the Novels of Madame de Tencin, thèse, université de Floride, 1980.
- Paul Morillot, Le Roman au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Mme de Tencin et Modèle:Mme de Graffigny, Paris, Collin, 1898.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Vivienne Mylne, The Eighteenth-Century French Novel, Manchester, Manchester University Press, 1965.
- Max Nicolaus, Madame de Tencin, Inaugural-Dissertation zur Erlangung der Doktorwürde der Universität Leipzig, Imprimerie Robert Noske, Borna-Leipzig, 1908.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Cet ouvrage comporte une liste importante d’archives ou de bibliothèques publiques comportant des manuscrits de la famille de Tencin.
- René Vaillot, Qui étaient Madame de Tencin et le Cardinal ?, Paris, Le Pavillon, 1974.
- Articles
- Henri Coulet, « Expérience sociale et imagination dans les romans de Modèle:Mme de Tencin », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 46, mai 1994, Modèle:P..
- Henri Coulet, « Les romans de Madame de Tencin : fable et fiction », La littérature des Lumières en France et en Pologne : esthétique, terminologie, échanges, actes du colloque franco-polonais organisé par l’Université de Wrocław et l’Université de Varsovie en collaboration avec l’Institut de recherches littéraires de l’Académie polonaise des sciences, Varsovie, Panstwowe Wydawnictwo Nankowe, 1976, Modèle:P..
- Luigi Derla (coll.), "Saggio sui Mémoires du Comte de Comminge di Claudine de Tencin" in Contributi del Seminario di Filologia Moderna : Serie Francese, Milano, Vita e Pensiero, premier volume, 1959.
- Florica Dulmet, « L’Amour, la politique, l’esprit, tiercé d’une femme libre, Madame de Tencin », Écrits, Paris, 415, juillet-août 1981, Modèle:P.97-104.
- Maria del Carmen Marrero, « Mme de Tencin, sociabilité d'une romancière. » in Littérature, 2017 (no 187), Paris, Colin, p. 64-67.
- Daniel Mornet, « Les Enseignements des bibliothèques privées (1750-1780) », Revue d’histoire littéraire de France, Paris, Colin, 1910, Modèle:P.449-496.
- Roland Mortier, Hervé Hasquin, "Portraits de femmes", in Études sur le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Volume XXVIII, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, 2000, Modèle:P..
- Patricia Louette, « Quelques aspects de la singularité féminine chez Mme de Tencin : Les coulisses de la vertu. », in Writers and Heroines: Essays on Women in French Literature, edited by Shirley Jones Day, New York, Peter Land, 1999, Modèle:P.131-146.
- Modèle:Article
- Annie Rivara, "Dialogue avec Marivaux, un usage paradoxal des maximes : les Mémoires du comte de Comminge de Modèle:Mme de Tencin", communication au colloque sur "Les genres dans le roman", C.E.D.I.C., Université de Lyon III, décembre 1992.
- Eva-Maria Sartori, «Tencin», in French Women Writers. A Biobibliographical Source Book, dir. Eva Maria Sartori et Dorothy Wynne Zimmermann, New York, Westport/London, Greenwood Press, 1991, Modèle:P..
- Le Solitaire des Pyrénées, « Aux Auteurs du journal. Souvenir sur Madame de Tencin », Journal de Paris, mardi 11 septembre 1787, Modèle:N°.
- Chantal Thomas, « Les Rigueurs de l’amour. Étude sur Madame de Tencin et Stendhal », L’Infini, vol. 12, 1985, Modèle:P.77-89.
- Modèle:Article
- Paul Vernière, « Sur trois lettres de Madame de Tencin partiellement inédites », Essays in Diderot and the Enlightenment in Honour of Otis Fellows, Edit. by John Pappas, Genève, Droz, 1974, (Histoire des idées et critique littéraire, 140), Modèle:P.386-399 : les fragments appartiennent aux lettres adressées au duc de Richelieu du 4 octobre 1743, 8 mai 1744 et 27 juillet 1744.
- Sante Arcangelo Viselli, « L’échec du mentorat dans Les malheurs de l’amour (1747) de Madame de Tencin et dans Les Lettres du marquis de Roselle (1764) de Madame Élie de Beaumont. » Études françaises et italiennes, vol. 4 : Maître-disciple : une relation topique, Université de Winnipeg, Winnipeg, 2018.
Iconographie
- Portrait de femme dit aussi Portrait de madame de Tencin, huile sur toile, attribué à Jean Gueynier. Coll. musée de Grenoble (inv.MG 348). Cette œuvre a figuré dans la galerie des portraits dauphinois du musée Stendhal à Grenoble (http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr). Victor Cassien en a tiré une lithographie pour l’Album du Dauphiné (1836).
- Un portrait présumé à l’huile de Modèle:Mme de Tencin âgée, assise, un éventail à la main, d’après Joseph Aved (de Victorine-Angélique-Amélie Rumilly ?), figure au Musée des Beaux-Arts à Valenciennes (http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr).
- La Maison d'Auteuil de Jacques Autreau (1716) : une huile sur toile (28,3 x 35,6 in. / 72 x Modèle:Unité.) représentant Fontenelle, Houdar de La Motte et Saurin autour d’une table, dans un salon, avec, à l’arrière plan, Modèle:Mme de Tencin leur apportant le chocolat. Le tableau se trouve au château de Versailles.
- Portrait à l'huile de Madame de Tencin par Antoine Coypel (1694-1752) se trouve au château de Chatillon-en-Bazois en France.
- Un portrait à l’huile en médaillon de Modèle:Mme de Tencin à l’habit brodé de fleurs se trouve dans une galerie située au-dessus du Canal d’Hiver (salle 225) du musée de l’Hermitage à Saint-Petersbourg.
- Un portrait à l’huile de Modèle:Mme de Tencin tenant des petites fleurs dans la main droite, peint en 1728 par N. des Neiges (ou Desnaige), se trouve au château de Tencin (propriété du marquis de Monteynard).
- Un portrait à l’huile de Modèle:Mme de Tencin vêtue d’un costume de fantaisie et se tenant les mains sur la poitrine, avec en arrière-fond ses armoiries, attribué à Pierre Mignard, est conservé à Tournon dans l’hôtel familial du marquis de La Tourette.
- Un portrait à l’huile en buste de Modèle:Mme de Tencin jeune, les cheveux en partie cachés sous un bonnet, un ruban dentelé autour du cou et un petit chien sous le bras, peint par François-Hubert Drouais, appartenait à la baronne Nathaniel de Rothschild.
- Un portrait en médaillon (gravure sur acier de de Launey ou de Roger) où Modèle:Mme de Tencin, de trois quarts, tête nue, cheveux dénoués et bouclés et vêtue à la grecque avec une draperie légère sur la gorge nue, a été reproduit dans l'édition des Mémoires du comte de Comminge par Henri Potez en 1908. Cette gravure, d'après P.-M. Masson, aurait été tirée d'un original à l'huile de Jean-François de Troy (1679-1752), qui semble perdu.
- Un portrait en médaillon à l'huile de Louis Tocqué, dont on a tiré des gravures sur acier (C. Geoffroy, 1863). Il représente Modèle:Mme de Tencin de trois quarts, les cheveux dénoués et bouclés, avec une guirlande de fleurs sur la tête. Autour de son cou, deux rangées de perles mettent en valeur la blancheur de la gorge et des épaules. Ce tableau semble également perdu.
Liens externes
- Expérience sociale et imagination romanesque dans les romans de Modèle:Mme de Tencin sur www.persee.fr