Jean Meslier
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox biographie2 Jean Meslier, ou Mellier<ref group=alpha>Les registres baptistaires portent le nom de Mellier mais il signait Meslier, d'après Boulliot.</ref>, né à Mazerny le Modèle:Date de naissance-, est un prêtre et philosophe des Lumières français, curé d'Étrépigny dans l'archidiocèse de Reims où il est mort au début de l'été 1729<ref group=alpha>À une date inconnue située entre son dernier acte, signé en date du 27 juin, et la date de l'inventaire de sa succession, le 7 juillet ; Voir Modèle:Ouvrage.</ref>.
Son existence n'a été connue qu'à partir de la publication en Modèle:Date par Voltaire, sous le titre de Testament de J. Meslier, d'un texte qu'il présentait comme un extrait d'un document beaucoup plus volumineux, retrouvé chez lui et dans lequel un curé professait avec détermination son athéisme, et se livrait par ailleurs à une critique radicale des injustices de la société de son temps dans un texte, au titre original de Mémoires des pensées et sentiments de Jean Meslier…<ref group=alpha>Le titre complet, choisi par l'auteur, est Modèle:Citation.</ref>, parfois considéré comme le texte fondateur de l'athéisme et de l'anticléricalisme militant en France.
Biographie
Né d'un père ouvrier en serge ou propriétaire et fabricant de laine<ref>Les sources ne s'accordent pas : voir Modèle:Ouvrage.</ref> du village de Mazerny, Gérard Meslier<ref group=alpha>Ou Mellier.</ref> et de Symphorienne Braidy, il fit quelques études à l'école publique de sa paroisse où le curé le trouva doué, avant de les poursuivre au séminaire de Reims. Initié au sacerdoce en 1688, très estimé de ses supérieurs, il fut ordonné prêtre à la cathédrale Saint-Étienne de Châlons-sur-Marne, puis nommé le Modèle:Date- curé d'Étrépigny et de Balaives dans ses Ardennes natales, où il restera jusqu'à sa mort. Il avait pour amis deux curés, MM. Voiri<ref group=alpha>Curé de Guignicourt.</ref> et Delavaux<ref group=alpha>Ou Laveaux, curé de Boulzicourt.</ref> qui inhumèrent son corps dans le jardin de la cure sans inscrire d'acte mortuaire sur les registres de sa paroisse.
Les éléments biographiques donnés par Voltaire dans ses Lettres à S.A. le Prince de *** sur Rabelais, etc. sont entachés de nombreuses erreurs, il faudra attendre Maurice Dommanget pour avoir la première biographie sérieuse.
D'après Voltaire, il choisissait pour bonnes des femmes n'ayant pas atteint l'âge canonique<ref group=alpha>Une femme ne peut pas entrer au service d'un ecclésiastique avant l'âge de 40 ans.</ref>, sa conduite scandalisait et lui valait réprimandes et punitions de la part des autorités ecclésiastiques. Ses démêlés avec le châtelain du lieu lui en avaient valu d'autres. En effet, indigné par les mauvais traitements que faisait subir le seigneur de Touilly aux paysans de sa paroisse, Jean Meslier l'avait dénoncé un jour en chaire de vérité. Sévèrement tancé par l'évêché, il aurait alors cessé de faire parler de lui, se réservant pour l'écrit posthume dont il a publié des extraits.
Penseur isolé, nourrissant des idées qu'il ne pouvait échanger, il avait une bibliothèque qui se composait, à côté de la Bible, des Pères de l'Église, et des comptes rendus des conciles, d'auteurs latins comme Tite Live, Sénèque, Tacite, Flavius Josèphe ainsi que de Montaigne, Vanini, La Bruyère, La Boétie, Pascal, Malebranche, Fénelon, du Dictionnaire historique et critique de Bayle.
À partir des essais de Montaigne et de la Démonstration de l'existence de Dieu de Fénelon<ref>Fénelon, Démonstration de l'existence de Dieu, tirée de la connaissance de la Nature et proportionnée à la faible intelligence des plus simples, 1712.</ref> — qu'il annote dans les marges — il rédige ses propres Pensées et sentiments, volumineux mémoire manuscrit recopié en trois exemplaires de trois cent soixante-six feuillets chacun, dédiés à ses paroissiens.
Testament du curé Meslier
Six ans après la mort du curé d'Étrépigny, Nicolas-Claude Thieriot entretient Voltaire de l'existence des manuscrits dans une lettre de Modèle:Date-. Des copies manuscrites circulent d'abord sous le manteau à Paris, dans le milieu des encyclopédistes. Ce n'est que 27 ans plus tard que Voltaire fait publier, en 1762, des extraits de l'œuvre dans un abrégé dont il réécrit certains passages suivant sa conception déiste, disant que l'original était « écrit dans un style de cheval de carrosse<ref>Lettre à Helvétius datée du Modèle:Date-, Weiss, in Michaud, 1821, Modèle:T..</ref> ».
Le baron d'Holbach<ref group=alpha>Il s'était fait une spécialité de publier ses œuvres les plus radicalement athées sous le nom d'autres auteurs.</ref>, de son côté, publie Le Bon Sens du curé Jean Meslier suivi de son testament. Rudolf Charles d’Ablaing van Gissenburg, dit Rudolf Charles Meijer, et le milieu matérialiste-libre penseur hollandais publient une première édition complète en trois volumes in 8° de 350 pages chacun en 1864.
La pensée de Meslier annonce la Révolution française et, bien au-delà, le socialisme utopique, le matérialisme, le communisme et l'anarchisme. Pour Régis Messac, le curé Meslier est un penseur libertin, « précurseur des philosophes qui proclameront bien haut leur croyance au progrès, et en la nécessité de ce progrès<ref>« La négation du progrès dans la littérature moderne », les Primaires n° 84, décembre 1936.</ref> ».
Ce testament philosophique fait de lui un précurseur des Lumières de tout premier plan. Il y est le premier à professer un athéisme sans concession tandis qu'il développe avant la lettre un matérialisme rigoureux et pose également en précurseur les bases d'une philosophie anarchiste, ainsi qu'une conception communiste de la société, selon Michel Onfray, qui le cite comme le premier philosophe athée radical et sans concessions (déisme, agnosticisme)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Les {{#switch: XVIII
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}} présentent une grande période de trouble pour la foi chrétienne. Mais les diverses critiques qu'avaient connues le christianisme de l'époque n'égalent pas en puissance de feu le manifeste de l'abbé Meslier, qui influencera les penseurs athées à venir<ref>Michel Onfray, Traité d’athéologie, Paris, Grasset, 2005, Modèle:P..</ref>.
Ainsi, Anacharsis Cloots avait-il soumis à la Convention le projet d'ériger une statue à celui qu'il nomme « l'Intrépide », « le Généreux », « l'Exemplaire », comme étant le premier prêtre à avoir « abjuré les idées religieuses et déchiré le voile de la superstition<ref group=alpha>Le projet fut transmis au Comité d'instruction publique : Modèle:Citation, 17 novembre 1793.</ref> ».
De même, les bolchéviques ont gravé son nom sur l'obélisque des Romanov, monument du jardin Alexandrovski élevé à Moscou pour les Romanov et transformé à la gloire des précurseurs du socialisme moderne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, seul monument public qui célèbre la mémoire de Meslier. Le Testament a, quant à lui, été traduit en russe en 1924<ref>Modèle:Article.</ref>.
Commentaire du Testament
Fin du mois de Modèle:Date-. Jean Meslier, curé de la paroisse d’Étrépigny depuis quarante ans, laisse à sa mort une enveloppe contenant deux documents, le premier étant une introduction du second : Modèle:Citation bloc
Inévitablement, cette lettre préface devait piquer au vif l’intérêt de ceux qui avaient découvert le document, et on peut facilement imaginer quelle aurait été la réaction des ouailles du père Meslier apprenant par le biais de son second document que le prêtre qui avait été à la tête de leur paroisse pendant plus de quarante ans, considérait que la religion n’était qu’erreur, mensonge et imposture et invitait du même souffle ses confrères à abandonner le christianisme… Renversement inattendu, le texte de Meslier est aussi révolutionnaire pour l’époque puisque les propositions athées qui y sont présentées ne sont cachées sous aucun subterfuge<ref group=alpha>Roland Desné tempère toutefois l'aspect révolutionnaire de Meslier : Modèle:Citation ; cf. Œuvres complètes. Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier, préfaces et notes par Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul, éd. Anthropos, 1970, Modèle:P.CXLV.</ref>. L’auteur s’y déclare clairement athée et attaque directement la religion chrétienne en évitant la précaution habituelle qui entourait les textes philosophiques de l’époque qualifiés, à tort ou à raison, d’athées. Bien plus qu’une exposition de thèses athées, l’œuvre de Meslier se présente même comme une œuvre prosélyte s’attaquant directement à la foi du croyant : Modèle:Citation bloc
Meslier est conscient du caractère paradoxal de sa vie : pourquoi attendre la mort pour déclarer son athéisme ? Il avoue sa peur<ref group=alpha>Modèle:Citation ; Jean Meslier, Mémoire contre la religion, éd. Coda, 2007, p. 17.</ref>, mais présente tout de même le caractère véridique de sa pensée athée. Il tient à ce que ses lecteurs tentent de le réfuter et, s’ils ne le peuvent, se rangent à son avis. S'ils craignent d'adopter cette position de leur vivant, ils devront le faire à leur mort : Modèle:Citation bloc
Meslier, comme les iconoclastes et contre les iconodules, voit dans les statues et images des églises des idoles. Il accuse les prêtres et exégètes d'interpréter la Bible à leur convenance<ref group=alpha>En théorie, dans le catholicisme, seule l'Église a le charisme, assistée du Saint Esprit, d'interpréter les écritures. Le protestantisme est plus souple sur la question.</ref>, de maintenir leur emprise sur le peuple en utilisant la peur et de garder un silence complice face à l’abus des grands : Modèle:Citation bloc
L’athéisme de Meslier se veut donc quelque part humaniste, et n’est pas, contrairement à celui des libertins, mis en place afin de contrer la morale chrétienne. Pour Meslier, le rôle des prêtres reste d’enseigner : « c’est à vous d’instruire les peuples, non dans les erreurs de l’idolâtrie, ni dans la vanité des superstitions, mais dans la science de vérité, et de justice, et dans la science de toutes sortes de vertus, et de bonnes mœurs ; vous êtes tous payés pour cela ». Athée, matérialiste, dénonciateur de la misère sociale, Meslier avait donc mûri tout au long de sa vie une vive attaque contre les religions en général et le christianisme en particulier, n'adoptant cependant ces positions qu'à titre posthume. La lettre se termine sur l’annonce de l’existence d’un manuscrit déposé au greffe de la justice de la paroisse, où Meslier détaille ses thèses en trois manuscrits de trois cent soixante-six feuilles chacun. Le titre de ce manuscrit, à lui seul, présente l’ampleur de la tâche à laquelle Meslier a voulu s’attaquer : Modèle:Citation bloc
Le testament de Meslier se divise en huit parties. Chacune vise à prouver la vanité et la fausseté des religions selon ce plan :
- Elles ne sont que des inventions humaines.
- La foi, croyance aveugle, est un principe d’erreurs, d’illusions et d’impostures.
- Fausseté des « prétendues visions et révélations divines ».
- « Vanité et fausseté des prétendues prophéties de l’Ancien Testament ».
- Erreurs de la doctrine et de la morale de la religion chrétienne.
- La religion chrétienne autorise les abus et la tyrannie des grands.
- Fausseté de la « prétendue existence des dieux ».
- Fausseté de l’idée de la spiritualité et de l’immortalité de l'âme.
Parmi les thèses principales de cet ouvrage volumineux, l'une tente de réfuter l’existence de Dieu. Le premier argument de Meslier est celui de l’absence : comment un Dieu se voulant aimé, adoré et servi peut-il demeurer si « discret » ? Ne devrait-il pas plutôt se présenter à nous comme une évidence certaine et irréfutable ? Modèle:Citation bloc
Devant le caractère « discret », l’absence de Dieu, Meslier s’interroge. Pourquoi Dieu ne nous fait-il pas connaître clairement et directement sa volonté, au lieu de laisser les hommes se disputer à son sujet, voire s’entre-tuer pour des querelles byzantines ? Pour Meslier, soit Dieu existe et se moque de nous en nous conservant dans l’ignorance, soit Dieu n’existe tout simplement pas. On opposera sûrement à Meslier que Dieu se révèle aux hommes à travers la beauté du monde, l’œuvre de ses serviteurs ou bien par le biais de l’enseignement de son fils Jésus-Christ ou de l'Église. Ce à quoi Meslier répond tout simplement que ces signes ne sont pas du tout évidents. De plus, la tendance des théologiens de l’époque, comme Joseph de Maistre, de recourir au fidéisme<ref group=alpha>Doctrine condamnée en 1838 par l'Église catholique romaine.</ref> pour contrer ce qu'il voit comme les paradoxes de la foi chrétienne représente pour lui une grossière erreur. Qui est donc ce Dieu, demande-t-il, qui nous forcerait à abandonner notre raison afin de croire en lui ? La mise aux oubliettes de la raison afin de justifier la foi chrétienne ne laisse-t-elle pas place à toutes les impostures ? Modèle:Citation bloc
Pour Meslier, un Dieu parfait ne doit pas se faire lointain ou distant :
L’antique problème du mal est repris par Meslier afin de remettre en doute l’existence de Dieu : comment, mais surtout pourquoi, un être parfait créerait-il un monde imparfait où se côtoient maux, vices, maladies, violence, etc. ? Les merveilles de la nature ? Balivernes selon Meslier, qui décrit un monde sauvage où la survie de l’un ne se fait qu’au détriment de la vie de l’autre. Si le mal est, comme Meslier le pense, un simple élément structurel de la nature, indispensable pour contenir la multiplication des hommes et des animaux, en quoi est-il moralement « mauvais » ?
Meslier tente aussi de réfuter les arguments en faveur de l’existence de Dieu. D’abord, il soulève leur incapacité à prouver quoi que ce soit de façon certaine : par exemple, l’argument ontologique se fonde sur une définition préétablie de Dieu. L’attaque par Meslier des « preuves » de l’existence de Dieu s'appuie sur un livre de Fénelon, Démonstration de l’existence de Dieu, dont il se propose de réfuter les thèses. L’une de ses réfutations de Fénelon le fait entrer dans une exposition proprement matérialiste du monde. Fénelon présente le fait que Dieu est un être qui est par lui-même (il est nécessaire et non contingent), et qui surpasse donc tous les degrés d’être (il est parfait). Pour Meslier, ce raisonnement ne vaut rien : « l’être est par lui-même ce qu’il est, et ne saurait être plus être qu’il n’est, mais il ne s’ensuit pas de là qu’il soit infiniment parfait dans son essence. » L’être nécessaire n’est donc pas obligatoirement parfait, le seul être nécessaire est la matière. S’inspirant de Descartes, Meslier en vient lui aussi à poser l’existence de vérités éternelles, mais celles-ci ne font pas référence à un Dieu créateur : elles existent de toute éternité, tout comme le monde et la matière. Bien que Meslier ne remette pas en question le cogito, il présente le corps ainsi que la pensée elle-même comme unique fruit de la matière : Modèle:Citation bloc
Pour Meslier, nous ne sommes rien sans la matière et il est inutile de croire que quelque chose puisse exister hors d’elle. Pour lui, si la matière est éternelle, on ne peut justifier la création. Il s'oppose aux chrétiens qui soutiennent la création ex nihilo (à partir de rien) et pense que Dieu ne peut créer le temps si cette création s’insère elle-même dans le temps. Il ne voit pas comment on peut créer l’espace, ni où était Dieu avant de créer l’espace, le temps qu'il a mis à créer le temps lui-même etc. Pour Meslier, l’âme est matérielle et mortelle : Modèle:Citation bloc
Meslier pose l’expérience sensible comme seul critère de formation des idées justes, à contre-courant de l’idée de « révélation ». Meslier s’en prend d’abord aux écrits bibliques, dont il remet en cause l'authenticité et la fidélité (possibles modifications ou travestissements au cours des siècles, divergences entre divers témoignages, et au sein des témoignages eux-mêmes, laissant transparaître la multiplicité de leurs auteurs). Il se demande sur quoi repose l’autorité que l'on accorde à Mathieu, Marc, Luc et Jean, et pour quelles raisons les apocryphes n'entrent pas dans le canon biblique. Il qualifie les écrits de l’Ancien comme du nouveau Testament d’histoires de fous, indiquant que pour chacune de ces histoires, celui qui irait la raconter aujourd'hui serait pris comme un fou et un illuminé. Il questionne la nécessité de la présence de nombreux carnages et sacrifices dans un texte saint. L'hypothèse du sens allégorique du texte ne convainc pas Meslier : Modèle:Citation bloc
Pour lui, voyant que les promesses des textes ne se réalisaient pas, Paul aurait été le premier à recourir au sens allégorique afin de préserver le mensonge chrétien : Modèle:Citation bloc
À propos de l’alliance de Dieu avec les Juifs, il s'interroge : Modèle:Citation bloc
Meslier rappelle les règles de la critique historique et nous invite à poser cette grille d’analyse sur les textes chrétiens : Modèle:Citation bloc
Le curé s'attaque ensuite au personnage et santé mentale de Jésus. Il ne remet pas en question son existence historique mais le présente comme Modèle:Citation La glorification de la souffrance (mais non du masochisme), le fait que certains hommes seront damnés alors que Jésus se présente comme le Sauveur (conséquence de leur liberté de refuser Dieu pour les chrétiens), l’aveu de Jésus de venir mettre le désordre dans notre monde<ref group=alpha>Modèle:Citation Mathieu, chapitre 10, versets 34-35.</ref> et la promesse en un royaume que Meslier déclare inexistant… sont quelques-uns de ses reproches. Il juge la doctrine du Christ insensée lorsqu'il demande de ne pas s'occuper des préoccupations terrestres (vêtements, nourriture…) mais de compter sur la Providence : Modèle:Citation bloc
Pour Meslier, le passage de Jésus n’a pas amélioré notre monde, le mal, le péché sont toujours présents, voire empirent, chez les chrétiens comme chez les autres. Modèle:Citation bloc
Pour Meslier, si Jésus avait véritablement été Dieu, il aurait rendu tous les hommes sains de corps et d’esprit, sages et vertueux, et banni du monde tous les vices, les péchés, les injustices - Meslier les considère pourtant comme de simples éléments structurels. De même, dans l'hypothèse où Jésus a véritablement sauvé tous les hommes par son sacrifice et pris sur lui tous les péchés du monde, pourquoi le christianisme conserve-t-il l’usage des pénitences ? Pourquoi y a-t-il encore des damnés ? Pour les chrétiens, Dieu respecte notre liberté, nos choix, et ne veut pas sauver contre leur gré et malgré eux ceux qui refusent sa présence. Cet argument ne l'a pas convaincu. Modèle:Citation bloc
L'homme se voit condamné par un Dieu supposément juste à payer pour un péché originel que seuls deux humains (Adam et Ève) ont commis, mais comment un tel péché peut-il affecter avec autant de force un Dieu parfait et immuable ? Outre cela, Dieu n’a pas trouvé de moyen plus efficace pour effacer le péché originel (qui n’est apparemment aucunement effacé puisque nous en subissons toujours les conséquences) que d’envoyer son Fils se faire tuer par les hommes, c’est-à-dire, pour Meslier, laisser les hommes commettre un péché encore pire que celui de croquer le fruit défendu. Sans crucifixion, pas de rédemption, Judas Iscariote et Ponce Pilate seraient donc les grands sauveurs de l’humanité ? Si tout le monde avait aimé et écouté Jésus, aurions-nous perdu toute chance de rédemption <ref group=alpha>Voir, sur wikipedia, l'article sur Judas et son rôle dans la rédemption.</ref>? Paradoxe final : Modèle:Citation bloc
L’acceptation du christianisme demeure pour Meslier un mystère impénétrable : comment des hommes sensés ont-ils fait pour adhérer à ces idées ? Quelle est donc cette étrange morale où se côtoient amour du prochain et recherche de douleurs et de souffrances, Modèle:Citation. Absurdité selon Meslier. Et que dire du mal ? Pourquoi Dieu l’impose-t-il aux bons et aux sages ? Éprouver leur patience, les purifier, perfectionner leur vertu, pour les rendre plus heureux dans le ciel ? Re-balivernes, s’écrie Meslier. Et de quel droit parlons-nous du royaume céleste ? Modèle:Citation bloc
Confesseur pendant près de quarante ans, Meslier en est venu à se demander si les gens croyaient encore véritablement aux diverses « balivernes » chrétiennes ou s’ils ne jouaient pas eux aussi la comédie, un peu comme lui qui n’osait pas déclarer au grand jour, de son vivant, sa pensée : Modèle:Citation bloc
Annonçant déjà Karl Marx, Meslier reproche aussi à l’Église son soutien aux tyrannies ainsi qu’à l’exploitation du peuple. L’Église, au lieu de défendre le pauvre, bénit les divers « parasites » qui se sont collés au travail des pauvres afin de mieux les exploiter : soldats, ecclésiastiques, juristes, policiers, nobles<ref name="CXI-CXII">Œuvres complètes. Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier, préfaces et notes par Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul, éd. Anthropos, 1970, Modèle:P.CXI-CXII.</ref>… Le roi, selon Meslier qui ne reconnait pas le droit divin, devrait être assassiné puisqu'il dominerait cette tyrannie avec l'accord du clergé. Meslier espère que son message sera entendu, diffusé, et que les hommes apprendront à vivre sans la religion, quelles qu'en soient les conséquences :
Postérité
Les textes de l'abbé Meslier, jugés dangereux par ceux qui les ont découverts<ref group=alpha>Le message athée et matérialiste de Meslier sera occulté jusqu'à l'édition de 1864 par Rudolf Charles (cf. supra) et la virulence de son propos sera longtemps édulcorée : voir Modèle:Ouvrage.</ref>, connaîtront une diffusion relativement large pour un texte si iconoclaste qui s’inscrivait dans une époque où la religion chrétienne conservait une mainmise assez forte sur la société et la culture européennes. Le sens du texte ne fut pas toujours respecté, Voltaire en édita un résumé, assez populaire, qui fut cependant extrêmement dilué ; l’athéisme matérialiste conscient et intransigeant de Meslier avait été transformé en une prudente profession de foi déiste où Meslier s’excusait à Dieu d’avoir professé des mensonges sur son compte tout au long de sa vie d’ecclésiastique. Quoi qu'il en soit, la pensée de Meslier, premier texte moderne franchement athée<ref name="CXI-CXII"/>, libre de l’habituelle prudence littéraire qui entourait les textes dits athées de l’époque comme ceux de Thomas Hobbes, est révélatrice de la présence d’une discrète mais véritable pensée athée au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Diderot, qui connaissait le Testament dans sa forme presque intégrale, rédige en 1772 Les Éleuthéromanes, un poème publié en 1796 qui fait écho à plusieurs reprises aux propos de Meslier, reprenant en particulier une expression anticléricale de ce dernier parlant de pendre les rois avec les entrailles des prêtres<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La franchise posthume de Meslier, qui n’hésite pas à affirmer que bon nombre de ses paroissiens et d’ecclésiastiques ne croient plus et feignent d’avoir la foi, nous est révélatrice de la difficulté qu’avaient les hommes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle d’exprimer en toute liberté leur sentiment profond face à la notion de Dieu. L’athéisme franc de Meslier ne connaîtra que fort peu d’imitateurs au cours du siècle. Cependant, son texte est désormais présenté comme les prémices d'un discours athée systématique et sans compromis, discours encore contenu par des structures politiques certes, mais dont l’imminente disparition<ref group=alpha>a Révolution française, tout comme le vaste courant libéral qui secouera l’Europe est proche.</ref> va permettre l’émergence et l'expression d’un athéisme systématique s'opposant à l’Église ou à l’argument ontologique.
(7062) Meslier est un astéroïde nommé en son honneur.
Rejet de la violence envers les animaux
Dans l'ouvrage d'Élisabeth de Fontenay, Le Silence des Bêtes<ref>Élisabeth de Fontenay, Le Silence des Bêtes, Paris, Fayard, page 489-496, Modèle:ISBN.</ref>, Jean Meslier est décrit comme celui qui désigna les injustices que subissent les bêtes et critiqua les violences de l'homme envers l'animal de la façon la plus véhémente qui soit, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (et en fait un antispéciste avant l'heure, de même que Porphyre, Plutarque et Montaigne<ref>Élisabeth de Fontenay, Le Silence des bêtes, Paris, Fayard, p. 489, Modèle:ISBN.</ref>). Jean Meslier refusait de voir les animaux comme des « machines », mais bien comme des êtres sensibles qui désirent vivre et ne point subir une quelconque oppression :
Catéchisme
En 1790, est publié un Catéchisme du curé Meslier qui aurait été écrit par Sylvain Maréchal.
Notes et références
Notes
Références
Bibliographie
- Marc Génin, Serge Deruette, Yvon Ancelin, préface de Roland Desné, « Jean Meslier, curé d'Etrépigny, athée et révolutionnaire », in Cahier d'études ardennaises, 2011 Modèle:ISBN Modèle:BNF.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Serge Deruette, préface de Roland Desné, Jean Meslier, curé et révolutionnaire - Introduction au mesliérisme et extraits de son œuvre, éd. Aden, « collection Opium du peuple », 2008 Modèle:ISBN.
- Michel Onfray, Les Ultras des Lumières, Contre-histoire de la philosophie, Modèle:T., Paris, Grasset & Fasquelle, 2007.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Curé Meslier. Non ! Dieu n'existe pas ! numéro de Philosophie libertaire de la colonie communiste d'Aiglemont (Ardennes) 1906 ; re-publié par La question sociale, Étude sur le curé Meslier, en 1996 Modèle:ISSN.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Bibliographie sur Jean Meslier, par Florian Brion sur le site des Carnets des Cahiers Philosophiques, 25 janvier 2010, consulté le 23 juillet 2011
- Jean Meslier, curé athée, Feu sur les christicoles !, Une ontologie matérialiste, L'égalité des jouissances : quatre séminaires de Michel Onfray sur Jean Meslier retransmis par France Culture.
Éditions du texte
- Édition complète de 1864 du Testament par Rudolf Charles, Modèle:Google Livres, Modèle:Google Livres, Modèle:Google Livres.
- Œuvres complètes, éd. Theurgia, Las Vegas, 2018, 2 Vol. (E-Book - Broché)
- Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier, Soignies, Talus d'approche, 2007, 3 volumes Modèle:ISBN
- Jean Meslier, Mémoire contre la religion, Paris, éd. Coda, 600 p., 2007 Modèle:ISBN
- Œuvres complètes, Éd. Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul, Paris, Anthropos, 1970-1972, 3 vol.
- Les Œuvres complètes du Curé Meslier, par Roland Desné, avec Jean Deprun et Albert Soboul, Bruxelles, Bruylant-Christophe, 1969-1970, prix Dumas-Millier de l’Académie française en 1972.
Liens externes
Modèle:Autres projets Modèle:Liens
- La Bonne Parole du curé Meslier, adaptation du Mémoire de Jean Meslier en un monologue théâtral. Texte de Jean-François Jacobs, préface de Serge Deruette ; bande annonce du spectacle.